Prix Sakharov

honore les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales

Prix Sakharov
Image associée à la récompense
Cérémonie de remise du prix Sakharov
à Denis Mukwege à Strasbourg le .

Nom originalPrix Sakharov pour la liberté de l'esprit
DescriptionPrix récompensant des individus ou des organisations qui ont œuvré pour les droits de l'homme et la liberté d'opinion
OrganisateurParlement européen
Date de création1988
Dernier récipiendaireDrapeau de l'Iran Mahsa Amini
Site officieleuroparl.europa.eu/sakharovprize

Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit (ou simplement prix Sakharov), nommé en l'honneur du scientifique et dissident soviétique Andreï Sakharov, est une distinction créée en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales[1].

Les candidats au prix Sakharov sont nommés par les membres du Parlement européen. Ensuite, les nominations sont évaluées lors d'une réunion de la commission des affaires étrangères, de la commission du développement et de la sous-commission des droits de l'Homme[2]. Au mois d'octobre, après le vote final de la Conférence des présidents, le lauréat est annoncé. Le prix Sakharov, doté de 50 000 euros, est remis par le président du Parlement européen en session plénière à Strasbourg.

Histoire

Le , le Parlement européen adopte une résolution demandant à l'Union soviétique d'autoriser le retour des époux Sakharov en Russie[3] (il s'agit de la deuxième résolution sur le sujet, la première datant du ). Lors du débat, alors que plusieurs propositions sont faites pour honorer Sakharov, dont de conserver une « chaise vide » au Parlement en son honneur, le député Jean-François Deniau propose l'idée d'attribuer un prix[4]. La commission politique du Parlement, avec Deniau rapporteur, adopte son rapport le qui pose les bases du prix Sakharov, soulignant que ce dernier est « un citoyen européen qui incarne la liberté d'esprit et d'expression ». La proposition est adoptée le [5].

D'après le texte adopté : « [le Parlement européen] déclare son intention d'instaurer un prix auquel sera donné le nom « prix Sakharov » du Parlement européen pour la liberté de l'esprit qui sera décerné chaque année à une étude ou un ouvrage rédigé sur un des thèmes suivants :

  • le développement des relations Est-Ouest par rapport à l'Acte final d'Helsinki, et notamment la 3e corbeille relative à la coopération dans les domaines humanitaires et autres,
  • la protection de la liberté d'enquête scientifique,
  • la défense des droits de l'Homme et le respect du droit international,
  • la pratique gouvernementale par rapport à la lettre des constitutions. »

Sakharov, dont l'accord pour la création du prix était obligatoire selon le texte adopté, donne son accord en avril 1987.

Le Bureau du Parlement européen arrête les caractéristiques initiales du prix le , sur la base du texte du 13 décembre 1985. Le prix, s'il est destiné à récompenser la rédaction d'un ouvrage ou d'une étude, peut « également honorer des engagements, activités ou réalisations. ».

Statuts

Les statuts actuels du prix, adoptés le en révision de ceux arrêtés le 6 juillet 1988, mettent à jour la liste des sujets susceptibles de récompense au vu des évolutions politiques étant survenues depuis sa création. La nouvelle rédaction supprime aussi la nécessité de rédaction d'une étude, élargissant le champ du prix « toute production intellectuelle ou artistique, engagement ou action menée ». La récompense monétaire est également portée de 5000 écus à 50 000 euros.

Selon la formulation actuelle des statuts :

« Ce prix est destiné à récompenser une réalisation particulière dans un des domaines suivants :

  • défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales, en particulier du droit à la liberté d'opinion,
  • protection des droits des minorités,
  • respect du droit international public,
  • développement de la démocratie et mise en place de l’état de droit.

Par « réalisation », il faut entendre toute production intellectuelle ou artistique, l’engagement, ou l’action menée dans les domaines cités plus haut. »

Lauréats

AnnéeRécipiendaireNationalitéNotesRéférence
1988Mandela, NelsonNelson Mandela Afrique du SudActiviste anti-apartheid et plus tard Président de l'Afrique du Sud[6]
Martchenko, AnatoliAnatoli Martchenko (À titre posthume) Union soviétiqueDissident soviétique, auteur et militant des droits humains[6]
1989Dubček, AlexanderAlexander Dubček TchécoslovaquiePoliticien slovaque, a tenté de réformer le régime communiste pendant le printemps de Prague[6]
1990Aung San Suu Kyi BirmaniePoliticienne de l'opposition et ancienne secrétaire général de la Ligue nationale pour la démocratie[7]
1991Demaçi, AdemAdem Demaçi KosovoAlbanais du Kosovo. Politicien et prisonnier politique à long terme[6]
1992Mères de la place de Mai ArgentineAssociation des mères argentines dont les enfants ont disparu pendant la guerre sale[7]
1993Oslobođenje Bosnie-HerzégovineUn journal populaire qui défendait la Bosnie-Herzégovine comme un État multiethnique[7]
1994Nasrin, TaslimaTaslima Nasrin BangladeshEx-docteur, autrice féministe[7]
1995Zana, LeylaLeyla Zana TurquiePoliticienne d'origine kurde du sud-est de la Turquie, qui a été emprisonné pendant 10 ans pour être membre du PKK.[6]
1996Jingsheng, WeiWei Jingsheng ChineMilitant du mouvement de la démocratie chinoise[7]
1997Ghezali, SalimaSalima Ghezali AlgérieJournaliste et écrivaine, militante des droits des femmes, des droits de l'homme et de la démocratie en Algérie[7]
1998Rugova, IbrahimIbrahim Rugova KosovoPoliticien albanais, premier président du Kosovo[6]
1999Gusmão, XananaXanana Gusmão Timor orientalAncien militant qui fut le premier président du Timor oriental[8]
2000¡Basta Ya! EspagneOrganisation réunissant des individus de diverses positions politiques contre le terrorisme[9]
2001Peled-Elhanan, NuritNurit Peled-Elhanan IsraelMilitante pour la paix[6]
Ghazzawi, IzzatIzzat Ghazzawi PalestineÉcrivain, professeur
Kamwenho, Dom ZacariasDom Zacarias Kamwenho AngolaArchevêque et militant pour la paix
2002Payá Sardiñas, OswaldoOswaldo Payá Sardiñas CubaActiviste politique et dissident[10]
2003Annan, KofiKofi Annan GhanaRécipiendaire du Prix Nobel de la paix et septième Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies[6]
Organisation des Nations uniesN/A (International)
2004Association biélorusse des journalistes BiélorussieOrganisation non gouvernementale « visant à assurer la liberté de parole et les droits de recevoir et de diffuser des informations et de promouvoir des normes professionnelles de journalisme »[11]
2005Dames en blanc CubaMouvement d'opposition, parents de dissidents emprisonnés[12]
Reporters sans frontièresN/A (International)Organisation non gouvernementale basée en France qui préconise la liberté de la presse[12]
Ibrahim, HauwaHauwa Ibrahim NigeriaAvocate des droits de l'homme[12]
2006Milinkevitch, AlexandreAlexandre Milinkevitch BiélorussiePoliticien choisi par les Forces démocratiques unies de Biélorussie comme candidat commun de l'opposition aux élections présidentielles de 2006[13]
2007Mahmoud Osman, SalihSalih Mahmoud Osman SoudanAvocat des droits de l'homme[7]
2008Jia, HuHu Jia ChineMilitant et dissident[14]
2009Memorial (Oleg Orlov, Sergueï Kovalev et Lioudmila Alexeïeva) RussieSociété pour les droits civils internationaux et l'histoire[15]
2010Fariñas, GuillermoGuillermo Fariñas CubaDocteur, journaliste et dissident politique[16]
2011Asmaa Mahfouz ÉgypteCinq représentants du peuple arabe, en reconnaissance et en soutien de leur volonté de promouvoir la liberté et les droits de l'homme.[17]
Ahmed al-Senussi Libye
Razan Zaitouneh Syrie
Ali Farzat
Mohamed Bouazizi (à titre posthume) Tunisie
2012Jafar Panahi IranMilitants iraniens, Sotoudeh est une avocate et Panahi est un réalisateur.[18],[19]
Nasrin Sotoudeh
2013Malala Yousafzai PakistanMilitante pour les droits des femmes et l'éducation[20]
2014Denis Mukwege République démocratique du CongoGynécologue traitant les victimes de viol collectif[21]
2015Raif Badawi Arabie saouditeÉcrivain et militant saoudien et créateur du site Free Saudi Liberal[22]
2016Nadia Murad Basee IraqLes militantes des droits humains Yezidi et les anciennes enlevées de l'État islamique[23]
Lamia Haji Bachar
2017Opposition démocratique vénézuélienne VenezuelaAssemblée nationale vénézuélienne et prisonniers politiques vénézuéliens[24]
2018Oleh Sentsov UkraineCinéaste ukrainien, activiste d'Euromaïdan et militant des droits de l'Homme.[25]
2019Ilham Tohti ChineDissident ouïgour, universitaire, économiste et militant des droits de l'homme.[26]
2020Opposition démocratique en Biélorussie BiélorussieConseil de coordination, initiative lancée par des femmes courageuses et des représentants de la société civile.[27]
2021Alexeï Navalny RussieAvocat et militant politique russe.[28]
2022Peuple ukrainien UkrainePeuple touché sur son sol par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.[29]
2023Mahsa Amini (à titre posthume) ; et le mouvement des femmes en Iran IranSymbolise le mouvement révolutionnaire des femmes en Iran.[30]

Cérémonies particulières

Le 15 décembre 2010, le prix a été remis à Guillermo Fariñas. Or les autorités cubaines n'ont pas autorisé le lauréat à venir à Strasbourg, malgré les demandes de Jerzy Buzek, président du Parlement européen. Ce dernier a donc déposé le diplôme sur une chaise vide, couverte d'un drapeau cubain à la demande du dissident[31].

Le prix a finalement pu lui être remis le 3 juillet 2013, dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg.

Le 22 octobre 2013, Martin Schultz remet à Aung San Suu Kyi dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg le prix qui lui avait été décerné en 1990.

Notes et références

Liens externes

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