Mégabus (véhicule)

autobus urbain bi-articulé

Le Mégabus est un autobus bi-articulé construit dans le cadre d’une collaboration entre deux constructeurs français : Renault Véhicules industriels (RVI) et Heuliez Bus. Le moteur est produit par le premier, de même que le châssis qui est inspiré de celui du PR 100, un autobus commercialisé par RVI, tandis que la carrosserie est produite par Heuliez Bus sur la base de celle utilisée pour le GX 107.

Renault/Heuliez Mégabus
Mégabus (véhicule)
Le Mégabus en essais à Genève en 1989.

Marque RVI et Heuliez Bus
Années de production1986 - 1989
Production11 exemplaire(s)
Usine(s) d’assemblageVénissieux et Rorthais
ClasseAutobus urbain
Moteur et transmission
ÉnergieDiesel
Moteur(s)RVI MIPR 06.20.45 A
Position du moteurvertical arrière
Cylindrée11 000 cm3
Puissance maximale302 ch (225,2 kW)
Boîte de vitessesZF 5 HP 590 automatique
Poids et performances
Poids à vide22 080 kg
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s)bi-articulé 4 portes
Châssisstructure autoportante en tube d’acier
Dimensions
Longueur24 382 mm
Largeur2 500 mm
Hauteur2 960 mm
Empattement18 450 mm
Porte-à-faux  AV/AR2 632 mm  / 3 300 mm
Voies  AV/AR2 077 mm  / 1 868 mm
Nombre de places206

Commercialisé entre 1986 et 1989, le Mégabus n’est pas remplacé dans la gamme Renault Véhicules industriels et reste de fait le plus long véhicule produit par le constructeur. 10 unités, prototype non compris, sont vendues pendant ces trois ans[1] à un unique client, la CGFTE, qui les exploite sur le réseau de transport en commun de Bordeaux. Ils sont retirés de la circulation en , lors de la mise en service du tramway.

Historique

Conception

L’origine du Mégabus

Un Renault PR 100 (ici à Chambéry), dont le Mégabus est dérivé.

En 1982, le constructeur Renault Véhicules Industriels signe un accord de coopération avec le carrossier Heuliez[2]. Un certain nombre de véhicules résultent de cet accord, dont le Mégabus, quelquefois appelés Tribus[3], qui est le plus impressionnant[4],[5],[6]. Un dérivé, inspiré de l’Heuliez GX 107, reste au stade de prototype : baptisé GX 237, il n’est jamais commercialisé et seule une maquette à l’échelle 1:1 est construite.

Le Mégabus est un autobus tricorps biarticulé conçu sur la base du Renault PR 100, dont la modularité et la conception permettent de nombreux dérivés. Conçu pour transporter jusqu’à 3 000 personnes par heure dans chaque sens sur les lignes les plus chargées des réseaux de grandes villes[7], il doit répondre à la demande générale de grands réseaux métropolitains[7], dont les autobus articulés standards deviennent insuffisants à la fin des années 1980, alors que le rétablissement du tramway n’est pas encore évoqué, et en particulier à une demande du réseau de Toulouse[4].

Le prototype

Le prototype du Mégabus en essais sur la ligne 8 du réseau de Grenoble (1987).
Un Mégabus au maximum de son angle de braquage.

Le prototype du Mégabus est présenté pour la première fois en à Rennes, à l’occasion d’un congrès du GART[8]. Légèrement plus court que la version définitive, il mesure 24,205 m de long pour 2,5 m de large et peut embarquer jusqu’à 206 personnes, dont 62 assises. Une dérogation spéciale du service des mines permet au Mégabus de circuler sur la voie publique (la longueur maximale d’un véhicule ou convoi sur la voie publique étant normalement fixée à 24 m) mais, en raison de sa très grande taille, il arbore des gyrophares et une pancarte rappelant qu’il s’agit d’un Véhicule de Grande Longueur[9]. Il commence ses essais en situation réelle sur les lignes 4, 7, 8 et F du réseau de Bordeaux, intéressé par ce véhicule, en [4],[7]. Il est par la suite testé sur de nombreux réseaux urbains français[3] : Dijon (ligne 12)[4], Orléans (hiver 1986)[10], Nancy, Toulon[1], Rouen[4], Rennes, Paris (ligne 183 en [4],[11]), Nice ([4]), Grenoble (ligne 8 en juin 1987 puis 22 en [4],[9]), Montpellier (ligne 1 en [12]), Chambéry (été 1989), Lyon (lignes 39, 40 et 78 entre et [5],[4]), Caen[4] et Tours[4]. Il effectue également des démonstrations à l’étranger, notamment sur la ligne 15 du réseau genevois en avril/[13] et à Amsterdam[4].

Seul un incident est relevé au cours de ses essais : alors qu’il est testé en situation réelle à Lyon, entre et [5], sur la navette reliant Charpennes au campus de La Doua (ligne 78), il reste bloqué en portefeuille à l’entrée de ce dernier[5]. D’importants moyens sont nécessaires pour le remorquer et les articulations sont en partie démontées pour le sortir de cette situation[5]. Renault Véhicules industriels décide alors de renforcer les rappels permettant au bus de se plier et un signal sonore est installé lorsque le véhicule atteint son angle de braquage maximal[5].

Les essais démontrent que le Mégabus se conduit à peu près comme un bus articulé standard et ne pose pas de problèmes particuliers dans la circulation[5],[13]. Toutefois, la faible puissance de son moteur est régulièrement soulignée[13],[14],[15].

Service

Un Mégabus stationné à proximité de la gare Saint-Jean, terminus de la ligne 7/8, en mars 1999.

Sur les 60 à 100 véhicules estimés par Renault Véhicules industriels lors de la conception du Mégabus[7], la commercialisation de ce véhicule est finalement limité à 10 exemplaires, achetés par la CGFTE pour le réseau de Bordeaux[1],[15]. Ce faible engouement est probablement lié au coût du véhicule, estimé à 2,7 millions de francs (soit près du double d’un articulé normal, vendu à 1,5 million de francs)[1], mais aussi à un regain d’intérêt pour le tramway : de nombreuses villes intéressées par le Mégabus se tournent finalement vers ce moyen de déplacement, dont Genève qui en construit un sur la ligne 15[16], alors que l’exploitation en Mégabus était étudiée à la fin des années 1980[13].

Les Mégabus bordelais sont livrés à la CGFTE en 1989 et prennent les numéros 8981 à 8990[6]. En 1990, lorsque le prototype cesse ses essais dans les villes européennes, il est mis à disposition de la CGFTE par RVI, qui en reste propriétaire, et reçoit le numéro 8991[4]. Ces véhicules sont affectés à la ligne 7-8 du réseau de Bordeaux, qui relie le Cours Saint-Louis à la Gare Saint-Jean (ligne 7), puis cette dernière au quartier du Bacalan (ligne 8)[4],[17].

Vers la fin des années 1990, le prototype est victime d’un accident et reçoit une face avant de PR 100.2, similaire à celle des autres véhicules Mégabus. Toutefois, la partie haute n’est pas endommagée et il conserve sa girouette à bandeau proéminente.

Le , le nouveau tramway de Bordeaux est inauguré[18],[15]. Les lignes B et C, mises en service respectivement en février et [18], remplacent la ligne 7/8 et entrainent de fait la réforme des Mégabus, qui sont stationnés dans un dépôt des TBC avant d’être mis à la ferraille, à l’exception de quatre qui sont sauvegardés par deux associations et deux particuliers. Toutefois, l’un d’eux sera détruit par la suite, ramenant à trois le nombre de véhicules préservés.

Résumé du Mégabus

GénérationsProductionDérivés de chezModèles similaires
Renault Véhicules IndustrielsHeuliez Bus
Renault Mégabus (1986 - 1989)11 exemplaires (prototype inclus)Renault PR 100 ; Renault PR 180Heuliez GX 107 ; Heuliez GX 187Heuliez GX 237

Les différentes versions

Le prototype du Mégabus en 1989.

Prototype

Le prototype du Mégabus est construit en 1985 à partir de deux bus préexistants : un Renault PR 180, qui compose la partie avant et la première remorque, et un Renault PR 100, qui forme la seconde remorque et comporte la motorisation de l’ensemble[4]. Au moment de sa présentation, l’élément central repose sur un seul essieu installé au milieu, et la porte est installée entre la première articulation et l’essieu. La configuration de cet élément est rapidement modifiée puisque, dès les premiers essais, la porte est déplacée vers le milieu et l’essieu reculé au niveau de la seconde articulation. La carrosserie du prototype reprend en grande partie les éléments des PR dont il est composé, avec des fenêtres aux angles arrondis, des portes partiellement occultées et aux fenêtres étroites et le pare-brise arrière inversé. La face avant est en revanche totalement différente du reste de la gamme : aucun renfoncement n’est présent, les glaces d’accostage situées de part et d’autre du pare-brise sont tronquées et ont les bords droits, les clignotants, petits et ronds, sont situés au-dessus des autres feux, dont les blocs optiques, petits et carrés, sont groupés par trois et mis au niveau du reste de la carrosserie. Toutefois, quelques éléments de la face avant sont hérités des premiers PR, dont le pare-brise et la girouette proéminente. Le prototype, en raison de son imposante taille, est également doté de gyrophares à l’avant de la première caisse et à l’arrière des deux remorques[9].

Un Mégabus de série à Bordeaux.

Série

Caractéristiques

Dimensions

Les deux remorques représentent près de la moitié de la longueur totale du Mégabus.
Prototype[4]Série[5]
Longueur24 205 mm24 382 mm
Largeur (sans rétroviseurs)2 500 mm2 500 mm
Hauteur2 960 mm2 960 mm
Empattement18 450 mm18 450 mm
Porte-à-fauxAV : 2 617 mm ; AR : 3 138 mmAV : 2 632 mm ; AR : 3 300 mm
Masse à vide22 080 kg22 080 kg
P.T.A.C.37 600 kg37 600 kg
Capacité :
assis + debout = maxi*
206 personnes (62+144)206 (62+144)
Portes44
Hauteur du plancher681 mm681 mm

Motorisations

La série du Mégabus n’a été dotée que d’une seule motorisation Diesel, similaire à celle installée sur le prototype :

  • le Renault MIPS 06.20.45 (Aucune norme) six cylindres en ligne avec turbocompresseur faisant 302 ch[4],[5],[6].

Il est équipé d’une boite de vitesses automatique ZF 5 HP 590 à 5 rapports[4],[5].

Diesel
ModèleConstructionMoteur + NomNorme EuroCylindréePerformanceCoupleVitesse maxiConsommation + CO2
Mégabus
(ZF 5 HP 590)
1986 - 19896 cylindres en ligne
Renault MIPS 06.20.45
Aucune norme9 840 cm3
(9.84 L)
225,2 kW (302 ch) à 2 100 tr/min1 185 N m à 1 100 tr/min... km/h... l/100 km
... g/km

Châssis et carrosserie

Un châssis de PR 100, sur lequel est basé le Mégabus.

Il est construit sur le châssis du Renault PR 100[4],[5],[6].

Commercialisation

La commercialisation du Mégabus est restée très limitée : alors qu’une étude de marché réalisée en avril 1984 auprès de 54 réseaux par le GART et l’UTP estime les besoins de Véhicule Routier à Grande Capacité (VRGC) à près 280 véhicules dans les 10 à 12 années à venir (1984-1996), dont environ 170 à court terme (entre 1987 et 1990), seul le réseau de Bordeaux commande 10 véhicules, ce qui reste bien loin des 50 Mégabus estimés à court terme pour ce seul réseau. Ils sont mis en service en 1989, puis rejoint par le prototype, qui est mis à disposition de la CGFTE par RVI en 1990. En 2004, avec la mise en service du tramway, l’ensemble des véhicules est réformé.

Ville et PaysPropriétaireAnnéesNumérosNotes et statut
Mise en serviceRéformeParcChâssisImmatriculation
Bordeaux
France
CGFTE19892004
8981VF6 PU06A1 000000022992 JS 33Détruit
8982VF6 PU06A1 000000032989 JS 33Détruit
8983VF6 PU06A1 000000042984 JS 33Détruit
8984VF6 PU06A1 000000052983 JS 33Détruit
8985VF6 PU06A1 000000062979 JS 33Détruit
8986VF6 PU06A1 000000072975 JS 33Sauvegardé
8987VF6 PU06A1 000000082972 JS 33Détruit
8988VF6 PU06A1 000000092970 JS 33Détruit
8989VF6 PU06A1 000000102967 JS 33Sauvegardé
8990VF6 PU06A1 000000112966 JS 33Détruit
Bordeaux
France
RVI1985 (1re présentation au public)
1990 (mise à disposition de la CGFTE)
8991VF6 ORIGIN 0898669X5315 MD 69Véhicule prototype. Sauvegardé

Préservation

Le Mégabus no 8989, conservé par l’AMTUIR de 2006 à 2013.

Sur les onze véhicules construits (prototype + 10 de série), trois ont été sauvegardés :

  • le no 8986, sauvegardé par l’association Autobus Passion ;
  • le no 8989, offert en par la CGFTE à l’AMTUIR[11],[19] à la place du no 8984, initialement pressenti pour être sauvegardé[20]. Il rejoint par ses propres moyens le musée de Colombes[20], où il est exposé jusqu’en . À cette date, l’association est priée de libérer les locaux qui lui sont mis à disposition dans les Hauts-de-Seine. Le Mégabus est transféré à Noyon, où il est entreposé dans un hangar avec une partie de la collection[21]. En 2013, l’AMTUIR décide de s’en séparer et le vend à un particulier collectionneur ;
  • le no 8991 (prototype), conservé par le particulier collectionneur qui rachète le no 8989 à l’AMTUIR.

Notes et références

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Jean-Pierre Garrabos, « Mégabus : un géant de la rue », Transport public, no 899,‎ , p. 28-31 (ISSN 0249-5643)
  • Hervé L'Host, Guy Trécolle et Richard Verger, Histoire des tramways, omnibus, trolleybus et autobus à Bordeaux, éditions du Cabri, , 277 p. (ISBN 2-908816-89-X), p. 266-267
  • Christophe Puvilland, Berliet : 1905-1978. Toute la gamme omnibus, autocars, autobus et trolleybus, Elkar, Histoire & Collections, , 240 p. (ISBN 978-2-35250-059-9), p. 193-194
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