Famille Zniber

nom de famille

Zniber (en arabe : زنيبر) est un patronyme porté entre autres au Maroc par plusieurs personnes originaires de Salé. La famille Zniber au Maroc compte historiquement dans ses rangs un certain nombre de lettrés, de cadis et magistrats, de haut-fonctionnaires, d'oumana (intendants des finances et des douanes), de nadir des habous, de pachas, de corsaires et artilleurs, de diplomates, de nationalistes, de résistants et de poètes. Il existe également une branche égyptienne des Zniber établie à Alexandrie depuis la fin du XIXe siècle et descendante de Hajj Ali Zniber.

Tombe appartenant à la famille Zniber au cimetière du Père-Lachaise

Étymologie

« Zniber » serait le diminutif de zounbour qui, en arabe, signifie « guêpe » ou « frelon » selon Mouna Hachim[1].

Au Maroc

Photo des Frères Hajji (dont Saïd Hajji au premier rang) et Abdelhadi Zniber III, fils de Mohammed Ben Abdelhadi Zniber, à l'université de Damas en 1934
Borj Roukni ou Borj El-Kébir, bastion atlantique fortifié bâti sous le Pacha Zniber en 1853 à la suite du Bombardement de Salé (1851)

La famille Zniber est l'une des familles anciennes de Salé, au Maroc, installée dans la ville à partir de la fin du XVe siècle[2],[3].

Selon l'historien marocain Mohamed Ibn Ali Doukkali, l'origine de la famille Zniber remonte à bien avant la conquête d'Al-Andalus, à la suite de laquelle elle s'installe à Grenade. À la fin du XVe siècle, elle s'installe à Salé à la suite de la chute du Royaume de Grenade[4].

Selon l'écrivaine marocaine Mouna Hachim, une partie de la famille se serait établie dans le Pays Ghomara, le plus grand groupe familial s'étant néanmoins établi à Salé, soit depuis Tétouan soit directement depuis Grenade[5].

Il a aussi pu être noté que :

  • au début du XVIIIe siècle, la famille Zniber s'est exilée à Rabat à la suite de la perte de l'un de ses membres, dans le cadre d'une rivalité avec la famille Fennich, puis obtint du sultan le droit de se venger, mais ne l'utilisa pas, ne désirant pas faire périr d'autres Slaouis[6] ;
  • En 1851, le Pacha de Salé Mohammed Ben Abdelhadi Zniber résiste au bombardement de la ville par une escadre de Louis-Napoléon Bonaparte ; le Pacha Zniber et son palais sont décrits avec précision par le diplomate Narcisse Cotte dans son livre Le Maroc contemporain (1860) ;
  • en 1906, le penseur réformiste et poète soufi Hajj Ali Zniber présente le premier projet constitutionnel du Maroc au Sultan Moulay Abdelaziz ;
  • Dans son ouvrage People of Salé (Les Gens de Salé) traitant de la période allant de 1830 à 1930, l'anthropologue américain Kenneth Brown témoigne du prestige dont jouit la famille Zniber à cette époque, faisant d'elle l'une des familles les plus puissantes de Salé avec les familles Aouad, Bensaid puis Sbihi.
  • D'après Robert Chastel, à l'époque du Sultan Moulay Hassan la famille Zniber comptait parmi les plus grandes fortunes de Salé avec les Sabounji, Hassar et Bouchentouf[7].
  • Dans les années 1920, elle était estimée comme la famille salétine la plus nombreuse, avec environ 300 membres tous sexes et âges confondus[6].

Dès la première heure, plusieurs de ses membres furent des nationalistes menant une lutte contre la politique coloniale du protectorat français au Maroc. Par exemple :

  • En 1930, la promulgation du dahir berbère suscita une vague de mécontentement et la rédaction de plusieurs pétitions contre son application ; à Salé, une pétition de protestation contre ledit Dahir rédigée par Abu Bakr Zniber, mufti de Salé et signée par des intellectuels, des fonctionnaires et des commerçants de la délégation salétine: Ahmed Al-Jirari (ou Jariri), Ahmed Hajji (le père de Saïd Hajji) et Ahmed Sabounji[8]. Plusieurs autres Znabra (pl. de Zniber) figurent comme signataires: Abbas Ben Mohammed Zniber, Abdelmajid Ben Mohammed Zniber, Ahmed Zniber, Boubker Ben Tahar Zniber, Larbi ben Boubker Zniber, Mohammed Ben Abdelhadi Zniber et Omar Ben Ahmed Zniber[9].
  • En 1944, Tahar Zniber (fils du mufti Abu Bakr Zniber), qui avait rejoint la cellule clandestine dite « Taïfa »[10] quelques années auparavant, fit partie des signataires du manifeste de l'indépendance du 11 janvier.
  • L'ODAT, milice française contre les cellules nationalistes clandestines distribua un tract où figurait une liste de Français (traîtres à ses yeux) et Marocains à abattre mentionnant le Docteur en médecine et médecin-colonel Abderrahmane Zniber (plus tard premier ambassadeur du Maroc en République populaire de Chine), l'historiographe et médecin Delanoë ou encore Mehdi Ben Barka[11].

L'architecte Jean-François Zevaco a réalisé plusieurs villas pour la famille Zniber[12]

Dans son roman Le Morisque, Hassan Aourid nomme l'un de ses personnages : "Cheikh Zniber"[13].

Les archives, documents historiques et manuscrits relatifs à l'histoire de la famille Zniber, outre ceux détenus par ses membres, sont principalement conservés à la Bibliothèque Sbihi de Salé, aux Archives royales et à la Bibliothèque royale Hasaniyya à Rabat, aux Archives du Maroc (fonds Mohammed Ben Abdelhadi Zniber) depuis 2023, à la Bibliothèque nationale et dans une moindre mesure aux Archives diplomatiques de Nantes ainsi qu'à la bibliothèque de la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud à Casablanca.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Mouna Hachim, Dictionnaire des noms de famille du Maroc, Casablanca, Le Fennec, [détail de l’édition]
  • (ar) Jean Cousté (trad. Abu al-Kacem Achach), Bouyoutat Madinat Sala (Les Maisons de Salé) [« Les Grandes Familles indigènes de Salé »], Imprimerie officielle de Rabat, diffusion de la bibliothèque Sbihi, , p. 77, 78, 79, 80, 82 et 83
    « Informations » sur l'ouvrage original en français, publié en 1931.
  • (en) Kenneth L. Brown, People of Sale : Tradition and Change in a Moroccan City, 1830-1930, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-674-66155-4), p. 29, 59, 96 et 180
    Ouvrage « publié en français » au Maroc en 2011.
  • M'hammed Aouad et Maria Awad, Les Trente Glorieuses ou l'Age d'or du Nationalisme Marocain : 1925-1955 Témoignage d'un compagnon de Mehdi Ben Barka, Rabat, LPL, , 391 p. (ISBN 9981-110-08-6, présentation en ligne), p. 24, 27, 36, 38, 39, 40, 56, 58, 73, 82, 106, 117, 182, 185 et 301

Articles connexes

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