Jéricho (prononcer [ʒe.ʁi.ko] ; en arabe : أريحاRīḥa ou Arīḥā ; en hébreu : יריחוYerīḥo ; en araméen : ܐܝܪܝܚܘ ʾĪrīḥō en grec ancien : Ἰεριχώ) est une ville de Cisjordanie située sur la rive ouest du Jourdain. Son nom est dérivé de la racine sémitique /wrḥ/ « lune » et indique que la ville fut l'un des premiers centres de culte des divinités lunaires. Jéricho a été mentionnée pour la première fois dans le Livre des Nombres. Elle est considérée comme une des plus anciennes villes (bien que ce terme soit aujourd'hui discuté) habitées dans le monde et les archéologues ont mis au jour les restes de plus de 20 établissements successifs, et dont le premier remonte à 9 000 ans av. J.-C. La cité a aujourd'hui une population d'environ 27 000 habitants.
Jéricho a été décrite dans la Torah comme la « ville des palmiers »[1], où d'abondantes sources d'eau tiède et d'eau froide jaillissent et donnent lieu à la culture de citrons, d'oranges, de bananes, de plantes oléagineuses, de melons, de figues et de raisins. La culture de la canne à sucre y est présente dès le Xe siècle[2]. Jéricho est la ville la plus basse du monde avec une altitude proche de -240 m. Elle est le siège du gouvernorat de Jéricho en Palestine.
L’occupation du site remonterait au Xe millénaire av. J.-C., à une période où le niveau de la mer Morte était vraisemblablement beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. D'une superficie de 2 à 3 ha[3], Jéricho est parfois considérée comme l'une des plus anciennes cités du monde, bien que le terme de « ville », au sens d’une agglomération importante présentant une diversité économique et sociale, ne puisse être employé réellement qu’à partir du IVe millénaire av. J.-C. pour la Mésopotamie, la Syrie et l’Iran[4].
Les plus anciennes traces d'habitation ont été retrouvées près de la source de 'ēn es-Sultān. Elles se composent de murs défensifs imposants (3,5 m de large, 5 m de haut, eux-mêmes protégés par un fossé de 2 m de profondeur et 8 m de large[3]), d'un lieu de culte et d'une tour de 8,5 m datée de 9000 av. J.-C[5] et considérée jusqu'en 2007 comme le vestige d'édifice public le plus ancien au monde, avant la découverte des tours de Tell Qaramel[6],[7]. Le terme de Néolithique précéramique, introduit à l'occasion des découvertes archéologiques faites à Jéricho a été par la suite adopté pour l'ensemble du Néolithique du Proche-Orient.
La ville, relativement petite et pauvre à l'âge du bronze final (vers 900 av. J.-C.), n'est plus fortifiée et est abandonnée. Elle n'est significativement réoccupée qu'au VIIe siècle av. J.-C.
La ville est probablement le centre administratif d'un district rattaché à Yehoud, nom araméen d'une province de l'empire perse achéménide formée à partir de l'ancien royaume de Juda fondé par les exilés judéens revenant de Babylonie[12]. Elle est l'endroit où Bacchidès aurait construit une de ses forteresses en raison de la révolte des Maccabées entre -175 et -140 (1 Macc 9:50). Bacchidès (En grec : Βακχίδης) était un général grec ami du roi séleucide de Syrie Démétrios Ier Sôter (-162/-150). Il régnait dans « le pays au-delà de la rivière » (l'Euphrate). Démétrios I lui aurait envoyé en -161 une grande armée afin de conquérir la Judée. À la suite de la victoire des Maccabées, la ville fut administrée par les Hasmonéens jusqu’à ce que les Romains proclament Hérode Ier le Grand comme roi de Judée en -40 à la suite de la victoire de l'armée romaine sur les Parthes.
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Sous domination arabe, Jéricho fut rattachée à la province de Palestine (Jund Filastin), et c'est son nom araméen אריחא ('ᵊrīḥā), qui a été transposé en arabe.
Jéricho est, selon le livre de Josué, la première ville du pays de Canaan conquise par Josué et les Hébreux. Le livre de Josué relate la prise de Jéricho et comment, le septième jour après l'arrivée des Hébreux, les murailles de Jéricho s'effondrèrent par la volonté de Dieu après le défilé, sept fois autour de la cité pendant sept jours, de l'Arche d'alliance et de septprêtres sonnant sept chofars (trompettes). Jéricho est rasée intégralement. Sauf Rahab et sa maison, tous les habitants, femmes, vieillards et enfants, et tous les animaux sans exception sont mis à mort. La ville et son butin furent alors maudits. Josué déclare : « Maudit soit devant l'Éternel l'homme qui se lèvera pour rebâtir cette ville de Jéricho ! Il en jettera les fondements au prix de son premier-né, et il en posera les portes au prix de son plus jeune fils. »[13]
Jéricho est citée sous le règne du roi David[14]. Dans le Premier livre des Rois, des siècles plus tard au temps du roi Achab, Hiel de Béthel rebâtit Jéricho : « Il en jeta les fondements au prix d'Abiram, son premier-né, et il en posa les portes au prix de Segub, son plus jeune fils, selon la parole que l'Éternel avait dite par Josué, fils de Nun. […] »[15].
Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ guérit deux aveugles aux portes de Jéricho (Matthieu, 20). Une fois dans la ville, il y fait une surprenante rencontre avec Zachée (Luc 19).
C'est sur la route de Jérusalem à Jéricho que Luc situe la « Parabole du bon Samaritain » (Luc 10,25-37).
La synagogue « Shalom Al Yisrael », des Ve – VIe siècles, avec un sol en mosaïque représentant une menorah, un Shophar et une branche de palmier (loulav) ainsi qu'une inscription en hébreu ancien : « שלום על ישראל » (paix sur Israël) dans un cercle d'environ un mètre de diamètre. L'ensemble de la mosaïque couvre une surface de 10 mètres sur 13. Elle a été redécouverte en 1936 lors des fouilles de D.C. Baramki de la Direction des Antiquités à l'époque du Mandat Britannique.
L'épisode légendaire de la chute des murailles de Jéricho a inspiré entre autres Victor Hugo dans Les Châtiments (le poème Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée (1853) se conclut par : À la septième fois, les murailles tombèrent[18]). Il fait également une référence à ce récit biblique à la fin du poème Suite (Les Contemplations) : « Il sort d’une trompette, il tremble sur un mur. Et Balthazar chancelle, et Jéricho s'écroule ».
Le groupe musical Normandie fait référence à Jéricho dans la chanson du même nom sortie en août 2020. On peut y entendre « The wall’s coming down [...] And when I see the walls come crashing down I’ll be satisfied, like Jericho » [Les murs tombent [...] et quand je les verrai s’écraser, je serai satisfait, comme pour Jéricho]
Dans la chanson "History of Man", Maisie Peters mentionne Jéricho : « Yeah, I'm sure there was heartbreak, inside the walls of Jericho » [oui, je suis sûre qu'il y avait des cœurs brisés, à l'intérieur des murs de Jéricho]