Djâm

Minaret et vestiges archéologiques de Djam *
Image illustrative de l’article Djâm
Vue du minaret
Coordonnées 34° 23′ 47,6″ nord, 64° 30′ 57,8″ est
PaysDrapeau de l'Afghanistan Afghanistan
SubdivisionDistrict de Shahrak, province de Ghor
TypeCulturel
Critères(ii)(iii)(iv)
Superficie70 ha
zone tampon 600 ha
Numéro
d’identification
211rev
RégionAsie et Pacifique **
Année d’inscription2002 (26e session)
Classement en péril2002
Géolocalisation sur la carte : Afghanistan
(Voir situation sur carte : Afghanistan)
Minaret et vestiges archéologiques de Djam
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Le minaret et les vestiges archéologiques de Djâm ou Jâm (persan : جام) se trouvent en Afghanistan, district de Shahrak, province de Ghor, le long du fleuve Hari Rud.

Haut de 65 mètres, le minaret de Djâm est une construction gracieuse et élancée datant de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle. Il est connu des Européens depuis la fin du XIXe siècle. Depuis 2002, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial et sur la liste du patrimoine mondial en péril.

Historique

Détail du minaret

Pendant des siècles, le minaret n'a pas de renommée particulière en dehors de l'Afghanistan, jusqu'à sa mise en lumière en 1886 (1855 selon Dupaigne[1]) par le géographe anglais Thomas Holdich, qui travaillait pour l'Afghan Boundary Commission (Commission des frontières afghanes). Par la suite, certains visiteurs ou archéologues estimèrent que la tour avait fait partie d'une mosquée et l'appelèrent le « minaret de Jam ». D'autres ont affirmé que Djâm était un ancien site sacré anté-islamique et que le monument était une « tour de la Victoire » isolée, élevée par les Ghorides pour marquer la conversion à l'islam d'un lieu reculé et sacré du paganisme.

En 1957, les travaux d'André Maricq et Gaston Wiet, qui attirent l'attention sur les vestiges, démontrèrent que ce minaret avait été édifié sur le lieu de la probable capitale de l'empire ghoride, Firûzkoh (Montagne de Turquoise)[2]. Dans les années 1970, Herberg conduisit des études sur le site, avant que l'invasion soviétique de 1979 et la guerre civile ne coupent pratiquement cette région du monde. L'érosion naturelle, doublée par les crues du Hari Rud, contribuaient à la dégradation du minaret qui menaçait même de s'écrouler.

D'autre part, avant le passage de Rory Stewart, les habitants des villages alentour s'étaient livrés à des fouilles clandestines[3], puis en 2005[4] tout autour du minaret et sur le versant montagneux lui faisant face, rapportant de multiples objets d'une grande beauté : marbre gravé de frises florales, aiguière en terre cuite recouverte d'un vigoureux motif de vagues et d'yeux de poisson, pièces d'échecs magnifiquement sculptées dans de l'ivoire, porte en bois sculptée avec des tigres et des scènes de chasse, porcelaines importées de Chine, pièces de monnaie représentant des adorateurs zoroastriens du feu... La plupart de ces trésors artistiques issus de ces pillages étaient, depuis la chute des talibans, acheminés vers les marchés européens, américains ou japonais.

Sur la colline de Kushkak, entre le village et le minaret, on a découvert en 1962 des inscriptions en hébreu datées entre 1153 et 1203[5].

Le chroniqueur Juzjani, qui connut la cité du temps de sa splendeur, écrit que sa mosquée du Vendredi était remplie d'un trésor indien, butin du pillage de Delhi, et que sur « le palais-forteresse [étaient] placés cinq pinacles incrustés d'or, ainsi que deux humas (oiseaux fabuleux en langue persane) en or, chacun de la taille d'un chameau. »[réf. nécessaire] Selon les habitants actuels, ces humas en bronze plaqué or ont été fondus au XIVe siècle pour le célèbre chaudron de la mosquée d'Hérat.

Son inscription sur les listes du patrimoine mondial et du patrimoine mondial en péril date de 2002. L'architecture et la décoration novatrices du minaret de Djâm ont joué un rôle significatif dans le développement des arts et de l'architecture du sous-continent indien et au-delà. Le minaret et ses vestiges archéologiques associés constituent un témoignage exceptionnel de la puissance et de la qualité de la civilisation ghoride qui domina cette région aux XIIe et XIIIe siècles.

Description

Le minaret est recouvert d’une décoration complexe en briques, portant une inscription en céramique bleu turquoise à son sommet. Il est remarquable par la qualité de son architecture et de ses motifs décoratifs, qui représentent l’apogée d’une tradition artistique propre à cette région. Son impact est renforcé par un environnement spectaculaire : la vallée encaissée du Hari Rud qui s’ouvre entre d’imposantes montagnes, au cœur de la province de Ghor, à 450 km à l'ouest de Kaboul et 215 km à l'est d'Hérat.

Traversant en l’Afghanistan à pied, d’Hérat à Kaboul, l'Écossais Rory Stewart[6] s'arrêta à Djâm. Dans ce paysage dénudé, très pauvre et inhospitalier, il décrit ce minaret[7] comme une colonne mince de terre cuite aux motifs gravés enchevêtrés, ornée d'une ligne de faïences turquoise. Vers son sommet, en céramiques bleu de Perse, sont écrits les mots : « Ghiyassudin Muhammad ibn Sam, Roi des rois… ». Ghiyassudin[8] est le sultan de l'empire ghoride qui a bâti la mosquée d'Hérat, les dômes de Chist-e-Sharif et la cité disparue de Fizouzkoh. La tour est aussi finement travaillée qu'une pièce d'échec en ivoire. La base octogonale, les trois étages, les vestiges des balcons et la complexité surchargée des motifs géométriques s'effacent devant la pureté des lignes effilées et la teinte beige de la brique cuite.

Notes et références

Bibliographie

  • Gaston Wiet, André Maricq, Le minaret de Djam : la découverte de la capitale des sultans Ghorîdes : XIIe – XIIIe siècles, (avant-propos de Daniel Schlumberger), Paris, Klincksieck, 1959, (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, XVI).
  • W. Herberg, D. Davary, "Topographische Feldarbeiten in Ghor: Bericht über Forschungen zum Problem Jam-Ferozkoh", Afghanistan Journal 3/2, 1976, p. 57-69.
  • Janine Sourdel-Thomine, Le minaret ghouride de Jam : un chef-d'œuvre du XIIe siècle, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, Diffusion de Boccard, 2004 (Mémoires de l'AIBL, XXIX).
  • Bernard Dupaigne, Afghanistan. Monuments millénaires, Paris, Imprimerie nationale/Actes Sud,

Annexes

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Minaret de Zâdiyân

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