Henri-Léopold Lévy

peintre français

Henri Lévy[a], né le à Nancy et mort le à Paris 18e, est un peintre français.

Henri Léopold Lévy
Portrait par Berthaud frères.
Biographie
Naissance
Décès
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Henry Léopold LevyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
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Maîtres
Élève
Distinction
signature de Henri Léopold Lévy
Signature dans son dossier de Légion d’honneur.

Biographie

Fils de fabricants de broderies[b], il intègre les Beaux-Arts de Paris en 1856[1], dans les ateliers de François-Édouard Picot, d'Alexandre Cabanel[2], et plus tardivement, d’Eugène Fromentin, auquel l’unira une longue amitié[3]. Ayant conservé, des deux premiers, le gout des compositions historiques savamment ordonnées, surtout appliquées à la décoration, et du troisième un sens très personnel du coloris[4], il s'émancipe rapidement de sa formation académique pour puiser son inspiration dans le romantisme de Delacroix ou l’orientalisme Chassériau, puis le symbolisme de Gustave Moreau[2], et ses motifs dans la Bible, l’Ancien Testament et les mythes de l’Hellade[5]. Il se crée un genre mixte et très personnel tenant du classique par la noblesse des altitudes et la recherche des lignes, et du moderne par la beauté du ton et la richesse assourdie des couleurs[6].

Il obtient une première médaille au Salon de 1865 avec Hécube retrouve au bord de la mer le corps de son fils Polydore, puis en 1867 avec Joas sauvé du massacre des petits-fils d'Athalie et enfin en 1869, avec l’Hébreu captif pleurant sur les ruines de Jérusalem[7]. Cette première récompense, qui sera suivie de nombreuses autres, le fait désigner aux suffrages de ses confrères pour les fonctions de membre du jury, qu’il occupera jusqu’à sa mort[6].

Travaillant sans relâche[5], il expose en 1900 La Jeune Fille et la Mort à l'exposition universelle[2], et continue à exposer au Salon jusqu'en 1903. Il reçoit, en parallèle, de nombreuses commandes de compositions pour des bâtiments publics : Le Bon Marché, L'Industrie et le Commerce en 1976 pour Le Bon Marché ; d'autres réalisations pour l’hôtel de ville de Pantin[8], la même année, ou encore La Prédication, La Mort et La Résurrection, en 1897, pour l'église Saint-Merri[2], la Mort de saint Jean-Baptiste (1886), dont la tête n'est autre que celle du poète Albert Mérat[9].

Au Salon de 1872, il expose Hérodiade, qui recevra un excellent accueil de la critique[10], et lui vaudra la Légion d’honneur[11]. Représentée à l’exposition universelle de 1878, cette toile lui vaudra la médaille de première classe[1], avec les tableaux sur la vie de saint Denis que l'on retrouve dans l'église de Saint Merri.

Avant tout peintre d'histoire, il réalise de nombreux décors dans le cadre du programme iconographique de la propagande de l’Ordre moral de la Troisième République visant à affirmer les fondements catholiques et monarchiques de la France, notamment le Couronnement de Charlemagne (1881) destiné au Panthéon de Paris[5], pour le cycle de peintures sur l'histoire de France confié par Chennevières à l’abbé Claude Bonnefoy, doyen de Sainte-Geneviève. Il est aussi l'auteur des Gloires de la Bourgogne, où se distingue un portrait de Bossuet, qui orne un panneau de la salle des États du palais des ducs de Bourgogne à Dijon, la Mort de Sarpédon[12], d’abord exposé au musée du Luxembourg[4], et des panneaux de l'hôtel Chevallier, avenue de Messine[5]. Il s’est acquis une réputation dans le portrait, spécialement le portrait d’homme[6].

Mort des suites d'une angine de poitrine à son domicile parisien[13], Henri Lévy repose au cimetière du Père-Lachaise. Sa dernière œuvre, la Fin des religions, laissée à l’état d’esquisse, est conservée au Musée de Nancy[14]. Nommé chevalier de la Légion d'honneur, en 1872, « S’il eût intrigué, ou fait des visites officielles, il fût devenu officier de la Légion d’honneur et membre de l’Institut comme tant d’autres[5] », selon le critique d’art Louis Vauxcelles, qui affirme également que

« L’homme était exquis. Les familiers de son atelier, […] ses élèves : MM. Lavergne, Henri Dabadie, appréciaient la pénétration, la vivacité de ses discussions courtoises, son humour piquant […]. Le trait dominant de son caractère était la réserve et la modestie. Mais Henri Lévy avait horreur du bluff et de la parade. Ce fut […] un homme bon et un sage. Tous ceux qui l’ont approché l’ont aimé[5]. »

Georges A. L. Boisselier[15], Jeanne Donnadieu[16], Émile-Louis Foubert[17], Eugène Trigoulet[18], ont également été au nombre de ses élèves.

Hommages

Plusieurs artistes ayant formé le projet d'élever un monument à sa mémoire à Nancy, le comité d'initiative s'était rendu à l'atelier du sculpteur Jules Antoine Carl et approuvé la maquette exécutée par cet artiste avec le concours de Gaston Munier (d)  [19]. Une impasse de sa ville natale a reçu son nom[20].

Œuvres

La Jeune Fille et la Mort

Jeune fille et la Mort
Artiste
Henri-Léopold Lévy
Date
Type
Matériau
Dimensions (H × L × l)
306 et 346 × 274 et 312,5 × 15 cm
No d’inventaire
953, 980
Localisation

De style symboliste, La Jeune Fille et la Mort témoigne de la maîtrise picturale de Lévy ainsi que de son goût pour les créatures ailées[2]. Cette peinture reprend la composition d'Eurydice, réalisée dix ans auparavant, où la mort apparaît sous la forme d'un archange venue sauver Eurydice dont aucun des attributs n'est visible, rendant le sujet mystérieux, à la croisée de la mythologie et de la religion[2]. Cet univers littéraire et surnaturel est proche de celui de Moreau[2].

Le dramatisme de la scène est traité avec retenue, l'élément central étant le corps de la nymphe ; celui-ci se détache d'un paysage sombre et déchargé, représentant un contraste entre l'hostilité de la nature hostile et la fragilité délicate de la vie[2].


Liste

Peintures

TableauTitreDateDimensionsNotesLieu de conservation
Véturie aux pieds de Coriolan1862145 × 113 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
Joseph se fait reconnaître par ses frères1863Localisation inconnue
Homère dans l'île de Scyros1864Localisation inconnue
Joas sauvé du massacre des petits-fils d'Athalie1867312,5 × 237,5 cmArras, musée des Beaux-Arts
Un Hébreu captif pleurant sur les ruines de Jérusalem1869280 × 205 cmNancy, musée des Beaux-Arts
La Mort d'Orphéevers 187046,5 × 55,8 cmChicago, Art Institute of Chicago
Hérodiade1872287 × 235 cmBrest, musée des Beaux-Arts
Le Christ au tombeau187329,2 × 33,7 cmTulsa, Philbrook Museum of Art
Sarpédon1874306 × 234,5 cmParis, musée d'Orsay
Les Bienfaits du Commerce (esquisse)vers 187487 × 65 cmSoissons, musée de Soissons
Les Bienfaits du Commerce et l'allégorie de la Paix (esquisse)vers 187492 × 73 cmDijon, musée des Beaux-Arts
Allégorie de la Paixvers 1874Localisation inconnue
Un évêque (esquisse)188481 × 60,3 cmParis, Petit Palais
La Mort de Roland et Charlemagne entouré des hommes de son temps130 × 54 cmLocalisation inconnue
La Mort de RolandDécor du PanthéonParis, Panthéon
Charlemagne entouré des hommes de son tempsDécor du PanthéonParis, Panthéon
Le Couronnement de CharlemagneDécor du PanthéonParis, Panthéon
La Pâque juive1885195 × 355 cmLocalisation inconnue
La Mort de saint Jean-Baptiste1886400 × 295 cmRennes, musée des Beaux-Arts
La Loi1887Pantin, mairie, localisation actuelle inconnue
La Liberté, l'Égalité, et la Fraternité (esquisse)1887100 × 256 cmParis, Petit Palais
La Liberté1888-1890tondo du plafond de la salle des Fêtes, Paris, mairie du 6e arrondissment,
L'Égalité1888-1890tondo du plafond de la salle des Fêtes, Paris, mairie du 6e arrondissment
La Fraternité1888-1890tondo du plafond de la salle des Fêtes, Paris, mairie du 6e arrondissment
Femme à la cassettevers 189024 × 17 cmAmiens, musée de Picardie
Eurydice1891Localisation inconnue
Ève cueillant la pomme1892Localisation inconnue
Œdipe s'exilant de Thèbes1892100 × 65,2 cmReims, musée des Beaux-Arts
Le Christ mortvers 1893Villefranche-sur-Saône, musée Paul-Dini
Les Gloires de la Bourgogne (esquisse)vers 189461,1 × 110,7 cmAutun, musée Rolin
Les Gloires de la Bourgogne1894400 × 800 cmDijon, palais des ducs de Bourgogne
Œdipe vainqueur du Shinx1894Localisation inconnue
Deucalion et Pyrrha1894Localisation inconnue
Samson et Dalila (esquisse)vers 189937 × 29 cmLocalisation inconnue
Samson et Dalilavers 189987,6 × 69,2 cmNew York, Brooklyn Museum
Samson et Dalila1899263 × 207 cmCannes, musée des Explorations du monde
Hébé et l'aigle de Jupiter1900Nancy, musée des Beaux-Arts
La jeune fille et la Mortvers 1900306 × 274 cmNancy, musée des Beaux-Arts
Allégorie du Droit1901441 × 193 cmParis, Palais-Royal
Le Rêve du chevalier122,5 × 88,5 cmParis, Petit Palais
La dernière Communion de saint François (esquisse)35 × 18,7 cmBeauvais, MUDO - Musée de l'Oise
Tête de femme56,5 × 46 cmRouen, musée des Beaux-Arts
Portrait du poète Albert Mérat25 × 42 cmVersailles, musée de l'Histoire de France
Vénus et L'Amour226 × 92 cmLocalisation inconnue[21]
Bacchus et Ariane226 × 92 cmCollection particulière[21]
La Fin des religionsvers 1904288 × 221 cmFusain sur papier contrecollé sur toile. Don de Madame Lévy à la Ville de Nancy en 1905.Nancy, musée des Beaux-Arts
Bonaparte à la mosquée du CaireMulhouse, musée des Beaux-Arts

Gravures

  • Gray, musée Baron-Martin : quatre lithographies consacrées à Charlemagne d'après Marou (1848-1931), exécutées par Henry Lévy :
    • Charlemagne restaure les lettres et les Sciences, il fonde des Écoles pour la Jeunesse. De l'Extrême Orient Haroun Al Rachid lui envoie par des Ambassadeurs les clefs du Saint Sépulcre, lithographie au crayon, 54 × 26 cm ;
    • 1er Panneau d'une trilogie représentant l'Autel de Saint-Pierre de Rome, sur les marches des trompettes, au pied des Évêques, à droite un dais, lithographie au crayon, 54 × 32 cm ;
    • 2e Panneau central, lithographie au crayon, 54 × 39 cm ;
    • 3e Panneau, lithographie au crayon, 54 × 32 cm.

Expositions

Le musée des Beaux-Arts de Nancy, qui possède une importante collection d'oeuvres d'Henri Lévy constituée d'envois de l'État, de dons et d'achats réalisés au tournant du XXIe siècle, organise en 1996 une rétrospective sur le peintre : Henri Lévy et la tentation symboliste[2].

Notes et références

Notes

Références

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit.
  • Clara Gelly-Saldias et Christine Peltre, Henri Lévy et la tentation symboliste : peintures, dessins, Nancy, Musee des Beaux-Artes de Nancy, , 47 p., 21 cm (ISBN 978-2-90140-817-8, OCLC 35849454, lire en ligne).
  • Commandant Lalance, Association des artistes lorrains (Nancy), « Henri Lévy », Bulletin des sociétés artistiques de l'Est, Nancy, no 11,‎ , p. 175-7 (lire en ligne sur Gallica).

Mémoires de recherches

  • Michèle Leinen, L'œuvre décorative d'Henri Léopold Lévy (1840-1904): les commandes publiques, Université des sciences humaines de Strasbourg, 1997.
  • Manon Milonet, Fonds de dessins d’Henri-Léopold Lévy (1840-1904) au musée de l’Ecole de Nancy, donation de Jean-Baptiste Corbin, mémoire de master 1 Patrimoine Art et Histoire, Université de Lorraine, 2021.
  • Manon Pellitteri, La peinture d'histoire d'Henri Léopold Lévy (1840-1904), Mémoire de master 1 recherche, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2023.
  • Manon Turpin, Henri Léopold Lévy et la représentation de scènes religieuses : étude de cas Samson et Dalila,Mémoire de master 1 recherche, École Pratique des Hautes Études, 2023.

Liens externes

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