Docteur de l'Église

personne ayant contribué de façon remarquable à la doctrine de l'Église catholique

Un docteur de l'Église (en latin : doctor ecclesiae) est une personne baptisée, femme ou homme, dont l'Église catholique reconnaît l'autorité exceptionnelle dans le domaine de la théologie (eminens doctrina)[Note 1]. Selon la conférence des évêques de France, les docteurs de l’Église sont « des théologiens auxquels elle reconnaît une autorité particulière de témoins de la doctrine, en raison de la sûreté de leur pensée, de la sainteté de leur vie, de l’importance de leur œuvre »[1].

Les Quatre Docteurs de l'Église latine par Pier Francesco Sacchi. De g. à dr. : Augustin d'Hippone (354-430), Grégoire Ier (540-604), Jérôme de Stridon (v. 347-420) et Ambroise de Milan (339-394). Ils sont représentés avec les attributs des quatre évangélistes : l'ange, le lion, le taureau et l'aigle.

Tous les docteurs de l'Église ont été soit formellement canonisés, soit officiellement considérés comme saints pour les plus anciens d'entre eux. Jusqu'en 1970, le titre n'avait été conféré qu'à des hommes, mais à la suite du concile Vatican II, des femmes peuvent être proclamées docteurs de l’Église.

Statut

Deux papes ont historiquement reçu le titre de docteurs de l'Église, saint Léon Ier le Grand et saint Grégoire Ier le Grand. Une thèse particulière, proposée par le cardinal Umberto Betti et le jésuite Giandomenico Mucci est de reconsidérer ce titre. Selon cette thèse : « Les documents de leur magistère font autorité non pas du fait de la eminens doctrina qu'il possède comme don de grâce personnel, mais en vertu de la charge qui fait d'eux le suprême pasteur et docteur de tous les fidèles »[2].

Cependant, cette décision relève de l'autorité du magistère romain, qui aujourd'hui les considère officiellement comme docteurs universels.

Parmi les trente-sept docteurs reconnus par l'Église catholique, la grande majorité sont des hommes[3]. Seulement quatre femmes ont été reconnues docteur, toutes après 1970 et le Concile Vatican II. Les docteurs sont répartis comme suit :

Doctorat féminin : reconnaissance du charisme et du travail doctrinal

Les débats ont été initiés pour Thérèse d’Avila en 1923, puis pour Thérèse de Lisieux en 1932. Les causes ont été repoussées par le pape Pie XI par la formule : « sexus obstat », qui repose sur une tradition excluant de fait les femmes de l'enseignement doctrinal depuis Paul de Tarse, bien que cela ne repose sur aucune source normative[4].

L'ouverture du titre aux femmes date des années 1970 et commence à la fin du concile Vatican II (1962-1965)[5],[6]. Paul VI proclame Thérèse d’Avila « docteur de l’Église », en même temps que Catherine de Sienne, en 1970. Il s'agit alors d'un geste de reconnaissance envers les femmes[4].

Le projet du doctorat de Thérèse de Lisieux, commence en 1932, et aboutit en 1997, lorsque le pape Jean-Paul II la proclame docteur. L'événement se déroule dans un cadre particulier, celui de la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ) à Paris[4].

Le doctorat féminin questionne l’évolution des relations entre femmes et catholicisme, la théologie au XXe siècle, l'accès des femmes au savoir théologique universitaire[4]. Il contribue à l'histoire intellectuelle de l’Église.

À la suite de cela, pour faire connaitre l'actualité de leurs travaux, en 2022, une conférence internationale interuniversitaire intitulée «Femmes docteurs de l'Église et patronnes de l'Europe en dialogue avec le monde d'aujourd'hui» est organisée à l'Université pontificale urbanienne de Rome en collaboration avec l'université spécialisée dans la formation du clergé missionnaire, l'université catholique d'Avila et l'institut d'études avancées sur les femmes de l'Athénée pontifical Regina Apostolorum. La démarche est appuyée par le pape François[7],[8].

Liste chronologique

L'Église catholique reconnaît ainsi 37 docteurs de l'Église. Ce titre ne doit pas être confondu avec celui de « pères de l'Église » désignation traditionnelle, et non pas issue de l'autorité ecclésiastique, pour des personnalités des tout premiers siècles du christianisme.

Certains des pères de l'Église furent également déclarés « docteurs ». Le titre de docteur a d'ailleurs été créé officiellement en 1295 par le pape Boniface VIII pour conférer une dignité spécifique à quatre pères de l'Église latine.

Avec Pie V, la liste s'élargit pour comporter quatre pères de l'Église d'Orient et Thomas d'Aquin. À partir du XVIIIe siècle, le Saint-Siège accorde le titre de manière relativement plus fréquente.

Entre 354 et 367, fait remarquable, dix docteurs de l'Église ont vécu simultanément.

Docteurs proclamés au XIIIe siècle

En 1295, pour la première fois, un pape, Boniface VIII confère officiellement le titre de « docteur de l'Église » à quatre pères latins. L'idée consistait à élever leur célébration et commémoration liturgique au rang de celles des apôtres et Évangélistes. Ce sont :

Docteurs proclamés au XVIe siècle

Après le concile de Trente, en 1568, cette première liste est ouverte par le pape Pie V aux pères orientaux, quatre d'entre eux étant proclamés docteurs de l'Église en même temps que Thomas d'Aquin. Ce sont :

Docteurs proclamés au XVIIIe siècle

À partir du XVIIIe siècle, le titre est accordé de manière relativement plus fréquente, en l’occurrence à :

Docteurs proclamés au XIXe siècle

Docteurs proclamés au XXe siècle

Docteurs proclamés au XXIe siècle

Causes de doctorat en cours d'étude

Les dossiers concernant les nouveaux docteurs de l'Église sont examinés conjointement par la Congrégation pour les causes des saints et celle pour la doctrine de la foi.Au début du XXIe siècle, la proclamation de Bernardin de Sienne[14] ainsi que du cardinal John Henry Newman[15] sont attendues ; parmi les autres causes de doctorat examinées, on compte cinq femmes : Véronique Giuliani, Gertrude de Helfta, Brigitte de Suède, Marguerite-Marie Alacoque et Julienne de Norwich, et neuf hommes : Jean Bosco, Cyrille et Méthode, Laurent Justinien, Antonin de Florence, Thomas de Villeneuve, Ignace de Loyola, Vincent de Paul, et Louis-Marie Grignion de Montfort[5].

D'autres noms sont parfois proposés par des conférences épiscopales, c'est ainsi le cas de la Polonaise Faustine Kowalska le dimanche à l'occasion du deuxième congrès mondial de la divine miséricorde[16] et du pape Jean-Paul II proposé lui aussi par la Conférence épiscopale polonaise[17]. C'est aussi le cas de Jean Eudes, poussé par l'épiscopat français et les Eudistes[18], et de Césaire d'Arles dont les évêques de France ont soutenu la candidature le [19].

En janvier 2023, le cardinal Angelo Bagnasco a proposé que le pape Benoît XVI soit déclaré docteur de l'Église « dans les plus brefs délais »[20],[21]. En janvier 2024, l'archevêque Georg Gänswein a également exprimé son souhait que Benoît soit ainsi reconnu[22].

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

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Bibliographie

  • Clarisse Tesson, « Des femmes docteurs de l’Église ? Une question inédite dans l’Église du XXe siècle », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 106, no 257,‎ , p. 261-282 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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