Discussion:Seconde Guerre mondiale/Brouillon

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Seconde Guerre mondiale
Description de cette image, également commentée ci-après
Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir d'en haut à gauche : Troupes chinoises à Wuhan ; canon australien lors de la bataille d'El Alamein ; Stukas allemands sur le Front de l'Est ; Navires américains dans les Philippines ; Wilhelm Keitel signant la capitulation allemande ; troupes soviétiques lors de la bataille de Stalingrad
Informations générales
Date -
Lieu Europe, Océan Pacifique, Asie, Moyen-Orient, Mer Méditerranée, Océan Atlantique, Afrique, Océanie, Océan Indien
Issue

Victoire des Alliés

Belligérants
Alliés

Drapeau de l'URSS Union soviétique
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Chine
Drapeau de la France France[n 1]
Drapeau de la Pologne Pologne[n 2]
Drapeau du Canada Canada
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande
Drapeau de la Grèce Grèce
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud
Drapeau de la République fédérative socialiste de Yougoslavie Yougoslavie
Drapeau de la Norvège Norvège
Drapeau de la Belgique Belgique

et autres
Axe

Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau du Japon Japon
Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau de la Hongrie Hongrie
Drapeau de la Roumanie Roumanie
Drapeau de la Bulgarie Bulgarie
Drapeau de la Croatie Croatie
Drapeau de la Slovaquie Slovaquie

Cobelligérants
Drapeau de la Finlande Finlande
Drapeau du Mandchoukouo Mandchoukouo
Drapeau de la Thaïlande Thaïlande

et autres
Commandants
Joseph Staline

Franklin Roosevelt
Winston Churchill

Tchang Kaï-chek
Adolf Hitler

Hirohito

Benito Mussolini
Pertes
Morts militaires :
Plus de 16 000 000

Morts civils :
Plus de 45 000 000Total :
Plus de 61 000 000

plus de détails
Militaires :
Plus de 8 000 000

Morts civils :
Plus de 4 000 000Total :
Plus de 12 000 000

plus de détails

La Seconde Guerre mondiale, ou Deuxième Guerre mondiale[n 3], fut un conflit armé à l'échelle planétaire qui dura du au . Il impliqua une large majorité des pays du monde qui se regroupèrent schématiquement en deux camps : les Alliés et l'Axe. Le conflit entraîna la mort de plus de 60 millions de personnes ce qui en fait certainement le plus meurtrier de l'histoire.

Du fait du règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale et de la montée des nationalismes, les relations internationales se détériorèrent dans les années 1930. L'Empire du Japon entra en guerre contre la Chine en 1937 mais on considère que la Seconde Guerre mondiale a commencé le 1er septembre 1939 avec l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie suivie par les déclarations de guerre de la France et du Royaume-Uni. L'Axe fut initialement victorieux mais l'entrée en guerre de l'Union soviétique et des États-Unis en 1941 changea l'équilibre des forces. Les Alliés reprirent les territoires perdus et la guerre se termina par les capitulations de l'Allemagne et du Japon en 1945.

Le conflit fut une « guerre totale » dans laquelle les belligérants mirent l'ensemble de leurs ressources humaines, industrielles et technologiques au service de l'effort de guerre, ce qui gomma la distinction entre civils et militaires. Elle fut marqué par d'innombrables crimes de guerre perpétrés par les deux camps. En Europe, les nazis organisèrent l'extermination industrielle de populations entières comme les Juifs ou les Tziganes, le massacre délibéré de civils et de prisonniers de guerre principalement d'origine slave, l’enrôlement de force de millions de travailleurs et la persécution de nombreuses minorités. En Asie, les Japonais se livrèrent également à de nombreuses exactions contre les civils, principalement en Chine. Les Alliés furent aussi coupables des crimes de guerre, bien que non comparables à ceux de l'Axe, comme les représailles soviétiques contre les civils dans les zones libérées et les bombardements stratégiques des zones urbaines. Au final les victimes civiles représentèrent les deux-tiers des pertes liées au conflit.

La Seconde Guerre mondiale modifia profondément les relations diplomatiques et les structures sociales du monde. L'Organisation des Nations unies (ONU) fut créée pour promouvoir la coopération internationale et empêcher de futurs conflits. L'Union soviétique et les États-Unis émergèrent comme deux superpuissances mais leur antagonisme entraîna le début de la Guerre froide qui dura pendant près d'un demi-siècle. Le conflit marqua également le déclin des puissances européennes et le début de la décolonisation. La plupart des pays dont les industries avaient été dévastées connurent une période de prospérité économique dans l'après-guerre.

Chronologie

Les historiens considèrent généralement que la Seconde Guerre mondiale a commencé le 1er septembre 1939 avec l'invasion de la Pologne par l'Allemagne[1]mais d'autres proposent qu'elle aurait commencé le 7 juillet 1937 avec le début de la guerre sino-japonaise[2],[3].

Il existe également des divergences sur la date de fin de la guerre. Le 2 septembre 1945, date de la signature de la capitulation japonaise, est souvent cité même si les combats avaient officiellement cessés le 8 mai en Europe et le 15 août en Asie. Néanmoins le traité traité de paix avec le Japon ne fut signé qu'en 1951[4] et celui avec l'Allemagne qu'en 1990[5].

Contexte

Origines du conflit en Europe

Le bouleversement géopolitique de la Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale et la défaite des empires centraux modifièrent profondément la carte de l'Europe. Les traités de Versailles, Saint-Germain-en-Laye, Trianon et Neuilly créèrent de nouveaux États sur les décombres de l'Autriche-Hongrie et des empires ottoman et russe tandis que les vainqueurs comme la France, la Belgique, l'Italie, la Grèce et la Roumanie reçurent de nouveaux territoires. Malgré les mouvements pacifistes de l'après-guerre[6],[7], les pertes territoriales alimentèrent les idées irrédentistes et revanchistes dans de nombreux pays européens. Dans le même temps, la guerre civile qui avait éclaté en Russie après l'effondrement de l'Empire déboucha sur la création de l'Union soviétique[8].

L'Empire allemand disparut pendant la révolution allemande de 1918-1919 et fut remplacé par un gouvernement démocratique appelé par la suite république de Weimar. L'Entre-deux-guerres fut marqué par de nombreux affrontements entre les partisans de la république et les extrémistes de droite et de gauche. Même si l'Italie se trouvait du côté des vainqueurs, les nationalistes italiens considéraient que les promesses faites par le Royaume-Uni et la France en 1915 pour obtenir l'entrée en guerre du pays n'avaient pas été satisfaites par les traités de paix. Entre 1922 et 1925, le mouvement fasciste mené par Benito Mussolini s'empara du pouvoir en Italie et imposa un régime totalitaire et nationaliste qui abolit la démocratie, réprima les mouvements socialistes et libéraux et entreprit une politique étrangère agressive visant à faire de l'Italie une puissance mondiale sous la forme d'un nouvel Empire romain[9].

Carte postale japonaise de 1938 célébrant la signature du pacte antikomintern

Crise économique mondiale et arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne

Après la forte croissance économique des années 1920, la Grande Dépression des années 1930 entraîna une large augmentation du chômage et du mécontentement social. En Europe, les démocraties furent affaiblies et des régimes autoritaires furent installés en Hongrie, en Pologne et en Grèce. Après une tentative ratée pour renverser le gouvernement allemand en 1923, le parti nazi profita du marasme économique pour accéder au pouvoir en 1933. Son chef Adolf Hitler abolit la démocratie, appliqua une politique raciste et totalitaire et entreprit immédiatement une politique de réarmement massif[10]. Violant les dispositions du traité de Versailles et des accords de Locarno, il réintroduisit le service militaire en 1935 et remilitarisa la Rhénanie en 1936 sans que les autres puissances européennes ne réagissent[11],[12].

La division face à la montée de la menace allemande

Dans l'espoir de contenir l'expansion allemande, le Royaume-Uni, la France et l'Italie formèrent le front de Stresa en avril 1935. Néanmoins la signature d'un accord naval entre l'Allemagne et le Royaume-Uni en juin affaiblit la cohésion du front qui fut dissous après l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie en 1936. Se sentant menacée par les idées nazies d'expansion vers l'Est, l'Union soviétique signa un traité d'assistance mutuelle avec la France en mai 1935 mais il ne fut jamais véritablement appliqué[13],[14]. Après la Première Guerre mondiale, les États-Unis avaient adopté une politique isolationniste qui fut confirmée par le vote des Neutrality Acts (en) dans les années 1930[15].

Rapprochement de l'Allemagne et de l'Italie : l'Axe Berlin-Rome

Lorsque la guerre civile espagnole éclata en juillet 1936, Hitler et Mussolini apportèrent leur aide aux nationalistes opposés aux républicains soutenus par l'Union soviétique. Les deux camps utilisèrent le conflit pour tester de nouvelles armes et tactiques militaires[16] et les nationalistes remportèrent la victoire au début de l'année 1939. En novembre 1936, l'Allemagne et l'Italie formèrent l'Axe Rome-Berlin et l'Allemagne et le Japon signèrent le pacte antikomintern qui fut rejoint l'année suivante par l'Italie.

Politique expansionniste agressive de l'Allemagne

En mars 1938, l'Allemagne annexa l'Autriche sans véritable opposition de la part des autres puissances européennes qui privilégiaient une politique d'apaisement[17]. Hitler fit alors connaître ses revendications sur la région des Sudètes (Tchécoslovaquie) majoritairement peuplée par des Allemands ; la France et le Royaume-Uni acceptèrent ces exigences lors des accords de Munich contre l'avis du gouvernement tchécoslovaque en l'échange de la promesse qu'il n'y aurait pas d'autres revendications territoriales[18]. L'Allemagne et l'Italie obligèrent néanmoins la Tchécoslovaquie à céder de nouveaux territoires à la Hongrie et à la Pologne[19]. En mars 1939, l'Allemagne envahit le reste de la Tchécoslovaquie qui fut divisée entre le protectorat de Bohême-Moravie et le régime fantoche de la république slovaque[20].

Lorsqu'Hitler fit de nouvelles revendications concernant Dantzig, la France et le Royaume-Uni garantirent l'indépendance de la Pologne ; après la conquête de l'Albanie par l'Italie en avril, la même garantie fut élargie à la Roumanie et à la Grèce[21]. Peu après la promesse franco-britannique à la Pologne, l'Allemagne et l'Italie formalisèrent leur alliance par le pacte d'Acier.

En août 1939, l'Allemagne et l'Union soviétique signèrent le pacte germano-soviétique[22], un accord de non-agression comportant des protocoles secrets délimitant les sphères d'influences des deux pays : l'ouest de la Pologne et la Lituanie pour l'Allemagne et l'est de la Pologne, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie et la Bessarabie pour l'URSS.

Origines du conflit en Asie

Soldats chinois à Shanghai en 1937

En Chine, le parti du Kuomintang mena une offensive contre les seigneurs de la guerre et unifia nominalement la Chine dans le milieu des années 1920 ; il fut néanmoins rapidement impliqué dans une guerre civile avec ses anciens alliés communistes[23]. En 1931, le régime de plus en plus militariste de l'Empire du Japon chercha à établir une domination japonaise en Asie et exploita l'incident de Mukden pour envahir la Mandchourie et y installer le régime fantoche du Mandchoukouo[24].

Incapable de s'opposer au Japon, la Chine demanda l'aide de la Société des Nations. Le Japon quitta l'organisation après avoir été condamné pour son invasion en Mandchourie. Les deux nations continuèrent de s'affronter à Shanghai, dans le Rehe et dans le Hebei jusqu'à la signature d'une trêve en 1933.

En juillet 1937, les troupes japonaises capturèrent l'ancienne capitale impériale chinoise de Pékin après avoir organisé l'incident du pont Marco Polo et se lancèrent dans la conquête de la Chine[25]. Les Japonais progressèrent rapidement dans le nord et s'emparèrent de Shanghai après trois semaines de combats. Le généralissime Tchang Kaï-chek se replia alors vers la capitale chinoise de Nankin et la chute de la ville en décembre 1937 fut suivie par le massacre de Nankin.

En juin 1938, les forces chinoises stoppèrent l'avancée chinoise en inondant (en) la vallée du fleuve Jaune ; malgré son immense coût humain, la manœuvre ne permit pas d'empêcher la prise de Wuhan en octobre[26]. Devant l'immensité des territoires à contrôler et la résistance chinoise, la progression japonaise s'enlisa néanmoins rapidement. Du côté chinois les nationalistes et les communistes signèrent une trève pour former un front uni contre les Japonais et le gouvernement se replia à Chongqing pour poursuivre le combat[27].

À la suite de multiples accrochages durant les mois précédents, l'Union soviétique repoussa une offensive japonaise le 29 juillet 1938 lors de la bataille du lac Khassan. Les Japonais refusèrent de reconnaître leur défaite et lancèrent une attaque en Mongolie le 11 mai 1939. Malgré des succès initiaux, l'armée japonaise du Guandong fut sévèrement battue lors de la bataille de Halhin Gol[28]. Ces défaites convainquirent le gouvernement japonais d'éviter toute confrontation avec l'Union soviétique et de tourner son attention vers les possessions américaines et européennes dans le Pacifique.

Déroulement du conflit

Début de la guerre en Europe (1939)

Blindés allemands pendant l'invasion de la Pologne en septembre 1939.

Le 1er septembre 1939, l'Allemagne et la Slovaquie attaquèrent la Pologne[29]. Le 3 septembre, la France et le Royaume-Uni suivi par les dominions du Commonwealth (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud) déclarèrent la guerre à l'Allemagne[30] mais l'aide à la Pologne se limita à une brève offensive française dans la Sarre[31]. Ils mirent néanmoins en place un blocus de l'Allemagne pour affaiblir son effort de guerre[32].

En application du pacte germano-soviétique, l'Union soviétique envahit également la Pologne le 17 septembre[33]. Les combats cessèrent à la fin du mois et la Pologne fut partagée entre l'Allemagne et l'Union soviétique tandis que la Slovaquie et la Lituanie reçurent quelques territoires. Dans le même temps, le Japon lança une première offensive contre Changsha, une ville stratégique dans le sud de la Chine, mais elle fut repoussée à la fin du mois de septembre[34].

À la suite de l'invasion de la Pologne, l'Union soviétique obligea les États baltes à signer des accords d'« assistance mutuelle » qui se traduisirent par leur occupation militaire puis par leur annexion en mai 1940[35],[36],[37]. La Finlande rejeta les demandes soviétiques et fut attaquée en novembre[38]. Malgré la résistance finlandaise, la guerre d'Hiver se termina en mars 1940 par la signature du traité de Moscou qui amputait la Finlande de 10 % de son territoire mais préservait son indépendance[39].

En Europe de l'Ouest, les belligérants se faisaient face dans ce qui fut surnommé la drôle de guerre et aucune opération majeure n'eut lieu avant avril 1940[40]. En février 1940, L'Allemagne signa des accords commerciaux avec l'Union soviétique pour contourner le blocus allié et obtenir des matières premières en échange de produits industriels et militaires[41].

En avril 1940, l'Allemagne envahit le Danemark et la Norvège pour sécuriser ses approvisionnements en fer suédois[42]. Le Danemark capitula immédiatement et la Norvège fut conquise en deux mois malgré l'opposition des Français et des Britanniques[43]. En mai 1940, le Royaume-Uni envahit l'Islande pour empêcher une possible invasion allemande de l'île. Le mécontentement sur la gestion de la campagne de Norvège entraîna le remplacement du premier ministre Neville Chamberlain par Winston Churchill[44].

Progression de l'Axe (1940)

Troupes allemandes défilant devant l'Arc de triomphe de Paris

Le 10 mai 1940, l'Allemagne lança une offensive contre la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg en utilisant efficacement les tactiques de la blitzkrieg[45]. Les troupes alliées imprudemment avancées en Belgique furent contournées au sud par les Allemands qui traversèrent la forêt ardennaise[46] que les stratèges français considéraient comme infranchissable par les véhicules motorisés[47]. Encerclés en Belgique, environ 200 000 soldats britanniques et 140 000 français furent évacués depuis Dunkerque au début du mois de juin mais durent abandonner tous leurs équipements lourds[48]. Également prises à revers, les fortifications de la ligne Maginot se révélèrent inutiles et l'ensemble du front français s'effondra. Les Allemands progressèrent rapidement et prirent Paris le 14 juin. Le 10 juin, l'Italie entra en guerre et envahit la France[49] ; douze jours plus tard, la France signa un armistice et fut divisée entre des zones d'occupations allemande et italienne[50] et une zone libre gouvernée par le Régime de Vichy. Le 3 juillet, la Royal Navy détruisit la flotte française à Mers el-Kébir en Algérie pour empêcher sa possible capture par les Allemands[51]. Après la défaite, les gouvernements belge et hollandais et les Français libres se réfugièrent à Londres où ils rejoignirent les gouvernements norvégiens et polonais également en exil.

Après la défaite française, l'Allemagne mena une campagne aérienne contre le Royaume-Uni en préparation d'une invasion[52]. Les attaques ne parvinrent pas à détruire la Royal Air Force et les plans d'invasion furent annulés en septembre[52]. Les sous-marins allemands furent déployés dans les ports français capturés pour accroitre la pression sur le commerce britannique dans l'Atlantique[53]. Après son entrée en guerre, l'Italie initia le siège de Malte en juin, envahit le Somaliland britannique en août et entra dans l'Égypte contrôlée par les Britanniques en septembre 1940. Le Japon accrut son blocus de la Chine en septembre en profitant de l'effondrement de la France pour s'emparer de plusieurs bases dans le nord de l'Indochine[54].

Tout au long de cette période, les États-Unis restèrent officiellement neutres mais prirent des mesures pour soutenir la Chine et les Alliés. En novembre 1939, le Neutrality Act fut amendé pour permettre aux Alliés d'acheter des armes américaines[55]. En 1940, après la chute de Paris, la taille de la marine américaine fut largement accrue et les États-Unis établirent un blocus des livraisons d'acier et de produits industriels à destination du Japon pour condamner son incursion en Indochine[56]. En septembre, les États-Unis acceptèrent de céder des destroyers au Royaume-Unis en échange de bases militaires britanniques[57]. L'année suivante, la loi Prêt-Bail fut adoptée pour faciliter l'aide à la Chine et au Royaume-Uni[58] et une clause établissait une zone de sécurité s'étendant sur la moitié de l'Atlantique dans laquelle la marine américaine escortait les convois britanniques[59]. Malgré les nombreux accrochages dans l'Atlantique entre les marines allemande et américaine, une large majorité de l'opinion publique américaine continua de s'opposer à toute implication directe dans le conflit jusqu'en 1941.

À la fin du mois de septembre 1940, le pacte tripartite établit formellement l'alliance de l'Allemagne de l'Italie et du Japon au sein de l'Axe Rome-Berlin-Tokyo ; ils furent rejoints en novembre par la Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie[60]. En octobre 1940, l'Italie attaqua la Grèce mais fut rapidement repoussée et immobilisée en Albanie[61]. En décembre 1940, les forces britanniques lancèrent des contre-offensives contre les forces italiennes en Égypte et en Afrique orientale italienne[62]. Après avoir repoussé les Italiens en Libye, Churchill ordonna l'envoi de troupes pour soutenir les Grecs[63]. La marine italienne subit de lourdes pertes à Tarente et au cap Matapan[64].

Pour soutenir son allié italien en difficulté, Hitler envoya des troupes allemandes en Libye en février et à la fin du mois de mars, elles lancèrent une offensive contre les forces britanniques épuisées[65]. En moins d'un mois, celles-ci furent repoussées en Égypte et des éléments furent encerclées dans le port de Tobrouk[66]. Les Britanniques lancèrent sans succès une offensive en mai et une autre en juin pour chasser les forces de l'Axe[67]. Au début du mois d'avril, après l'entrée de la Bulgarie dans l'Axe, les Allemands profitèrent d'un coup d'État en Yougoslavie pour envahir le pays et continuer jusqu'en Grèce. La campagne fut très rapide et les forces alliées furent obligées d'évacuer après la chute de l'île de Crète à la fin du mois de mai[68].

Vigie britannique à Londres pendant la bataille d'Angleterre

Les Alliés connurent néanmoins quelques succès durant cette période. Au Moyen-Orient, les forces britanniques écrasèrent un coup d'État en Irak qui était soutenu par des appareils allemands depuis des bases contrôlées par le Régime de Vichy en Syrie[69]; le territoire fut envahi pour supprimer la menace[70]. Dans l'Atlantique, le moral britannique fut renforcé par la destruction du navire-amiral de la flotte allemande, le Bismarck, qui entraina le retrait des navires de surface allemands de l'Atlantique[71]. De plus, la Royal Air Force s'opposa avec succès aux attaques allemandes et les bombardements aériens avaient en grande partie cessés en mai 1941.

En Asie, malgré plusieurs offensives de chaque côté, la situation évolua peu en 1940. Au mois d'août, les communistes chinois lancèrent une attaque dans le centre de la Chine et en représailles, le Japon appliqua une politique brutale pour tenter de réduire la guérilla dans les zones occupées[72]. L'antagonisme latent entre les nationalistes et les communistes chinois culmina lors d'une série d'affrontements en janvier 1941 qui mit fin à leur coopération[73].

La situation en Asie et en Europe étant relativement calme, l'Allemagne, le Japon et l'Union soviétique se préparèrent à la suite des opérations. Comme les Soviétiques s'inquiétaient de la montée des tensions avec l'Allemagne et que les Japonais souhaitaient profiter de la guerre en Europe pour s'emparer des riches possessions occidentales en Asie du Sud-Est, les deux puissances signèrent un pacte de non-agression en avril 1941[74]. À l'inverse, les Allemands se préparaient à une attaque contre l'Union soviétique et amassaient des forces le long de leur frontière commune[75].

Mondialisation du conflit (1941)

Carte animée des combats en Europe
Troupes allemandes à Kharkov en octobre 1941
Un char et des soldats à skis progressant dans une plaine enneigée
Contre-attaque soviétique pendant la bataille de Moscou en décembre 1941

Le 22 juin 1941, l'Allemagne, les autres membres de l'Axe en Europe et la Finlande, envahirent l'Union soviétique lors de l'opération Barbarossa. Les objectifs principaux de cette offensive surprise[76] étaient la région de la Baltique, Moscou et l'Ukraine et il était prévu que les troupes allemandes atteignent une ligne Arkhangelsk-Astrakhan à la fin de l'année 1941. Hitler voulait ainsi anéantir la puissance militaire de l'Union soviétique, détruire le communisme, créer un Lebensraum (« espace vital »)[77] en éliminant les populations locales[78] et garantir l'accès aux ressources naturelles nécessaires pour vaincre les derniers adversaires de l'Allemagne[79].

Durant l'été, les troupes de l'Axe progressèrent rapidement dans le territoire soviétique et infligèrent de lourdes pertes en hommes et en matériel à l'Armée rouge. La résistance soviétique était cependant plus forte que prévu et au milieu du mois d'août, le haut-commandement allemand décida d'interrompre l'offensive vers Moscou en raison de l'épuisement du groupe d'armées Centre et de réorienter ses unités vers l'Ukraine et Leningrad[80]. La bataille de Kiev fut une écrasante victoire allemande qui vit l'encerclement et la destruction de quatre armées soviétiques ; elle permit aux Allemands d'entrer en Crimée et de s'emparer de la région industrielle du Donbass après la première bataille de Kharkov[81].

Le déploiement des trois-quart des troupes de l'Axe et de la majorité de ses forces aériennes sur le front de l'Est[82] poussa le Royaume-Uni à reconsidérer sa stratégie[83]. En juillet, le Royaume-Uni et l'Union soviétique formèrent une alliance militaire contre l'Allemagne[84] et les deux pays envahirent l'Iran pour sécuriser le corridor perse et les champs pétrolifères de la région[85]. En août, le Royaume-Uni et les États-Unis publièrent la charte de l'Atlantique[86].

En octobre, les objectifs opérationnels en Ukraine et dans la Baltique étant remplis, même si les sièges de Leningrad[87] et de Sébastopol[88] continuaient, l'offensive contre Moscou fut relancée. Après deux mois de combats, l'armée allemande était presque arrivée dans les faubourgs de la capitale soviétique mais ses troupes étaient épuisées et l'attaque fut stoppée le 5 décembre[89]. Les Allemands et leurs alliés s'étaient emparés de territoires considérables mais l'objectif principal de la campagne, à savoir la destruction de l'Armée rouge, n'avait pas été rempli.

Durant l'automne, les renseignements fournis par l'espion soviétique Richard Sorge indiquèrent que le Japon n'avait pas l'intention d'attaquer l'Union soviétique et que les troupes basées en Extrême-Orient pouvaient être rapatriées sans danger à l'Ouest[90]. Cela associé à la mobilisation de nouvelles réserves[91] permit à l'Armée rouge de lancer une vaste contre-offensive durant l'hiver 1941-1942 qui fit reculer les Allemands sur plusieurs centaines de kilomètres et réduisit la menace sur Moscou[92].

Les succès allemands en Europe poussèrent le Japon à accroître la pression sur les gouvernements européens en Asie du Sud-Est. Le gouvernement hollandais accepta de lui fournir du pétrole produit dans les Indes orientales néerlandaises et le Régime de Vichy lui céda le contrôle de l'Indochine[93]. En juillet 1941, les États-Unis, le Royaume-Uni et les autres gouvernements occidentaux réagirent à cette prise de pouvoir en gelant les avoirs japonais et en instaurant un embargo complet sur le pétrole à destination du Japon[94]. Les Japonais étaient donc contraint de choisir entre abandonner leurs ambitions en Asie ou se procurer par la force les ressources qui leur manquaient ; les militaires japonais n'envisagèrent même pas la première possibilité et de nombreux officiers considéraient que l'embargo était équivalent à une déclaration de guerre[95].

Le Japon planifia de s'emparer rapidement des possessions occidentales en Asie pour créer un périmètre défensif dans le Pacifique central ; les Japonais pourraient ainsi exploiter leurs conquêtes et mener une guerre défensive jusqu'à ce que les Alliés épuisés demandent la paix[96]. Pour empêcher une contre-attaque américaine pendant la création de ce périmètre défensif, il fut décidé d'anéantir la flotte américaine du Pacifique dès le début des hostilités[97]. Le 7 décembre (le 8 en Asie) 1941, le Japon lança des offensives simultanées à Pearl Harbor, en Malaisie, en Thaïlande et à Hong-Kong[98].

Reddition des troupes britanniques durant la bataille de Singapour en février 1942

Ces attaques entraînèrent l'entrée en guerre des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie et d'autres pays contre le Japon tandis que l'Union soviétique préféra maintenir l'accord de neutralité pour éviter une guerre sur deux fronts[99],[100]. L'Allemagne et les autres pays de l'Axe répondirent en déclarant la guerre aux États-Unis. En janvier, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union soviétique, la Chine et 22 autres gouvernements signèrent la déclaration des Nations unies et s'engagèrent à ne pas négocier de paix séparée avec les puissances de l'Axe[101].

À la fin du mois d'avril 1942, le Japon avait presque entièrement conquis la Birmanie, la Malaisie, les Indes orientales néerlandaises, les Philippines, Singapour et Rabaul[102] ; les troupes alliées furent décimées et de nombreux soldats avaient été faits prisonniers. Les forces japonaises furent tout aussi victorieuses sur mer ; elles battirent les flottes alliées dans le sud de la mer de Chine (en), dans la mer de Java et dans océan Indien (en)[103] et bombardèrent la base alliée de Darwin en Australie. Le seul véritable succès allié à cette période fut la victoire chinoise à Changsha au début du mois de janvier 1942[104].

L'Allemagne conserva également l'initiative. Malgré des pertes considérables, les troupes de l'Axe enrayèrent la progression soviétique dans le centre et le sud de l'Union soviétique et conservèrent une grande partie des territoires conquis l'année précédente[105]. Dans l'Atlantique, les sous-marins allemands profitèrent de la désorganisation américaine pour décimer les convois alliés le long de la côte est des États-Unis[106]. En Afrique du Nord, une offensive alliée en novembre 1941 obligea les forces de l'Axe à abandonner le siège de Tobrouk et à se replier. Néanmoins, les Allemands et les Italiens exploitèrent l'étirement des lignes de ravitaillement britanniques pour contre-attaquer et le front de stabilisa près de Gazala en janvier[107].

Tournant de la guerre (1942)

Le porte-avions USS Wasp en feu peu avant son naufrage le 15 septembre 1942
Tireurs d'élite soviétiques pendant la bataille de Stalingrad

Au début du mois de mai 1942, le Japon lança une opération maritime visant à capturer Port Moresby en Nouvelle-Guinée pour couper les lignes de communication et de ravitaillement entre les États-Unis et l'Australie. Les Alliés interceptèrent néanmoins les forces navales japonaises lors de la bataille de la mer de Corail[108]. À la suite du raid de Doolittle, le Japon décida d'étendre son périmètre défensif vers l'Est en prenant le contrôle des Îles Midway et d'attirer les porte-avions américains dans un piège pour les détruire ; lors d'une opération de diversion, les Japonais envoyèrent également des troupes pour occuper les îles Aléoutiennes en Alaska[109]. Le plan japonais fut mis en application en juin mais les Américains, qui avaient cassé les codes secrets japonais à la fin du mois de mai, connaissaient leurs objectifs et leurs forces et la marine impériale japonaise subit une sévère défaite lors de la bataille de Midway[110].

Comme ses capacités militaires offensives avaient été grandement diminuées à Midway, le Japon décida de capturer Port Moresby avec une offensive terrestre le long de la piste Kokoda[111]. Dans le même temps, les Américains planifièrent une contre-attaque contre les positions japonaises dans le sud des îles Salomon principalement à Guadalcanal pour pouvoir ensuite capturer la principale base japonaise dans la région à Rabaul[112].

Les deux offensives débutèrent en juillet mais en septembre, les Japonais décidèrent de stopper leur offensive contre Port Moresby pour se concentrer sur la bataille de Guadalcanal. Les deux camps déployèrent d'importants moyens terrestres, aériens et maritimes pour prendre le contrôle de l'île mais en janvier 1943, les Japonais furent obligés de se replier[113]. En Birmanie, les troupes britanniques organisèrent deux opérations. La première, dans la région de l'Arakan tourna au désastre et les Japonais progressèrent jusqu'aux portes de l'Inde en mai 1943[114]. La seconde, le déploiement en février de troupes irrégulières à l'arrière des lignes japonaises, eut une efficacité militaire limitée[115].

Sur le front de l'Est, l'Axe repoussa des offensives soviétiques dans la péninsule de Kertch et à Kharkov[116] puis lança sa principale offensive d'été contre le Sud de la Russie en juin 1942 pour s'emparer des puits de pétrole du Caucase tout en maintenant ses positions au centre et au nord du front. Les Allemands divisèrent le groupe d'armées Sud en deux groupes : le groupe d'armées A devant se diriger vers le Caucase tandis que le groupe d'armées B protégeait son flanc nord en avançant vers la Volga[117].

Un char britannique Crusader contourne un Panzer IV allemand détruit pendant l'opération Crusader en novembre 1941.

Au milieu du mois de novembre, les Allemands s'étaient presque emparés de Stalingrad après de violents combats quand les Soviétiques lancèrent leur offensive d'hiver. L'opération Uranus entraîna l'encerclement des forces allemandes combattants à Stalingrad[118] tandis qu'une attaque simultanée dans la région de Moscou échoua complètement[119]. Au début du mois de février 1943, les troupes encerclées dans Stalingrad se rendirent et la ligne de front avait été ramenée où elle se trouvait avant l'offensive d'été[120]. Alors que la progression soviétique ralentissait, les Allemands contre-attaquèrent à Kharkov et créèrent un saillant autour de la ville de Koursk[121].

Craignant que les Japonais utilisent les bases de Madagascar alors contrôlé par le Régime de Vichy, les Britanniques envahirent l'île en mai 1942[122]. Ce succès fut contrebalancé peu après par une offensive en Libye qui repoussa les Alliés jusqu'en Égypte où ils parvinrent à stopper la progression de l'Axe à El Alamein[123]. Sur le Continent, les raids des commandos contre des cibles stratégiques culminèrent dans le désastreux débarquement de Dieppe[124] qui démontra l'incapacité des Alliés occidentaux à lancer une invasion de l'Europe[125].

En août 1942, les Alliés repoussèrent une seconde attaque contre El Alamein[126] et parvinrent, malgré de lourdes pertes, à ravitailler l'île de Malte[127]. Quelques mois plus tard, les Alliés passèrent à l'offensive en Égypte et repoussèrent les troupes de l'Axe jusqu'en Libye[128]. Cette attaque fut rapidement suivi par des débarquements anglo-américains en Afrique du Nord française et la région rejoignit les Alliés[129]. Hitler répondit à la défection de la colonie vichyste en ordonnant l'occupation de la zone libre[129] ; les troupes françaises ne réagirent pas à cette violation de l'armistice mais la flotte parvint à se saborder pour empêcher sa capture[130]. Les forces de l'Axe en Afrique maintenant encerclées se replièrent en Tunisie et se rendirent en mai 1943[131].

Montée en puissance des Alliés (1943)

Vidéo alliée sur le bombardement de Hambourg de 1943
Il-2 soviétiques attaquant une colonne allemande durant la bataille de Koursk en juillet 1943

À la suite de la campagne de Guadalcanal, les Alliés initièrent plusieurs opérations dans le Pacifique. En mai 1943, les forces alliées reprirent le contrôle des îles Aléoutiennes[132], entreprirent d'isoler Rabaul en envahissant les îles voisines et de percer le périmètre défensif japonais en débarquant dans les îles Gilbert et Marshall[133]. À la fin du mois de mars 1944, ces deux objectifs avaient été remplis et les Alliés avaient également neutralisé la base japonaise de Truk dans les îles Carolines.

En Union soviétique, les Allemands et les Soviétiques passèrent le printemps et le début de l'été 1943 à préparer des offensives dans le centre de la Russie. Le 5 juillet 1943, l'Allemagne attaqua les troupes soviétiques déployées dans le saillant de Koursk. Malgré les importants moyens engagés, les défenses solides et bien organisées des Soviétiques enrayèrent l'offensive allemande en moins d'une semaine[134],[135] et celle-ci fut interrompue[136]. Cette décision était en partie liée aux débarquements alliés en Sicile le 9 juillet qui, associés aux précédents échecs italiens, entraîna la destitution et l'arrestation de Mussolini[137].

Le 12 juillet, les Soviétiques passèrent à l'offensive et ruinèrent les espoirs allemands d'une victoire ou même d'une stabilisation du front de l'Est. Après Koursk, les Allemands perdirent l'initiative[138] et furent de plus en plus contraints à la défensive devant la puissance grandissante de l'Armée rouge[137],[139]. Ils tentèrent de se replier sur la ligne Panther-Wotan hâtivement fortifiée mais les Soviétiques la franchirent lors des batailles de Smolensk et du Dniepr[140].

Au début du mois de septembre, les Alliés occidentaux débarquèrent en Italie à la suite de la capitulation italienne[141]. L'Allemagne répondit en désarmant les forces italiennes, en envahissant la péninsule[142] et en créant une série de lignes défensives[143]. Un commando allemand libéra Mussolini qui établit un État fantoche de l'Allemagne, la République sociale italienne[144]. Les Alliés furent stoppés sur la ligne Gustave au milieu du mois de novembre[145].

Les opérations allemandes dans l'Atlantique subirent également de nombreux revers. Les tactiques anti-sous-marines des Alliés devinrent tellement efficaces qu'en mai 1943, les Allemands décidèrent de retirer tous leurs sous-marins de l'Atlantique Nord et pour la première fois le tonnage marchand lancé par les Alliés dépassa le tonnage coulé[146]. En novembre 1943, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill rencontrèrent Tchang Kaï-chek au Caire[147] puis Joseph Staline à Téhéran[148]. La première porta sur la rétrocession des territoires japonais après la guerre[147] et lors de la seconde, les Alliés s'accordèrent sur l'ouverture d'un second front en Europe de l'Ouest en 1944 et l'Union soviétique accepta d'entrer en guerre contre le Japon trois mois après la défaite allemande[148].

En novembre 1943, les troupes japonaises prirent la ville de Changde mais durent se replier avec de lourdes pertes le mois suivant[149]. En janvier 1944, les Alliés tentèrent de franchir la ligne Gustave au niveau du mont Cassin et essayèrent de la contourner en débarquant à Anzio[150]. La progression alliée fut lente mais Rome fut libéré le 4 juin 1944[151].

Soldats britanniques utilisant des mortiers pendant la bataille d'Imphal en 1944

À la fin du mois de janvier, une importante offensive soviétique chassa les troupes allemandes de la région de Leningrad[152] mettant ainsi fin au siège le plus sanglant de l'histoire. L'offensive qui suivit (en) fut stoppée au niveau de l'ancienne frontière estonienne par le groupe d'armées Nord soutenu par des unités estoniennes[153]. À la fin du mois de mai 1944, les Soviétiques libérèrent la Crimée, chassèrent les forces de l'Axe d'une grande partie de l'Ukraine et firent des incursions en Roumanie qui furent rapidement repoussées[154].

Les Alliés connurent des succès limités en Asie. En mars 1944, les Japonais lancèrent une offensive contre les positions britanniques dans l'Assam[155] et encerclèrent les troupes du Commonwealth à Imphal et Kohima[156]. En mai, les forces britanniques contre-attaquèrent et repoussèrent les troupes japonaises en Birmanie[156] tandis que les forces chinoises qui étaient entrées dans le nord de la Birmanie à la fin de l'année 1943 assiégèrent les troupes japonaises à Myitkyina[157]. En Chine, le Japon essaya de détruire les principales forces chinoises, de sécuriser les voies ferrées entre les zones occupées et de capturer les bases aériennes utilisées par les Alliés[158]. En juin, les Japonais avaient pris le contrôle de la province du Henan et lancèrent une nouvelle attaque contre Changsha[159].

Le début de la fin (1944)

Omaha Beach après le débarquement de Normandie en juin 1944
Troupes soviétiques traversant une rivière en 1944
Résistants polonais pendant l'insurrection de Varsovie en août 1944

Le 6 juin 1944, les Alliés occidentaux débarquèrent dans le nord de la France mais restèrent immobilisés pendant deux mois dans le bocage normand. Un second débarquement fut organisé en Provence en août avec des troupes redéployées du front italien[160]. Les troupes alliées parvinrent finalement à percer le front en Normandie et progressèrent alors rapidement. Paris fut libéré le 25 août par la résistance soutenue par les forces françaises libres[161] et les Alliés continuèrent de repousser les forces allemandes jusqu'au mois de septembre. La résistance allemande se raidit durant l'automne et une importante opération aéroportée dans les Pays-Bas échoua. De même, les quelques avancées alliées en Belgique, en Lorraine et en Allemagne se firent au prix de lourdes pertes. En Italie, la progression alliée fut également stoppée par la dernière grande ligne de défense allemande.

Le 22 juin, les Soviétiques lancèrent une vaste opération en Biélorussie qui entraîna la destruction presque complète du groupe d'armées Centre allemand[162]. Peu après, l'offensive de Lvov–Sandomierz chassa les forces allemandes de l'ouest de l'Ukraine et de l'est de la Pologne. Cette avancée rapide des Soviétiques poussa la résistance polonaise à organiser plusieurs insurrections ; la plus importante d'entre-elles à Varsovie ainsi que le soulèvement slovaque, ne furent pas soutenus par les Soviétiques et furent écrasés par les Allemands[163]. L'offensive soviétique en Roumanie anéantit les troupes allemandes sur place et entraîna des coups d'États en Roumanie et en Bulgarie qui firent basculer les deux pays du côté des Alliés[164]

Devant l'avancée rapide des troupes soviétiques dans les Balkans en septembre 1944, les forces allemandes stationnées en Grèce, en Albanie et en Yougoslavie se replièrent vers le nord pour éviter l'encerclement[165]. À ce moment, les partisans communistes, qui avaient mené une campagne de guérilla contre les occupants depuis 1941 et contrôlaient une grande partie du territoire yougoslave, s'opposèrent au retrait allemand. Dans le nord de la Serbie, l'Armée rouge soutenue par les partisans et les Bulgares libéra Belgrade le 20 octobre. Devant les risques de défection de la Hongrie, Hitler ordonna l'occupation du pays en octobre et quelques jours plus tard, les Soviétiques lancèrent une large offensive qui se termina par la prise de Budapest en février 1945[166]. À l'inverse des rapides victoires soviétiques dans les Balkans, la forte résistance finlandaise lors de l'offensive soviétique dans l'isthme de Carélie entraîna la signature de l'armistice de Moscou suivant des termes relativement cléments pour la Finlande[167],[168] ; le pays rejoignit également les Alliés et chassa les troupes allemandes se trouvant sur son territoire.

Au début du mois de juillet, les forces britanniques en Birmanie repoussèrent les forces japonaises jusqu'au fleuve Chindwin[169] tandis que les troupes chinoises capturèrent Myitkyina. En Chine, les Japonais parvinrent finalement à rompre le front et capturèrent Changsha en juin et la ville de Hengyang au début du mois d'août[170]. Peu après, ils envahirent la province du Guangxi, battirent les forces chinoises à Guilin-Liuzhou à la fin du mois de novembre[171] et firent la jonction avec leurs forces en Indochine au milieu du mois de décembre[172].

Dans le Pacifique, les forces américaines continuèrent de progresser en direction du Japon. En avril, les Alliés lancèrent une attaque pour reprendre l'ouest de la Nouvelle-Guinée[173]. Au milieu du mois de juin 1944, ils commencèrent leur offensive dans les îles Mariannes et infligèrent une sévère défaite à la marine japonaise lors de la bataille de la mer des Philippines. Ces défaites entraînèrent la démission du premier ministre japonais Tōjō et les Américains prirent le contrôle de bases aériennes essentielles pour mener une campagne de bombardement aérien de l'archipel japonais. À la fin du mois d'octobre, les troupes américaines débarquèrent sur l'île de Leyte dans les Philippines et la flotte américaine remporta une nouvelle victoire décisive lors de la bataille du golfe de Leyte considérée comme l'une des plus grandes batailles navales de l'historie[174].

Effondrement de l'Axe (1945)

Jonction des troupes américaines et soviétiques sur l'Elbe le 25 avril 1945
Champignon atomique au-dessus de Nagasaki le 9 août 1945

Le 16 décembre 1944, l'Allemagne rassembla ses dernières réserves pour lancer une contre-attaque dans les Ardennes afin d'encercler de nombreuses troupes alliées, capturer le port d'Anvers essentiel à leur ravitaillement et essayer de pousser les Alliés à négocier[175]. L'offensive fut repoussée en janvier sans avoir rempli ses objectifs[175]. En Italie, les attaques alliées échouèrent à nouveau à percer la ligne défensive allemande. Au milieu du mois de janvier, les Soviétiques attaquèrent en Pologne, progressèrent jusqu'à l'Oder et envahirent la Prusse-Orientale[176]. Le 4 février, les dirigeants soviétiques, américains et britanniques se réunirent à Yalta et s'accordèrent sur la future occupation de l'Allemagne[177] et les modalités de l'entrée en guerre de l'URSS contre le Japon[178].

En février, les Soviétiques envahirent la Silésie et la Poméranie tandis que les Alliés occidentaux entrèrent dans l'ouest de l'Allemagne et se rapprochèrent du Rhin. En mars, ils traversèrent le fleuve au nord et au sud de la Rhur et encerclèrent de nombreuses troupes allemandes[179] tandis que les Soviétiques approchaient de Vienne. En avril, les Alliés occidentaux brisèrent finalement le front italien, envahirent une grande partie de l'Allemagne de l'Ouest et les Soviétiques prirent d'assaut Berlin ; les fronts de l'Est et de l'Ouest firent leur jonction sur l'Elbe le 25 avril. Cinq jours plus tard, la prise du Reichstag marqua la défaite militaire du Troisième Reich[180].

Le 12 avril, le président américain Franklin Roosevelt mourut et fut remplacé par Harry Truman. Benito Mussolini fut tué par des résistants italiens le 28 avril[181]. Deux jours plus tard, Hitler se suicida et le grand amiral Karl Dönitz lui succéda[182].

Les forces allemandes en Italie se rendirent le 29 avril et la capitulation allemande fut signée le 7 mai à Reims[183] et ratifiée le 8 mai à Berlin. Les soldats allemands continuèrent néanmoins de combattre à Prague jusqu'au 11 mai[184].

Dans le Pacifique, les forces américaines soutenues par les unités philippines poursuivirent leur reconquête des Philippines en débarquant à Luçon et en reprenant Manille après de violents combats. La résistance japonaise se poursuivit dans l'archipel jusqu'à la fin de la guerre[185].

En mai 1945, les troupes australiennes débarquèrent à Borneo et capturèrent les champs pétrolifères de l'île. Les Japonais basés dans le nord de la Birmanie furent battus et les Britanniques atteignirent Rangoun le 3 mai[172]. Les forces chinoises commencèrent à contre-attaquer dans le sud de la Chine et le front japonais s'écroula complètement. Les Américains continuèrent de se rapprocher du Japon et s'emparèrent des îles d'Iwo Jima en mars et d'Okinawa en juin[186]. Les bombardiers américains basés dans les îles Mariannes détruisirent les principales villes japonaises et les sous-marins alliés coulèrent une grande partie des navires de commerce japonais pour isoler l'archipel[187].

Le 11 juillet, les dirigeants alliés se réunirent à Potsdam ; ils confirmèrent leurs précédents accords concernant l'Allemagne[188] et réitérèrent les demandes de capitulation sans conditions du Japon[189]. Durant la conférence, les élections générales britanniques de 1945 entraînèrent le remplacement de Winston Churchill par Clement Attlee au poste de premier ministre[189].

Comme le Japon continuait de refuser les termes dictés à Potsdam, les États-Unis bombardèrent Hiroshima et Nagasaki avec des bombes atomiques au début du mois d'août. Dans l'intervalle entre les deux attaques, les Soviétiques appliquèrent leurs engagements de Yalta et envahirent la Mandchourie, l'île de Sakhaline et les îles Kouriles[190],[191]. Le 15 août, le Japon capitula et la signature des documents officiels eut lieu le 2 septembre 1945 sur le pont du cuirassé américain USS Missouri[183].

Aspects humains et industriels

Pertes humaines

Les estimations du nombre total de victimes pendant la Seconde Guerre mondiale varient fortement car de nombreuses morts ne furent pas enregistrées. La plupart des études suggèrent qu'il y eut environ 60 millions de morts dont 20 millions de victimes militaires et 40 millions de civiles[192],[193]. Les pertes civiles, essentiellement soviétiques et chinoises, se répartirent à 85 % du côté allié contre 15 % pour l'Axe. Les maladies et les famines firent de nombreuses victimes mais les exactions allemandes et japonaises dans les territoires occupés furent la cause de la plupart des décès.

Génocides et crimes de guerre

Victimes du camp de concentration de Mauthausen

Au cours de la Shoah, les nazis exterminèrent près de six millions de juifs d'abord de façon artisanale avec des groupes mobiles puis de manière industrielle avec des camps d'extermination à partir de 1942[194]. En plus des juifs, des centaines de milliers de Roms, d'handicapés physiques et mentaux, d'homosexuels et d'opposants politiques furent persécutés et massacrés en Europe. Sur le front de l'Est, les politiques nazies visant à établir la domination allemande se traduisirent par la mort de deux millions de Polonais et d'entre 4,5 et 13,7 millions de Soviétiques[195],[196].

En Asie, les forces d'occupations japonaises tuèrent entre 4 et 12 millions de civils en Chine et entre 2 et 5 millions d'autres dans les autres territoires occupés[197],[198]. L'armée impériale japonaise utilisa diverses armes biologiques et chimiques durant l'invasion et l'occupation de la Chine[199],[200]. De même que dans les camps allemands, les Japonais pratiquèrent des expérimentations sur des civils[201] et des prisonniers de guerre[202].

Si de nombreux crimes de l'Axe furent jugés devant les premiers tribunaux internationaux à Nuremberg pour l'Allemagne et Tokyo pour le Japon[203], les crimes de guerre alliés ne le furent pas. De tels exemples incluent les transferts de population en Union soviétique (en), l'internement des Japonais-américains, l'expulsion des Allemands d'Europe de l'Est, le travail forcé des Allemands après la guerre (en) et le massacre de Katyń. Les morts lors des famines au Bengale en 1943 et au Viêt Nam en 1945 furent également en partie attribuées à la guerre[204]. Certains historiens ont avancé que les bombardements stratégiques contre des zones urbaines comme ceux de Tokyo ou de Dresde pouvaient être considérés comme des crimes de guerre[205].

Occupation

Pendaison de partisans soviétiques par les troupes allemandes en janvier 1943

En Europe, l'occupation allemande se fit de deux manières très différentes. À l'Est l'idéologie nazie encouragea une politique brutale à l'encontre des « sous-hommes » d'origine slave. Les avancées allemandes furent donc rapidement suivies d'exécutions de masse et de pillages à grande échelle en vue de préparer la colonisation des territoires conquis[206]. De même, lors de leur repli à partir de 1943, les troupes allemandes appliquèrent une politique de la terre brûlée impitoyable. L'Ouest n'était pas considéré comme un espace vital à vider pour que des Allemands puissent y prendre place mais l'économie des pays occupés fut néanmoins mise au service de l'effort de guerre et environ 40 % des revenus du Reich provenaient du pillage des pays occupés[207]. L'Allemagne déporta également environ 12 millions de civils, en majorité d'Europe de l'Est, pour servir de main d'œuvre forcée[208]. Dans toute l'Europe, les Allemands trouvèrent des soutiens qui leur permirent de faciliter l'exploitation des pays conquis. À l'inverse, des groupes de résistance se formèrent dans les pays occupés mais leurs actions n'entravèrent pas significativement les opérations allemandes à l'Est[209] ou à l'Ouest[210] avant la fin de l'année 1943.

En Asie, les pays occupés furent regroupés sous l'appellation de Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale devant permettre l'exploitation économique des territoires conquis au service du Japon[211]. Les Japonais furent initialement accueillis en libérateurs du colonialisme occidental mais leurs politiques brutales leur aliénèrent rapidement ces soutiens[212]. De même qu'en Europe, les Japonais forcèrent des millions de civils à travailler pour l'effort de guerre[213].

Fronts intérieurs

Assemblage de bombardiers B-25 dans l'usine North American de Kansas City en 1942

Du fait de son caractère de guerre totale, l'économie des belligérants joua un rôle décisif dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. Chacun des deux camps chercha à mobiliser l'ensemble de ses moyens de productions grâce au rationnement ou à la propagande tout en essayant d'anéantir ceux de l'adversaire. Les avantages démographiques et industriels des Alliés furent largement atténués par les rapides victoires de l'Allemagne et du Japon mais ils devinrent les facteurs décisifs après 1942 quand le conflit se transforma en une guerre d'attrition[214]. Si la supériorité industrielle des Alliés est souvent attribuée à leur plus grand accès aux matières premières, d'autres facteurs comme les réticences japonaises et allemandes à utiliser la main d'œuvre féminine[215],[216], les bombardements stratégiques alliés[217],[218] et la mise en place tardive d'une économie de guerre en Allemagne[219] jouèrent un rôle significatif. De plus, les membres de l'Axe n'envisageaient pas de devoir mener une guerre prolongée et n'étaient pas équipés pour y résister[220],[221].

Développements technologiques et militaires

La Seconde Guerre mondiale fut marquée par de profondes avancées technologiques et militaires. La guerre navale fut bouleversée par le développement des porte-avions. Leur utilité était débattue dans l'Entre-deux-guerres mais leurs rôles décisifs dans les batailles navales de la guerre en firent le navire capital à la place du cuirassé[222]. Les sous-marins qui avaient prouvé leur efficacité pour stopper l'approvisionnement ennemi pendant la Première Guerre mondiale[223] furent à nouveau largement utilisés. Les Allemands développèrent leurs capacités offensives avec de nouveaux types de sous-marins et les tactiques d'attaque en meute tandis que les Alliés firent de grands progrès dans la lutte anti-sous-marine avec le sonar et le déploiement de porte-avions d'escorte pour assurer la protection des convois[224]. Dans le Pacifique, les sous-marins alliés profitèrent de l'incurie des destroyers japonais pour détruire une grande partie de la flotte marchande japonaise et cela joua un rôle décisif dans l'effondrement de l'industrie japonaise qui était très dépendante des importations.

Affiche de propagande américaine destinée à accroitre la production militaire

L'aviation fit également de grands progrès et fut utilisée pour un grand nombre de missions allant de l'appui aérien rapproché à la recherche de la supériorité aérienne. L'amélioration des appareils de transport permit la première utilisation à grande échelle de troupes aéroportées et de ravitaillement aérien. Après une utilisation limitée par les Allemands contre le Royaume-Uni, les Alliés lancèrent une campagne de bombardement stratégique à grande échelle contre l'Allemagne et le Japon ; ils n'eurent cependant l'efficacité espérée par les théoriciens d'avant-guerre. La lutte antiaérienne se développa également grâce à la mise en place de systèmes radars à la fois au sol et à bord des avions. Les appareils à réaction qui devinrent la norme après la guerre furent déployés par les deux camps à la fin de la guerre mais eurent peu d'impact sur le cours des événements[225]. Les Allemands furent les pionniers dans le développement des missiles ballistiques comme le V1 et le V2 mais à l'instar des autres wunderwaffe, ils n'eut qu'une efficacité très limitée. À l'inverse le projet Manhattan américain déboucha sur la création d'armes nucléaires qui furent utilisées avec succès pour la première fois contre le Japon en 1945.

Les combats sur terre furent marqués par la mécanisation des unités militaires qui permit d'éviter la guerre de positions qui avait dominé une grande partie de la Première Guerre mondiale. L'élément central de ce changement fut le char dont les caractéristiques en termes de puissance de feu, de protection et de mobilité furent considérablement améliorées pendant le conflit. Le concept de char fut décliné en plusieurs versions comme les canons automoteurs ou les chasseurs de chars. Les Allemands furent les premiers à développer des tactiques adaptées à l'utilisation des unités blindés comme la doctrine de la blitzkrieg qui fut à l'origine de leurs succès au début de la guerre[226]. Malgré la motorisation des armées, l'infanterie resta l'élément central dans les forces militaires de tous les belligérants[227]. L'usage de la mitrailleuse légère et du pistolet mitrailleur plus adaptés aux combats dans les villes et la jungle se généralisa[228] tandis que le fusil d'assaut créé à la fin de la guerre pour combiner les caractéristiques du fusil et de la mitraillette devint l'arme standard de l'infanterie d'après-guerre.

Pour résoudre les problèmes posés par l'emploi de grands livres-codes, les belligérants développèrent des machines afin de crypter les communications dont l'exemple le plus connu fut la machine Enigma utilisée par les Allemands[229]. Le renseignement d'origine électromagnétique fut utilisé pour contrer ces méthodes et les Alliés parvinrent ainsi à casser les codes navals japonais[230] et à décrypter le fonctionnement d'Enigma. Les progrès dans l'électronique permirent d'améliorer les radars et donnèrent naissance aux premiers ordinateurs programmables comme le Zuse 3, le Colossus et l'ENIAC.

Conséquences

Une rue de Berlin en juillet 1945

À la suite de la capitulation allemande, l'Autriche et l'Allemagne furent divisées en zones d'occupations par les vainqueurs. Un programme de dénazification entraîna le jugement des criminels de guerre nazis lors du procès de Nuremberg mais les anciens nazis initialement exclus du pouvoir furent progressivement réintégrés dans la société ouest-allemande[231].

L'Allemagne perdit un quart de son territoire de 1937 ; les provinces orientales de Silésie, de Nouvelle Marche et de Poméranie furent cédées à la Pologne et la Prusse-Orientale fut divisée entre la Pologne et l'URSS. Ces annexions entraînèrent l'expulsion de neuf millions d'Allemands de ces territoires et de trois millions d'autres de la région des Sudètes en Tchécoslovaquie ; dans les années 1950, un Allemand de l'Ouest sur cinq était un réfugié des anciens territoires de l'Est. L'Union soviétique annexa également les provinces polonaises à l'est de la ligne Curzon dont 2 millions de Polonais furent expulsés[232], la Moldavie[233]et les trois États baltes[234].

Pour essayer de maintenir la paix[235], les Alliés fondèrent l'Organisation des Nations unies le 24 octobre 1945[236] et adoptèrent la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948[237]. Les grands vainqueurs de la guerre, les États-Unis, l'Union soviétique, la Chine, le Royaume-Uni et la France devinrent les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies[238] et le restent encore aujourd'hui même si la république populaire de Chine remplaça la république de Chine en 1971 et que l'URSS fut remplacée par la Russie en 1991. Cette volonté de pacification des relations internationales se traduisit en Europe par les débuts de la construction européenne avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier en 1952.

Les relations entre les Alliés occidentaux et l'Union soviétique avaient commencé à se détériorer avant la fin de la guerre[239]. Si l'Autriche fut réunifiée en 1955 et devint un État neutre et non-aligné, l'Allemagne resta divisée entre l'Allemagne de l'Ouest et l'Allemagne de l'Est créées respectivement suivant les zones d'occupations occidentales et soviétique[240]. Le reste de l'Europe fut également divisé en sphères d'influence[241]. La plupart des pays d'Europe orientale et centrale furent intégrés dans la sphère soviétique et des régimes communistes furent installés avec le soutien des autorités d'occupation. La Pologne, la Hongrie[242], la Tchécoslovaquie[243], la Roumanie, l'Albanie[244] et l'Allemagne de l'Est devinrent des États satellites de l'Union soviétique. Le régime communiste de Yougoslavie adopta une politique indépendante qui entraîna des tensions avec l'URSS[245].

Carte des colonies occidentales en 1945. En quelques années, la perte d'influence des puissances européennes au profit des États-Unis et de l'URSS entraîna un large mouvement de décolonisation.

La division du monde d'après-guerre fut formalisée par la création de deux alliances militaires : l'OTAN mené par les États-Unis et le pacte de Varsovie dominé par l'URSS[246]. La période d'opposition politique et militaire entre les deux blocs, appelée la guerre froide, fut marquée par une course aux armements sans précédents et de nombreuses guerres par procuration[247].

En Asie, les États-Unis mirent en place l'occupation du Japon et administrèrent les anciennes îles japonaises du Pacifique tandis que les Soviétiques annexèrent Sakhaline et les îles Kouriles[248]. L'ancienne colonie japonaise de Corée fut divisée au niveau du 38e parallèle nord et occupée par l'Union soviétique au nord et les États-Unis au sud. Des gouvernements séparés furent créés des deux côtés de la frontière et leur opposition entraîna le déclenchement de la guerre de Corée en 1950[249].

En Chine, la guerre civile entre communistes et nationalistes recommença en juin 1946. Les forces communistes remportèrent la victoire et fondèrent la république populaire de Chine sur le continent tandis que les troupes nationalistes se replièrent à Taïwan en 1949[250]. Au Moyen-Orient, le rejet par les Arabes du plan de partage de la Palestine et la création d'Israël marqua l'escalade du conflit israélo-arabe. La guerre entraîna une énorme perte de prestige et de ressources pour les puissances coloniales européennes et elle entraîna le début de la décolonisation[251],[252].

Les États-Unis émergèrent du conflit comme la première puissance économique au monde avec un PIB par habitant bien supérieur à celui des autres puissances[253]. Les industries allemandes furent démantelées par les forces d'occupation entre 1945 et 1948[254]. Cette politique fut néanmoins abandonnée à l'Ouest pour éviter l'expansion du communisme et le plan Marshall fut instauré pour reconstruire l'industrie européenne et offrir de nouveaux débouchés à l'économie américaine[255]. En Allemagne de l'Ouest, la rapide croissance économique fut qualifiée de miracle économique[256] et les autres pays européens comme l'Italie[257], la France et le Royaume-Uni connurent également une forte croissance économique et démographique[258]. Malgré les immenses pertes humaines et matérielles, l'Union soviétique vit une large augmentation de sa production industrielle dans l'immédiat après-guerre[259]. À l'instar de l'Allemagne de l'Ouest, l'économie japonaise connut une croissance fulgurante grâce à l'aide américaine[260] et la Chine retrouva ses niveaux de production d'avant-guerre en 1952[261].

Postérité

Du fait de son impact colossal, la Seconde Guerre mondiale a été représentée dans de très nombreuses œuvres pendant et après le conflit.

Notes et références



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Bibliographie

Liens externes

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