Congrès préhistoriques de France

Les Congrès préhistoriques de France (abrégé CPF) sont des congrès de Pré- et Protohistoire fondés en 1904 par la Société préhistorique française. Ils sont organisés par cette société savante depuis 1905[1],[2],[3]. Établies avec une périodicité annuelle lors de leur création[4], les sessions des congrès ont été en moyenne espacées de quatre ans du milieu des années 1910 jusqu'au milieu des années 2010[5],[6].

Congrès préhistorique de France
Photographie de groupe du Premier Congrès préhistorique de France tenu à Périgueux en septembre 1905.
Photographie de groupe du Premier Congrès préhistorique de France tenu à Périgueux en .

Création1905
PaysDrapeau de la France France
OrganisateurSociété préhistorique française
Site webcongres.html

Historique

Émile Rivière, président de la Société préhistorique française et cofondateur des congrès préhistoriques de France.
Marcel Baudouin, trésorier de la SPF et cofondateur des congrès préhistoriques de France.

Le projet d'organiser un congrès annuel dans une région française différente lors de chaque session a été initié et proposé par Émile Rivière et Marcel Baudouin, respectivement président et trésorier de la Société préhistorique française en 1904 et 1905[4]. La décision de créer un « Congrès préhistorique national annuel » a été entérinée lors de la séance réglementaire de la SFP du , réunion à laquelle participe, entre autres, le préhistorien Adrien de Mortillet[7],[8]. Le sommet scientifique est alors désigné sous les termes de Congrès préhistorique de France[8].

La première session se déroule en 1905, à Périgueux[1]. Lors de cette première session, le , les membres de la SPF font état d'un pillage et d'une destruction de gisements stratigraphiques mis au jour au sein de la grotte de Liveyre, à Tursac, en Dordogne[9],[10]. La restitution des séquences stratigraphiques de la grotte avaient été préparée en vue de la visite du site préhistorique par les congressistes de Périgueux[9],[10]. Outre la visite de la grotte de Liveyre, les participants au 1er congrès effectuent également des excursions dans les sites de La Micoque, de la Laugerie-Haute, du Moustier et de la Madeleine[10].

En 1909, à l'appui d'Auguste Théodore Baudon, alors président de la SPF et député de l'Oise, le congrès préhistorique est basé à Beauvais[11]. Sur les lieux, la coordination de la cinquième session est attribuée à la Société d'études historiques et scientifiques de l'Oise (SEHSO), dont huit membres font partie du comité locale d'organisation[11].

Le , lors de l'inauguration du sixième congrès, le Dr Edmond Chaumier expose des silex mis en évidence dans la région du Grand Pressigny[12]. La présentation de ces pièces d'industrie lithique occasionne le projet d'un musée régional préhistorique, projet qui se matérialise par la fondation du musée de la Préhistoire du Grand-Pressigny[12]. La Société archéologique de Touraine, par l'intermédiaire de Louis Dubreuil-Chambardel, alors secrétaire-adjoint de la société savante, est invitée à la sixième session[13]. En outre, le président de la SAT est désigné vice-président du comité local du congrès préhistorique[13].

En et , le neuvième congrès préhistorique, établi à Lons-le-Saunier, est marqué par les premières excursions en voiture de quelques vestiges archéologiques du pays lédonien, dont la visite de la grotte du Guérin, à Arlay, en date du et les tumuli du Crançot[6],[14],[15]. Trois sites importants et récemment découverts reçoivent la visite des congressistes[15]. Lors de cette neuvième session, trois membres de la SPF font également partie de la Société d'émulation du Jura : Léon Coutil, Edmond Hue et Armand Viré (président du congrès[16])[15]. Les travaux de Louis Abel Girardot, alors nommé président d'honneur du congrès, bénéficient d'une « reconnaissance scientifique »[15].

Avec les événements de la Première Guerre mondiale, les sessions de congrès s'interrompent en 1914, et ne reprennent qu'au début des années 1930. En 1931, le 10e congrès se déroule à Nîmes et à Avignon[17]. Après le 12e congrès tenu à Toulouse et Foix en 1936, les sessions sont à nouveau interrompues durant la Seconde Guerre mondiale[18]. La quatorzième session s'effectue quatorze ans plus tard, en 1950, à Paris[18].

En , la quinzième édition du congrès, basée à Angoulême et Poitiers, réunie près de 140 participants[19]. Les congressistes représentent 15 nations différentes[19]. Lors cette session, le président du congrès, Étienne Patte, reçoit le prêtre et préhistorien Henri Breuil dans la grotte de Rouffignac[19].

À partir de 1984, les thématiques traitées lors des congrès deviennent plus ciblées, tandis qu’auparavant, les sessions étaient centrées autour de sujets recouvrant toutes les périodes pré- et protohistoriques[5],[6].

Lors de la 25e session, en 2004, à l'occasion du centenaire de la fondation de la Société préhistorique française, les congressistes font apposer une plaque commémorative à l'intérieur de la grotte de Saint-Gervais (ou grotte de la Croupatière), un site préhistorique localisé dans la ville de Bonnieux au sein duquel les préhistoriens Paul Raymond, Émile Rivière, Marc Deydier, Anfos Martin, Albert Moirenc et Ivan Pranishnikoff projettent de créer la société savante en [20],[21],[22],[23],[24].

Déroulement et objectifs

Visite de congressistes sur la butte de la Justice, à Bracheux, en 1909.

Les congrès préhistoriques de France ont « essentiellement pour fin de faciliter la connaissance des différents aspects régionaux des civilisations pré- et protohistoriques de la France »[2].

La création des congrès, au début du XXe siècle, est liée « aux études préhistoriques prenant chaque jour une importance de plus en plus grande, et le nombre de leurs adeptes (anthropologistes, archéologues, géologues et paléontologues) augmentant chaque jour aussi »[4].

Pour Max Vauthey, la forme « classique » d'un congrès est qu'il se déroule « dans une région particulièrement riche en vestiges préhistoriques et rassemble ses participants dans une ou deux villes bien équipées au point de vue hôtelier et universitaire, facilitant les séances de travail qui représentent l'activité essentielle du Congrès. Quelques excursions amènent les préhistoriens sur un certain nombre de sites majeurs, déjà bien connus, « nettoyés » ou « aménagés » pour la circonstance. »[25]. En ce qui concerne les excursions, Loïc Casson souligne « les pratiques préhistoriques » des participants aux congrès[26].

Récapitulatif des sessions

Les tableaux suivants présente la liste des sessions des Congrès préhistoriques de France, selon leurs dates, leurs lieux, leurs président de session et les thèmes qui ont été traités.

De 1905 à 1913

Récapitulatif des Congrès préhistoriques de France de 1905 à 1913
no DatesLieu(x)Président de sessionThèmes traitésIllustration
no 1Du au PérigueuxÉmile Rivière[1],[16]Datation des gravures et peintures des grottes paléolithiques du Périgord ainsi que l'inventaire et l'analyse des sites d'occupation et d'artisanat néolithiques de cette région[8].
no 2Du au VannesAdrien de MortilletLe Paléolithique en Bretagne ; la signification des alignements mégalithiques et des menhirs ; l'étude générale des tumuli ; les gravures et sculpture sur les monuments mégalithiques et les pièces céramiques découvertes dans les dolmens[27],[16]
no 3Du au AutunAdrien Guebhard[28],[29],[16]Les études et le classement des camps et des enceintes, l'« authenticité des pointes de flèche du Charolais » et l'« époque beuvraysienne »[30]
no 4Du au ChambéryArthur Chervin[31],[16]La datation des palafittes savoyards, la période paléolithique en Savoie et ses relations avec l'extension glaciaire alpine, l'époque néolithique dans le massif des alpes et les gravures rupestres sur bloc de pierre[32]
no 5Du au BeauvaisAuguste Théodore Baudon[33],[34][16],[35],[36]Les mines de silex de l'Oise, l'architectonique des constructions mégalithiques situées dans le bassin de la Seine et l'étude géologique et préhistorique des tourbières[37]
no 6Du au ToursDr Ballet[16],[38],[39],[40]Les silex et ateliers pressiniens et les monuments mégalithiques de Touraine[40].
no 7Du au NîmesArmand ViréL'époque néolithique dans la région de la Provence, le site du Castellaras de la Malle ainsi que l'âge du cuivre et l'âge du bronze dans le département du Gard[41],[16],[42]
no 8AngoulêmeLéon Henri-Martin[16],[43],[44]« La Préhistoire du Quaternaire moyen », l'âge du cuivre en région Charente et les souterrains-refuges dans l'Ouest de la France[45]
no 9Lons-le-SaunierLéon Coutil[16],[46]Les palafittes d'époque néolithique du Jura (dont ceux de Clairvaux), les cachettes (en) de l'âge bronze dans le Jura et l'âge des tumuli situés dans cette région[14].

De 1931 à 1979

Liste des Congrès préhistoriques de France de 1931 à 1979
no DatesLieu(x)Président de sessionThèmes traitésIllustration
no 10Du au Avignon et NîmesAndré Vayson de Pradenne[47]L'époque paléolithique au sein de la basse vallée du Rhône ; les différents faciès appartenant au Néolithique méditerranéen ; les dolmens, les allées couvertes et les grottes artificielles ; les carrières de silex et les ateliers de taille du silex au cours du Néolithique ; ainsi que les camps et les enceintes[48]
no 11Du au Périgueux[49]Félix Regnault[50]L'époque du Paléolithique supérieur en région périgourdine, le Mésolithique et le Néolithique dans le département de la Dordogne ainsi que les grottes artificielles et les souterrains-refuges de la région[50].
no 12Du au Toulouse et FoixGaston DoumergueLe Paléolithique inférieur dans la région Midi-Pyrénées, les terrasses de la Garonne et les roches quartzites qui les composent, l'art préhistorique, les périodes mésolithique et néolithique, ainsi que les grottes artificielles et les souterrains-refuges de la région[51],[52]
no 13Du au ParisJacques Blanchard[53],[54]
no 14Du au StrasbourgAndré Leroi-Gourhan[55]
no 15Du au Poitiers et AngoulêmeÉtienne Patte[19],[56]
no 16Du au Monaco[57]Louis Barral[58]
no 17Du au Rennes - BretagnePierre-Roland Giot[2]Le « Néolithique « occidental » et Néolithique des pays atlantiques » ; l'« âge du bronze de faciès atlantique » ; et les « relations entre les civilisations de l'âge du fer d'Ibérie, des Pyrénées, d'Aquitaine, d'Armorique et du Cornwall »[2]
no 181966AjaccioRené Joffroy[59],[60]
no 19Du au Auvergne (Roanne, Clermont-Ferrand et Puy de DômeHenri Delporte[61],[62]
no 20Du au Provence (Marseille et Martigues)Max Escalon de Fonton[63],[64],[65]
no 21Du au Cahors et MontaubanJean ClottesPréhistoire de la région Midi-Pyrénées[66]

De 1984 à nos jours

Liste des Congrès préhistoriques de France de 1984 à nos jours
no DatesLieu(x)Président de sessionThèmes traitésIllustration
no 22Du au LilleHenri Delporte et Gilles GaucherLa genèse des ensembles culturels du Bronze ancien dans les territoires situés autour de la Manche, l'évolution de ces ensembles au cours de l'âge du bronze ancien et moyen et les relations existant entre les ensembles atlantiques et l'ensemble « Rhin-Suisse-France orientale » durant le Bronze final[67],[68]
no 23Du au Paris (La Villette)Jean-Pierre MohenLa vie aux temps préhistoriques[69]
no 24Du CarcassonneJean Guilaine[70]Les Civilisations Méditerranéennes, du Paléolithique supérieur à la fin du 1er âge du fer[71]
no 25Du au NanterreDaniel Mordant[72]« Approches fonctionnelles en Préhistoire »[73],[74]
no 26Du au Avignon et BonnieuxJacques Évin« Un siècle de construction du discours scientifique en Préhistoire »[20],[21]
no 27Du au Bordeaux et Les Eyzies« Transitions, ruptures et continuité en Préhistoire »[75].
no 28Du au BeauvaisCyril Montoya, Jean-Pierre Fagnart, Jean-Luc Locht, Claude MordantPréhistoire de l'Europe du Nord-Ouest : mobilités, climats et entités culturelles[76],[77]
no 29Du au ToulouseHiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques[78],[79]

Notes et références

Notes

Références

Pour approfondir

Comptes rendus et actes de colloques des congrès préhistoriques de France

Bibliographie

  • Philippe Soulier, « Aux origines de la Société préhistorique française : la Société préhistorique de France (1904-1910). », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 90, no 1,‎ , p. 95-103 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.1993.9584, lire en ligne, consulté le ).
  • Louis Dubreuil-Chambardel, « Le VIe Congrès Préhistorique de France », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, no 1,‎ , p. 224 à 229 (lire en ligne, consulté le ).
  • Louis-René Nougier, « La XIIIe Session du Congrès Préhistorique de France. Paris, Juillet 1950. », Bulletin de la Société préhistorique de France, t. 47, nos 3-4,‎ , p. 132-135 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.1950.7996, lire en ligne, consulté le ).
  • Max Vauthey, « Congrès et manifestations. », Revue archéologique du Centre de la France, t. 12, no fascicule 1-2,‎ , p. 161-163 (lire en ligne, consulté le ).
  • Charles Schleicher, « Congrès Préhistorique de France - Session d'Autun », L'Homme préhistorique, t. 12,‎ , p. 369 à 373 (lire en ligne, consulté le ).
  • « Congrès Préhistoriques de France. », Bulletin de la Société préhistorique de France, t. 51, no 8 « Les grandes civilisations préhistoriques de la France. Livre Jubilaire de la Société Préhistorique Française 1904 - 1954 »,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  • Loïc Casson, « Pratiquer la Préhistoire en province à la fin du XIXe siècle. L’univers des préhistoriens vu et vécu par Charles Janet dans l’Oise entre 1880 et 1910. », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 111, no 3,‎ , p. 397-412 (DOI 10.3406/bspf.2014.14429, lire en ligne).
  • Charles Schleicher, « Congrès Préhistorique de France - (Ire Session - Périgueux - 1905 », L'Homme préhistorique, no 5,‎ , p. 345 à (lire en ligne, consulté le ).
  • Charles Schleicher, « Congrès Préhistorique de France - (2e Session - Vannes, 1906) », L'Homme préhistorique,‎ , p. 150 à 157 (lire en ligne, consulté le ).
  • Charles Schleicher, « Congrès Préhistorique de France - 4e Session - Chambery - Août 1908 », L'Homme préhistorique,‎ 1908-1909, p. 311 à 318 (lire en ligne, consulté le ).
  • Charles Schleicher, « Congrès Préhistorique de France - 5e Session - Beauvais - Juillet 1909 », L'Homme préhistorique,‎ 1909-1910, p. 307 à 320 (lire en ligne, consulté le ).
  • Arnaud Hurel, La France préhistorienne de 1789 à 1941, CNRS Éditions, , 281 p. (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes