Élections législatives slovènes de 2018

élections de la VIIIe législature de l'assemblée nationale slovène

Élections législatives slovènes de 2018
90 sièges de l'Assemblée nationale
(Majorité absolue : 46 sièges)
Type d’électionÉlections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits1 712 676
Votants901 454
52,63 % en augmentation 0,9
Votes exprimés891 097
Blancs et nuls10 357
SDS – Janez Janša
Voix222 042
24,92 %
en augmentation 4,2
Députés élus25en augmentation 4
LMŠ – Marjan Šarec
Voix112 250
12,60 %
Députés élus13en augmentation 13
SD – Dejan Židan
Voix88 524
9,93 %
en augmentation 4
Députés élus10en augmentation 4
SMC – Miro Cerar
Voix86 868
9,75 %
en diminution 24,7
Députés élus10en diminution 26
Levica – Luka Mesec
Voix83 108
9,33 %
en augmentation 3,4
Députés élus9en augmentation 3
Président du gouvernement
SortantÉlu
Miro Cerar
SMC
Marjan Šarec
LMŠ
dvk-rs.si

Les élections législatives slovènes de 2018 (en slovène : Državnozborske volitve v Sloveniji 2018) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 90 députés de la 8e législature de l'Assemblée nationale pour un mandat de quatre ans.

Le scrutin, qui ne dégage pas de majorité parlementaire claire, se tient alors que le président du gouvernement Miro Cerar a démissionné trois mois plus tôt, après que la Cour constitutionnelle a annulé un référendum sur un projet d'infrastructure qu'il soutenait.

Dans l'opposition depuis cinq ans, le Parti démocratique slovène (SDS) de Janez Janša l'emporte après une campagne axée sur la question migratoire. Parmi les nombreux partis du centre et du centre gauche, la Liste de Marjan Šarec (LMŠ) tire son épingle du jeu alors que le Parti du centre moderne (SMC) de Miro Cerar perd les deux tiers de ses voix.

Marjan Šarec parvient à mettre en place en trois mois un gouvernement minoritaire de coalition entre cinq partis, qui bénéficie du soutien sans participation de La Gauche.

Contexte

Accession au pouvoir de Miro Cerar

Lors des élections législatives de 2014, le Parti de Miro Cerar (SMC) — fondé peu avant par le juriste novice en politique Miro Cerar, des universitaires et des entrepreneurs — vire en tête avec plus de 34 % des voix. Il devance de 14 points le Parti démocratique slovène (SDS), dont le président Janez Janša est emprisonné pour corruption[1].

Cerar accède effectivement au pouvoir environ deux mois après le scrutin, le . Il forme à cet effet un gouvernement de coalition de centre gauche entre le SMC, le Parti démocrate des retraités slovènes (DeSUS) et les Sociaux-démocrates (SD)[2].

Référendum crucial et présidentielle serrée

Le , un référendum d'initiative populaire est convoqué par le collectif « Les citoyens ne doivent pas payer » sur un projet d'infrastructure majeure, soutenu par le gouvernement : la construction d'une voie ferrée de 27 km entre la ville de Divača et le port commercial de Koper, pour un montant total d'un milliard d'euros[3]. Le résultat donne le « Oui » vainqueur à plus de 53 % des suffrages exprimés.

Environ un mois plus tard se tient l'élection présidentielle. Le président de la République sortant Borut Pahor, soutenu par les Sociaux-démocrates, se place en tête du premier tour avec 47 % des suffrages exprimés, mais échoue à l'emporter faute d'une participation suffisante, l'abstention s'élevant à 53 %. Si la candidate du SMC ne reçoit que 1,7 % des suffrages, Pahor se trouve opposé au second tour à Marjan Šarec, un ancien comédien devenu élu local dont la campagne a été basée sur le rejet des élites et qui recueille 25 %[4]. Pahor est réélu avec une avance relativement courte lors du second tour le , obtenant 53,1 % tandis que l'abstention atteint les 60 %[5].

Désaveu et démission de Cerar

Miro Cerar annonce le qu'il démissionne de ses fonctions. Quelques heures plus tôt, la Cour constitutionnelle avait annulé le référendum de 2017, arguant que le gouvernement avait manqué à son devoir de neutralité en soutenant le vote en faveur du « Oui ». Le président du gouvernement juge que « les forces du passé ne nous permettent pas de travailler pour les générations futures » et dénonce le fait que « les partenaires de la coalition se sont efforcés de saper certains projets ». Ce départ intervient dans un contexte de tensions sociales et alors que le Parti du centre moderne[a] est donné très bas dans les sondages[6].

Concernant la possibilité de convoquer des élections anticipées, Cerar laisse ce choix entre les mains du président de la République[7]. Le lendemain, le chef de l'État annonce que les élections législatives prévues au mois de juin se dérouleraient dans la seconde quinzaine du mois de mai[8]. Il indique finalement le qu'il prononce la dissolution de l'Assemblée nationale et convoque le scrutin pour le , le gouvernement Cerar assurant l'expédition des affaires courantes[9].

Un nouveau référendum sur le projet de voie ferrée est organisé le , et voit le « Non » l'emporter d'une très courte tête avec 50,1 % des suffrages exprimés, mais ce résultat n'est pas validé puisqu'il ne représente que 7 % des inscrits, loin des 20 % exigés.

Mode de scrutin

Exemple de bulletin de vote.

L'Assemblée nationale (Državni zbor) est la chambre basse du Parlement bicaméral de la Slovénie. Elle est composée de 90 députés élus pour quatre ans dont 88 au scrutin proportionnel plurinominal de liste avec vote préférentiel et seuil électoral de 4 % dans huit circonscriptions de 11 sièges. Après décompte des voix, les sièges sont répartis dans chaque circonscription sur la base du quotient de Droop[b], puis au niveau national pour les sièges restants selon la méthode d'Hondt. Pour chaque liste, les mandats sont attribués en fonction du nombre de votes préférentiels obtenus par les candidats[10].

Les deux autres sièges sont réservés aux minorités italiennes et hongroises à raison d'un député chacune, élus en un seul tour à l'aide d'un système de vote pondéré : la méthode Borda. Les électeurs concernés classent les candidats sur le bulletin de vote en leur attribuant des chiffres en partant de 1 pour leur candidat favori. Le candidat classé en premier reçoit autant de voix que de candidats dans la liste, celui classé deuxième une de moins, et ainsi de suite. Le candidat ayant recueilli le plus de voix est déclaré élu. Les slovènes votant pour les représentants des minorités peuvent aussi participer à l'élection des 88 autres sièges[11].

La loi électorale impose que chaque liste présente au moins 35 % de candidats de l'un et l'autre sexe. Les listes ne comportant que trois noms doivent ainsi compter au moins un homme et une femme[10].

Campagne

La période de campagne officielle débute le . Le Parti démocratique slovène (SDS) axe sa campagne sur la question migratoire. Le pays avait en effet été traversé par près d'un demi-million de clandestins en transit vers le nord et l'ouest de l'Europe en 2015 et 2016 lors de la crise migratoire. L'importance du flux avait alors mené les autorités à construire une clôture de 200 kilomètres de long à la frontière avec la Croatie[12].

Principales forces politiques

PartiIdéologieChef de fileRésultat en 2014
Parti du centre moderne
Stranka modernega centra (SMC)
Centre gauche
Libéralisme, social-libéralisme
Miro Cerar
(Président du gouvernement)
34,5 % des voix
36 sièges
Parti démocratique slovène
Slovenska demokratska stranka (SDS)
Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, populisme de droite
Janez Janša20,7 % des voix
21 sièges
Parti démocrate des retraités slovènes
Demokratična stranka upokojencev Slovenije (DeSUS)
Centre
Social-libéralisme, défense des retraités
Karl Erjavec
(Ministre des Affaires étrangères)
7,0 % des voix
6 sièges
Sociaux-démocrates
Socialni demokrati (SD)
Centre gauche
Social-démocratie, progressisme
Dejan Židan
(Ministre de l'Agriculture)
6,0 % des voix
6 sièges
La Gauche
Levica
Gauche
Socialisme démocratique, écosocialisme, anticapitalisme
Luka Mesec6,0 % des voix
6 sièges
Nouvelle Slovénie – Chrétiens-démocrates
Nova Slovenija – Krščanski demokrati (NSi)
Centre droit
Démocratie chrétienne, conservatisme
Matej Tonin (sl)5,6 % des voix
5 sièges
Parti d'Alenka Bratušek
Stranka Alenke Bratušek (SAB)
Centre gauche
Libéralisme, social-libéralisme
Alenka Bratušek4,4 % des voix
4 sièges
Parti populaire slovène
Slovenska ljudska stranka (SLS)
Centre droit
Conservatisme, démocratie chrétienne
Marko Zidanšek3,9 % des voix
0 siège
Parti national slovène
Slovenska nacionalna stranka (SNS)
Droite à extrême droite
Nationalisme, conservatisme, euroscepticisme
Zmago Jelinčič Plemeniti (sl)2,2 % des voix
0 siège
Liste de Marjan Šarec
Lista Marjana Šarca (LMŠ)
Centre gauche
Attrape-tout, populisme, social-libéralisme
Marjan ŠarecInexistant

Résultats

Nationaux

Résultats des élections législatives slovènes de 2018[13]
PartiVoix%+/-Sièges+/-
Parti démocratique slovène (SDS)222 04224,92 4,2125 4
Liste de Marjan Šarec (LMŠ)112 25012,36Nv13 13
Sociaux-démocrates (SD)88 5249,93 3,9510 4
Parti du centre moderne (SMC)86 8689,75 24,7410 26
La Gauche (Levica)83 1089,33 3,369 3
Nouvelle Slovénie – Chrétiens-démocrates (NSi)63 7927,16 1,577 2
Parti d'Alenka Bratušek (SAB)45 4925,11 0,735 1
Parti démocrate des retraités slovènes (DeSUS)43 8894,93 5,255 5
Parti national slovène (SNS)37 1824,17 1,974 4
Parti populaire slovène (SLS)23 3292,62 1,330
Parti pirate de Slovénie (sl) (PSS)19 1822,15 0,810
Bon pays (sl) (DD)13 5401,52Nv0
Andrej Čuš et Verts de Slovénie (sl)9 7081,09Nv0
Autres[c]42 2114,74-0
Minorités hongroise et italienne2
Suffrages exprimés891 09798,85
Votes blancs et invalides10 3571,15
Total901 454100-90
Abstentions811 22247,37
Inscrits / participation1 712 67652,63

Par circonscription

Minorités

Vote des minorités en Slovénie[13]
Minorité italienneMinorité hongroise
CandidatsVoix%CandidatsVoix%
Felice Žiža2 51144,78Ferenc Horvath4 19360,20
Mauricio Tremul2 09537,36Gabriela Sobočan2 77239,80
Bruno Orlando1 00117,85
Votes valides1 42898,69Votes valides3 00198,62
Votes blancs et nuls191,31Votes blancs et nuls421,38
Total1 447100Total3 043100

Analyse

Le scrutin voit la victoire du Parti démocratique slovène (SDS) de Janez Janša, auteur d'une campagne populiste aux accents nationalistes et xénophobes, tandis que le Parti du centre moderne (SMC) du président du gouvernement Miro Cerar s'effondre. Bien qu'arrivé deuxième avec son propre parti (LMŠ), l'ancien comédien Marjan Šarec semble le plus à même de réunir une majorité. Il indique ne pas avoir l'intention de former une coalition avec le SDS[14].

Conséquences

Šarec annonce le la conclusion d'un accord de coalition pour former un gouvernement minoritaire entre la LMŠ, les Sociaux-démocrates (SD), le SMC, le Parti d'Alenka Bratušek (SAB) et le Parti des retraités (DeSUS). Cette alliance bénéficiant de 43 députés compterait avec le soutien sans participation des neuf députés La Gauche (Levica)[15]. Il est effectivement investi dix jours plus tard par l'Assemblée nationale, par 55 voix favorables[16]. Son cabinet obtient la confiance des parlementaires le suivant, avec 45 voix pour et 34 contre[17].

Composition de la majorité parlementaire :

Majorité absolue
13101055938
LMŠSDSMCSABDeSUSLevicaOpposition

Notes

Références

Voir aussi

Articles connexes

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