Charleville (Ardennes)

ancienne commune française des Ardennes

Charleville est un quartier de Charleville-Mézières et une ancienne commune française, située dans le département des Ardennes en région Grand Est.

Charleville
Charleville (Ardennes)
La Place Ducale.
Administration
PaysDrapeau de la France France
RégionGrand Est
DépartementArdennes
ArrondissementMézières
StatutAncienne commune
Code commune08105
Démographie
GentiléCarolopolitains
Population24 668 hab. (1962)
Géographie
Coordonnées 49° 46′ 21″ nord, 4° 43′ 12″ est
Élections
DépartementalesCharleville
Historique
Fondation1789
Fusion
Commune(s) d'intégrationCharleville-Mézières
Localisation
Géolocalisation sur la carte : France
Voir sur la carte topographique de France
Charleville
Géolocalisation sur la carte : France
Voir sur la carte administrative de France
Charleville
Géolocalisation sur la carte : Ardennes
Voir sur la carte topographique des Ardennes
Charleville
Géolocalisation sur la carte : Ardennes
Voir sur la carte administrative des Ardennes
Charleville

Elle est devenue en 1966 Charleville-Mézières, après la fusion de cinq communes (Mézières, Mohon, Étion, Montcy-Saint-Pierre). Charleville est la ville natale du poète français Arthur Rimbaud (1854-1891).

Histoire

Fondation de Charleville : une cité princière et ducale

Plan idéal de Charleville, gravure de 1625, collections du musée de l'Ardenne

C'est le 6 mai 1606, le jour de son 26e anniversaire, que Charles Ier Gonzague (1580-1637), duc de Nevers et de Rethel, prince souverain de la principauté d'Arches, décide d'y fonder « sa » ville, qu'il nomme dès 1608 d'après son nom : Charleville. La principauté, située aux frontières du royaume de France, ne comporte alors qu'un bourg existant depuis le Moyen-Âge, appelé Arches, qui va être absorbé par la nouvelle cité. Charles Ier Gonzague ambitionne de créer une cité idéale, d'après des principes politiques, urbains et architecturaux hérités de la Renaissance[1]. Pour ce faire, il fait appel à l'architecte Clément II Métezeau, frère de Louis Métezeau, l'architecte de la place des Vosges à Paris. Le plan urbain démontre une volonté d'organisation géométrique et rationnelle, ainsi qu'une inspiration antique. Le centre de la cité est occupé par la Place Ducale, d'où filent des rues perpendiculaires en direction des quatre points cardinaux, rappelant le forum romain où se rejoignent cardo et decumanus. Ces axes Nord/Sud/Est/Ouest répartissent la cité en quatre quartiers, dénommés d'après les églises et les ordres religieux qui les occupent : Saint-Ignace (quartier des Jésuites), le Saint-Sépulcre (quartier des Sépulcrines), Saint-François (quartier des Franciscains), Notre-Dame. Pendant trois décennies, Charles Ier Gonzague fait émerger sa cité : il fait construire, il offre des terrains à lotir, il fonde une administration, une législation et une fiscalité. Pour peupler sa ville, il attire des commerçants, des artisans, des religieux, en octroyant des privilèges et une politique fiscale avantageuse, parfois en accordant gratuitement un terrain ou des rentes ; mais il remet aussi en vigueur le droit d'asile en donnant le droit de bourgeoisie à ceux qui, poursuivis pour divers délits, crimes, ou endettement, viendraient habiter la cité (à l'exception de ceux poursuivis pour crime de lèse-majesté)[2]. Cette mesure efficace est peu appréciée par les cités voisines et plusieurs contemporains voient en Charleville « l'égout des autres villes »[3]. Cette nouvelle cité ducale se veut être une place forte au service de la Contre-Réforme catholique, en rivalité avec Sedan, autre capitale princière mais fief protestant. Le développement de Charleville concurrence aussi sa voisine directe, Mézières, ville commerçante et militaire au passé prestigieux. La cité idéale projetée par Charles Ier Gonzague reste néanmoins inachevée : en 1629, le duc part pour l'Italie à la suite de la mort de son cousin, et doit livrer une guerre ruineuse pour revendiquer son héritage et devenir duc de Mantoue et de Montferrat. Charleville ne fut donc jamais dotée ni du palais ducal initialement projeté au bord de la Place Ducale, ni de la cathédrale Notre-Dame prévue dans le quartier sud-ouest. Comme cité idéale fondée par un haut dignitaire, Charleville peut être comparée à Sabbioneta, fondée au xvie siècle par un autre membre de la famille de Gonzague, ou encore à Richelieu ou Henrichemont.


XVIIe – XVIIIe siècles

Plan de Charleville en 1796, collections du musée de l'Ardenne


En 1708, Charleville tombe dans le domaine royal à la mort de Charles III Ferdinand de Gonzague : Anne de Bavière, petite-fille de Charles Ier Gonzague et princesse de Condé, hérite de Charleville, qui perd du même coup son titre de principauté souveraine[4]. En 1790, la ville devient chef-lieu de district jusqu'en 1800. Elle devint la même année chef-lieu du département pour une courte période[5], mais le titre de préfecture est emporté par Mézières. Au cours de la Révolution française, la commune de Charleville porte provisoirement le nom de Libre-Ville ou Libreville[6].


  • L'hospice du Grand-Prieuré

L'ancien hôpital Corvisart a succédé à l'hôpital du Grand-Prieuré de la Milice chrétienne et à l'hôtel-Dieu de Saint-Louis[7]. Le Grand-Prieuré avait reçu, le 4 novembre 1634, de Charles Ier Gonzague, son fondateur, la donation d'une rente annuelle et perpétuelle de 3 000 livres, à prendre sur les revenus du duché de Rethelois, et notamment sur les moulins banaux de Mézières, pour l'entretien de 48 pauvres. L'hospice bénéficie, en outre, de donations particulières, parmi lesquelles celle des habitants de Cormicy-en-Vermandois. Ceux-ci donnent le 20 juillet 1623 une maison qu'ils possèdent à Charleville, appelée la maison de Cormicy, pour en employer le revenu à la nourriture des pauvres de l'hôpital. Lors de la fondation de Charleville, Charles de Gonzague avait imposé aux cités de son gouvernement de Champagne l'obligation d'y construire chacune une maison, à leurs frais.

Les bâtiments du Grand-Prieuré, qui devaient être construits sur un plan grandiose, ne furent pas achevés, faute de ressources. Il se chargeait de faire des distributions aux pauvres, et de donner des secours aux malades, à domicile. L'hôpital du Grand-Prieuré est remplacé, au mois de septembre 1742, par l'hôtel-Dieu de Saint-Louis. La création du nouvel établissement est due à Henri-Louis de Bourbon, père du prince de Condé, qui meurt avant de voir son œuvre terminée.

La manufacture d'armes est fondée en 1667. Les métallurgistes sont attirés par une habile politique à base d'immunités et d'impôts légers. Dès 1688, le privilège de Manufacture royale lui est accordé : la manufacture est chargée de produire les armes à feu pour l'armée royale française. Le Tsar Pierre le Grand, lors de son tour d'Europe, est passé àCharleville en 1707 pour visiter la manufacture d'armes. Les armes de la manufacture royale sont surtout connues pour avoir constitué la cargaison de fusils (modèles 1766 et 1777, dit fusil Charleville) envoyés, dans le navire l'Hermione dirigé par le marquis de La Fayette, pour prêter secours aux insurgés américains lors de la guerre d'indépendance des Etats-Unis.


XIXe – XXe siècles

La ville fit desservie par le tramway de Charleville de 1899 à 1914, puis, sous administration militaire allemande, jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. On voit ici l'un de ces tramways Place de Nevers à Charleville
Le Faubourg de Flandre et les Casernes
  • L'industrie métallurgique

La ville s'est surtout développée aux XIXe et XXe siècles grâce à l'industrie métallurgique, avec la croissance de nombreuses petites usines et ateliers, comme la clouterie Gailly, la forge Moreaux, l'usine Jubert, et la fonderie Corneau devenue usine Deville.

  • Arthur Rimbaud

Charleville est la ville de naissance du fameux poète Arthur Rimbaud, né en 1854 au 12, rue Napoléon (aujourd'hui rue Pierre Bérégovoy). C'est également à Charleville qu'il est enterré, au cimetière de l'avenue Boutet. Aujourd'hui, deux lieux sont consacrés au poète : le musée Arthur Rimbaud et la maison des Ailleurs.

  • L'impact des guerres mondiales

La ville a souffert lors de chaque conflit. Lors de la Guerre franco-prussienne de 1870, elle a été le théâtre proche de la chute du Second Empire à Sedan. Lors de la Première Guerre mondiale, elle passe sous administration militaire allemande jusqu'à la fin de la guerre et abrite le quartier général de l'Empereur Guillaume II et du Kronprinz (prince héritier allemand). Lors de la Seconde Guerre mondiale, la ville se vide presque complètement de ses habitants dès le début du conflit (ordre d'évacuation oblige). Le quartier de la place de Nevers brûle pendant plusieurs jours sans que les pompiers interviennent (il en est de même de la synagogue du XVIIIe siècle bombardée). À chaque conflit mondial, la ville et sa région sont déclarées « zone de peuplement » (1er conflit), littéralement colonie, ou « zone interdite » (2e conflit), ce qui ne facilite pas le ravitaillement et la circulation des biens et des personnes. Les Ardennes sont, avec le Bas-Rhin, le seul département de France à appliquer l'ordre d'évacuation (chaque commune du département avait un jumelage avec une commune des Deux-Sèvres), durant laquelle le train transportant la plupart des archives départementales a été bombardé.

Politique et administration

Liste des maires successifs de Charleville[8]
PériodeIdentitéÉtiquetteQualité
Les données manquantes sont à compléter.
     
18041815Jean-Nicolas Forest[réf. souhaitée]Notaire
Député des Ardennes (1815)
18301846Nicolas Sébastien Stévenin
(1789-1849)
[réf. souhaitée]Notaire (1814 → 1826)
Conseiller général de Charleville (1842 → 1848)
Chevalier de la Légion d'honneur (date?) .
Septembre 18481870Guillaume Adolphe Lechanteur
(1800-1877)
[réf. souhaitée]Négociant
26/08/187015/01/1871Gustave GaillyCentre gaucheMaître de forges
Industriel
Député des Ardennes (1871 → 1880)
Sénateur des Ardennes (1880 → 1903)
15/01/1871[réf. souhaitée]Jules Millart[réf. souhaitée]Avocat
18791891Émile CorneauGauche radicaleIndustriel
Député des Ardennes (1880 → 1893)
18921904Edmond Bouchez-LeheutreRép. opp.[9]Avocat
19041912Émile Autier[réf. souhaitée]Négociant
19121919Edmond Bouchez-LeheutreRép. opp.Avocat
19191925Gaspard Vassal[10].[réf. souhaitée]Pharmacien
Médecin
Industriel
19251940Charles Boutet[11]SFIOJournaliste, rédacteur politique au Socialiste Ardennais
Conseiller général de Charleville (1910 → 1940)
Député des Ardennes (1928 → 1936)
19411941Louis Faure[réf. souhaitée]Industriel (1916 → 1944)
Maire nommé par le gouvernement de Vichy[12]
Démissionnaire
19411944Pierre Manil[réf. souhaitée]Avocat à Charleville
Maire nommé par le gouvernement de Vichy[13]
Chevalier de la Légion d'honneur (date?) .
19441959Jacques BozziSFIOProfesseur de Philosophie
Député des Ardennes (1945 → 1946)
Sénateur des Ardennes (1948 → 1955)
Conseiller général de Charleville (1945 → 1958)
Président du Conseil général des Ardennes (1945 → 1955)
19591966André LebonSFIOInstituteur (1929 → 1936)
Intendant universitaire (1959 → 1966)

Personnalités liées à la commune

Notes et références

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Jean Hubert, Histoire de Charleville: depuis son origine jusqu'en 1854, Charleville, (lire en ligne)
  • Emile Baudson, Histoire de Charleville depuis sa fondation jusqu'à nos jours (1606-1946), Charleville : imprimerie Anciaux, 1947
  • Alain Sartelet, Charleville au temps des Gonzague : portrait d'une cité ducale, Charleville-Mézières : musée de l'Ardenne, 1997
  • Alain Sartelet, Charleville-Mézières : la place ducale et la ville de Charles de Gonzague, Lyon : Lieux dits, coll. Parcours du patrimoine, 2012

Liens externes

🔥 Top keywords: