Sylvothérapie

approche naturopathique reposant sur l'idée d'un effet curatif de séjours en forêts
Sylvothérapie
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Activité humaine (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Emplacement

La sylvothérapie (également appelée shinrin-yoku (森林浴?)) est une médecine non conventionnelle qui repose sur l'idée qu'être dans une forêt ou à proximité d'arbres aurait un effet bénéfique sur le bien-être et la santé.

Promeneurs dans le parc Futatabi de Kobe au Japon.
Dans les forêts de l'île de Yakushima, des expérimentations scientifiques sur les « bains de forêt » sont menées par Yoshifumi Miyazaki depuis 1990[1].
L'île de Yakushima, située au sud du Japon et presque entièrement enforestée, classée parc national, zone Ramsar et réserve de biosphère est caractérisée par des forêts à haut degré de naturalité.

À cause de l'absence de résultats prouvant l'efficacité et les effets de cette méthode, elle est considérée comme une pseudoscience.

Définition

Le terme shinrin-yoku a été inventé par le ministère japonais de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche en , et peut être défini comme le contact et la prise dans l’atmosphère de la forêt[2].

Principe

La sylvothérapie trouve sa justification dans l'effet apaisant que joueraient les phytoncides et les terpènes contenus dans le feuillage, l'idée les ions négatifs combattraient les radicaux libres responsables du vieillissement et de certains cancers et la stimulation du système nerveux par les bruits de la nature[3].

D'après ces défenseurs, la sylvothérapie stimule les individus via les sens de la vision, de l'odorat (grâce aux phytocyanides a-pinène), le toucher et l'ouïe. Cet ensemble agirait sur le stress, la pression artérielle, le système immunitaire tout en accédant à notre pleine conscience[4].

Au delà de la forêt, et en ville notamment, l'arbre et les services écosystémiques[5],[6] fourniraient, notamment via leurs « effets modérateurs sur le climat, la réduction de l’énergie consommée par les constructions, la réduction du carbone atmosphérique (CO2), l’amélioration de la qualité de l’air, l’atténuation des impacts des eaux de ruissellement et des inondations, la protection contre les rayons ultraviolets et contre l’érosion du sol, la baisse du niveau sonore et la fourniture de denrées alimentaires, de bois d’œuvre, de médicaments, d’environnements esthétiques et d’opportunités de loisirs »[7].

Procédure

Les méthodes pour pratiquer la sylvothérapie dépendent des guides qui proposent cette activité. Certaines proposent d'enlacer les arbres, d'autres de marcher pieds nus avec les yeux bandés[8].

Une étude menée par Davide Clemente, Luciano Romano, Elena Zamboni et Giuseppe Carrus montre la vision d'image de forêts en réalité augmentée permet de diminuer l'anxiété[9].

Historique

Antiquité

Les premiers travaux relatifs à la sylvothérapie remontent à l'Antiquité. Selon Pline l'Ancien, « l'odeur de la forêt où l'on recueille la poix et la résine [donc les forêts de conifères] est extrêmement salutaire aux phtisiques et à ceux qui, après une longue maladie, ont de la peine à se rétablir »[10].

Moyen-Âge

Au Moyen-Âge, les terpénoïdes présents dans l'atmosphère forestière notamment des conifères, sous forme d'oléorésines (ces métabolites secondaires qui se retrouvent dans le camphre et la térébenthine, sont des défenses chimiques des plantes contre les herbivores) sont utilisés pour soigner certaines maladies (effet analgésique, sédatif, bronchodilatateur, antitussif, anti-inflammatoire, antibiotique et relaxant)[10].

Depuis le XIXe siècle

Cures sylvatiques

Des cures sylvatiques sont développées dans certains pays particulièrement au XIXe et au début du XXe siècle pour les tuberculeux en forêts tempérées ou nordiques. Des sanatoriums (et leur solarium) et divers types de centres de cures sont installés dans des environnements forestiers ou en bordure de lac où le programme thérapeutique implique de longues promenades dans les forêts de résineux[11].

Cette pratique s'est étendue désormais aux personnes en bonne santé qui réalisent des promenades dans des environnements forestiers en prêtant une grande attention à éveiller tous leurs sens, voire décident d'enlacer des arbres.

Époque contemporaine

Corée du Sud

En , le Service forestier coréen (ko) a ouvert la forêt récréative nationale de Saneum, la première forêt thérapeutique. Depuis, elles se sont ouvertes davantage, et en , il y avait 32 forêts thérapeutiques en Corée du Sud[12].

États-Unis

La pratique existe aussi aux États-Unis, notamment en Californie[13].

Jonh Muir et Henry David ont renforcé l'idée que les bains de forêt ont des effets bénéfiques pour le corps et l'esprit, notamment quand cette pratique est associée à l'activité physique[14].

Finlande

Le Centre finlandais de sylvothérapie propose des visites guidées dans des forêts telles que celles autour du village de Haapasaari[15].

France

Depuis , la forêt d’Hostens, est un site labellisé[Par qui ?] en France pour la pratique du Shinrin-yoku[16].

En , il n'existe toujours aucune étude démontrant un effet significatif de la forêt sur la santé, autre que la simple décontraction provoquée par la promenade, ou la fréquentation d'un milieu plus calme et moins pollué qu'un centre-ville[17],[18].

En , des séances d'initiation de à la sylvothérapie sont organisées lors de salons d'agro-écologie[19] ou lors de « Journées parents/enfants, repos et décrassage »[20],[21],.

Certains offices de tourismes et mairies proposent des cures sylvatiques[22],[23]. C'est le cas aussi de certains voyagistes[24] ou associations de quartiers[25].

Japon

En , l'Agence forestière du Japon (ja) propose pour la première fois d'intégrer le Shinrin-yoku (森林浴[26]) dans les préconisations d'une bonne hygiène de vie[27]. En , « il existe 65 bases de thérapies forestières certifiées par l'association japonaise Forest Therapy Society (森林セラピーソサエティー) qui est aussi l'organisme certificateur des guides de thérapie forestière et des thérapeutes de forêt, avec des postes de contrôles médicaux, sous la supervision de l'université de Chiba et de la Nippon Medical School (en) de Tokyo. Pour la seule année , on a recensé jusqu'à 5 millions de visiteurs pratiquant les parcours de thérapie forestière »[28].

Ouverture

Certains ajoutent à cette pratique de base, des approches plus proches de l'herboristerie, de l'ethnobotanique (consommation de plantes sauvages), ou de la gemmothérapie (usage pseudo-thérapeutiques des bourgeons).[réf. nécessaire]

Évaluation scientifique

Faible valeur des études réalisées sur le sujet

En , un ingénieur des eaux et forêts français, Georges Plaisance, publie un livre sur ce sujet : Forêt et santé[29]. Il ne s'agit cependant pas d'une publication scientifique, mais de réflexions personnelles publiées chez un éditeur jeunesse[30].

En , le Dr Qing Li et plusieurs de ses collègues fondent une nouvelle discipline appelée « sylvothérapie » (forest medicine)[31], science interdisciplinaire « qui rentre dans les catégories des médecines alternative, environnementale et préventive, et qui recouvre les effets des milieux forestiers sur la santé humaine[27] ».

En , des études principalement réalisées au Japon (autour de l'immunologiste Qing Li notamment, avec le shinrin yoku), mais également en Corée ou en Chine[32], suggèrent que la sylvothérapie a plusieurs aspects bénéfiques, dont des effets notables sur la santé mentale et cardiovasculaire, sur la glycémie et le système immunitaire[33] ou encore sur le stress[34]. Une partie de ce courant intègre aussi la forêt comme source d'aliments[35] (du gibier aux végétaux en passant par les champignons) ou de suppléments nutritionnels[35] (sève, écorces, bourgeons, feuilles, pollen, nœuds du bois…) et s'est développée autour des thèmes de la forêt-jardin et de la forêt comestible. Selon Miyazaki Yoshifumi, en , les effets de variantes de contact avec des éléments naturels étaient aussi en cours d'études au Japon telles que l’observation du ciel nocturne, des nuages, des cascades, les jeux d'eau ou de concerts donnés en forêt[36], de même pour la durée de contact (15 min de shinrin-yoku) ou pour les effets selon l'heure de la journée[36].

La Revue forestière française et la revue Santé publique ont coproduit en 2019 un numéro spécial sur le sujet, appuyé sur des revues de la littérature scientifique (études asiatiques souvent et principalement publiées au Japon)[37],[38].

Cette synthèse suggère une certaine influence des bains de forêt et de la respiration de phytoncides, composés organiques volatils antimicrobiens (terpénoïdes, pinènes, bornéol, linalol, limonènes …) émis dans l'air par les arbres, sur la santé, le bien-être physique (système immunitaire, cardiovasculaire, hormones…) et/ou mental (humeur, stress…). Au Royaume-Uni, l’administration écossaise des forêts a été pionnière pour la prise en compte des effets des immersions en forêt sur la santé[35].

L'étude présente quelques limites : elle n’a pas pris en compte les environnements naturels plus éloignés que 500 m de la résidence et de l’école or ils pourraient peut-être également avoir un effet favorable sur les enfants ou adolescents si ceux-ci y ont un accès assez fréquent et/ou long[39]. De même, en raison du contexte écopaysager de la zone étudiée (région de Londres), l'accès à l'« espace bleu » dans la cohorte étudiée est généralement faible[39].

Toutes ces études, publiées dans des revues mineures, reposent essentiellement sur des corrélations et aucun mécanisme certain n'a jamais été mis en lumière : s'il est probable que la fréquentation d'espaces naturels soit bénéfique au bien-être, la dimension proprement thérapeutique de la sylvothérapie demeure donc en l'état non démontrée scientifiquement.

Certains promoteurs de la sylvothérapie défendent cette pratique comme permettant de « rééquilibre[r] les personnes au niveau mental, émotionnel, et physique grâce à des stimulations sensorielles. C’est un travail sur la respiration et la relaxation. »[40].

D'après un podcast organisé par RTS en , « d’un point de vue scientifique, la compréhension des mécanismes qui opèrent ces effets en est à ses débuts »[41].

Facteurs externes

Selon un article paru dans Le Figaro, l'activité physique et la détente induite par la promenade expliqueraient ces effets positifs plutôt que le milieu lui-même. Certains estiment que le sujet a une forte dimension culturelle au Japon, pas nécessairement reproductible ailleurs[17].

Risques potentiels

Risques biologiques

Séance de sylvothérapie où les participants sont allongés au sol pieds nus

En ce qui concerne le fait d'enlacer des arbres, les médecins mettent en garde contre l'exposition à une mousse du genre Frullania, qui expose à des démangeaisons pouvant s'étendre sur le corps. Divers lichens provoquent également des allergies[42]. Enfin, certaines espèces animales dangereuses pour l'humain vivent dans les arbres (chenilles urticantes, frelons, serpents…)[43]. D'autres mettent en garde vis-à-vis de risques éventuels comme la maladie de Lyme[43].

Possibilités d'escroquerie

En , Le Figaro a relayé des avis considérant que la sylvothérapie serait une « nouvelle escroquerie médicale » en raison notamment du faible nombre de sujets suivis lors des premières études[17].

Aux États-Unis et en France, plusieurs sylvothérapeutes proposent depuis les années 2020 des stages payants de bien-être plus ou moins inspirés de ces publications, consistant souvent à enlacer les arbres, prétendant qu'il s'agit d'une thérapie éprouvée et d'une tradition ancienne, ce qui n'est pas le cas. Ces affirmations sont basées sur les travaux controversés du Dr Qing Li de la Nippon Medical School (en)[17].

Des séances de sylvothérapie sont proposées par des sociétés tels que Loire Valley Lodge qui exploite des cabanes à louer dans les arbres à Esvres-sur-Indre[44].

En , une partie des fonds récoltés par la Ligue du cancer ont été utilisé pour financer des ateliers de bien-être, dont de la sylvothérapie[45].

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

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