Institut Pasteur

institution dédiée à l’étude de la biologie, des microorganismes, des maladies et des vaccins

L'Institut Pasteur est une fondation française privée à but non lucratif, sise à Paris, qui se consacre à l'étude de la biologie, des micro-organismes, des maladies et des vaccins.

Institut Pasteur
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
FondationVoir et modifier les données sur Wikidata
Domaine d'activité
Siège
Pays
Coordonnées
Organisation
Fondateur
Président
Directrice
Site web
Identifiants
SIREN
Carte
Médaille gravée par Oscar Roty pour financer la construction de l'Institut Pasteur.

Créé en 1888 grâce à une souscription publique internationale, il est ainsi nommé d'après Louis Pasteur[1], son fondateur et premier directeur qui, en 1885, a mis au point le premier vaccin contre la rage.

Depuis plus d’un siècle, l’Institut Pasteur est à la pointe de la lutte contre les maladies infectieuses. Cette organisation internationale de recherche a été la première à isoler en 1983 le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), virus qui provoque le syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA). Au fil des années, il a été à l'origine de découvertes révolutionnaires qui ont permis à la médecine de contrôler des maladies virulentes, telles que la diphtérie, le tétanos, la tuberculose, la poliomyélite, la grippe, la fièvre jaune, la peste épidémique, l'hépatite B, le SIDA. Depuis 1908, dix scientifiques de l’institut ont été récompensés par un prix Nobel de physiologie ou médecine.

Depuis le , l’Institut Pasteur est un « organisme de recherche partenaire » d’Université Paris-Cité[2].

Histoire

Fondation

En 1886, les premiers dons en vue de la création d'un Institut antirabique sont reçus en et la souscription pour la fondation d'un Institut vaccinal contre la rage est lancée le . Le suivant, un gala se tient au Trocadéro en faveur de l'Institut Pasteur[3].

Créé par un décret du , l'institut est inauguré le par le président Sadi Carnot.

Fondateur

L’Institut Pasteur est fondé par Louis Pasteur, scientifique français que ses premières expériences sur la fermentation, réalisées à Lille pour les industries de la bière, ont mené à des recherches fondamentales en bactériologie. En effet, au moment où il fonde son institut, Louis Pasteur a déjà découvert le principe de la stérilisation, connu sous le nom de pasteurisation et qui régit aujourd'hui la pratique universelle de l’antisepsie. D’autre part, il a déjà développé des techniques de vaccination contre les infections bactériennes et il est connu pour avoir mis au point un vaccin efficace contre la rage.

Louis Pasteur lui destine alors trois objectifs : « [Il] sera à la fois un dispensaire pour le traitement de la rage, un centre de recherche pour les maladies infectieuses et un centre d'enseignement pour les études qui relèvent de la microbie [4]. »

Pasteur s’intéresse tout autant à la recherche fondamentale qu’à ses applications pratiques, et les cinq premiers départements de son institut sont dirigés par des savants de formation très diverse. Un normalien, Émile Duclaux, est chargé de la recherche en microbiologie, un autre, Charles Chamberland, de la recherche sur les micro-organismes appliquée à l’hygiène. Un biologiste, Ilya Ilitch Metchnikov, s’occupe de la recherche en morphologie des micro-organismes et deux médecins, Jacques-Joseph Grancher et Émile Roux, de la recherche en technique microbienne. Un an après l'inauguration de l’institut, Roux inaugure le premier cours de microbiologie jamais dispensé, alors intitulé cours de microbie technique.

Après Pasteur

Durant l'Occupation, la direction de l'Institut Pasteur couvre l'activité résistante d'environ 10 % de ses chercheurs[5], mais échoue à empêcher l'arrestation en ses murs du pastorien Eugène Wollman qui sera, ainsi que son épouse, Elisabeth Wollman, déporté et assassiné à Auschwitz[6].

Histoire associée à de nombreuses découvertes

Les successeurs de Pasteur maintiennent la tradition, comme le montre cette chronologie de quelques réalisations de l'institut :

Une erreur importante de l'institut va être d’ignorer, en 1897, le mémoire d'Ernest Duchesne sur l'utilisation de Penicillium glaucum pour soigner les infections. L'exploitation précoce de cette découverte aurait pu sauver des millions de vies.

L'institut ouvre une nouvelle ère de médecine préventive avec le développement de vaccins contre la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la fièvre jaune, la poliomyélite et l’hépatite B. Pour ce qui est de la médecine curative, c'est en 1911 qu'elle prend son essor à l'institut, année où Ernest Fourneau crée le laboratoire de chimie thérapeutique, qu'il dirige jusqu'en 1944, et d'où sortent de très nombreux médicaments, parmi lesquels on peut citer le Stovarsol, premier arsenical thérapeutique pentavalent, le Prosympal, premier adrénolytique alpha de synthèse, le Pipéroxane, premier antihistaminique, le Dacorène, premier médicament actif sur le rythme cardiaque, le Dilvasène, premier médicament de synthèse à effet muscarinique commercialement exploitable, ou le Flaxédil, premier curarisant de synthèse. La découverte des propriétés thérapeutiques du sulfamide, par J. et Th. Tréfouël, F. Nitti et D. Bovet, dans le laboratoire de Fourneau, ouvre la voie de la sulfamidothérapie.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les chercheurs de Pasteur se sont essentiellement concentrés sur la biologie moléculaire. Leurs réussites ont été reconnues en 1965, lorsque le prix Nobel a été attribué collectivement à François Jacob, Jacques Monod et André Lwoff pour leurs travaux sur la régulation des virus. En 1985, le premier vaccin humain obtenu par génie génétique à partir de cellules animales, le vaccin contre l’hépatite B, est développé par Pierre Tiollais et ses collaborateurs.

Organisation à travers les temps

L'Institut Pasteur connaît une situation financière délicate dans les années 1960 qui le pousse à demander des subventions de l’État français en 1965. Le déficit, issu d'une situation délicate déjà signalée en 1934 par Alfred Lacroix, est alors en 1961 de dix millions de francs[10].

Cet appui lui est accordé à la condition que les activités de production et de commercialisation soient clairement distinctes de la recherche. Après un premier accord avec le laboratoire Roger Bellon, l'institut finit par créer sa propre entreprise en 1972, Institut Pasteur Production (IPP), désormais Sanofi Pasteur. En 1974, Sanofi entre à hauteur de 35 % dans le capital d'IPP, cette participation devient majoritaire en 1980.

En , les deux secteurs de production sont séparés entre Pasteur-Sanofi diagnostics à qui revient la production des produits de diagnostic (réactifs biologiques) et Pasteur-Mérieux, pour la production de vaccins et de sérums. L'institut Mérieux devient, lui aussi, majoritaire (51 %) dans son association avec l'Institut Pasteur[9].

L’Institut Pasteur aujourd’hui

Institut Pasteur de Lille.
Institut Pasteur de Tunis, vers 1900
Bâtiment MONOD, Institut Pasteur de Madagascar.
Institut Pasteur de Montevideo, Uruguay.
Entrée de l'Institut Pasteur d'Hô Chi Minh-Ville, Vietnam.
Dessin de l'Institut Pasteur d'Australie, Rodd Island, Sydney, vers 1890.

L'Institut Pasteur de Paris est composé de 144 unités de recherche, 24 plateformes technologiques et de près de 2 930 personnes. On dénombre 500 scientifiques permanents, et 600 de passage chaque année, originaires de 70 pays différents. Il dispose aussi de centres à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Cayenne (Guyane) et Nouméa (Nouvelle-Calédonie).

L'institut est aussi au centre d'un réseau mondial de 31 instituts (23 000 salariés) qui se consacrent notamment aux problèmes médicaux dans les pays en voie de développement ; il comprend aussi un centre d'étude diplômant et une unité de ciblage épidémiologique.

Le Réseau international des instituts Pasteur (RIIP) est présent dans les villes et pays suivants :

Centres de recherche

L’Institut Pasteur de Paris possède douze départements de recherche[11] :

  1. Biologie cellulaire et infection ;
  2. Biologie computationnelle ;
  3. Biologie du développement et cellules souches ;
  4. Biologie structurale et chimie ;
  5. Génomes et génétique ;
  6. Immunologie ;
  7. Santé globale ;
  8. Microbiologie ;
  9. Mycologie ;
  10. Neurosciences ;
  11. Parasites et insectes vecteurs ;
  12. Virologie.

En plus de l’isolement des virus VIH-1 et VIH-2 dans un passé récent, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont développé un test pour la détection précoce du cancer du côlon, un vaccin contre l’hépatite B grâce au génie génétique et un test de diagnostic rapide pour la détection de la bactérie Helicobacter pylori qui est impliquée dans la formation des ulcères de l’estomac. D’autres recherches en cours concernent l’étude du cancer et plus particulièrement la détermination du rôle des oncogènes, l’identification des marqueurs tumoraux pour des tests de diagnostic et le développement de nouveaux traitements. Un domaine d’intérêt particulier est l’étude des virus des papillomes humains (VPH) et leur rôle dans les cancers génitaux. Les chercheurs sont actuellement concentrés sur le développement de différents vaccins contre de nombreuses maladies, incluant le SIDA, la malaria, la dengue et la bactérie Shigella.

Actuellement, un vaste champ de recherche vise à déterminer les séquences complètes du génome de plusieurs organismes d’importance médicale, dans l’espoir de trouver de nouvelles approches thérapeutiques. L’institut a ainsi contribué aux projets de séquençage génétique de la levure commune (Saccharomyces cerevisiae, un organisme qui fut si important dans l’histoire de Pasteur), terminé en 1996, de Bacillus subtilis terminé en 1997 et de Mycobacterium tuberculosis terminé en 1998.

Centre d’enseignement

Depuis sa fondation, l’Institut Pasteur a réuni des scientifiques de nombreuses disciplines différentes pour des études supérieures. Aujourd’hui, approximativement 300 étudiants diplômés et 500 stagiaires postdoctoraux de 40 pays différents participent à des programmes d’études supérieures à l’institut. Il y a des pharmaciens et des vétérinaires, aussi bien que des médecins, des chimistes et d’autres scientifiques.

Centres de référence

Des échantillons de bactéries et de virus en provenance de nombreux pays sont envoyés aux centres de référence de l’institut pour être identifiés. L'Institut Pasteur de Paris héberge 14 centres nationaux de référence (CNR) sur des maladies ou pathogènes particuliers (grippe, rage, Listeria, etc.) ainsi que sept centres collaborateurs de l'OMS (CCOMS) et de l'OIE (CCOIE).

En plus de servir de centre épidémiologique, l’institut a une action de conseil auprès du gouvernement français et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des Nations unies. Les scientifiques de l’institut aident aussi à surveiller les épidémies et à contrôler les éruptions de maladies infectieuses dans le monde entier. Ces activités ont créé une collaboration rapprochée entre l’institut et les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis.

Vaccins et produits d’aide au diagnostic

La production et la vente de tests de diagnostic développés dans les laboratoires de l’institut étaient sous la responsabilité de Sanofi Diagnostics Pasteur, tandis que la production et vente des vaccins étaient sous la responsabilité de Pasteur Mérieux, Sérums et Vaccins. Ces deux entreprises sont, depuis 2004, regroupées sous le nom de Sanofi Pasteur (filiale de la firme pharmaceutique française Sanofi) qui gère donc l'ensemble de ces activités.

Structure et ressources

Direction de l'institut

En tant qu’organisation privée à but non lucratif, l'institut est dirigé par un conseil d'administration présidé par Christian Vigouroux depuis 2013[12]. La directrice générale est Yasmine Belkaid[13] depuis le .

Directeurs

PériodeNomNotes
1887 - 1895Louis PasteurMort en fonction.
1895 - 1904Émile DuclauxMort en fonction.
1904 - 1933Émile RouxMort en fonction.
1934 - 1940Louis Martin
mai-Gaston RamonDémissionnaire, directeur honoraire en 1941.
1940 - 1964Jacques TréfouëlDirecteur honoraire en .
1964 - 1965Charles Gernez-RieuxDémissionnaire.
janvier - Hubert MarneffeIntérim.
1966 - 1971Pierre Mercier
1971 - 1976Jacques Monod[14]Mort en fonction.
1976 - 1982François Gros
1982 - 1987Raymond Dedonder
1988 - 1999Maxime Schwartz
2000 - 2005Philippe KourilskyDémissionnaire le .
01/10/2005 - 30/09/2013Alice Dautryréélue en 2009
01/10/2013 - 30/09/2017Christian Bréchot
01/01/2018 - 01/01/2024Stewart Cole
01/01/2024 -Yasmine Belkaid[15]

Sous-directeurs

PériodeNom
1887 - 1895Émile Duclaux
1895 - 1904Émile Roux et Charles Chamberland
1917 - 1934Louis Martin
1919 - 1933Albert Calmette
1934 - 1940Gaston Ramon
1940 - 1945Noël Bernard
1945 - 1958René Dujarric de la Rivière
1959 - 1971Hubert Marneffe
1966 - 1985Élie Wollman
1966 - 1981Bernard Virat
1971 - 1974Robert Néel
1985 - 1987Maxime Schwartz

Ressources

Financé par de nombreuses sources, l’institut assure son autonomie et garantit l’indépendance de ses scientifiques. Les fonds de l’institut viennent, entre autres, des subventions du gouvernement français, des honoraires de consultation, des droits de licence, des revenus de différents contrats, de dons privés et de financements de projets scientifiques français (ANR...), européens (EU) et internationaux.

Pour promouvoir son action auprès du public et lui permettre de faire appel au don en confiance, la section française de l’organisation, en tant qu’association, adhère au Don en confiance[16].

Chaque année au mois d’octobre, l’Institut Pasteur organise le Pasteurdon, événement solidaire faisant appel à la générosité publique pour participer au financement des travaux de recherche de l’institut.

Du 20 au a eu lieu le Z Event 2019 qui a permis de récolter 3 510 682 euros directement versés à l'Institut Pasteur[17].

Dysfonctionnements

En 2014, l’Institut Pasteur « égare » 2 349 échantillons de SRAS au cours d'un inventaire réglementaire[18].

Le , une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Paris à la suite d'un signalement de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) au titre de l'article 40 du code de procédure pénale. L'agence reproche à l'Institut Pasteur de ne pas lui avoir signalé, comme le prévoit la loi, un incident portant sur des échantillons de virus MERS-CoV[19]. L'enquête judiciaire pointe les « conditions dans lesquelles de dangereux virus ont pu arriver en son sein en , de Corée du Sud, sans que les autorités sanitaires soient au courant »[20]. La direction de l'Institut avait pris la décision de détruire les échantillons du virus sans en informer au préalable l'autorité sanitaire ni déclarer l'incident sous les 48 heures, comme le veut la loi.

En 2017, dans le cadre d'une enquête administrative lancée l'année précédente, la direction est mise en cause par l'Inspection générale des affaires sociales qui achoppe sur certains aspects de la gestion de l'Institut[21].

Notes et références

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Sandra Legout, « La famille pasteurienne en observation : histoire et mémoire », Histoire, économie et société, vol. 20, 2001, p. 339-354, consultable sur le site Persée.
  • Maxime Schwartz et Annick Perrot, Le génie de Pasteur au secours des Poilus, Odile Jacob, Paris, 2016 (sur l'action de l'Institut Pasteur pendant la Première Guerre mondiale).

Articles connexes

Liens externes

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