Bataille de Hòa Bình

Bataille de la guerre d'Indochine

La bataille de Hòa Bình engagement militaire de la guerre d'Indochine Après la série de victoires défensives des premiers mois de 1951, le commandement français du général Jean de Lattre de Tassigny cherche à reprendre l'offensive. Après la victoire française à la bataille de Đông Triều , de Lattre avait élaboré un plan pour tester sa stratégie offensive.

Hòa Bình , capitale du peuple Muong , située à 62 kilomètres (39 mi) de Hanoï , est choisie par le général de Lattre pour l'offensive. Hòa Bình était une zone d'importance stratégique pour de nombreuses raisons. Pour les Việt Minh, le contrôle de Hòa Bình leur permettrait la libre circulation dans les vallées au nord de Hanoï ainsi que l'acheminement du ravitaillement militaire. Le plan de De Lattre était de prendre Hòa Bình, où les divisions régulières de Giáp seraient forcées d'affronter la puissance de feu française supérieure et seraient finalement détruites[1].

Lors de cet affrontement Giap va engager sans succès trois de ses divisions (DD 304, 308 et 312) pour conquérir Hoa Binh. Finalement, en , le général Salan, qui vient de remplacer de Lattre à la tête des troupes de l'Indochine, décide d'évacuer Hòa Bình qui monopolise trop de troupes (un tiers des effectifs du Tonkin) afin de les utiliser dans le delta[2].

Contexte

La ligne de fortification du delta est en cours d'achèvement et l'Armée de la République vietnamienne est en constitution à la suite de la mobilisation générale décidée par Bao Daï et à l'arrivée des premiers matériels américains[3]. De Lattre est à la tête de l'Indochine depuis près d'un an et ses victoires successives[4] ont permis de rétablir le moral de l'armée. À chaque fois cependant les combats sont à l'initiative du Vietminh qui n'hésite plus à engager ses divisions dans des attaques massives depuis son succès sur la RC4 en .

Sous la poussée du gouvernement qui doit voter le budget de l'Indochine fin décembre, de Lattre a besoin d'une victoire offensive rapide et spectaculaire. Après quelques hésitations sur le lieu[5], son choix se porte sur Hoa Binh, la capitale des Muong. Cette région est un carrefour important de ravitaillement des Vietminh entre la Chine et Thanh Hoa au nord de l'Annam. Outre le côté stratégique que présente ce nœud d'approvisionnement et d'infiltration du delta tonkinois, Hoa Binh est une région de jungle et de montagne propice aux techniques de combat du Vietminh ce qui permet de s'assurer qu'il s'engagera. De plus, même si la zone n'est pas adaptée aux manœuvres des grandes unités franco-vietnamiennes, elle est proche d’Hanoï et de son aviation et peut-être atteinte par voie fluviale via la rivière Noire[6].

Déroulement des combats

Opération Tulipe

L'objectif de cette première opération, mise au point par le général de Linarès, est de s'emparer de la trouée de Cho Ben l'une des voies d'infiltration du Vietminh dans le delta. Il s'agit d'une action combinée de troupes aéroportées et de forces terrestres.

Le , tandis que le 1er BEP est parachuté directement sur la ville[7], 4 groupements convergent en tenaille vers l'objectif. Le groupement blindé de De Castries chemine par la RP 21 du nord vers le sud, le GM2 du colonel Clément, renforcé par le 1er BPC et le commando Vandenberghe, et le GM7 du colonel Dodelier sont respectivement au centre et à l'ouest du dispositif. Le GM3 de Vanuxem quant à lui protège le sud du dispositif.

En face, la résistance est symbolique[8]. Le soir même les troupes françaises ont atteint leurs objectifs : la RP 21 est dégagée et la ville de Cho Ben est conquise.

Opération Lotus

3 jours après la prise de Cho Ben, de Lattre lance l'opération Lotus afin de s'emparer d'Hòa Bình son objectif principal[9]. Le soir du , le GM1, qui constitue le groupement nord, s'élance en direction de Tu Vu en contournant par le nord le mont Bavi puis en redescendant via la vallée de la rivière Noire. Dans le même temps, le groupement sud du colonel Clément, avec en tête les 2 bataillons muong de Vanuxem, progresse sur la RC6 en direction d'Hòa Bình. Entre les deux groupes le GM2 doit assurer la liaison.

L'opération aéroportée a lieu le [10]. Trois bataillons de parachutistes sont largués directement sur l'objectif : le 2e BPC, le génie et l'artillerie à 12 h 30, le 1er BPC à 14 h 30 et enfin le 7e BPC à 17 h 30.

Hoa Binh est conquise sans difficulté le jour même et la liaison avec les Muongs du GM3 est établie dans la soirée. Le , l'ensemble des objectifs est atteint[11]. De Lattre, satisfait de l'opération, réuni les journalistes et annonce : « J'ai saisi l'ennemi à la gorge »[12]. Le Il se rend à Hòa Bình pour rencontrer une dernière fois ses soldats avant de rejoindre pour raison de santé la métropole[13].

L'ensemble des 2 opérations a fait 608 morts côté vietminh et 8 morts côté français[11].

Les combats de la rivière Noire

La défense de Hòa Bình est confiée au colonel Vanuxem et son GM3. Un camp retranché est installé sur la ville tandis que les deux axes de communication, la RC6 et la rivière Noire, sont protégées par des postes tenus respectivement par des éléments des GM2 et GM7[14].

De Lattre avait raison, Giap ne peut laisser les français occuper « une position stratégique importante » qui coupe « les communications entre le Viêt-bac et la IIIe interzone »[15]. Il dirige trois de ses divisions, les DD 304, 308 et 312, sur le pays des Muongs.

Opération Amarante

Il s'agit de l'opération Amarante qui se déroule du au .

Les forces en présence

Forces françaises

Forces việt minh

Notes et références

Lexique

  • BAPN : base aéroportée nord.
  • BEP : bataillon étranger de parachutistes, ancêtre des REP.
  • BPC : bataillon de parachutistes coloniaux, ancêtre des RPIMa.
  • GM : groupes mobiles constitués de bataillons d'infanterie, de groupes d'artillerie, d'éléments du génie et de transport.
  • DD : dai đoàn, brigade vietminh. Terme souvent conservé pour les divisions (sư đoàn)
  • RP21 : route provinciale no 21, appelée également route des concessions.
  • RC6 : route coloniale no 6.
  • TD : trung đoàn, régiment vietminh, constitués de 4 bataillons (tiểu đoàn).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sources et bibliographies

  • Jacques Dalloz (préf. Bernard Droz), Dictionnaire de la guerre d'Indochine : 1945-1954, Paris, Armand Colin, coll. « Dictionnaire », , 282 p. (ISBN 978-2-200-26925-8, BNF 40126249).
  • René Bail (rédaction et photos), Raymond Muelle (rédaction et photos) et al. (préf. Raymond Muelle), Guerre d'Indochine : 1945-1954, Paris, Trésor du patrimoine, coll. « Reportages de guerre », , 200 p. (ISBN 978-2-915-11810-0 et 978-2-912-51127-0).
  • Collectif, Histoire des parachutistes français, Société de Production Littéraire, 1975.
  • général Vo Nguyên Giap et Huu Mai (trad. Nguyên Van Su), Mémoires 1946-1954, t. 2 : Le chemin menant à Diên Biên Phu, Fontenay-sous-Bois, France, Editions Anako, coll. « Grands témoins », , 303 p. (ISBN 978-2-907-75489-7).
  • Général Yves Gras, Histoire de la guerre d'Indochine, Paris, Plon, , 592 p. (ISBN 978-2-259-00478-7).
  • Général Raoul Salan, Mémoires - Fin d'un empire Tome 2 Le Viêt-minh mon adversaire - - , Presses de la Cité, 1971.
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