Wikipédia:Lumière sur/Marie Dauguet

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Marie Dauguet vers 1910.
Marie Dauguet vers 1910.

Marie Dauguet, née Julie Marie Aubert le à Aillevillers-et-Lyaumont et morte le à Ville-d'Avray, est une poétesse française.

Elle jouit d'une éducation libre et grandit en pleine nature, dans les premiers contreforts des Vosges, passant son temps à étudier la botanique et tout ce qui l'entoure, à peindre et à jouer de la musique. À travers le voile, son premier recueil publié en 1902, est remarqué par Stuart Merrill qui compare la poétesse à Verlaine et la met en avant comme l'une des principales figures du renouveau poétique de la Belle Époque, avec Lucie Delarue-Mardrus et Anna de Noailles. Après avoir publié des poèmes dans plusieurs revues littéraires, Dauguet publie Par l'Amour en 1904, qui remporte le prix Archon-Despérouses en 1905. Sa préface, rédigée par Remy de Gourmont, forge son image de « poète de la nature » que cultivent les critiques par la suite.

Pendant environ une décennie, bien que vivant à l'écart de Paris, Dauguet occupe une place importante sur la scène littéraire et fait l'objet de notices dans plusieurs anthologies. Jouissant d'une certaine popularité, elle est aussi dénigrée pour son emploi du vers libre et de mots de patois. Après les Clartés (1907), qui montrent sa volonté de paraître comme une lettrée contrairement à l'image de « poète paysanne » qu'entretient la critique, ses recueils Les Pastorales (1909) et L'Essor victorieux (1911) oscillent entre paganisme et érotisme. Ayant bénéficié de l'engouement pour la « poésie féminine » du début du siècle, son succès faiblit en même temps que la critique se désintéresse des poétesses. Éclipsée par le succès d'autres figures auxquelles elle est souvent comparée, comme Delarue-Mardrus et Anna de Noailles, elle publie encore deux recueils, Ce n'est rien, c'est la Vie en 1924 et Passions en 1938, où l'amour de vivre de ses débuts laisse la place à la déception et la mélancolie. Aujourd'hui largement oubliée, elle fait l'objet de quelques rares études.

Assimilée tantôt au symbolisme, tantôt au naturisme littéraire, un mouvement prônant la simplicité et l'amour de la nature, Dauguet rejette elle-même toute appartenance à une école. Les thèmes qu'elle aborde et son mode de vie la rapprochent de Francis Jammes, qu'elle admet admirer mais qu'elle nie avoir imité. Dans ses évocations de la nature apparaît une vision panthéiste du monde, qu'elle ressent comme un tout. Au fil de ses recueils, elle personnifie la nature comme une amante, usant à partir de Pastorales de métaphores ouvertement sensuelles. Une des caractéristiques les plus représentatives de sa poésie est son emploi d'images « odorales », un terme inventé pour elle par Remy de Gourmont et régulièrement employé par la suite pour décrire la précision avec laquelle elle évoque les odeurs de la nature.

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