Élections au Parlement d'Andalousie de 2018

Élections au Parlement d'Andalousie de 2018
109 députés du Parlement
(majorité absolue : 55 députés)
Type d’électionÉlections législatives de communauté autonome
Campagnedu au
Corps électoral et résultats
Inscrits6 542 076
Votants3 699 979
56,56 % en diminution 6
Votes blancs56 939
Votes nuls81 388
PSOE-A – Susana Díaz
Voix1 010 889
27,94 %
en diminution 7,3
Députés élus33en diminution 14
PP – Juan Manuel Moreno
Voix750 778
20,75 %
en diminution 5,9
Députés élus26en diminution 7
Ciudadanos – Juan Marín
Voix661 371
18,28 %
en augmentation 9
Députés élus21en augmentation 12
Adelante Andalucía – Teresa Rodríguez
Voix585 949
16,19 %
en diminution 5,5
Députés élus17en diminution 3
Vox – Francisco Serrano Castro
Voix396 607
10,96 %
en augmentation 10,5
Députés élus12en augmentation 12
Résultats par circonscription
Carte
XIe législature du Parlement
Diagramme
Président de la Junte d'Andalousie
SortanteÉlu
Susana Díaz
PSOE-A
Juan Manuel Moreno
PP
Site officiel des résultats

Les élections au Parlement d'Andalousie de 2018 (en espagnol : elecciones al Parlemento de Andalucía de 2018) se tiennent le , afin d'élire les 109 députés de la XIe législature du Parlement de la communauté autonome d'Andalousie pour un mandat de quatre ans.

Bien qu'arrivé en tête des voix, le Parti socialiste ouvrier espagnol d'Andalousie au pouvoir connait un fort recul, de même que le Parti populaire andalou et dans une moindre mesure Adelante Andalucía, tandis que Ciudadanos connait une forte hausse. Le scrutin est cependant surtout remarqué dans le pays et à l'étranger par la percée du parti Vox, qui fait son entrée au Parlement andalou et devient ainsi le premier parti d'extrême droite à obtenir des sièges dans un parlement espagnol depuis la transition démocratique.

Le Parti populaire et Ciudadanos ayant formé une coalition bénéficiant du soutien de Vox, Juan Manuel Moreno est élu président de la Junte et réalise une alternance historique, la première depuis l'accession de l'Andalousie à l'autonomie en .

Contexte

Une région dominée par les socialistes

Depuis les premières élections de 1982, la fédération andalouse du Parti socialiste ouvrier espagnol maintient son hégémonie tant au niveau des votes qu'au niveau des sièges à la seule exception des élections de qui voient la victoire du Parti populaire andalou. Ainsi, la Junte d'Andalousie a toujours été présidée par un socialiste : Rafael Escuredo (1982-86), José Rodríguez de la Borbolla (1986-90), Manuel Chaves (1990-09), José Antonio Griñán (2009-13) et Susana Díaz.

Díaz accède à la présidence de la communauté autonome après la démission de Griñán, en , impliqué dans un scandale de corruption politique : l'« affaire ERE ». Le PSOE ne disposant plus de la majorité absolue au Parlement, Díaz maintient le gouvernement de coalition liant les socialistes à Izquierda Unida qui bénéficiait alors d'une vice-présidence et de trois postes au sein de l'exécutif régional.

La dissolution de 2015

Après des mois de « méfiance » à l'égard de ses partenaires et au vu de l’instabilité générée par cette situation, Díaz convoque des élections anticipées pour  ; un an avant l'expiration du délai légal de la législature.

Bien qu'ayant perdu plus de 100 000 voix et 4,11 % des suffrages exprimés par rapport à 2012, le PSOE redevient la première force politique régionale et conserve les 47 sièges qu'il détenait. De l'autre côté de l'échiquier politique, le PP de Juan Manuel Moreno réalise un son plus mauvais résultat depuis 1990 en perdant l'équivalent de 500 000 suffrages et 17 mandats par rapport aux précédentes élections et souffre de la politique menée au niveau national par le gouvernement de Mariano Rajoy. IU voit lui aussi le nombre de ses soutiens diminuer significativement de 200 000 voix et se traduisant par une perte de 7 mandats. En revanche, Podemos réalise une percée en obtenant 592 000 voix et 15 sièges tout comme le parti de centre droit Ciudadanos qui engrange près de 370 000 suffrages et 9 sièges.

Ces nouveaux résultats confirment le maintien de l'hégémonie de la gauche au parlement régional tout en voyant la coalition au pouvoir chuter sous la majorité absolue des 55 députés. Susana Díaz se présente alors à l'investiture de la chambre sur proposition du président du parlement Juan Pablo Durán sans toutefois bénéficier du soutien d'un autre groupe politique. L'investiture est logiquement refusée le par 62 voix défavorables contre 47 voix pour. Bien que la majorité simple suffise, Díaz obtient le même résultat les et .

Díaz choisit alors d'attendre la tenue des élections dans les autres communautés autonomes le avant de se soumettre à un nouveau débat d'investiture. Alors que Ciudadanos va notamment soutenir l'investiture de Cristina Cifuentes à Madrid et face à la situation de blocage et à la possibilité de dissolution du Parlement, le parti libéral annonce un accord d'investiture avec les socialistes qui prévoit, entre autres mesures, plus de transparence au niveau de l'administration régionale ainsi que la démission de Chaves et Griñán de leurs mandats électifs. Le suivant, Díaz est par conséquent investie pour un second mandat après avoir obtenu 56 voix pour, 51 contre et 2 abstentions.

La tentation nationale de Susana Díaz

Susana Díaz rencontre Pedro Sánchez en .

La première moitié de la législature est marquée par une bonne entente entre les socialistes et la fédération andalouse de Ciudadanos dirigée par Juan Marín ; les libéraux donnant un appui externe au gouvernement sans toutefois y participer. Cette entente permet l'approbation d'importants projets de lois tels que les budgets pour 2016 et 2017. Lorsque Díaz se présente aux primaires visant à désigner le nouveau secrétaire général du PSOE à l'occasion du 39e congrès, ceux-ci continuent à lui apporter leur soutien au Parlement. Finalement défaite par Pedro Sánchez, le remaniement organisé par la présidente de la Junte en [1] dans lequel six nouveaux conseillers sont nommés est perçu comme une manière d'imposer son autorité sur l'exécutif régional et constituer une nouvelle feuille de route jusqu'à la fin de la législature[1].

Largement réélue secrétaire générale de PSOE andalou, Díaz assoit son pouvoir au sein du parti, d'abord au niveau régional puis au niveau provincial, et fait taire les critiques venant des soutiens de Pedro Sánchez. Parallèlement, Juanma Moreno est réélu président du Parti populaire andalou en de la même année et forme une direction chargée de « gagner les prochaines élections andalouses ». Il démissionne de son mandat de sénateur régional pour se consacrer pleinement à sa tâche de chef de l'opposition[2] et maintient quelques discussions exploratoires avec Juan Marín dans le but de sonder si son parti serait prêt à négocier l'investiture de Moreno pour permettre la première alternance politique dans la communauté[3].

Alors que Teresa Rodríguez — réélue secrétaire générale de la section andalouse de Podemos en  —[4] maintient une relation chaotique[5] avec Susana Díaz sur la première moitié de la législature, celle-ci parvient à proposer le soutien de son parti aux socialistes dans le but de « mener des politiques de gauche » si ces derniers rompent totalement avec Ciudadanos. Dans le cas contraire, Rodríguez enjoint Izquierda Unida, avec qui elle maintient une alliance au Parlement, à révoquer l'ensemble des accords de gouvernement liant IU et PSOE dans 29 municipalités[6]. Les militants d'IULV-CA réélisent Antonio Maíllo (es) à la tête du parti lors d'un congrès célébré le sur un projet visant à construire une confluence encore plus étroite avec Podemos en vue des élections[7].

Ciudadanos : de la méfiance à la rupture

En vue des négociations du budget de 2018, Ciudadanos adresse un ultimatum à Díaz pour qu'elle accepte de supprimer l'impôt sur les successions contre l'indispensable vote favorable du parti libéral au budget[8]. L'acceptation de Díaz dilue ce qui constituait alors le principal cheval de bataille du Parti populaire. Le , le président national de Ciudadanos, Albert Rivera, annonce la rupture du pacte avec les socialistes, la « liquidation » de la législature et son refus de négocier le budget régional de 2019 afin de forcer la convocation d'élections anticipées et ainsi freiner la baisse enregistrée par son parti dans les sondages depuis le vote de la motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy en . Prélude à cette stratégie, le parti avait convoqué un vote interne en désignant à nouveau Juan Marín candidat à la présidence de la Junte[9],[10].

Le PSOE-A contrattaque en reprochant à ses partenaires d'avoir passé trois ans à générer de l'instabilité dans le but de « forcer les élections »[11],[12],[13]. Interrogé en conférence de presse, le porte-parole socialiste, Mario Jiménez, assume la convocation anticipée des électeurs aux urnes et censure la position de Rivera qui veut, selon lui, « convertir l'Andalousie en un champ de bataille des droites »[14]. Le , Susana Díaz affirme pour sa part qu'un scénario d'anticipation des élections « n'est pas crédible », indiquant que le scrutin sera convoqué « en fonction des intérêts de l'Andalousie ». Au sujet de la loi de finances pour , elle estime que la communauté « aura un budget en 2019, maintenant ou après les élections, et ce sera un budget en expansion »[15].

Un scrutin anticipé

Susana Díaz signe le décret de dissolution du Parlement le .

Susana Díaz réunit son conseil de gouvernement le dans l'après-midi qui l'autorise à signer le décret de dissolution du Parlement. Le décret est publié le lendemain au Bulletin officiel de l'Andalousie (BOJA) afin que les élections puissent se tenir le suivant[16]. Elle explique ne « pas vouloir mettre en danger certaines lois » et indique que « l'Andalousie a besoin de stabilité ». Remarquant la fluidité de ses échanges avec le siège du PSOE à Madrid et le président du gouvernement Pedro Sánchez, elle met ainsi en œuvre sa volonté de fixer une échéance électorale exclusivement centrée sur la communauté autonome[17]. Il s'agit ainsi de la première échéance électorale depuis le vote de la motion de censure et l'accession de Pablo Casado à la présidence du Parti populaire. Ce dernier implique l'ex-ministre et ancien maire de Séville Juan Ignacio Zoido et l'ancien secrétaire d'État José Antonio Nieto dans la campagne afin de s'assurer de pouvoir contrôler la succession de Juanma Moreno au cas où celui obtiendrait un important revers électoral[18],[19]. Casado impose également des proches pour conduire les listes dans les provinces ayant majoritairement soutenu Soraya Sáenz de Santamaría lors des primaires conservatrices[20],[21],[22].

Enjeux

Le Parlement d'Andalousie est la législature décentralisée et monocamérale de la communauté autonome d'Andalousie, dotée d'un pouvoir législatif en matière régionale tel que défini par la Constitution espagnole et le Statut d'autonomie de l'Andalousie, ainsi que de la capacité de voter la confiance en un président de la Junte ou de la retirer.

Dissolution du Parlement

Le mandat du Parlement d'Andalousie expire quatre ans après la date de son élection précédente, à moins qu'il n'ait été dissous plus tôt. Le jour des élections doit avoir lieu dans les trente à soixante jours suivant la convocation. Les élections précédentes ont eu lieu le , ce qui signifie que le mandat de la législature aurait expiré le .

Le décret de convocation des élections est pris par le président de la Junte d'Andalousie et fixe la date de celles-ci. Elles ne peuvent, en aucun cas, être comprises entre le et le . La séance constitutive du Parlement a lieu dans les 25 jours suivant la date des élections.

Le président de la Junte a néanmoins la possibilité de dissoudre le Parlement d'Andalousie et de convoquer des élections à tout moment, à condition qu'aucune motion de censure ne soit en cours et que cette dissolution n'intervienne pas avant un délai d'an après la précédente. Si un processus d'investiture échoue à élire un président régional dans un délai de deux mois à compter du premier tour de scrutin, le Parlement est automatiquement dissous et une nouvelle élection déclenchée. Le délai entre la publication du décret de dissolution et la tenue des élections est, dans tous les cas, de 54 jours.

Mode de scrutin

Le Parlement est constitué de 109 députés (en espagnol : diputados) élus pour une législature de quatre ans au suffrage universel direct et suivant le scrutin proportionnel d'Hondt à listes fermées par l'ensemble des personnes résidant dans la communauté autonome où résidant momentanément à l'extérieur de celle-ci, si elles en font la demande.

Conformément à l'article 104.1 du statut d'autonomie, la circonscription électorale correspond à la province. Aucune province ne peut disposer de plus du double de députés qu'une autre province. L'article 17 de la loi électorale andalouse dispose que chaque province élit un minimum de huit députés. Les 45 sièges restants sont distribués entre les provinces en fonction de leur population, selon la procédure suivante :

  • on divise le nombre total d'électeurs de la communauté autonome par 45 pour obtenir un quota de partage ;
  • on divise le nombre d'électeurs de chaque province par le quota de partage et on attribue à chacune des provinces autant de députés que la partie entière du quotient ;
  • les députés restants sont distribués aux provinces dont la partie décimale du quotient est la plus élevée.
CirconscriptionsDéputésCarte
Séville18
Málaga17
Cadix15
Grenade13
Almería et Cordoue12
Huelva et Jaén11

Conditions de candidature

La loi électorale prévoit que les partis, fédérations, coalitions et groupements électoraux sont autorisés à présenter des listes de candidats. Les regroupements d'électeurs sont tenus d'obtenir la signature d'au moins 1 % des électeurs. Il est interdit aux électeurs de signer pour plus d'une liste de candidats. L'ordre de présentation sur la liste doit successivement et obligatoirement alterner entre des individus de sexe différent.

Répartition des sièges

Toute candidature qui n'a pas obtenu un minimum de 3 % des voix dans une circonscription n'est pas admise à participer à la répartition des sièges. La répartition se déroule de la manière suivante :

  • on ordonne les candidatures sur une colonne en allant de la plus votée vers la moins votée ;
  • on divise le nombre de voix obtenues par chaque candidature par 1, 2, 3... jusqu'au nombre de sièges à pourvoir dans le but de former un tableau ;
  • on attribue les sièges à pourvoir en tenant compte des plus grands quotients selon un ordre décroissant ;
  • lorsque deux candidatures obtiennent un même quotient, le siège est attribué à celle qui a le plus grand nombre total de voix ; lorsque deux candidatures ont exactement le même nombre total de voix, l'égalité est résolue par tirage au sort et les suivantes de manière alternative.

Comme dans toute l'Espagne, le vote blanc est reconnu et comptabilisé comme un vote valide. Il est par conséquent pris en compte pour déterminer si un parti a franchi ou non le seuil électoral. En revanche, conformément à l'article 96.5 de la LOREG, seuls les suffrages exprimés sont pris en compte pour la répartition des sièges à pourvoir. Les sièges propres à chaque formation politique sont attribués aux candidats en suivant l'ordre de présentation sur la liste. En cas de décès, incapacité ou démission d'un député, le siège vacant revient au candidat ou, le cas échéant, au suppléant placé immédiatement derrière le dernier candidat élu de la liste.

Campagne

La campagne s'est articulée autour des deux blocs, droite et gauche. D'un côté a ainsi eu lieu un affrontement entre le PP et Ciudadanos, mené au niveau national avec une implication forte des deux présidents de parti, Albert Rivera et Pablo Casado, allant presque jusqu'à éclipser leurs candidats à la présidence de la Junte. Tandis que de l'autre côté, le PSOE et Adelante Andalucía menaient une bataille pour l'hégémonie à gauche en Andalousie, avec des campagnes très régionales, où les dirigeants nationaux sont restés davantage en retrait[23].

La campagne de Susana Díaz s'est faite « en positif », sans conflictualité ouverte avec son adversaire à gauche, tandis que Teresa Rodríguez a mené une campagne plus offensive, tournée vers les électeurs déçus du PSOE, avec le slogan « le susanisme n'est pas le socialisme »[23].

Principaux partis

PartiIdéologieChef de fileRésultat en 2015
Parti socialiste ouvrier espagnol d'Andalousie
Partido socialista obrero español de Andalucía
Centre gauche
Social-démocratie, fédéralisme
Susana Díaz
Présidente de la Junte
35,2 % des voix
47 députés
Parti populaire andalou
Partido Popular Andaluz
Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Juan Manuel Moreno26,6 % des voix
33 députés
Adelante Andalucía (Podemos+IULV-CA+IA+PA)Gauche radicale
Anticapitalisme, républicanisme, écologisme, régionalisme
Teresa Rodríguez21,6 % des voix
20 députés
CiudadanosCentre droit à droite
Libéral-conservatisme, antinationalisme périphérique, unionisme
Juan Marín9,2 % des voix
9 députés
VoxExtrême droite
National-conservatisme, centralisme, conservatisme social
Francisco Serrano Castro0,5 % des voix
0 député

Sondages

InstitutDatePSOEPPCsPodemosIULV-CAAutres
Celeste Tel[24]36,7 %
(44/46)
23,8 %
(28/30)
13,6 %
(12/13)
19,3 %
(22/23)
NC Report[25]36,6 %
(45)
23,4 %
(28)
14 %
(14)
18,6 %
(22)
7,4 %
IMOP[26]29,8 %
(33-37)
20,5 %
(22-27)
22,3 %
(22-26)
21,7 %
(23-26)
5,7 %
JM&A[27]37,7 %
(46)
20,7 %
(25)
18,3 %
(20)
17,1 %
(18)
-
Aurea Project[28]32,8 %
(37-40)
23,6 %
(29-32)
18,5 %
(20-22)
19 %
(19-22)
6,1 %
ElectoPanel[29]32 %
(39)
20,6 %
(24)
20,9 %
(22)
21 %
(24)
5,5 %
SW Demoscopia[30]38,1 %
(45-48)
19,8 %
(21-24)
21,5 %
(12-25)
14,8 %
(14-17)
5,8 %
ElectoPanel[31]34,4 %21,6 %17,6 %19,9 %6,5 %
SyM Consulting[32]31,5 %24,2 %13,1 %18,1 %7,5 %5,6 %
Université de Grenade (pour Podemos)[33]32,3 %20,8 %17,5 %13,8 %6,9 %8,9 %
NC Report[34]33,3 %25,6 %13,9 %14,6 %8 %-
Deimos Estadística[35]34,6 %25,4 %19,7 %14,4 %3,9 %1,7 %
SW Demoscopia/Grupo Viva[36]36,8 %22,5 %19,3 %16,5 %-

Résultats

Participation

Taux de participation aux élections[37]
Taux de participationEn 2015En 2018Différence
à 14 heures33,94 %29,93 %  4,01
à 18 heures51,41 %46,47 %  4,94
à 20 heures62,56 %56,56 %  6

Voix et sièges

Total régional

Résultats définitifs des élections au Parlement d'Andalousie de 2018[38]
PartisVoix%+/−Sièges+/−
Parti socialiste ouvrier espagnol d'Andalousie (PSOE-A)1 010 88927,94  7,4733  14
Parti populaire (PP)750 77820,75  5,9926  7
Ciudadanos (Cs)661 37118,28  9,0021  12
Adelante Andalucía (AA)585 94916,19  5,5617  3
Vox396 60710,96  10,5012  12
Parti animaliste contre la maltraitance animale (PACMA)69 9051,93  1,130
Andalousie par elle-même (AxSi)22 0320,61  0,910
Equo-Initiative andalouse (Equo-IA)15 1720,42Nv.0
Recortes Cero-Grupo Verde-Pour un monde + juste (RC-GV-M+J)7 2070,20  0,060
Parti communiste du peuple andalou (PCPA)6 4350,18  0,090
Union, progrès et démocratie (UPyD)6 3840,18  1,750
Nation andalouse (NA)5 0150,14Nv.0
Citoyens libres unis (CILUS)3 9950,11  0,170
Indépendants pour Huelva (IxH)3 9950,11Nv.0
Autres candidatures (12 partis)15 9180,44-0-
Blanc56 9391,57  0,20
Votes valides3 618 59197,80
Votes nuls81 3882,20
Total3 699 979100-109
Abstentions2 842 09743,44
Inscrits6 542 07656,56

Par circonscription

CirconscriptionAlmeríaCadixCordoueGrenade
Sièges12 15 12 13
Nombre%Nombre%Nombre%Nombre%
Inscrits497 998100,00997 581100,00647 427100,00750 132100,00
Abstentions235 02847,19477 78547,89255 52539,47322 37742,98
Votants262 97052,81519 79652,11391 90260,53427 75557,02
Nuls3 3491,279 4751,829 3772,3913 9763,27
Exprimés259 62198,73510 32198,18382 52597,61413 79996,73
PartisVoix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−
PSOE-A67 30925,933  2121 32123,774  2111 82629,234  1111 38026,924  1
PP70 59827,194  189 63717,563  183 83821,923  195 37923,053  1
Cs42 43216,342  1106 63620,903  267 50817,652  176 17618,413  2
AA25 1609,691 97 91419,193  164 27916,802 62 44715,092  1
Vox43 51616,762  257 32711,232  235 1479,191  147 06411,371  1
Autres7 6392,9428 3355,5513 5193,5315 5703,76
Blanc3 3491,279 1511,796 4081,685 7631,39
CirconscriptionHuelvaJaénMálagaSéville
Sièges11 11 17 18
Nombre%Nombre%Nombre%Nombre%
Inscrits396 977100,00526 718100,001 185 266100,001 539 977100,00
Abstentions180 29145,42200 86138,13542 57545,78627 67240,76
Votants216 68654,58325 85761,87642 69154,22912 30559,24
Nuls5 1642,388 2282,5310 3041,6021 5152,36
Exprimés211 52297,62317 62997,47632 38798,40890 79097,64
PartisVoix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−
PSOE-A66 77831,574  2112 42335,394  2152 97724,194  2266 87529,966  2
PP47 91522,653 73 58723,173  1142 74622,574  1147 07816,513  1
Cs34 39316,262  150 64615,952  2125 23519,804  2158 34517,783  1
AA30 18714,271 38 59712,151 99 07515,673  1168 29018,894
Vox17 6368,341  127 6768,711  172 72911,502  295 51210,722  2
Autres10 9905,2010 6543,3530 6814,8538 6534,34
Blanc3 6232,384 0461,278 9441,4116 0371,80

Analyse

La conseillère à la Justice et à l'Intérieur Rosa Aguilar et le vice-président de la Junte Manuel Jiménez annoncent les résultats.

Le Parti socialiste ouvrier espagnol d'Andalousie subit sa plus sévère défaite en perdant environ 400 000 voix et sept points et n'obtient plus que 33 mandats sur les 109 composant le Parlement d'Andalousie, soit 14 de moins que lors des précédentes élections de 2015. Pour la première fois depuis plus de trente-cinq ans, le parti n'est plus en mesure de gouverner seul ou en coalition avec les seules forces de gauche.

Après 37 ans au pouvoir, les socialistes font principalement les frais de leurs scandales de corruption et de l'abstention de nombreux électeurs de gauche désabusés dans les circonscriptions qui leur rapportaient traditionnellement les meilleurs résultats[39],[40]. Le parti arrive toutefois toujours en tête dans l'ensemble des circonscriptions, exceptée celle d'Almería qui revient au Parti populaire. Toujours à gauche, la coalition Adelante Andalucía, qui rassemble Podemos et Izquierda Unida, ne parvient pas à rentabiliser son alliance puisqu'elle perd 280 000 voix, cinq points de pourcentage et trois sièges par rapport à ce que ces partis avaient remportés en concourant séparément en 2015. L'absence d'Equo dans cette coalition, les querelles internes à Podemos, mais surtout l'incapacité à mobiliser la gauche désenchantée et une stratégie de confrontation à l'égard du PSOE, pourtant seul allié possible au moment de former un gouvernement, sont des facteurs possibles de cet échec[41].

De l'autre côté du spectre politique, le Parti populaire perd également sept sièges, en baisse de près de 300 000 suffrages. Remportant seulement la circonscription d'Almería, les conservateurs connaissent un important revers dans les provinces de Cadix et Séville où ils se classent à la quatrième position derrière les partis de gauche et Ciudadanos. Dans ses bastions traditionnels, le PP souffre d'un net recul et paye le prix de la division de la droite. Depuis la victoire de Javier Arenas lors du scrutin de 2012, les conservateurs se sont vus privés de plus de la moitié de leurs électeurs et de 24 sièges[39]. Ensemble, les deux grands partis de la vie politique espagnole ont obtenu leurs plus mauvais résultats depuis 1982 et ne rassemblent plus que près de 49 % des voix et 59 sièges. En revanche, Ciudadanos double ses électeurs par rapport à 2015 et obtient 21 mandats, soit 12 de plus que lors des précédents élections. Les électeurs ne semblent donc pas reprocher aux libéraux leur soutien au gouvernement de Susana Díaz pendant trois ans et demi.

Même si les différentes enquêtes électorales prévoyaient la possibilité que Vox puisse entrer au Parlement[42],[43],[44], ce parti d'extrême-droite ayant un programme commun à toute l'Espagne et dont les principales mesures visent à supprimer les communautés autonomes et à s'opposer à l'immigration illégale ainsi qu'a l'indépendantisme catalan, crée la surprise générale en recueillant près de 400 000 voix et douze sièges[45],[46]. Le parti se classe en troisième position dans la circonscription d'Almería et rafle la mise dans les bastions conservateurs de Roquetas de Mar et El Ejido du fait de l'importante immigration illégale[47]. Le parti réalise également un score non négligeable dans le quartier sévillan de Los Remedios[48]. La stratégie de campagne en partie axée sur la recherche du vote protestataire des populations vulnérables se sentant délaissées par les politiques et le système, qui rapportait jusque là des voix à Podemos, semble avoir davantage payé pour Vox que pour le parti de gauche radicale lors de ces élections[41]. Le profil sociologique des votants de Vox est essentiellement celui des classes moyennes et riches. Le parti avait fait campagne sur la promesse de déporter les immigrés illégaux, de fermer les mosquées fondamentalistes, ou encore de doter les enclaves de Ceuta et Melilla de murs infranchissables[49], il obtient notamment ses résultats les plus importants dans les municipalités connaissant le plus fort taux d'immigration et, à l'intérieur de celles-ci, dans les sections communales censitaires voisines de celles où vivent majoritairement les immigrés, mais pas dans celles où ceux-ci habitent le plus[50]. Ceci suggère que ce vote serait en partie généré par une mobilisation préventive d'une population relativement aisée face à des événements peut-être non vécus directement mais perçus à travers les médias[50]. Après analyse des données, l'électorat de Vox lors de ces élections semble correspondre à la frange la plus radicale de l'électorat du Parti populaire, qui aurait fait scission[50].

L'entrée de Vox au parlement andalou fait l'objet de nombreux superlatifs dans les médias espagnols et internationaux, l’Espagne n'ayant pas connu de parti d’extrême droite dans n'importe quelle assemblée parlementaire depuis la fin de la dictature franquiste. Son résultat est jugé susceptible de rabattre les cartes du paysage politique dans le pays[51],[52].

Enfin, le taux d'abstention a progressé de presque cinq points pour se situer aux alentours de 44 %. Il s'agit du deuxième plus mauvais score de participation depuis le premier scrutin de 1982 ; la plus faible participation ayant eu lieu en 1990 avec 55,32 %. C'est également la deuxième fois que le taux de participation est inférieur à la barre des 60%[39].

Les forces de gauche ont donc perdu la majorité absolue en voix et en sièges dont elles disposaient à l'hôpital de las Cinco Llagas, siège du Parlement andalou, au profit d'une majorité de droite de 59 sièges ; la majorité absolue étant fixée à 55 députés[53].

De même, ces élections redessinent la représentation de la communauté autonome au Sénat espagnol. Le PSOE-A doit se contenter de trois sièges et le PP de deux. Ciudadanos, qui n'en avait aucun, obtient deux mandats et la coalition de Podemos conserve le sien. Le résultat obtenu par Vox lui donne le droit de désigner son premier représentant aux Cortes Generales[54].

Conséquences

Régionales

Après l'annonce des résultats et visiblement attristée, Susana Díaz comparait devant la presse et fait part de sa volonté, comme elle l'avait promis en campagne si elle gagnait les élections, de former un nouveau gouvernement et d'entamer des discussions avec l'ensemble des autres forces politiques représentées, à l'exclusion de Vox contre lequel elle se présente comme la « digue de contention pour que l'extrême-droite ne soit pas celle qui décide du futur de l'Andalousie »[55]. L'échec de la gauche à conserver la majorité absolue des sièges au Parlement ravive immédiatement le duel opposant le secrétaire général fédéral du PSOE et président du gouvernement Pedro Sánchez à la présidente de la Junte d'Andalousie. Le lendemain du scrutin, à l'issue de la réunion de la commission exécutive fédérale du PSOE, le secrétaire à l'Organisation José Luis Ábalos rejette l'entièreté de la perte du pouvoir sur Susana Díaz qui aurait effectué une campagne « formelle » dénuée de toute intensité[56]. Ábalos indique également la porte de sortie à Díaz si elle n'obtient pas sa réélection à la tête de l'exécutif dans le but de « régénérer » le PSOE-A[57]. La présidente de la Junte d'Andalousie rejette cette assertion en affirmant que l'on « régénère ce qui est dégénéré et je dirige un parti décent, honnête et travailleur » ; tout en confirmant vouloir se présenter à l'investiture si elle a le nombre de soutien requis[58],[59]. Après avoir affirmé être prête à « prendre le contrôle » du PSOE-A, la direction nationale du parti, par la voix d'Ábalos, se ravise et indique toute sa « confiance » en Díaz pour opérer les changements nécessaires et mener à bien le processus de négociations[60].

À droite, Ciudadanos annonce très vite rejeter l'idée d'une alliance avec le Parti socialiste[61]. Juan Manuel Moreno et Juan Marín revendiquent tous deux le droit de se présenter à l'investiture[62]. Le PP critique ce choix en soulignant que Ciudadanos « veut la présidence de l'Andalousie et être important avant d'être utile »[63] et appelle les libéraux et Vox à négocier avec pour seule limite la Constitution[64]. Le président du PP évoque même l'idée de faire entrer ce parti au sein du conseil de gouvernement[65]. Au cours de la campagne, ni Ciudadanos ni le Parti populaire n'avaient écarté cette hypothèse, et l'un comme l'autre refusait de désigner Vox comme un parti d’extrême droite[66].

Nationales

Sur le plan national, Pedro Sánchez se contente d'un message posté sur les réseaux sociaux dans lequel il indique que son « gouvernement continuera de mettre en place un projet régénérateur et européiste pour l'Espagne »[67]. Pablo Casado, président du Parti populaire, voit le projet qu'il propose comme ratifié et demande la convocation immédiate d'élections générales anticipées ; tout comme le président de Ciudadanos Albert Rivera[68],[69]. Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos, appelle les citoyens à « prendre les rues » et manifester contre la percée de Vox en Espagne[70]. Santiago Abascal, président de Vox, annonce tenir Iglesias pour responsable de toutes les violences qui viendrait à être commises[71],[72].

Deux jours après le scrutin, Pedro Sánchez décide de présenter le projet de loi budgétaire pour 2019 en afin de reprendre l'initiative et mettre en difficulté les partis indépendantistes catalans qui n'approuveraient pas un budget contenant de nombreuses mesures sociales[73]. Il avait effectivement renoncé à présenter son projet de loi de finances du fait de son incertitude à réunir une majorité, et avait ainsi ouvert la porte à la convocation d'élections générales anticipées[74], mais les résultats défavorables à la gauche en Andalousie pourraient le pousser à reconsidérer cette option, n'étant désormais plus certain de l'emporter en capitalisant sur son accession au pouvoir[51],[49].

Formation du gouvernement

Le , Juan Manuel Moreno est investi à la tête du gouvernement régional grâce aux voix du PP, de Ciudadanos et de Vox. Cela fait suite à la signature d'un pacte de coalition avec Ciudadanos et un accord d'investiture avec Vox qui prévoit notamment l'expulsion des 50 000 immigrés clandestins et l'abandon de la loi sur les violences conjugales[75],[76].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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