Allinges est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 2],[3],[4],[5].Elle appartient à l'unité urbaine de Thonon-les-Bains, une agglomération intra-départementale regroupant 13 communes[6] et 81 502 habitants en 2021, dont elle est une commune de la banlieue[7],[8].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Genève - Annemasse (partie française) dont elle est une commune de la couronne[Note 3]. Cette aire, qui regroupe 158 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[9],[10].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (44,3 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (45,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (30,4 %), zones agricoles hétérogènes (30 %), zones urbanisées (21,9 %), prairies (13,7 %), zones humides intérieures (3,4 %), terres arables (0,6 %)[11].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols en 2018 (CLC) de la commune.
Le toponymeAllinges dérive d'un nom d'origine burgonde *Alingum, « chez les Alingi », selon l'auteur Théodore Perrenot[12],[2],[13]. Il pourrait s'agir d'un dérivé de la forme familière d'un nom burgonde *alls, germanique *alla, qui signifie « tout, tout à fait ». Certains auteurs observent que le toponyme pourrait également dériver du prénom latin Alanus ou encore de l'ethnonymeAlains, un peuple envahisseur scythique originaire d'Asie, présence en Gaule vers le début du Ve siècle[2].
La paroisse est mentionnée sous la forme in Alingo entre 979 et 1046[2],[12],[13]. Au cours du XIIe siècle, on trouve les formes Alingis (1138-48) ou encore decanatus Allinges (1196), puis Alinco au début du siècle suivant[2],[12],[13]. Dans un document de 1210 du Cartulaire de Lausanne, il s'agit à nouveau de la forme Alingis, puis Cura de Alingio vers 1344[2],[13]. Lors de l'annexion du duché de Savoie par les troupes révolutionnaires françaises, la forme Alinges est utilisée (1793) [2],[13].
En francoprovençal, le nom de la commune s'écrit Alinzho selon la graphie de Conflans ou encore (Les) Alinjos selon l'ORB[14].
Les lieux-dits :
Commelinges :
Nom d'origine burgonde, dérivant probablement de *Gumolingum (Gumoldingum), « chez les Gumoldingum »[15]. Le village est mentionné sous cette forme en 1540[15].
Nom d'origine burgonde, dérivant probablement de *Miesingus, d'un germanique *meusa, musa désignant un lieu marécageux, «où pousse la mousse »[16],[17]. Le village est mentionné au XIIIe siècle sous les formes Meizinio (1248), Mesingis (1294), Mecingis (1298), puis on trouve Messinge et Mezinges, durant les périodes révolutionnaire et impériale (1793, 1810)[16],[17].
Un dépôt de fondeur de la phase ancienne du bronze final (1350 à 1200 av. J.-C.) a été découvert en 1984. Il s'agit de fragments d'objets (pendeloques, torques, faucilles, épingle, hache, épée, poignard, lingots) en bronze qui avaient dû être enterrés dans un sac en toile ou en cuir. Ils sont conservés au Musée du Chablais[18].
Une première mention du château des Allinges est citée dès 1071, mais il semblerait que les deux châteaux datent de cette période, appartenant chacun à deux branches ennemies de la même famille[19]. Les châteaux sont construits sur un belvédère naturel culminant à 712 mètres d'altitude, ce qui explique l'importance stratégique des lieux durant la période médiévale. La vue se déploie sur la plus grand partie du Chablais et des rives du Léman.
Entre 1123 et 1203, Château-Neuf ne relève plus de la famille d'Allinges, mais celle-ci y possède encore une maison-forte[19],[20],[21].
Il faut attendre le XIIIe siècle pour que les dénominations Château-Vieux et Château-Neuf fassent leur apparition, le second dépendant désormais des comtes de Savoie[19]. Les conflits sont alors constants entre les deux châteaux séparés par 150 mètres, l'un appartenant aux sires de Faucigny et l'autre à la maison de Savoie. Chaque château disposait de solides fortifications et abritait son propre bourg. La paix est rétablie en 1355 lorsque la baronnie de Faucigny est intégrée aux États de Savoie.
Au fil de l'histoire, les châteaux connaissent plusieurs propriétaires et des guerres entre les catholiques et la réforme genevoise.
Seule construction n'étant pas en ruine, la chapelle est en bon état de conservation et classée en 1907 comme monument historique. On peut y découvrir une fresque datant du XIe siècle.
Lors des débats sur l'avenir du duché de Savoie, en 1860, la population est sensible à l'idée d'une union de la partie nord du duché à la Suisse. Une pétition circule dans cette partie du pays (Chablais, Faucigny, Nord du Genevois) et réunit plus de 13 600 signatures[Note 4], dont 186 pour la commune[24]. Le duché est réuni à la suite d'un plébiscite organisé les 22 et 23 avril 1860 où 99,8 % des Savoyards répondent « oui » à la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? »[25]. Dans un certain nombre de communes, les bulletins “non” étaient camouflés ou oubliés.
Le , un TER percute un autocar scolaire transportant des élèves du collège de Margencel, sur un passage à niveau du hameau de Mésinges. Sept mineurs, âgés entre onze et treize ans, y trouvent la mort[26]. Le 6 mars 2014, Réseau ferré de France annonce que le passage à niveau va être rénové, à cause de défauts du platelage, durant le mois d'avril 2014[27]. Après la mise en service d'un contournement par le sud, comprenant un pont-route au-dessus de la voie ferrée, le passage à niveau est supprimé en novembre 2015[28], cependant qu'une stèle en mémoire des victimes est inaugurée sur les lieux de l'accident[29].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[34]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[35].
En 2021, la commune comptait 4 853 habitants[Note 5], en augmentation de 11,21 % par rapport à 2015 (Haute-Savoie : +5,99 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La commune d'Allinges est située dans l'académie de Grenoble. En 2015, elle administre une école maternelle et une école élémentaire « Joseph Dessaix » regroupant 437 élèves[38]. En janvier 2022, une deuxième école maternelle et élémentaire « l'aérospatiale » ouvre afin d'alléger l'école de la chavanne et accueille 40 pour cent de ses anciens élèves.
Monique Constant, "L'établissement de la Maison de Savoie au sud du Léman. La châtellenie d'Allinges-Thonon (XIIe siècle-1536)", in Mémoires et documents de l'Académie chablaisienne, t. LX, 1972.
Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Histoire des communes savoyardes : Le Chablais, Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN978-2-7171-0099-0), p. 57-58, « Canton de Thonon », 125 à 133, « Allinges ».
Abbé Jean-François Gonthier (1847-1913), Les Châteaux et la chapelle des Allinges, Annecy, impr. de J. Niérat (Ancienne imprimerie Burdet), , 136 p. (lire en ligne)
↑ a et bD'après Henry Suter, « Commelinges », Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs, sur henrysuter.ch, Henry Suter, 2000-2009 (consulté le ).
↑ a et bThéophile Perrenot, Albert Dauzat, La Toponymie burgonde, 1942, p. 195.
↑ a et bD'après Henry Suter, « Mésinges », Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs, sur henrysuter.ch, Henry Suter, 2000-2009 (consulté le ).
↑Laurent Berman, « Un dépôt de l'âge du bronze découvert sur la commune d'Allinges », Nature et patrimoine en pays de Savoie, pages 10-11, n° 37, juin 2012.
↑« Compte de la châtellenie d'Allinge-Thonon », Archives départementales de la Savoie, SA 14784 : "unum fossatum a tornella juxta portam extra clausuras usque ad domum Jaquemeti de Alingio".
↑Luc Monnier, L'annexion de la Savoie à France et la politique suisse, 1860, A. Jullien, , p. 98.
↑Paul Guichonnet (préf. Henri Baud), Histoire de l'annexion de la Savoie à la France et ses dossiers secrets, Roanne, Éditions Horvath, , 354 p. (ISBN978-2-7171-0235-2), p. 163.
↑Manifestes et déclarations de la Savoie du Nord, Genève, Imprimerie-Lithographie Vaney, , 152 p. (lire en ligne), p. 43-45.
↑Michel Germain, Jean-Louis Hebrard et Gilbert Jond, Dictionnaire des communes de Haute-Savoie, Éditions Horvath, , 450 p. (ISBN978-2-7171-0933-7), p. 424.
↑ a et b« La capacité d'accueil touristique en Savoie-Mont-Blanc », Observatoire, sur le site Savoie-Mont-Blanc - pro.savoie-mont-blanc.com, (consulté en ) : « Les données détaillées par commune, et par station : nombre de structures, nombre de lits par type d'hébergements (fichier : Détail des capacités 2014, .xlsx) ».