Boulevard Saint-Germain

boulevard de Paris, France

5e, 6e, 7e arrts
Boulevard Saint-Germain
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Le boulevard Saint-Germain en 2021.
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Situation
Arrondissements5e
6e
7e
QuartiersSaint-Victor
Sorbonne
Monnaie
Odéon
Saint-Germain-des-Prés
Saint-Thomas-d'Aquin
Invalides
DébutSeine au niveau du pont Sully
FinSeine au niveau du quai d'Orsay
Morphologie
Longueur3 150 m
Largeur30 m
Historique
Création1855
Géocodification
Ville de Paris8845
DGI8619
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
boulevard Saint-Germain
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Le boulevard Saint-Germain est un boulevard de la rive gauche de Paris, ainsi nommé en l'honneur de l'évêque Germain de Paris (496–576), et en raison de la proximité de l'église Saint-Germain-des-Prés qui lui est dédiée.

Situation et accès

Long de 3 150 mètres et large de 30 mètres environ, le boulevard Saint-Germain part de la Seine au coin du quai Saint-Bernard et face à l'île Saint-Louis, dans le 5e arrondissement, longe le fleuve à quelques centaines de mètres au pied de la montagne Sainte-Geneviève, puis traverse le 6e arrondissement et rejoint à nouveau la Seine au niveau du quai d'Orsay, dans le 7e arrondissement. C'est la principale voie du Quartier latin, avec le boulevard Saint-Michel[1] et du faubourg Saint-Germain.

Origine du nom

Son nom lui vient du faubourg Saint-Germain que traverse le boulevard.

Historique

C'est l'un des projets conçus personnellement par le baron Haussmann lors des travaux de transformation de Paris sous le Second Empire. Il complétait sur la rive gauche les boulevards de la rive droite et facilitait la desserte est-ouest des quartiers centraux sur la rive gauche. Il ne fut cependant achevé que sous la IIIe République, par l'ouverture de son tronçon central (entre les rues Hautefeuille et des Ciseaux) en 1877[2].

Le percement du boulevard Saint-Germain a entraîné la démolition d'un nombre important d'anciens hôtels du faubourg Saint-Germain[3]. Il a également absorbé plusieurs rues, dont notamment :

On peut constater que plusieurs maisons de ces rues disparues ont été conservées, car elles se trouvaient par hasard dans l'alignement du boulevard. On peut ainsi retrouver le côté impair de la rue de l'École-de-Médecine place Henri-Mondor ; son côté pair entre la rue de Seine et la rue de Buci ; tout le côté impair de la rue Taranne ; et tout le côté pair de la rue Saint-Dominique[4].

En octobre 1896, à l'occasion de leur visite en France, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra empruntent le boulevard Saint-Germain, le trajet devant les conduire à l'ambassade de Russie[5].

Le 11 mars 1918, durant la Première Guerre mondiale, les nos 211, 213 bis, 231, 240, 242 et 246 boulevard Saint-Germain sont touchés lors d'un raid effectué par des avions allemands[6].
Le 30 mars 1918, un obus lancé par la Grosse Bertha explose au carrefour Saint-Germain-Buci[7]. Le , un autre obus tombe au no 179.

En décembre 1958, entre 6 000 et 7 000 manifestants étudiants du Quartier latin qui voulaient marcher en direction du palais Bourbon sont stoppés par des gardiens de la paix au carrefour des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Peu après, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité un vœu condamnant des violences policières[8].

Une partie des événements de Mai 1968 se déroula sur le boulevard.

Le boulevard a longtemps abrité des maisons d'édition et des librairies, par exemple des éditions médicales à proximité de la faculté de médecine. Au fil des années, elles ont tendance à être remplacées par des magasins de mode et des restaurants.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Section du 5e arrondissement : du pont Sully au boulevard Saint-Michel

Le boulevard Saint-Germain vu depuis la rue du Cardinal-Lemoine en direction de la place Monge.
  • No 71 : en 1864 est construit le théâtre de Cluny, sur une partie du site de l'ancien couvent des Mathurins qui vient d'être démoli. Jusqu'à la fin du siècle, il est célèbre pour les opérettes et les pièces de boulevard qui y sont jouées. En 1933, il est transformé en cinéma[Note 1], renommé Cluny-Palace, conservant sa façade d'origine et sa salle de 900 places dotée d'un balcon. En 1948, François Truffaut y organise des séances de son « Cercle Cinémane ». Durant l'été 1972, la salle est scindée en deux sur la hauteur, chacune proposant 350 places. Le cinéma ferme une première fois en 1985, est repris par une nouvelle équipe qui le rouvre l'année suivante en orientant la programmation vers les films d'art et essai mais le Cluny-Palace finit par définitivement fermer en 1989[20]. En 1991, la Fnac y installe une librairie internationale, proposant des ouvrages dans des langues principalement européennes, ainsi qu'en arabe et dans certaines langues asiatiques. Sur trois niveaux, l'immeuble fait alors 1000 m² de surface[21]. Si l'enseigne « Librairie internationale » a été conservée sur la façade, lui succèdent un magasin de micro-informatique puis, jusqu'à nos jours, un centre de salles de sports[22],[19].
  • No 74 : immeuble où demeura et se pendit le docteur Simon Noël Dupré (1814-1885), professeur d'anatomie et de chirurgie, poète, chansonnier et homme politique français[réf. nécessaire].

Section du 6e arrondissement : du boulevard Saint-Michel à la rue des Saints-Pères

  • No 136 : l'anarchiste Ravachol fit en partie sauter cette maison le 11 mars 1892. Dans les années 1930, l'immeuble est acheté par un couple de commerçants juifs venus de Roumanie, dont hérite ensuite leur fille Yolande. Emprisonnée dix ans en Roumanie pour des raisons politiques, celle-ci revient ensuite à Paris, s’installe au sixième étage du bâtiment, loue le reste des appartements et gère au rez-de-chaussée une boutique de vêtements pour hommes avec son mari. Il meurt de la maladie de Parkinson dans les années 1990. Sans enfant, elle consacre alors son héritage à lutter contre cette maladie avec la fondation de France, créant à cet effet la fondation Schutzman-Zisman, du nom de ses parents, désormais inscrit sur une plaque au-dessus de la porte de l'immeuble[27].
  • No 139 : au rez-de-chaussée de l'immeuble à cette adresse, situé à un angle d'une placette arborée, un café aujourd'hui disparu, Le Saint-Claude[28], fut lieu de rencontre pour les intellectuels et les artistes grecs exilés en France pendant la période de sept ans (1967-1974) de la dictature des colonels[29]. Le Saint-Claude et sa fréquentation à cette époque inspirent plus tard un livre à un de ces anciens exilés, l'écrivain Vassílis Vassilikós[30] : Καφενείον Εμιγκρέκ Ο Άγιος Κλαύδιος (Cafeion Emigrek O Agios Claudios), ouvrage publié en 1998.
  • Nos 141 à 147 (au niveau de la place Jacques-Copeau) : immeubles faisant partie de la rue Gozlin avant les années 1860.
  • No 142 : le restaurant Vagenende, ancien bouillon datant de 1905. Vagenende était le nom du propriétaire en 1920.
  • No 143 : l’hôtel Madison. André Malraux y a passé l’hiver 1937[réf. nécessaire].
  • No 145 : Monument à Diderot par Jean Gautherin (1886)[31], rappelant le lieu où il habitait, alors rue Taranne ; galerie Steph Simon dans les années 1950.
  • No 145 : brasserie Lipp. Le leader de l'opposition marocaine Mehdi Ben Barka fut enlevé devant en 1965 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 147 : l'historien de l'art Élie Faure (1873-1937) a habité au dernier étage, de 1913 à sa mort[32],[33].
  • No 149 : à l'angle de la rue de Rennes, ancien drugstore Publicis, ouvert en 1965, le deuxième lancé par le groupe en France (le premier étant situé 133, avenue des Champs-Élysées). Bar, restaurant, magasin (tabac, parfumerie, pharmacie, kiosque, etc.), ouvert à des horaires très tardifs pour l'époque et ciblant la jeunesse, il reprend un concept observé par le dirigeant de Publicis Marcel Bleustein-Blanchet aux États-Unis. Slavik est une nouvelle fois chargé de la décoration. En 1974, un attentat terroriste commis par Carlos y fait deux morts et 34 blessés. Le chanteur Serge Gainsbourg était un habitué. Jusqu'au milieu des années 1980, il accueillait entre 2000 et 3000 visiteurs par jour. En 1995, trop exigu au goût du public, la fermeture du drugstore est annoncée, laissant place deux ans plus tard à une boutique Armani[34].
  • Nos 151 à 175 : immeubles faisant partie de la rue Taranne avant les années 1860.
  • No 153 : l'historien et homme politique polonais Joachim Lelewel y a vécu en 1832 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 155 : le peintre Antonio de La Gandara (1861-1917) y demeurait à sa mort[35].
  • No 166 : La Rhumerie, bar fréquenté notamment par Antonin Artaud[réf. nécessaire].
  • No 167 : le résistant François Faure y a vécu ; une plaque lui rend hommage.
  • Face au no 168 sur l'actuel boulevard, immédiatement à l'ouest de l’actuel passage de la Petite-Boucherie) : emplacement de la prison de l'Abbaye (démolie)[36].
  • No 168 bis : le square Félix-Desruelles résulte de la démolition des maisons qui enserraient l'église Saint-Germain-des-Prés jusqu'au milieu du XIXe siècle. Il abrite le Monument à Bernard Palissy par Louis-Ernest Barrias (1883)[37] et, contre le mur de l'immeuble voisin, une façade en grès émaillé conçue par l'architecte Charles-Auguste Risler et le sculpteur Jules Coutan pour illustrer l'utilisation des produits de la manufacture nationale de Sèvres lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris.
  • No 170 : emplacement, à la fin du XIXe siècle, d'un bouillon Duval[38]. En 2017 le lieu est occupé par un magasin de mode.
  • No 172 : le Café de Flore, un des cafés littéraires de Paris les plus célèbres, où se retrouvent les vainqueurs du prix Goncourt, les poètes de toutes les époques, et où sont passés quelques idéologues des révolutions russes ou chinoises et de grandes personnalités littéraires[réf. nécessaire].
  • No 175 :
  • No 184 : immeuble construit en 1878 par l'architecte Édouard Leudière pour la Société de géographie. Les deux cariatides, représentant La Terre et La Mer, et le globe terrestre en façade ont été sculptés par Émile Soldi. La distribution initiale des locaux comprenait au rez-de-chaussée, la grande salle de réunions (conservée), une salle des pas perdus, un vestiaire, un logement de concierge ; au 1er étage, une salle de commission et le cabinet du président ; aux 2e et 3e étages, la bibliothèque et une salle de commission ; au 4e, l'appartement de l'agent de la Société[39]. Siège également de l'IPAG Business School.
  • No 186 : à cet angle se situait le cimetière Saint-Germain, également appelé cimetière Saint-Pierre[réf. nécessaire].

Section du 7e arrondissement : de la rue des Saints-Pères au pont de la Concorde

  • No 177 : l'homme politique Édouard Frédéric-Dupont y a vécu à partir de 1908 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 195 : immeuble édifié par l’architecte Charles Garnier en 1882 pour la famille Hachette[40] comprenant à l’origine un appartement par étage d’une superficie de 423,45 m2[41].
De 1908 jusqu'aux débuts de la Seconde Guerre mondiale, siège de l'Office international d'hygiène publique, considéré comme l'ancêtre de l'OMS[42],[43],[44],[45].
Siège de la Fédération nationale des républicains indépendants, mouvement politique de Valéry Giscard d'Estaing, à partir de 1966[46].
  • No 288, à l'angle du quai Anatole-France) : immeuble Second Empire, exemple du style haussmannien de la meilleure facture. Initialement, c'est le Cercle agricole qui s'établit au 288 du nouveau boulevard, dans un hôtel construit spécialement à son intention en 1867. L'immeuble comporte de vastes pièces qui abritent une bibliothèque de 35 000 volumes, une salle de billard, des salles de jeux et un salon de lecture en forme de rotonde. Dans ce club, familièrement dénommé « Club de la Patate », se côtoieront, pendant une centaine d'années, les personnalités de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie. Par la suite, le bâtiment sera occupé à titre privé par des particuliers, notamment dans les étages supérieurs. Louis Blériot, pilote pionnier de l'aviation française, qui fut le premier à traverser la Manche a longtemps vécu au 288. Une plaque commémorative a été inaugurée par Antonio Tajani, alors commissaire européen chargé des Transports, en 2009. Entre 1990 et 2022, le bâtiment héberge la représentation en France de la Commission européenne. Le bureau d’information du Parlement européen en France y est installé[57].

Notes et références

Notes

Références

Bibliographie

Annexes

Liens externes

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