Anne-Marie Staub

chimiste française
Anne-Marie Staub

Naissance[1]
Pont-Audemer (Eure)[1] (France)
Décès (à 98 ans)
Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)[1] (France)
Nationalité française
DomainesBiochimie
Immunochimie
Sérologie
InstitutionsInstitut Pasteur
Renommée pourPremiers antihistaminiques
Étude des salmonelles
Caractérisation des polyosides des antigènes O
DistinctionsPrix Paul-Ehrlich-et-Ludwig-Darmstaedter (1969)

Anne-Marie Staub est une biochimiste française, née en 1914 et morte en 2012, surtout connue pour ses contributions à la mise au point des premiers antihistaminiques et pour ses importants travaux en sérologie et en immunologie, et plus précisément pour ses études immunochimiques sur les Salmonelles.

L’œuvre scientifique

Anne-Marie Staub est née le à Pont-Audemer dans l'Eure, dans une famille pastorienne : Pasteur avait été témoin au mariage de son grand-père en 1882, et son père, André Staub, est entré à l'Institut Pasteur en 1906[1] ou 1907[3] dans le laboratoire de Charles Chamberland[4]. Il y travaille encore en 1936 quand elle y est reçue à son tour pour préparer le doctorat en sciences sous la direction de Daniel Bovet. Depuis 1933, le futur prix Nobel conduit des recherches sur l'action sympatholytique de certaines molécules synthétisées dans le laboratoire de chimie thérapeutique d'Ernest Fourneau[5]. C’est sur la découverte des propriétés antihistaminiques de quelques-uns de ces composés qu’Anne-Marie Staub signe, avec Bovet, ses premières publications[6],[7],[8] Et sa thèse de 1939 porte sur « quelques bases synthétiques antagonistes de l'histamine[9],[10] ». Cependant, les molécules en question, le 929 F et le 1271 F[n 1], restent trop toxiques et ce n’est qu’à partir de 1942 que Bernard Halpern développera, chez Rhône-Poulenc, les premiers antihistaminiques médicalement exploitables[11].

Entre-temps, Anne-Marie Staub s’est tournée vers d’autres sujets. Daniel Bovet ayant été mobilisé en Suisse, son pays natal, Ernest Fourneau a confié les recherches sur les antihistaminiques à la société Rhône-Poulenc. En , Anne-Marie Staub quitte donc le service de chimie thérapeutique pour rejoindre celui des vaccins vétérinaires, dirigé par son père[12], et pour y poursuivre l'étude de sérums anticharbonneux. De 1941 à 1946, elle travaille au laboratoire de Pierre Grabar. Elle s'initie à l'immunochimie en étudiant les antigènes qui se développent dans l’œdème provoqué chez le cobaye par l'inoculation de Bacillus anthracis, la bactérie du charbon. Dans l’œdème d'un mouton vacciné, elle réussit alors à isoler une glycoprotéine capable d'immuniser contre la maladie[13].

Pendant toutes ces années de guerre, Anne-Marie Staub donne des cours de français, d'allemand et de secourisme dans le cadre d'une association de charité. À la libération, en , son frère Roger, résistant, est tué par l'occupant[1].

Après la guerre, Anne-Marie Staub poursuit ses études sur les glycoprotéines et sur le charbon. De 1946 à 1949, elle réside à Londres, travaillant auprès de Claude Rimington, qui l'associe à ses recherches sur la purification et l'analyse des glycoprotéines[14], et à l'Institut Lister du Conseil de la recherche médicale, dans le laboratoire de Paul Fildes et Gareth Gladstone, avec lesquels elle collabore à la mise au point d'un vaccin anticharbonneux.

De retour à l'Institut Pasteur en 1949, elle entre au service des vaccins, dirigé par Antoine Bonnefoi, où elle est nommée assistante et où, promue chef de laboratoire en 1953, elle approfondit ses études sur le bacille du charbon, avec Bernard Virat et Jean Levaditi[15].

Dans les années 1960, elle poursuit des recherches en immunologie, et plus spécialement sur les antigènes des salmonelles, avec Otto Lüderitz (de) et Otto Westphal (de)[16]. Elle travaille sur la caractérisation des déterminants épitopiques des chaînes polysaccharadiques reconnues par les anticorps. Elle décrit de nouveaux sucres. Elle contribue également à la classification sérologique des Salmonellae. Enfin, avec Léon Le Minor, elle étudie la conversion lysogénique des salmonelles par les bactériophages, et ses effets sur les déterminants polysaccharidiques[17],[18].

De 1960 à 1974, elle codirige avec Marcel Raynaud[19] le cours d'immunologie générale de l'Institut Pasteur, avant d'en laisser la direction à Joseph Alouf.

Anne-Marie Staub est morte en 2012 à Saint-Germain-en-Laye où elle avait pris sa retraite.

Bibliographie

Publications

  • 1956-1972 : avec O. Lüderitz, O. Westphal et al., « Études immunochimiques sur les Salmonelles, I-XV », Ann. Inst. Pasteur ; Bull. Soc. chim. biol. ; European J. Biochem.,‎ 1956-1972.
  • 1971 : Cours d'immunologie générale et de sérologie de l'Institut Pasteur (dir., avec Marcel Raynaud), Centre de documentation universitaire, Paris.

Sur Anne-Marie Staub

  • (de) Renate Strohmeier, Lexikon der naturwissenschaftlerinnen und naturkundigen Frauen Europas : Von der Antike bis zum 20. Jahrhundert, Verlag Harri Deutsch, 1998, pp. 261 et suiv. (ISBN 978-3817-11567-9) (Extrait. Consulté le .)

Récompenses et distinctions

Sources

  • Service des archives de l'Institut Pasteur[20].
  • Jean-Marc Cavaillon, « Anne-Marie Staub »[21].

Références

Note

Liens externes

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