Gouvernement Pierre Mauroy (1)

gouvernement de la Cinquième République française
Gouvernement Pierre Mauroy I

Ve République

Description de cette image, également commentée ci-après
Le Premier ministre Pierre Mauroy en 1981.
PrésidentFrançois Mitterrand
Premier ministre Pierre Mauroy
Formation
Fin
Durée1 mois et 1 jour
Composition initiale
CoalitionPS - MRG - MDD
Ministres24
Secrétaires d'État18
Femmes6
Hommes38
Drapeau de la France

Le premier gouvernement Pierre Mauroy est le 15e gouvernement de la Ve République française.

Cet article présente la composition du gouvernement français sous le Premier ministre Pierre Mauroy du au , pendant la présidence de François Mitterrand (1981-1995)[1].

Contexte de formation

Contexte économique et politique

L'héritage de l'ère Giscard-Barre

Les Socialistes héritent d'une situation duale d'un point de vue économique et industriel.

Le Premier ministre Raymond Barre a échoué à maîtriser l'inflation, qui passe de 9,6% à sa prise de fonction à 13,6 en 1980. Le budget est quasiment à l'équilibre (-0,1%), mais le taux d'imposition a fortement augmenté (33,6% en 1974 à 40,1% en 1980), ce qui obère en partie la capacité du nouveau gouvernement à financer sa relance par une hausse des prélèvements. La dette est stabilisée à 21% depuis 1978[2].

Sur le plan du commerce, après avoir réussi à résorber le déficit commercial (l'équilibre avait été atteint en 1976), la balance s'est à nouveau dégradée pour atteindre -2,1% en 1980[2].

Dans ce contexte, François Mitterrand est élu sur ses 110 propositions. La partie économique de ce programme comporte notamment une relance publique, une défense du franc, un peu de protectionnisme (avec une volonté de ramener la part du commerce extérieur dans le PIB à 20% en 1990, contre 25% en 1980), et un plan de recrutement de la fonction publique.

Le Premier ministre choisi par le Président devra ainsi engager une politique dont les trois piliers seront une politique de relance visant à redistribuer les revenus ; étendre le périmètre d'action de l'Etat par des nationalisations ; adopter une politique dirigiste sur la question de l'emploi, en réduisant la durée du temps de travail et en augmentant le nombre d'emplois publics.

Les conséquences financières de l'élection du Président

L'élection de François Mitterrand provoque la panique sur les marchés. Les opérateurs financiers français comme étrangers attaquent le franc, qui tombe brutalement à son cours plancher au sein du Système monétaire européen. En 24h, plus d'un milliard de francs sortent du pays ; les petits épargnants, qui craignent d'être ruinés, se tournent vers les lingots d'or, dont le cours augmente de 5 000 francs entre le 8 et le 20 mai[3].

Entre le 11 et le 21 mai 1981, 5 milliards de dollars, soit le tiers des réserves de devises de l’État, sont dépensés pour soutenir le franc.

François Mitterrand refuse d'être associé à la politique des dernières semaines du gouvernement Raymond Barre (3). Il demande tout de même à Claude de Kémoularia de se mettre en contact avec les ambassades des pays exportateurs de pétrole afin de les convaincre qu'il ne faut pas retirer les pétrodollars de France[3].

Choix des ministres

Le Président annonce, le 11 mai 1981, à Pierre Bérégovoy qu'il ne sera pas ministre, mais secrétaire général de l'Élysée, à la grande déception de celui-ci. Il fait ensuite le choix de Pierre Mauroy comme Premier ministre[4].

Le 11 mai, Mitterrand reçoit son ancien compagnon de route Maurice Faure. Il lui explique que les Affaires étrangères sont toutes trouvées pour lui, mais qu'il ne parle pas anglais, et qu'en plus, comme c'est le Président qui gère la politique étrangère, cela pourrait créer des tensions entre eux. Faure écarte l'Agriculture, qu'il qualifie de "source formidable d'emmerdements", ainsi que l'Intérieur et l’Éducation nationale. Il choisit donc d'être garde des Sceaux[5].

Le 18 mai, Mitterrand reçoit Claude Cheysson, à qui il propose les Affaires étrangères. Il lui demande la permission de renommer son ministère en "Relations extérieures", comme Talleyrand l'avait fait. Jacques Delors est reçu à son tour, rêvant d'être Secrétaire général de l’Élysée, mais on lui propose les Finances, qu'il accepte. Laurent Fabius aurait également souhaité être Secrétaire général (et même, avant les législatives de 1978, Secrétaire général du Gouvernement si la gauche l'avait emporté), mais obtient le Budget, étant ainsi ministre délégué rattaché à Delors.

Mitterrand propose la présidence de l'Assemblée nationale à Gaston Defferre, qui n'est pas du tout tenté ; Maurice Faure ne souhaite absolument pas être au gouvernement, mais il est nommé à la Justice. Michel Rocard souhaite obtenir l’Éducation nationale, et obtient le Plan. Alain Savary, qui voulait le Plan, obtient l’Éducation nationale.

Mauroy ne choisit qu'un seul membre du gouvernement, Jean Le Garrec, secrétaire d'État auprès du Premier ministre.

Les autres ministres, dont Jack Lang, apprennent leur nomination à la radio[4].

Féminisation du gouvernement

Le gouvernement compte six femmes ministres : Nicole Questiaux, Édith Cresson, Yvette Roudy, Edwige Avice, Catherine Lalumière et Georgina Dufoix. Nicole Questiaux est la première femme nommée ministre d’État[3].

Coalition

Le gouvernement est composé de 39 socialistes et de 3 radicaux de gauche. Le seul transfuge d'un gouvernement précédent est, si on exclue Gaston Defferre et Maurice Faure qui ont été ministre sous la IVe République, Michel Jobert, qui a conduit la politique étrangère sous Georges Pompidou.

Composition initiale

Pierre Mauroy est nommé Premier ministre par un décret du [6] et les membres du Gouvernement par un décret en date du [7],[8].

Premier ministre

ImageFonctionNomParti
Premier ministre Pierre MauroyPS

Ministres d'Etat

ImageFonctionNomParti
Ministre d'État, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation Gaston DefferrePS
Ministre d'État, ministre de la Solidarité nationale Nicole QuestiauxPS
Ministre d'État, ministre du Commerce extérieur Michel JobertMDD
Ministre d'État, ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire Michel RocardPS
Ministre d'État, ministre de la Recherche et de la Technologie Jean-Pierre ChevènementPS

Ministres

ImageFonctionNomParti
Garde des Sceaux, ministre de la Justice Maurice FaureMRG
Ministre des Relations extérieures Claude CheyssonPS
Ministre de la Défense Charles HernuPS
Ministre de l'Économie et des Finances Jacques DelorsPS
Ministre de l'Éducation nationale Alain SavaryPS
Ministre de l'Agriculture Édith CressonPS
Ministre de l'Industrie Pierre JoxePS
Ministre du Commerce et de l'Artisanat André DelelisPS
Ministre du Travail Jean AurouxPS
Ministre de l'Équipement et des Transports Louis MermazPS
Ministre de la Santé Edmond HervéPS
Ministre du Temps libre André HenryPS
Ministre de la Culture Jack LangPS
Ministre de la Communication Georges FillioudPS
Ministre du Logement Roger QuilliotPS
Ministre de l'Environnement Michel CrépeauMRG
Ministre de la Mer Louis Le PensecPS
Ministre des P.T.T. Louis MexandeauPS
Ministre des Anciens combattants Jean LaurainPS

Ministres délégués

ImageFonctionMinistre de rattachementNomParti
Ministre délégué, ministre des Droits de la femmePremier ministreYvette RoudyPS
Ministre délégué chargé des Relations avec le ParlementPremier ministreAndré LabarrèrePS
Ministre délégué chargé des Affaires européennesMinistre des Relations extérieuresAndré ChandernagorPS
Ministre délégué chargé de la Coopération et du Développement[9]Ministre des Relations extérieuresJean-Pierre CotPS
Ministre délégué chargé du BudgetMinistre de l'Économie et des FinancesLaurent FabiusPS
Ministre délégué chargé de la Jeunesse et des SportsMinistre du Temps libreEdwige AvicePS

Secrétaires d'État

ImageFonctionMinistre de rattachementNomParti
Secrétaire d'ÉtatPremier ministreJean Le GarrecPS
Secrétaire d'État chargée de la Fonction publique et des Réformes administrativesPremier ministreCatherine LalumièrePS
Secrétaire d'État chargé des RapatriésPremier ministreRaymond CourrièrePS
Secrétaire d'État chargé des Départements et territoires d'outre-merMinistre d'État, ministre de l'Intérieur et de la DécentralisationHenri EmmanuelliPS
Secrétaire d'État chargé de la Sécurité socialeMinistre d'État, ministre de la Solidarité nationaleFrançois AutainPS
Secrétaire d'État chargé des Personnes âgéesMinistre d'État, ministre de la Solidarité nationaleJoseph FranceschiPS
Secrétaire d'État chargée de la FamilleMinistre d'État, ministre de la Solidarité nationaleGeorgina DufoixPS
Secrétaire d'État chargé de la Formation professionnelleMinistre de l'Éducation nationaleMarcel DebargePS
Secrétaire d'ÉtatMinistre de l'AgricultureAndré CellardPS
Secrétaire d'État chargé de l'ÉnergieMinistre de l'IndustrieGeorges LemoinePS
Secrétaire d'État chargé du TourismeMinistre du Temps libreFrançois AbadieMRG
Secrétaire d'ÉtatMinistre de l'EnvironnementAlain BombardPS

Actions

Politique budgétaire

Le deuxième Conseil des ministres, du 3 juin 1981, décide la hausse du SMIC de 10%, une augmentation de 25% des allocations familiales, ainsi que des allocations logement et du minimum vieillesse. Le programme de relance économique porté par Jacques Delors est celui qui avait été mis en place durant la campagne : un peu moins de 3% du budget, soit 30 milliards de francs, est mobilisé, soit une somme égale à 50% de la relance de Jacques Chirac en 1976[4].

Selon les modèles disponibles alors, cette relance devrait conduire une faible amélioration de la croissance en 1981, une croissance plus élevée en 1982, à une reprise faible de l'investissement des entreprises mais assez forte de la consommation des ménages, à une stabilisation de l'inflation et du chômage. Elle devrait cependant conduire à une aggravation du déficit extérieur en 1981, qui deviendra élevée en 1982, et à un déficit important du budget et de la Sécurité sociale en 1982 (4% du PIB contre 2% début 1981). Cette relance nécessite donc la mise en place ultérieure d'un autre plan pour contrecarrer ces effets négatifs. La présidence pense mettre en place un plan de relance de l'investissement public et privé, réduire la durée du travail, inciter à la reconquête du marché intérieur, et réformer la fiscalité et la Sécurité sociale.

Le 17 juin, le Président décide de quelques grands projets, parmi lesquels un programme d'investissement des onze grandes entreprises nationalisables, modernisation des gares et du réseau RATP, modernisation du réseau autoroutier, TGV Paris-Brest et Paris-Marseille, canal Rhin-Rhône, éradication des bidonvilles et de l'habitat insalubre, développement du programme de bioénergies et d'économie d'énergie[4].

Politique industrielle et de l'emploi

Le 17 juin, est adopté en Conseil des ministres un plan « Avenir Jeunes » ainsi qu'un programme d'aide à l'investissement qui passe par une exonération des cotisations sociales patronales à hauteur de 50% pour chaque jeune de 26 ans embauché, ainsi qu'une prime à l'embauche pour les entreprises artisanales. Des contrats emploi/formation sont également mis en place.

Finances publiques

Le déficit s'accroît du fait de l'appréciation du dollar d'un tiers, ce qui augmente d'autant la facture pétrolière. Cela continuera sous les gouvernements suivants.

La relance décidée lors de ce premier gouvernement, et qui sera poursuivie, est prévue de conduire à un déficit important du budget et de la Sécurité sociale en 1982 (4% du PIB contre 2% début 1981).

Analyse de la popularité

Le gouvernement Mauroy 1 bénéficie de l'état de grâce adossé à la récente victoire du Président Mitterrand. Mettant en œuvre le programme des 110 Propositions, il jouit d'une popularité certaine.

Démission

La démission de ce gouvernement est publiée au JO du , à la suite des élections législatives de 1981. Pierre Mauroy est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre et forme le gouvernement Pierre Mauroy 2.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Lien externe

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