Margaret Chung

femme médecin américaine
Margaret Chung
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
張 瑪 珠Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université de Californie du Sud
Keck School of Medicine of USC (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités

Margaret Jessie Chung, née le et morte le , est la première femme médecin sino-américaine. Après une carrière de pigiste, elle s'inscrit à l'université de Californie du Sud et obtient son diplôme de la faculté de médecine en 1916 et termine son internat et sa thèse dans l'Illinois. Elle crée l'une des premières cliniques dans le quartier chinois de San Francisco au début des années 1920.

Très patriote, elle s'engage très tôt dans la guerre contre le Japon. Durant la guerre sino-japonaise, elle recrute ainsi secrètement des volontaires américains pour aller se battre en Chine. Lorsque les États-Unis entrent dans la Seconde Guerre mondiale, elle parraine plus de 1 500 soldats dont l'ensemble des aviateurs de l'escadrille VF-2.

De son vivant, Magaret Chung n'a pas fait de coming out. Toutefois, en adoptant le costume et un prénom masculin durant ses études, en restant célibataire et en entretenant des relations étroites avec plusieurs femmes, elle a mené une vie atypique et s'est vue discriminée, pour ses origines et son homosexualité présumée. On lui connaît différents engagements suffragistes et féministes dont celui en faveur des WAVES, une organisation militaire féminine dont elle a activement contribué à la fondation.

Biographie

Jeunesse et études

Margaret Chung est née à Santa Barbara, elle est l'aînée de onze enfants[1],[2]. La famille déménage à Los Angeles en 1902[1]. Lorsque les parents de Chung tombent malades, elle devient soutien de famille et aide ainsi à élever ses jeunes frères et sœurs, dès l'âge de dix ans[3].

En 1905, Chung est décrite dans le Los Angeles Herald comme une élève prometteuse qui souhaite devenir journaliste[4]. Elle se fait à nouveau remarquer dans le même journal, en 1906, pour son poème intitulé Missionary Giving, qu'elle écrit et déclame à l'occasion du dix-huitième anniversaire de la Congrégation de la mission de Los Angeles[5]. Elle écrit également un article intitulé Comparaisons des costumes chinois et américains, lors du premier anniversaire de la Congrégation de la mission de Pasadena en 1907[6]. À l'automne de la même année, Chung s'inscrit à l'école préparatoire de l'USC, où elle est saluée comme une « élève particulièrement brillante » de son lycée[7]. En 1910, elle remporte la deuxième place dans un concours d'éloquence[8].

Pour financer ses études supérieures, elle obtient une bourse du Los Angeles Times et travaille comme serveuse puis vendeuse d'instruments chirurgicaux. Elle remporte également des prix dans plusieurs concours d'éloquence, dont elle perçoit alors les dotations[1]. En 1909, Chung est diplômée de l'université de Californie du Sud[9]. Elle s'inscrit à l'école de médecine en 1911 et est « la première Chinoise à intégrer une école de médecine dans cet État »[10].

Carrière professionnelle

Le quartier chinois de San Francisco au début du XXe siècle.

Après avoir obtenu son diplôme de médecine en 1916, elle se voit d'abord refuser des postes de missionnaire médical en Chine[11],[12] ou des stages et s'installe pour travailler comme infirmière chirurgicale à Los Angeles[1]. Après plusieurs mois, elle part pour Chicago, où elle trouve des stages, puis une place d'assistante en psychiatrie dans un hôpital public en 1917[13]. Elle est plus tard nommée criminologue d'État pour l'Illinois[12]. Après deux ans dans l'Illinois, elle démissionne[14] et retourne à Los Angeles, après la mort de son père, où elle accepte un poste de chirurgien au Santa Fe Railroad Hospital[1],[15]. Elle y soigne des célébrités, notamment l'actrice canadienne Mary Pickford[3].

Chung déménage dans le quartier chinois de San Francisco en 1922[3], où elle ouvre un cabinet médical[16]. Elle soigne la population sino-américaine locale ainsi que des célébrités telles que Sophie Tucker, Helen Hayes et Tallulah Bankhead[1]. Elle milite également dans le Chinese Women’s Reform Club, un mouvement suffragiste[17].

Elle soigne aussi sept pilotes de réserve de la Marine pendant cette période ; une partie de son aide consiste à leur préparer des repas, et ils se sont eux-mêmes surnommés « les fils bâtards blonds de Mom Chung », pour la remercier de sa générosité[1].

Engagements durant la Seconde Guerre mondiale

Affiche pour le recrutement des auxiliaires féminins de l'armée américaine.

Avant l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, Margaret Chung donne à ses filleuls un pendentif représentant un Bouddha de jade[18], un symbole grâce auquel ces pilotes peuvent se reconnaître à travers le monde[1]. Les officiers de marine non aéronautiques parrainés par Chung s'appellent les Dauphins dorés (Golden Dolphins)[1]. Lorsque le Japon envahit la Chine en 1937, elle se porte volontaire comme chirurgienne en première ligne[19],[2], mais elle est affectée à la place pour recruter des pilotes pour le 1er groupe de volontaires américains, mieux connu sous le nom de Tigres volants[1]. Pendant la guerre, Chung invite jusqu'à 175 personnes à Thanksgiving chez elle et emballe et adresse 4 000 cadeaux à Noël à ses filleuls[20]. Parmi ses relations, on trouve des officiers de haut-rang et des sénateurs et membres du Congrès américain. En s'appuyant sur ces relations, elle aide à la fondation le Women Accepted for Volunteer Emergency Service bien qu'elle ne soit pas été autorisée à les rejoindre, car le gouvernement la soupçonne d'être homosexuelle[3].

Appontage d'urgence d'un Hellcat du VF-2 sur l'USS Enterprise en 1943.

Mom Chung adopte tout l'escadron VF-2, surnommé « The Rippers » pour son logo, qui montre un dragon chinois déchirant un drapeau[21]. Le VF-2 est affecté à l' USS Enterprise (CV-6)[22] et se distingue en abattant 67 avions japonais en une seule journée lors du Great Marianas Turkey Shoot en juin 1944[21].

Après-guerre

En 1947, 90% des patients médicaux de Chung sont blancs[23]. Lorsqu'elle prend sa retraite, ses « fils adoptifs » lui achètent une maison dans le comté de Marin[1].

Chung meurt d'un cancer en janvier 1959 à San Francisco[20],[24]. Parmi ses porteurs se trouve l'amiral Chester W. Nimitz, l'un de ses « dauphins dorés »[1].

Relations personnelles

Pionnière dans les domaines professionnel et politique, Chung a une vie privée non conventionnelle. En tant que seule femme de sa promotion à la faculté de médecine, elle s'habille comme un homme et se fait appeler « Mike », pour finalement revenir au costume féminin et à son prénom de naissance une fois en activité[1],[17].

En lisant sa correspondance privée, on découvre qu'elle entretient des relations étroites et apparemment intenses avec au moins deux autres femmes[25], la poétesse Elsa Gidlow et l'humoriste d'origine russe Sophie Tucker, que certains auteurs ont supposées romantiques[11]. Bien qu'elle ait été brièvement fiancée, elle ne s'est jamais mariée[17]. Défenseure des relations sino-américaines, Chung est la voisine, l'amie et confidente de l'écrivain et aventurier Richard Halliburton (1900-1939)[26], lequel décède en essayant de rallier sur la jonque Sea Dragon, Hong Kong et l'exposition internationale du Golden Gate de à San Francisco[27].

Parmi les militaires célèbres parrainés par Mom Chung, on peut citer le président Ronald Reagan, l'amiral Chester Nimitz et William F. Halsey, le contre-amiral William Sterling Persons et le chef d'orchestre André Kostelanetz[12],[28].

Hommages et commémorations

Dédicaces sur le Tunnelier Mom Chung, le 30 mai 2013.

Chung aurait inspiré le personnage du Dr Mary Ling dans le film Le Roi de Chinatown du réalisateur Nick Grinde (). Ce rôle est interprété par l'actrice sino-américaine Anna May Wong[1].

A minima trois forteresses volantes ont été nommées « Mama Chung » en son honneur par ses « fils militaires », pendant la Seconde Guerre mondiale[29].

Le 11 octobre 2012, une plaque commémorative a été dévoilée dans le cadre du projet Legacy Walk[30], une exposition en plein air, à Chicago, qui célèbre l'histoire et les personnes LGBT[31].

Un tunnelier utilisé pour creuser le métro de San Francisco a été baptisé Mom Chung, le 7 mars 2013[32].

Références

Sources et références

Bibliographie

  • (en) Harris, Gloria G. et Cohen, Hannah S., Women Trailblazers of California: Pioneers to the Present, Charleston, SC, The History Press, , 93–107 [104–07] (ISBN 978-1609496753), « 6. Doctors and Dentists — Margaret 'Mom' Chung: First Chinese American Physician in California ».
  • (en) Max, Gerry, Horizon Chasers: The Lives and Adventures of Richard Halliburton and Paul Mooney, Jefferson, NC, McFarland & Company, Inc., , 129, 178, 191 (ISBN 978-0786426713, lire en ligne).
  • (en) Wu, Judy Tzu-Chun, Doctor Mom Chung of the Fair-Haired Bastards: The Life of a Wartime Celebrity, Berkeley, California, University of California Press, (ISBN 978-0520938922, lire en ligne).

Liens externes

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