Énergie solaire en Europe

La filière de l'énergie solaire en Europe a été pionnière au niveau mondial, mais a connu un net ralentissement de 2013 à 2018 sous l'effet de la crise et de problèmes d'intégration qui avaient été insuffisamment anticipés ; depuis 2019, sa croissance a repris un rythme exponentiel.

Centrale solaire photovoltaïque de Krughütte (29 MW) à Eisleben, Saxe-Anhalt en Allemagne, 2012.

Dans le solaire thermique, le marché européen recule d'année en année depuis le pic atteint en 2008, malgré un regain en 2018 et 2019. L'Allemagne est largement en tête en termes de puissance installée avec 36,1 % du total européen en 2020, mais en puissance par habitant elle n'est qu'au 5e rang européen derrière Chypre, l'Autriche, la Grèce et le Danemark. En 2020, l'Europe représentait 11,9 % du parc mondial, loin derrière la Chine (72,8 %), mais par habitant les trois premiers pays européens sont devant la Chine, qui est au 7e rang mondial.

Dans le photovoltaïque, la part de l'Europe dans le parc mondial a chuté de 75 % en 2010 à 16,5 % en 2023, malgré une progression très rapide (+26,1 % en 2023) ; la principale raison de ce déclin est la croissance encore plus rapide des marchés asiatiques : en 2023, la part de marché de l'Asie a été de 68,8 %, celle de l'Europe de 15,7 %, celle de l'Amérique du nord de 7,8 % et celle du reste du monde de 7,7 %. Le photovoltaïque a représenté 7,3 % de la production d'électricité de l'Union européenne en 2022 contre 3,8 % en 2018 ; L'Agence internationale de l'énergie estime la pénétration théorique du solaire photovoltaïque fin 2023 à environ 10,3 % de la production d'électricité dans l'Union européenne. Les quatre premiers pays producteurs totalisent 64,8 % du total de l'Union européenne : Allemagne 25,1 %, Espagne 17,6 %, Italie 12,6 %, France 9,5 %.

Le solaire thermodynamique a connu un démarrage rapide à partir de 2009, surtout en Espagne, mais la chute des coûts du photovoltaïque et l'arrêt des aides au solaire en Espagne en 2012 ont stoppé son développement. L'Espagne était encore en 2020 le leader mondial avec 36,4 % de la production du parc en fonctionnement mondial et 99 % du parc européen, mais sa part décroît progressivement avec le développement du solaire thermodynamique en Chine, au Moyen-Orient, au Chili, en Afrique du Sud, etc.

Potentiel solaire de l'Europe

Carte de l'irradiation solaire annuelle globale horizontale et potentiel photovoltaïque en Europe. Source : SolarGIS © 2011 GeoModel Solar s.r.o.

L'irradiation solaire annuelle globale horizontale (IGH) figurée sur la carte ci-contre varie d'environ 800 kWh/m2 en Écosse à environ 1 800 kWh/m2 en Andalousie, en Crête et à Chypre. Pour référence, l'IGH en France est en moyenne de 1 274 kWh/m2.

Solaire thermique

Puissance installée thermique

Chauffe-eau solaire monobloc sur toiture, 2009.

En 2020, les surfaces annuelles installées de capteurs destinés à la production d’eau chaude et au chauffage se sont élevées à 1,94 Mm2, en baisse de 15,3 % par rapport à 2019 (2,29 Mm2), équivalant à une puissance thermique de 1 358 MWth (1 603 MWth en 2019). Le parc cumulé de l'Union européenne atteint 53,87 Mm2 (37,71 Mm2) fin 2020, en progression de 1,7 %, compte tenu d’un déclassement de 1,1 Mm2. Le marché des réseaux de chaleur solaire thermique, qui représentait près de 10 % de la surface installée de capteurs solaires thermiques dans l’Union européenne en 2019, a vu sa part nettement diminuée en 2020 (2 à 3 %), le Danemark ayant raccordé seulement 4 champs de capteurs contre une quinzaine en 2019, du fait d'un engouement accru pour les pompes à chaleur de forte puissance. Sept autres réseaux ont été raccordés en Allemagne et deux en Autriche[1].

En 2020, l'Europe représentait 11,9 % du total mondial, loin derrière la Chine (72,8 %) ; mais pour la puissance installée par habitant, plusieurs pays européens figurent en tête du classement mondial : Chypre (2e), l'Autriche (4e) et la Grèce (5e), alors que la Chine n'est que 7e[2].

Surfaces de capteurs solaires thermiques installées dans l'Union européenne
PaysInstallations
2019 (m²)
Installations
2020 (m²)
*
Parc cumulé
fin 2020 (m²)
Puissance
MWth
Allemagne511 000643 00019 454 59013 618
Grèce361 350304 5004 991 0003 494
Autriche90 81075 3404 916 7763 442
Espagne204 150190 6504 595 8153 217
Italie147 225109 3264 453 0913 117
France**124 117120 8123 386 8002 371
Pologne287 190161 2002 857 2002 000
Danemark194 31014 6131 799 1711 259
Portugal59 85049 8741 397 829978
Chypre69 94576 7841 107 209775
Belgique27 80018 200780 770546
Pays-Bas51 49132 748669 682469
République tchèque23 00022 000576 504404
Total UE-272 289 6141 940 09053 872 94237 711
Source : EurObserv'ER[1] - * estimation ; ** DOM inclus.
Parcs solaires thermiques en Wth/habitant
Pays2011[3]2013[4]2017[5]2020[1]
Chypre609551521873
Autriche397419413387
Grèce253263299326
Danemark78108168216
Allemagne130150164164
Malte8083112101
Portugal58688395
Luxembourg37517281
Slovénie65728475
Espagne41486268
Pologne17273953
Italie34434752
Croatiend233451
Irlande27435148
Belgique27344547
Bulgarie1181445
République tchèque53657538
France*25273235
Suède35363830
Slovaquie19212428
Pays-Bas35372627
Hongrie9142227
Lettonie46918
Estonie14711
Finlande56710
Roumanie4698
Lituanie1357
Union européenne55627084
* France : DOM inclus

En 2013, le marché du solaire thermique a connu une cinquième année de recul : -13,2 %, avec 3,03 millions de m3 contre plus de 4,6 millions de m3 en 2008, année record. Une partie de ce recul s'explique par la diminution de la surface moyenne des capteurs en raison de leur meilleure efficacité[n 1] ; la baisse du marché est aussi liée à la crise, en particulier à la baisse du marché de la construction de logements ; enfin, la bulle spéculative du photovoltaïque causée par des incitations mal calibrées a fait concurrence au solaire thermique, dont le temps de retour sur investissement est apparu moins intéressant pour les acquéreurs, et les pouvoirs publics ont accordé moins d'efforts promotionnels au solaire thermique[4].

Chauffage solaire dans l'Union européenne (MWth)[n 2]
Pays2008[6]2009[7]2010[8],[9]2011[10]2012[4]2013[4]
Allemagne7 7669 0369 83110 49611 41612 055
Autriche2 2683 0313 2272 7923 4483 538
Grèce2 7082 8532 8552 8612 8852 915
Italie1 1241 4101 7532 1522 3802 590
Espagne9881 3061 5431 6592 0752 238
France1 1371 2871 4701 2771 6911 802
Pologne2543574596378481 040
Portugal223395526547677717
République tchèque116148216265625681
Pays-Bas254285313332605616
Danemark293339379409499550
Chypre485490491499486476
Royaume-Uni270333374460455475
Suède202217227236337342
Belgique188204230226334374
Irlande5285106111177196
Slovénie96111116123142148
Hongrie1859105120125137
Roumanie6680737493110
Slovaquie677384100108113
Croatie8498
Bulgarie225674815859
Malte252932363435
Finlande182023233033
Luxembourg161922252327
Lettonie11131012
Lituanie122368
Estonie122346
Union européenne (GW)19,0821,6023,4925,5529,6631,39

Politique énergétique

La directive 2009/28/EC sur les énergies renouvelables, découlant du paquet climat-énergie, a pour la première fois pris en compte le secteur du chauffage et de la production de froid[11]. Chacun des pays membre a élaboré un plan pour parvenir aux objectifs fixés (20 % de renouvelables en 2020). Le rapport 2013 de la Commission européenne sur l'avancement des programmes d'énergies renouvelables note que le secteur du chauffage et du froid n'a reçu aucun objectif, même indicatif, et a connu une progression lente depuis 2005, et que de plus les analyses entreprises par la Commission suggèrent que la part des EnR dans ce secteur pourrait décliner au cours des années 2011 et suivantes[12].

Les associations européennes des filières du solaire thermique (Estif), de la géothermie (Egec) et de la biomasse (Aebiom) ont attiré le l'attention du Conseil européen sur la nécessité d'investir dans les énergies renouvelables thermiques pour réduire la dépendance de l'Europe aux importations de gaz russe[4].

Photovoltaïque

Production d'électricité

Selon EurObserv'ER, 2023 a été moins exceptionnelle et plus contrastée que 2022 en termes d’ensoleillement. Selon le rapport 2023 de l’European State of the Climate (ESOTC) du programme européen Copernicus, le potentiel de production d’énergie solaire photovoltaïque a été inférieur à la moyenne dans le nord-ouest et l’Europe centrale et au-dessus de la moyenne dans le sud-ouest et le sud de l’Europe et la Scandinavie. La production brute d’électricité solaire photovoltaïque a augmenté de 18,4 % pour atteindre 243,5 TWh, soit 37,8 TWh de plus qu’en 2022, contre +46,6 TWh en 2022. Cette moindre performance s’explique surtout par la modeste augmentation de la production d’électricité allemande : +1,5 %. La production a augmenté de 55,6 % au Portugal, de 37,6 % en Espagne, de 37,1 % en Pologne, de 24 % aux Pays-Bas et de 18,3 % en France[13].

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime la pénétration théorique du solaire photovoltaïque fin 2023 à environ 10,3 % dans l'Union européenne ; il s'agit d'une estimation de la production mondiale d'électricité solaire photovoltaïque fondée sur la puissance installée au , donc supérieure à la production de l'année ; les pays bénéficiant de la plus forte pénétration du solaire sont l'Espagne (21,1 %), les Pays-Bas (20,5 %), le Chili (19,5 %) et la Grèce (17,8 %) ; l'Allemagne a un taux de pénétration de 14,4 %, la Chine de 9,6 %, les États-Unis de 6 %, la France de 5,8 %[14].

La production brute d'électricité de l’Union européenne était de 2 824,3 TWh en 2022[15] ; la part de la production photovoltaïque est donc de 7,3 %.

Production d'électricité photovoltaïque en Europe (TWh)
Pays201020152019202020212022% cons.
2022*
2023[13]% de l'UE
en 2023
Allemagne11,7338,7344,3849,5049,3460,7910,3 %61,2225,1 %
Espagne6,428,279,4215,6721,9230,2210,4 %42,9217,6 %
Italie1,9122,9423,6924,9425,0428,129,8 %30,7012,6 %
France[n 3]0,627,7512,3313,4615,7320,614,3 %23,249,5 %
Pays-Bas0,061,115,408,5711,4916,8313,8 %21,178,7 %
Pologne00,060,711,963,938,144,6 %11,404,7 %
Grèce0,163,904,434,455,256,9514,0 %8,393,4 %
Belgique0,563,064,255,115,627,067,4 %7,283,0 %
Hongrie00,121,502,463,804,6813,1 %6,542,7 %
Portugal0,210,801,341,722,243,477,1 %5,472,2 %
Autriche0,090,941,702,042,783,795,5 %5,202,1 %
Danemark0,010,600,961,181,312,206,3 %3,361,4 %
Bulgarie0,021,381,401,471,472,09[13]nd3,331,4 %
Suède0,010,600,681,051,531,961,1 %3,101,3 %
Tchéquie0,622,262,342,342,322,613,1 %2,521,0 %
Roumanie01,981,781,731,701,99[13]nd1,860,8 %
Slovénie0,010,270,300,370,450,644,7 %0,910,4 %
Slovaquie0,020,510,590,660,670,652,4 %0,740,3 %
Chypre0,010,130,220,350,470,60[13]nd0,700,3 %
Estonie--0,070,240,300,566,3 %0,690,3 %
Finlande0,0050,010,150,220,300,380,5 %0,650,3 %
Lituanie-0,070,090,130,190,347,2 %0,630,3 %
 Union européenne22,5095,27120,03140,24157,51[16]205,73[13]7,3 %[15]243,50100 %
Autres pays européens ou voisins :
Turquie0,199,2510,9513,9415,234,7 %
Royaume-Uni0,047,5312,4212,9012,1413,924,3 %
Ukraine0,482,935,976,56nd4,2 %
Suisse0,091,122,182,602,843,685,7 %
Russie0,331,282,022,22nd0,2 %
Norvège0,010,030,170,240,2 %
Serbie0,010,010,010,01nd0,03 %
Source : Agence internationale de l'énergie[17]
* Part de la consommation brute d'électricité (production + importations - exportations) couverte par la production solaire photovoltaïque en 2022[17]

EurObserv'ER considère 2022 comme la première année où la filière solaire photovoltaïque européenne a enfin pleinement pu donner tout son potentiel. Selon le rapport 2022 de l’European State of the Climate, l’Europe a connu en 2022 sa durée d’ensoleillement la plus élevée jamais relevée (sur 40 ans) avec 130 heures d’ensoleillement de plus que la moyenne. La production brute d’électricité solaire photovoltaïque a augmenté de 29,6 % pour atteindre 205,2 TWh, soit 46,9 TWh de plus qu’en 2021. La Pologne a même doublé sa production en un an. Aux Pays-Bas, le pays le plus solarisé d’Europe si l’on tient compte du nombre d’habitants, le solaire photovoltaïque a représenté 15 % de la production d’électricité du pays. La part de l’électricité solaire a dépassé les 10 % en Allemagne (10,5 %), en Espagne (10,8 %), en Hongrie (13,1 %) et en Grèce (12,8 %)[16].

Le marché solaire photovoltaïque de l’Union européenne est reste très actif en 2021 malgré des conditions de développement difficiles marquées par une reprise économique post COVID qui a perturbé les chaines d’approvisionnement des composants des systèmes photovoltaïques et entrainé des augmentations des prix des modules. L’attractivité du solaire photovoltaïque est cependant restée forte en raison des prix élevés du marché de l’électricité en 2021. La production d’électricité solaire de l’Union européenne a atteint 157,5 TWh en 2021, en croissance de 12,4 % par rapport à 2020. Les plus fortes croissances sont observées en Pologne (+135 %), en Suède, en Espagne, aux Pays-Bas et au Portugal[18].

En 2019, la production d'électricité photovoltaïque de l'Union européenne est estimée à 131,8 TWh, en progression de 7,2 % (hors Royaume-Uni : 119,1 TWh, en progression de 8,2 %) ; elle a représenté un peu plus de 4 % de la production d'électricité européenne contre 3,8 % en 2018 et 3,4 % en 2017, et environ deux fois plus en Allemagne et en Italie. La part de l'autoconsommation a reculé de 22,6 % à 19,9 % en Italie, progressé de 15,2 % à 17,2 % au Portugal, et est estimée à 11 % en Allemagne[v 1].

En 2018, l'Europe du sud a souffert de conditions défavorables, le temps plus nuageux ayant fait chuter le facteur de charge de 1802 heures à 1638 heures en Espagne et de 1184 h à 1086 h en Italie ; à l'inverse, l'Europe du nord a bénéficié de meilleurs facteurs de charge : 1020 h contre 931 h en 2017 en Allemagne, 998 h contre 937 h au Royaume-Uni[h 1].

Puissance installée

Parc de centrales photovoltaïques de la Colle des Mées, Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence).

En 2023, l’Union européenne a mis en service 53 124 MWc de nouvelles installations photovoltaïques, en forte hausse par rapport à 2022 : +27,5 %, après 41,7 GWc en 2022 et 25,9 GWc en 2021 ; après déduction des mises hors service (25 MWc), la puissance installée du parc européen atteint 256,9 GWc à la fin de 2023, en progression de 26,1 %. La part de marché de l'Asie a été de 68,8 % en 2023, celle de l'Europe de 15,7 %, celle de l'Amérique du nord de 7,8 % et celle du reste du monde de 7,7 %. Les bons résultats du marché européen s’expliquent surtout par la hausse des prix de l’électricité et du gaz causée par la guerre en Ukraine, et par le plan REPowerEU de mai 2022 dont l’objet est de faire cesser la dépendance de l’UE à l’égard des combustibles fossiles russes. La part de l'Allemagne dans ces installations a dépassé le quart[13].

Selon l'AIE, la part de l'Union européenne dans la puissance installée photovoltaïque mondiale est de 16,5 % en 2023 (268,1 GWc sur 1 624 GWc), loin derrière la Chine : 662 GWc, soit 40,8 % du total mondial, mais devant les États-Unis : 169,5 GWc (10,4 %). L'Allemagne est au 5e rang des pays les plus équipés du monde (5,0 % du total mondial), derrière la Chine, les États-Unis, l'Inde et le Japon. L'Espagne est au 6e rang, l'Italie au 9e rang, la France au 11e rang et les Pays-Bas au 12e rang[14].

Puissance photovoltaïque connectée (MWc) dans l'Union européenne durant chaque année
Pays2012
[e 1]
2013
[b 1]
2014
[f 1]
2015
[f 1]
2016
[p 1]
2017
[p 1]
2018
[h 2]
2019
[v 2]
2021
[18]
2022
[16]
2023
[16]
Allemagne7 6093 3042 0061 3551 4921 6252 9383 8565 0157 30414 617
Espagne2281201949559263 9932 8203 4807 301
Italie3 3691 3641903023823994407599502 4905 236
Pologne112657981002147553 7154 7744 887
Pays-Bas2193743023575348541 3972 4023 2993 9384 304
France*1 1366729528805899088629662 7922 3853 200
Belgique718459218881792853675447254781 994
Suède819365149911802704978041 602
Hongrie1023436011310941065301 0881 600
Autriche2342091591501591731642237661 0091 405
Bulgarie70310410,1080,432894511 355
Portugal5658120376372862205778681 223
Grèce9121 042171002461486749931 023
Lituanie66205740191317593
Danemark36016930180695596852571 366459
Slovénie121278101490,70171408
Finlande01232039517586166354
Estonie000400075206111280
Irlande0,20,10,1141013124334257
Lettonie0000000,31349240
Croatie41614112411,3044239
Chypre71830582631087149182
Roumanie4697327132462301520108
Luxembourg36211515610610904187
Slovaquie56452100300082
Tchéquie1094201600025028971
Malte121027182019192018017
Total UE 2816 67310 1697 0147 2266 2585 6907 60615 63522 81832 81953 124
* France : DOM inclus
Puissance photovoltaïque installée cumulée (MWc) dans l'Union européenne
Pays2012
[e 2]
2013
[b 2]
2014
[f 2]
2015
[f 2]
2016
[p 2]
2017
[p 2]
2018
[h 3]
2019
[v 2]
2021
[16]
2022
[13]
2023*
[13]
Allemagne32 70336 40238 40839 76340 71642 33945 27749 01660 10867 59682 191
Espagne4 6034 7664 8724 9214 9734 7254 7519 23313 71523 31130 612
Italie16 15218 06518 62218 92419 28319 68220 10720 86422 59425 06430 300
Pays-Bas3657391 0481 4052 0492 9034 3006 92414 91119 60023 904
France**4 0854 6255 6996 5787 2008 6109 46610 57614 81017 34120 541
Pologne3,6430871942874861 3177 41512 17017 057
Belgique2 7683 0403 1403 2283 5613 6104 2544 5306 0126 7568 750
Grèce1 5432 5862 6032 6042 6042 6052 6522 7944 2775 4306 453
Hongrie1235781382883447541 2772 9684 2355 835
Autriche4226307859351 0961 2691 4331 6612 7833 7925 197
Suède2443791301532444246981 6012 3923 993
Portugal2283034234605105856719071 7012 6833 904
Danemark3765726027828519031 0021 0801 7043 0703 529
Bulgarie9151 0191 0201 0211 0281 0361 0361 0651 2751 7373 092
Tchéquie2 0222 0642 0682 0832 0682 0692 0492 1002 2462 4202 492
Roumanie491 0221 2931 3251 3721 3741 3771 3861 3941 8091 917
Lituanie6686873807482832555721 165
Slovénie2212482562572332472212223676261 034
Finlande1110111535741252154046641 018
Estonie0,20,20,240032107414520800
Slovaquie543588590591533528531472535549631
Chypre1735656984110113129316424606
Croatie4,420344550606869108222461
Irlande0,911,12,16162436136188445
Luxembourg7795110125122132134141276317404
Lettonie1,51,51,51,51,30,7238113353
Malte1928557394112131151205210226
Total UE 2768 88279 79487 34194 568101 082106 726114 549130 670162 665203 812256 912
* 2023 : provisoire ; ** France : DOM inclus
Puissance photovoltaïque par habitant dans l'Union européenne (Wc/hab)
Pays2012
[19]
2013
[e 3]
2014
[b 3]
2015
[f 3]
2016
[p 3]
2018
[h 4]
2019
[v 3]
2021
[18]
2022
[16]
2023
[13]
Pays-Bas19,239,665,483,1160,9250,3400,6815,41 071,51 342,1
Allemagne399,5447,2474,1489,8512,0546,9590,4706,2809,7974,3
Belgique240,0267,3277,2286,7338,4373,2395,5544,7558,6745,1
Chypre19,940,275,582,0123,1130,9146,9352,7512,9658,2
Espagne97,8100,7102,9106,0109,8101,8196,7276,5362,5636,6
Grèce136,7233,7236,8241,7242,2246,9260,5371,0503,8619,6
Luxembourg89,9186,2200,1222,0215,0222,6229,0435,3491,2611,4
Hongrie37,677,1130,7219,0418,6607,8
Danemark70,294,8106,9138,3158,3173,3186,0273,5522,7594,8
Estonie80,8311,3379,9585,7
Autriche49,981,790,6108,9142,3162,4187,5314,5422,3570,8
Italie269,0295,1303,5311,3325,0332,4345,7381,5424,5513,6
Slovénie105,7123,8124,2124,8124,9123,9106,7174,0299,9488,4
Bulgarie127,4139,9140,8141,7144,8146,9152,1171,5252,4479,6
Pologne12,834,7202,7323,7464,1
Malte45,058,7127,5170,5247,9276,0305,1396,9394,8417,0
Lituanie25,028,826,329,791,2203,8407,7
Suède23,141,968,2154,6230,0379,6
Portugal21,726,840,244,355,265,288,3160,0247,6373,0
France61,671,687,699,1120,5141,4157,9218,5253,0230,0
Tchéquie192,5202,8196,1197,7192,9193,0197,2198,0241,0230,1
Lettonie1,64,229,9187,5
Finlande11,122,739,073,0106,5183,0
Croatie12,414,916,926,947,1119,7
Slovaquie95,799,3109,0109,098,197,686,698,098,8116,2
Roumanie0,351,164,866,770,070,571,472,874,3100,6
Irlande6,07,327,233,584,5
 Union européenne136,3155,8171,5186,1208,3223,6254,5355,3437,4572,5

En 2022, l’Union européenne a mis en service 32 819 MWc de nouvelles installations photovoltaïques, en forte hausse par rapport à 2021 : +23,6 % ; après déduction des mises hors service (70 MWc), la puissance installée du parc européen atteint 195,4 GWc à la fin de 2022, en progression de 20,1 %. La part de marché de l'Asie a été de 58,5 % en 2022, celle de l'Europe de 19,7 %, celle de l'Amérique du nord de 10,1 % et celle du reste du monde de 11,8 %. Les bons résultats du marché européen s’expliquent par plusieurs facteurs : les prix élevés de l’électricité sur les marchés de gros ont fortement renforcé l’attractivité financière de l’électricité solaire, et ce malgré la hausse des coûts de production ; les tensions géopolitiques avec la Russie ont conduit les Européens à mettre en place un important volet solaire dans le plan REPowerEU dont l’objet est de faire cesser la dépendance de l’UE à l’égard des combustibles fossiles russes ; la filière photovoltaïque est caractérisée par des capacités de déploiement extrêmement rapide ; contrairement à 2021, la demande a été beaucoup moins contrainte par les goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement[16].

En 2021, l’Union européenne a mis en service 22 766 MWc de nouvelles installations photovoltaïques, en forte hausse par rapport à 2020 : +24,9 % ; après déduction des mises hors service (51 MWc), la puissance installée du parc européen atteint 158,9 GWc à la fin de 2021, en progression de 16,7 %. La part de marché de l'Asie a été de 53,7 % en 2021, celle de l'Amérique du nord de 16,5 %, l'Europe ne représentant plus que 17,2 % du marché mondial[18].

En 2020, la part de marché de l'Union européenne atteint 14,1 % (19,6 GWc sur 139,4 GWc), contre 34,6 % pour la Chine et 13,8 % pour les États-Unis, le Vietnam et le Japon occupant les troisième et quatrième rangs ; le parc photovoltaïque de l'Union européenne à la fin de 2020 représente 19,9 % du parc mondial (151,2 GWc sur 758,9 GWc)[20].

En 2019, l’Union européenne a installé 15 635 MWc de nouvelles installations photovoltaïques, en forte hausse après les 8,5 GWc installés en 2018 ; après déduction des mises hors service, la puissance installée du parc européen atteint 130,67 GWc à la fin de 2019, en progression de 13,5 % (117,05 GWc hors Royaume-Uni). Cette accélération s'explique d'abord par le retour de l'Espagne, qui a pris la tête du marché avec 3 993 MWc de nouvelles installations devant l'Allemagne (3 856 MWc) et les Pays-Bas (2 402 MWc) ; plusieurs pays ont renforcé leur politique d'appels d'offres pour compenser leur retard par rapport à leurs objectifs ; la directive sur l'énergie renouvelable du incite les états membres à favoriser l'autoconsommation ; le marché a par ailleurs été stimulé par la levée fin 2018 des barrières anti-dumping contre les modules photovoltaïques chinois. Le marché européen représente seulement la moitié de celui de la Chine (30,1 GWc), pourtant en forte baisse (-32 %), mais reste supérieur à celui des États-Unis (13,3 GWc)[v 2].

En 2018, la puissance supplémentaire connectée dans l’Union européenne s’est établie à 7 606 MWc, en progression de 33,7 % par rapport à 2017, portant la puissance installée du parc européen à 114,55 GWc (données provisoires). Cette reprise du marché européen résulte de la transition vers les mécanismes de marché pour les grandes centrales, ainsi que de l'abolition en des taxes anti-dumping contre les modules chinois. L'Allemagne a poursuivi sa récupération, connectant 2 938 MWc contre 1 625 MWc en 2017, soit +80,8 %, dont les trois quarts sur toitures et le reste au sol[h 1]. L'Europe ne représente plus que 7,6 % du marché mondial, alors que la part de la Chine atteint 45 %. Plus aucun pays de l’Union européenne ne figure dans le top 5 mondial des principaux marchés : derrière le trio de tête composé de la Chine (44,4 GWc), de l’Inde (10,8 GWc) et des États-Unis (10,6 GWc), se placent le Japon (6,5 GWc) et l'Australie (3,8 GWc)[h 5].

En 2017, les nouvelles installations ont été de 5 562 MWc, en baisse de 11,1 % par rapport à 2016, portant la puissance installée du parc européen à 106,6 GWc. Le marché européen était dans une phase de transition, moins axé sur un développement rapide de grandes centrales, mais encadré par une politique d'appels d'offres et plus tourné vers des systèmes en toitures commerciales et résidentielles. L'Allemagne a repris la première place après l'avoir laissée trois années au Royaume-Uni. L'Europe ne représente plus que 5,6 % du marché mondial, alors que la part de la Chine atteint 53 %. Plus aucun pays de l’Union européenne ne figure dans le top 5 mondial des principaux marchés[p 4].

Le marché européen du photovoltaïque a connu une rechute en 2016 avec seulement 6 GWc installés après son rebond de 2015 à près de 8 GWc ; les deux tiers des installations sont restées concentrées sur trois pays : Royaume-Uni, Allemagne et France[21].

Après trois années de forte baisse, le marché européen a connu en 2015 un léger redressement avec une croissance de 3 % des installations : 7,23 GWc contre 7,01 GWc en 2014 ; ce niveau reste cependant trois fois plus faible que celui de 2011, et ne représente plus que 14 % du marché mondial ; trois pays ont contribué pour 80 % à ce marché : Royaume-Uni, Allemagne et France[f 4].

En 2014, le marché de l'Union européenne a connu une forte baisse : -32 %, avec 6,9 GWc installés dans l'année, alors que la Chine a installé à elle seule 10,6 GWc, le Japon 9,7 GWc et les États-Unis 6,2 GWc. Le marché européen ne cesse de reculer depuis le pic de 2011 : 22 GWc. Sa part dans le marché mondial n'était plus que de 17 % environ[b 4].

En 2013, alors que le marché mondial a connu une relance marquée, celui de l'Union européenne a subi une chute brutale : 9,9 GWc installés dans l'année contre 16,7 GWc en 2012, soit un recul de plus de 40 % ; sa part dans le marché mondial a chuté de 73,6 % en 2011 à 26,5 % en 2013[e 3].

Autoconsommation

Entre 2022 et 2023, le taux d'autoconsommation est passé de 8,1 % à 10,7 % en Allemagne, de 10 % à 12 % en Espagne, de 27,1 % à 30,2 % au Portugal. Cette tendance générale à l'augmentation de l’autoconsommation dans l’Union européenne s’explique par la forte hausse du prix de l’électricité et par le taux d’équipement de plus en plus important en systèmes de stockage par batterie[13].

Politique énergétique

Centrale photovoltaïque coopérative de Westmill (5 MWc), Royaume-Uni, 2011.

La directive 2009/28/EC sur les énergies renouvelables, découlant du paquet climat-énergie, fixait l'objectif de 20 % de renouvelables en 2020 et chacun des pays membre a élaboré un plan pour parvenir à cet objectif[12].

Plusieurs dispositifs de soutien ont été utilisés :

  • le système de tarifs d'achat garantis (en anglais : feed-in tariff, c'est-à-dire tarif d'injection [au réseau]) est le système de soutien le plus utilisé en Europe, à la suite de la mise en place de la Directive 2001/77/EC : les fournisseurs d'électricité ont l'obligation légale d'acheter toute la production des installations de production d'électricité à partir d'énergie renouvelable, pendant 10 à 20 ans, à des tarifs fixés par l'administration ; le surcoût de ces tarifs par rapport aux prix du marché de gros est remboursé aux fournisseurs au moyen d'une surtaxe sur les factures d'électricité des consommateurs. En Allemagne, cette surtaxe est dénommée EEG-Umlage et en France Contribution au service public de l'électricité (CSPE) ; la CRE prévoit qu'en 2015 le montant du surcoût du photovoltaïque atteindra 2,2 milliards d'euros[22].
  • un autre dispositif fréquemment utilisé, conjointement à celui des tarifs d'achat, est celui des appels d'offres : il est utilisé surtout pour les grandes installations (parcs éoliens en mer, grandes centrales solaires, centrales à biomasse, ...).
  • le contrat pour différence (ou prime ex-post) est un nouveau système, proposé d'abord sur option en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni, et préconisé par la Commission européenne pour remplacer les tarifs d'achat garantis : un niveau de référence (target price) est défini par le régulateur ; le producteur vend l’électricité produite au prix de marché de gros, directement ou via un « intégrateur », notamment pour les acteurs sans accès direct au marché (petits producteurs) ; le producteur perçoit un complément de rémunération (« prime ») dans le cas où la différence entre le niveau de référence et le prix de marché est positive ; sinon le producteur doit verser le surplus perçu ; une variante (le contrat pour différence asymétrique) ne prévoit pas ce reversement.

À compter du , le système des tarifs d’achat réglementés dont bénéficient les énergies renouvelables disparaît, pour faire place à un dispositif de vente sur le marché assorti d’une prime. Pour vendre leur électricité sur le marché, de nombreux producteurs d’énergie verte font appel à un intermédiaire : l’agrégateur, car les producteurs doivent fournir des prévisions à l’avance, et subissent des pénalités en cas d'erreur ; or, dans les renouvelables, il est difficile d’établir des estimations fiables, surtout pour les petits producteurs ; les agrégateurs, qui achètent de l’électricité à plusieurs producteurs, voient leurs risques d’erreur minimisés grâce à la diversification de leur portefeuille. Parmi les agrégateurs, outre EDF et Engie, les acteurs allemands mettent à profit leur expérience[23].

Centrale photovoltaïque d'Unicoop Tirreno a Vignale Riotorto (Piombino (Italie)).

De nombreux pays européens pionniers du photovoltaïque ont décidé en 2014 de limiter la croissance de cette filière afin de limiter l'augmentation du prix de l'électricité et de maîtriser l'intégration des énergies renouvelables dans leur mix énergétique ; en effet, la croissance de ces énergies dans un contexte de baisse des consommations a réduit la rentabilité des moyens de production conventionnels ; dans les pays où le prix de l'électricité dépasse le coût du photovoltaïque, le développement de l'autoconsommation cause des pertes de recettes aux gestionnaires des réseaux, si bien que plusieurs pays envisagent de mettre en place des taxes sur l'autoconsommation ; de telles taxes ont déjà été votées en Allemagne et en Italie ; aux Pays-Bas, une modification récente de la structure des coûts de distribution a rendu l'autoconsommation moins avantageuse ; en Espagne, le gouvernement a renoncé à signer le décret d'application du péage sur l'électricité solaire auto-consommée[b 5].

La plupart des pays européens ont supprimé ou fortement réduit en 2013 les aides afin de reprendre le contrôle du développement de la filière et d'enrayer la spéculation, qui avait fait croître trop fortement les factures d'électricité alourdies par les taxes destinées à financer les subventions ; la Commission européenne préconise d'exposer progressivement les énergies renouvelables au marché à mesure de leur maturité et donc de supprimer à terme les subventions[e 4].

L'imposition d'un prix plancher anti-dumping aux importations de modules chinois ayant porté préjudice aux développeurs, la Commission a décidé d'assouplir ce dispositif en abaissant le seuil de 56 c€/Wc à 53 c€/W au  ; les prix des modules en Chine et dans le sud-est asiatique étaient en 2013 inférieurs de 18 à 25 % à ceux pratiqués en Europe. Le marché pourrait se redresser légèrement en 2014[e 5].

En décembre 2022, La Commission européenne lance l’Alliance de l’industrie solaire photovoltaïque, dont l’objet est de disposer d’un écosystème solaire photovoltaïque européen capable de sécuriser et de diversifier son approvisionnement en modules solaire. L’UE a défini un objectif de 30 GW par an d’approvisionnement en panneaux européens d’ici 2025. Le projet de loi Net Zero Industry Act (NZIA) de la Commission européenne vise à relancer ses industries stratégiques pour la neutralité carbone. Elle a par ailleurs trouvé le 30 mars 2023 un accord sur la directive révisée sur les énergies renouvelables en fixant le nouvel objectif à 42,5 % d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie d’ici 2030), définissant une trajectoire de développement compatible avec son Pacte vert pour l'Europe. Cette directive révisée est beaucoup plus restrictive en matière d’énergie biomasse et va donc reporter une partie des efforts de l’énergie du vivant vers le solaire photovoltaïque, la filière énergie renouvelable au potentiel de développement le plus rapide et conséquent. La stratégie de l’UE pour l’énergie solaire vise à mettre sur le réseau plus de 320 GWc d’énergie solaire photovoltaïque d’ici à 2025, soit plus du double par rapport à 2020, et environ 600 GWc d’ici à 2030[16].

Alors que les équipementiers européens du photovoltaïque avaient été balayés par leurs concurrents chinois à la fin des années 2000, les survivants font face, depuis 2023, à une seconde vague d'arrivée massive de panneaux chinois à prix cassés, liée à l'adoption de mesures protectionnistes aux États-Unis et en Inde. Selon le cabinet Rystad Energy, depuis 2019, les importations de panneaux solaires chinois, en valeur, ont quasiment été multipliées par quatre en Europe tandis que le prix du watt est tombé à un plus bas historique de 0,11 euro. Les usines européennes tournent au tiers de leur capacité et ne fournissent plus que 3,5 % de la demande. Selon l'association SolarPower Europe, huit producteurs ont déjà fait faillite ou mis leurs installations en sommeil depuis août 2023, dont l'autrichien Energetica Industries, le néerlandais Exasun et le norvégien NorSun. L'Union européenne a décidé que le choix des fournisseurs de panneaux devra se faire en tenant compte de critères sociaux et environnementaux, pour un tiers des enchères publiques, mais ce texte n'entrera pleinement en vigueur qu'à partir de l'automne 2025[24].

Le 3 avril 2024, la Commission européenne annonce l'ouverture de deux enquêtes anti-subvention contre des consortiums de fabricants de panneaux solaires, impliquant des filiales des groupes chinois Longi et Shanghai Electric, dans le cadre de leur candidature à un appel d'offres pour concevoir, construire et exploiter un parc photovoltaïque en Roumanie, partiellement financé par des fonds européens[25]. Le 14 mai 2024, elle met un terme à ces enquêtes anti-subventions, les industriels chinois s'étant retirés purement et simplement de l'appel d'offres. Ces procédures ne concernent que les appels d'offres publics, et l'Union européenne doit lancer une procédure à chaque fois. Les commandes du secteur privé ne sont pas concernées, le marché européen reste donc largement ouvert aux panneaux solaires chinois ; il n'y a pas de droit de douane sur les importations de panneaux asiatiques dans l'Union[26].

L’Alliance européenne de l’industrie solaire photovoltaïque (ESIA) soutient plus de vingt projets, dont plusieurs à l’échelle de plusieurs gigawatts, comme celui de la start-up Carbon, de 5 GW à installer sur le site de Fos-sur-Mer avec une production intégrée sur toute la chaîne de valeur (du polysilicium à la fabrication de modules), pour un coût de 1,5 milliard d’euros. Mais ces projets nécessiteront d'importantes subventions[13].

Perspectives

Le solaire photovoltaïque pourrait représenter 9 à 12 % de la demande en électricité en Europe d'ici à 2030, selon une étude publiée en par Roland Berger Strategy Consultants. C'est bien davantage que les prévisions établies jusque-là par l'Agence internationale de l'énergie, le World Energy Council ou même Greenpeace. Les particuliers et les entreprises tertiaires sont toujours plus nombreux à équiper leurs toits, car le prix des systèmes ne cesse de baisser. En Allemagne, le prix du solaire PV est d’ores et déjà inférieur de 17 c€/kWh aux prix de marché pour les usages domestiques. De nouvelles technologies, telles que le stockage par batterie et la domotique, vont faciliter l’autoconsommation de l’énergie produite par le solaire PV, réduisant d’autant les quantités d’énergie en surplus vendues à bas prix au réseau électrique. De plus, la simplification de l’accès aux solutions de financement et la professionnalisation de la filière des installateurs rendront encore plus accessible l’investissement dans ce type de solution. En Europe, les énergéticiens traditionnels sont pratiquement absents de ce segment de marché ; la décision d’investissement est prise par les particuliers, dans une perspective de réduction de leur facture énergétique et non pas par les énergéticiens dans une perspective d’optimisation du système électrique. Ce mode de développement nouveau pourrait avoir des conséquences radicales sur le système électrique. En Allemagne, en Italie et en Grèce, la capacité installée de solaire PV dépassera la demande de base (baseload) dès 2025. Elle pourrait même dépasser 50 % de la demande de pointe (peakload) dans certaines zones ou à certaines périodes, requérant de créer de nouveaux débouchés par exemple à l’export ou de renforcer les réseaux et les capacités de stockage[27],[28].

Le , Enel annonce son intention de multiplier par 15 la capacité de production annuelle de son usine de panneaux photovoltaïques à Catane, en Sicile. Les travaux d'extension ont commencé en avril 2022 et devraient porter la capacité de production de l'usine 3Sun de 200 à 400 MW en septembre 2023, puis à la pleine capacité de 3 GW d'ici à juillet 2024. Elle deviendrait ainsi, selon Enel, la plus grande usine de panneaux solaires d'Europe, devant celle du groupe suisse Meyer Burger située à Freiberg, dans l'est de l'Allemagne, d'une capacité annuelle de 400 MW. L'investissement dans cette gigafactory s'élève à 600 millions , dont 188 millions  provenant du Fonds pour l'innovation de Bruxelles et du plan de relance européen. Elle utilise une technologie développée dans les laboratoires français du CEA[29].

Solaire thermodynamique

Centrales solaires thermodynamiques PS20 et PS10 en Andalousie, Espagne, 2007.

La production des centrales solaires thermodynamiques espagnoles atteignait 5 175 GWh en 2021, soit 1,9 % de la production totale du pays[30]. En 2020, leur production s'élevait à 4 992 GWh, soit 36,4 % de la production mondiale du solaire thermodynamique[31]. L'AIE ne comptabilise pas d'autre production de cette filière en Europe.

La filière solaire thermodynamique totalise une puissance installée de 2 328,8 MW dans l’Union européenne fin 2021, dont 2 303,9 MW en Espagne, 9,75 MW en France (dont le projet Ello de 9 MW mis en service en 2019), 8,15 MW en Italie, 5,5 MW au Danemark (projet Aalborg-Brønderslev mis en service en 2016) et 1,5 MW en Allemagne (centrale à tour de Jülich mise en service en 2010)[1].

Puissance installée des centrales solaires thermodynamiques en Europe (MW)[3],[4],[5],[1]
Pays200720082009201020112012201320172021
Espagne1060281,4531,41 151,41 953,92 303,92 303,92 303,9
France0000,50,750,750,750,759,75
Italie0005555,358,158,15
Danemark00000005,55,5
Allemagne0001,51,51,51,51,51,5
Union européenne10602817381 1591 9612 3112 3142 329

La puissance installée était de 2 314,3 MW en Europe fin 2017, dont 2 303,9 MW en Espagne. La construction de centrales solaires à concentration en Espagne a commencé après le décret royal 436/2004 qui mettait en place les conditions tarifaires nécessaires aux investissements dans ce type de centrale. La première centrale (PS10) a été mise en service en 2007 ; de 2007 à 2013, l'Espagne a construit 49 centrales commerciales et un prototype (Puerto Errado 1). Le développement de la filière a été stoppé net par l’instauration d’un moratoire en 2012, le gouvernement conservateur de l’époque refusant de maintenir les subventions attribuées aux énergies renouvelables. Selon Red Eléctrica de España, la production a atteint 5 348 GWh en 2017, contre 5 071 GWh en 2016 et 5 085 GWh en 2015. Malgré la fin du moratoire, le lancement depuis 2017 de nouveaux appels d’offres d'énergies renouvelables « technologiquement neutres » ne laisse aucune chance au solaire thermodynamique pour le moment face aux technologies concurrentes comme le solaire photovoltaïque. La France met en service à l'été 2018 sa première centrale solaire à concentration de taille commerciale (9 MW), située dans l’est des Pyrénées à Llo ; le projet Ello est la première centrale de type Fresnel dotée d’un système de stockage[5].

La puissance installée était de 2 311,5 MW en Europe fin 2013, dont 2 303,9 MW en Espagne ; cependant, la suspension en 2012 des aides aux énergies renouvelables a stoppé net leur développement ; la nouvelle loi en préparation dégrade la rentabilité des installations existantes et décourage tout nouvel investissement pour plusieurs années. Le pays qui semble avoir les meilleures perspectives est l'Italie, où de nombreux projets ont éclos grâce au nouveau système de tarifs d'achat mis en place fin 2012 : 392 MW de projets sont en cours de développement, la plupart situés en Sardaigne et en Sicile ; en France, deux centrales sont en développement (21 MW) ; avec 51 MW à Chypre, 125 MW en Grèce et 50 MW en Espagne, le total des projets européens atteint 639 MW[4].

L'Europe était encore en 2013 très en avance sur le reste du monde, avec 2,3 GW sur 3,7 GW, soit 62 % de la puissance installée, mais pourrait être rapidement dépassée par les États-Unis[4].

Notes et références

Notes

Références

  • Autres références

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