Abdelmadjid Tebboune

homme d'État algérien, président de la République Algérienne Democratique et Populaire depuis 2019

Abdelmadjid Tebboune
عبد المجيد تبون
ⵄⴱⴷⵍⵎⴰⴵⵉⴷ ⵜⴱⴱⵓⵏ
Illustration.
Abdelmadjid Tebboune en 2021.
Fonctions
Président de la République algérienne démocratique et populaire
En fonction depuis le
(4 ans, 4 mois et 9 jours)
Élection12 décembre 2019
Premier ministreSabri Boukadoum (intérim)
Abdelaziz Djerad
Aïmene Benabderrahmane
Nadir Larbaoui
PrédécesseurAbdelkader Bensalah (intérim)
Abdelaziz Bouteflika
Ministre de la Défense nationale
En fonction depuis le
(4 ans, 4 mois et 9 jours)
PrésidentLui-même
Premier ministreSabri Boukadoum (intérim)
Abdelaziz Djerad
Aïmene Benabderrahmane
Nadir Larbaoui
GouvernementBedoui
Djerad I, II et III
Benabderrahmane/Larbaoui
PrédécesseurAhmed Gaïd Salah (vice-ministre)
Abdelaziz Bouteflika
Premier ministre d'Algérie

(2 mois et 22 jours)
PrésidentAbdelaziz Bouteflika
GouvernementTebboune
PrédécesseurAbdelmalek Sellal
SuccesseurAhmed Ouyahia
Ministre du Commerce
(intérim)

(4 mois et 6 jours)
PrésidentAbdelaziz Bouteflika
Premier ministreAbdelmalek Sellal
GouvernementSellal IV
PrédécesseurBakhti Belaïb
SuccesseurAhmed Saci
Ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville[N 1]

(4 ans, 8 mois et 22 jours)
PrésidentAbdelaziz Bouteflika
Premier ministreAbdelmalek Sellal
Youcef Yousfi (intérim)
GouvernementSellal I, II, III et IV
PrédécesseurNoureddine Moussa
SuccesseurYoucef Cherfa
Ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme

(1 an et 4 jours)
PrésidentAbdelaziz Bouteflika
Chef du gouvernementAli Benflis
GouvernementBenflis II
PrédécesseurAbdellah Bounekraf
SuccesseurMohamed Nadir Hamimid
Ministre délégué aux Collectivités locales

(11 mois et 5 jours)
PrésidentAbdelaziz Bouteflika
Chef du gouvernementAli Benflis
GouvernementBenflis I
PrédécesseurNoureddine Kasdali (indirectement)
SuccesseurDahou Ould Kablia

(8 mois et 4 jours)
PrésidentChadli Bendjedid
Chef de l'ÉtatMohamed Boudiaf
(président du Haut Comité d'État)
Chef du gouvernementSid Ahmed Ghozali
GouvernementGhozali I et II
PrédécesseurBenali Henni
SuccesseurAhmed Noui (secrétaire d'État)
Ministre de la Communication et de la Culture

(6 mois et 3 jours)
PrésidentAbdelaziz Bouteflika
Chef du gouvernementAhmed Benbitour
GouvernementBenbitour
PrédécesseurAbdelaziz Rahabi
SuccesseurMahieddine Amimour
Wali de Tizi Ouzou

(1 an, 10 mois et 23 jours)
PrédécesseurAhmed El Ghazi
SuccesseurMostefa Benmansour
Wali de Tiaret

(5 ans, 2 mois et 13 jours)
PrédécesseurMohamed Seghir Hamrouchi
SuccesseurRabah Boubertakh
Wali d'Adrar

(1 an, 3 mois et 13 jours)
PrédécesseurAbdelkrim Bouderghouma
SuccesseurAbdelmalek Sellal
Biographie
Date de naissance (78 ans)
Lieu de naissanceMéchria (Algérie)
NationalitéAlgérienne
Parti politiqueFLN (à partir des années 1970)
Diplômé deENA d'Alger
ProfessionHaut fonctionnaire
ReligionIslam sunnite
RésidencePalais d'El Mouradia (Alger)

Abdelmadjid Tebboune
Premiers ministres d'Algérie
Présidents de la République algérienne démocratique et populaire

Abdelmadjid Tebboune (en arabe : عبد المجيد تبون, en tamazight : ⵄⴱⴷⵍⵎⴰⴵⵉⴷ ⵜⴱⴱⵓⵏ), né le à Méchria dans l'actuelle wilaya de Naâma (Algérie), est un homme d'État algérien. Il est président de la République algérienne démocratique et populaire depuis le .

Haut fonctionnaire de carrière, membre du Front de libération nationale (FLN), il est ministre dans plusieurs gouvernements, notamment ministre du Logement de 2001 à 2002 et de 2012 à 2017, puis Premier ministre du au . Il est limogé après avoir tenté de lutter contre la corruption du clan Bouteflika, devenant le Premier ministre le plus éphémère de l'histoire du pays.

Candidat indépendant tout en étant membre du FLN[1], qui ne le soutient pas officiellement, il remporte au premier tour l'élection présidentielle de 2019, qui est marquée par une abstention record. Le début de son mandat voit se poursuivre les manifestations massives du Hirak et il doit ensuite gérer la pandémie de Covid-19.

Situation personnelle

Famille

Abdelmadjid Tebboune naît le à Méchria[2], dans l'actuelle wilaya de Naâma, en Algérie, alors départements français. Issu d'une famille originaire de la commune de Boussemghoun, actuellement dans la wilaya d'El-Bayadh, située dans la région des Hautes Plaines steppiques du Sud-Ouest algérien[3]. Son père, Ahmed[réf. nécessaire] Tebboune, est un cheikh membre de l'Association des oulémas musulmans algériens[4] et également un militaire. Sa mère, Fatima Affane, est une paysanne[5]. Marié à Fatima Zohra Bella[6] , il a cinq enfants : Saloua, Maha, Salaheddine Ilyes, Mohamed et Khaled[7] (emprisonné pour corruption en juin 2018 [8],[9] et acquitté en [10]).

Formation

Il est diplômé de l'École nationale d'administration en 1969 (2e promotion, « Larbi Ben M'Hidi », section économique et financière)[11].

Carrière professionnelle

Abdelmadjid Tebboune commence sa carrière en 1969 comme administrateur stagiaire[12], puis administrateur en 1972[13] dans la wilaya de la Saoura. À cette époque, il prend sa carte au Front de libération nationale (FLN)[14].

Il est successivement secrétaire général de la wilaya de Djelfa (1975-1976), de la wilaya d'Adrar (1977-1979), de la wilaya de Blida (1979-1982) et de la wilaya de M'Sila (1982-1983)[15],[16].

Par la suite, il est wali d’Adrar (1983-1984)[17], de Tiaret (1984-1989)[18] et de Tizi Ouzou (1989-1991)[19].

Parcours politique

Wali

Ministre

En , Abdelmadjid Tebboune devient ministre délégué chargé des Collectivités locales auprès du ministre de l'Intérieur, dans le gouvernement Ghozali I[20]. Il quitte le gouvernement en 1992.

Il est rappelé par le président Abdelaziz Bouteflika en 1999 au poste de ministre de la Communication et de la Culture[21] dans le gouvernement Benbitour, portefeuille qu'il n'occupera que 6 mois, avant qu'il soit rappelé une 2e fois au poste de ministre délégué chargé des Collectivités locales[22] pour le remaniement des walis.

En 2001, le président le nomme ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme[23] au sein du gouvernement Benflis II, une fonction qu’il occupe jusqu'en 2002.

Il représente le président Abdelaziz Bouteflika dans plusieurs missions à l'étranger (en Iran, en Syrie) après son départ du gouvernement[réf. nécessaire]. À cette époque, il est cité dans l'affaire Khalifa[24].

Le , il est nommé ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme[25] dans le Gouvernement Sellal I. Il est ensuite nommé ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville dans les gouvernements Sellal II, Sellal III, et Sellal IV.

Le , après la mort de Bakhti Belaïb, il est nommé ministre du Commerce à titre intérimaire[26].

Premier ministre

Le , considéré comme un proche du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah[27], il est nommé Premier ministre, succédant à Abdelmalek Sellal, qui était à la tête du gouvernement depuis 2012[28]. Le gouvernement est formé le [29].

Abdelmadjid Tebboune est remplacé par l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia le [30]. Sa volonté de restreindre les importations, de lutter contre la corruption, en mettant en place une inspection générale au sein de la primature et en chargeant ses ministres de « faire le point au sujet des marchés publics » passés par l'ancien gouvernement[31], et, selon la présidence, son « harcèlement contre les hommes d'affaires » sont évoqués pour expliquer son limogeage[32]. En juillet, le gouvernement avait ainsi adressé une série de mises en demeure à plusieurs grandes entreprises algériennes ou étrangères adjudicataires de gros marchés publics d'infrastructure, menaçant de résilier les contrats pour les chantiers en retard. Parmi ces entreprises figurait notamment ETRHB, une entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiments, propriété d'Ali Haddad, chef du Forum des chefs d'entreprises (FCE), organisation patronale, et proche de Saïd Bouteflika, frère du chef de l'État[33]. Il devient ainsi le Premier ministre le plus éphémère de l'histoire du pays[34]. Il est ensuite assigné à résidence jusqu'en 2019[4].

Ces mesures lui valent néanmoins de bénéficier d'une popularité auprès de l'opinion publique[35]. Il est alors cité comme possible successeur de Bouteflika[36].

Élection présidentielle de 2019

Le , il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de décembre, repoussée pour la deuxième fois dans le cadre des manifestants du Hirak, qui a conduit à la démission d'Abdelaziz Bouteflika[37].

Se présentant comme le « candidat du peuple », Abdelmadjid Tebboune affirme que les revendications des protestataires ne peuvent être satisfaites « sans un président élu et légitime ». Il promet une réforme de la Constitution et de la loi électorale, de même que l'instauration de la « démocratie véritable » au niveau local et national[38]. Il souhaite la récupération par l'État des prêts contractés par des entreprises et jamais remboursés aux banques étatiques. Candidat indépendant, il reste cependant membre du comité central du FLN[39].

Contesté par les manifestants[40], il est accusé par ses détracteurs d'être le « candidat de l'armée » et d'être mêlé à l'affaire Khalifa, dans laquelle il est cité ; il se dit favorable à la réouverture du dossier[41]. En novembre 2019, il fait face à la démission de son directeur de campagne et de la révélation par le journal Ennahar, réputé proche du pouvoir, de ses liens avec l'homme d'affaires Omar Aliat, actuellement en prison[42]. À l’approche du scrutin, en l'absence d'enquêtes d'opinion, les médias indiquent qu'il a perdu son statut de favori, Azzedine Mihoubi ayant reçu le soutien de nombreux proches du régime[43].

Le , après une campagne perturbée par des manifestations importantes jusqu'au jour même de l'élection[44], Abdelmadjid Tebboune est élu par 58,1 % des suffrages exprimés au premier tour, avec une abstention record (60,1 % des inscrits)[45]. Les chiffres sont par ailleurs jugés « douteux » par des analystes[46]. Le jour même, conspué par les partisans du Hirak, il est qualifié de « président cocaïne » en référence à l'affaire mêlant son fils[47]. Lors de sa première conférence de presse après son élection, Abdelmadjid Tebboune déclare tendre la main au Hirak et prône le dialogue[48].

Président de la République algérienne démocratique et populaire

Investiture

Abdelmadjid Tebboune devient président de la République algérienne démocratique et populaire et prête serment le [49]. Le professeur Abderrahmane Mebtoul estime qu'il a « une lourde responsabilité de rétablir la confiance brisée entre l'État et les citoyens »[50]. Le sociologue Nacer Djabi indique qu'il démarre « avec un grand handicap de légitimité » et que « même si le scrutin n'est pas falsifié, les Algériens n'ont plus confiance »[4]. Premier président de l'Algérie à ne pas être issu des rangs des anciens combattants de la guerre d'indépendance, il est en outre le président le plus âgé en début de mandat[51].

Premières mesures

À l'issue de sa prestation de serment, le nouveau président salue le Hirak et déclare que « la grande réussite est le fruit du mouvement populaire initié par notre peuple qui a refusé, grâce à sa conscience, l'effondrement de l’État et de ses institutions », renouvelle son appel au dialogue et promet de réaliser ses revendications « dans le cadre d'un consensus politique et les lois de la République »[49],[52]. Il demande à être dispensé du prédicat « excellence » afin de rompre avec l'usage exacerbé de cette formule durant les mandats d'Abdelaziz Bouteflika, terme devenu impopulaire et motif de contestation[53]. Lors la cérémonie, il décore de la médaille de l'ordre du Mérite national, au rang « Sadr », Abdelkader Bensalah et Ahmed Gaïd Salah[54]. Il est décoré du même rang par Abdelkader Bensalah[55].

Le jour même, Abdelmadjid Tebboune accepte la démission de Noureddine Bedoui et désigne Sabri Boukadoum comme Premier ministre par intérim tout en chargeant le gouvernement en place de gérer les affaires courantes dans l'attente de la nomination d'un nouveau chef du gouvernement. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur Salah Eddine Dahmoune est limogé de ses fonctions alors qu'il avait défrayé la chronique en tenant des propos insultants à l'égard des manifestants du Hirak[56].

Le , il nomme Noureddine Ayadi directeur de cabinet et Mohammed Amine Messaïd secrétaire général de la présidence de la République ; ce dernier avait occupé le poste de directeur de sa campagne électorale. Par ailleurs, Bouakkaz et Amrouche sont respectivement nommés directeur général du protocole et secrétaire particulier du président de la République[57].

Lors de son premier déplacement officiel en Algérie, le , il annonce la création d'un ministère chargé des start-up et de la microentreprise ainsi que d'une banque devant accompagner les porteurs de ces projets. Il ordonne également la réouverture des aérogares inexploitées à travers le pays[58],[59].

Le , il préside une réunion du Haut conseil de sécurité, où « la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali » est examinée. Il décide que le Haut Conseil de sécurité sera réuni de manière périodique, à chaque fois que la situation l'impose[60].

Deux jours plus tard, le , il nomme Abdelaziz Djerad à la fonction de Premier ministre et le charge de former un nouveau gouvernement[61]. Le lendemain, le 29 décembre, il nomme Belaïd Mohand Oussaïd ministre conseiller à la Communication, porte-parole de la présidence de la République[62].

Au début de l'année 2020, alors que le Hirak se poursuit, des maires de communes de la wilaya de Béjaïa membres du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) refusent d'accrocher le portrait officiel de Tebboune[63].

Politique institutionnelle

Le , il reçoit Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement, avec qui il s’entretient au sujet des « bases de la nouvelle République »[62]. Le , il reçoit Abdelaziz Rahabi « pour échanger et écouter son appréciation de la situation actuelle et sa vision de l’avenir »[64]. Cette rencontre entre dans le cadre des consultations sur la révision de la Constitution[65]. Le , il reçoit l'ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche et se rend chez l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi[66]. Le , il reçoit l'opposant Soufiane Djilali[67] et Karim Younes[68]. Le 15 janvier, il reçoit le moudjahid Youcef Khatib[69] et le président de l'Association des oulémas musulmans algériens, Abderrazak Guessoum[70].Le , il met en place une commission d'experts de 17 membres — dont une majorité de professeurs de droit constitutionnel[71] — chargés d'émettre des propositions pour une nouvelle Constitution[72]. Il trace sept axes principaux autour desquels la commission doit mener sa réflexion, notamment la conservation du bicamérisme[73]. À l’issue de ces deux mois, la proposition de la commission doit faire l'objet d'un dialogue puis être adoptée par le Parlement et soumise à référendum[74].

Le est publié l'avant-projet de révision de la Constitution. Critiqué pour ne pas remettre en cause le régime hyperprésidentiel[75], il prévoit que le chef du gouvernement ait plus de prérogatives et soit « responsable devant l'Assemblée, qui pourrait le renverser par une motion de censure », le remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle ou encore la limitation du mandat de député à une réélection[76]. Par ailleurs, le Hirak serait inscrit en préambule de la Constitution et l'armée explicitement autorisée à participer à des théâtres d'opération à l'étranger. Enfin, l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) est constitutionnalisée, le tiers présidentiel du Conseil de la nation supprimé et la possibilité de légiférer par ordonnance durant les vacances parlementaires abrogée[77]. Dans l'esprit de la Constitution algérienne de 1989, le texte propose également un renforcement des droits et libertés publiques, ainsi que l'abrogation de l'article limitant la participation des binationaux à la vie politique, et qui les exclut des postes de hauts responsables et de diplomates[78].

D'autres propositions d'amendements peuvent être proposés à la commission d'ici au 20 juin. Ensuite, le projet sera examiné au Parlement avant la convocation du référendum, cette dernière option pouvant aussi se faire sans passer par l'examen des parlementaires[79]. Le 15 juin, il reçoit l'ancien président Liamine Zéroual au siège de la présidence[80].

En , pour pourvoir les postes laissés vacants, il nomme 15 membres du tiers présidentiel au Conseil de la nation[81],[82],[83]. Le 23 juin, il reconduit le Premier ministre et la plupart des ministres sortants. De nouvelles personnalités sont nommées au gouvernement, notamment aux portefeuilles de l'Énergie et des Finances[84]. Le gouvernement est remanié à la suite de la pandémie de Covid-19 et afin d'endiguer ses conséquences économiques, des titulaires plus techniques sont nommés[85].

Le référendum sur la révision constitutionnelle se tient le . Il est approuvé par 66,80 % des suffrages exprimés, un résultat grevé par un taux de participation de 23 % et un nombre de bulletins blancs et nuls totalisant un votant sur dix. Le résultat est validé par le Conseil constitutionnel, et le décret d'application de la nouvelle Constitution est signé par Abdelmadjid Tebboune le [86].

Le , après la tenue de consultations avec six partis en l'absence du FLN et du RND, il annonce la dissolution de l'Assemblée populaire nationale, alors que des élections législatives étaient prévues en 2022, ainsi qu’un deuxième remaniement ministériel dans les 48 heures maximum[87],[88].

L'historien Jean-Pierre Filiu considère néanmoins que Saïd Chengriha est le véritable « homme fort » du pays, avant le président Abdelmadjid Tebboune. Selon lui, le chef d’état-major de l’armée n’a pas hésité à brider le président Tebboune, qui, après avoir annoncé en un remaniement gouvernemental, n'est parvenu à changer ni le Premier ministre, ni les titulaires des portefeuilles régaliens[89].

Poursuite du Hirak et question des libertés

En , à l'approche de l’anniversaire du déclenchement des manifestations le , le président Abdelmadjid Tebboune déclare que « le Hirak est un phénomène salutaire » et qu’il « n'a rien à lui reprocher », ajoutant que « ce mouvement populaire a épargné au pays une catastrophe ». Il décrète que le 22 février sera désormais fêté tous les ans en tant que « Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie »[90]. Les 21 et 22 février 2020, les manifestations réunissent un très grand nombre de personnes[91],[92].

Dans le cadre de la pandémie de coronavirus, le président de la République annonce, le , « l’interdiction des marches et des rassemblements, quels que soient leurs motifs », expliquant qu'il ne s'agit pas d'« une atteinte aux libertés », mais d’« une mesure de protection de la santé publique »[93]. Les organisateurs avaient peu avant décrété la suspension des marches[94]. Le vendredi 20 mars, aucune marche, aucun rassemblement n'est constaté[95]. Amnesty International estime qu’au moment « où tous les regards, au niveau national et international, scrutent la gestion de la pandémie de Covid-19, les autorités algériennes consacrent du temps à accélérer les poursuites et les procès contre des militants, des journalistes et des partisans du mouvement du Hirak ». Le journaliste Akram Belkaïd, du Quotidien d'Oran, indique : « Des journalistes et des militants pour la démocratie sont enfermés sous des motifs aussi divers et variés alors qu'en réalité, c'est juste l'expression d'opinions pacifiques qui leur vaut châtiment. Ces initiatives liberticides relèvent du même objectif qui est de faire taire les Algériens et de leur signifier que les cinquante-six semaines du Hirak n'étaient qu'une parenthèse »[96].

Le , Abdelmadjid Tebboune déclare, au sujet de l'emprisonnement de plusieurs journalistes, dont Khaled Drareni, et de la censure des médias Radio-M, Maghreb émergent et Interlignes : « Il y a 8 000 journalistes et, pour trois ou quatre d'entre eux qui ne font pas partie de la presse nationale mais de la presse étrangère, financée par l'étranger, il y a eu tout un boucan autour d'atteintes à la liberté de la presse. Nous parlons de souveraineté nationale. Ils ramènent des financements étrangers pour casser des institutions. Quels sont les pays développés, les pays démocratiques qui acceptent cela […] ? Pourquoi devrions-nous l'accepter ? »[96]. Malgré un dossier vide[97], le 15 septembre 2020, journée internationale de la démocratie, Khaled Drareni est condamné en appel à deux ans de prison ferme[98].

Peu après le début de son mandat, des lois criminalisant la diffusion de « fausses nouvelles » et les « discours de haine » sont adoptés de manière expéditive. L'historienne Karima Direche indique : « La pandémie est du pain bénit pour le pouvoir en place qui bénéficie d'une chance insolente. La période de confinement se prête à l'acharnement policier et judiciaire. Ce qui explique les dizaines d'arrestations de personnes connues et inconnues dans toutes les villes d'Algérie. Les détentions et les jugements prouvent encore une fois que le pouvoir judiciaire est totalement inféodé à l'exécutif ». Akram Belkaïd estime pour sa part que « c'est le retour à l'ordre de fer, le même qui, dans les années 1970, imposait à toutes les Algériennes et tous les Algériens de la boucler et de filer droit »[99]. Un nouveau code pénal, permettant de poursuivre des militants, est ainsi adopté durant le confinement[100].

Le , à l'approche de la fête de l'indépendance, les opposants Karim Tabbou, Amira Bouraoui et Amir Belarbi sont remis en liberté provisoire[101].

Le , alors que quelque 70 personnes sont emprisonnées en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles selon le Comité national pour la libération des détenus, Abdelmadjid Tebboune déclare que le Hirak « a sauvé l'Algérie » et annonce qu’il accorde la grâce « à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu'à d'autres pour lesquelles aucun verdict n'a été prononcé », soit au total une soixantaine de personnes. Le lendemain, la Cour d'appel décide de libération conditionnelle du journaliste Khaled Drareni et de l’homme politique Rachid Nekkaz[102],[103].

D’une façon générale, sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, les voix dissidentes ou les critiques font régulièrement l'objet par les autorités, au travers de communiqués ou de déclarations, d'accusations de « complots » qui seraient fomentés par des « parties hostiles à l'Algérie », organisés et soutenus depuis ou par des pays étrangers, sans que ces accusations, souvent vagues et imprécises, soient rarement plus explicites[104].

Relations internationales

Dans un contexte régional marqué par la guerre en Libye, l'Algérie retrouve une place sur ce dossier[105]. Abdelmadjid Tebboune reçoit plusieurs chefs d'États et ministres des Affaires étrangères de pays impliqués dans la crise[106],[107],[108],[109],[110],[111]. Abdelmadjid Tebboune participe à la conférence de Berlin sur la Libye le [112].

Le , au lendemain de la diffusion de deux documentaires controversés sur le Hirak sur France 5 et LCP, le gouvernement algérien rappelle son ambassadeur à Paris[113].

Du 17 au 21 juillet 2023, Abdelmadjid Tebboune se rend en Chine afin de réaffirmer les liens commerciaux qui unissent les deux pays[114].

Politique mémorielle

Le , Abdelmadjid Tebboune décrète le 8 mai « journée de la mémoire » des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata de 1945[115].

Le président algérien félicite ensuite la décision de la France, présidée par Emmanuel Macron, de restituer les crânes de 24 moudjahidine décapités par les forces françaises lors de la colonisation de l'Algérie[116]. Dans un entretien accordé le à France 24, le président algérien voit en cette restitution l'occasion d'aller « loin dans l’apaisement, dans le règlement du problème de la mémoire »[117]. Leurs restes sont enterrés au cimetière d'El Alia le lendemain[118].

Malgré les échanges directs qu’il a eus avec Emmanuel Macron à ce sujet, Abdelmadjid Tebboune est contraint de s’aligner, le , par la voix d’Abdelmajid Chikhi, son « conseiller pour la mémoire nationale », sur les positions du chef d'État-Major Saïd Chengriha. D’après Jean-Pierre Filiu, ce dernier est soucieux de relancer la guerre des mémoires pour conforter un statu quo favorable depuis la fin de la guerre d'Algérie aux généraux algériens, et ce a contrario des revendications du Hirak, dont l'une des exigences est celle d’un gouvernement pleinement civil, émancipé de la tutelle militaire[89].

Infection par la Covid-19

Abdelmadjid Tebboune portant un masque de protection contre la Covid-19, en octobre 2020.

Les autorités algériennes annoncent en qu’Abdelmadjid Tebboune est infecté par la Covid-19[119]. Après une première hospitalisation à l’hôpital militaire d'Aïn Naadja d'Alger et alors qu'il est connu pour être un grand fumeur, il est transféré le en Allemagne pour des examens médicaux approfondis et un traitement[120],[121]. Il donne ainsi procuration à son épouse pour voter au référendum constitutionnel[122]. Le , alors que les rumeurs alarmistes sur son état de santé se multiplient, il donne sa première intervention publique depuis le début de sa maladie : s'exprimant à la télévision, visiblement amaigri, il promet de reprendre ses fonctions dans les trois semaines[123]. Rentré en Algérie le , il retourne à Berlin le suivant pour se faire opérer du pied (amputer des orteils selon le site Algérie Part) à la suite de « complications » liées à la Covid-19, et revient à Alger un mois plus tard[124],[125],[126].

Visites à l'étranger

#DatePaysChef d'État pendant la visiteType de visite
1[127]KoweïtSabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah
2[128]Arabie SaouditeSalmane ben Abdelaziz Al Saoud
3[129]TunisieKais Saied
4[130]ÉgypteAbdel Fattah El-Sisi
5[131]QatarTamim bin Hamad Al Thani
6[132]TurquieRecep Tayyip Erdoğan
7[133]ItalieSergio Mattarella
8[134]PortugalMarcelo Rebelo de Sousa
9[135]RussieVladimir PoutineÉtat
10[136]QatarTamim bin Hamad Al ThaniTravail
11ChineXi JinpingÉtat
12TurquieRecep Tayyip ErdoğanTravail
13[137]TunisieKais Saïed

Décorations

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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