Marabout (islam)

saint du soufisme, en Afrique du Nord et de l'ouest

Un marabout (arabe : مُرابِط, translittéré : murābiṭ, littéralement « celui qui est attaché / fortifié ») est un chef religieux musulman et un enseignant qui, historiquement, a la fonction d'aumônier au sein d'une armée islamique, notamment dans les zones d'influence malékite en Afrique du Nord et au Sahara, en Afrique de l'Ouest, et, historiquement, au Maghreb. Le marabout est souvent un érudit du Coran ou un enseignant religieux. D'autres peuvent être des hommes saints errants qui survivent grâce à l'aumône, des Murshids soufis (« guides ») ou des chefs de communautés religieuses.

Le terme « marabout » est également utilisé pour désigner les mausolées de ces chefs religieux (cf. maqam, mazar, en Palestine également wali/weli).

Il ne faut pas le confondre avec le marabout d'Afrique subsaharienne, qui est un responsable religieux vaudou ou yoruba, qui pratique la sorcellerie, la magie, ou d'autres pratiques ésotériques et qui ne relève pas de la pratique musulmane.

Origine du terme

Le substantif masculin[1],[2] ‹ marabout › est emprunté[1],[2], par l'intermédiaire[1] du portugais[1],[2] marabuto, à l'arabe[1],[2] murābiṭ[2] qui désignait, à l'origine l'homme vivant dans un ribat[2].

Fonctions

Au Maghreb

Marabout musulman et son chapelet (1890)

Dans le Maghreb, les marabouts sont le plus souvent musulmans, mais d'autres rejettent cette pratique la considérant comme non islamique. Les marabouts maghrébins basent leurs techniques sur une lecture ésotérique du Coran. L'attention est portée sur un système de numérologie assez similaire au système de la kabbale, la lecture de certains versets, aux bénédictions (al-Fatiha).

Le terme "marabout" ne désigne pas un sorcier comme cela peut-être le cas en Afrique noire car il ne pratique aucun rite sacrificiel ou animiste au nom d'une quelconque divinité ou esprit. Le terme arabe "marabout" en Afrique correspond en réalité à un saint soufi mystique rattaché (mûra-bet en arabe) à une silsila (chaîne de transmission de la maîtrise spirituelle appelée hekme) qui suit une voie (tariqa) ésotérique de l'islam (voir soufisme). C'est en réalité un maître spirituel qui mène une vie de dévotion, recluse et ascétique. Souvent la population locale arabo-berbère, d'origine paysanne ou montagnarde, lui attribue toutes sortes de "miracles" qui ont donné lieu à de nombreuses croyances populaires. Le saint est généralement enterré dans un sanctuaire appelé qubba en raison de son dôme. Le vert et le blanc, symbole de la paix et de la bénédiction en islam, sont les couleurs qui leur sont toujours associées. Le saint n'a pas de pouvoir politique en général, mais les soufis lui rendent visite (ziyarra) pour le consulter ou s'entretenir sur des problèmes d'ordre spirituel.

Marabouts et saints par pays

Les zaouïa sont des lieux de visites pieuses autour du personnage d'un saint musulman. Le terme de « pèlerinage » est en principe réservé hajj, le pèlerinage à La Mecque.

Marabout sénégalais (1890), probablement zénaga ?

Algérie

Alger

Sidi Bel Abbés

Mostaganem

  • Sidi Said son mausolée se trouve près du siège de la mairie de Mostaganem
  • Sidi Abdellah dans une hauteur qui surplombe le quartier El-Matmor.
  • Sidi Lakhdar Ben Khlouf. Situé dans la commune portant le même nom distante de 50 km du chef-lieu de la wilaya.
  • Sidi Maazouz El-Bahri (سيدي المعزوز) situé dans le quartier historique de Tijdit, dans un cimetière portant son nom.
    • Sidi Bensaber.
    • Sidi Othman.
  • Sidi Allel El-Ksouri considéré comme l'une des plus anciennes tombes de la ville, anciennement située le long de l'oued de Ain Safra.
  • Sidi Madjdoub.
  • Sidi Belkacem situé dans la commune de Mazagran.
  • Sidi Bendhiba El-Mdjahri.

La ville connue pour ses mille et une coupoles abrite aussi des mausolées (مقام) qui sont décrits dans le folklore local comme étant l'itinéraire de ces saintes personnes ou l'endroit où ils se sont reposés comme :

  • Sidi Abdelkader de El-SAFAH (الصفاح)
  • Sidi Abdelkder de Essebsadjia.
  • Sidi Blel situé dans le quartier de El-Arssa.
  • Sidi El-Mokhfi littéralement et traduit par «le discret» car sa tombe est inconnue.
  • Sidi Maamar quartier de Tijdit.

Kabylie

  • Sidi lhadj Mhemed, tadart n wadnan n At Boudrare
  • Sidi mohand Rezag ou Assous, akfadou, bejaia
  • Djeddi Belkacem Ouali, taddert Ath Izid Souk-letnyen, Maatkas Tizi-Ouzou
  • Lalla Fatma N'Soumer
  • Lalla Khlidja
  • Sidi Ali Moussa, taddert Sidi Ali Moussa Souk-letnyen, Maatkas Tizi-Ouzou
  • Sidi Ammar Ighil El Mal, At-zmenzer, Tizi-Ouzou
  • Sidi Touati, Béjaia
  • Sidi El Hadj Hassaïne
  • Sidi M'hamed Ouali à Bouzahrir Mekla
Sidi M'hamed Ouali à Bouzahrir Mekla
  • Sidi hand oussaid, ouzellaguen,
  • Sidi younes, ouzellaguen,
  • Sidi Omar Ou El Hadj, Bouzguène, Azazga,
  • Sidi Ahmed Ibn Idriss, Bouzguène,
  • Sidi Ali Ouyahya Bni Qoufi, Boghni
  • Sidi Bahloul Cheufa, Azazga,
  • Sidi Abdel Kader Al Oudhi Al Hammami, Bouira
  • Sidi Said Amsisen, Seddouk, Béjaia
  • Sidi Ahmad OuHaddad, Akfadou, Béjaia
  • Sidi Ahmad Ouyahyan Oumalou, Béjaia
  • Sidi Adli, Tamokra, Béjaia
  • Abi Kacem Al Husseyni Al Boudjeli, Akbou, Béjaia
  • Yemma Gouraya, sainte patronne de Béjaïa
  • Sidi Boudrahem
  • Sidi El Mouhoub
  • Sidi El Moufak
  • Sidi Mansour
  • Sidi Mohand Chrif
  • Sidi Mohand Oulahdir
  • Cheikh Ouboudaoud
  • Sidi Yahia El Aidli
  • Sidi Bahloul Ouassem
  • Sidi Lahlou
  • Sidi Abderahmen (L'Vahloul - Beni Ksila)
  • Sidi Abdelmalek Cheurfa Ouadhias
  • Sidi Ouelhadj Amghar, Ait Ouelhadj Ait Bouaddou Ouadhias.
  • Sidi M’hend G Heddad, saint patron de la région Amacine (Feraoun et Ibarbachen"Tayma N ath Ouhddad"[1]) et Sidi-Aich (Hammam Sillal)[2]
  • Yemma Mezghitane, sainte patronne de Jijel
  • Sidi Ahmed Taffer
  • Sidi Ahmed Aqellal
  • Sidi M'hend Amokrane
  • Sidi Merabet Moussa
  • Sidi Lebsir
  • Sidi Boukebrayene Cherif, Ighil Tazert, Larbaa Nath Irathen
  • Sidi Ali oubou-issa, Ait oumalou, Larbaa Nath Irathen
  • Sidi Abdelaziz ou rached Ait oumalou, Larbaa Nath Irathen
  • Sidi Ali acherif Tizi Rached, Larbaa Nath Irathen
  • Sidi Mohamed Chorfi, Ain Tolba (Algérie)
  • Sidi M'hand Oumalek, Ait Oumalek, Tifrit N'ath Oumalek

Maroc

Tombeau d'un ( marabout dans le Maroc méridional

Fez - Meknès

Rabat - Salé - Kenitra

Casablanca - Settat

Draa - Tafilalet

Beni-Mellal - Khenifra

Tanger - Oriental

Marrakech - Safi

Guelmim - Oued Noun

  • Sidi Mohamed Ben Abdallah (Mirleft)
  • Sidi Ali Ifni

Sous-Massa

Laayoune - Sakya el Hamra

  • Zaouïa du cheikh Sidi Ahmed Rguibi

Autres régions du Maroc

  • Lalla Mira Lhartiya
  • Sidi Si-Mohamed Boudargua
  • Sidi Abdelkader Bouderka (Photo)
  • Lalla Aicha Massoud
  • Lalla Kadiria
  • Sidi Fettah

Tunisie

Imrabdhen

En Kabylie (Algérie), les Imrabdhen, (pluriel de amrabedh en kabyle[3]) sont les marabouts et saints et plus généralement dans l'Afrique du Nord berbérophone. Les lignages d'imrabden sont souvent des familles d'origine chorfa (pas tous chérifiennes). Imrabden est une dynastie berbère fondée par Yahia Ben Brahim en 1035, à l'origine des Imravdhen en Kabylie reste inconnue (avec manque d'études scientifiques crédibles sur le sujet).

Origine

Le mot amrabed signifie littéralement marabout en français et est un emprunt à l'arabe mrabet, qui signifie : « un soldat ou un enseignant stationné dans un lieu déterminé »[4].

Les imrabden comme tous les Chérifs, bénéficient du titre honorifique de Sidi qui est traditionnellement utilisé pour se référer aux gens reconnus descendants du prophète de l'Islam. Et les femmes sont appelées généralement Lalla.

La majorité des familles chorfa en Kabylie (Algérie) sont issues de la lignée d'Idriss le Petit, fils dIdriss le Grand, fils d'Abd Allah Al-Kamil dit « le Parfait », fils d’Al-Hassan Al-Muthanna « le deuxième », fils d'Al-Hassan « Sibt » lui-même fils de l'imam Ali ibn Abi Talib et de Fatima Zahra, fille de Mahomet, prophète de l'Islam.

Histoire

Les marabouts Chorfas du Maghreb se rattachent, pour beaucoup, traditionnellement à une migration venue de l'Oued Draa dans le centre du Maroc, mais aussi de l’Andalousie, en Espagne après la Reconquista à la fin du XVe siècle, et se sont dispersés dans toutes les régions de l’Afrique du Nord, notamment au Maroc, en Algérie (surtout dans l’ouest et en Kabylie), en Tunisie et en Libye[5].

Le premier arrivé au Maghreb de la descendance de Ali ibn Abi Talib (gendre de Mahomet) est Idriss le Grand, le fondateur du royaume des Idrissides entre 789 et 985[6]. Après la chute de ce royaume au Xe siècle, leur descendance était tuée et pourchassée par le pro-fatimide Moussa ibn Abi Al-Afya el Miknasi. D’après la légende, ceux qui ont survécu aux massacres ont fui vers le désert et les montagnes pour se protéger[7].

Ils seraient arrivés en Kabylie entre le XIIe et le XVe siècle, se voulant plus instruits que les montagnards et connaisseurs du droit musulman (Fiqh) mais surtout neutres dans les luttes tribales[8] ; ces « nouveaux-venus » ne tardèrent pas ainsi à acquérir la considération générale des habitants.

À l’époque, les conditions exigées pour la prétention au chérifat sont généralement la possession d’un manuscrit de l’arbre généalogique de la famille et le témoignage de quatre personnages eux-mêmes Chorfa, comme le témoigne une attestation qui daterait de la fin du XIVe siècle, appartenant à un chérif andalou, remise à l’historien Ahmed Taoufik al Madani en 1979 à Alger[9].

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Edmond Doutté, Notes sur l'Islâm maghribin : Les Marabouts, Paris, Ernest Leroux (réimpr. 2008) (1re éd. 2000), 124 p. (OCLC 8279711, lire en ligne) — Extrait de la Revue de l'histoire des religions, t. XL et XLI.
  • Christian Coulon, Pouvoir maraboutique et pouvoir politique au Sénégal, Paris, Université de Paris, 1976, 2 vol., 594 p. (thèse d’État remaniée et publiée en 1981 sous le titre Le Marabout et le Prince : Islam et pouvoir au Sénégal, Paris, Pedone, XII-317 p.)
  • Bassirou Diop, Le Rôle joué par les marabouts toucouleurs dans l’islamisation du Sénégal, Dakar, Université de Dakar, 1983 (mémoire de maîtrise)

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

  • Jean-Eugène Robert-Houdin en 1856, face aux marabouts algériens, décrit ce qu'il appelle des « faux-prophètes » qui parviennent à « enflammer le fanatisme de leurs coreligionnaires à l'aide de tours de passe-passe ».

Liens externes


Articles connexes

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