Français : Rhizomorphes (épais filaments fongiques, évoquant des lacets indurés et foncés à l’extérieur, couleur beige à l’intérieur) d’Armillaria mellea. Ces « lacets » noirs et durs plus ou moins anasomosés et formant parfois des surfaces plus larges (« mats » noirs) recouvrent le bois mort d’un tronc d’arbre coupé et allongé sur le sol. Ils appartiennent au champignon Armillaria mellea. Ce cas particulier a été photographié dans le bois de la Citadelle de Lille en novembre 2019, sur un tronc mort d’environ un mètre de diamètre, couché au sol, en lisière d’une zone boisée. L’écorce s’est décollée et/ou a été décollée par des promeneurs.

On connait des champignons leur pied et leur chapeau (parfois comestibles) mais il ne s’agit que de l’organe reproducteur de ces organismes qui sont en réalité surtout constitué de fins filaments évoquant une ouate blanche très fine (hyphes) se propageant discrètement dans le sol ou sur et dans le bois mort sur lequel le champignon se développe, parfois avec des bactéries. Cette photo montre un autre type de structure, les rhizomorphes formés par les armilaires (ici, l’Armilaire de miel, dit Honey Fungus en anglais (qui est aussi parfois connu des anglophones sous le nom de Bootlace Fungus). Les rhizomorphes permettent non seulement au champignon de se propager physiquement, mais ils servent également de réserve et de conduites d'approvisionnement en divers nutriments :

En zone tempérée, "Les touffes de basidiocarpes d'Armillaria mellea, l’Armilaire de miel, sont courantes sur les écorces et parfois sur et autour des souches ou morceaux d'arbres morts en automne. La souche ou le tronc et les racines morts constituent la base saprotrophe permettant au champignon de se développer. Noirs, résistant à l'eau, les rhizomorphes ressemblent à des racines (souvent aplaties) se développant à partir d’une base et colonisant des surfaces de bois jusqu’à entrer dans les racines ou la base du tronc d’un autre arbre généralement blessé, affaibli ou sénescent. Ces rhizomorphes sont des agrégats de milliers d’hyphes entourée d’une sorte de peau dure. Ce réseau est supposé permettre au champignon de mieux combattre la barrière physique et chimique de l'écorce et de s'établir au sein du bois mort ou sénescent "[Ingold & Hudson," The Biology of Fungi ", p162-4]

Après avoir pénétré dans l'écorce de leur nouvelle victime, les fils se sont étendus sous l'écorce, pour finalement se fondre en un mat noir solide qui entoure le bois intérieur de l'arbre (là où l'écorce est tombée d'un arbre, on peut parfois voir ce tapis). Au fur et à mesure de leur avancée les rhizomorphes envoient des hyphes (fils beaucoup plus fins) qui dégradent la lignine de l'arbre en contribuant à la putréfaction du bois.