Jean Courtecuisse

évêque et théologien français du Moyen Âge

Jean Courtecuisse (en latin : Johannes Breviscoxe, Johannes de Brevi Coxa ou Johannes de Curtacoxa), né vers 1350 dans le diocèse du Mans et mort le à Genève, est un prélat et théologien français, brièvement évêque de Paris puis évêque de Genève à la fin de sa vie.

Jean Courtecuisse
Biographie
Naissancevers 1350
Diocèse du Mans
Décès
Genève
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Genève
évêque de Paris
Autres fonctions
Fonction religieuse
Prédicateur
Fonction laïque
Chancelier de l'Université de Paris, diplomate

Biographie

Jean de Courtecuisse est né dans le diocèse du Mans, à Haleine d'après Jean de Launoy qui a publié en 1677 une histoire du Collège de Navarre[1].

Il a fait ses études à Paris au collège de Navarre, où il est licencié ès arts en 1373, puis à la faculté de théologie de l'Université de Paris ; il est reçu docteur en théologie en 1389 et enseigne la théologie à l'université de Paris. Il est aumônier du roi Charles VI et conseiller au Grand Conseil à partir de 1408 ; de 1416 à 1421, il est doyen de la faculté de théologie et il fait fonction de chancelier de l'Université de Paris en l'absence de Jean de Gerson de 1419 à 1421[1].

Il est chargé par l'université et par le roi de plusieurs missions, qui concernent particulièrement la question du Grand Schisme d'Occident et les tentatives pour le régler. Il assiste au concile de Pise du 25 mars au 7 août 1409 ; il est envoyé en ambassade par Charles VI à plusieurs reprises à ce sujet à Avignon en 1397 et à Marseille en 1406 auprès de l'antipape Benoît XIII, auprès du duc de Bourgogne Jean sans Peur en 1408[2]. Il participe à trois ambassades importantes :

  • en 1395, il se rend en Angleterre avec le patriarche latin d'Alexandrie Simon de Cramaud, Pierre Le Roy, abbé du Mont-Saint-Michel, et l'amiral de France Jean de Vienne pour présenter au roi Richard II et aux membres de l’Université d’Oxford la position du royaume de France : pour mettre fin au schisme, les deux papes concurrents devraient se démettre ;
  • il fait partie en avril-mai 1400, avec Simon de Cramaud et le chambellan du roi Guillaume de Tignonville, de l'ambassade envoyée par Charles VI auprès des princes du Saint Empire, en Flandre, à Cologne et à Francfort (où ils assistent à la diète impériale), pour tenter de les rallier à la cause de Benoît XIII ;
  • de mars à juillet 1407, il fait partie des 36 ambassadeurs envoyés à Rome par le roi auprès des deux papes rivaux, Benoît XIII et Grégoire XII, sous la direction de Simon de Cramaud[3].

Chanoine prébendé de Poitiers de 1391 à 1403, puis du Mans de 1398 à 1403, enfin de Notre-Dame de Paris en 1409, Jean de Courtecuisse est élu en décembre 1420 par le chapitre de Notre-Dame évêque de Paris, contre le candidat du parti des Bourguignons et du roi d'Angleterre Henri V, alors maîtres de la ville. Malgré cette élection et la confirmation obtenue du pape en juin 1421, il ne peut prendre possession de son siège ; il se réfugie à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui était hors les murs[1].

Le , Jean de Courtecuisse est transféré par le pape à la tête de l'évêché de Genève ; il s'y rend le 22 octobre et prend possession de son évêché ; il meurt quelques mois après son arrivée le  ; il est enterré dans la grande nef de la cathédrale de Genève devant le maître-autel. Il légue une partie de ses biens ainsi que sa bibliothèque au chapitre de Notre-Dame de Paris[1],[4].

Œuvre

Prédicateur de renom[N 1], Jean de Courtecuisse a composé plusieurs oeuvres :

  • des sermons en latin, dont trois pour la fête de saint Louis (Domine mi rex, Considerate lilia agri, et Multi prophete) prononcés au collège de Navarre devant l’Université de Paris[6] ; dans un autre intitulé Testamentum suum prononcé le devant Louis II d'Anjou dans la cathédrale du Mans, il oppose la paix spirituelle offerte par le Christ aux trois manières de paix du monde[7] ;
  • onze sermons en français[8],[9],[10].

Ces sermons sont conservés dans le manuscrit Latin 3546, en partie autographe, de la Bibliothèque nationale de France[11] et dans le Ms. 2674 de la Bibliothèque de l'Arsenal[12] à Paris[9].

  • plusieurs opuscules théologiques,
  • un traité Tractatus de fide et Ecclesia, Romano pontifice et concilii generali (Traité de la foi et de l'Église, adressé au pape et au concile)[13].

En 1403, il traduit en français et commente un texte moral, Formula vitæ honestæ, attribué à l'époque à Sénèque mais dont l'auteur est Martin de Braga[14] : cette traduction, dédiée au duc Jean de Berry, est conservée dans une vingtaine de manuscrits sous le titre Le livre Senecque des quatre vertus[2],[15],[N 2] ; elle est imprimée à Paris en 1491 par Antoine Vérard[17].

Notes et références

Notes

Références

Pour aller plus loin

Bibliographie

  • Alfred Coville, « Recherches sur Jean Courtecuisse et ses œuvres oratoires », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 65,‎ , p. 469-529 (lire en ligne ).
  • Henri Omont, « Inventaire des livres de Jean Courtecuisse, évêque de Paris et de Genève (27 octobre 1423) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 80,‎ , p. 109-120 (lire en ligne ).
  • Henri Baud (éditeur scientifique), Le Diocèse de Genève-Annecy, Paris, Editions Beauchesne, coll. « Histoire des diocèses de France », , 331 p. (ISBN 2-7010-1112-4, lire en ligne).
  • (de) Heike Mierau, « Johannes de Brevi Coxa », dans Friedrich Wilhelm Bautz (dir.), Biographisch-bibliographisches Kirchen-Lexikon, Nordhausen, Traugott Bautz, , tome 3, col. 290-291.
  • Sylvie Lefèvre, « Jean Courtecuisse », dans Robert Bossuat, Louis Pichard, Guy Raynaud de Lage, Geneviève Hasenohr, Michel Zink (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Moyen Âge, Paris, Fayard, , p. 764-765.
  • « Jean Breviscoxa », dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, Brepols, 1995-1997, vol. 26, col. 1340.
  • Barbara Falleiros, « Traduire la vertu, réprouver les mœurs : les traductions de la Formula vitae honestae par Jean Courtecuisse et par Christine de Pizan », dans Anna Loba, Ton nom sera reluisant aprés toy par longue memoire. Études sur Christine de Pizan, Poznań, Wydawnictwo Naukowe UAM, coll. « Seria Filologia romańska » (no 61), 2017-passage=227-237 (ISBN 9788323231738).

Articles connexes

Liens externes

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