Lesbianisme

orientation sexuelle
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Le lesbianisme est l'attirance sentimentale et/ou sexuelle exclusive entre femmes. On parle aussi, pour qualifier cette attirance, d'homosexualité féminine ou de saphisme.

Couple de lesbiennes s'embrassant devant un drapeau de la fierté LGBT. Photographie réalisée dans le cadre d'un événement de l'association Somos.

Le terme lesbienne est utilisé pour désigner une femme homosexuelle. Comme adjectif, lesbien est utilisé pour décrire un objet ou une activité relié à l'amour entre lesbiennes ou femmes qui leur sont assimilées.

Histoire

L'histoire des lesbiennes désigne à la fois l'histoire des femmes ayant des relations affectives et sexuelles entre elles, mais aussi l'histoire d'une identité sociale et culturelle qui n'est pas réduite à une simple homosexualité féminine.

Évoluant dans des sociétés lesbophobes qui les répriment, les lesbiennes parviennent toutefois à créer et maintenir des lieux et modes de sociabilité, ainsi qu'une culture, en particulier littéraire, propre, ainsi qu'à obtenir dans certains pays le droit de se marier et d'élever des enfants ainsi qu'à participer à l'émancipation politique de toutes les femmes.

Identités lesbiennes

Autonomination

In the Days of Sappho, peinture de John William Godward, 1904. Le nom de cette poétesse, Sappho, et l'île dont elle est originaire, Lesbos, sont à l'origine de l'emploi des termes « saphisme » pour parler de l'attirance entre femmes, et « lesbienne », pour désigner les femmes homosexuelles.

L'autonomination, ou coming-in, correspond à la démarche où une jeune fille ou une femme « se dit et se révèle socialement lesbienne »[u 1]. Si en 1979, la chercheuse en psychologie Vivienne C. Cass propose un modèle en six étapes de l'acceptation de son identité homosexuelle : la confusion, la comparaison, la tolérance, l'acceptation, la fierté et la synthèse[u 2], la sociologue lesbienne Natacha Chetcuti-Osorovitz met en lumière en 2014, que pour les lesbiennes, la première étape s'accompagne d'un changement de signification du mot « lesbienne » : d'une signification « imprécise, invisibilité voir stigmatisante », le terme se colore finalement d'associations concrètes et positives, riche d'une communauté et d'une culture partagée[u 1]. De plus, elle relève que de nombreuses lesbiennes commencent à se dire bisexuelles car elles perçoivent cette identité comme plus consensuelle[u 1].

Parfois, d'autres termes sont préférées à lesbienne : ainsi, dans les années 2010 en France, le terme « gouine » peut être préféré, et ceci dans une perspective post-structuraliste inspirée de Judith Butler, où le retournement de l'insulte est une manière de remettre en cause la norme hétérosexuelle[u 1]. En Espagne, le terme sáfico (« saphique »), adjectif issu de la poétesse Sappho, est utilisé pour le Cercle saphique de Madrid[p 1].

Le processus d'autonomination peut être plus complexe pour les lesbiennes trans : en effet, beaucoup d'entre elles n'arrivent pas à se projeter dans une relation avec une femme avant leur transition, se croyant alors à tort des hommes homosexuels avant de réaliser que ce qu'elles refusaient n'était pas d'être avec une femme, mais d'être un homme dans une relation hétérosexuelle[o 1].

Périmètre

Si l'inclusion des hommes trans dans le lesbianisme divise fortement, d'autres identités sont compatibles avec l'identité lesbienne, même si elles ne rentrent pas stricto sensu dans la définition de « femmes qui ont des relations sexuelles et romantique uniquement avec des femmes » : c'est le cas des lesbiennes non-binaires, asexuelles et aromantiques[o 1].

Identités

L'identité stud est spécifique aux lesbiennes Noires et a émergé dans la communauté LGBT afro-américaine[p 2]

Il existe de nombreuses identités lesbiennes, définies par des modes de vie ou positionnement de genre.

L'une des plus anciennes est la lesbienne masculine, dont la dénomination varie suivant les époques et les cultures : jules, virago, stud, ou butch, qui est le terme le plus utilisé au XXIe siècle. Cette identité a plusieurs sous-identités, telles que la « jules-pas-touche » ou « stone butch blues ». D'autres identités sont basées sur le genre, telles que la garçonne / l'androgyne et aussi la lesbienne fem.

Symboles

L'un des premiers drapeaux spécifiquement lesbien, celui basé sur le labrys, est créé en 1999 par Sean Campbell et publié en 2000 dans le Gay and Lesbian Times (en) [p 3],[p 4]. Il s'agit d'un labrys posé sur un triangle noir sur fond violet : le labrys est une référence aux Amazones et était déjà utilisé comme symbole du féminisme lesbien dans les années 1970[o 2] ; le triangle noir correspond, dans le code couleur des camps de concentration de l'Allemagne nazie, aux « asociales », qui correspondent notamment aux lesbiennes[u 3],[1] ; quant au violet, c'est la redécouverte des poèmes de Sappho qui associe cette couleur aux lesbiennes[u 4].

Deux drapeaux semblables, composées de sept bandes de couleur avec une bande centrale blanche, sont créés au XXIe siècle ; le premier, comportant six nuances de rouge et rose, est peu utilisé[p 5] ; en 2018, Emily Gwen en propose une nouvelle version, en nuances de rose et orange : l'orange sombre correspond à la non-conformité de genre, l'orange à l'indépendance, l'orange clair à la communauté, le blanc aux relations uniques à la féminité, le rose clair à la sérénité et la paix, le rose à l'amour et la sexualité, et le rose foncé à la féminité[2] , une troisième version, à cinq bandes, dérive de celle d'Emily Gwen[p 6].

Démographie

L'évaluation du pourcentage de femmes étant lesbiennes varie fortement d'un pays à l'autre et, au sein des différentes classes d'âges dans un pays donné.en particulier, entre un tiers et la moitié des femmes ayant eu des désirs ou des relations envers d'autres femmes considèrent être lesbienne ou bisexuelle, avec une répartition autour de 40% de lesbiennes et 60% de bisexuelles, ce qui donne 1,5% des femmes américaines ayant une identité lesbienne[3].

Identités de genre

Dans une enquête réalisée en 2019 en Europe par l'International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association (ILGA), les personnes s'identifiant lesbiennes sont à 89% des femmes, à 7% des personnes non-binaires et à 0,5 des hommes trans[u 5]. La question de savoir s'il est possible d'être à la fois lesbienne et homme trans, ou lesbienne et relationnant avec un homme trans, fait toutefois l'objet de vifs débats au sein des communautés lesbiennes : une très grande partie estime que « homme » et « lesbienne » sont mutuellement exclusifs, tandis que l'autre insiste sur la porosité et la complexité des identités entre « lesbienne butch », « personne transmaculine » et « homme trans » pour refuser de tracer une frontière étanche[p 7].

Pyramide des âges

L'enquête de 2019 en Europe révèle une sur-représentation de l'identité lesbienne parmi les personnes âgées de 34 à 45 ans et une sous-représentation chez celles de moins de 24 ans ou de plus de 55 ans[u 5].

Adolescentes et jeunes adultes

Lesbiennes âgées

Cette sous-représentation parmi les plus de 55 ans est aussi liée à une différence sociologiques, où les anciennes générations ont plus tendance à cacher leur lesbianisme[u 6]. Les difficultés que rencontrent les lesbiennes vieillissantes sont aggravées par rapport aux autres femmes âgées ; en particulier, la rupture familiale ou amicale liée à la lesbophobie les rendent plus susceptibles de subir de l'isolement social, mais aussi d'avoir des revenus plus faibles[u 6]. Des études pointent au contraire la position ambivalente des lesbiennes âgées, avançant l'idée que subir des discriminations permet le développement de certaines compétences sociales qui les rendent mieux armées à vivre les nombreux deuils associés à la vieillesse[u 7],[u 8],[u 9]. L'absence d'adhésion à des normes hétéronormatives rend aussi plus facile l'adaptation à la perte de leur conjointe, en particulier concernant la réalisation de tâches ménagères ou d'entretien de leur foyer[u 7].

L'un des éléments principaux de la socialité lesbienne âgée est que le système de support sur lequel elles peuvent s'appuyer est, au début du XXIe siècle, essentiellement composé d'autres lesbiennes, et parfois d'autres femmes ; elles ne sont que peu aidées par leurs amis hommes ou leur famille[u 6].

Catégories socio-professionnelles

Si les lesbiennes n'ont pas de profil socio-professionnel spécifique en Europe, celles qui sont le plus marginalisées, c'est-à-dire les lesbiennes handicapées, intersexes, trans, racisées et/ou migrantes sont plus souvent précaires ou sans domicile[u 5]. Toutefois, si le taux de salariat est le même chez les lesbiennes que dans le reste de la population, celles-ci sont plus souvent dans des emplois à temps partiel ou à durée déterminée[u 5].

Vie quotidienne

Placard

Jamais: 18% (18 %)Rarement: 21% (21 %)Souvent: 29% (29 %)Toujours: 32% (32 %)
  •   Jamais: 18% (18 %)
  •   Rarement: 21% (21 %)
  •   Souvent: 29% (29 %)
  •   Toujours: 32% (32 %)
Pourcentage de lesbiennes européennes par fréquence des moments où elles sont ouvertement lesbiennes[u 5]

Les lesbiennes vivent plus souvent ouvertement leur identité que les autres personnes LGBTQI, en particulier les bisexuelles[u 5].

Conjugalité

La sociologue de la famille Céline Costechareire relève que le couple lesbien en tant que tel est peu l'objet d'études, les universitaires se focalisant sur la lesboparentalité, les conséquences de la lesbophobie juridique, ou plus rarement les violences conjugales[u 10].

Dans son enquête réalisée en 2008 en France, elle a mis en évidence deux profils de conjugalité lesbienne. Le premier, composé de lesbiennes de moins de 25 ans, fréquente assidument le milieu lesbien, accorde une place centrale au lesbianisme dans leur identité personnelle, dans un contexte de rejet de leur homosexualité par leur entourage professionnel ou familial : celles-ci forment des couples qui durent peu de temps et avec un engagement faible[u 10]. Le second correspond à des lesbiennes un peu plus âgées, mais dont l'entourage accepte mieux leur lesbianisme et pour qui il est un élément plus secondaire d'elles-mêmes : celles-ci ont des couples plus longs et à l'engagement plus prononcé[u 10].

En raison de l'invisibilisation des lesbiennes et de la contrainte à l'hétérosexualité, le coming in lesbien est tardif et retarde aussi l'entrée dans une relation lesbienne stable, qui se situe en moyenne autour de 30-35 ans[o 3].

Natacha Chetcuti-Osorovitz note, dans son étude de 2010 des lesbiennes françaises, la centralité de l'exclusivité sexuelle, explicitement négociée au sein des couples[o 3]. Cela place les couples lesbiens dans une position unique, différente des couples gays, où l'exclusivité sexuelle est minoritaire, et des couples hétérosexuels, où l'exclusivité n'est pas explicitement discutée mais un attendu implicite[o 3]. Cette exclusivité, couplée à la relative faible durée des couples (huit à dix ans en moyenne), fait de la monogamie sérielle, entrecoupée parfois de périodes de polyamour, le mode conjugal majoritaire des lesbiennes[o 3].

Le positionnement politique influe le rapport à l'exclusivité, plus souvent remis en cause par celles fortement impliquées dans la culture lesbienne, féministe et libertaire, et qui trouvent que la monogamie est une hétéronorme et pratiquent plutôt l'anarchie relationnelle[o 3]. Dans ce cadre, les partenaires sexuelles ne sont pas là uniquement pour assouvir un désir, mais font aussi parties d'un réseau de solidarité et de sociabilité[o 3].

La cohabitation est très fréquente pour les couples, en raison notamment de contraintes financières[o 3].

Maternité

Devenir mères

Famille lesbienne de Wellington en 2004

Les conditions juridiques et sociales de la lesboparentalité diffèrent fortement entre les pays. Dans les pays ou aux époques de fort contexte lesbophobe et homophobe, des mères ont perdu la garde de leurs enfants lorsque, après leur divorce, elles formaient des couples lesbiens[o 4]. L'association lesbienne de San Francisco Daughters of Bilitis, fondée en 1955, a ainsi dans ses premières missions l'aide aux lesbiennes pour la garde de leurs enfants[o 4]. La possibilité pour un couple de femmes d'être toutes deux parentes légales d'un ou plusieurs enfants arrive à la fin des années 1970, dans l'état de New York ainsi qu'en Californie[o 4].

Plusieurs modalités de maternité lesbienne existent : pour tous les couples lesbiens, il y a la famille recomposée, où les enfants d'une précédente union hétérosexuelle sont adoptés par la nouvelle conjointe, l'adoption directement en tant que couple, et la coparentalité pensée dès le départ avec une autre personne ou un autre couple, généralement un couple d'hommes gays ; pour les couples de lesbiennes cis le don de sperme qu'il soit artisanal ou par procréation médicalement assistée (PMA) ; pour les couples entre une femme trans et une femme cis, la reproduction sexuelle ou la PMA avec du sperme de donneur ou conservé pré-transition ; enfin, pour les couples de femmes trans, le recours à la gestation pour autrui.

Les conditions de PMA diffèrent entre les pays, en particulier sur l'anonymat ou pas du donneur, la possibilité pour une femme trans d'utiliser son sperme lors du projet de maternité, ou l'autorisation d'une PMA croisée ou ROPA, c'est-à-dire qu'une femme donne un ovocyte tandis que sa conjointe effectue sa grossesse[p 8].

Des recherches portent sur la possibilité de deux femmes cis d'être toutes deux la mère biologique d'un enfant[p 9],[p 10],[p 11]. D'autres portent sur la possibilité pour une femme trans d'effectuer une grossesse, en créant volontairement une grossesse extra-utérine délivrée par césarienne, mais les risques posés pour la santé de la mère et de l'enfant rendent peu crédibles sa faisabilité[p 12] : en revanche, la possibilité de réaliser une transplantation d'utérus pourrait devenir une réalité[p 13].

Le militantisme pour l'ouverture du droit au mariage homosexuel est notamment motivé par les discriminations à la parentalité subies par les personnes queers et notamment lesbiennes : en effet, le mariage est souvent une condition nécessaire à la possibilité d'adopter en couple ou d'adopter l'enfant de sa conjointe, conçu leur d'une précédente union ou par don de sperme : de la possibilité de se marier découle ainsi un meilleur accès à la parentalité[o 4]`.

Outre la possibilité légale, les conditions matérielles d'accès (temps passé en liste d'attente pour adopter ou recevoir un don de gamète, remboursement ou non des procédures médicales) peut grandement varier d'un pays à l'autre, mais aussi être l'objet de pratiques discriminatoires entre les familles homoparentales et les autres ; ainsi, ce n'est que depuis 2001 et à la suite de la plainte d'un couple de femmes, que le Canada inscrit le nom des deux parents sur le certificat de naissance d'un enfant né par don du sperme : jusqu'alors, le nom du parent non-biologique n'était inscrit que s'il était un homme[o 4].

Parentalité

Les familles lesboparentales rencontrent des difficultés particulières dans leur quotidien, liées à la lesbophobie et à la sous-reconnaissance des filiations sans lien biologique : ainsi, en France, seuls 30% des parents d'une femme lesbienne mère non-biologique s'impliquent dans un rôle de grand-parent[4].

Les lesbiennes européennes sont plus souvent dans une situation où elles élèvent des enfants avec lesquels elles ne partagent pas de lien biologique ou même légal que le reste de la population[u 5].

La parentalité implique des modes de vie différents des lesbiennes sans enfant : en effet, en France, les mères vivent plus souvent dans le même département que leur parent que les autres lesbiennes, et elles vivent plus souvent dans des régions où l'immobilier est moins cher, préférant ainsi la grande couronne parisienne à Paris intra-muros[u 11].

Représentations

Sherri Saum et Teri Polo, actrices principales de The Foster

L'une des premières représentations de famille lesboparentale dans la littérature jeunesse est l'oeuvre de Lesléa Newman, Heather Has Two Mommies, publiée en 1989[o 4].

Le téléfilm franco-belge Tous les papas ne font pas pipi debout (1998) met en scène un couple de lesbiennes dont le petit garçon veut connaître son géniteur. On retrouve une intrigue proche dans le film américain Tout va bien ! The Kids Are All Right (2010).

The Fosters est une série télévisée américaine diffusée depuis le sur ABC Family, créée par Peter Paige et Bradley Bredeweg, qui raconte l'histoire d'un couple de lesbiennes, Stef Foster, policière, et Lena Adams, proviseure adjointe dans un lycée, mamans de 3 enfants (le fils biologique de Stef et de son ancien mari, et 2 jumeaux adoptés). Le couple accueille par la suite une adolescente issue de famille d'accueil, ainsi que son jeune frère.

Sexualité

La sexualité lesbienne est multiple et très variée[5]. Toutes les femmes ayant des rapports sexuels avec d'autres femmes ne se considèrent pas forcément comme lesbiennes[5].

Elsa Dorlin indique qu'historiquement, la sexualité lesbienne a souvent été considérée comme « non sexuelle », notamment car non liée à la reproduction[o 5]. Cette infériorisation est liée, pour Sébastien Chauvin et Arnaud Lersch, à l'ontologie sexuelle patriarcale et au statut juridique et économique subordonné des femmes[o 6]. Néanmoins, la visibilité croissante des pratiques et des identités réelles lesbiennes (sadomasochisme lesbien, sexualité à l'aide d'outils comme les harnais ou les godemichés, identités butch et fem, pratique du drag king, etc.) permet de modifier progressivement cette vision[o 5].

Léontin Lacombe note que très peu d'écrits historiques concernent les pratiques érotiques lesbiennes, de par la non publication, la censure, la perte des documents, les termes cryptiques utilisés et la sous-représentation globale des écrits féminins[o 7]. La sexualité lesbienne reste soumise au regard masculin hétérosexuel et à une forte fétichisation[o 7].

Comme d'autres pratiques sexuelles, les pratiques sexuelles lesbiennes peuvent mener à la transmission d'infections sexuellement transmissibles[5]. Dans une enquête française réalisée en 2000, la fréquence de ces infections au cours de la vie chez les femmes ayant eu des rapports homosexuels est similaire aux autres femmes (une fois ajustés d'autres facteurs)[u 12].

Séparatisme

Le lesbianisme séparatiste est un courant à l'intersection du féminisme séparatiste (en) et du lesbianisme politique qui promeut et fait vivre des communautés autonomes composées exclusivement de lesbiennes. Il vise à la fois à offrir un meilleur mode de vie aux lesbiennes qui le rejoignent, en leur permettant d'échapper à l'hétérosexualité comme système politique et à l'émergence d'une culture lesbienne autonome, tel que la womyn's music.

Prenant souvent la forme de petites communautés rurales, le lesbianisme séparatiste, essentiellement pratiqué par des lesbiennes blanches, a été critiqué par des lesbiennes Noires en raison de son incapacité à adopter une pratique intersectionnelle.

Culture

Pour la chanteuse et compositrice lesbienne Ochy Curiel, ce qui définit l'art lesbien n'est pas un ensemble de caractéristiques typologiques, mais l'ensemble des productions de lesbiennes qui sont faites depuis un point de vue féministe et cherchant consciemment à produire un point de vue lesbien[lf 1]. Elle cite les œuvres qui rendent visible le lesbianisme, c'est-à-dire non seulement les relations amoureuses entre femmes, mais aussi lorsque des œuvres partent de sa position d'afro-descendante pour créer une sororité avec les femmes luttant contre leurs oppressions multiples dans le monde[lf 1].

En Amérique latine, ce sont, dans les années 1970 à 2000, essentiellement les mouvements lesbiens séparatistes qui s'occupent de la création et la préservation de cultures spécifiquement lesbiennes[lf 2].

Pour certaines, la culture lesbienne est certes distincte de la culture bisexuelle féminine, mais ces deux cultures partagent de très nombreux éléments ; pour d'autres, il n'y a pas vraiment de frontière, le terme culture lesbienne se réfère à la culture des lesbiennes et des personnes qui ont une vie similaire à celle des lesbiennes[p 14].

Productions

Littérature

Renée Vivien, l'une des figures de la littérature lesbienne, photographiée vers 1900 par Otto Wegener

Si le périmètre exact de la littérature lesbienne est sujet de débat, notamment en fonction de l'identité des auteurs, la réception des récits ou les thèmes abordés, deux constantes demeurent : l'exclusion des représentations lesbiennes fétichisantes écrites par et pour les hommes, et le placement des écrits qui structurent la construction de l'identité lesbienne comme centraux.

L'évolution de la littérature lesbienne suit celle de l'acceptation du lesbianisme en général : cachée, confidentielle, censurée au début du XXe siècle (l'œuvre mythique d'Eva Kotchever, Lesbian love, en fait notamment les frais à New York en 1926), les grands moments du mouvement LGBT et du féminisme en général et du lesbianisme en particulier s'accompagnent d'évolution des thèmes abordés.

En particulier, le thème du lesbianisme comme damnation, où le récit se finit par la mort des héroïnes, s'effacent pour des histoires heureuses (romances, littérature pour enfants et jeunes adultes), tout en gardant un fort lien avec la politisation du milieu lesbien.

Sarah Schulman critique cependant la volonté didactique des romans post-Stonewall, estimant qu'ils négligent les vies lesbiennes au profit d'une volonté de pégagogie et de montrer des personnages lesbiens lisses, respectables et donc forcément peu crédibles[o 8].

Musique

L'opéra est considéré comme étant une scène depuis longtemps ouverte à la représentation de l'homosexualité, tant féminine que masculine, et donc aux gays et lesbiennes, dans la mesure notamment où certains rôles masculins sont écrits pour être interprétés par des femmes travesties (et vice-versa). Bien que rares, des personnages explicitement homosexuels existent aussi, telle la comtesse Geschwitz, qui est amoureuse du personnage éponyme dans Lulu, l'opéra d'Alban Berg[u 13].

Dès le milieu des 1970, en particulier aux États-Unis, la musique est un vecteur de la construction de la communauté lesbienne, en particulier du féminisme lesbien[u 14]. En 1977 sort l'album Lesbian Concentrate, une compilation de women's music en réponse à la campagne homophobe Save Our Children.

À Genève, un « bal des chattes sauvages » est organisé chaque premier samedi du mois dans les années 1980. Ces bals ont lieu dans le Centre femmes du boulevard Saint-Georges et permettent aux femmes qui s'y rendent de danser entre elles. Dans la mesure où ils contribuent à créer du lien entre des femmes qui ne se croiseraient pas autrement, et donc à renforcer les réseaux lesbiens, ces bals (et les évènements festifs en général) sont investis d'un sens politique que le collectif Vanille Fraise se charge d'expliciter lors des premiers bals. Les 11 et 12 mai 1984, ce même collectif organise par ailleurs le Tortilla Sax Festival au centre de loisirs de Carouge. Y prennent part près de 250 femmes, venues de toute l'Europe écouter, entre autres, les Miami Beach Girls d'Amsterdam[u 15].

Les années 1980 et 1990 sont marquées par une dualité de la musique lesbienne. D'un côté, les artistes connues du grand public, telles que k.d. lang, Tracy Chapman et Melissa Etheridge, que la critique Jodie Taylor résume par « des femmes androgynes chantant des confessions mélancholiques en grattant leurs guitares acoustiques »[o 9],[o 10]. De l'autre, le queercore, bien plus marginal, mais permettant aux lesbiennes d'exprimer plus vocalement leur sexualité[o 9].

Beth Ditto aux Eurockéennes de Belfort 2011

Le groupe T.A.T.u., et plus particulièrement sa chanson All the Things She Said, devient un phénomène lesbien à sa sortie en 2002 : bien que l'homosexualité des deux chanteuses soit feinte, une technique marketing permettant d'augmenter les ventes de la chanson, la représentation qu'elle offre aux femmes queers a pris le pas sur son aspect faux et appropriatif, permettant à de nombreuses lesbiennes et bisexuelles de réaliser leur coming in[o 9]. L'équilibre entre représentation et appropriation s'inverse au cours des années 2010 : ainsi, en 2018, Rita Ora, qui n'a alors pas encore fait son coming out bisexuel, est fortement critiquée par la communauté lesbienne pour sa représentation lesbophobe des relations entre femmes dans la chanson Girls, limitées à une technique d'aguichage des hommes[o 9].

Si la visibilité d'artistes queers, telles que la lesbienne Beth Ditto ou la bisexuelle Peaches, augmente dans les années 2000, la musique qu'écoutent les lesbiennes comprend encore de nombreuses personnalités hétérosexuelles : ainsi, les artistes TLC, Missy Elliott et Lil' Kim font partie des références musicales des lesbiennes Noires d'alors[o 9]. De plus, les fans lesbiennes recherchent activement des artistes auxquelles s'identifier : le forum internet dédié à Alex Parks (en) devient ainsi le lieu où trouver d'autres chanteuses lesbiennes[o 9].

Cette visibilité n'est pas sans challenges : ainsi, le clip d'All the Things She Said est censuré sur la télévision britannique, et les producteurs demandent à l'artiste Ladyhawke de cacher son lesbianisme[o 9].

Télévision

Les épouses Portia de Rossi et Ellen DeGeneres en 2012, lorsque cette dernière reçoit une étoile sur Hollywood Boulevard

Contrairement à la littérature lesbienne, la télévision lesbienne se confond avec la représentation des lesbiennes à la télévision. Cette représentation est primordiale pour la construction identitaire des lesbiennes, en particulier les plus jeunes, pour qui l'ensemble des lesbiennes qu'elles connaissent sont souvent des personnages avant d'être des personnes[u 16].

Les premiers personnages lesbiens et identifiés comme tels arrivent sur la télévision américaine à la fin des années 1980, dans la série Hill Street Blues[p 15]. La visibilité du lesbianisme se poursuit dans les années suivantes, avec Golden Girls, Heartbeat (en), et L.A. Law[p 15]. Si L.A. Law est salué car elle est la première série américaine à montrer un baiser entre deux femmes, les producteurs de la série avaient en réalité inclut cette scène dans le but d'obtenir de meilleurs audiences, sans chercher à développer la relation entre ces femmes par ailleurs[p 15].

Ce baiser ouvre une décennie où de nombreuses séries créent un épisode où deux femmes s'embrassent, sans qu'aucun développement n'en découle par la suite : Picket Fences en 1993, Star Treck: Deep Space 9 en 1995, Party of Five et Ally McBeal en 1999[p 15].

La série Xena, la guerrière cristallise un rapport plus complexe et entre représentation et réception, typique de la culture LGBT : celui du choix actif d'interprétation des sous-entendus, plus ou moins volontaires, dans la série, afin d'y voir une relation entre les deux héroïnes[p 16].

Le 30 avril 1997, la sitcom Ellen diffuse The Puppy Episode, dans lequel son personnage principal, Ellen, réalise un coming-out lesbien. Cette diffusion s'accompagne en parallèle du coming out réel de l'actrice qui l'incarne, Ellen DeGeneres, qui devient alors « la lesbienne la plus visible des États-Unis »[o 11].

La fin des années 1990 et le début des années 2000 correspond Il y a un essor de la visibilité lesbienne à la télévision, avec les séries Xena la guerrière[p 17] ou Buffy contre les vampires[p 18].

La série The L Word apparaît en 2004 ; si elle est saluée pour être la seule série lesbienne d'alors, elle est aussi critiquée pour n'avoir montré que des lesbiennes riches et glamours plutôt que d'avoir été un miroir fidèle de la communauté lesbienne américaine[p 19].

La sortie de A League of Their Own marque un tournant dans la télévision, puisqu'elle est la première a à la fois représenter un ensemble large de personnages lesbiens tout en étant destinée au grand public[p 18].

Drag

Gladys Bentley autour de 1930

Si la pratique drag king, c'est-à-dire le travestissement performatif en un personnage masculin, existe dès le début du XXe siècle avec notamment les spectacles de Gladys Bentley[6], la scène drag king prend véritablement l'importance aux États-Unis dans les années 1990, devenant un incontournable des bars gays et lesbiens[o 12], alors que la scène drag était jusqu'alors dominée par les drag queens[u 17]. En effet, les drag queens sont en majorités des hommes gays, dont beaucoup sont morts du sida au cours des années 1980, tandis que les drag kings sont majoritairement des lesbiennes, bien plus épargnées[u 17]. Cette mixité n'est pas exempte de tensions pouvant conduire à des remarques misogynes ou homophobes dans les deux sens, voire à de la violence[u 17].

Au début des années 2000, l'Imperial Court System (en) (ICS) est composé pour moitié de lesbiennes, dont les trois quarts pratiquent le drag en king[u 17]. À cette période, le king porte généralement des tenues country (jean, bottes de cowboy, pantalon ou veste en cuir et chemises western), parle d'une voix grave et autoritaire, fait de larges pas en ne croisant jamais les jambes et boit sa bière à la bouteille[u 17]. Les lipsyncs se font sur des chansons country chantées par des hommes, ou des chanteuses lesbiennes, telles que Melissa Etheridge, et s'adressent souvent à la compagne de la personne en king, qui peut, elle, être en tenue de drag queen[u 17]. La majorité des kings gardent leur prénom civil lors de leurs performances[u 17].

Toujours au sein de l'ICS, quelques rares lesbiennes sont drag queens sans être en couple avec une drag king ; celles-ci performent de la même manière que les hommes gays en queen, mais rencontrent moins de succès[u 17].

Médias

Couverture du numéro 10 de Die Freundin, publié en mai 1928

Plusieurs magazines lesbiens voient le jour dans la République de Weimar dans les années 1920 : Die Freundin en 1924, Die BIF et Liebende Frauen en 1926. Tous les trois sont obligés d'arrêter leur publication à l'arrivée des nazis au pouvoir, en 1933.

Des magazines lesbiens voient le jour aux États-Unis après la seconde guerre mondiale : Vice Versa (en), publié deux ans entre 1947 et 1948, suivi en 1956 de The Ladder, qui durera 16 ans.

De nombreux autres magazines voient le jour, pour des durées plus ou moins longues, à partir de la fin des années 1960 aux États-Unis et au Royaume-Uni, la fin des années 1970 et début des années 1980 dans le reste du monde occidental : création de Quand les femmes s'aiment... en 1978 en France, Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui en 1982 au Québec, Clit 007 en 1981 en Suisse.

En plus des débats strictement politiques, la presse lesbienne des années 1980 et 1990 est aussi le lieu d'expression qu'une écriture et d'un langage visuel (dessins, photos, collages) spécifiquement lesbien[u 18].

Outre l'appartenance à une communauté de lectrices, les magazines lesbiens permettent la rupture de l'isolement par l'organisation de rencontres et les petites annonces[u 18]. Celles-ci, qui concernent des propositions de rencontre amoureuse, amicale ou de service, sont tellement une institution de la culture lesbienne de la fin du XXe siècle qu'elles deviennent le pivot du magazine français Lesbia [u 18]. La fabrication et la diffusion du magazine, réalisées généralement de manière bénévole et avec très peu de moyens sont en elles-mêmes, aussi, un moyen de regrouper des lesbiennes autour d'un projet commun[u 18].

Malgré ecette importance la presse lesbienne peine à exister ; le magazine français Well Well Well, qui tire à 3000 exemplaires, avance plusieurs explications : d'une part, la communauté lesbienne française est petite et très diverse : il est donc difficile de trouver un angle qui intéresse un nombre suffisant de lectrices ; d'autre part, les lesbiennes ne sont pas forcément prêtes à soutenir la presse communautaire, soit car leurs revenus sont limités, soit parce qu'elles préfèrent soutenir les évènements et soirées lesbiennes plutôt que les magazines ; enfin, les annonceurs publicitaires ne voient pas le public lesbien comme une cible potentielle : la version féminine de Têtu, Têtue.com, n'a ainsi jamais réussi à trouver de campagne de pub[p 20].

Socialité

Bars et vie nocturne

Au Royaume-Uni, en 1986, constatant que les lesbiennes noires ne se retrouvent pas plus dans les espaces hétérosexuels noirs que dans les espaces homosexuels majoritairement blancs, Lorna Edwards, Sharon Lee, Eddie Lockhart et Yvonne Taylor créent à Londres le collectif Sistermatic. Amatrices de musique ou DJ, elles organisent ensemble des soirées dans lesquelles, du fait notamment de la musique qui y est diffusée, les lesbiennes noires sont susceptibles de se sentir davantage à leur place[u 19].

Festivals

Des festivals de cinéma lesbiens sont créés dans les années 1990, tels que Cineffable en France, Lethal Lesbian (en) en Israel, Some Prefer Cake (en) en Italie ou le London Lesbian Film Festival (en) au Canada ; outre la diffusion de films lesbiens, ces festivals sont de forts lieux de sociabilité, que ce soit au niveau de la participation mais aussi de leur organisation et des évènements culturels en tant que tels[o 13].

Sport

Équipe de roller derby à la Dyke March 2007 de Toronto

La pratique sportive tient une grande place dans la socialité lesbienne, où des réseaux lesbiens se structurent autour de clubs de sports collectifs : c'est le cas particulièrement du roller derby, où de nombreuses licenciées sont lesbiennes[p 21], mais aussi en Amérique latine, du football et du baseball[lf 2].

Diffusion

Ochy Curiel pointe le paradoxe que consiste la place de l'art lesbien : d'un côté, les lesbiennes sont les premières consommatrices de l'art lesbien, et donc c'est le milieu lesbien qui est le principal soutien de cet art, en permettant sa viabilité économique ; de l'autre, elle pointe que les artistes sont vues comme des éléments secondaires du milieu lesbien, la véritable reconnaissance communautaire et politique allant plutôt aux universitaires : cette position de second plan se retrouve dans l'organisation de forums, conférences et publications lesbiennes, consommatrices de ressources financières, mais accompagné de l'attente que les artistes lesbiennes y participent gratuitement ou presque[lf 1].

Jacqueline Julien, cofondatrice de Bagdam, relève une autre contradiction : d'un côté, la non-mixité lesbienne est pour elle la condition nécessaire à l'émergence d'une culture lesbienne originale et autonome ; de l'autre, c'est cette non-mixité qui est le principal obstacle à la diffusion de cette culture à l'ensemble du public[ar 1].

Rapport avec la culture gay

Lorsque Del LaGrace Volcano, alors lesbienne, cherche à éditer Love bites, un recueil de photographie érotique, elle essuie des refus des maisons d'éditions lesbiennes et le projet est finalement édité par une maison d'édition gay : en effet, bien que les sujets photographiés soient clairement lesbiens, avec la présence d'éléments de culture lesbienne et de modèles butch, les codes esthétiques utilisés (décors extérieurs industriels, présence du cuir et du latex, poses inspirées du BDSM) sont considérés comme gays et rejetés par les maisons d'édition lesbiennes[o 14].

Militantisme

Journée de la visibilité lesbienne

Visuel de 2022 réalisé pour fêter les 40 ans de la journée de visibilité lesbienne au Canada

La Journée de la visibilité lesbienne, aussi appelée journée de visibilité lesbienne, désigne un ensemble de journées célébrées à différentes dates de par le monde et qui visent à célébrer l'identité, l'histoire et la culture lesbienne, de mettre en avant des modèles lesbiens et de lutter contre la lesbophobie et notamment l'effacement des lesbiennes. Originaire du Canada, elle se célèbre généralement le 26 avril[7].

Marches lesbiennes

Marche lesbienne de 2009 à São Paulo : « un autre monde est possible, sans racisme, machisme ni lesbophobie »

Des marches lesbiennes voient le jour en 1980 à Paris, France, sous l'initiative des lesbiennes de Jussieu[p 22] et l'année suivante à Vancouver au Canada, en mai 1981[p 23]. Environ 200 personnes qui participaient à la cinquième Conférence binationale des lesbiennes ont défilé dans les rues du centre-ville en scandant « Regardez par ici, regardez par là-bas, les lesbiennes sont partout ! »[p 24].

Lassées d'œuvrer aux causes LGBT+ et féministes sans que celles-ci n'incluent les lesbiennes, alors que leurs propres luttes ne sont pas médiatisées, les Lesbian Avengers pensent une marche exclusivement lesbienne et créent la première Dyke March en avril 1993, durant la marche des fiertés de Washington[p 25],[p 26]. Plus de 20 000 femmes participent à la manifestation[p 27].

Si certaines marches lesbiennes sont autonomes, d'autres font partie du collectif des Dyke March ou sont conjointes à la marche mondiale des femmes.

Rapports avec le mouvement LGBTQIA+

Pour Anne et Marine Rambach, « la première cause de la colère, de la mise à l'écart, et de la création de milieux strictement lesbiens, est la misogynie qui s'observe dans le milieu gai comme ailleurs »[o 15]. Elles citent notamment le mépris, le paternalisme, l'indifférence, et la sous-représentation des sujets lesbiens dans la presse gay et lesbienne[o 15]. Au contraire, d'autres lesbiennes considèrent que le mouvement lesbien séparé du reste du mouvement LGBTQIA+ est une forme de politique de l'identité qui dessert tout le monde en rendant moins efficace la lutte contre l'homophobie[o 16].

Anne et Marine Rambach poursuivent leur analyse en déclarant que l'acte fondateur du militantisme pour une lesbienne, c'est de choisir entre s'impliquer dans le mouvement LGBTQIA+ ou le mouvement uniquement lesbien[o 14]. En particulier, les lesbiennes se sont très fortement impliquées dans la lutte contre le sida, notamment en donnant leur sang[u 20] ou en étant nombreuses dans les associations telles qu'Act-Up[o 14].

Rapports avec le féminisme

« Emancipées du regard masculin, et de tout schéma hétéro-normatif, elles avaient, elles ont, entre autres libertés, celles d’être féministes »
Podcast pas son genre de Radio France[p 28]

Dès les années 1970, le mouvement lesbien s'autonomise du mouvement féministe : en effet, bien que les lesbiennes soient nombreuses dans les mouvements féministes, ceux-ci les rejettent aux États-Unis, notamment dans une tactique de politique de la respectabilité[o 17]. Dans d'autres pays à cette époque, comme au Canada ou en France, le lesbianisme n'est pas vu comme une pratique sociale n'ayant pas besoin d'être politisée et pouvant potentiellement rompre l'unité du mouvement des femmes[o 17].

Dans La Pensée straight, Monique Wittig introduit en 1978 l'analyse de l'hétérosexualité comme une forme de rapport social oppressif ; ce texte constitue le point de départ du lesbianisme radical, courant de pensée issu du féminisme matérialiste[o 17]. Le lesbianisme radical s'autonomise face au féminisme d'alors, qui continue à ne voir dans l'hétérosexualité qu'une pratique[o 17].

Lesbianisme politique, lesbianisme radical

Le lesbianisme politique commence à exister à la fin des années 1960 au sein de la seconde vague des féministes radicales, comme un moyen de combattre le sexisme et l'hétérosexualité comme construction sociale. Sheila Jeffreys aide à développer le concept quand elle écrit, au sein du Leeds Revolutionary Feminist Group, dans l'essai Love Your Enemy? The Debate Between Heterosexual Feminism and Political Lesbianism[note 1],[8]. Les autrices y affirment que les femmes devraient arrêter de soutenir l'hétérosexualité et les lectrices à se débarrasser des hommes « dans [leurs] lits et dans [leurs] têtes »[9].

À la fin des années 1980, Monique Wittig et Adrienne Rich théorisent le lesbianisme politique en France dans leurs essais La Pensée straight et La Contrainte à l'hétérosexualité. Elles y font une critique de l'hétéronormativité comme structure originelle d'où découle le sexisme, ainsi que des institutions qui en découlent, comme le mariage et la famille traditionnelle[10].

Dans le lesbianisme politique, le comportement hétérosexuel est vu comme la fondation de la structure politique patriarcale : les lesbiennes qui refusent les relations hétérosexuelles combattent directement le système politique du patriarcat[u 21].

Toutes les lesbiennes ne se reconnaissent pas dans le lesbianisme politique, certaines trouvant que ce courant désexualise les lesbiennes en évacuant la question du désir entre femmes.

Organisations

Le Cercle saphique de Madrid est fondé en 1916 par l'artiste Victorina Durán et disparait du fait du régime de l'Espagne franquiste[11].

En 1974, le Lesbian Movement (en) ouvre ses portes au Danemark, marquant le renouveau des organisations lesbiennes en Europe[12]. Le Colectiva Lésbica Ayuquelén (es) est fondé en 1984 au Chili et devient une force de lutte contre la dictature de Augusto Pinochet[13]. En 1989 naît l'Organisation suisse des lesbiennes en Suisse[14]. La Coordination lesbienne en France naît en mai 1997[15], un an après le Réseau des lesbiennes du Québec[16].

D'autres groupes sont beuacoup plus récents, comme le Centre de solidarité lesbienne du Canada constitué en 2008[17].

Des groupes internationaux existent, tels que l'International Lesbian Information Service[18], ainsi que des groupes destinés à des sous-groupes de lesbiennes comme l'Asian Lesbian Network en Suisse[19]. Certains encore sont très locaux, comme l'Atlanta Lesbian Feminist Alliance (en) fondée à Atlanta en 1972[20].

Conditions de vie

Lesbophobie

Le harcèlement de rue est une forme fréquente de lesbophobie

La lesbophobie est la stigmatisation sociale à l'égard des lesbiennes ou des femmes considérées comme telles.

Concept forgé à la fin des années 1990 par des militantes lesbiennes, les contours de ce terme continuent à être redéfinis à mesure qu'avance les différentes études portant sur cette discrimination.

Elle peut prendre plusieurs formes, dont la plus anciennement identifiée est l'effacement social des lesbiennes et la présomption d'hétérosexualité pour les femmes, mais aussi des pratiques discriminatoires sociales et légales, des représentations caricaturales ou fétichisantes et des violences verbales, physiques et sexuelles.

La lesbophobie rend plus difficile pour les lesbiennes de vivre leur homosexualité, au point où certaines d'entre elles retournent à une vie hétérosexuelle pour échapper aux violences. Celles qui vivent leur lesbianisme le font avec plus ou moins d'autocensure et d'isolement, et la lesbophobie a des conséquences sur leurs réussites professionnelles ainsi que leur santé mentale et physique.

Après un travail militant de reconnaissance de la lesbophobie, des manières spécifiques de lutter contre cette oppression commencent à se mettre en place.

Santé

Santé physique

Beaucoup de lesbiennes s'identifiant en tant que telles n'estiment pas nécessaire de consulter un médecin parce qu'elles ne s'adonnent pas à des relations hétérosexuelles et n'ont pas besoin de contraception, ce qui est le facteur qui pousse la plupart des femmes à voir un gynécologue lorsqu'elles commencent à avoir des relations sexuelles[o 18]. De ce fait, beaucoup de lesbiennes ne procèdent pas régulièrement à des frottis vaginaux de dépistage. Les lesbiennes considèrent également courir moins de risques de contracter des IST ou des cancers touchant les organes reproducteurs. Aux États-Unis, l'absence d'assurance maladie lorsque les employeurs ne proposent pas de prestations de santé aux simples concubins, est un facteur additionnel qui incite les lesbiennes à négliger le dépistage médical[21].

Lorsque les femmes consultent effectivement un médecin, ceux-ci omettent souvent d'établir une anamnèse complète. Lors d'une étude récente portant sur 2 345 femmes lesbiennes et bisexuelles, seulement 9,3 % d'entre elles ont déclaré avoir été interrogées par un médecin sur leur orientation sexuelle. Un tiers des participantes pensaient que faire part de leurs antécédents sexuels provoquerait une réaction négative, et 30 % avaient effectivement fait face à une réaction négative de la part d'un médecin après qu'elles avaient révélé leur homo - ou bisexualité[22]. Un récit exhaustif des antécédents de la patiente aide les professionnels de santé à détecter d'éventuels risques et corrige les idées reçues sur le passé intime des femmes. Lors d'un sondage similaire effectué sur un échantillon de 6 935 lesbiennes, 77 % d'entre elles ont déclaré avoir eu des relations sexuelles avec un ou plusieurs partenaires masculins, dont 6 % au cours de l'année précédente[22],[note 2].

Selon le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, les maladies cardiaques sont la première cause de mortalité pour l'ensemble de la population féminine. Le tabagisme et l'obésité, deux des facteurs qui augmentent le risque de maladie cardiaque, sont plus répandus chez les lesbiennes. Des études ont montré que les lesbiennes ont un indice de masse corporelle plus élevé, et se préoccupent globalement moins de leur poids que les femmes hétérosexuelles, bien qu'elles soient plus susceptibles de pratiquer une activité physique régulière. Des recherches approfondies sont nécessaires afin de déterminer les causes spécifiques de l'obésité chez les lesbiennes[21],[22].

L'absence de distinction entre femmes lesbiennes et hétérosexuelles dans le cadre des études médicales portant sur les questions de santé féminine fausse les résultats aussi bien pour les femmes lesbiennes que non-lesbiennes. Les rapports sur la fréquence de cancer du sein chez les lesbiennes n’apportent aucune réponse claire[22]. Il a néanmoins été déterminé que le faible nombre de lesbiennes qui procèdent à des frottis vaginaux réguliers rend plus difficile chez elles la détection précoce du cancer du col utérin. Les lesbiennes présentent des risques plus élevés de développer un cancer ovarien que les femmes hétérosexuelles, possiblement en raison de l'absence chez nombre d'entre elles des facteurs de protection tels que la grossesse, l'avortement, la prise de pilules contraceptives, l'allaitement et les fausses couches[u 22].

Santé mentale

Le racisme est un facteur aggravant de la santé mentale des lesbiennes, en particulier de leur risque de développer une dépression.

Depuis les premières descriptions de l'homosexualité dans la littérature médicale, celle-ci a souvent été abordée d'un point de vue cherchant à y associer une cause psychopathologique profonde. Nombre de textes médicaux portant sur la santé mentale chez les lesbiennes se sont focalisés sur la fréquence de la dépression, de la toxicomanie et du suicide au sein de cette population. Bien que ces problèmes existent chez les lesbiennes, il s'est opéré un glissement dans le débat sur leurs causes après que l'homosexualité fut retirée du DSM-II en 1973. Il semble que ce soit l'ostracisme social, la discrimination juridique, l’internalisation de stéréotypes négatifs et le faible nombre de structures de soutien qui constituent les facteurs auxquels les homosexuels sont confrontés dans les sociétés occidentales, et qui affectent souvent leur santé mentale[o 19]. Les femmes se considérant comme lesbiennes rendent compte d'un sentiment de différence notable et de mise à l'écart durant l'adolescence[23] ; ces émotions sont reconnues comme apparaissant en moyenne à l'âge de 15 ans chez les lesbiennes et 18 ans chez les femmes qui se considèrent comme bisexuelles[24]. Dans l'ensemble, les femmes ont tendance à développer par elles-mêmes leur conception de leur identité propre, ne la partageant éventuellement qu'avec d'autres femmes dont elles se sentent proches. Les femmes ne dévoilent également leur identité sexuelle qu'à un nombre restreint de personnes, et considèrent plus souvent le fait d'être lesbienne comme un choix, contrairement aux gays, qui manifestent leur identité plus ouvertement et voient le fait d'être gay comme ne relevant pas de leur contrôle[23].

Les troubles anxieux et la dépression sont les problèmes de santé mentale les plus courants chez les femmes. Il a été montré que la dépression est sensiblement aussi fréquente chez les lesbiennes que chez les femmes hétérosexuelles[o 20]. Ce problème prend de l'ampleur parmi les femmes qui estiment devoir dissimuler leur orientation sexuelle à leurs amis et leur famille, qui font l'objet de discrimination ethnique ou religieuse aggravée, ou sont confrontées à des difficultés relationnelles sans possibilité de soutien[o 21]. En 1994, lors d'un sondage portant sur les questions de santé chez les lesbiennes, plus de la moitié des participantes ont déclaré avoir des idées suicidaires, et 18 % avaient déjà fait une tentative de suicide[o 22].

Une étude de population menée par le National Alcohol Research Center a démontré que les femmes se considérant comme lesbiennes ou bisexuelles ont moins tendance à rester sobres. Les femmes lesbiennes et bisexuelles sont plus susceptibles de rencontrer des problèmes d'alcool, ainsi qu’une insatisfaction face aux programmes de désintoxication[u 23]. De nombreuses communautés lesbiennes se rassemblent dans des bars, et la consommation d'alcool est une activité qui va de pair avec l'intégration à la communauté des lesbiennes et des bisexuelles[o 23].

Conditions économiques

Dans les pays occidentaux, les lesbiennes sont plus pauvres que les hommes, qu'ils soient gays ou hétéros, mais 9% plus riches que les femmes hétéros[p 29]. Cette différence varie toutefois fortement entre les pays : +20% aux États-Unis, +15% au Canada, 0% en France et en Suède, mais -8% en Grèce et -28% en Australie[25].

Plusieurs facteurs expliquent cette différence : la propention des employeurs à considérer que les lesbiennes sont de meilleures salariées que les autres femmes, car elles seraient selon eux plus capables de s'intégrer à un environnement masculin et à faire des heures supplémentaires ; une différence de mentalité, les lesbiennes investissant plus la sphère professionnelle plutôt que de se projeter comme revenu d'appoint auprès d'un homme aux ressources plus élevées ; un nombre moins élevé d'enfants, qui laisse plus de temps au travail ; enfin, une organisation différente des tâches ménagères, qui permet à chacune de poursuivre librement sa carrière[p 29].

Cet avantage n'existant pas pour les lesbiennes qui ont auparavant vécues avec un homme, cela confirme la dernière hypothèse[25].

Enfin, un revenu plus élevé ne se traduit pas forcément par un pouvoir d'achat plus conséquent, en raison de la double taxe rose ainsi que de l'existence de dépenses spécifiques, tels que les coûts élevés liés à une démarche de procréation médicalement assistée[p 29].

Droits

Outre les droits communs à toutes les personnes homosexuelles à savoir la protection contre la discrimination et les violences, la reconnaissance légale des couples, notamment via le mariage, les lesbiennes sont dans une situation spécifique concernant leur accès à la parentalité, notamment via la possibilité ou non d'avoir accès à des techniques de procréation médicalement assistée en tant que couple de femmes, l'anonymat ou non du donneur de sperme, et l'accès à la technique de réception d'ovocytes de la partenaire.

Représentations

Visibilité

En Espagne, Anna Maria Martínez Sagi, pionnière du sport féminin et compagne de l'artiste Elisabeth Mulder, est la première femme dirigeante du FC Barcelone sous la Seconde République en 1934[p 30].

En France, Amélie Mauresmo, dans le domaine du tennis, ouvre la voie dès 1999[p 31].

Depuis, d'autres sportives, comme Laura del Río, et dans des circonstances catastrophiques, Eudy Simelane[26], portent le flambeau de la lutte contre les discriminations envers les lesbiennes.

Ellen DeGeneres, présentatrice de télévision américaine.

Arts visuels

Le thème du lesbianisme a donné lieu à de nombreuses peintures, miniatures, sculptures, céramiques, mosaïques et vitraux.

Antiquité

Groupe de deux femmes, terre cuite du Ier siècle av. J.-C., conservé au British Museum.

D'après Gabriele Meixner, 90 % des représentations de couples dans les découvertes archéologiques entre le XIIe et le VIe siècle av. J.-C., sont des couples de femmes[o 24].

Des couples de femmes sont représentées dans la céramique grecque, par exemple dans l'assiette de Théra représentant un échange de couronnes en se touchant le menton, symbolique d'une relation amoureuse, ou dans Femme nue en caresse une autre (elle tend un vase de parfum), une coupe athénienne de -510 conservée au musée archéologique de Tarquinia[Jo 1].

En 1890 sont découvertes dans les nécropoles de Myrina et Tanagra des statuettes représentant des femmes. Elles sont interprétées à l'époque comme une mère et sa fille, voire comme Déméter et Perséphone, quand Marie-Jo Bonnet y voit plutôt des couples amoureux[Jo 2].

Peinture

Gamines de Louise Catherine Breslau (1890).

A la fin du XIXe siècle, des peintres masculins choisissent le thème pour certaines de leurs œuvres (Le Sommeil de Gustave Courbet en 1866, Les Deux Amies de Toulouse-Lautrec en 1895).

Néanmoins, des peintres femmes s'emparent du sujet de façon plus personnelle.

Ainsi, la peintre allemande Louise Catherine Breslau représente le couple qu'elle forme avec l'écrivaine Madeleine Zillhardt dans leur intimité, notamment dans les chefs-d'œuvre La Vie pensive et Contre-jour, exposés au Musée des Beaux-Arts de Berne, en Suisse[o 25].

Louise Catherine Breslau signe également des tableaux représentant des couples féminins, comme l'iconique Gamines en 1890[p 32]. Cette œuvre est achetée par le gouvernement français[p 32].

Œuvres audiovisuelles

Cinéma

Télévision

Internet

Début 2019, la presse francophone commence à voir paraître des articles qui questionnent l'association du mot « lesbienne » avec des contenus pornographiques sur Internet[p 42]. À la suite de l'élection de Lori Lightfoot, première maire de Chicago ouvertement lesbienne en avril 2019, la journaliste et membre de l'Association des journalistes LGBT fondée par Alice Coffin, Maelle Le Corre, constate que de nombreux organes de presse préfèrent utiliser « des expressions plus ou moins alambiquées » plutôt que le mot lesbienne[p 43]. Elle publie dans le média LGBT français Komitid un éditorial dans lequel elle demande : « Qu'est-ce qui cloche avec le mot lesbienne[p 43] ? ».

En , Marie Turcan, rédactrice en chef du site d'actualité Numerama, publie un article intitulé « Pourquoi le mot “lesbienne” sur Google ne renvoie-t-il que vers des sites pornographiques »[p 44] dans lequel elle démontre le traitement différencié du mot « lesbienne » associé majoritairement à des contenus pornographiques quand le mot « gay » est lui associé à « Wikipédia, des articles de presse, ou des lieux de socialisation gay-friendly »[p 44]. L'article fait aussi référence à la difficulté que rencontrent les collectifs ou les associations lesbiennes pour créer des profils contenant le mot « lesbienne » sur les réseaux sociaux comme Facebook. Elle relate notamment la censure de la page Facebook de Lesbian Who Tech Paris et du collectif SEOlesbienne, contraints à mal orthographier le mot « lesbienne » pour pouvoir l'utiliser sur ces plateformes[p 45].

En juin 2019, durant le Mois des fiertés, et en préparation de la Marche des fiertés, le site Numerama met en évidence dans un nouvel article le paradoxe suivant : Google a ajouté une bannière colorée rendant hommage aux Émeutes de Stonewall lorsque l'on tape l'occurrence « lesbienne » dans son moteur de recherche, mais continue de n'associer le mot qu'à un ensemble de résultats renvoyant vers des sites pornographiques[p 46].

Quelques jours après la publication de cet article, la bannière est retirée[p 47], mais elle persiste lorsque l'on recherche les termes « gay » ou encore « trans ». C'est à l'occasion de la visite en France du vice-président de Google chargé de la qualité du moteur de recherche, Pandu Nayak, que le site Numerama obtient une réaction officielle de la part de Google, il explique : « Je trouve que ces résultats sont terribles, il n’y a aucun doute là-dessus. […] Nous avons conscience qu’il y a des problèmes comme celui-ci, dans de nombreuses langues et différentes recherches. Nous avons développé des algorithmes pour améliorer ces recherches, les unes après les autres[p 48]. »

En juillet 2019, Têtu publie un article qui annonce que le mot « lesbienne » ne renvoie plus (tout de suite) vers de la pornographie[p 49]. L'article insiste sur la joie des activistes, et sur les nouveaux résultats associés : la page Wikipédia lesbienne faisant désormais partie des contenus les mieux référencés quand on recherche le mot « lesbienne » sur Google. Dans un article précédemment publié par Numerama[p 46] la journaliste Marie Turcan faisait d'ailleurs référence à la modification de la page Wikipédia lesbianisme, qui affichait précédemment une image de deux femmes sur le point de s'embrasser et dont le sous-titre était « femmes mimant une relation lesbienne ». Il est encore possible de consulter cette révision dans l'historique de la page.

De juillet à août 2019, de nombreux articles sont publiés dans le monde[p 50], [p 51],[p 52] et font état de la modification de l'algorithme de recherche Google permettant aux utilisateurs et aux utilisatrices de trouver moins de résultats explicitement pornographiques lorsqu'ils tapent le mot « lesbienne » seul dans le moteur de recherche. Au mois de novembre 2019 cette modification algorithmique devient également effective dans l'onglet de recherche vidéo[p 53].

Notes et références

Notes

Références

Ouvrages

Publications universitaires

Presse

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Généralités

Histoire

Culture lesbienne

Politique

Santé

Lesbianisme dans la culture

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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