Armée française sous le Second Empire

L'Armée française sous le Second Empire comprend au sens large l'ensemble des forces armées, unités terrestres (infanterie, cavalerie, artillerie, services) et unités navales (Marine impériale) au service du Second Empire français qui prirent part aux conflits et corps expéditionnaires de la France sous le règne de Napoléon III entre 1852 et 1870.

Infanterie de ligne sous le Second Empire.

Relations étrangères et modernisation

Le Kotetsu (ex-CSS Stonewall), premier cuirassé à coque en fer japonais a été construit en France pour la marine confédérée (1865).

Du fait du rapprochement diplomatique avec la Grande-Bretagne préfigurant l'Entente cordiale, la période du Second Empire marque, pour la France la fin de sa mise au ban des nations par le Congrès de Vienne (1815). Ce retour dans le concert des nations se traduit par une innovation stratégique, la « projection de force », terme moderne désignant l'envoi outremer de corps expéditionnaires multinationaux en Crimée (1853-1856), en Chine (1856-1860) puis au Mexique (1861-1862).

Shogun Yoshinobu Tokugawa en uniforme d'officier français (1867).

L'entrée de la France dans la modernité avec la révolution industrielle (machine à vapeur, chemin de fer, télégraphe), qui a débuté sous la Monarchie de Juillet, se poursuit sous le Second Empire. La guerre de Crimée est ainsi le premier conflit couvert par des photographes de guerre (notamment le reporter Roger Fenton). Quant à l'expédition de Syrie (1860-1861), elle est considérée comme la première intervention humanitaire.

Cette époque est aussi marquée par des innovations technologiques avec l'adoption du premier révolver à cartouches métalliques, le Lefaucheux (1858), puis du premier fusil à chargement par culasse, le Chassepot (1866). Le canon rayé à chargement par la gueule, système inventé par Lahitte en 1858, fait son apparition sur les champs de bataille lors de la campagne d'Italie (1859).

C'est également pour la marine, la mise en service du premier cuirassé à coque en fer, la Gloire en 1858. Ce prestige ajouté à celui d'un cycle de victoires, en Europe et en Extrême-Orient, explique la modernisation, entre autres, des armées américaines et japonaise sur le modèle français (but de la mission militaire française au Japon) avec l'adoption de l'uniforme impérial et l'importation de matériel de guerre français (fusil Minié, canon obusier de 12 ou cuirassés à coque en fer) aussi bien par l'Armée de l'Union et celle des États Confédérés que celle du shogun Tokugawa. Le matériel règlementaire de l'armée française est ainsi utilisé pendant la guerre de Sécession en Amérique et la guerre de Boshin au Japon. Cependant, les officiers français, comme le capitaine Brunet, qui prennent directement part à cette guerre civile japonaise, dans laquelle la France ne joue qu'un rôle lointain, le font à titre personnel.

Artillerie confédérée équipée de canons « Napoleon » au port de Charleston (1863).

L'armée française sous le Second Empire marque aussi durablement l'imagination populaire avec la fameuse citation « J'y suis, j'y reste » du général de Mac Mahon (futur Président) ou la charge des cuirassiers de Reichshoffen, ainsi que la tradition militaire avec la célébration, chaque année, de Camerone par la Légion étrangère et de Bazeilles par les Troupes de marine. Plus tard, en portant à l'écran Les Dernières Cartouches de de Neuville, sous le titre Bombardement d'une maison, Georges Méliès réalisera probablement avec cette fiction basée sur des faits réels de la guerre franco-allemande de 1870, le premier film de guerre.

La série de défaites survenue dès le début de cette campagne de France de 1870 a cependant mis en évidence les lacunes de l'armée française de l'époque en termes de logistique et les faiblesses du haut-commandement. Les défaillances militaires du Second Empire ont entraîné un affaiblissement du régime qui malgré l'existence d'un héritier, le Prince impérial, et d'un dernier plébiscite favorable n'a pas survécu à la défaite de Sedan et à la capture de l'empereur Napoléon III. De cet échec face aux Allemands, le régime français suivant en a tiré la nécessité d'une alliance de revers avec la Russie (1892).

Administration (1851-1870)

Sous le Second Empire, l'armée dépend du Ministère de la Guerre et la marine dépend du Ministère de la Marine et des Colonies. La Garde impériale, unité attachée à la personne de Napoléon III, dépend elle de la Maison de l'Empereur.

Ministres de la Guerre

Date d'entrée
en fonction
Date de sortie
en fonction
NomTitreGouvernement
2 décembre 185111 mars 1854Maréchal Armand Jacques Leroy de Saint-ArnaudMinistre de la Guerre
11 mars 18545 mai 1859Maréchal-Comte Jean-Baptiste Philibert VaillantMinistre de la Guerre
5 mai 185920 janvier 1867Maréchal-Comte Jacques Louis RandonMinistre de la Guerre
20 janvier 186721 août 1869Maréchal Adolphe NielMinistre de la Guerre
21 août 186920 juillet 1870Maréchal Edmond Le BœufMinistre de la Guerre
20 juillet 18709 août 1870Général-Vicomte Pierre Charles DejeanMinistre de la Guerre (par intérim)
9 août 18704 septembre 1870Général-Comte Charles Cousin-MontaubanMinistre de la Guerre

Ministres de la Marine et des Colonies

Date d'entrée
en fonction
Date de sortie
en fonction
NomTitreGouvernement
3 décembre 185117 avril 1855Jean Étienne Théodore DucosMinistre de la Marine et des Colonies
19 avril 185524 juin 1858Alphonse Ferdinand HamelinMinistre de la Marine et des Colonies
24 juin 185824 novembre 1860Alphonse Ferdinand HamelinMinistre de la Marine
24 juin 185824 mars 1859Napoléon Joseph Charles Paul Bonaparte, dit Prince NapoléonMinistre de l'Algérie et des Colonies
24 mars 185924 novembre 1860Justin Napoléon Prosper de Chasseloup-LaubatMinistre de l'Algérie et des Colonies
24 novembre 186020 janvier 1867Justin Napoléon Prosper de Chasseloup-LaubatMinistre de la Marine et des Colonies
20 janvier 18674 septembre 1870Charles Rigault de GenouillyMinistre de la Marine et des Colonies

Campagnes, expéditions, missions militaires

Europe

Afrique

Asie

Moyen-Orient

Amérique

Camp de Châlons

Un zouave remet une pétition au Prince Impérial accompagné de son précepteur, Francis Monnier, au camp de Châlons.

En 1857, Napoléon III fait édifier le camp de Châlons qui s'étend sur 10 000 hectares à Mourmelon dans la Marne.

La vocation du nouveau site est énoncée par l'Empereur via l'ordre du jour du : « Ce Camp ne sera donc pas un vain spectacle offert à la curiosité publique, mais une école grave que nous saurons rendre profitable par des travaux soutenus, et dont les résultats seraient évidents si jamais la patrie avait besoin de vous »[1].

Utilisé à l'origine comme simple camp de manœuvres, le camp de Châlons devient par la suite un lieu de parades, revues et célébrations destinées à mettre en valeur l'armée française auprès du public civil; d'autant plus que ce camp reçoit la fréquente visite de la famille impériale et de dignités étrangères.

Équipement

Uniforme

L'uniforme de l'armée française sous le Second Empire a servi d'inspiration, entre autres, aux deux armées américaines qui se sont opposées durant la guerre de Sécession. Les éléments distinctifs sont notamment le képi, la redingote, le manteau, les chevrons et les épaulettes indiquant le grade. Ils ont été copiés pour l'uniforme des officiers de l'Union (en bleu) et de la Confédération (en gris), mais également dans la plupart des pays d'Amérique latine, de nombreux pays d'Europe (Belgique, Suisse, Danemark…) et le Japon à la même époque.

Le nom et l'uniforme du zouave, unité d'infanterie légère française créée par le maréchal Clauzel durant la conquête de l'Algérie sous la Monarchie de Juillet, sont également repris en Amérique du Nord et du Sud durant le Second Empire. Cet uniforme exotique de style oriental qui s'est rendu célèbre durant la guerre de Crimée, comme l'atteste le Zouave du pont de l'Alma de Georges Diebolt, est également repris en Europe avec le bataillon des zouaves pontificaux créé par le général de Lamoricière à la demande des États de l'Église en 1861.

Armement règlementaire

Armes de poing
Armes d'épaule
Canons et obusiers

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Michèle Battesti, La marine de Napoléon III, Une politique navale, Tomes 1 & 2, Service historique de la marine, 1998
  • Eric Seizelet et alii, 150e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Japon et la France, AIBL / Jean-Noël Robert et Jean Leclant édition, 2008
  • Nicolas Chaudun, L'été en enfer, Napoléon III dans la débâcle, Actes Sud, 2011
  • Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Histoire du Ministère des Affaires étrangères sous Napoléon III, Éditions A. Pedone, 2012

Articles connexes

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