Régiment de spahis auxiliaires algériens
Le Régiment de spahis auxiliaires algériens (RSAA) est un régiment de cavalerie appartenant à l'armée d'Afrique et dépendant de l'Armée de terre française.
Régiment de spahis auxiliaires algériens | |
Le régiment début 1915 rassemblé pour la décoration du capitaine Khaled en Belgique. | |
Création | 6 août 1914 |
---|---|
Dissolution | 31 décembre 1915 |
Pays | France |
Branche | Armée de terre |
Type | Régiment de spahis |
Rôle | Cavalerie |
Guerres | Première Guerre mondiale |
Commandant | Charles Sarton du Jonchay |
modifier |
Formé de spahis originaires d'Algérie, pour la plupart fils de familles influentes, il sert durant la Première Guerre mondiale sur le front français entre septembre 1914 et août 1915.
Historique
Création
Le régiment qui se veut la traduction d'un projet de « corps de cavalerie indigène d'élite destiné à prendre part aux opérations de l'armée française en Europe » développé par le Colonel du Jonchay, directeur des établissements hippiques d'Algérie et de Tunisie, est créé en août 1914[1].
Selon Gilbert Meynier, l’objectif du gouverneur général de l'Algérie est de « transporter en France un assez grand nombre de fils de familles influentes, dont la présence dans l’Armée française sera le garant de la bonne tenue de leurs contribules en Algérie »[2] et le rôle du régiment est d' « d’une part, de tenir les familles de grandes tentes en faisant de la fleur de leurs rejetons des otages de l’Armée française, d’autre part, de permettre à ces aristocrates dans des chevauchées à la Delacroix, de n’être pas confondus avec la piétaille des tirailleurs. »[3].
Le corps comprend 10 escadrons de 150 cavaliers chacun et au total environ 1 700 hommes. Les chefs de peloton indigènes au nombre de 43 ont le grade de Lieutenant ou de Sous-Lieutenant. Ils sont encadrés par 20 officiers métropolitains et deux officiers « indigènes » qui sont le capitaine Khaled, petit-fils de l'émir Abd El-Kader, et le lieutenant Mohamed Ben Si Ahmed Bencherif[4].
Campagnes
Les escadrons arrivent en France fin septembre 1914 et sont déployés entre Arras et Douai, puis dirigés sur Orchies et Tournai. Deux escadrons participent à la défense de Lille au mois d'octobre 1914. 201 spahis sont fait prisonniers avec la garnison le 12 octobre 1914, dont le lieutenant Bencherif et Christian Sarton du Jonchay, et 26 sont portés disparus[4].
Après la chute de Douai et de Lille, le régiment participe aux combats dans les Flandres à Nieuport, Lombardsijde et Elverdinge[4].
S’avérant peu utiles sur le front, le commandement français prescrit le 26 juillet 1915[5] leur rapatriement en Algérie[6],[3].
Entre fin septembre et début octobre 1915, les 1 690 hommes (78 officiers et 1612 hommes de troupe) et les 1 801 chevaux du régiment sont rapatriés en Algérie depuis Marseille à bord des deux paquebots « Sidi Brahim » et « Duc de Bragance »[4].
Le général Plantey[7], commandant la colonne mobile de Douai du 22 septembre 1914 au 1er octobre 1914, qui les avait eu sous ses ordres, leur rend un vibrant hommage dans une lettre adressée le 15 septembre 1915 au colonel Sarton du Jonchay et considère que « les goumiers peuvent rentrer chez eux la tête haute, fiers de ce qu'ils ont fait. »[8],[9].
Une fois en Algérie, le nombre des goumiers demandant à rester au spahis auxiliaires étant insignifiant, le général Moinier dissout le régiment en date du 31 décembre 1915[4].
Pertes
12 spahis ont été tués au combat entre le 24 septembre 1914 et le 24 avril 1915, 20 sont décédés dans les hôpitaux (3 des suites de blessures et 17 de maladie) et 47 portés disparus[10].
Chefs de corps
- Colonel du Jonchay (, Gannat (Allier) - , Garnat-sur-Engièvre), grand officier de la Légion d'Honneur[11].
Personnalités ayant servi au sein du régiment
- Emir Khaled, capitaine, Officier de la Légion d'Honneur (1915)
- Mohamed Ben Si Ahmed Bencherif, lieutenant
- Hachemi Benchennouf, lieutenant, Grand officier de la Légion d'Honneur (1945)
- Si Sahraoui Ben Mohamed ou Sahraoui Belhadj (1858-1937), capitaine, bachaga de Trézel, Grand-croix de la Légion d'Honneur (1930)[12],[13],[14],[15].
- Belkacem ben Djelloul Ferhat, fils de Djelloul Ben Lakhdar, bachagha, Grand-croix de la Legion d'Honneur (1945)[16].
- Christian Sarton du Jonchay, âgé de 16 ans et trop jeune pour s'engager, il s'engage sous le nom d'Abd el Ali ben Zanchi.
- Benchiha el Hadj ould Boumédiène (1863-1937), bachagha d'Aïn Témouchent, Grand officier de la Légion d'Honneur[17].
Hommages
Le 25 novembre, la Dépêche algérienne publie la lettre suivante adressée le 15 septembre 1915 par le général Plantey, gouverneur adjoint de Dunkerque, au colonel Sarton du Jonchay qui commandait le régiment [8] :
« Mon colonel, Au moment où le régiment des spahis auxiliaires algériens va rentrer en Algérie, je tiens à vous remercier encore une fois, en mon nom et au nom de la France, des services que les goumiers m'ont rendus aux mois de septembre et d'octobre 1914. Vos intrépides escadrons chassant devant eux les détachements de cavalerie allemande dans les plaines de l'Artois, étaient déjà à Douai quand je reçus la mission d'occuper la ville et découvrir le débarquement de la dixième armée. M. le général Brugère me fit le grand honneur de les mettre sous mes ordres. Je n'oublierai jamais que c'est à vos goumiers, agissant de concert avec nos auto-mitrailleuses, que j'ai dû de pouvoir remplir ma mission et tenir pendant douze jours contre des forces bien supérieures. Leurs pointes hardies, en avant de mes bataillons, enrayaient l'ennemi. Il se demandait ce que cachait ce rideau de cavalerie sans peur, qui chaque jour anéantissait ses patrouilles. Je n'oublierai jamais ce qu'ils ont fait le 24 septembre à Orchies et à Douai, où leurs charges vigoureuses ont contraint l'ennemi à la retraite, ce qu'ils ont fait le 30 septembre dans la plaine d'Auberchicourt, où les Allemands fuyaient devant eux, ce qu'ils ont fait à Tournai et à Lille, retardant l'avance de l'armée ennemie descendant de Belgique pour encercler notre droite. Enfin je n'oublierai jamais que vous, personnellement, avez été pour moi le collaborateur le plus sûr, le plus brave et le plus dévoué. J'ai cité à l'ordre de la colonne de Douai un certain nombre de ces goumiers : parmi tant de braves, on ne peut les citer tous, mais je veux que tous sachent la profonde estime et le fidèle souvenir que je garde de leur vaillance. Vous n'avez pas d'étendard pour y accrocher la Croix de guerre, mais vous pouvez considérer cette lettre comme une « citation à l'ordre de la colonne de Douai ». Les goumiers peuvent rentrer chez eux la tête haute, fiers de ce qu'ils ont fait. J'espère qu'il leur sera bientôt donné sur un autre front de galoper en plein air, en pleine lumière, en pleine campagne, à la poursuite des Allemands ou de leurs alliés, et de déployer dans toute leur puissance, pour la France et la civilisation, tes admirables qualités guerrières de leur noble race. Je vous serai reconnaissant de transmettre à vos officiers, aux chefs indigènes, à tous vos cavaliers, mes remerciements, mes souvenirs et mes vœux les plus sincères et vous prie d'agréer, mon cher colonel, l'expression de ma grande estime et de ma fidèle affection. »
— Signé : Général Plantey. Dunkerque, le 13 septembre 1915.
Notes et références
Bibliographie
- Régiment de spahis auxiliaires algériens, Journal des marches et opérations – 25 août 1914 ~ 6 janvier 1916, Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 904/1, en ligne
- Gilbert Meynier, L’Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, Genève, Librairie Droz, 1981
Liens externes
- L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc, janvier 1915, lire en ligne