Joseph Carlier (sculpteur)

sculpteur et statuaire français
(Redirigé depuis Émile Joseph Nestor Carlier)

Joseph Carlier né à Cambrai le et mort à Paris le est un sculpteur français.

Joseph Carlier
Portrait de Joseph Carlier.
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Carlier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Nestor Émile Joseph Carlier
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Mouvement
Influencé par
Distinction
Œuvres principales
Gilliat et la Pieuvre (1889)
Le Miroir (1897)
La Danse profane (1900)
Vue de la sépulture.

Biographie

Nestor Émile Joseph Carlier voit le jour dans une maison de la rue de la Prison, à l'emplacement actuel de l'hôtel de ville de Cambrai. Son père est coutelier et musicien pendant ses loisirs. Il souhaite voir son fils devenir architecte ou ingénieur des arts et métiers.

Élève à l'école des Frères, il va suivre les cours de l'école municipale de dessin sous l'œil attentif de ses professeurs Berger, père et fils. Son père, craignant les aléas de la vie d'artiste, est peu enthousiaste du choix professionnel de son fils. C'est avec le soutien de sa mère qu'il intègre en 1864 l'atelier du sculpteur ornemaniste cambrésien Lecaron, où il apprend le métier en sculptant les pierres de la cathédrale de Cambrai. À cette occasion, le jeune apprenti chute d'un échafaudage et ne doit son salut qu'à la courroie de son sac qui le maintient suspendu au mât.

Il se rend à Paris pour visiter l'Exposition universelle de 1867 qui le conforte dans sa vocation d'artiste. Ne recevant pas de soutien financier de ses parents, il doit faire des petits métiers et est engagé chez un fabricant de meubles du faubourg Saint-Antoine. Puis il retourne à Cambrai pour y suivre les cours de l'école académique dans l'atelier de René Fache. Élève studieux et appliqué, son professeur convainc les parents de Carlier à le laisser s'établir à Paris pour entrer à l'École des beaux-arts. Il obtient une bourse de la Ville de Cambrai en 1869 et est admis dans l'atelier de Jules Cavelier.

Le professeur prodigue un enseignement rigoureusement académique. La guerre de 1870 interrompt ses études. Exempté de service militaire, il fait un voyage chez ses parents, puis s'engage dans les volontaires de Montrouge. Il connaît son baptême du feu aux avant-postes de Bagneux et à Buzenval, voit tomber le peintre orientaliste Henri Regnault, lui-même reçoit trois coups de feu et évite de peu la perte de son bras droit. Proposé par son colonel pour la croix il lui dira : « Donnez-moi la médaille, c'est assez.[réf. nécessaire] ». Il reçoit en effet la médaille militaire par décret du , sur rapport du ministre de la Guerre.

Il assiste aux évènements de la Commune et part à la recherche d'autres horizons. Muni d'un pistolet et de quinze francs, il part en Espagne, qu'il va parcourir à pied pendant six mois. Louant ses services en route à des tailleurs de pierres. Rentré à Paris il rejoint l'atelier de François Jouffroy, puis entre à l'Académie Julian dans l'atelier d'Henri Chapu où il retrouve son ami de Valenciennes, Léon Fagel.

En 1874, il débute au Salon et y expose par la suite toutes les années. En gage de gratitude, il fait don de sa première œuvre importante à la ville de Cambrai. Il s'agit de la statue en pierre du chroniqueur cambrésien Enguerrand de Monstrelet, qu'il réalise en 1876 et qu'on érige dans un jardin public. Elle fut détruite par les bombardements en 1944.

En 1877, il conçoit sa statue de La Résurrection qui orne le tombeau de sa belle-sœur au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Cette œuvre lui est commandée pour un monument funéraire au cimetière de Recoleta à Buenos Aires, et il accepte d'en réaliser une copie[1],[2].

Il expose Gilliat aux prises avec les pieuvres qui lui vaut une 2e médaille au Salon de 1879, puis Avant l'Âge de Pierre qui lui permet d'obtenir une bourse de voyage et de visiter l'Italie en 1881. À Florence, il modèle l'esquisse de L'Aveugle et le Paralytique pour lequel on lui remet la première médaille du Salon de 1883.

En 1885, il sollicite, sans l'obtenir, un atelier au Mobilier national ou au quai de l'Alma pour ses travaux de sculpture[3]. En 1886, il fait la demande de l'octroi d'un bloc de marbre qui lui est refusé[4].

En 1888, on lui commande un travail de sculpture pour la décoration de l'école industrielle de Roubaix ou de l'Exposition universelle de 1889 qui n'aboutit pas[5].

En 1889, après sa médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris, il décide de transformer son Gilliat qu'il expose au Salon de 1890. Son œuvre est achetée par l'État pour le musée du Luxembourg. Devenu membre du jury du Salon des artistes français, il fait réviser le règlement. Cette même année, sa demande d'un travail de sculpture sera classée sans suite pour le motif qu'en 1889 il lui fut acheté une statue au Salon pour la somme de 10 000 francs[6]. Une nouvelle demande en 1894 obtient la même réponse.

En cette fin de siècle, la Ville de Condé-sur-l'Escaut le présélectionne, ainsi que Léonie Duquesnoy et Jules Louis Mabille, pour réaliser le Monument de la Clairon, l'actrice native de cette commune. C'est finalement Henri Gauquié qui réalise l'œuvre.

Il sculpte la grâce féminine avec son chef-d'œuvre Le Miroir[7], exposée à l'Exposition universelle de 1900. Cette statue représente le personnage de Chrysis du roman Aphrodite de Pierre Louÿs.

Les suites données à sa demande de travail d'une sculpture en vue de l'Exposition universelle de 1900, faite en 1898, demeurent inconnues[8].

Pour Condé-sur-Escaut, il réalise en 1907 le Monument au général Léon de Poilloüe de Saint-Mars, général de division français[9].

En 1904, il remporte une souscription mondiale lancée pour la réalisation d'un Monument aux Vilmorin, érigé en 1908 dans un square parisien[10],[11].

Il est appelé à Alger en 1912 pour y reproduire les traits du duc des Cars, le général de la conquête de 1830, et faire également le médaillon du général Maurice Bailloud, le successeur du conquérant précédent, pour la réalisation d'une plaque de bronze apposée sur l'obélisque du Monument aux morts de l'armée d'Afrique, érigé sur les hauteurs du fort l'Empereur, inauguré par le gouverneur général d'Algérie Charles Lutaud, le et détruit à l'explosif pour la sécurité des habitants d'Alger en 1943.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il se consacre à l'œuvre des réfugiés du Nord et, en tant que président de l'Amicale de Cambrai, il se dévoue pendant les quatre années du conflit avec son ami Devignes pour aider les gens du Cambrésis, chassés par la guerre.

Sépulture d’Émile Joseph Carlier au cimetière du Montparnasse

En 1916, le sénateur Paul Bersez remercie le ministre des Beaux-arts pour l'achat d'une œuvre[Laquelle ?] de l'artiste[12]. En 1918, Carlier sollicite du ministre des Beaux-arts, un poste d'inspecteur des Beaux-arts et lui fait savoir que certaines des statues en bronze placées dans les jardins de Cambrai ont été endommagées par les bombardements de . Il collabore avec l'architecte Castex à un projet de fontaine monumentale pour la ville de Reims.

Après guerre il réalise des bronzes de poilus dont les copies de certains ornent les monuments aux morts, en particulier la statue d'un soldat de la Grande Guerre dont la terrasse porte l'inscription « On ne passe pas ! » qui glorifie les combattants de Verdun.

N'ayant jamais cessé de s'intéresser à sa ville natale et membre de plusieurs associations, il siège au comité de reconstitution de Cambrai et participe à toutes les réunions parisiennes où se trouvent des Cambrésiens.

À ses obsèques, l'éloge funèbre est prononcé par le poète Dévigne, Auguste Dorchain et le maire de Cambrai Georges Desjardins. Fernand Créteur lit sa biographie. Il est enterré à Paris au cimetière du Montparnasse, auprès de ses beaux-parents. Malgré une confusion fréquente, c'est pour la sépulture de sa belle-sœur au cimetière du Père-Lachaise qu'il exécuta son groupe La Résurrection, et non pour la sienne ou celle de ses parents[13].

Œuvres dans les collections publiques

La Danse profane (1904), marbre, Aurillac.
L'Aveugle et le paralytique (1885), Cambrai, jardin aux fleurs (détruit en 1942).
Baigneuse (Salon de 1906), localisation inconnue.

Œuvres détruites

  • Enguerrand de Monstrelet, statue en pierre anciennement dans le jardin public de Cambrai, érigée en 1876, détruite en 1944, remplacée par une statue du même par Pierre-Alfred Cazaubon[68].
  • L'Aveugle et le paralytique ou La Fraternité, groupe en bronze anciennement dans le jardin public de Cambrai, érigé en 1885 d'après le modèle en plâtre exposé au Salon de 1884, détruit en 1917, restitué en 1934, envoyé à la fonte en 1942[69].
  • La Famille, groupe en plâtre créé en 1886, présenté hors concours au salon de 1887, acquis par l’État, déposé au musée des beaux-arts d'Arras en 1889, détruit en 1915[70].
  • Buste en bronze à l'effigie du général Léon Poilloüe de Saint Mars, dit le « Père du Soldat » pour son monument à Condé-sur-Escaut, érigé en 1907, et statue de soldat, détruit[71].
  • Médaillon en bronze à l'effigie du général Maurice Bailloud, pour le Monument aux Morts de l'Armée d'Afrique à Alger, érigé le et détruit en 1943[72].

Monuments aux morts

La statue de poilu On ne passe pas ! a servi au décor de plusieurs monuments aux morts de la Première guerre mondiale, dans les communes des départements suivants :

Œuvres référencées, non localisées

  • Cambrai angoissé, 1919, terre cuite[83].
  • Georges Clemenceau, 1919[84],[85].
  • Victoire, 1919, esquisse en terre cuite[86].
  • Le Révolté, 1926, terre cuite[87]
  • Le Père et la mère de Carlier, bustes en marbre[88].
  • Le Petit Destructeur, marbre[89].
  • La Brise[90]
  • Acis et Galathée, esquisse en terre cuite[91].
  • Tête de Danseuse, marbre[92].
  • Victor Ramette, buste [93].
  • Félix Devignes, buste[94].
  • Deflandre, médaillon[95].
  • La Femme du Pêcheur, bronze[96].
  • Alsace-Lorraine, plâtre, projet de monument[97].
  • Diane chasseresse, plâtre[98].
  • Tête de Danseuse, plâtre[99].
  • L'Enfant à l'outre, projet de fontaine, plâtre[100].
  • La Belle et la Bête, esquisse en terre cuite[101].
  • Les Amants, esquisse en plâtre[102].
  • Retour des champs, esquisse en plâtre[103].
  • La Mère et l'enfant, esquisse en plâtre[104].

Récompenses

Salons et expositions

Iconographie

Hommages

Une rue de Cambrai porte son nom, la rue Joseph-Carlier[116].

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Fernand Créteur, Dévignes, A. Dorchain, G. Desjardins, Éloge funèbre de Émile Joseph Nestor Carlier, 1928.
  • Paul Petit, « Émile Joseph Carlier », in : Les Amis des arts, Cambrai, 1928, Imprimerie Henri Mallez et Cie, 1928, 68 p.
  • Pierre Kjellberg, Les Bronzes du XIXe siècle, Dictionnaire des sculpteurs, Éditions de l'Amateur, 1989, p. 173.
  • Harold Bergman, Sculptures et fondeurs, 1800-1930, volume II, Chicago Abage, 1973, p. 370.
  • Guillaume Peigné, Dictionnaire des sculpteurs Néo-baroques français (1870-1914), Paris, Éditions du CTHS, 2012, pp. 92-101.
  • Bouly de Lesdain, « Une œuvre du statuaire Émile Joseph Carlier », in : Archives de la Commission historique du Nord, archives départementales du Nord, sous-série 15J -39-40.

Liens externes

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