Le musée des Beaux-Arts Pouchkine (russe : Музей изобразительных искусств имени А. С. Пушкина) ou simplement musée Pouchkine est le plus grand musée d'art européen de Moscou. Il a été édifié entre 1898 et 1912 et se situe face à la cathédrale du Christ-Sauveur. On considère que la date de sa fondation est le 17 (29) . Il s'appelait alors le musée Alexandre-III.
C'est un des plus importants du monde de par la richesse de ses collections : plus de 670 000 œuvres y sont présentées[1]. Le musée d'État des Beaux-Arts a été inauguré le et il a été renommé en 1937 en mémoire du célèbre poète. Son premier directeur était le père de Marina Tsvetaïeva.
Les collections du musée font depuis les années 1990 l'objet d'une polémique entre l'Allemagne et la Russie ; en effet, en , l’URSS confisquait le Trésor de Priam et le Trésor d'Eberswalde aux muséesberlinois comme prise de guerre. On crut longtemps ces collections disparues, jusqu'à ce que des journalistes ouest-allemands les localisent dans les réserves du musée Pouchkine[2]. Bien que les pourparlers entre les deux pays se poursuivent en vue d'une restitution à l'Allemagne, le musée expose désormais ces deux collections au grand public.
Le musée a été dirigé de 1961 à 2013 par MmeIrina Antonova, commandeur de la Légion d'honneur, et il est dirigé depuis par Mme Marina Lochak, Irina Antonova étant Présidente du musée.
Le musée conçu par Ivan Tsvetaïev, professeur d'histoire de l'art, et dessiné par l'architecte Roman Klein (en) ouvre officiellement ses portes le . Son fonds est constitué de moulages de sculptures antiques, médiévales et de la Renaissance. En 1924 le pouvoir soviétique décide de créer de nouvelles galeries dédiées à la peinture et aux chefs-d'œuvre authentiques du passé. Dans les années 1924-1930 les meilleurs experts russes en art occidental sélectionnent les acquisitions du musée en étudiant des centaines de collections nationalisées provenant pour l'essentiel du musée Roumiantsev, de la galerie Tretiakov ou du musée de l'Ermitage. Après avoir été renommé en 1932 "musée des arts figuratifs", il reçoit le nom de musée Pouchkine en 1937. Pendant la Seconde Guerre mondiale plus de 100 000 pièces sont évacuées en Sibérie. Le musée rouvre le après des mois de rénovation et de restauration. Le musée abrite pendant quelque temps les collections de la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde sauvées par l'armée rouge. En 1948 les collections Sergueï Chtchoukine et Ivan Morozov exposées au musée de l'art occidental moderne destiné à fermer sont transférées et réparties entre le musée Pouchkine et l'Ermitage.
Le bâtiment en 1912, juste avant l'inauguration.
Inauguration du « musée Alexandre-III » en 1912, en présence de la famille impériale et des fondateurs, Ivan Tsvetaiev et Youri Nietchaiev-Maltsov.
La plupart des objets de cette collection sont exposés depuis l'ouverture du musée en 1912 et proviennent de la collection de Vladimir Golenichtchev (1856-1947), riche de 8 000 pièces, rachetée par le musée en 1909.
En 1913, le musée a racheté une seconde collection comportant notamment une scène de deuil et intitulée « Les pleureuses ». Youry Netchaïev-Maltsov (1834-1913) a légué au musée quelques chefs-d’œuvre : des portraits du Fayoum, un diadème en or et une statue en bronze d'Harpocrate. Après la révolution d'Octobre, la collection d'égyptologie s'est enrichie par la réquisition des collections de petits musées provinciaux, tandis que plusieurs archéologues travaillant comme experts pour le musée : Boris Farmakovsky (1870-1928), Tamara Borozdina-Kozmina (1883-1958) et Alexandre Jivago (1860-1940), lui léguaient leurs collections personnelles. Autre apport important : le legs du peintre et historien de l'art Nicolas Prakhov (1940) de 217 pièces ayant appartenu à son père, le célèbre historien de l'art, philologue, archéologue et critique russe Adrien Prakhov (1846-1916).
Ribera (L'Apôtre saint Jacques le Majeur ; Saint Antoine le Grand) ; Murillo (La Petite vendeuse de fruits) ; Zurbaran (L'Enfant Jésus ; Vierge à l'Enfant) ; Antonio de Pereda.
La collection de sculptures européennes compte plus de 600 pièces. Le musée a accru ses collections au fil des années et détient des œuvres allant du VIe au XXIe siècle. Les premières œuvres installées au musée des Beaux-Arts furent d'ailleurs les sculptures de la collection de Mikhaïl Chékine. Après la révolution de 1917, plusieurs sculptures provenant des confiscations les ont rejointes. En 1924, les premières galeries de peinture ont été aménagées et l'on y a entreposé les premières sculptures contemporaines. Après la séparation du musée d'avec l'université de Moscou en 1924, le gouvernement autorisa l'achat de nouvelles sculptures et le musée Pouchkine put enfin rivaliser sur les marchés avec les autres musées d'Europe. Il créa un département de sculpture, qui hérita du fonds du musée Roumiantsev, de celui du musée de l'école Stroganov, du musée de l'Ameublement de Moscou et quelques collections privées (celles de Dimitri Choukine, d'Ilya Ostroukhov (1858-1929), d'Ossip Braz (1873-1936) etc.). Il y avait dans ces collections des sculptures en bois polychrome des XVe et XVIe siècles, des sculptures en bronze des XVIe et XVIIe siècles, et des sculptures de maîtres français du XVIIIe siècle : Lemoyne, Caffieri, Houdon et Clodion. Après la fermeture du Musée national de l'Art occidental en 1948, le musée Pouchkine recueillit 60 sculptures, œuvres de Rodin, Maillol, Bourdelle, Zadkine, Archipenko, etc. La collection de sculptures contemporaines est constituée de legs des artistes eux-mêmes.
Collection de moulages de la collection d'Ivan Tsvetaïevmodifier le code
La collection de moulages en plâtre, typique des musées européens du XIXe siècle, est unique aujourd'hui par sa conservation et sa cohérence. La collection de moulages est actuellement exposée dans le bâtiment historique dans seulement un tiers des salles que Tsvetaev avait prévues à cet effet. Environ la moitié des 22 salles d'exposition sont consacrées aux arts plastiques anciens. L'ensemble soigneusement sélectionné de moulages de sculptures créto-mycéniennes, grecques et romaines a été complété par des galvanoplasties d'armes, bijoux et petits objets.
La deuxième partie de la collection de moulages montre les jalons du développement de l'art en Europe occidentale depuis le christianisme primitif jusqu'à la Renaissance. L'art de Michel-Ange est pleinement représenté dans l'exposition. Les sculptures sont complétées par des copies de constructions et détails architecturaux.
Tsvetaev souhaitait présenter les arts plastiques de l'époque moderne et compléter la collection par des moulages de sculptures contemporaines, où les œuvres d'Auguste Rodin auraient occupé la place centrale. Malheureusement, cette dernière partie de son plan n'a pas été mise en œuvre, par manque de financement après un incendie survenu pendant la construction du musée. Accessoirement, certains moulages et copies de la collection du musée sont la seule reproduction authentique d'artefacts perdus pendant les guerres mondiales.
Gypsothèque (moulages pédagogiques) de la collection Tsvetaïev
(en) Irina Kuznetsova et Elena Sharnova, Painting Collection — France: 16th – First half 19th Century, catalogue des collections, Moscou, Red Square Publishers, State Pushkin Museum of Fine Arts, 2005, 479 p. Trad. du russe en anglais.
(en) Marina Bessonova et Evgenia Georivskaya, Painting Collection — France: Second Half 19th Century – 20th Century, catalogue des collections, Moscou, Red Square Publishers, State Pushkin Museum of Fine Arts, 2005, 399 p. Traduction du russe en anglais.