Les Belles Lettres

maison d'édition française

la série grecque des Budé et des Belles Lettres.
Repères historiques
Création1919
Dates clés1920 : publication du premier Budé, Hippias mineur de Platon

21-02-1956 immatriculation de la société actuelle

Fondée parAssociation Guillaume-Budé et 300 actionnaires fondateurs
Fiche d’identité
Forme juridiqueSA à conseil d'administration
SIREN : 562 025 197
StatutÉditeur indépendant
Siège socialParis (France)
Dirigée parCaroline Noirot
SpécialitésÉdition critique de textes anciens, littérature antique, sciences humaines, littérature contemporaine, essais
Collections« Budé », série grecque (1920) et série latine (1920) de la « collection des universités de France (CUF) »
Titres pharesLes Travaux et les Jours d’Hésiode, L’Art d’aimer d’Ovide, les œuvres de Cicéron
Langues de publicationFrançais
DiffuseursBelles Lettres diffusion distribution (BLDD) - Gaillon
FilialesKlincksieck, BLDD
Effectif10 à 19 salariés en 2018
Site weblesbelleslettres.com
Préfixe ISBN978-2-251Voir et modifier les données sur Wikidata
Données financières
Chiffre d'affaires4 100 700  en 2021
Résultat net17 000 en 2017

Les Belles Lettres est une maison d’édition française de littérature et de sciences humaines spécialisée, à l’origine (1919), dans la publication d’auteurs antiques. Son catalogue comprend aujourd'hui plus de mille textes grecs, latins, chinois, japonais, sanskrits, ainsi qu’en ancien français, donnés dans des éditions bilingues et issus de disciplines diverses qui ont marqué le progrès de la connaissance humaine[1].

Histoire

Le mythe des origines

La légende, sûrement apocryphe, attribue l’idée originelle des Belles Lettres au linguiste et celtiste Joseph Vendryes[2]. Désireux d’emporter dans son paquetage une édition critique d’Homère, peut-être plus précisément de l’Iliade, il ne put mettre la main que sur l’édition allemande de Teubner ou celle proposée par Hachette, dépourvue du caractère scientifique de sa rivale. L’idée serait alors née de créer une collection française d’éditions savantes de textes anciens pour se débarrasser de la tutelle allemande.

L’origine de la maison d’édition des Belles Lettres est indissociable du contexte de la Première Guerre mondiale[3]. Le conflit armé ranimait la rivalité intellectuelle ancienne qui opposaient, depuis la défaite de 1870, la France et l’Allemagne. Dans le domaine de la philologie, les Français, pourtant forts d’une tradition pluriséculaire de publication de textes grecs et latins, accusaient un net retard face aux Allemands. Quant aux publications plus récentes d’Hachette, elles visaient principalement un public de lycéens et de jeunes universitaires. Dans le contexte patriotique de la guerre, cette situation était perçue comme humiliante.

La création de l'Association Guillaume Budé

Le projet mûrit dès 1916 autour de Paul Girard, professeur de langue et littérature grecques à la Sorbonne[4]. Après de nombreux échanges, notamment épistolaires, avec la plupart des Hellénistes et Latinistes français, une première réunion est organisée le au Collège de France sous les auspices de Maurice Croiset, qui y était titulaire de la chaire de langue et littérature grecque[5]. Le , Maurice Croiset, secondé de treize confrères, parisiens ou provinciaux, dans une lettre circulaire, lance un appel à souscriptions en vue de fonder une association dont le but serait de créer, dans le cadre d’un partenariat avec une maison d’édition existante, une collection d’éditions de textes grecs et latins[6]. Le , se tient l’assemblée générale constitutive de l’Association Guillaume Budé – du nom du grand humaniste français du XVIe siècle. Maurice Croiset est élu président, secondé par deux vice-présidents, Louis Havet et Paul Girard, par un secrétaire général, Paul Mazon, un secrétaire adjoint, Louis Bodin, et un trésorier[7].

La naissance de la Société d'édition Les Belles Lettres

L’Association Guillaume Budé dispose à l’époque de peu de moyens financiers et ne trouve pas de maison d'édition avec laquelle s'associer. Avec le concours de l'industriel Émile Lafuma, le romaniste Jean Plattard réussit à trouver les capitaux nécessaires pour y remédier[8]. Le , est fondée une maison d’édition indépendante, la Société Les Belles Lettres pour le développement de la culture classique – qui devient en 1934 la Société d’édition Les Belles Lettres[9]. Son capital initial de 400 000 francs est apporté par près de trois cents actionnaires privés. L’helléniste Paul Mazon est nommé président du conseil d’administration. Dès lors, les relations entre les deux institutions sont définies : l’Association Guillaume Budé garantit la valeur scientifique des publications tandis que la Société Les Belles Lettres en assume les frais et assure la vente et la rétribution des auteurs. La première collection publiée par les Belles Lettres n’est autre que la Collection des universités de France (aussi dite Collection Budé, du fait du patronage de l’Association éponyme), offrant une édition critique du texte ancien et une traduction française. Subdivisée en « série grecque » et en « série latine », ses deux premiers ouvrages paraissent presque simultanément en 1920. La « série grecque » s’ouvre avec le premier tome des Œuvres complètes de Platon (rassemblant les dialogues de l’Hippias mineur, de l’Alcibiade, de l’Apologie de Socrate, de l’Euthyphron et du Criton) est dû à Maurice Croiset, secondé par ses réviseurs, Louis Bodin et Paul Mazon. La « série latine » débute avec le premier tome du De natura rerum de Lucrèce, édité et traduit par Alfred Ernout.

Le siège social originel des Belles Lettres se trouvait au numéro 157 du boulevard Saint-Germain[3]. En 1923, pour faire face à son développement rapide, la maison d’édition s’installe au 95 boulevard Raspail, à l’angle de la rue de Fleurus, et y ouvre une librairie spécialisée dans la philologie classique[3]. En 1994, plusieurs des services (fabrication, relations publiques, export…), manquant de place, sont installés au 88bis du même boulevard Raspail. Cette configuration double perdure encore actuellement. Peu après leur création, les Belles Lettres se sont aussi dotées, pour stocker les ouvrages qu’elles publiaient et qu’elles diffusaient, d’un entrepôt à Montrouge, qu’elles ont conservé jusqu’à la création, en 1966, d’une véritable unité de distribution à Saint-Brieuc, vendue à la charnière des années 1980 et 1990[10]. En 1993, les Belles Lettres aménagent un nouvel entrepôt à Gasny (Eure). Celui-ci est détruit par un incendie, avec les plus de trois millions de livres qui y étaient stockés, le [11]. Un programme de réimpression des ouvrages est aussitôt lancé. Presque tous les livres du fonds des éditions Les Belles Lettres font alors l’objet d’une réimpression, bénéficiant au passage de corrections ou d’ajouts bibliographiques. Les entrepôts sont maintenant implantés à Gaillon, dans l’Eure.

Naissance de Belles-Lettres Diffusion Distribution (B.L.D.D.) en 2004

En 2004, Les Belles Lettres créent une filiale de diffusion-distribution, BLDD (Belles Lettres Diffusion Distribution) afin de diffuser et distribuer les ouvrages d'autres éditeurs.

Aujourd’hui, BLDD met en vente plus de 1 000 nouveautés par an, propose un fonds de 25 000 titres et distribue près de 200 éditeurs chez plus de 4 000 libraires[12].

Collections et marques

Partant du socle des humanités grecques et latines, Les Belles Lettres ont rapidement enrichi leur catalogue à travers diverses collections.

Aux sources éditées par les plus grands spécialistes, couvrant une période allant de l'Antiquité à la Renaissance, de l'Occident à l'Orient, répondent les travaux de penseurs et d'historiens contemporains, publiés dans des livres de tous domaines (histoire, science, philosophie, art), et dont les connaissances et idées méritent une transmission[13].

Aujourd’hui, la maison compte plus de 40 collections actives à son catalogue[14].

La « Collection des universités de France », dite « Budé »

Les collections actives

Tableau des collections actives aux Belles Lettres :

CollectionDate de créationDirecteur(s) actuel(s)Descriptif
Collection des Universités de France

(ou « Collection Budé ») – Série grecque

1920Jacques JouannaCollection bilingue français-grec. Patronage de l’Association Guillaume-Budé.

Tous les textes grecs jusqu'à la moitié du VIe siècle[3].

Collection des Universités de France

(ou « Collection Budé ») – Série latine

1920Jean-Louis Ferrary et John ScheidCollection bilingue français-latin. Patronage de l’Association Guillaume-Budé.

Tous les textes latins jusqu'à la moitié du VIe siècle[3].

Classiques de l’Histoire du Moyen Âge1923[15]Philippe DepreuxPatronage de l’Association Guillaume Budé.

Textes majeurs de l’histoire de l’Occident médiéval, du VIe au XVe siècle[16].

Auteurs latins du Moyen Âge1981[17]Fondée par Jacques Fontaine (†), dirigée par François Dolbeau et Jean-Yves GuillauminPatronage de l’Association Guillaume-Budé. Éditions d’œuvres représentatives de l’humanisme médiéval.

Poèmes, œuvres en prose et traités de philosophie, grammaire, sciences ou théologie[18].

Bibliothèque scolastique2011[19]Alain Boureau et Ruedi ImbachTextes bilingues et documents monolingues issus de l’Occident médiéval (v. 1120 – v. 1420) : philosophie, théologie, sciences et droit[20].
Les Classiques de l’humanisme1954[21]Fondée par Raymond Marcel (†), Pierre Laurens, Alain Michel et Alain-Philippe Segonds (†), dirigée par Pierre LaurensPatronage de l’Association Guillaume Budé.

Textes fondateurs de l’humanisme dans les domaines poétique, rhétorique, historique, philosophique, scientifique[22].

Bibliothèque italienne1998[23]Yves Hersant et Nuccio OrdineCollection bilingue français-italien. Patronage de l’Istituto Italiano per gli Studi Filosofici

Littérature classique italienne[24].

Giordano Bruno1993[25]Yves Hersant et Nuccio OrdinePatronage de l’Istituto Italiano per gli Studi Filosofici et du Centro internazionale di Studi Bruniani « Giovanni Aquilecchia ».

Œuvre de Giordano Bruno : édition critique complète de ses textes italiens et latins[26].

Bibliothèque chinoise2010[27]Anne Cheng, Marc Kalinowski et Stéphane FeuillasCollection bilingue français-chinois.

Textes classiques de la littérature chinoise dans tous les domaines des lettres et des sciences[28].

Indika2008[29]Michel AngotCollection bilingue français-sanskrit.

Textes classiques de l’Asie du sud[30].

Fragments2001[31]Michel Casevitz et Aude Cohen-SkalliÉdition de fragments de textes antiques[32].
Commentario2014[33]Hélène Casanova-RobinCollection bilingue français-grec et français-latin.

Accompagnement de lecture des textes classiques de la littérature antique, sous la forme d’un commentaire[34].

Classiques en poche1996[35]Hélène MonsacréCollection bilingue français-grec et français-latin.

Les œuvres de la Collection des Universités de France (les « Budés ») en format poche[36].

Classiques favoris2016[37]Maxence CaronŒuvres classiques intemporelles, publiées dans des volumes reliés, imprimés sur un papier écru de qualité, dans un format confortable[38].
Bibliothèque allemande2010[39]Jean-Marie ValentinGrands textes de la littérature allemande traduits en français[40].
Miroir des humanistes2004[41]Jean-Christophe SaladinTextes, biographies et essais fondateurs de l’humanisme : philosophie, politique, rhétorique, médecine, ou encore linguistique[42].
La Roue à livres1990[43]Michel Casevitz et Aude Cohen-SkalliTextes intégraux, de l’Antiquité à la Renaissance, traduits du grec, du latin ou d'autres langues anciennes[44].
Bibliothèque de l’Orient chrétien2017[45]Françoise Briquel-Chatonnet et Muriel DebiéTextes de l’Orient chrétien, depuis l’Antiquité tardive jusqu’au Moyen Âge.

Arménien, arabe, copte, éthiopien, géorgien, grec et syriaque[46].

Sagesses médiévales2004[47]Aymon de LestrangePhilosophie médiévale : traductions de textes issus des trois religions du Livre[48].
Bibliothèque secrète2018[49]Jean-Marc MandosioÉdition d’œuvres classiques et de textes inédits sur les « arts secrets » – magie, alchimie, astrologie[50].
Signets2007[51]Laure de ChantalRedécouvrir les multiples facettes de l'Antiquité, grâce à une sélection variée de textes en traduction, groupés autour de thèmes[52].
Anagôgê2001[53]Fondée par Alain-Philippe Segonds (†) et dirigée par Marwan RashedÉtudes de philosophie ancienne, ainsi que des études historiques, philosophiques et littéraires sur l'Antiquité tardive[54].
L’Âne d’or1991[55]Fondée par Alain-Philippe Segonds (†) et dirigée par Vincent BontemsOuvrages issus de disciplines diverses sans limitation chronologique : champs théoriques de l’invention, histoire des arts et des techniques[56].
Docet Omnia2017[57]Publiée en coédition avec le Collège de FranceOuvrages en lien avec la recherche des professeurs du Collège de France et leurs cours dispensés au sein de différentes chaires[58].
Études anciennes – Série grecque et Série latine1920Série grecque, dirigée par Michel Fartzoff

Série latine, dirigée par Dominique Briquel

Recueil le plus important d'études en langue française sur l'Antiquité classique : thèses de doctorat, études et synthèses dans tous les domaines de recherche[59].
Mondes anciens2015[60]Jean-Michel David et François de PolignacMonographies d’histoire et d’anthropologie de l’Antiquité[61].
Vérité des mythes1988[62]Bernard DeforgeÉtudes sur la mythologie, ses lois, son langage, ses structures : mythèmes, symboles, complexes mythiques, archétypes[63].
Histoire1989[64]Fondée par Pierre Vidal-Naquet (†) et Michel Desgranges, dirigée par Michel Desgranges et Alain BoureauOuvrages éclairant des thèmes ou périodes historiques particulières, textes didactiques[65].
Réalia1983[66]Jean-Noël RobertHistoire des cultures et civilisations, éléments concrets de la vie quotidienne, histoire des mentalités[67].
Guides Belles Lettres des civilisations1999[68]Jean-Noël RobertOuvrages pratiques et raisonnés de culture générale sur les principales civilisations anciennes[69].
Figures du savoir1997[70]Fondée par Richard Zrehen (†), dirigée par Corinne EnaudeauSérie de monographies consacrées à un auteur – savant, philosophe, ancien, moderne – ayant contribué à la connaissance, ayant légué à la postérité un outil intellectuel[71].
Le Goût des Idées2010[72]Jean-Claude ZylbersteinOuvrages, textes, discours d’auteurs divers à la pensée féconde, contribuant à développer son esprit critique[73].
Le Goût de l'Histoire2019[74]Jean-Claude ZylbersteinOuvrages consacrée à l'Histoire[75].
Domaine étranger2012[76]Jean-Claude ZylbersteinLittérature étrangère[77].
Bibliothèque classique de la liberté2004[78]Alain LaurentPhilosophie politique. Ouvrages ayant fait date dans l’histoire des idées libérales[79].
Penseurs de la liberté2007[80]Alain LaurentOuvrages d’histoire des idées, biographies intellectuelles d’auteurs défendant les libertés en général et la liberté individuelle[81].
Traductologiques2013[82]Jean-René Ladmiral et Jean-Yves MassonOuvrages étudiant le phénomène de la traduction[83].
Collection Japon – Fiction / Non-fiction2005[84]Emmanuel Lozerand et Christian GalanFiction : récits et romans japonais de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, littérature d’après-guerre

Non fiction : ouvrages traduits du japonais, souvent inconnus en Occident, ayant joué un rôle considérable dans l’histoire intellectuelle du Japon[85].

Mémoires de guerre2012[86]François MalyeTextes inédits ou oubliés d'écrivains, de journalistes, de soldats sur les conflits qu'ils ont vécus[87].
Médecine et Sciences humaines2004[88]Jean-Marc MouillieUne collection consacrée à la réflexion et au questionnement qu'appellent la médecine et les possibilités biotechnologiques contemporaines[89].
L’Exception2011[90]Caroline Noirot et Jean-Marc MouillieTextes littéraires de France ou d'ailleurs[91].

Les « Budé »

Plus de 1 000 volumes sont édités (un peu plus d’auteurs grecs que de latins)[92]. L’objectif est de « ([…] défendre et promouvoir la culture classique et la culture intellectuelle en général), la « Collection des universités de France », dite collection « Budé », comprendra tous les textes grecs et latins jusqu’à la moitié du VIe siècle, mis à jour et accompagnés de traductions françaises nouvelles, d’introductions, de notices, de notes et d’un apparat critique »[93] en littérature, poésie, philosophie, théologie, mathématiques, médecine, astronomie, géographie, droit[note 1]… Toutefois, les auteurs chrétiens, qui figuraient pleinement au programme éditorial du début, ont été laissés aux soins de la collection « Sources chrétiennes » des éditions du Cerf. Seuls les écrits littéraires des Pères de l’Église font ou feront l’objet d’une édition aux Belles Lettres, comme Les Confessions de saint Augustin, par exemple.

La collection « Classiques en poche » reprend certains volumes de la série grecque et latine sans l’apparat critique, en proposant régulièrement des traductions rafraîchies, par exemple, le texte du Satiricon de Pétrone établi, traduit et commenté par Olivier Sers[94].

En 2012, Les Belles Lettres English ont été mises en place pour pouvoir distribuer une lettre d'information et avoir un site Internet en anglais appelé Sagesse Classique Hebdomadaire. Le site est en ligne depuis le et sera consacré à la promotion et à l’enseignement de la littérature grecque et latine.

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

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Liens externes

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