Élection présidentielle russe de 2018

élection en Russie

L’élection présidentielle de 2018 est organisée en Russie le pour en élire le président fédéral. Vladimir Poutine ayant réuni une majorité absolue des voix dès le premier tour, aucun second tour n'est organisé.

Élection présidentielle russe de 2018
Corps électoral et résultats
Inscrits109 008 428
Votants73 578 992
67,50 % en augmentation 2,2
Votes exprimés72 787 734
Blancs et nuls791 258
Vladimir Poutine – Russie unie
Voix56 430 712
77,53 %
en augmentation 13,9
Pavel Groudinine – Parti communiste de la fédération de Russie
Voix8 659 206
11,90 %
Vladimir Jirinovski – Parti libéral-démocrate de Russie
Voix4 154 985
5,71 %
en diminution 0,5
Résultats de Vladimir Poutine par sujet
Carte
Président
SortantÉlu
Vladimir Poutine
Russie unie
Vladimir Poutine
Russie unie

Le président sortant, Vladimir Poutine, se représente pour un deuxième mandat consécutif, quatrième mandat au total. Il est donné largement favori, régulièrement placé au-delà des 50 % dans les sondages publiés depuis la dernière élection présidentielle.

Face à sept autres candidats, Vladimir Poutine, soutenu par le parti libéral-conservateur Russie unie, est réélu dès le premier tour avec 76,7 % des voix exprimées. Il est suivi par le communiste nationaliste Pavel Groudinine (11,8 %) et par l’ultranationaliste de droite Vladimir Jirinovski (5,6 %).

Contexte

Logo de l'élection.

Présidence autoritaire de Vladimir Poutine

Vladimir Poutine

A la tête de la Russie depuis la démission de Boris Eltsine fin décembre 1999, Vladimir Poutine est élu en 2000 et 2004, avant de laisser temporairement sa place à Dmitri Medvedev lors de l'élection de 2008, puis d'être réélu en 2012 après avoir fait modifier la constitution de 1993 pour faire passer la durée du mandat présidentiel de quatre à six ans.

En plus de deux décennies au pouvoir, Vladimir Poutine met en place un régime autoritaire où l'opposition, les membres des ONGs et autres défenseurs des droits humains sont soumis à la censure et à une intense représsion, qui les voient couramment emprisonnés via une législation ayant multipliée les possibilités de mises en accusations des « indésirables »[1]. Mené par le parti présidentiel Russie unie, le gourvernement entretient un multipartisme de façade via une opposition tolérée. La représsion politique des véritables opposants, emprisonnés ou contraints à l'exil, lui permet ainsi de n'autoriser à concourir que des partis qui lui sont affiliés et dont les candidats « fantoche » ne mènent qu'une opposition de façade, voire servent de faire valoir via un discours communiste ou ultranationalisme permettant à Vladimir Poutine de se présenter comme un président modéré, sans alternative crédible ou raisonnable[2],[3],[4].

La popularité du président sortant ne faiblit pas, si bien que sa réélection ne semble être qu'une formalité à en croire les sondages et une partie de ses opposants. Un bon nombre de Russes voient en lui l'homme qui a pu ramener la Russie au devant de la scène internationale, mais aussi un gage de stabilité pour le présent et pour l'avenir, selon le politologue russe Dmitri Orechkine : « Quand on vote pour Vladimir Poutine, on vote pour le leader de la nation, pour le chef qui ne s’abaisse pas à évoquer des thèmes aussi mesquins que la question du faible revenu de la population. Poutine, c’est celui qui relève la Russie qui était à genoux, celui qui repousse les manigances des États-Unis et de l’Europe, celui qui rattache la Crimée - et ça n’est d’ailleurs pas innocent si l’élection a lieu le jour même du quatrième anniversaire du retour de la Crimée à la Russie. En réalité, il ne peut plus réaliser de nouveaux exploits, et donc l’idée est de conserver cette image de l’aigle qui vole très haut, qui a vaincu et convaincu le monde entier »[5].

Aussi, Poutine neutralise les oppositions qui se lèvent contre lui. Par exemple, l'opposant Boris Nemtsov, qui s'apprêtait à publier un rapport intitulé Poutine. La Guerre, est assassiné en 2015 devant le Kremlin[6]. Aussi, Alexeï Navalny, principal opposant au président sortant, n'a pas été autorisé à se présenter à l'élection. Ce dernier a par ailleurs annoncé qu'il boycotterait ce qu'il ne considère pas comme étant « une vraie élection », où « il n'y aura que Poutine et les candidats qu'il a sélectionnés »[7].

En cas de réélection, ce deuxième mandat consécutif de Poutine devrait être le dernier, puisque la Constitution ne lui permet pas, en l'état, d'être élu trois fois de suite. En , il annonce ne pas avoir l'intention de modifier la Constitution de sorte à pouvoir rester au pouvoir à l'issue de son éventuel prochain mandat[8].

Contexte international

Vladimir Poutine et Donald Trump, en 2017.

Depuis la dernière élection présidentielle de 2012, qui a vu le retour de Vladimir Poutine à la tête de l'État, la Russie est au cœur de la scène internationale et voit ses relations avec d'autres puissances, notamment les États-Unis et l'Union européenne, se détériorer.

Le premier épisode de cette escalade est intervenu en 2014 lorsque le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovytch a été destitué le à la suite de l'Euromaïdan. La Russie a considéré le nouveau président « illégitime » et, le , à la suite d’un référendum tenu le , le gouvernement russe annonce que la république de Crimée (correspondant à l’ancienne république autonome de Crimée) et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, deviennent deux nouveaux sujets de la fédération de Russie. Au niveau international, les États-Unis, l'Union européenne et d'autres pays s'opposent à la Russie, l'accusent de violer le droit international et la souveraineté de l'Ukraine. Par ailleurs, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté le une résolution non contraignante qui dénonce le référendum en Crimée et le rattachement de cette péninsule à la fédération de Russie[9].

Aussi, en , les États-Unis accusent le gouvernement russe d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine de 2016 en donnant naissance à l'affaire du Russiagate et engagent à l'encontre de la Russie des représailles diplomatiques, les plus importantes depuis la guerre froide[10]. D'une manière assez réciproque, la Russie dit disposer d’informations sur les tentatives de certains pays occidentaux de s’ingérer dans l'élection présidentielle. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a ainsi déclaré : « À la différence des accusations infondées portant sur les hackers russes tout-puissants et sur les soi-disant tentatives russes visant à influencer les élections dans d'autres pays, nous disposons d'informations confirmant les faits d'ingérence de certains pays occidentaux dans nos affaires intérieures dans le contexte de la campagne présidentielle actuelle ». Selon un rapport rédigé par Andreï Manoïlo, membre du conseil scientifique auprès du Conseil de sécurité russe, et intitulé « Invasion. L'ingérence des USA dans les élections russes pendant les campagnes présidentielles de 1996 à 2018 », l'objectif principal des États-Unis consiste à « délégitimer le processus électoral en Russie » en utilisant plusieurs moyens : les réseaux sociaux, le soutien aux leaders d'opposition comme Alexeï Navalny, le recours aux grands médias et la transformation des problèmes de la population liés au domaine social, à la santé et à l'enseignement en problèmes politico-idéologiques[11].

De la même manière, la guerre civile en Syrie conduit à l'accroissement des tensions entre la Russie et les États-Unis, notamment car les deux pays ne partagent pas les mêmes objectifs dans ce conflit. Tandis que la Russie soutient farouchement le président Bachar el-Assad contre les combattants rebelles et ceux de l'organisation État islamique (EI), les États-Unis attaquent à la fois l'EI et les forces gouvernementales. En effet, par exemple, à la suite d'une attaque chimique perpétrée en et attribuée aux forces armées syriennes, ayant fait 86 morts dont une trentaine d'enfants, les États-Unis ont riposté en envoyant des missiles sur une base aérienne du régime syrien, ce que la Russie a qualifié d'« agression »[12]. Plus récemment, le général Joseph Votel, commandant des forces américaines au Moyen-Orient (CENTCOM) a déclaré, le , devant le Congrès des États-Unis que « Moscou joue à la fois le rôle de pyromane et celui de pompier, en attisant le conflit entre le régime syrien, les YPG et la Turquie, et affirmant ensuite jouer un rôle d'arbitre pour résoudre le conflit »[13].

La situation socio-économique, thème privilégié de politique intérieure

L'escalade des tensions entre la Russie d'un côté, et les États-Unis et l'Union européenne de l'autre, ont conduit ces puissances à prendre des sanctions politiques, mais aussi économiques, entre elles. Depuis , l'Union européenne impose progressivement à la Russie un ensemble de « mesures restrictives en réaction à l'annexion illégale de la Crimée et à la déstabilisation délibérée de l'Ukraine », ce qui a un impact sur leurs relations économiques[14]. De plus, la Russie est depuis l'automne 2014 touchée par une importante chute du prix du pétrole, ce dernier élément étant le facteur dominant dans l’évolution de l’économie russe et de la valeur de sa monnaie (le marché russe étant d'une importance limitée pour l'UE)[15].

La situation socio-économique de la Russie est le thème le plus mobilisé par les opposants à Vladimir Poutine dans le cadre de la campagne électorale. Par exemple Vladimir Ryzhrov, ancien député d’opposition et soutien de Grigori Iavlinski (candidat du parti libéral Iabloko) rappelle que « les revenus réels de la population sont en baisse pour la quatrième année consécutive. Depuis 2013, ils ont été diminués de 15 % et cela fait six ans qu’il n’y a pas de signe de croissance ». Il souligne également que « les problèmes sociaux s’accumulent dans le secteur de la santé et de l’éducation »[5]. Aussi, Pavel Groudinine, candidat du Parti communiste et principal concurrent de Vladimir Poutine, laisse une place importante à l'économie dans son programme[16]. Enfin, pour souligner l'importance des questions économiques dans cette campagne, il convient de souligner que la candidature de Boris Titov ne s'inscrit pas en opposition au président sortant. Titov considère lui-même que le but de sa participation à l'élection est uniquement de promouvoir son programme économique, intitulé « Stratégie de la Croissance », préparé par sa fondation, le « club Stolypine »[17].

Changement de la date du scrutin

Le , les sénateurs Andreï Klichas et Anatoli Chirokov ont soumis à la Douma un projet d'amendements à la législation électorale. L'un des amendements prévoit le décalage de l'élection du deuxième au troisième dimanche de mars, c'est-à-dire du 11 au [18]. En effet, selon l'article 5, paragraphe 7 de la loi fédérale no 19-FZ, « si le dimanche au cours duquel doit se tenir l'élection présidentielle coïncide avec le jour précédant un jour férié, ou si ce dimanche tombe la semaine incluant un jour férié ou si ce dimanche est déclaré comme jour ouvrable, l'élection est organisée le dimanche suivant ». La deuxième semaine de mars, le , coïncide à la Journée internationale des femmes, jour férié en Russie[19]. Le projet de loi est adopté par la Douma et le Conseil de la fédération sans délai en , puis est promulgué par Vladimir Poutine le [20].

Le , le Conseil de la fédération confirme que le sera la date de l'élection présidentielle. Débute alors officiellement la campagne électorale ainsi que l'enregistrement des candidatures[21]. La date retenue pour l'organisation du scrutin correspond au quatrième anniversaire de l'annexion de la Crimée par la Russie[22].

Système électoral

Affiche présentant les candidats dans un bureau de vote.
Bulletin de vote utilisé pour l'élection.

Généralités

Le président de la fédération de Russie est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de six ans, contre quatre ans avant une réforme entreprise par le gouvernement de Dmitri Medvedev en 2008[23]. Conformément à l'article 81 de la Constitution de la fédération de Russie, un candidat à la présidence doit être âgé d'au moins 35 ans et avoir résidé en permanence en Russie pendant les dix dernières années, et ne peut pas réaliser plus de deux mandats consécutifs[24].

Sélection des candidats

Accès libre

Les partis politiques représentés à la Douma et/ou dans les organes législatifs d'au moins un tiers des sujets de la fédération peuvent désigner un candidat sans recueillir de signatures. Cela concerne, pour l'élection de 2018 :

Si le Parti communiste de la fédération de Russie et le Parti libéral-démocrate de Russie présentent bien respectivement et administrativement Pavel Groudinine et Vladimir Jirinovski, la candidature de Vladimir Poutine n'est officiellement portée par aucun parti.

Accès limité

Les individus qui appartiennent à un parti non-représenté à la Douma doivent recueillir 100 000 signatures pour pouvoir déposer leur candidature, tandis que ceux qui sont totalement indépendants doivent collecter au moins 300 000 signatures, dans la limite de 7 500 par sujet fédéral de la Russie[réf. souhaitée], et former un groupe de militants composé d'au moins 500 personnes[28].

Les documents d'enregistrement de la candidature doivent être soumis à la Commission électorale centrale de la fédération de Russie (CEC) au plus tôt quatre-vingt jours et au plus tard quarante-cinq jours avant la date du scrutin, soit au plus tard le à 18 heures.

De nombreux commentateurs politiques, dont l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Irina Khakamada, évoquent la difficulté de rassembler des signatures sans le soutien d'un parti politique[29]. Cependant, selon la présidente de la CEC Ella Pamfilova, les conditions d'accès aux candidats sont plus faciles que jamais car ils n'ont plus besoin de collecter 1 000 000 de signatures. Par conséquent, selon Pamfilova, il pourrait y avoir encore plus de candidats à cette élection qu'en 2000, lorsque onze candidats s'étaient présentés[30]. En fin de compte, huit candidats concourent en 2018, soit trois de plus que lors de la dernière élection en 2012.

Primaires

Trois primaires ont été organisées dans le cadre de l'élection présidentielle russe de 2018.

Parti de la croissance

En , le Parti de la croissance annonce la tenue de primaires pour la nomination d'un candidat en vue de l'élection présidentielle de 2018. Quatre candidats participent aux primaires : Oksana Dmitriyeva, Dmitry Potapenko, Dmitry Marinichev et Alexander Huruji. Le vote est réalisé sur internet, d' à [31].

Le , le porte-parole du parti déclare aux médias que les résultats des primaires seraient pris en compte lors du congrès du parti qui doit se tenir pour décider du choix du candidat[32]. Le , il est annoncé que le parti nommera Boris Titov, qui n'a pourtant pas participé aux primaires. Selon la direction du parti, aucun des candidats aux primaires n'a été en mesure d'obtenir un soutien suffisant pour représenter le parti[33].

Front de gauche

Le Front de gauche, dirigé par Sergueï Oudaltsov ouvre, le , des primaires en ligne dans le but de la désignation d'un candidat commun pour la gauche. Les primaires ont lieu en deux tours, du 2 au pour le premier tour et du 24 au pour le second tour.

Soixante-dix-sept candidats concourent dans le cadre du premier tour, parmi lesquels figurent des représentants de divers partis politiques et organisations de gauche, dont Pavel Groudinine, Iouri Boldyrev, Guennadi Ziouganov, Sergueï Mironov, Zakhar Prilepine, Jaurès Alferov, Sergueï Babourine ou encore Maxim Souraïkine[34].

Le second tour voit s'opposer Iouri Boldyrev et Pavel Groudinine. Ce dernier l'emporte avec 4 086 voix (58,4 %)[35]. Fin , Groudinine est officiellement désigné comme le candidat du Parti communiste de la fédération de Russie.

Plusieurs candidats malheureux de cette primaire décident de ne pas soutenir le vainqueur, notamment Sergueï Mironov qui apporte son soutien à Vladimir Poutine, ou encore Sergueï Babourine (qui se présente finalement sous les couleurs de l'Union nationale russe) et Maxim Souraïkine (qui se présente pour les Communistes de Russie)[réf. souhaitée].

Troisième force

Le mouvement Troisième force organise des primaires entre les représentants de dix partis non-parlementaires pour nommer des candidats. Selon les organisateurs, les primaires doivent déterminer quatre candidats représentant des points de vue différents[36],[37]. La présentation officielle des candidats a lieu le dont figurent parmi eux Andreï Bogdanov notamment[38].

Finalement, Troisième force ne parvient pas à déterminer un vainqueur clair et tous les candidats à l'exception d'Olga Onichtchenko déclarent qu'ils participeront aux élections. Toutefois, aucun ne parvient à enregistrer sa candidature[39],[40],[41].

Candidats

Candidatures retenues

Les candidats sont listés dans l'ordre dans lequel ils apparaissent sur le bulletin de vote, c'est-à-dire l'ordre alphabétique en russe[42].

Candidat (nom et âge) et
parti ou mouvement politique
Fonction(s) politique(s)LogoDétails
Sergueï Babourine
(59 ans)

Union nationale russe

Député au Congrès des députés du peuple de Russie
(1990-1993)
Député à la Douma
(1994-2000, 2003-2007)
Soutenue par un parti non-parlementaire, sa candidature est confirmée par la CEC le après avoir fait valider plus de 100 000 signatures[43],[44].
Pavel Groudinine
(57 ans)

Parti communiste de la fédération de Russie

Député à la Douma de l'Oblast de Moscou
(1997-2011)
Portée par un parti parlementaire, sa candidature est officiellement enregistrée le [45],[46],[47].
Vladimir Jirinovski
(71 ans)

Parti libéral-démocrate de Russie

Député à la Douma
(depuis 1993)
Dirigeant du Parti libéral-démocrate de Russie
(depuis 1991)
Portée par un parti parlementaire, sa candidature est officiellement enregistrée le [48].
Vladimir Poutine
(65 ans)

Russie unie[N 1]

Président de la fédération de Russie
(1999-2008 et depuis 2012)
Président du gouvernement russe
(1999-2000 et 2008-2012)
Président de Russie unie
(2008-2012)
Directeur du FSB
(1998-1999)
Administrativement indépendant, il est le candidat de Russie unie et est soutenu par plusieurs autres partis parlementaires. Sa candidature est confirmée par la CEC le après la validation de plus de 300 000 signatures[49].
Ksenia Sobtchak
(36 ans)

Initiative civile

Aucune Soutenue par un parti non-parlementaire, sa candidature est confirmée par la CEC le après avoir fait valider plus de 100 000 signatures[50].
Maxim Souraïkine
(39 ans)

Communistes de Russie

Président du Comité central des Communistes de Russie
(depuis 2012)
Soutenue par un parti non-parlementaire, sa candidature est confirmée par la CEC le après avoir fait valider plus de 100 000 signatures[51].
Boris Titov
(57 ans)

Parti de la croissance

Président du Parti de la croissance
(depuis 2016)
Soutenue par un parti non-parlementaire, sa candidature est confirmée par la CEC le après avoir fait valider plus de 100 000 signatures[52].
Grigori Iavlinski
(65 ans)

Iabloko

Président de Iabloko
(1993-2008)
Député à la Douma
(1993-2003)
Député à l'Assemblée législative de Saint-Pétersbourg
(2011-2016)
Soutenue par un parti non-parlementaire, sa candidature est confirmée par la CEC le après avoir fait valider plus de 100 000 signatures[53].

Candidature rejetée

Alexeï Navalny, avocat et militant politique.
Logo de la campagne d'Alexeï Navalny.

Alexeï Navalny, avocat, figure de l'opposition russe et blogueur anti-corruption, annonce son intention de se présenter à la présidence le [80]. Au début de l'année 2017, il se rend dans différentes villes de Russie pour ouvrir des bureaux de campagne et rencontrer ses partisans, malgré son implication dans des affaires judiciaires en cours qui pourraient l'empêcher de se présenter. Comme l'indique l'ancien conseiller de l'administration du président de Russie Gleb Pavlovsky, la campagne à l'américaine de Navalny est sans précédent dans la Russie moderne car la plupart des candidats ne commence à faire campagne que quelques mois, voire quelques semaines, avant l'élection[81].

L'axe principal de la campagne de Navalny est la lutte contre la corruption au sein du gouvernement actuel, dirigé par Vladimir Poutine et le président du gouvernement Dmitri Medvedev[82]. Le , Navalny publie un documentaire sur YouTube intitulé Ne l'appelez pas Dimon, détaillant la corruption de Medvedev[83]. Il a ensuite appelé à des rassemblements de masse le pour attirer l'attention sur cette situation après que le gouvernement n'a pas répondu au documentaire. Plus de 100 000 personnes auraient participé à ces rassemblements dans tout le pays[84], faisant de cet événement la plus grande manifestation organisée en Russie depuis les manifestations de 2011[85]. Une nouvelle manifestation est organisée le [86] au cours de laquelle Navalny et plus d’un millier de ses partisans sont interpellés partout dans le pays[87].

Sur son site internet, Navalny énumère les grands axes de son programme présidentiel[88] : combattre la corruption gouvernementale, améliorer les infrastructures et le niveau de vie en Russie, engager une décentralisation, ou encore réformer le système judiciaire. Ses propositions économiques comprennent aussi l'instauration d'un salaire minimum, la réduction de la bureaucratie, la gratuité des soins et de l'éducation, la réduction des impôts pour de nombreux citoyens, la décentralisation de la gestion financière et de la gouvernance locale, une transparence accrue dans les entreprises d'État, la mise en place de visas de travail pour les migrants d'Asie centrale entrant dans le pays pour travailler ou encore le renforcement de la coopération économique avec les États d'Europe occidentale[89].

En , il est révélé que l'équipe de campagne de Navalny a récolté plus de 300 000 promesses de signatures par des personnes issues de quarante régions de Russie, et cela par voie électronique[90]. Plus de 75 000 personnes se sont portées volontaires pour participer à sa campagne et près de 700 000 dollars ont été récoltés[91]. Toutefois, l'admissibilité de sa candidature est remise en cause, du fait de sa condamnation à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds, au moment où Navalny travaillait comme assistant du gouverneur Nikita Belykh de l'oblast de Kirov. La Cour suprême russe a annulé sa condamnation en après que la Cour européenne des droits de l'homme a déterminé que les droits de Navalny avaient été violés[92]. La Cour suprême russe le renvoie devant un tribunal de district de Kirov pour révision et celui-ci, en , confirme la condamnation avec sursis de Navalny[93].

La Constitution de la Russie ne permet pas aux criminels condamnés de se présenter aux élections et de ce fait, la candidature de Navalny devrait être jugée irrecevable. Navalny a promis de faire appel de sa condamnation à la CEDH et a déclaré qu'il continuerait sa campagne, alors qu'au début du mois de mai, la CEC a déclaré qu'il ne serait pas autorisé à se présenter à moins que la condamnation ne soit annulée[94].

En août, la présidente de la CEC, Ella Pamfilova, a renforcé ce sentiment en déclarant qu'il serait « miraculeux » pour Navalny d'obtenir l'autorisation de se présenter[95]. Elle a cité deux scénarios dans lesquels Navalny pourrait se présenter : si sa condamnation était annulée, ou si la loi électorale fédérale était modifiée d'urgence pour permettre aux personnes ayant des condamnations criminelles de se présenter. Panfilova a également précisé que Navalny pourrait légalement se présenter à la présidence d'ici « quelque temps, en 2028 »[96].

Pour avoir organisé un rassemblement non autorisé à Nijni Novgorod, des membres de l'équipe de campagne de Navalny sont arrêtés par la police, dont son chef de cabinet, Leonid Volkov, condamné à 30 jours de prison[97].

Navalny publie son manifeste électoral le , deux jours avant le début officiel de la campagne. Il présente officiellement ses documents pour s'enregistrer en tant que candidat le mais la CEC rejette sa candidature le lendemain en invoquant sa condamnation. Le même jour, Navalny appelle ses partisans à boycotter l'élection et à manifester le [98].

Au cours de la manifestation organisée le à Moscou, rassemblant 4 000 personnes selon les estimations de l’AFP (environ 1 000 selon un communiqué de la police), Navalny est arrêté par une dizaine de policiers. Le même jour, des milliers de manifestants se sont réunis dans près de 118 villes de province, dont Nijni Novgorod, Tcheboksary, Tomsk ou encore à Iakoutsk. Selon l'ONG russe OVD-Info, au moins 180 militants ont été arrêtés dans tout le pays au cours de ces manifestations[99].

Campagne

Sergueï Babourine

Sergueï Babourine, lors d'une commémoration de la Première Guerre mondiale le .

Sergueï Babourine, 59 ans, se définit lui-même comme l'« intrus » de cette élection[100]. Les Russes le connaissent principalement comme étant l'un des sept seuls députés à s'être opposés à la dissolution de l'URSS en 1991. Il annonce sa volonté d'être candidat à l'élection présidentielle russe le lors d'une conférence de presse du Présidium du Conseil central de son parti, l'Union nationale russe. En , il est l'un des soixante-dix-sept candidats à la primaire organisée par le Front de gauche, mais échoue dès le premier tour en obtenant que 138 voix.

Le , son parti, l'Union nationale russe, le désigne officiellement comme candidat à la présidence[101]. Le , ce dernier dépose ses documents d'enregistrement auprès de la CEC mais celle-ci rejette la demande car elle identifie des erreurs[102],[103]. Sergueï Babourine soumet à nouveau ses documents et voit son enregistrement approuvé[104]. L'Union nationale russe débute la collecte de signatures le , dans cinquante-six sujets de la fédération et, le , Babourine dépose environ 128 000 signatures auprès de la CEC. 3,28 % d'entre elles sont invalidées mais cela n'empêche pas la validation de sa candidature le .

Plus précisément, dans son programme électoral, Sergueï Babourine promet en premier lieu la démission du gouvernement de Dmitri Medvedev pour la formation d'un nouveau gouvernement, plus autoritaire. Aussi, il souhaite une réforme constitutionnelle pour modifier le système politique actuel, développer toutes les institutions, améliorer le système judiciaire et l'organisation des élections, et tout cela en « tenant compte des traditions historiques et des caractéristiques nationales de la Russie ».

Sergueï Babourine prône une intervention plus poussée de l'État, dans de nombreux domaines. En matière économique, il souhaite notamment le développement de politiques protectionnistes et l'adoption d'un ensemble de lois qui permettra de surmonter la dépendance du pays au commerce du pétrole. Il promet également le développement des petites et moyennes entreprises, notamment dans les domaines de la production et des services.

Il demande également le retour de la santé et de l'éducation comme politiques prioritaires de l'État. Pour cela, il souhaite revenir au système d'éducation soviétique, supprimer l'examen d'État unifié ou encore développer l'enseignement professionnel. Aussi, il défend une augmentation des fonds alloués à la santé, l'introduction d'une réglementation de l'État concernant le prix des médicaments pour les plus pauvres et les retraités et souhaite enfin que l'État soit actif concernant la législative relative à l'alcool et le tabac.

Sa politique sociale en faveur des plus démunis se traduit également par des propositions comme l'augmentation immédiate et significative du salaire minimum, une revalorisation des pensions et un financement minimal dans plusieurs secteurs d'intervention de l'État, notamment la culture, la science ou encore l'éducation et la santé. Il propose également plusieurs mesures concernant le logement, notamment en proposant la limitation des loyers.

En matière culturelle, Sergueï Babourine prône la renaissance ou le développement des langues et cultures des « peuples frères de la Russie », sur la base des valeurs spirituelles communes, et souhaite un renforcement du soutien de l'État en faveur de l'art, professionnel comme amateur, et des institutions culturelles de tous les niveaux. Enfin, il souhaite développer la restauration des objets et monuments du patrimoine culturel russe.

Ses propositions concernant l'immigration sont aussi nombreuses. Pour lutter contre l'immigration illégale, il souhaite mieux équiper les frontières extérieures du pays et limiter, voire interdire, la main-d'œuvre étrangère non qualifiée dans certains domaines, afin de lutter contre la saturation du marché du travail national. Il demande également l'introduction d'une responsabilité pénale des employeurs qui embauchent des migrants illégaux.

Enfin, concernant la politique étrangère, il souhaite le renforcement de la position géopolitique de la Russie sur le continent eurasien afin de promouvoir le développement de la Crimée en tant que territoire russe légitime. Il prône un renforcement du rôle de la Russie dans le cadre l'Union de la Russie et de la Biélorussie, de l'Union économique eurasiatique, de l'Organisation de coopération de Shanghai et des BRICS.

Pavel Groudinine

Malgré le fait que le dirigeant du Parti communiste de la fédération de Russie, Guennadi Ziouganov, a déclaré que sa candidature était soutenue par toutes les forces de gauche et qu'il participerait à l'élection au nom du parti, Pavel Groudinine (député de la Douma de 1997 à 2011) remporte la primaire organisée par le Front de gauche, une coalition de partis de gauche sans représentation à la Douma. Le , Ziouganov propose le soutien du Parti communiste à Groudinine, qui accepte[105],[106], et ce soutien est confirmé deux jours plus tard par un vote organisé lors du congrès du Parti communiste (314 pour, 11 contre)[107]. Guennadi Ziouganov est nommé porte-parole de sa campagne[108].

Pavel Groudinine, 58 ans, dépose sa candidature auprès de la CEC le et le . Soutenu par un parti parlementaire, il n'a pas besoin de récolter de signatures et voit sa candidature enregistrée le .

Toutefois, certains politiciens russes de gauche perçoivent négativement la nomination de Groudinine comme candidat à la présidence du parti communiste. Les principales raisons de la critique sont que Groudinine est un homme d'affaires (il est propriétaire d'une florissante entreprise agroalimentaire, ancien Sovkhoze Lénine, ce qui lui vaut par ailleurs le surnom de « roi de la fraise »[109]), qu'il est représentatif de la « classe bourgeoise » contre laquelle le communisme s'oppose idéologiquement et qu'il était auparavant membre de Russie unie.

Commentant la nomination de Pavel Groudinine, le dirigeant des Communistes de Russie Maxim Souraïkine, qui est également candidat à l'élection, a déclaré : « Groudinine, selon sa déclaration, avait des revenus de 752 millions de roubles en 2015. Pouvez-vous imaginer combien il a d'argent ? De plus, il est le propriétaire d'une ferme, qui en elle-même vaut plusieurs milliards de roubles. C'est un vrai milliardaire. Un gars très riche. Mais je comprendrais s'il donnait ses revenus au parti, à la cause communiste. Il y a des gens décents qui gagnent beaucoup. Mais il a été membre de Russie unie. Si une personne gagne des milliards, si la personne était dans le parti au pouvoir et puis soudainement change pour rejoindre les communistes, pour le moins, c'est étrange. Pour un tel homme, la question se pose immédiatement. Par conséquent, il est clair qu'une grande partie de l'électorat potentiel ne soutiendrait pas un tel candidat »[110].

Aussi, Pavel Groudinine est critiqué pour l'existence de comptes à l'étranger qu'il n'aurait pas précisé lors de la soumission de ses documents à la CEC, à savoir cinq comptes dans une banque autrichienne, dont l'un contiendrait 14 390 000 roubles, et des titres pour une valeur totale de 7,5 milliards de roubles. Cependant, lors de la demande d'enregistrement en tant que candidat, l'intéressé a souligné que ces comptes ont déjà été fermés[111],[112].

Vladimir Jirinovski

Âgé de 71 ans, Vladimir Jirinovski se présente à la présidence pour la cinquième fois depuis l'éclatement de l'Union soviétique (et sixième fois au total). Il est la personne la plus âgée à se présenter à la présidence de la Russie[113].

Dès , il déclare prévoir de participer à l'élection présidentielle de 2018 mais en juillet de la même année, il indique que le Parti libéral-démocrate de Russie va « peut-être choisir une personne plus efficace »[114],[115]. Le , le site officiel du parti publie une déclaration annonçant que le parti le désigne comme candidat à la présidence[116],[117]. Jirinovski est officiellement nommé par son parti lors de son 31e congrès le [118]. Il soumet l'enregistrement de sa candidature à la CEC le lendemain et le [119],[120]. Sa candidature est officiellement confirmée le .

Le , le Parti libéral-démocrate publie le programme de son candidat, intitulé « 100 étapes : il est temps de faire un bond en avant ! ». Idéologiquement, Jirinovski est un ardent critique de la structure moderne de l'État russe. En particulier, il critique la structure fédérale de la Russie. Selon lui, la Russie devrait être un pays unitaire composé de 40 gouvernorats. Il propose par ailleurs de réduire le nombre de membres de la Douma de 450 à 200 et d'abolir le Conseil de la fédération[121],[122]. Aussi, il s'oppose aux mots étrangers dans la langue russe. En matière de politique étrangère, Vladimir Jirinovski souhaite une politique agressive tout en normalisant les relations avec l'Occident, notamment les États-Unis[123]. Plus particulièrement, il souhaite que la Russie retrouve les frontières qui étaient siennes en 1985. Selon lui, cela pourra se faire à travers des référendums organisés dans les anciennes républiques soviétiques[123]. Aussi, il prône le rattachement à la Russie de l'Alaska, vendue aux États-Unis au XIXe siècle[124].

Vladimir Poutine

Vladimir Poutine lors d'un meeting organisé par le Front populaire panrusse, coalition qu'il préside, le .

Vladimir Poutine, âgé de 65 ans, est le président sortant. La Constitution de la fédération de Russie lui permet de se présenter pour un deuxième mandat de suite, quatrième au total.

Jusqu’en , certaines analystes politiques pensaient que Poutine n’allait pas se présenter. Dmitri Medvedev, président du gouvernement et ancien président de la fédération de Russie (2008-2012), et Alexeï Dioumine, gouverneur de l’oblast de Toula, étaient fréquemment présentés comme de possibles successeurs de Poutine[125]. D’autres analystes pensaient que Poutine participerait bien à cette élection mais annoncerait sa candidature le plus tardivement possible afin de mener une courte campagne électorale[126].

Le , parlant aux ouvriers d'une usine automobile de GAZ, Vladimir Poutine annonce qu'il se présente pour un second mandat consécutif[127]. Il précise, le , qu'il se présente en tant qu'indépendant[128]. Le , il rassemble son comité de soutien, composé de 668 personnes dont l'ancien ministre de l'Économie Aleksandr Chokhine, le joueur de hockey Aleksandr Karelin, le recteur de l'université d'État de Moscou Viktor Sadovnitchi, le sénateur et secrétaire général de Russie unie Andreï Tourchak (en) ou encore Sergueï Mironov, le président de Russie juste[129],[130],[131]. Il dépose ses documents d'enregistrement auprès de la CEC le et ceux-ci sont approuvés le lendemain[132]. Le , son équipe de campagne annonce avoir recueilli 1 611 123 signatures, soit plus de cinq fois le seuil réglementaire pour les candidats indépendants (300 000)[73]. Le , sa candidature est confirmée par la CEC après avoir validé la quasi-totalité des signatures récoltées (seules 232 ont été écartées)[133].

Enregistré comme indépendant mais de facto candidat de Russie unie[134], Vladimir Poutine bénéficie du soutien de plusieurs autres partis politiques dont notamment : Russie juste[25], Rodina[26], les Patriotes de Russie[135], Pouvoir civil[136], la Plateforme civique[27], Les Verts[137], le Parti de la grande patrie (en)[138], le Parti russe des retraités pour la justice sociale[139] ou encore le Parti travailliste[140].

Le président sortant bénéficie également de l'appui d'un mouvement, PutinTeam (en), créé par le joueur de hockey Aleksandr Ovetchkine et composé de personnalités russes comme le cosmonaute Sergueï Krikaliov, la pop-star Nyusha, le ténor Nikolaï Baskov, l'artiste Polina Gagarina, l'acteur Andreï Merzlikine, le volleyeur Sergey Tetyukhin, l'athlète Yelena Isinbayeva, le patineur artistique Evgeni Plushenko, ou encore les hockeyeurs Ievgueni Malkine, Pavel Boure et Ilia Kovaltchouk[141].

Le , Poutine dévoile lui-même les responsables de son équipe de campagne, à savoir le patron de KamAZ, Sergueï Kirienko, la responsable du centre Sirius consacré aux enfants surdoués, Yelena Shmelyova, et le patron du Centre national de recherche médicale pour l'oncologie pédiatrique, Alexander Rumyantsev[142]. Poutine s'entoure également d'Andreï Yarin et du journaliste Andreï Kondrashov, qui devient son responsable des relations avec la presse[143],[144].

Vladimir Poutine présente ses « réalisations et perspectives d'avenir », c'est-à-dire son bilan ainsi que son programme électoral, le lors de son traditionnel discours annuel au Parlement. Au cours de son allocution, plusieurs sujets internationaux et intérieurs ont été soulevés. Dans un premier temps, le président sortant s'est exprimé sur la situation socio-économique du pays, reconnaissant que la situation d'un bon nombre de ses concitoyens s'est dégradée au cours des dernières années, notamment celle des plus démunis. Poutine s'est fixé comme objectifs de réussir à ce que la durée de vie moyenne soit de 80 ans et de réduire de moitié le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté d'ici à 2024 (soit la fin du mandat). Évoquant la situation économique du pays, Poutine a déclaré : « Notre économie a fait preuve de sa stabilité, et la stabilité de la situation macroéconomique donne lieu à de nouvelles possibilités pour une percée de la croissance, pour un développement à long terme ». Il a également émis le souhait que le prochain gouvernement et la Banque centrale présentent rapidement un plan de stimulation d'investissement dans l'économie pour « assurer une hausse des investissements allant jusqu'à 25-27 % du PIB afin de maintenir une croissance économique stable ». Il a également précisé que la Russie entend exporter plus de produits alimentaires sur les marchés internationaux que ceux qu’elle importe. Aussi, Poutine a proposé de « créer les conditions les plus commodes, les plus attirantes, pour que la jeunesse talentueuse des autres pays vienne faire ses études » en Russie. Enfin, Poutine a précisé que la circulation sur le pont de Crimée sera ouverte dans quelques mois et qu'une liaison ferroviaire sera assurée dans l'année à venir, « ce qui donnera un coup de pouce au développement de la péninsule »[145].

La seconde partie du discours s'est portée sur les questions relatives à la défense. Poutine a annoncé que la Russie a comblé tous les « trous » apparus après l’effondrement de l’URSS dans le système de protection radar de ses frontières et qu'un renforcement des infrastructures scientifiques, militaires, de transport et de navigation s'est réalisé en Arctique, « région stratégiquement importante ». Aussi, le président sortant a présenté les nouvelles armes mises à disposition de l'armée russe et s'est félicité des succès technologiques du secteur militaro-industriel. Il a évoqué la création d'un drone sous-marin mais pas uniquement : « L’une de ces innovations, c’est ce missile de croisière doté d’une charge explosive nucléaire, avec un rayon d'action pratiquement illimité. Ce missile est quasiment impossible à détecter et il est invincible face à tous les systèmes existants et futurs de défense anti-aérienne ». Poutine a indiqué que ces efforts militaires sont réalisés pour protéger le pays d’éventuelles menaces : « J'espère que tout ce qui a été dit aujourd'hui dissuadera tout éventuel agresseur. Ces démarches inamicales envers la Russie, telles que le déploiement d'un système de défense antimissile, le rapprochement des infrastructures de l'OTAN à nos frontières et d'autres, deviennent inefficaces du point de vue militaire, injustement coûteuses financièrement et, finalement, simplement dépourvues de sens pour ceux qui les initient et les mettent en place ». Il a enfin appelé à la fin de l'escalade des tensions avec les autres puissances mondiales : « La Russie aspire à la coopération avec les États-Unis et l'Europe, même si leurs positions ne coïncident pas. Nous restons partenaires malgré tout, des partenaires qui relèvent ensemble les défis mondiaux les plus complexes »[145].

Ksenia Sobtchak

Ksenia Sobtchak parlant avec une retraitée à Iekaterinbourg, le .

Ksenia Sobtchak, âgée de 36 ans, est la plus jeune et la seule femme candidate à cette élection. Fille d'Anatoli Sobtchak, ancien maire de Saint-Pétersbourg considéré comme le mentor politique de Vladimir Poutine, elle s'est fait connaître dans un premier temps comme mondaine, surnommée la « Paris Hilton russe »[146]. Devenue depuis activiste politique, Ksenia Sobtchak annonce son intention de se présenter à l'élection présidentielle dès le mois d', dans une vidéo publiée sur YouTube[147],[148]. Dans cette vidéo, elle dit vouloir être la candidate « contre tous » car, depuis l'élection de 2004, l'option « contre tous » est exclue du scrutin. Elle dit vouloir donner aux gens la possibilité de voter à nouveau « contre tous ». Dans le même temps, elle déclare qu'elle retirerait sa candidature si Alexeï Navalny était enregistré comme candidat par la CEC[149].

À l'origine Sobchak était indépendante de tous les partis politiques. Dans ce cas de figure, elle aurait dû recueillir au moins 300 000 signatures pour être candidate à l'élection. Peu après, cependant, l'équipe de campagne de Sobchak déclare que la candidate souhaiterait le soutien du Parti de la liberté du peuple ou de l'Initiative civile[150]. Elle obtient le soutien de l'Initiative civile lors du congrès de ce parti, organisé le [151] et adhère à ce parti le même jour[152]. Elle dépose ses documents d'enregistrement de candidature le et ceux-ci sont approuvés par la CEC le lendemain[153],[154]. Sur le site internet de sa candidature, elle indique avoir rassemblé les 100 000 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter le [155]. Sa candidature est officiellement enregistrée le .

Sur le plan économique, Sobchak est partisane de la privatisation et du laissez-faire. Elle considère que « la Russie est un pays d'économie libre avec un secteur étatique fort. Toutes les grandes entreprises publiques devraient être privatisées avec des restrictions anti-cartels. L'État ne devrait contrôler aucun secteur de l'économie, la part de l'État dans les entreprises et les industries devrait être limitée pour empêcher les monopoles. La propriété privée devrait être protégée par la loi »[156].

Sobchak se décrit également comme étant une patriote et une nationaliste, bien qu'elle pense qu'une grande partie du patriotisme en Russie est artificielle[157]. Elle se dit également féministe, critiquant les inégalités salariales entre les hommes et les femmes en Russie, ainsi que la sous-représentation des femmes à la tête des grandes entreprises du pays[156]. Concernant la question de la Crimée, elle a déclaré que le retour inconditionnel de la Crimée en Ukraine n'était pas possible, même si elle estime qu'en annexant la Crimée, la Russie a violé le mémorandum de Budapest[158]. Elle estime que « la chose la plus importante est que la Russie et l'Ukraine devraient maintenant restaurer leur amitié à tout prix » et, simultanément, a suggéré d'organiser un nouveau référendum sur le statut de la Crimée après « une campagne large et égale »[159],[160]. Ainsi, le , en pleine campagne électorale, elle émet le souhait, fortement symbolique, d'obtenir l'aval des autorités ukrainiennes et de passer par l'Ukraine pour se rendre en Crimée afin d'y faire campagne auprès des Tatars[161].

Pour l'opposant Alexeï Navalny, empêché de se présenter, il s'agit d'une candidature initiée par le Kremlin : « Leur idée est simple, ils ont besoin d'une caricature de candidat libéral. Ils me traitent de criminel et mettent en avant Ksenia Sobtchak ». Pour le dirigeant communiste Guennadi Ziouganov, « sa candidature fait tourner la prochaine élection à la farce tragique ». Cette candidature est mise en parallèle avec celle de l'oligarque Mikhaïl Prokhorov lors de l'élection présidentielle de 2012, suscitée par l'exécutif, et qui avait finalement obtenu seulement 8 % des suffrages[162]. Certains politologues estiment que Ksenia Sobtchak, en participant à cette élection, souhaite retrouver une virginité médiatique et retrouver un poste à la télévision d'État, où elle ne peut plus pour l'instant travailler[163].

Maxim Souraïkine

Le comité central des Communistes de Russie annonce la nomination de son président, Maxim Souraïkine, âgé de 39 ans, comme candidat à l'élection dès . Il est officiellement désigné lors du congrès organisé à Moscou le [164] et dépose ses documents d'enregistrement auprès de la CEC le même jour[165]. Ces documents sont approuvés le lendemain[166].

Maxim Souraïkine annonce, le , avoir récolté environ 170 000 signatures pour porter sa candidature, alors que 100 000 peuvent lui suffire pour se présenter[167]. Le , il remet ses signatures à la Commission électorale centrale de la fédération de Russie (CEC) et l'audit a révélé que seuls 3,72 % des signatures sont défectueuses, pour maximum autorisé de 5 %. En conséquence, sa candidature est bien confirmée le . Le lendemain, il se rend à Riazan. Au cours de sa visite, il dépose des fleurs sous la statue de Vladimir Ilitch Lénine avant de se rendre dans des marchés locaux et des usines[168].

Dans son programme électoral, Maxim Souraïkine liste plusieurs mesures qu'il mettrait en place dans les cent premiers jours de sa présidence, s'il était élu. Après avoir prêté serment publiquement au mausolée de Lénine, il destituerait le gouvernement de Dmitri Medvedev, à l'exception du ministre de la Défense et du ministre des Affaires étrangères. Il ferait ensuite rédiger une nouvelle constitution, en s'inspirant des constitutions soviétiques de 1936 et 1977. Il restaurerait la commémoration de la révolution d'Octobre, le , et reconnaîtrait la république populaire de Donetsk et la république populaire de Lougansk. Enfin, il suspendrait le fonctionnement de toutes les banques commerciales, transférerait leurs actifs à la Banque centrale et interdirait les OGM[169].

Le , dans un entretien accordé à la presse russe, Souraïkine se présente comme un « staliniste convaincu » en déclarant : « Je suis un staliniste convaincu parce que Staline n'est pas celui dont l'image a été créée par les médias bourgeois qui avaient pour but de ternir la période soviétique et de présenter tout ce qui était soviétique comme des répressions et ainsi de suite. Staline était avant tout un homme d'État qui cherchait à construire l'État soviétique dans l'intérêt de la société, et pas à pas, il a réalisé ce programme. C'est pourquoi le stalinisme, pour nous, signifie une industrie militaire puissante, un excellent système de formation des cadres et des industriels qui construisent le pays au lieu de remplir leurs comptes à l'étranger »[170]. Il a annoncé par ailleurs que son objectif, pour cette élection, est d'arriver au moins en deuxième place et de battre le Parti communiste de la fédération de Russie[171].

Boris Titov

Le dirigeant du Parti de la croissance, Boris Titov, déclare son intention de participer à l'élection présidentielle le . Initialement, le Parti de la croissance avait organisé des primaires auxquelles Titov n'avait pas participé mais, selon la direction du parti, aucun des candidats n'a reçu un soutien suffisant pour pouvoir être désigné[172]. Titov est officiellement nommé par son parti le [173] et soumet ses documents d'enregistrement de candidature à la CEC le lendemain[174]. Les documents sont approuvés le [175]. Boris Titov annonce avoir rassemblé les 100 000 signatures nécessaires pour pouvoir être candidat et les dépose à la CEC le et sa candidature est officiellement confirmée le [176].

Intellectuel, issu des classes supérieures, Titov est un homme d'affaires technocrate qui ne se considère pas comme un opposant au président sortant[177]. Selon lui-même, le but principal de sa participation à cette élection est de promouvoir le programme économique du parti (intitulé « Stratégie de la Croissance »), préparé par sa fondation, le « club Stolypine », et présenté à Vladimir Poutine en [178]. Pendant la campagne, Titov et son équipe ont l'intention de voyager partout dans le pays pour promouvoir ce programme, assez méconnu[17]. En effet, selon un sondage publié en , 87 % des citoyens du pays admettent qu'ils « n'ont jamais entendu parler de Boris Titov »[179].

Grigori Iavlinski

Grigori Iavlinski à la conférence du parti Iabloko tenue à Ekaterinbourg, le .

Les premières rumeurs indiquant que Grigori Iavlinski, 66 ans, se présenterait comme candidat du parti Iabloko pour l'élection présidentielle de 2018 ont circulé dès 2013[180]. Déjà candidat à la présidence en 1996 et 2000, il est nommé par son parti lors d'un congrès organisé le [181]. Il soumet ses documents d'enregistrement à la CEC le et ceux-ci sont approuvés deux jours plus tard[182].

Le , Nikolaï Rybakov, porte-parole du candidat, indique que Grigori Iavlinski a recueilli les 100 000 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter. Le candidat du parti Iabloko indique qu'il ne soutiendra pas l'appel au boycott d'Alexeï Navalny si sa candidature devait être invalidée et promet de « refuser catégoriquement la politique de Poutine parce que celui-ci a conduit la Russie à l'isolement, à la stagnation économique et vers une pauvreté croissante »[183]. Sa candidature est finalement officiellement enregistrée le .

Le programme de Iavlinski, appelé « chemin vers l'avenir », indique ce qu'il a l'intention d'accomplir dans ses cent premiers jours au pouvoir, s'il était élu. Parmi ses deux principales priorités figurent le respect des droits de l'homme en Russie et la création d'une économie forte[184]. Iavlinski a déclaré que l'un de ses principaux objectifs serait la lutte contre la pauvreté et propose de donner trois acres de terre gratuitement à chaque famille russe afin qu'elles puissent, chacune, y construire une maison et développer la terre[185]. Il souhaite également rendre le pouvoir judiciaire du pays « véritablement indépendant »[184].

En matière de politique étrangère, Iavlinski n'a pas soutenu le rattachement de la Crimée en 2014 et estime qu'un nouveau référendum devrait avoir lieu dans la région contestée[186]. Il considère que la Crimée est ukrainienne et a déclaré que « toute forme d'intervention énergique dans les affaires intérieures de l'Ukraine, ainsi que l'incitation et la propagande de la guerre doivent être arrêtées »[187]. Il a également qualifié les actions russes en Ukraine de « disgrâce absolue et complète ». Enfin, il souhaite une normalisation des relations avec l'Union européenne et les États-Unis, ainsi que le retrait de toutes les forces armées russes de Syrie[188].

Débats

Le , la CEC fixe le calendrier et le temps d'antenne pour les candidats à la présidence[189]. Les débats auront lieu du au et seront diffusés sur cinq chaînes de télévision fédérales : Rossiya 1, Rossiya 24, Pervi Kanal, TV Centre et PTR (en), ainsi que sur trois stations de radio : Radio Rossii, Radio Mayak et Vesti FM (en)[190]. Le président sortant Vladimir Poutine refuse de participer aux débats[191]. Enfin, des débats seront diffusés sur les chaînes de télévision et les stations de radio régionales, auxquelles participeront des représentants de tous les candidats, y compris des représentants de Vladimir Poutine.

Le dernier débat de la campagne, diffusé sur Rossiya 1 le jeudi .

Premiers débats de l'élection présidentielle russe de 2018
DateOrganisateurModérateurP = Présent / R = Représenté / Abs = AbsentNotes
Maxim Souraïkine

(KR)

Pavel Groudinine

(KPRF)

Grigori Iavlinski

(Iabloko)

Ksenia Sobtchak

(IC)

Boris Titov

(Crois.)

Vladimir Poutine

(Russ.U)

Sergueï Babourine

(ROS)

Vladimir Jirinovski

(LDPR)


13 h 10 MT
Radio RossiiAbsRAbsRRAbsAbsP[192]

h 0 MT
Pervi KanalAnatoly KuzichevPPPPRAbsPP

23 h 0 MT
Rossiya 1Vladimir SoloviovPPPPPAbsPPDébat consacré aux capacités de défense du pays et à l'armée.
Rossiya 24PRPPRAbsPP[193]

Sondages

Le Centre analytique Levada, considéré comme une référence par les médias et les observateurs étrangers, ne publie pas de sondages pendant la campagne présidentielle car, en , il a été désigné par les autorités russes comme une ONG relevant du registre des « agents de l’étranger »[194].

SondeurDateAbstentionIndécis Autres
Maxim Souraïkine

(KR)

Pavel Groudinine

(KPRF)

Grigori Iavlinski

(Iabloko)

Ksenia Sobtchak

(IC)

Boris Titov

(Crois.)

Vladimir Poutine

(ER)

Sergueï Babourine

(ROS)

Vladimir Jirinovski

(LDPR)

FOM10-12,1 %3,5 %0,3 %6,2 %0,5 %0,7 %0,4 %64,9 %0,2 %6,7 %
WCIOM5-3 %11 %0 %7 %1 %2 %0 %69 %1 %5 %
FOM3-11,4 %3,8 %0,1 %6,5 %0,7 %1,2 %0,2 %64,0 %0,2 %6,6 %
WCIOM2-3,4 %10,7 %0,3 %7,1 %1,0 %1,1 %0,2 %69,7 %0,3 %5,6 %
CIPKR24-1 %8 %0,5 %10 %1 %4 %0,4 %67 %0,2 %8 %
WCIOM19-3,1 %10,4 %0,1 %7,8 %0,9 %1,6 %0,3 %69,1 %0,3 %5,9 %
FOM24-12 %3,9 %0,2 %6,2 %0,8 %1,1 %0,2 %63,5 %0,2 %7,3 %
FOM17-12,1 %4 %0,2 %6,3 %0,6 %0,7 %0,2 %66,5 %0,4 %6,0 %
WCIOM12-3,4 %10,6 %0,1 %7,5 %1,4 %0,9 %0,3 %69,5 %0,4 %5,3 %
FBK9-30 %<1 %5 %<1 %1 %<1 %57 %<1 %4 %
WCIOM3,0 %9,3 %0,1 %7,3 %0,8 %1,0 %0,2 %71,5 %0,5 %5,5 %
FOM10-7 %12 %0,1 %5,4 %0,5 %0,9 %0,1 %67,2 %0,2 %5,4 %
Les candidatures de Ksenia Sobtchak et Maxim Souraïkine sont officiellement enregistrées ().
Les candidatures de Sergueï Babourine, Grigori Iavlinski et Boris Titov sont officiellement enregistrées ().
La candidature de Vladimir Poutine est officiellement enregistrée ().
FOM7,6 %11,2 %6,5 %0,5 %1,2 %0,1 %66,3 %5,5 %0,9 %
WCIOM-3,2 %9,2 %6,9 %0,7 %1,3 %0,4 %71,4 %5,7 %0,7 %
FBK26-25 %5 %<1 %<1 %<1 %60 %5 %2 %
FOM[PDF]27-7 %9 %6 %1 %1 %1 %69 %6 %0 %
WCIOM26-3,7 %9,2 %7,2 %0,9 %1,2 %0,3 %69,9 %5,9 %1,0 %
FOM[PDF]8 %9 %6 %1 %1 %0 %67 %6 %1 %
FBK15-21 %6 %<1 %<1 %<1 %62 %6 %2 %
WCIOM5,5 %5,6 %6,1 %0,8 %1,2 %0,3 %73,2 %6,1 %0,6 %
FOM9,1 %7,9 %6,2 %<1 %1,5 %<1 %65,9 %6,0 %1,1 %
La candidature de Pavel Groudinine est officiellement enregistrée ().
WCIOM8-4,0 %13,6 %5,1 %0,4 %0,5 %0,3 %54,3 %2,8 %0,4 %
CIPKR27-7 %17 %7 %>1 %2 %>1 %58 %3 %2 %
La candidature de Vladimir Jirinovski est officiellement enregistrée ().
La CEC rejette la candidature d'Alexeï Navalny ().
FOM[PDF]23-7 %9 %1 %1 %0 %68 %7 %1 %, Ziouganov: 4 %
Pavel Groudinine annonce sa candidature ().
Début de la campagne électorale ().

Résultats

Résultats nationaux

Résultats de l'élection présidentielle russe de 2018[195]
CandidatsPartisPremier tour
Voix%
Vladimir PoutineRussie unie[N 2]56 430 71277,53
Pavel GroudinineParti communiste de la fédération de Russie8 659 20611,90
Vladimir JirinovskiParti libéral-démocrate de Russie4 154 9855,71
Ksenia SobtchakInitiative civile1 238 0311,70
Grigori IavlinskiIabloko769 6441,06
Boris TitovParti de la croissance556 8010,76
Maxim SouraïkineCommunistes de Russie499 3420,69
Sergueï BabourineUnion nationale russe479 0130,66
Votes valides72 787 73498,92
Votes blancs et nuls791 2581,08
Total73 578 992100
Abstention35 433 32332,46
Inscrits / participation109 012 31567,54

Par sujet fédéral

SujetPoutineGroudinineJirinovskiSobtchakIavlinskiTitovSouriakineBabourineVotes invalides
Votes%Votes%Votes%Votes%Votes%Votes%Votes%Votes%Votes%
Adyguée203 09581.1728 71111,488 9233,572 0600,821 1970,481 0880,431 3170,531 1650,472 6470,47
Kraï de l'Altaï770 27864,66281 97823.6784 7857.1211 7780,997 2590,615 5320,467 8850,667 5810,6414 2030,64
République de l'Altaï72 67470.6221 25920.665 3765.229290,904830,473400,334310,424460,439740,43
Oblast de l'Amour264 49367.0473 48518.6237 9099.614 4281.122 4660,632 0800,531 9510,492 3580,65 3830,60
Oblast d'Arkhangelsk407 19075.2751 8689.5946 9258,6710 5881,966 2391.154 9820,923 8420,714 4480,824 8800,82
Oblast d'Astrakhan342 19576,9564 04714,4019 3394.355 0601.142 5040,562 2330,502 8230,632 1850,494 3400,49
Baïkonour7 56878.351 02610,606286,501301,35700,72500,52510,53320,331040,33
Bachkirie1 784 62677,69277 79712.09115 6355.0328 9831.2619 3900,8415 8910,6920 4290,8915 8450,6918 5060,69
Oblast de Belgorod711 39279.7193 10210,4349 6855.578 4740,954 4450,504 8350,546 5340,735 2180,588 7490,58
Oblast de Briansk636 08781,6068 3758,7743 9405,647 4630,963 5240,454 1750,544 2650,554 4720,577 1770,57
Bouriatie334 38173.7266 87614.7429 0876.417 6181,683 6310,801 8820,402 4710,541 7460,385 9800,38
Tchétchénie593 80691.4430 0124,621 6310,253 5310,544 8480,753 2850,512 0930,327 6791.182 4971.18
Oblast de Tcheliabinsk1 275 82273,00227 13412,99121 6706,9631 3261,7921 5731.2316 1810,9313 2430,7613 4680,7727 2340,77
 Tchoukotka22 70982.311 6165,862 0187.313581,301600,581800,651420,511150,422930,42
Tchouvachie539 03677.2985 78012,3036 8905.299 5001,363 8780,563 9500,574 9070,703 7100,539 7630,53
République de Crimée994 56992.1523 7732.2019 5061,8117 7641,655 1380,482 7850,262 2670,212 0980,1911 3950,19
 Daghestan1 295 12890,76103 9427.283 8300,273 7410,262 4650,175 3790,384 3950,311 7810,126 2650,12
Ingouchie149 48883.1710 1875,676 5703,662 9741,654 2512.373 3041,846770,381 5800,887100,88
Oblast d'Irkoutsk763 81073.06166 54015.9367 3736.4412 6461.217 5450,725 3390,515 2400,505 4800,5211 5450,52
Oblast d'Ivanovo338 33571.3770 21114.8137 4087,897 7721,644 1420,873 6960,783 5260,744 2860,94 6630,90
Oblast autonome juif52 37467.4814 06618.127 3879.527710,993690,484070,524040,525010,651 3310,65
Kabardino-Balkarie452 48093.3820 1334.155 0061.031 1210,231 1710,241 6580,341 1410,241 2220,256280,25
Oblast de Kaliningrad379 87576.3550 75510,2029 8936.0112 6402,547 2991,474 7720,963 3190,673 3950,685 6270,68
Kalmoukie114 83381,6616 39911.662 7341,942 1171,519370,676320,456750,485020,361 7900,36
Oblast de Kalouga414 02776.1659 80211,0037 9056,978 0701,485 0710,934 2000,773 9430,734 1970,776 4250,77
Kraï du Kamtchatka112 40169.4427 43216,9513 7338,482 2101,371 1590,721 1310,709660,609120,561 9200,56
Karatchaïévo-Tcherkessie223 53487,6417 8196,997 0762,771 1320,447470,294540,182 5330,996760,271 1010,27
République de Carélie216 89973.0433 69311,3523 2547,836 7772.285 2151,763 2011.081 9270,652 3430,793 6560,79
Oblast de Kemerovo1 422 91985.42101 1536.0783 7775.0314 0020,8410 4710,637 2130,437 5560,457 9720,4810 6570,48
Kraï de Khabarovsk426 38565,78119 38918,4260 4149,3211 1991,735 4350,845 3540,834 4850,694 6120,7110 9690,71
Khakassie169 61569.1645 27618,4617 6107.183 3721,371 6050,651 6240,661 5930,651 5670,642 9860,64
 Khantys-Mansis600 40476.2394 78512.0253 5696,7910 8841,385 0600,644 3630,554 0950,523 9160,510 8240,50
Oblast de Kirov465 94870.4190 65013,7063 7719.6411 0341,676 3030,955 7840,875 6550,855 1570,787 4550,78
République des Komis290 71671.4446 09411,3341 68010.248 1792.014 0801,003 8090,943 2150,793 2340,795 9080,79
Oblast de Kostroma221 44968.7152 13516,1829 8349.264 8521,513 1060,962 8790,892 3090,722 6650,833 0480,83
Kraï de Krasnodar2 564 01281.35316 31610.04144 0084,5730 6970,9716 4610,5221 4130,6817 1000,5415 8760,526 0900,50
Kraï de Krasnoïarsk941 15174.28161 92512.7893 6287.3920 4151,6111 2250,898 4790,677 7610,618 0720,6414 3270,64
Oblast de Kourgan318 70373,3059 42513.6738 0028,744 5901.062 3130,532 1780,503 0200,692 6820,623 8730,62
Oblast de Koursk482 25781.0156 9489.5733 3265.605 6310,952 5270,422 6400,443 3160,563 4210,575 2070,57
Oblast de Léningrad703 42379.0178 5458,8248 4655.4418 7152.1010 7191.208 1290,915 6550,646 1360,6910 5390,69
Oblast de Lipetsk542 19980,8367 29910.0333 7395.036 7141,003 4940,523 2590,493 9940,603 8340,576 2250,57
Oblast de Magadan53 34172,3010 36414.076 1858.341 0071,364910,674580,624080,554170,571 1080,57
République des Maris263 72573,9951 87314,5524 5166,884 8211,352 1440,602 1280,602 0280,572 0130,563 1460,56
Mordovie406 48085.3533 8947.1220 7584.363 5610,751 7260,361 6360,342 7810,581 8630,393 5490,39
Moscou3 201 25770,87563 67012,48211 9954,69184 2854.08143 0393.1770 3231,5632 6640,7243 3170,9666 6260,96
Oblast de Moscou2 758 91174.49476 89712,88203 8695,5078 8932.1349 6641,3436 1330,9824 5230,6626 4480,7148 1750,71
Oblast de Mourmansk303 79676.3735 2408,8631 4347.908 9312.254 6601.173 4260,862 5780,652 8270,714 9150,71
 Nénétsie17 86371.153 39713.532 4829,894481,781580,631720,691350,541850,742670,74
Oblast de Nijni Novgorod1 334 41777.27183 46510.62111 7446,7427 7281,6116 1070,9314 0530,8112 3200,7112 0370,715 1070,70
Ossétie-du-Nord-Alanie377 64881.5151 02611.0113 9543.011 0340,221 0170,225 6991.238 3981,811 0710,233 4700,23
Oblast de Novgorod209 28672,6536 66112.7322 0007,645 3031,844 1431,442 4560,852 4200,842 3450,813 4480,81
Oblast de Novossibirsk926 95871.06213 70716,3985 7906,5821 0671,6214 6541.129 0800,708 0050,618 4730,6516 6250,65
Oblast d'Omsk624 93467.31189 30320,3957 9016.2414 2821,547 5920,825 8320,635 6530,6110 4961.1312 4871.13
Oblast d'Orenbourg731 83872,97155 15615,4767 7776,7611 5391.155 7480,576 0030,607 8460,786 1370,6110 9380,61
Oblast d'Orel349 74376,7755 48212,1827 6176.065 7771.272 6980,593 1870,703 1870,703 2100,74 6700,70
Oblast de Penza625 92879,9878 1359,9843 8235.609 0481.164 6970,604 0370,525 6140,724 6160,596 7400,59
Kraï de Perm993 07675.35138 97710,5590 1326,8428 9632.2016 9181,2811 8590,9010 1540,779 6240,7318 2030,73
Kraï du Primorié589 38465.26193 16621,3963 7547.0615 0791,678 0190,896 6760,745 8140,646 6050,7314 5710,73
Oblast de Pskov258 58475.0539 40711,4423 6886,875 7941,865 5331,612 6560,772 7820,812 9520,863 1650,86
Oblast de Rostov1 641 18978,97236 28711,37106 9055.1423 0361.1113 7610,6613 0460,6314 1210,6811 7410,5618 2000,56
Oblast de Riazan458 88276.3476 02312,6537 0916.177 7771,294 0680,683 6540,613 7310,624 0940,685 7560,68
Saint-Pétersbourg1 735 23675.01209 1129.0494 5694.09100 0594.3373 5323.1836 2541,5715 2950,6620 4500,8828 9510,88
Sakha294 16664.38124 51827,2518 0893,967 4941,642 6040,572 0100,441 7110,371 6960,374 6360,37
Oblast de Sakhaline153 28966,9241 20117,9920 0758,763 8741,691 9380,851 6540,721 4960,651 5860,693 9420,69
Oblast de Samara1 234 75975,82189 31411.6398 0076.0232 3921,9917 8921.1012 3240,7611 5430,7110 8050,6621 4600,66
Oblast de Saratov987 37378.33148 58511,7966 2545.2615 0671.209 2680,747 4850,598 3260,667 4360,5910 7360,59
Sébastopol218 30390.198 6983,596 9882,893 0831.279030,378960,375690,245760,242 0400,24
Oblast de Smolensk347 85973.4962 35113.1736 8947,796 7241,423 4260,723 3040,703 5190,743 8940,825 3990,82
Kraï de Stavropol1 118 52380,55157 34511,3358 7784.2311 6560,846 1300,446 9850,508 0080,587 5930,5513 5590,55
Oblast de Sverdlovsk1 555 53274.60241 36511,58141 6836,7944 2582.1227 1441,3019 4280,9313 3170,6415 1540,7327 2820,73
Oblast de Tambov494 96681,8155 1839.1231 4185.195 3110,883 2100,532 5210,423 5930,593 1370,525 6520,52
Tatarstan1 854 11982.09204 6189.0667 9293.0129 9511,3319 6430,8713 3610,5937 9691,6813 0300,5818 0450,58
Oblast de Tomsk328 29671.2370 16315.2231 4666,8310 0912.195 8861,283 9860,862 7570,602 9760,655 3070,65
Oblast de Toula648 11779.2077 5529,4848 7485,9611 6891,437 5370,925 3310,655 3790,665 6920,78 3330,70
Touva150 79591,985 7623.512 8091,711 7791.094510,283390,214390,274060,251 1600,25
Oblast de Tver459 19874.5577 05012.5143 4217.0510 1441,655 6350,914 8460,794 9020,804 7180,776 0270,77
Oblast de Tioumen672 38579.7569 2948.2264 3767,6311 7231,394 8080,574 5770,544 2490,504 5430,547 1520,54
Oudmourtie571 62376.2384 98111,3350 8596,7811 5181,545 1420,696 1880,835 3010,714 9580,669 3080,66
Oblast d'Oulianovsk477 65474.2794 80914.7440 0286.227 1461.113 5670,554 1970,654 7520,743 9720,627 0230,62
Oblast de Vladimir546 04273,6593 64912.6358 8227,9310 7771,456 1470,836 0980,825 0750,685 4400,739 3510,73
Oblast de Volgograd929 54177.55140 70811.7469 9095,8314 4031.2010 2420,856 8510,578 1160,688 0400,6710 8500,67
Oblast de Vologda453 57672.4175 64412.0854 5568.7113 3652.138 0481,285 3330,854 5670,735 1840,836 0900,83
Oblast de Voronej952 64278,88136 43511,3064 9055.3713 0241.087 5610,637 2770,608 5610,717 8300,659 4350,65
Vote de l'étranger403 30685.0223 8715.038 2241,7319 2034.057 4331,573 0790,651 4390,302 0100,425 8010,42
 Iamalie291 40985.5419 4485,7219 4095,702 3940,701 3670,401 1540,341 7940,531 0520,312 6160,31
Oblast de Iaroslavl472 66671,8485 25612.9649 6217.5415 6072.3711 7381,786 7101.024 3770,675 3290,816 6360,81
Kraï de Transbaïkalie329 91172.0362 37513.6245 80410,004 7501.042 0950,462 1110,462 7720,612 4500,535 7670,53
Russie56 430 71276,698 659 20611,774 154 9855,651 238 0311,68769 6441.05556 8010,76499 3420,68479 0130,65791 2581.08
Source : CEC[196]

Analyse et conséquences

Fraudes

Des observateurs étrangers se rendent en Russie pour suivre les opérations électorales le . Selon le ministère russe des Affaires étrangères, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) envoie à elle seule environ 500 observateurs. Des fraudes électorales et des irrégularités ont entaché le scrutin, allant des fortes pressions sur les électeurs pour qu'ils aillent voter jusqu’au bourrage d'urnes dans les bureaux de vote, mais sans que leur ampleur soit facile à évaluer[197]. Selon Novaïa Gazeta, des observateurs et militants ont compté les électeurs dans les bureaux de vote de cinq régions russes, en utilisant la vidéo surveillance de la Commission électorale centrale. Le journal conclut que le taux de participation officiel a été falsifié — deux à cinq fois plus élevé que le taux réel[198].

Réactions

En réaction à l'organisation de l'élection en Crimée et à Sébastopol (territoires revendiqués par l'Ukraine), le gouvernement ukrainien empêche le déroulement du scrutin le dans les consulats et ambassades russes situés sur son sol[199].

Le sénateur John McCain a fustigé Donald Trump pour avoir félicité Vladimir Poutine après son élection en dépit d'un mémo de la « National Security Team » où il était écrit en lettres capitales « DO NOT CONGRATULATE »[200]. Le sénateur a notamment déclaré qu'« un président américain ne guide pas le monde libre en félicitant des dictateurs pour avoir gagné une élection qui est une imposture »[201].

Notes et références

Notes

Références

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