Road movie

genre cinématographique
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Le road movie /ɹoʊd ˈmuːvi/[1], en français « film routard »[2], « film de route », « film routier » ou encore « film d'errance »[3], est un genre cinématographique originellement nord-américain dans lequel le fil conducteur du scénario est un périple ou une cavale sur les routes avec divers moyens de locomotion comme la moto dans Easy Rider (1969) ou l'automobile dans Thelma & Louise (1991).

Veronica Lake and Joel McCrea dans le road movie Les Voyages de Sullivan, 1941.

Terminologie

Le lexicographe Alain Rey emploie l'expression « film de route » comme traduction ou équivalent de road movie[4]. Le philosophe Peter Szendy, pour sa part, emploie l'expression « films routiers » dans son article « L'archi-road movie, ou le routage des sens » publié dans la revue Intermédialités/ Intermediality en 2012[5].

Histoire

Le road movie est l'avatar cinématographique nord-américain d'un genre littéraire ancien, le roman picaresque[6].

Si l'expression apparaît aux États-Unis à la fin des années 1960 avec la sortie de Bonnie and Clyde d'Arthur Penn en 1967 et d'Easy Rider de Dennis Hopper en 1969, des films antérieurs constituent toutefois des précurseurs du genre[7],[8]. Bernard Bénoliel et Jean-Baptiste Thoret considèrent que le road movie s'inscrit dans une histoire beaucoup plus ancienne et assimilent Le Magicien d'Oz (1939) et Les Raisins de la colère (1940) à des road movies[8],[9].

En Europe, Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard est aussi considéré comme un précurseur du genre[10].

Caractéristiques

Le road movie met en scène un ou plusieurs personnages qui prennent la route (en anglais américain hit the road) pour se libérer d'un espace clos et contraignant et atteindre une destination mythique ou inconnue[7]. La randonnée routière se termine souvent plutôt mal, sans que ce soit systématique[6].

L'errance des principaux personnages permet au film de proposer une chronique sociale abordant diverses questions.

  • Dans Easy Rider, qui décrit les aventures de deux motards appartenant à la contre-culture des années 1960 auxquels se joint un troisième personnage qui est tombé dans la marginalité, Dennis Hopper s'interroge sur la viabilité de leur mode de vie face, entre autres, à l'intolérance radicale qu'il suscite parmi le reste de la population. Comme ils sont assassinés tous les trois, on peut dire que le film se termine sur une note pessimiste.
  • Avec Thelma & Louise, Ridley Scott explore les limites de la liberté des femmes et non plus seulement celle des hommes. Comme les deux héroïnes se suicident, on peut faire, ici également, une lecture pessimiste du dénouement quoique certains critiques ont vu dans ce suicide un acte positif[11].

Analyse

Walter Moser[12] rappelle que le cinéma est apparu – comme l'automobile – à la fin du XIXe siècle. Pour lui, l'automobile est l'outil qui permet la mobilité individuelle, tandis que le cinéma est le média qui permet de représenter la mobilité du monde moderne[7].

L'usage de l'automobile, symbole de liberté individuelle, a été très vite contrôlé et réglementé par l’État. Pour Walter Moser, le road movie a pour fonction de réaffirmer le rôle de l'automobile comme pur moyen de mobilité individuelle et comme symbole de liberté[7].

L'accès à un paysage sauvage, loin de la ville, est un des éléments importants du road movie, mais l'accès à la nature se fait à travers un produit industriel (la voiture) et une infrastructure lourde (la route)[7]. De même, le personnage qui fuit la modernité (la ville), le fait à l'aide d'une voiture, symbole de la modernité[7].

Principaux road movies

Allemagne

Argentine

Australie

Belgique

Canada

Chine

Cuba

Espagne

États-Unis

France

Inde

Iran

Italie

Japon

Royaume-Uni

Russie / URSS

Suède

Notes et références

Voir aussi

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Bibliographie

  • Bernard Bénoliel et Jean-Baptiste Thoret, Road Movie, Usa, Hoëbeke, , 239 p. (ISBN 978-2-84230-412-6 et 2-84230-412-8).
  • Jenny Brasebin, sous la direction de Michel Marie, « Road novel, road movie : approche intermédiale du récit de la route », thèse de doctorat en études cinématographiques et audiovisuelles, université Sorbonne Nouvelle Paris 3, 2013, en cotutelle avec l'Université de Montréal, dans le cadre de école doctorale Arts & médias (2009-2015 ; Paris), en partenariat avec l'Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (IRCAV, Paris). Accès réservé en intranet.
  • Walter Moser (sous la direction de), « Le road movie interculturel », Cinémas : revue d'études cinématographiques/ Cinémas: Journal of Film Studies, Volume 18, numéro 2-3, printemps 2008, p. 7-250, lire en ligne.
  • Jean-Baptiste Thoret, Le Cinéma américain des années 1970, Paris, Cahiers du Cinéma, coll. « Essais », , 395 p. (ISBN 2-86642-404-2).
  • Programme du 28e festival international du film de La Rochelle (2000), avec une section « Nuit blanche sur la route »

Article connexe

Lien externe

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