Liste des comtes de Lyon et de Forez

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La mention d'un « comitatus Lugdunensis » apparaît dans les sources en 943[1] et 958[2] et concerne des terres situées en Jarez et en Roannais.

Les premières mentions du « comitatus forensis » apparaissent dans les sources en 966[3] et 981[4] et concernent des localités (Arthun, Pouilly-lès-Feurs) qui formèrent par la suite le cœur du Forez comtal. Le « comitatus Rodanensis » est mentionné en 952[5] (sans mention du « pagus lugdunensis » pour Saint-Jean de Panissières en Forez), en 992[6] (acte daté du règne d'Hugues Capet) et en l'an mille[7].

Vers l'an mil, la dévolution du titre comtal apparaît initialement attachée à Thiberge de Forez, parente de l'héritier déchu du trône de Bourgogne-Provence Charles-Constantin de Vienne qui fut l'épouse du comte Artaud II puis de Pons de Gévaudan.

L'appellation de comte de Forez est employée pour la première fois à l'occasion de l'excommunication d'Artaud IV de Forez (1076) à la suite du conflit qui l'oppose à l'archevêque de Lyon[8] et sera reprise par la suite[9],[10].

La guerre entre le comte Guigues II et l'archevêque Héracle de Montboissier se solda par l'intervention du pape Alexandre III, l'annulation de la bulle d'or de Frédéric Barberousse, la permutation en 1173 (vente des possessions « lyonnaises » des comtes de Forez et rétrocession des possessions du chapitre de Lyon en Forez) et enfin à l'accession du fils du comte de Forez, Renaud II de Forez, au titre d'archevêque de Lyon en 1193.

À la suite de la permutation de 1173, Philippe-Auguste confirme à Guigues II le droit de garde sur les routes[11],[12] et emploie pour la première fois la double titulature « comte de Lyon et de Forez » (« Forensi & Lugdunensi Comiti »). Cette dernière appellation tardive sera reprise par les historiens pour désigner à la fois la lignée comtale patrilinéaire descendante du comte Artaud II de Forez et celle issue de la maison d'Albon qui lui succède au début du XIIe siècle.

À la suite de la permutation de 1173 et de l'accession au trône épiscopal de Renaud de Forez, le titre de comte « de Lyon » ne fut utilisé qu'à titre honorifique par les membres du chapitre de l’Église de Lyon.

Le titre de comte « de Forez » continuera à être porté, après le mariage d'Anne Dauphine, par les membres de la maison de Bourbon ainsi par certains membres de la famille royale de France après le rattachement du Forez à la couronne en 1531.

Premières mentions

Le titre de comte était à l'origine un titre non héréditaire attaché à la personnalité qui se voyait confier l'autorité sur le Lyonnais et le Viennois.

La première mention est celle d'Armentarius qui fut intitulé « comte et gouverneur judiciaire de Lyon » pendant l'épiscopat de Nizier de Lyon (552-573)[13],[14].

À la fin du VIIIe siècle, avec l'affirmation de l'autorité de Pépin le Bref, la principale menace pesant sur le Lyonnais venait de l'Ouest et des rebelles aquitains[15].

  • Le comte Australdus, mentionné par ailleurs dans le testament du patrice Abbon[16],[17], est cité à deux reprises lors de la rébellion contre Pépin du gascon Waifre. Il est présent aux côtés de Galeman, comte et général de Pépin, victorieux contre Mancion près de Narbonne[18]. Il marcha ensuite avec le comte Alard de Chalon contre le comte des Auvergnats Chilping en 764. Ce dernier préparait une expédition contre le Lyonnais et fut finalement défait sur les rives de la Loire en Forez ou Roannais, peut-être par Australdus qui aurait été gratifié du titre de comte à cette occasion[19],[20],[21].

Les comtes carolingiens

  • Bertmund[22],[23] (parent de Berthmond d'Auvergne?) comte et préfet de la province de Lyon est mentionné en 818 et en 828-829, cumulant les responsabilités civiles à Lyon et militaires en Bourgogne, il s'adjoint les services d'un vicomte[24]. Pour l'historien allemand Hubert Gerner, l'anthroponymie indiquerait que le préfet Bermond aurait été à l'origine de la lignée des Bermond/Guigue/Guichard/Artaud, vicomtes puis comtes de Lyon à la fin du Xe siècle[25], de laquelle serait issue Artaud Ier[22]. Sous les ordres de Louis le Pieux, Bertmund mate la rébellion de Bernard d'Italie en 817 en le privant « de la vue et de la vie »[26],[27].
Mariage de Girart de Roussillon dans un manuscrit du XVe siècle attribué au Maître du Girart de Roussillon.

En 843, avec le traité de Verdun, Vienne et Lyon intègrent la Francie médiane de Lothaire qui confie la région à Girart de Roussillon[28].

À la mort de Charles de Provence en 863, le comte Girard prit le parti de Lothaire II contre Charles le chauve et parvint à lui conserver l'ancien « duché ».

Le royaume de Lothaire II est divisé à sa mort entre ses oncles par le traité de Meerssen (870) qui attribue Vienne et Lyon à Charles II le Chauve. Girart de Roussillon se rebelle contre Charles le Chauve qui parvient à le chasser. Le souverain remet l'ancien duché à Boson de Provence dont il épouse la sœur Richilde.

Le roi Boson et saint Étienne, fragment des fresques de l'abbaye de Charlieu, XIIe siècle.

Le , Boson se fait proclamer roi de Bourgogne-Provence[32], à Mantaille, par une assemblée de métropolitains et d'évêques. Il est couronné par Aurélien, l'archevêque de Lyon, probablement dans cette même ville[33]. Il est renversé dès 880.

Guillaume le Pieux, d'après une lettrine enluminée (BNF, Ms. Lat. 17716, f°85.)

Entre 944 et 982, le gouvernement du Lyonnais semble relever d'une série très mal documentée de vicomtes de Lyon (peut-être les vicomtes de Mâcon) placés sous l'autorité du puissant marquis-comte Hugues le Noir, frère du roi Raoul de France et cousin du défunt roi de Provence/empereur Louis l'Aveugle[36].

Le titre comtal semble disparaître avec Hugues le Noir (mort en 952 sans descendance) : aucun comte n'apparaît dès lors, ni à Lyon, ni à Vienne, ni en Forez, le roi de Bourgogne Conrad laissant de toute évidence la charge comtale vacante afin de reprendre les droits et revenus. Ainsi la monnaie redevient royale après 950[37].

De même, aucun élément n'indique dans les sources que l'archevêque de Lyon se soit substitué à l'autorité civile hors de la ville de Lyon, l'aristocratie qui secondait les marquis-comtes y tenait alors les assemblées judiciaires. C'est de cette aristocratie qu'est issue la lignée des comtes de Lyon et de Forez[38].

Maison de Forez

À la suite de la réforme grégorienne, la famille comtale lyonnaise exerça l'autorité comtale depuis ses terres en Forez. Bien qu'anciennement représentante de l'autorité civile à Vienne et à Lyon, elle repris l'intitulation de comte de Forez (comes forensis) à partir de Guillaume le Vieux dans la décennie 1070.

Ascendants

Le préfet Bertmund mentionné en 818, puis en 828-829, aurait pu être à l'origine de la lignée des Bermond/Guigue/Guichard/Artaud, vicomtes de Lyon puis comtes à la fin du Xe siècle[39] de laquelle serait issue Artaud II[40].

Ont été signalés comme ascendants potentiels de cette lignée[41],[42] :

  • Artaud et son épouse Hildegarde (910/922-938), qui font donation à l'abbaye de Cluny de la chapelle Saint-Victor d'Ajoux[43]. Cette donation fut confirmée par le roi Raoul[44];
  • Son frère Géraud († vers 938), époux d'Ermengarde et père d'Artaud et Girard (père d'Artaud Ier ?), possessionné à Quincié-en-Beaujolais ou Quincieux[45];
  • En 944, Artaud et Géraud apparaissent dans l'assistance du marquis Hugues le Noir lors d'un plaid à Thoissey, arbitrant le désaccord entre Cluny et le vicomte Adémar[46].
  • Un « Artaud laïc » souscrit à la charte de fondation de l'abbaye de Ris en 978[47].
  • Une mention à la terra Artaldi à Saint-Georges-de-Reneins permet de localiser les possessions du groupe familiale des « Artaud » à proximité de celles de la famille du vicomte Guigues.
  • Enfin, le vicomte Artaud (Artaud Ier) est enregistré dans l'obituaire de l'église de Lyon le 9 des calendes d'avril pour avoir fait don à l’Église de Lyon de la villa de Lucenay avant 970.

C'est sur cette dernière mention que René Poupardin émit l'hypothèse que les comtes de Forez seraient issus des vicomtes de Lyon à la fin du principat d'Hugues le Noir et établit des liens de parenté avec les seigneurs de Beaujeu. Si ce point n'est pas directement attesté dans les sources, la parenté est très probable[48]: les premiers comtes semblant effectivement avoir été possessionnés aux confins du Beaujolais et du Mâconnais, dans l'ager de Ternand sur le cours de l'Azergues. Les membres de la famille d'Artaud II de Forez appartenaient à la haute aristocratie et avaient occupé des charges publiques avant lui.

Liste des comtes de la première maison de Forez

L'église Saint-Irénée à Lyon. Sépulture familiale des comtes de Forez.
Armoiries des comtes de Lyon et de Forez selon J.-M. de La Mure[49],[50],[51].

Entre 1096 et 1115, les sources lacunaires ne permettent pas dégager une chronologie des règnes de Guillaume le Jeune, Eustache et Guy de Guînes. La surprenante accession de ce dernier au titre de comte de Forez, associée au récit légendaire du meurtre de Guillaume le Jeune[63], pourraient indiquer une crise politique violente qui expliquerait le fait que Guigues Ier (de la Maison d'Albon) confia dès 1131 son fils au roi de France.

Maison d'Albon

Commentant la transaction de 1167 entre Guichard, archevêque de Lyon, et Guigues II, comte de Forez, Paradin indique que depuis le règne de l'empereur Lothaire les droits comtaux sur la ville de Lyon auraient appartenu à la maison d'Albon et que c'est celle-ci qui aurait donné naissance par la suite aux lignées des dauphins de Viennois, des dauphins d'Auvergne et à celle des comtes de Forez[64],[65]. Une filiation des dauphins remontant au préfet Delphin frère (?)[66] de l'évêque de Lyon Ennemond, telle qu'elle a pu être avancée par les historiens du XIXe siècle, reste hypothétique[67].

En 1173, Guigues II vendit finalement contre onze cents marcs d'argent ses possessions lyonnaises, entérinant ainsi la scission du Forez et du Lyonnais (Permutation de 1173). En 1193, c'est son fils Renaud de Forez qui devint archevêque de Lyon. Philippe-Auguste confirme à Guigues II le droit de garde sur les routes[11],[69], et il emploie pour la première fois le titre « comte de Lyon et de Forez » (« Forensi & Lugdunensi Comiti »).

Église de Lyon

Chapitre primatial de Lyon : de gueules à un griffon d'argent et un lion d'or, affrontés; l'écu entouré du collier des comtes de Lyon, timbré d'une couronne de comte, deux anges pour tenants.

À partir de l'épiscopat de Renaud de Forez, l'archevêque et son chapitre, qui forment l'Église de Lyon, apparaissent titulaires du titre de « comte de Lyon ».

En , juste avant d'annexer Lyon, Philippe le Bel confirme à l'archevêque et aux chanoines le titre qu'ils peuvent porter collectivement ainsi qu'à titre individuel : l'archevêque et le chapitre sont ensemble comte de Lyon et disposent ensemble du pouvoir comtal qu'ils se partagent mais chacun peut également, à titre personnel, porter le titre de comte de Lyon et jouir du statut qui y est attaché.

Le titre sera porté de manière usuelle et générale par les archevêques et les chanoines de Saint-Jean jusqu'à la Révolution française.

François-Joachim de Pierre de Bernis (1715-1794), titulaire du titre de comte de Lyon[74], qui devait sa carrière politique et diplomatique à Madame de Pompadour lui aurait répondu lorsqu'elle se vanta d'avoir contribué à sa promotion sociale : « un comte de Lyon ne peut pas être tiré de la boue »[75].

Maison de Bourbon

Maison de Savoie

Louise de Savoie, mère de François Ier, dernière comtesse de Forez
  • 1522-1531 : Louise de Savoie, cousine germaine de Suzanne de Bourbon. Elle conteste la succession à Charles III et obtient de son fils François Ier l'investiture pour les duchés de Bourbon et d'Auvergne, les comtés de Clermont, de Forez et de la Marche ainsi que la seigneurie de Beaujeu le .

1531 : Réunion du comté de Forez à la Couronne

Comte apanagiste

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes