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Eugène Isabey

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Eugène Isabey
Eugène Isabey photographié par Nadar vers 1880.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
MontévrainVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Isabey (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Eugène Louis Gabriel IsabeyVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Isabey, EugeneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Père
Conjoint
Laure Lebreton (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Marie Isabey (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Autres informations
Distinction
Œuvres principales
Village en Normandie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Eugène Isabey, né Eugène Louis Gabriel Isabey le à Paris et mort le à Montévrain, est un peintre, lithographe et aquarelliste français.

Biographiemodifier le code

Quatrième enfant du peintre Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), dit « le plus célèbre miniaturiste du Premier Empire »[1], et de sa première épouse née Justine Laurisse de Salienne (1765 - † 31/01/1829)[2] - ses sœurs et frère aînés sont Alexandrine, née en 1791, Hector né en 1794 († 1814) et Louise-Simone, née en 1797 - Eugène Isabey, né à Paris au palais du Louvre où sa famille est logée[3], souhaite d'abord être marin et ne devient peintre que sur l'insistance de son père. Sa sœur Alexandrine épouse le peintre et décorateur d'opéras Pierre-Luc-Charles Ciceri et est donc la mère d'Eugène Cicéri[4] et la belle-mère du peintre Auguste Alfred Rubé.

Il peint des scènes d'histoire, de genre et des paysages, des naufrages en mer, thème alors en vogue, marqué par le romantisme. Ses débuts sont influencés par Eugène Delacroix et Richard Parkes Bonington.

Il réalise notamment des intérieurs d'une coloration grise tout en nuances. Peintre principalement de marines et de paysages (Picardie, Normandie), il travaille dans son atelier parisien avec des élèves comme Eugène Boudin et Johan Barthold Jongkind dont il fut l'un des maîtres, ou Durand-Brager. Il fut l'ami d'Horace Vernet.

On lui attribue la découverte du site d'Étretat[5], où il s'installe durant six mois en 1820 pour peindre[6] chez un capitaine des garde-côtes et où il revient les années suivantes avec Bonington et Camille Roqueplan.

À partir de 1824, il séjourne à Honfleur avec le peintre paysagiste et de genre Xavier Leprince. Il expose au Salon dès 1824, où il envoie ses Vue de la plage d'Honfleur, Intérieur du port de Trouville et Ouragan devant Dieppe, qui lui valent une médaille d'or. Il s'installe à Saint-Siméon en 1826. Il envoie des vues de la région au Salon de 1827, où il obtient une médaille de première classe[7] et il rencontre Paul Huet, peintre de paysages et d'animaux. Parmi ses œuvres, citons L'Embarquement de Ruyter, William de Witt et une Tentation de saint Antoine.

En 1830, il est nommé peintre officiel de la Marine[réf. nécessaire] et fait la campagne d'Afrique, au cours de laquelle il peint un panorama de la rade de Toulon et le camp de débarquement français à Sidi Ferruch. En 1831, il est choisi pour accompagner la mission diplomatique du comte de Mornay au Maroc, cependant il refuse, rentrant tout juste d'Algérie ; il est remplacé par Eugène Delacroix.

Eugène Isabey épouse en juin 1832 Laure Lebreton († 1862) dont le portrait fut peint par Jean-Baptiste Isabey en 1831 (Paris, musée Carnavalet)[8], mariage dont en 1833 naît une fille, Marie[9]. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1832 (il est promu officier du même ordre en 1852)[10].

C'est lors de son voyage à La Haye en 1845 qu'Eugène Isabey rencontre Jongkind, incitant celui-ci, encore débutant à venir à Paris : Jongkind s'installe ainsi en 1846 place Pigalle, « dans la maison où Isabey a son atelier, lieu de rencontres des peintres et des écrivains ». « Les deux compères » visitent Fécamp, Yport, Saint-Valery-en-Caux, notamment en juin 1850, retrouvant Jehannot et Cicéri à Étretat où « tous travaillent sans relâche »[11].

Eugène Isabey obtient une médaille de première classe pour Le Départ à la chasse de Louis XIII à l'Exposition universelle de 1855[12]. Veuf, il épouse en secondes noces en juin 1864 Emma Morizot (sans postérité) qu'Edmonde Charles-Roux évoque dans son livre Une enfance sicilienne comme s'étant ensuite remariée avec Beppe della Cerda, grand-père du héros de la romancière, Fulco di Verdura [13].

Eugène Isabey est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (20e division)[14],[15].

On connaît des portraits d'Eugène Isabey exécutés par son père, comme le dessin de 1820 que conserve le musée Carnavalet à Paris[16], comme également la lithographie de Godefroy Engelmann d'après Jean Baptiste Isabey qu'en 1821 ce dernier a titré Mon fils, mon élève et mon ami et qui est visible au Cleveland Museum of Art, comme encore le portrait de 1825 conservé au Fogg Art Museum de Cambridge (Massachusetts)[17], le musée Carnavalet conservant son portrait en buste, œuvre du sculpteur Jean-Pierre Dantan en 1831[18] et la National Portrait Gallery de Londres son portrait photographié par Charles Reutlinger vers 1870[19].

Son stylemodifier le code

Eugène Isabey est célèbre pour avoir peint des scènes de marines « sans mer ». Il préfère peindre la misère des marins à marée basse, que la vague bondissante de la mer contre les falaises[20]. Son style « fluide » et « lâché » est fait d'effets tachés et d'exécution rapide, qu'il oppose à des détails précis[21].

À la fin de sa vie, Eugène Isabey renonce à la peinture à l'huile pour se consacrer à l'aquarelle et à la gouache, travaillant sur le motif. Ses aquarelles annoncent l'impressionnisme tant par le style que par les lieux qu'il découvre. Il influença Johan Barthold Jongkind et Eugène Boudin dans ces dessins de paysages de Normandie et Bretagne, utilisant encre, aquarelle et gouache[22]. La rencontre de Claude Monet et Jongkind eut lieu chez lui à Honfleur en 1862. Il était également ami avec le peintre russe Alexeï Bogolioubov[23] à qui il fit découvrir la région de Veules-les-Roses.

Distinctionsmodifier le code

Hommagesmodifier le code

  • Un groupe scolaire de Montévrain (école primaire et élémentaire) porte son nom en hommage à sa présence dans la commune.
  • Une rue porte son nom dans les villes d'Étretat, Le Havre, Trouville-sur-Mer et Paris.
  • Une course disputée annuellement sur l'hippodrome de Dieppe porte le nom de Prix Eugène-Isabey.

Œuvresmodifier le code

Marine, Buenos Aires, musée national des beaux-arts d'Argentine.
Après la tempête, Baltimore, Walters Art Museum.
Paysage marin, Middlebury College Museum of Art
Village à Dieppe, New York, Metropolitan Museum of Art.
Mont Saint-Michel, Amiens, musée de Picardie.
Cloître de l'abbaye de Saint-Wandrille, Besançon, musée des beaux-arts et d'archéologie.
Matelots sortant du port de Saint-Valery, Caen, musée des beaux-arts.
Falaises en Normandie, château de Dieppe.
Port de Dunkerque, Dunkerque, LAAC.
Le Cabinet d'un alchimiste, Lille, palais des beaux-arts.
Marine, Mulhouse, musée des beaux-arts.
Visite de la Reine Victoria au Tréport, Paris, Musée national de la marine.

Collections publiquesmodifier le code

Allemagnemodifier le code

Argentinemodifier le code

Australiemodifier le code

Belgiquemodifier le code

Canadamodifier le code

États-Unismodifier le code

Francemodifier le code

La Communion Musée des Beaux-Arts de Reims

Luxembourgmodifier le code

Norvègemodifier le code

Rue dans la casbah d'Alger - Musée des Beaux-Arts de Narbonne

Nouvelle-Zélandemodifier le code

Pays-Basmodifier le code

Polognemodifier le code

Royaume-Unimodifier le code

Russiemodifier le code

Suèdemodifier le code

Suissemodifier le code

Ouvrages illustrésmodifier le code

Galeriemodifier le code

Expositionsmodifier le code

Expositions personnellesmodifier le code

  • Pavillon des arts, Paris, mai-juin 1966.
  • Château de Dieppe, juin-septembre 1966.
  • Eugène Isabey - Paintings, watercolours, drawings, lithographs, Fogg Art Museum, Cambridge (Massachusetts), novembre-décembre 1967.
  • Eugène Isabey (1803-1886), par les ruelles et par les grèves, Paris, musée du Louvre, juin-septembre 2012[3],[22].

Expositions collectivesmodifier le code

Réception critiquemodifier le code

  • « Souple et rêveuse comme celle de Laurence Sterne dans son Voyage sentimental, la promenade d'Eugène Isabey s'éprend de tous les accidents de la rive ; s'il quitte le port, c'est rarement pour aborder la haute mer ; il regretterait trop la hutte goudronnée, le chantier criard et les baraques où se raccommodent les filets ! Laissez-le pensif devant les grandes ancres rouillées à terre, devant les vieilles barques, les pêcheurs de moules et les rafales de soleil qui viennent balafrer les galets ! Lui seul est le poète de votre misère, ô marins ! Lui seul comprend votre deuil quand vos filets cassent ou quand vos paniers sont défoncés ; lui seul, Eugène Isabey, qui revient avec vous d'Étretat, de Jersey ou de Greenwich. » - Roger de Beauvoir[79]
  • « Eugène Isabey, un des hommes les plus justement heureux du mouvement rénovateur. » - Charles Baudelaire[11]
  • « C'est un charmant peintre qu'Eugène Isabey, il a une couleur chaude, une facétie pétillante, un ragoût piquant ; sa moindre esquisse, sa plus légère pochade, décèlent l'artiste véritable et n'ont pas besoin de nom pour être reconnues : chaque coup de pinceau les signe... Peints par Eugène Isabey, un alambic, une pierre, un canot, ont l'air spirituel. Sa traduction de la nature n'est jamais plate. Il la relève de fantaisie, de caprice, d'entrain. » - Théophile Gautier[80]
  • « Romantique attardé, non sans une certaine poésie dans ses scènes de genre... » - Pierre Bazin[81]
  • « Cessant d'exposer après 1878 au Salon, il pratique alors l'aquarelle. Cette technique lui convient remarquablement, il a d'ailleurs incité Jongkind à cet art, et ces rapides notations annoncent l'Impressionnisme. En mêlant de larges empâtements de gouache, Isabey crée des paysages puissants et remarquablement construits, où les bleus s'opposent aux tonalités brun-rouge mises en valeur par des taches de blanc. » - François Lespinasse[43].
  • « Le fils de Jean Baptiste Isabey se montre beaucoup plus proche du style préimpressionniste de Delacroix ou de Bonington que de la manière paternelle. Cet artiste considéré en son temps, et sans doute encore aujourd'hui, comme le meilleur des marinistes romantiques, a souvent obéi à la mode des reconstitutions historiques. » - Gérald Schurr[82].
  • « Fils de Jean-Baptiste, Eugène Isabey sut imposer avec fougue son prénom : à la précision et à la suave délicatesse de l'un, l'autre répondit par la richesse de sa palette et la générosité de sa touche. En dramaturge romantique, Eugène Isabey orchestra notamment d'immenses scènes de naufrage. Ouvert aux innovations d'Outre-Manche, il sut parallèlement renouveler l'art du paysage lithographié, révélant une Auvergne tourmentée qui n'avait rien à envier à l'Écosse de Walter Scott. Isabey emprunta aussi le goût des costumes historiques à la littérature de son temps. Ses évocations chatoyantes de la cour d'Élisabeth ou des derniers Valois lui assurèrent une clientèle avide de retrouver ainsi transfigurés les fastes du Second Empire. Exploration inédite des rivages normands et bretons, d'Étretat à Saint-Malo, sa vision tourmentée des côtes déchiquetées, tour à tour battues par les vents et écrasées de soleil, nous rappelle que derrière le virtuose de la gouache et de l'aquarelle se cache un artiste authentique, de ceux qui font regarder autrement le spectacle de la nature, leçon à laquelle furent sensibles Jongkind comme Boudin. » - Christophe Leribault[1]

Élèvesmodifier le code

Notes et référencesmodifier le code

Annexesmodifier le code

Bibliographiemodifier le code

  • (en) Eugène Isabey - Paintings, watercolours, drawings, lithographs, Éditions Fogg Art Museum, Cambridge (Massachusetts), 1967.
  • Dictionnaire de la peinture, Larousse, 2003 (lire en ligne).
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Hélène Braeuener et Bénédicte Pradié-Ottinger, Les peintres de la baie de Somme - Autour de l'Impressionnisme, La Renaissance du livre, 2001 (lire en ligne).
  • Atherton Curtis, Catalogue de l'œuvre lithographié d'Eugène Isabey, Éditions Paul Prouté, 1939.
  • Bruno Delarue, La Normandie des peintres - Balade dans les cinquante plus beaux sites, Fécamp, Éditions Terre en vue, 2011.
  • Bruno Delarue, Les peintres à Étretat : 1786-1940, Fécamp, Éditions Terre en vue, , 272 p. (ISBN 9782916378343).
  • René Delorme, Eugène Montrosier et Jules Clarette, Société d'aquarellistes français - Ouvrage d'art publié avec le concours artistique de tous les sociétaires, Paris, H. Launette, 1883.
  • Gabriel Désert, La vie quotidienne sur les plages normandes du Second Empire aux années folles, Hachette, 1983.
  • Sous la direction de Jean-Louis Ferrier, L'aventure de l'art au XIXe siècle, Société nouvelle des Éditions du Chêne, 1997.
  • Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'École française au XIXe siècle, Librairie Vergne, 1831.
  • Sous la direction de Margaret Morgan Grasselli et Andrew Robinson, De Delacroix à Signac - Dessins de la collection Dyke, National Gallery of Art/Musée des impressionnismes Giverny, 2012.
  • Germain Hédiard, Eugène Isabey - Étude suivie du catalogue de son œuvre, Paris, Delteil, 1906.
  • Germain Hédiard, Eugène Isabey. Étude suivie du catalogue de son œuvre, Nabu Press, 2010.
  • (en) John House et Esther Bell, Studying Nature Oil Sketches from the Thaw Collection - Catalogue raisonné of the Eugene Victor Thaw Collection, New York, Éditions Jennifer Tonkovich, 2011.
  • Jacques-Sylvain Klein, La Normandie, berceau de l'Impressionnisme - 1820-1900, Rennes, Éditions Ouest-France, 1996.
  • Irina Kouznetsova et Evguenia Gueorguievskaïa, La peinture française au musée Pouchkine, Éditions Cercle d'art, Paris / Éditions d'art Aurore, Leningrad, 1980.
  • Jocelyn Leclerc, Le Cotentin des peintres, Maupertus-sur-Mer, Éditions Isoète, , 224 p. (ISBN 978-2357760615).
  • Christophe Leribault, Eugène Isabey (1803-1886) - Par les ruelles et par les grèves, Paris, Éditions Le Passage, 2012, 81 p.
    Catalogue de l'exposition du musée du Louvre, commissariat de Christophe Leribault, 5 juillet-17 septembre 2012.
  • François Lespinasse (préf. François Bergot), La Normandie vue par les peintres, Lausanne, Edita, , 143 p. (ISBN 2-88001-233-3), p. 32-33.
  • Pierre Miquel, Eugène Isabey, 1803-1886. La marine au XIXe siècle, Maurs-la-Jolie, Éd. de la Martinelle, 1980, 2 vol., 245 et 349 p.
  • Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1975.
  • Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon des Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, E.A. Seemann, 1926.

Liens externesmodifier le code

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