Found footage

utilisation de séquences vidéo comme objets trouvés

Found footage (littéralement « enregistrement trouvé » voire « images trouvées ») est un terme anglais qui désigne la récupération de pellicules impressionnées ou de bandes vidéos dans le but de fabriquer un autre film.

On parle alors de « réemploi » (en anglais : reappropriation), de « recyclage » ou de « détournement » de matériaux vidéos. Ces techniques sont notamment utilisées dans le cinéma expérimental et le documentaire.

L'expression désigne également un sous-genre du cinéma fantastique, popularisé en 1999 par le film Le Projet Blair Witch. Ce sous-genre est en effet caractérisé par le supposé réemploi d'un film trouvé, lequel est en fait fictif. Ce type de mise en scène est également utilisé dans d'autres genres comme la comédie.

Dans le cinéma d'avant-garde

Cette pratique s'inscrit dans la lignée de celle du centon, en littérature, et dans celle de la spolia, en architecture. Elle est utilisée dans le cinéma expérimental depuis le lettrisme, en France, et, plus particulièrement avec le Traité de bave et d'éternité, d'Isidore Isou (1951), et les travaux de Bruce Conner aux États-Unis, notamment A Movie (1958).

Certaines formes de détournements ont une ampleur politique et peuvent prêter à confusion, agrégeant des formes de théorie du complot[1].

Cinéastes d'avant-garde qui utilisent cette technique

Dans le cinéma fantastique

Des fictions utilisent aussi dans leur narration de faux films de found footage. Les prémices remontent au moins aux années 1960-1970 avec les films de Peter Watkins[6] (La Bombe, Punishment Park,...) ainsi qu'à Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato en ce qui concerne l'horreur[6], mais le found footage fictionnel a été popularisé par le succès du Projet Blair Witch en 1999, avant de connaître un net regain de notoriété à la fin des années 2000, avec des films comme REC (2007), Cloverfield (2008) ou Paranormal Activity (2009), qui ont ouvert la voie à la première véritable vague de films du genre[7].

Par la suite, le found footage devient un sous-genre à part entière du film fantastique et d'horreur, explorant diverses figures telles que les zombies (Chronique des morts-vivants), les possessions démoniaques (Devil Inside, Noroi), les sectes (The Sacrament), les tueurs en série (Creep), les extraterrestres (Hangar 10), les créatures légendaires comme le bigfoot ou le troll (Willow Creek, The Troll Hunter), et les dinosaures (The Dinosaur Project)[8].

À partir de , avec le film Unfriended du réalisateur géorgien-russe Levan Gabriadze, se développe le film d'écran (screenlife en anglais), qualifié de « found footage 2.0 » par le magazine Variety[9]. Ces films, tels que Deadstream ou Host[10], s'affranchissent de l'utilisation de caméras vidéo traditionnelles, et se déroulent entièrement sur des écrans d'ordinateur ou de téléphone portable[11].

Extension de la technique à d'autres genres

À partir de la fin des années 2000, le found footage est étendu à divers genres cinématographiques autres que fantastique, allant de la science-fiction (District 9, Europa Report) aux super-héros (Chronicle), en passant par le polar (End of Watch) et la comédie (Projet X, Babysitting)[8]. La technique est aussi exploitée dans la parodie (Ghost Bastards - Putain de fantôme), le film catastrophe (Black Storm), et le film d'aventures familial (Echo)[8].

Caractéristiques

Souvent spécifique à l'horreur[7],[12], il consiste à présenter une partie ou la totalité d'un film comme étant un enregistrement vidéo authentique, la plupart du temps filmé par les protagonistes de l'histoire[7],[12].

Ce genre se caractérise par ses images prises sur le vif, par sa caméra faisant intégralement partie de l'action et par sa qualité visuelle et sonore volontairement dégradées[12].

Un cadre de référence « film amateur »

Les productions found footage prennent l'apparence d'images amateur, au moyen de différentes techniques de tournage[13] :

  • caméra en mouvement permanent, le film étant tourné « caméra à l'épaule », par opposition aux films traditionnels qui alternent des plans fixes ou au mouvement contrôlés (zoom, travelling…) La transition entre les types de plans est dictée par les mouvements de la caméra et non par un changement de prise de vue. La mise en scène est présentée comme improvisée par les protagonistes, en revanche il est admis que le montage des différentes séquences puisse avoir été fait a posteriori, lorsque le film brut a été retrouvé.
  • présence de flous de bougé, dû aux mouvements de caméra ;
  • surexposition et sous-exposition du film ;
  • imprécision de la mise au point ;
  • présence d'un code temporel dans l’un des coins de l’image ;
  • zooms intempestifs ;
  • cadrage aléatoire ;
  • taches sur l’objectif ;
  • obstruction de la vision par un avant-plan envahissant ;
  • arrêts brusques de la prise de vues ;
  • bruits parasites occasionnés par la manipulation de la caméra.

Outre ces techniques, la qualité de l'image peut aussi être dégradée volontairement[13]. En particulier, le transfert sur pellicule 35mm ou dans des formats numériques destinés à la projection en salle ou à la commercialisation, d'images filmées au préalable dans des formats substandards (16mm ou vidéo amateur tel que le Hi-8), contribue à l'esthétique « sale » qui renforce le malaise chez le spectateur[13].

Effets secondaires chez certains spectateurs

Avertissement à l’entrée d’un cinéma AMC sur les éventuels effets secondaires provoqués par le film Cloverfield.

Avec Le Projet Blair Witch, on se rend compte que le style particulier de tournage des films « found footage » provoque chez certains spectateurs des symptômes semblables au mal des transports (cinétose due aux films et autres vidéos)[14],[15].

On parle aussi de shaky camera (en) (littéralement la « caméra qui tremble » quand celle-ci est portée sur l'épaule et remuée pour donner une illusion de mouvement ou d'action)[15]. Le cinéaste Paul Greengrass est devenu un militant le plus fervent de cette tendance, comme on peut le voir dès 2002 dans son film Bloody Sunday[15].

Pour le film Cloverfield en 2008, les cinémas américains AMC Theatres installent des affiches à l'entrée des salles de cinéma pour mettre en garde les spectateurs contre ces effets secondaires éventuels provoqués par le film[16],[17].

Un modèle économique à bas coût très lucratif

Le coût de production des films found footage est très faible, d’où une rentabilité élevée en cas de succès public[7],[18]. Ainsi, Le Projet Blair Witch rapporte presque 250 millions de dollars dans le monde pour un budget initial d'environ 25 000 dollars[18],[19]. Plus récemment, Paranormal Activity réalise des bénéfices de 200 millions de dollars pour un budget initial de 15 000 dollars[18]. Les sommes économisées au moment du tournage permettent un budget plus important pour la promotion des films[18].

Liste des meilleurs résultats au box-office mondial

RangAnnéeFilmDistributionBudget de productionRecettes
11999Le Projet Blair WitchArtisan60 000 US$248 600 000 US$[20]
22011Paranormal Activity 3Paramount5 000 000 US$207 000 000 US$[21]
32009Paranormal ActivityParamount15 000 US$193 400 000 US$[22]
42010Paranormal Activity 2Paramount3 000 000 US$177 500 000 US$[23]
52008CloverfieldParamount25 000 000 US$170 800 000 US$[24]
62014Black StormWarner50 000 000 US$161 700 000 US$[25]
72012Paranormal Activity 4Paramount5 000 000 US$142 800 000 US$[26]
82012ChronicleFox12 000 000 US$126 600 000 US$[27]
92012Projet XWarner12 000 000 US$102 700 000 US$[28]
102012Devil InsideParamount1 000 000 US$101 800 000 US$[29]

Notes et références

Voir aussi

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Film found footage.

Bibliographie

Ouvrages

Articles de presse

  • Stéphane Delorme, « Found footage, mode d'emploi », Les Cahiers du cinéma, Hors-série n°4 (« Aux frontières du cinéma »), p. 90-92, janvier 2000.

Articles connexes

Liens externes

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