Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo

organisation de l'ONU pour le maintien de la paix en république démocratique du Congo

La Mission de l'Organisation des Nations unies en république démocratique du Congo (Monuc), devenue la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (Monusco)[1] le , est une mission de maintien de la paix en république démocratique du Congo de l’ONU.Elle a été créée par la résolution 1279[2] du Conseil de sécurité en date du [3].

Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo
Image illustrative de l’article Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo
AbréviationMONUSCO
TypeOpération de maintien de la paix
Siège12 av. des Aviateurs (La Gombe, Kinshasa)
Commandement de la forceDrapeau d'Afrique du Sud Derrick Mbuyiselo Mgwebi
Drapeau de Djibouti Awalé Abdounasir (police)
Financement1 398 475 300 $
(juillet 2014 – juin 2015)
Contribution et personnel
Contributeurs
Observateurs militaires462 observateurs
Troupe19 461 soldats
Policiers1 090 policiers
Civils locaux2 725 civils
Civils internationaux937 civils
472 volontaires des Nations unies
Pertes93 morts

La MONUSCO est dirigée, de janvier 2018 à janvier 2021 par la diplomate algérienne Leila Zerrougui. Bintou Keïta, Guinéenne, lui succède à partir de février 2021[4].

Le budget annuel de la Monuc est d'environ 1,5 milliard de dollars[5].

La Monuc a été préparée par trois résolutions du Conseil de sécurité et la situation en république démocratique du Congo a donné lieu à une cinquantaine de résolutions[6] du Conseil de sécurité de 1999 à 2008. Elle a été dirigée pendant les deux premières années par l'ambassadeur Morjane de Tunisie.

Le quartier général de cette mission a été installé à Kinshasa, avec en outre la division de la RDC en 6 secteurs, ayant chacun un QG de secteur.

La MONUC, en collaboration avec l'ONG Fondation Hirondelle, a fondé en 2002 Radio Okapi, devenu le média le plus écouté en RDC[réf. nécessaire].

Historique

Un hélicoptère sud-africain Denel AH-2 Rooivalk assurant la protection d’un convoi d’ex-combattants FDLR, pour leur enrôlement au camp de transit de Kanyabayonga.

La situation en république démocratique du Congo est d'une très grande complexité. En 1999, cette situation héritait de l'état de déliquescence dans lequel le régime de Mobutu a laissé le pays, et donc d'un État déstructuré qui avait été artificiellement créé par la colonisation, d'un territoire de plus de 2 millions de kilomètres carrés et peuplé par près de 60 millions d'habitants, d'une population très variée parlant 250 langues, dont des congolais rwandophones, de l'installation depuis 1994 dans l'Est du pays du noyau des anciennes milices génocidaires et des anciennes Forces armées rwandaises décidées à se servir du Kivu pour reconquérir le Rwanda. À cela s'ajoutait le pillage permanent dont souffre ce pays victime de ses immenses richesses depuis deux siècles, dont sont responsables de nombreuses multinationales qui ont des relais utilisant les rivalités locales[7][source insuffisante], et une myriade de conflits locaux[8]. Enfin, depuis 1998, la deuxième guerre du Congo complique encore la situation.

Créée pendant la Deuxième guerre du Congo pour tenter de ramener la paix dans ce pays, la MONUC fait face à la guerre du Kivu pour limiter les pertes parmi la population civile, faire respecter les accords de cessez-le-feu et faire rentrer au Rwanda les ex-génocidaires rwandais.

Les cinquante résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies depuis 1999 et les 17 000 casques bleus actuellement déployés en RDC n'ont pu jusqu'à maintenant ramener la paix. Une opération militaire autorisée par l'ONU, européenne et ponctuelle, l'opération Artémis, est venue soutenir en 2003 la MONUC, au nord du Kivu en Ituri.

En 2004, 2006 et 2008, le Mandat de la MONUC est élargie à 3 reprises[3].

En , alors que le conflit a repris dans le nord Kivu, la MONUC doit faire face à la démission de son commandant deux mois après sa prise de fonction[9].

En 28 mai 2010, le Conseil de sécurité des Nations unies par la résolution 1925, décide de la transformation de la MONUC pour devenir la MONUSCO le 1er juillet 2010[10]

À partir du [11], les forces congolaises appuyées par une brigade d'intervention de l'ONU lancent une offensive avec des moyens lourds : plus de 3 600 militaires congolais déployant des chars T-55 et des véhicules de combat d'infanterie BMP-2 et la brigade de la force d'intervention de la Monusco appuyé par de l'artillerie, des Mi-35 de l’armée ukrainienne, trois Denel AH-2 Rooivalk de la force aérienne sud-africaine (qui interviennent à partir du )[12] lancent une offensive générale[13] dans la zone de 700 km2 contrôlée par le M23 qui déclare qu'elle dépose les armes le [14].

Le rôle de la Monusco a été confirmé et repris dans l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la république démocratique du Congo et la région[15] de 2013.

Ces dernières années, le rôle principal de la MONUSCO est de protéger les civils Congolais[16]. Mais force est de constater que, après plus d'une vingtaine d'années de présence des forces onusiennes en république démocratique du Congo, la géostratégie dans la région des grands lacs africains ne cesse d’être de plus en plus perceptible sur la base du pillage des minerais de sang, des violences sexuelles, des crimes de guerre et crimes contre l'humanité... [réf. souhaitée] De plus, « depuis plusieurs années, les forces armées de maintien de la paix sont intervenues souvent, très mal ou trop tard, mais la charte onusienne leur interdit de se mêler des affaires intérieures des États. En effet, à cause d’une passivité trop excessive, elles paraissent moins efficaces sur le terrain où elles interviennent. Cela est sans doute dû au fait que les résolutions votées par les États membres préconisent, par peur du danger, la simple interposition et non le rétablissement du droit, au besoin par la force. »[réf. souhaitée]

Le 12 Mars 2017, deux experts de l'ONU, Zaida Catalan (suédoise) et Michael Sharp (Étasunien) sont portés disparus alors qu'il enquêtaient dans la province du Kasaï central sur des fosses communes liées au conflit armé qui avait éclaté dans la région après la mort du chef coutumier Kamuina Nsapu, tué par les forces de sécurité en août 2016[17]. Plusieurs enquêteurs onusiens s'interrogent sur le rôle de Kinshasa. Les militaires congolais restreignent les déplacement des casques bleus uruguayens chargés d'enquêter sur la zone de la disparition. Le 27 Mars, les cadavres des deux experts sont retrouvés dans un village, enterré dans une fosse avec une troisième personne de nationalité congolaise. Zaida Catalan a été décapitée. Dans la semaine qui suit, une vidéo de l’exécution par balle des deux experts fuite dans la presse[18]. Selon la version officielle, ils ont été exécutés par des miliciens de la secte Kamuina Nsapu. Mais, en juin 2017, un rapport remis au Conseil de sécurité de l'ONU estimait que ce double meurtre était un "guet-apens prémédité" et n'excluait pas l'implication de membres de la sécurité d'État. Le 29 janvier 2022, la justice militaire congolaise prononce, 51 condamnations à mort. Malgré tout, les quatre ans de procès n'ont pas répondu à toutes les questions sur l'assassinat des experts onusiens et n'ont pas permis d'identifier d'éventuels commanditaires[17].

En juillet 2022, Des centaines de manifestants en colère ont saccagé et pillé à Goma, les installations de la mission des Nations unies, accusée d’inefficacité dans sa lutte contre les groupes armés de l’est de la république démocratique du Congo (RDC). Après avoir barricadé les grandes artères de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, ces manifestants scindés en deux groupes ont pris d’assaut le siège local de la Monusco ainsi que sa base logistique[19].D'autres manifestations ont lieu notamment à Beni et à Butembo et à Uvira entraînant officiellement la mort de 36 personnes et plus 170 blessés[20].

En novembre 2023, la République démocratique du Congo signe des accords pour le retrait complet de la force de maintien de la paix des Nations unies de la MONUSCO. La MINUSCO compte environ 15 000 soldats de la paix stationnés à travers le pays[21].

Sièges de secteur

Déploiement de la Monuc en décembre 2009.

Le QG de Kinshasa se trouve sur le boulevard du 30 juin, en plein quartier des affaires (commune de Gombe), à quelques centaines de mètres des principales ambassades (Belgique, France, États-Unis) et des grands hôtels (Hôtel Memling). La principale base logistique et ses dépôts est située au sud-est de la ville, dans la commune de Limete. Une autre implantation importante se trouve située au sud-ouest de la Gombe (quartier Socimat), à proximité de la baie de Ngaliema.

Budget et effectif

En 2012 la Monuc dispose d'un budget de 1,490 milliard de dollars. L'effectif déployé de plus de 23 000 personnes dépasse l'effectif autorisé (22 016 personnes)[22].

Effectifs

Le général J. Baillaud en 2013.

À la date du , la Monusco comptait un effectif de 18 914 personnes dont 16 819 militaires, 747 observateurs militaires et 1 354 policiers[23] :

  • Afrique du Sud : 1 202 militaires et 12 observateurs militaires ;
  • Algérie : 5 observateurs militaires ;
  • Bénin : 450 militaires, 14 observateurs militaires et 21 policiers ;
  • Bangladesh : 2 523 militaires, 30 observateurs militaires et 387 policiers ;
  • Belgique : 22 militaires, 5 observateurs militaires et 1 policier ;
  • Bolivie : 10 observateurs militaires ;
  • Bosnie-Herzégovine : 5 observateurs militaires ;
  • Brésil : 1 Force Commander et 6 militaires staff
  • Burkina Faso : 9 observateurs militaires et 18 policiers ;
  • Cameroun : 5 observateurs militaires et 19 policiers ;
  • Canada : 8 observateurs militaires et 4 policiers ;
  • République centrafricaine : 14 policiers ;
  • République populaire de Chine : 218 militaires et 16 observateurs militaires ;
  • Colombie : 10 observateurs militaires ;
  • Côte d'Ivoire : 35 policiers ;
  • Danemark : 2 observateurs militaires ;
  • Égypte : 1 000 militaires, 24 observateurs militaires et 144 policiers ;
  • Espagne : 2 observateurs militaires ;
  • États-Unis : 2 observateurs militaires ;
  • France : 5 officiers d'état-major et 9 policiers ;
  • Ghana : 462 militaires et 27 observateurs militaires ;
  • Guatemala : 150 militaires et 8 observateurs militaires ;
  • Guinée : 22 policiers ;
  • Inde : 3 707 militaires, 60 observateurs militaires et 255 policiers ;
  • Indonésie : 175 militaires et 17 policiers ;
  • Irlande : 3 observateurs militaires ;
  • Jordanie : 220 militaires, 25 observateurs militaires et 9 policiers ;
  • Kenya : 24 observateurs militaires ;
  • Madagascar : 17 policiers ;
  • Mali : 19 observateurs militaires et 27 policiers ;
  • Malawi : 17 observateurs militaires ;
  • Malaisie :15 observateurs militaires ;
  • Maroc : 848 militaires et 5 observateurs militaires ;
  • Mongolie : 2 observateurs militaires ;
  • Mozambique : 1 observateur militaire ;
  • Népal : 1 026 militaires et 25 observateurs militaires ;
  • Niger : 15 observateurs militaires et 30 policiers ;
  • Nigeria : 26 observateurs militaires et 1 policier ;
  • Norvège : 1 observateur militaire ;
  • Oman : 2 observateurs militaires ;
  • Pakistan : 3 562 militaires et 57 observateurs militaires ;
  • Paraguay : 17 observateurs militaires ;
  • Pérou : 7 observateurs militaires ;
  • Philippines : 2 observateurs militaires et 6 observateurs policiers ;
  • Pologne : 3 observateurs militaires ;
  • Portugal : 3 observateurs militaires et 1 policier ;
  • République tchèque : 3 observateurs militaires ;
  • Roumanie : 22 observateurs militaires et 14 observateurs policiers ;
  • Royaume-Uni : 5 observateurs militaires ;
  • Russie : 30 observateurs militaires et 1 policier ;
  • Sénégal : 20 observateurs militaires et 270 policiers ;
  • Serbie : 6 militaires et 2 observateurs militaires ;
  • Sri Lanka: 4 observateurs militaires ;
  • Suède : 6 observateurs militaires et 4 policiers ;
  • Suisse : 3 observateurs militaires ;
  • Tanzanie : 2 observateurs militaires ;
  • Tchad : 20 policiers ;
  • Togo : 5 policiers ;
  • Tunisie : 31 observateurs militaires ;
  • Turquie : 11 policiers ;
  • Ukraine : 13 observateurs militaires et 4 policiers ;
  • Uruguay : 1 248 militaires, 45 observateurs militaires et 2 policiers ;
  • Yémen : 6 observateurs militaires et 10 policiers ;
  • Zambie : 21 observateurs militaires.

Le , 981 civils internationaux, 2 827 civils locaux et 616 volontaires de l’ONU sont aussi déployés dans le cadre de la Monusco.

Commandants

NomFonction ou gradePaysMandatCommentaire
Mountaga DialloGénéral de divisionSénégal - (3 ans et 9 mois)
Sumaila IliyaGénéralNigéria
Babacar GayeGénéralSénégal - (3 ans et 6 mois)
Vicente Diaz de Villegas y HerreríaGénéral de Corps d'ArméeEspagne - (1 mois)
Ishmeel Ben QuarteyGénéral de brigadeGhanadepuis le commandant ad intérim
Babacar GayeGénéral de Corps d'ArméeSénégalDébute en septembre
Derick Mbuyiselo Mgwebi[24]Général de Corps d'ArméeAfrique du Sud -

Abus sexuels

Des personnels de la Monuc ont été impliqués dans 140 cas d'allégations sur des abus d'exploitation sexuelle entre et [25]. De nouveaux cas ont été rapportés, notamment en 2008 et 2014[26],[27]. Malgré une « tolérance zéro » affichée, de multiples missions de l'ONU ont été entachées par des incidents de ce type, notamment en Érythrée, au Burundi, au Soudan, au Liberia, en Côte d'Ivoire[25] et en République centrafricaine[28][non pertinent].

Sources

Références

Bibliographie

Ouvrages

  • Séverine Autesserre, The Trouble with the Congo: Local Violence and the Failure of International Peacebuilding, New York, Cambridge University Press, 2010.
  • Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Mais quelle crédibilité pour les Nations Unies au Kivu ?, Paris, L'Atelier de l'Égrégore, .
  • Wutibaal Kumaba Mbuta, L'ONU et la diplomatie des conflits : le cas de la République démocratique du Congo, Paris, 2012, L'Harmattan.

Articles

  • Christophe Rigaud, « RDC : Le M23 lâché par Kigali ? », Afrikabia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Dean Wingrin, « First ever combat for Rooivalk », defenceWeb,‎ (lire en ligne, consulté le )

Résolutions du Conseil de sécurité

1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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