Pomponio Nenna (baptisé le , mort le ) est un compositeur napolitain de la Renaissance. Il est principalement connu pour ses madrigaux, largement influencés par ceux de Carlo Gesualdo, et pour ses motets publiés à titre posthume comme les Sacrae Hebdomadae Responsoria en 1622.
Pomponio Nenna est né à Bari, dans la région des Pouilles. Son père, Giovanni Battista Nenna, était un fonctionnaire de la ville de Bari, et l'auteur de « Il Nennio: nel quale si ragiona di Nobilta », un livre sur la noblesse et le caractère, publié en 1542.
Le jeune musicien a probablement étudié avec Stefano Felis à Bari. Il publie ses premières pièces en 1574, quatre villanelles comprises dans une collection de « Villanelle alla napoletana », éditée par Giovanni Jacopo de Antiquis, qui passe également pour avoir été l'un de ses maîtres. En 1582, Nenna dédie son premier livre de madrigaux à Fabrizio Carafa, jeune duc d'Andria. Cependant, Carafa est assassiné dans la nuit du 16 au , surpris en flagrant délit d'adultère avec Maria d'Avalos, épouse de Carlo Gesualdo. Ce dernier fit abattre le duc et poignarda lui-même son épouse, perpétrant l'un des crimes les plus célèbres de l'histoire de la musique.
Nenna resta néanmoins en bons termes avec Gesualdo, et bien des œuvres lui sont dédiées. Gesualdo était prince de Venosa, et cette attitude semble avoir été dictée par la prudence avant tout. Nenna suivit le prince compositeur et travailla pour sa cour de Gesualdo, de 1594 à 1599.
Les activités de Nenna dans la première décennie du XVIIe siècle sont mal connues, mais il vécut probablement à Naples de 1606 à 1607, et à Rome à partir de 1608. Il semble avoir montré quelque talent aux échecs. Sa participation dans un concours de jeu d'échecs à Naples, en 1606, est enregistrée dans une source manuscrite de l'époque[1].
En , Éléonore d'Este, la seconde épouse de Gesualdo, écrit une lettre à son frère le cardinal Alessandro d'Este, à Rome, dans laquelle elle lui recommande Nenna. C'est très probablement grâce à elle qu'il se rend à Rome[2].
Nenna a suivi les tendances stylistiques napolitaines de son époque. Il s'est inspiré de l'œuvre de Giulio Caccini, et a échangé des idées musicales importantes avec Gesualdo. Certains des madrigaux de Nenna font également usage du style antiphonique d'Andrea Gabrieli.
Nenna a écrit huit livres de madrigaux, dont les deuxième et troisième livres ont disparu aujourd'hui. Pour cette raison, le changement de son style présent dans son premier livre de madrigaux vers celui, plus mature, du quatrième livre peut paraître surprenant…
Son utilisation du chromatisme et un langage musical basé sur l'imitation est dans la veine expérimentale de son temps, telle qu'on la trouve dans le travail de Gesualdo, indiquant une relation de travail étroite entre les deux. Nenna utilise les dissonances pour établir des tensions qui reflètent étroitement les passions exprimées dans les textes, et il emploie des motifs mélodiques et rythmiques en imitation entre les parties qui se déplacent vers les points de conflit qui trouvent ensuite à se résoudre — souvent de manière soudaine.
Les structures chromatiques présentes dans ses compositions sont parfois surprenantes. Au début de La mia Doglia s'avanza, les premiers accords passent de sol mineur à fa dièse majeur, puis Ré mineur et enfin do dièse majeur, en commençant une série de figures descendant chromatiquement. Dans L'amoroso veleno, les voix utilisent de petites gammes ascendantes chromatiques pour imiter le poison qui s'insinue lentement au cœur de la victime…
Fait intéressant, dans plus d'un madrigal, Nenna utilise une phrase répétée musicalement, Vita de la mia vita (« lumière de ma vie »), apparemment comme une sorte de signature sonore, ou peut-être une référence voilée à une personne en particulier.
Le cinquième livre de madrigaux est dédié à l'un des mécènes de Nenna, Fabrizio Branciforte, tandis que le sixième est offert à Diana Vittoria Carafa, l'épouse du séducteur de la femme de Gesualdo… Le huitième livre, publié en 1618, a été édité de façon posthume par Ferdinando Archilei, docteur en droit, musicien amateur et ami de Nenna à Rome.
Nenna a également écrit de la musique sacrée, dont des répons des Ténèbres pour la Semaine sainte, qui montrent une approche digne et sobre, en harmonie avec le style napolitain pour la musique liturgique, et reflète le travail de Gesualdo sur ce même sujet.
Il secondo libro delle villanelle alla napolitana a tre voci, de diversi musici di Barri; raccolte per I. de Antiquis, con alcune delle sue, novam. stamp / Venetia, Gardano, 1574. (OCLC29934375)
Bicinia sive cantiones suavissimae duarum vocum : tam divinae musices tyronibus, quam eiusdem artis peritioribus magno usui futurae : nec non & quibusvis instrumentis accomodae ; ex praeclaris huius aetatis authoribus collectae / Antwerpen, Phalèse, 1609. RISM 1609/18 (OCLC165564608)
Di Pomponio Nenna… Il Primo Libro de madrigali à cinque voci. / In Venetia Appresso Angelo Gardano, 1582. (OCLC165333223)
Symphonia angelica di diversi eccellentissimi musici a IIII. V. et VI. voci / Anversa, Phalèse & Bellère, 1585. (OCLC31261501)
Del signor Alessandro di Costanzo… Il primo libro de' madrigali à quattro voci / Napoli, Per Gio. Battista Sottile, 1604. Et ristampato [er Gio. Battista Gargano, &] per Lucretio Nucci. Si vendono alla libraria di Pietro Paolo Riccio, (1604), 1616. (Contains 3 madrigals at the end by Dentice, marked "newly added" and 2 in the center by Nenna, "S'io taccio" and "La mia doglia")
Di Pomponio Nenna… Il quarto libro de madrigali à cinque voci / Venetia : Angelo Gardano & Fratelli, 1609. (OCLC472343647)
Di Pomponio Nenna… Il Sesto Libro de Madrigali à cinque voci. Canto. (Alto.) (Tenore.) (Basso.) (Quinto.) / Napoli : Nella Stamperia di G. B. Sottile. Per S. Bonino, 1607. (OCLC497707457)
Di Pomponio Nenna… Il Sesto Libro de Madrigali à cinque voci. Nouamente Ristampati. Canto. (Alto.) (Tenore.) (Basso.) (Quinto.) Stampa del Gardano. / Venetia : Ære Bartholomæi Magni, 1614. (OCLC497707473)
Florence. Biblioteca Nazionale Centrale. Ms. (Magl.XIX.106bis). (contient 10 madrigaux de Nenna pour quatre voix, très probablement copiés depuis le volume imprimé en 1621, et 12 ricercars de Giovanni de Macque)
Christ Church. MS Mus. 37 Richard Goodson Sr - Manuscript Madrigals by Pomponio Nenna (contient des copies de 9 madrigaux du premier livre, et un inédit)
Polifonia sacra a Napoli tra XVI e XVIII secolo, Ensemble Vocale di Napoli, dir. Antonio Spagnolo. Fonè 94 F 01, 1994. (OCLC33015447)
Spesso gli leglo : Neapolitan madrigals of the 16th and 17th century, Ensemble Vocale di Napoli, dir. Antonio Spagnolo. Édition: Tonträger. Série l'Âge d'or de Naples. Niccolo, 2000. (OCLC254876794)
Il primo libro de' madrigali à 4 voci, Napoli, 1613, Ensemble Vocale Palazzo Incantato, dir. Sergio Lella. Tactus TC551401, 2001. (OCLC52724705)
Eduardo Dagnino, Madrigali di Pomponio Nenna / ed. Eduardo Dagnino, Instituto Italiano per la Storia della Musica, Roma, 1942. (d'abord prévu en deux volumes, le second n'a jamais été publié) réimprimé en 1979.
Angelo Pompilio, I madrigali a quattro voci di Pomponio Nenna (1613) / Studi e testi per la storia della musica, Florence, Leo S. Olschki, 1983. (ISBN8822231953)
Articles "Pomponio Nenna", "Carlo Gesualdo", "Ferrara" The New Grove Dictionary of Music and Musicians, ed. Stanley Sadie. 20 vol. London, Macmillan Publishers Ltd., 1980. (ISBN1-56159-174-2)
Gustave Reese, Music in the Renaissance. New York, W.W. Norton & Co., 1954. (ISBN0-393-09530-4)
Keith A. Larson, "Pomponio Nenna", Grove Music Online ed. L. Macy (Accès revu le ),