France d'outre-mer

groupement de toutes les collectivités et territoires français situés hors de l’Europe

La France d'outre-mer, la France ultramarine, les Outre-mer[1] ou les outre-mers[2], ou bien encore les Ultramarins, comprend les territoires de la République française éloignés de la France métropolitaine, située elle sur le continent européen. On parle aujourd'hui de DROM-COM (départements et régions d'outre-mer et collectivités d'outre-mer), anciennement dénommés DOM-TOM (départements d'outre-mer et territoires d'outre-mer).

La France et ses territoires d'outre-mer.

Issus des anciens empires coloniaux français (XVIe – XVIIIe siècles et XIXe – XXe siècles), ces territoires sont situés en Amérique, Océanie, dans l'océan Indien et en Antarctique. Ils recouvrent des réalités culturelles et politiques très variées et sont soumis à des régimes administratifs et juridiques très différents.

Avec une superficie terrestre de 120 369 km2 (ou 552 528 km2 en incluant la Terre Adélie) et une population supérieure à 2,2 millions d'habitants en 2019[3], l'outre-mer représente 17,9 % du territoire terrestre et 4 % de la population de la France.

Liste

Nom et code ISO 3166-1Insee
Insee
StatutChef-lieuSuperficie
(km2)
Population
(dernière pop. légale)
SubdivisionsFuseau horaire[4]Statut européen
Guadeloupe
GP, GLP
971Département et région d'outre-merBasse-Terre1 629384 315 (2021)Arrondissements, cantons, communesUTC-4Région ultrapériphérique
Martinique
MQ, MTQ
972Département et région d'outre-mer (avec statut de collectivité territoriale unique)Fort-de-France1 128360 749 (2021)Arrondissements, communesUTC-4Région ultrapériphérique
Guyane
GF, GUF
973Département et région d'outre-mer (avec statut de collectivité territoriale unique)Cayenne86 504286 618 (2021)Arrondissements, communesUTC-3Région ultrapériphérique
La Réunion
RE, REU
974Département et région d'outre-merSaint-Denis2 512871 157 (2021)Arrondissements, cantons, communesUTC+4Région ultrapériphérique
Saint-Pierre-et-Miquelon
PM, SPM
975Collectivité d'outre-merSaint-Pierre2425 873 (2021)CommunesUTC-3Pays et territoire d'outre-mer
Mayotte
YT, MYT
976Département et région d'outre-mer (avec statut de collectivité territoriale unique)Mamoudzou376256 518 (2017)Cantons, communesUTC+3Région ultrapériphérique
Saint-Barthélemy
BL, BLM
977Collectivité d'outre-merGustavia2510 464 (2021)UTC-4Pays et territoire d'outre-mer
Saint-Martin
MF, MAF
978Collectivité d'outre-merMarigot5331 477 (2021)UTC-4Région ultrapériphérique
Wallis-et-Futuna
WF, WLF
986Collectivité d'outre-merMata Utu14011 558 (2018)Circonscriptions (royaumes coutumiers)UTC+12Pays et territoire d'outre-mer
Polynésie française
PF, PYF
987Collectivité d'outre-merPapeete4 200275 918 (2017)Circonscriptions, communesUTC-10, -9:30, -9Pays et territoire d'outre-mer
Nouvelle-Calédonie
NC, NCL
988Collectivité sui generisNouméa18 575271 407 (2019)Provinces, communesUTC+11Pays et territoire d'outre-mer
Terres australes et antarctiques françaises
TF, ATF
984Territoire d'outre-mer (habitation non permanente)Administré depuis Saint-Pierre439 6720DistrictsUTC+3, +4, +5, +10Pays et territoire d'outre-mer
Clipperton
pas de code ISO 3166-1
989Propriété domaniale de l'ÉtatAdministré depuis Papeete70UTC-8Territoire spécial


Histoire

La France métropolitaine et d'outre-mer à la même échelle.

La France d'outre-mer désigne tout d'abord les territoires de l'empire colonial français.

Les îles françaises des Antilles, la Guyane, La Réunion et Saint-Pierre-et-Miquelon font partie du premier empire colonial français. Au cours du XIXe siècle, la France colonise de nouveaux territoires en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Océanie. Au sein de ce second empire colonial, une diversité de statuts existent : départements d'Algérie, colonie, protectorat, auxquels s'ajoutent les mandats reçus de la Société des Nations, principalement au Proche-Orient. Dans certaines anciennes possessions, (Antilles françaises et Réunion), les habitants ont automatiquement accès à la citoyenneté française alors qu'ailleurs son acquisition est difficile et les habitants soumis au régime de l'indigénat.

À partir de 1920, Jean Ralaimongo (nationalistes malgache, membre dirigeant du mouvement national malgache Vy Vato Sakelika (V.V.S, « fer, pierre, Réseau »), président de la Ligue française pour l’accession des indigènes de Madagascar aux droits des citoyens français, et engagé volontaire pendant la Première Guerre mondiale) est le premier à réclamer le statut de département d'Outre-mer, il a mené la campagne en faveur de l'égalité des droits pour les Malgaches, il voulait voir Madagascar devenir une partie de la France et voyait la naturalisation de ses concitoyens comme une voie progressive à suivre. Réclamant « Madagascar département français », et pour tous les Malgaches la citoyenneté française au même titre que n'importe quelle personne née sur le territoire national[5].

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale (au cours de laquelle le contrôle des possessions françaises d'outre-mer joue un rôle important), le statut de l'empire colonial français évolue avant qu'il ne finisse par disparaitre. La loi de départementalisation de fait de la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane des départements français dans lesquels s'appliquent les lois et décrets déjà en vigueur en France métropolitaine.

La Constitution de la Quatrième République crée l'Union française. Les colonies deviennent territoires d'outre-mer et font partie avec la métropole et les départements d'outre-mer (Algérie, Guadeloupe, Martinique, Réunion, Guyane) de la République française alors que les protectorats deviennent États associés (dont plusieurs prennent leur indépendance). Avec la Cinquième République est créée la Communauté française, mais celle-ci ne dure pas. À la mise en place de la Constitution, l'article 76 offre le choix à chaque TOM :

  • soit de conserver son statut de territoire d'outre-mer (TOM) au sein de la République française ;
  • soit de devenir département d'outre-mer de la République (c'est-à-dire être intégré à la République) ;
  • soit de quitter la République française en devenant État membre de la Communauté (c'est-à-dire gagner en autonomie).

Le Gabon choisit de devenir un département d'outre-mer, mais en est dissuadé par De Gaulle et son ministre de l'Outre-mer, Bernard Cornut-Gentille. La plupart des territoires deviennent États membres de la Communauté avant de devenir finalement indépendants en 1960. Certains choisissent de conserver le statut de territoire d'outre-mer : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, les Terres australes et antarctiques françaises, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Côte française des Somalis et les Comores. À la suite d'un référendum en 1959, Wallis-et-Futuna choisit de mettre fin au protectorat et de devenir un territoire d'outre-mer en 1961[6]. À la suite d'un référendum, les Comores deviennent indépendantes en 1975 à l'exception de Mayotte, qui vote pour rester française. La Côte des Somalis, rebaptisée territoire français des Afars et des Issas, devient indépendante en 1977.

La loi du fait de Mayotte une « collectivité territoriale au sein de la République française »[7].

Saint-Pierre-et-Miquelon devient un département d'outre-mer en 1976[8] puis est transformé en collectivité à statut particulier par une loi du [8].

Dans les années 1980, la Nouvelle-Calédonie connait des troubles violents qui culminent avec la prise d'otages d'Ouvéa. Les accords de Matignon en 1988, validés par référendum, ramènent la paix : la Nouvelle-Calédonie est découpée en provinces dotées d'importants pouvoirs et un référendum d'autodétermination doit être organisé. Les accords de Nouméa repoussent la date du référendum et la Nouvelle-Calédonie devient une collectivité à statut particulier régie par des dispositions spécifiques de la Constitution. La loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie de 1999 organise les institutions de la collectivité et lui permet d'adopter des lois du pays à valeur quasi-législative.

En 2001, Mayotte devient une « collectivité départementale »[9].

La révision constitutionnelle du abolit la notion de territoire d'outre-mer et crée deux catégories juridiques pour la France d'outre-mer, en plus du statut spécifique de la Nouvelle-Calédonie[10],[11] :

Cette réforme constitutionnelle, ainsi que le régime législatif et l'organisation des Terres australes et antarctiques françaises, est fixée par une loi.

En 2004, la Polynésie française est dotée d'un nouveau statut remplaçant celui de TOM de 1996[12]. Il qualifie la Polynésie française de « Pays d'outre-mer au sein de la République » régi par l'article 74 de la Constitution et il lui permet d'adopter des lois du pays à valeur réglementaire[13].

En 2007, les communes de Saint-Barthélemy et Saint-Martin sont détachées de la Guadeloupe pour former chacune une collectivité d'outre-mer[14]. Le statut de Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon est également clarifié en COM[14].

En 2009, les électeurs de Mayotte choisissent par référendum de devenir un DROM régi par l'article 73. Une collectivité territoriale unique exerçant les compétences d'un département et d'une région d'outre-mer est créée en 2011 sous le nom de « Département de Mayotte »[15].

En 2010, la Guyane et la Martinique refusent par référendum de devenir des collectivités d'outre-mer mais acceptent la création de collectivités territoriales uniques regroupant région et département mais toujours soumises à l'article 73 de la Constitution.

La République malgache continue à revendiquer la souveraineté sur les îles Éparses[16], l'enjeu principal étant celui de l'exploitation de la zone économique exclusive (ZEE) : 127 300 km2 pour l'île Europa[17].

La France exerce des droits souverains sur les espaces maritimes adjacents à l'île, afin d'assurer la protection d'une biodiversité riche, des biens culturels et naturels ainsi que des ressources économiques dont elle a la responsabilité[18].

En , le président de la République française, Emmanuel Macron, se montre disposé à « un dialogue pour aboutir à une solution commune » par la mise en place d'une commission mixte avec Madagascar, sans avoir recours à une juridiction internationale[19]. Le , deux délégations se rencontrent à Tananarive pour engager des discussions préparatoires, dans le cadre d'une commission mixte lancée en mai 2019 par les présidents français et malgache. Le processus est censé aboutir a un accord pour juin 2020, date du 60e anniversaire de l'indépendance de Madagascar[20].

Géographie

Les territoires de la France d'outre-mer se caractérisent par un important éloignement de la métropole : les Antilles françaises sont ainsi à 6 800 km de Paris, la Polynésie française à 16 000 km, la Nouvelle-Calédonie à 16 800 km. À cela peut s'ajouter un éloignement des partenaires économiques les plus proches (Papeete est par exemple à 5 700 km de l'Australie)[21].

La France d'outre-mer se caractérise également par son insularité, à l'exception de la Guyane. Mais cette dernière est toutefois isolée du reste de l'Amérique du Sud par son enclavement entre océan Atlantique et Amazonie[21].

Ces facteurs permettent toutefois à la France de disposer d'une zone économique exclusive (ZEE) de plus de onze millions de km2, soit la deuxième du monde après celle des États-Unis[21]. En outre, depuis 2015, 579 000 km2 supplémentaires de plateau continental sont exploitables de façon exclusive par la France dans le prolongement de la ZEE de plusieurs espaces ultra-marins, mais ils ne sont pas inclus dans la ZEE (pas de droit exclusif d'exploitation des ressources biologiques marines, comme la pêche, etc.).

À l'exception des Terres australes et antarctiques et de Saint-Pierre-et-Miquelon, situés en zone de climat froid, les territoires d'outre-mer sont situés dans des zones climatiques tropicales ou équatoriales et sont soumis à des risques naturels qui peuvent être importants (cyclones, tremblements de terre, volcanisme)[21].

Démographie

La population de la France d'outre-mer s'élève à 2,7 millions de personnes, soit environ 4 % de la population française totale.

La population des outre-mer a connu un fort mouvement migratoire vers la métropole depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale mais, dans le même temps, certains territoires comme la Guyane ou La Réunion connaissent une importante immigration[21].

Droit

Palais de justice de Saint-Denis, à la Réunion.
Le droit d'outre-mer français est la branche du droit français pratiquée dans la France d'outre-mer. Son histoire remonte au droit colonial français[22]. Les différents territoires connaissent une diversité de statuts. Il est censé être identique au droit français de l'Hexagone, mais il en diffère[23],[24].

Économie et développement

Fusée Ariane, au Centre spatial guyanais près de Kourou, en Guyane .

La situation économique des outre-mer français les situent comme des « espaces opulents », notamment en raison des flux financiers en provenance de la métropole : le PIB par habitant, l'indice de développement humain (IDH) ou l'espérance de vie des entités de l'outre-mer sont généralement largement supérieurs à ceux des pays immédiatement voisins[25].

Toutefois, l'économie des outre-mer est extrêmement dépendante de la métropole : 50 % à 60 % des échanges extérieurs des DROM ont lieu avec la métropole. De plus, l'agriculture, le tourisme et le bâtiment sont les trois principaux secteurs des économies ultramarines[25].

Les niveaux de vie en outre-mer sont de plus nettement inférieurs à ce qu'ils sont en métropole : le salaire moyen est inférieur de 10 % à celui de métropole et le chômage est près de trois fois plus élevé[25]. Les prix sont par ailleurs parfois beaucoup plus élevé pour des produits de première nécessité (jusqu'à 35 % pour les carburants par exemple)[25].

Culture et sport

Les natifs d'outre-mer contribuent au rayonnement culturel de la France.

TerritoiresSportMusiqueLittérature
Guadeloupe
Guyane
Martinique
Mayotte
Nouvelle-Calédonie
Polynésie Française
La Réunion
Wallis-et-Futuna

Critiques

Adriano Favole et Lara Giordana critiquent l'emploi du terme « outre-mer », car il rassemble des territoires ayant une culture et une histoire souvent très différentes. « vu depuis ces îles périphériques de l'Europe, la notion d'"outre-mer" est très ambivalente, ethnocentrique, ambigüe et coloniale ». Ces territoires sont définis par rapport à la métropole, et ont souvent été perçues comme lointaines et exotiques[26].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Bruno Fuligni, Tour du monde des terres françaises oubliées, éditions du Trésor, 2016.

Articles connexes

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : France d'outre-mer.

Liens externes

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