Élections au Parlement de Catalogne de 2012

élections autonomiques

Élections au Parlement de Catalogne de 2012
135 sièges du Parlement de Catalogne
(majorité absolue : 68 députés)
Type d’électionÉlections législatives de communauté autonome
Corps électoral et résultats
Population7 539 618
Inscrits5 413 868
Votants3 668 310
67,76 % en augmentation 9
Votes exprimés3 635 170
Votes nuls33 140
CDC – Artur Mas
Voix1 116 259
30,71 %
en diminution 7,7
Députés élus50en diminution 12
PSC – Pere Navarro
Voix524 707
14,43 %
en diminution 4
Députés élus20en diminution 8
ERC – Oriol Junqueras
Voix498 124
13,70 %
en augmentation 6,7
Députés élus21en augmentation 11
PP – Alicia Sánchez-Camacho
Voix471 681
12,98 %
en augmentation 0,6
Députés élus19en augmentation 1
ICV-EUiA – Joan Herrera
Voix359 705
9,90 %
en augmentation 2,5
Députés élus13en augmentation 3
Cs – Albert Rivera
Voix275 007
7,57 %
en augmentation 4,2
Députés élus9en augmentation 6
Président de la Généralité
SortantÉlu
Artur Mas
CDC
Artur Mas
CDC

Les élections au Parlement de Catalogne de (en catalan : Eleccions al Parlament de Catalunya de 2012, en espagnol : Elecciones al Parlamento de Cataluña de 2012, en occitan : Eleccions ath Parlament de Catalonha de 2012) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 135 députés de la Xe législature du Parlement de Catalogne pour un mandat de quatre ans.

Contexte

Retour du centre droit au pouvoir

Au cours des élections parlementaires du 28 novembre 2010, Convergence et Union (CiU) d'Artur Mas, dans l'opposition depuis sept ans, remporte 62 députés sur 135 ; elle manque donc d'à peine six sièges la majorité absolue mais devance de 14 députés la majorité tripartite de gauche sortante. Le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) du président de la Généralité José Montilla réalise pour sa part le plus mauvais score de son histoire avec 28 parlementaires. À l'inverse, le Parti populaire d'Alicia Sánchez-Camacho obtient son meilleur résultat historique en reprenant la troisième place des forces politiques et en totalisant 18 élus, un de plus que sa plus importante représentation parlementaire, obtenue en . La Gauche républicaine de Catalogne (ERC) de Joan Puigcercós (ca) abandonne la moitié de son groupe tandis que l'Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative (ICV-EUiA) de Joan Herrera apparaît comme la seule survivante de la coalition au pouvoir en ne perdant que deux mandats de député. Avec quatre élus, la Solidarité catalane pour l'indépendance (SI) de Joan Laporta devance d'un siège Ciutadans d'Albert Rivera, mais ce dernier prend le meilleur score en termes de suffrages exprimés[1].

Désigné candidat à l'investiture des députés par la nouvelle présidente du Parlement Núria de Gispert[2], Artur Mas rate l'élection au premier tour avec 62 voix pour et 73 contre[3]. Au lendemain de cet échec, il signe un pacte d'investiture avec les socialistes, par lesquels ces derniers garantissent leur abstention au second tour de scrutin[4]. Il remporte la confiance parlementaire le avec 62 suffrages favorables, 45 oppositions et 28 abstentions[5] et prête serment quatre jours après[6].

Élections municipales de 2011

Les élections municipales du 22 mai 2011 marquent un changement profond dans le paysage politique catalan : six mois après les élections parlementaires, Convergence et Union devient la première force politique en termes de voix au niveau des communes catalanes, ce qui constitue une première depuis le rétablissement de la démocratie. Elle devance ainsi le Parti des socialistes de Catalogne, dont l'implantation locale a été déterminante pour sa structuration. La victoire à la majorité relative des catalanistes de centre droit à Barcelone, fief socialiste depuis trois décennies, permet à Artur Mas de disposer de plus de relais que son mentor Jordi Pujol, président de la Généralité entre et [7].

La victoire de CiU s'étend à Gérone, autre capitale de province bastion du PSC depuis , ainsi qu'à des communes qu'elle n'avait jamais gouverné jusqu'alors comme Reus, Mataró ou Molins de Rei. Ce bon résultat lui permet également d'envisager prendre la présidence des quatre députations provinciales de la communauté autonome[8]. Le PSC, qui perd 300 000 votes en quatre ans, reste en tête à Tarragone mais à la majorité relative, conservant la majorité absolue seulement à Lérida ; au niveau des grandes villes, il se maintient au pouvoir à Terrassa, Sabadell et L'Hospitalet de Llobregat[9]. Le Parti populaire, vainqueur du scrutin au nivea national, réalise également une bonne performance, remportant la mairie de Badalone, troisième commune la plus peuplée de Catalogne, après une campagne très dure de Xavier García Albiol sur le thème de l'immigration, et recueille son meilleur résultat historique dans la capitale catalane[10]. Le , les nationalistes Xavier Trias et Carles Puigdemont sont investis maires respectivement de Barcelone[11] et de Gérone[12].

Mesures d'austérité budgétaire

Le , le conseiller[a] à l'Économie et aux Finances Andreu Mas-Colell présente aux députés son projet de loi de finances pour l'année civile en cours, qui prévoit une réduction des dépenses de l'ordre de 10 %, ce qui ramène le budget de la communauté autonome au niveau de l'année . Le budget alloué à la santé publique baisse de 6,5 %, celui de l'éducation de 7,4 %, et celui des politiques sociales de 10 % ; au niveau des départements[b], celui du Territoire et de la Durabilité voit son budget amputé de 24 %, et celui des Entreprises et de l'Emploi de 23 % ; pour les types de dépenses, tant celles de fonctionnement que celles d'investissement sont en repli[13]. La loi de finances est votée par les députés le grâce à l'abstention du groupe parlementaire du Parti populaire, conséquence d'une négociation avec Convergence et Union[14].

Présenté cinq mois plus tard, le budget pour l'année confirme l'adoption de mesures de rigueur budgétaire, notamment la réduction du traitement des 230 000 fonctionnaires de la communauté autonome, la mise en place d'un ticket modérateur sur les produits pharmaceutiques, la hausse de l'impôt sur la vente de détail d'hydrocarbures, de la redevance pour l'eau, des frais d'inscription à l'université et du prix des transports publics, dans l'objectif de faire économiser un milliard d'euros aux finances publiques du territoire[15]. Cette seconde loi de finances du gouvernement Mas I est approuvée le par le Parlement, de nouveau grâce à l'abstention du PP[16]. Le suivant, le Conseil de la politique fiscale et financière (CPFF) valide le nouveau plan d'austérité de la généralité, qui prévoit une baisse de la dépense publique de 2,9 milliards d'euros et une hausse des recettes via la fiscalité et des privatisations d'environ 1,5 milliard d'euros[17]. Ces nouvelles coupes budgétaires ramènent les dépenses dans le secteur social à leur niveau de l'année [18].

Indépendantisme et pacte fiscal

Le , Artur Mas présente aux forces politiques catalanes sa proposition de « pacte fiscal », qu'il entend soumettre au gouvernement espagnol de Mariano Rajoy. Son objectif est de créer un nouveau rapport budgétaire et fiscal avec l'État espagnol, à savoir que l'Agence fiscale de Catalogne se chargerait de la gestion, la perception, la liquidation et l'inspection de l'ensemble des taxes et impôts payés par les contribuables catalans, tandis que la Généralité disposerait de capacités normatives sur l'ensemble de la fiscalité perçue sur le territoire et reverserait au gouvernement central une quote-part des impôts perçus afin de financer les services de l'État qui n'ont pas été décentralisés, dont le montant serait déterminé par une négociation bilatérale tous les cinq ans[19]. Ce projet, qui équivaudrait à donner à la Catalogne le même statut fiscal que le Pays basque et la Navarre (Concierto económico), est approuvé deux semaines plus tard au moyen du vote d'une résolution parlementaire avec le soutien de Convergence et Union, d'Initiative pour la Catalogne et de la Gauche républicaine[20].

Lors de la fête nationale de la Catalogne (Diada) du , environ 10 000 personnes participent à une manifestation en faveur de l'indépendance de la communauté autonome, notamment des responsables de la Gauche républicaine de Catalogne, de Solidarité pour l'indépendance de la Catalogne ou encore de la Candidature d'unité populaire[21]. Un an plus tard, ce sont un million et demi de Catalans qui défilent dans les rues de Barcelone, à l'appel de l'Assemblée nationale catalane (ANC) pour proclamer la Catalogne « nouvel État d'Europe ». Si le président Artur Mas n'y participe pas en raison de ses responsabilités institutionnelles, la vice-présidente du gouvernement territorial Joana Ortega fait partie du cortège. Le Parti socialiste ne se joint pas à l'appel à manifester mais plusieurs représentants de son courant catalaniste, dont d'anciens membres du gouvernement Montilla, se joignent aux manifestants[22].

Dissolution du Parlement

Lors d'une rencontre avec Mariano Rajoy au palais de la Moncloa à Madrid le , Artur Mas lui présente sa proposition de pacte fiscal. Le président du gouvernement espagnol adresse alors une fin de non-recevoir au président de la Généralité, estimant que sa proposition est contraire à la Constitution et refusant toute forme de négociation autre que celle portant sur une éventuelle amélioration du régime commun de financement des communautés autonomes[23].

Prononçant cinq jours plus tard un discours de politique générale devant le Parlement, Artur Mas annonce son intention d'engager la dissolution du Parlement afin de convoquer des élections parlementaires anticipées le suivant. Il explique cette décision à la fois par le succès de la Diada et par le refus de négociation de la part du gouvernement de l'État, deux événements qui constituent selon lui « des moments exceptionnels » auxquels doivent répondre « des décisions exceptionnelles »[24]. Il signe formellement le décret de dissolution du Parlement le [25], faisant de la IXe législature la plus courte de l'histoire démocratique de la Catalogne[26].

Mode de scrutin

Le Parlement de Catalogne (Parlament de Catalunya) est une assemblée parlementaire monocamérale constituée de 135 députés (diputats) élu pour une législature de quatre ans au suffrage universel direct selon les règles du scrutin proportionnel d'Hondt par l'ensemble des personnes résidant dans la communauté autonome où résidant momentanément à l'extérieur de celle-ci, si elles en font la demande.

La communauté autonome de Catalogne ne s'étant pas dotée d'une loi électorale propre, la deuxième disposition transitoire du statut d'autonomie de 2006 maintient en vigueur la quatrième disposition transitoire du statut d'autonomie de 1979, qui dispose que le Parlement est élu dans les mêmes conditions que le Congrès des députés. Elle précise par ailleurs que « Les circonscriptions électorales seront les quatre provinces de Barcelone, Gérone, Lérida et Tarragone. Le Parlement de Catalogne sera composé par 135 députés, desquels la circonscription de Barcelone élira un député pour 50 000 habitants, avec au plus 85 députés. Les circonscriptions de Gérone, Lérida et Tarragone éliront au moins six députés, plus un par tranche de 40 000 habitants, obtenant respectivement 17, 15 et 18 députés. »[27],[28].

Les bulletins blancs sont considérés comme des suffrages valides[29], entrant ainsi en ligne de compte dans la détermination des listes ayant franchi le seuil électoral. En revanche, ils ne sont pas considérés comme des suffrages exprimés et ne sont donc pas pris en compte pour la répartition des sièges.

Présentation des candidatures

Peuvent présenter des candidatures

  • les partis ou fédérations politiques enregistrées auprès du registre des partis politiques du ministère de l'Intérieur ;
  • les coalitions électorales de ces mêmes partis ou fédérations dûment constituées et inscrites auprès de la commission électorale au plus tard 10 jours après la convocation du scrutin ;
  • et les regroupements d'électeurs bénéficiant du parrainage d'au moins 1 % des inscrits de la circonscription.

Répartition des sièges

Seules les listes ayant recueilli au moins 3 % des suffrages valides — incluant les bulletins blancs — peuvent participer à la répartition des sièges à pourvoir dans une circonscription, qui s'organise en suivant différentes étapes :

  • les listes sont classées en une colonne par ordre décroissant du nombre de suffrages obtenus ;
  • les suffrages de chaque liste sont divisés par 1, 2, 3... jusqu'au nombre de députés à élire afin de former un tableau ;
  • les mandats sont attribués selon l'ordre décroissant des quotients ainsi obtenus[30].

Lorsque deux listes obtiennent un même quotient, le siège est attribué à celle qui a le plus grand nombre total de voix ; lorsque deux candidatures ont exactement le même nombre total de voix, l'égalité est résolue par tirage au sort et les suivantes de manière alternative.

Campagne

Principales forces politiques

Force politiqueChef de fileIdéologieRésultats en 2010
Convergence et Union
Convergència i Unió
CiUArtur Mas
(Président de la Généralité)
Centre droit
Libéralisme, démocratie chrétienne, indépendantisme
38,4 % des voix
62 députés
Parti des socialistes de Catalogne
Partit dels Socialistes de Catalunya
PSCPere Navarro
(Maire de Terrassa)
Centre gauche
Social-démocratie, progressisme, catalanisme
18,4 % des voix
28 députés
Parti populaire
Partit Popular
PPAlicia Sánchez-CamachoCentre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne, unionisme
12,4 % des voix
18 députés
Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative
Iniciativa per Catalunya Verds - Esquerra Unida i Alternativa
ICV-EUiAJoan HerreraGauche
Écosocialisme, républicanisme, catalanisme
7,4 % des voix
10 députés
Gauche républicaine de Catalogne - Catalunya Sí
Esquerra Republicana de Catalunya - Catalunya Sí
ERC-CatSíOriol Junqueras
(Maire de Sant Vicenç dels Horts)
Gauche
Socialisme démocratique, républicanisme, indépendantisme
7,0 % des voix
10 députés
Ciutadans
Citoyens
CsAlbert RiveraCentre
Social-libéralisme, réformisme, unionisme
3,4 % des voix
3 députés
Solidarité catalane pour l'indépendance
Solidaritat Catalana per la Independència
SIAlfons López Tena (ca)Centre
Indépendantisme
3,3 % des voix
4 députés
Candidature d'unité populaire - Alternative de gauche
Candidatura d'Unitat Popular-Alternativa d'Esquerres
CUP-AEDavid FernàndezGauche radicale à extrême gauche
Socialisme, démocratie directe, indépendantisme
Absent

Résultats

Participation

Taux de participation aux élections au
Parlement de Catalogne[31]
Taux de participationEn 2010En 2012Différence
à 13 heures24,79 %29,43 %  4,64
à 18 heures48,39 %56,30 %  7,91
à 20 heures60,28 %69,77 %  9,49
final[c]58,78 %67,76 %  8,98

Total régional

Résultats des élections au Parlement de Catalogne de 2012[32]
PartisVoix%+/-Sièges+/-
Convergence et Union (CiU)1 116 25930,71 7,7250 12
Parti des socialistes de Catalogne (PSC)524 70714,43 3,9520 8
Gauche républicaine de Catalogne - Catalunya Sí (ERC-CatSí)498 12413,70 6,7021 11
Parti populaire (PP)471 68112,98 0,6119 1
Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative (ICV-EUiA)359 7059,90 1,5313 3
Ciutadans (Cs)275 0077,57 4,189 6
Candidature d'unité populaire - Alternative de gauche (CUP-AE)126 4353,48Abs3 3
Plateforme pour la Catalogne (PxC)60 1071,65 0,750
Solidarité catalane pour l'indépendance (SI)46 8381,29 2,000 4
Sièges en blanc (EB) (ca)28 2880,78 0,180
Parti animaliste contre la maltraitance animale (PACMA)20 8610,57 0,120
Pirates de Catalogne (PIRATES) (ca)18 2190,50 0,290
Autres listes36 0410,990
Blanc52 8981,45 1,48
Votes valides3 635 17099,10
Votes nuls33 1400,90
Total3 668 310100135
Abstentions1 745 55832,24
Inscrits / Participation3 668 31067,76

Par circonscription

CirconscriptionBarceloneGéroneLéridaTarragone
Sièges85 17 15 18
Nombre%Nombre%Nombre%Nombre%
Inscrits4 041 910100,00502 082100,00313 174100,00556 702100,00
Abstentions1 293 42832,00154 18930,71104 03133,22193 91034,83
Votants2 748 48268,00347 89369,29209 14366,78362 79265,17
Nuls23 3410,852 7710,802 3471,124 6811,29
Exprimés2 725 14199,15345 12299,20206 79698,88358 11198,71
PartisVoix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−Voix%Sièges+/−
CiU765 33028,0826  9148 23742,959 89 03543,058  1113 65731,747  2
PSC419 77915,4014  434 68810,052  121 59810,441  248 64213,583  1
ERC-CatSí346 66212,7212  661 35817,783  136 01117,413  254 09315,113  2
PP361 65613,2712 33 0969,592  123 33811,292 53 59114,963
ICV-EUiA303 62511,1410  220 3975,911 11 1455,391  124 5386,851
Cs229 7468,438  512 3413,580 6 8813,330 26 0397,271  1
CUP-AE92 7943,413  314 4994,200 6 3023,050 12 8403,590
PxC51 4031,890 3 3770,980 1 2240,590 4 1031,150
SI32 2961,190  36 0111,740  13 0381,470 5 4931,530
Autres83 8513,086 7991,974 0711,978 6882,43
Blanc37 9991,394 3191,254 1532,016 4271,79

Analyse

Suites

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

Articles connexes

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