Les caractéristiques physiques attribuées au Bouddha (en sanskritlakṣaṇa (en), « signe, attribut »[1]) sont une série de caractéristiques du corps du bouddhaSiddhartha Gautama.
Il n'y a pas de représentations du Bouddha dans l'art bouddhique jusqu'aux environs du IIe siècle, en partie en raison de l'importance de l'aniconisme dans la première période des bas-reliefs et de la statuaire de la dévotion bouddhiste[2]. Mais on trouve dans un certain nombre des premiers textes du bouddhisme des descriptions de l'apparence du Bouddha, et ces textes ont probablement servi de modèle pour les premières représentations, et en particulier, les « trente-deux signes d'un grand homme » (sanskrit: mahã-puruṣa-lakṣaṇa) présentés dans le Canon Pali[3]. Cette liste de trente-deux marques majeures est complétée par une série de quatre-vingt autres caractéristiques secondaires (Pali : Anubyanjana).
La première phase du bouddhisme était généralement aniconique, le Bouddha étant représenté sous forme de symboles tels qu'une empreinte de pied, un siège vide, un cheval
sans cavalier ou un parasol. Plus tard, des traditions iconiques se sont développées dans les régions du Gandhara (aujourd'hui la région de Kandahar, en Afghanistan) et celle de Mathura, où l'on a trouvé les premières statues de Bouddha, dont la facture est imprégnée d'art gréco-bouddhique[5],[Note 1]. Certaines des caractéristiques ont joué un rôle important dans l'iconographie des bouddhas, en particulier l'ūrṇā et l'ushnīsha et le corps moulé par le vêtement; on rencontre souvent aussi les roues sur la paume des mains ou la plante des pieds, ainsi que l'auréole qui entoure la tête ou le corps du Bouddha[4].
Le Bouddha est traditionnellement considéré comme possédant les trente-deux caractéristiques d'un grand homme (Skt. Mahāpuruṣa Laksana)[6],[Note 2], tout comme, par ailleurs, les chakravartin, qui incarnent le roi universel idéal[6],[7]. Ces marques sont également énumérées dans le Brahmāyu Sutta du Majjhima Nikāya, le Mahāpadānasutta ainsi que le Lalitavistarasūtra[4].
Les quatre-vingt caractéristiques mineures du Bouddha sont connues car leur liste figurent un certain nombre de fois dans les agamas du canon bouddhiste chinois[11]. Selon le chercheur Guang Xing, les quatre-vingt marques mineures sont liées aux trente-deux grandes marques et constituent simplement une description plus détaillée des caractéristiques corporelles du Bouddha. Dans l'Abhidharma Mahāvibhāṣa Sastra de l'école des Sarvastivadin se pose la question de la relation entre les marques majeures et mineures, et il y est dit que les marques mineures comptent parmi les marques majeures, sans pour autant être mélangées avec elles, tout comme des fleurs dans la forêt permettent de distinguer les arbres. Ces quatre-vingt caractéristiques mineures sont également devenues importantes, car elles ont été adoptées par les traditions bouddhistes, y compris les deux traditions Mahāyāna et Theravada. Dans la littérature pali, les quatre-vingts caractéristiques mineures figurent dans l’Apadāna (en) et le Milindapañha. Certains chercheurs pensent que les quatre-vingts caractéristiques mineures sont un développement précoce dans la tradition bouddhiste, surtout importantes dans l'école Sarvastivada.
Certains ont noté que, dans au moins deux discours du Canon Pali, le Bouddha peut être interprété comme étant chauve, comme si sa tête avait été rasée[12].
(en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , xxxii + 1265 (ISBN978-0-691-15786-3)