Lena Horne

chanteuse et actrice américaine, militante du mouvement américain des droits civiques (1917-2010)
Lena Horne
Biographie
Naissance

Brooklyn (New York)
Décès
(à 92 ans)
New York
Nom de naissance
Lena Mary Calhoun Horne
Époque
Nationalité
américaine
Domicile
Formation
Boys and Girls High School (en)
Girls' High School (en)
Washington High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Actrice, chanteuse, militante
Période d'activité
1933–2000
Père
Teddy Horne
Mère
Edna Scottron Horn
Conjoint
Louis Jordan Jones (1937 -1944), Lennie Hayton (1947- 1971)
Enfant
Gail Lumet Buckley (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
National Association for the Advancement of Colored People
Label
MGM, RCA Victor, United Artists, Blue Note Qwest/Warner Bros.
Partenaire
Duke Ellington, Cab Calloway, Harry Belafonte, Tony Bennett, Vic Damone, Judy Garland, Billy Strayhorn, Lady Day, Sammy Davis Jr., Barbra Streisand, Teddy Wilson ,Noble Sissle, Ralph Cooper
Genres artistiques
Pop music traditionnelle (en), pop, jazz, jazz vocalVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Tony Award, Grammy Award, NAACP Image Awards , médaille Spingarn
Discographie
Lena Horne discography (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Lena Horne
Signature

Lena Mary Calhoune Horne, née le à Brooklyn (New York) et morte le à New York, est une chanteuse de jazz, de chanson populaire, de comédie musicale, une actrice de films musicaux et une militante américaine pour l'égalité des droits civiques en faveur des Afro-Américains et des Amérindiens au sein de la National Association for the Advancement of Colored People.

Biographie

Lena Horne en 1955.

Jeunesse et formation

Lena Horne[1] est la fille de Teddy Horne et d'Edna Scottron Horne[2], un couple mixte d'ascendance afro-américaine, amérindienne et européenne[3],[4],[5],[6]. Les membres de la famille Horne font partie de l'élite afro-américaine qui a reçu une instruction universitaire[7].

Ses parents se séparent alors qu'elle a trois ans. Elle est élevée par ses grands parents paternels Cora Calhoun et Edwin Horne[8]. Cora est une membre active de la National Association for the Advancement of Colored People[9], de la National Urban League et une suffragette[10].

Carrière

La chanteuse

Grâce à sa mère, elle est embauchée en 1934 comme danseuse et choriste dans la troupe du Cotton Club[11], célèbre cabaret de Harlem où elle devient chanteuse trois ans plus tard.

Lena Horne se fait ensuite remarquer sur Broadway par la comédie musicale Dance With Your Gods, puis elle est embauchée comme chanteuse au sein du big-band de Noble Sissle. En 1939, elle remonte sur la scène de Broadway dans la revue Lew Leslie's Blackbirds of 1939, puis, en 1940, elle est embauchée comme chanteuse par Charlie Barnett pour son big-band le Charlie Barnet Orchestra[11], mais à cause des lois ségrégationnistes des états du Sud, elle ne peut chanter dans certaines villes.

En 1941, elle quitte l'orchestre pour retourner à New York pour se produire au Café Society, club de jazz fréquenté par les artistes et intellectuels afro-américains et blancs[12]. C'est à ce moment qu'elle devient l'amie de leaders de la National Association for the Advancement of Colored People tels que Paul Robeson et Walter White[10].

L'actrice

Après un premier rôle dans un film musical de 1938, intitulé « The Duke is Tops »[13], Lena Horne est la première femme afro-américaine à signer un contrat de longue durée avec un studio d'Hollywood[14], la Metro-Goldwyn-Mayer, contrat où des clauses sont imposées par la National Association for the Advancement of Colored People stipulant qu'elle ne peut être cantonnée à des seconds rôles habituellement confiés aux actrices afro-américaines comme ceux de domestiques, de nourrices, d'Africains « sauvage » [12]. Elle y fait ses débuts en 1942 dans Panama Hattie[15] et devient célèbre en 1943 pour son interprétation de Stormy Weather[16] de Ted Koelher et Harold Arlen dans le film du même nom[17],[18],[19]. Elle apparaît ensuite dans de nombreuses comédies musicales de la MGM, toutefois elle n'aura que peu de premiers rôles du fait de sa couleur de peau, par peur du boycott dans les États du Sud ségrégationnistes. C'est ainsi qu'il ne lui sera confié principalement que des rôles de chanteuse dont les séquences pouvaient être coupées lors des projections dans les salles de cinéma du Sud[20].

La seule exception notable est Un petit coin aux cieux (1943)[21] de Vincente Minelli, bien qu'une des parties de son corps y soit coupée car considérée comme trop suggestive par les censeurs[22].

Lena est surnommée « la tigresse » en raison de sa silhouette féline[23],[24].

Sélectionnée pour jouer le rôle de Julia LaVerne dans la version de 1951 de Show Boat, elle est éliminée à cause de sa couleur de peau, le rôle échoit finalement à Ava Gardner[25],[26].

Dans les années cinquante, elle et son époux Lennie Hayton sont accusés d'« activités anti-américaines » par la Commission parlementaire aux activités anti-américaines, ce qui vaudra à Lena Horne une traversée du désert émaillée de quelques disques qu'elle parvient tout de même à enregistrer pour la RCA.

C'est en 1957, et grâce à la revue Jamaïca[27], qu'elle renoue avec le succès, malgré un puissant boycott[28]. Elle enchaînera avec des tournages et un certain nombre de revues jusque dans les années 1970.

Elle fait un retour dans les années 1990 avec deux albums enregistrés pour le label Blue Note.

L'engagement social

Lena Horne en 1997.
Lena Horne participant à la Marche sur Washington en 1963.

La carrière de Lena Horne est marquée contre le racisme et les lois ségrégationnistes[29].

Dès son enfance, elle subit le racisme, pour les blancs elle n'était qu'une « négresse » et pour certains de ses camarades afro-américains elle était trop blanche[22]. Ballottée entre ses diverses racines (afro-américaine, amérindienne, européenne), elle aurait pu être désorientée, mais elle a la chance d'être entourée par des grands parents militants des droits civiques et qui l'ont aidée à se positionner à refuser d'être une presque blanche[30],[31].

Elle continue son expérience du racisme au Cotton Club, les musiciens étaient des afro-américains, mais la salle leur était strictement interdite[32].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient une pin-up et un symbole de la « black beauty /beauté noire »[33], en faisant une tournée pour les troupes, elle découvre que ses concerts sont ségrégués, pire elle découvre que des prisonniers de guerre allemands sont devant alors que soldats afro-américains sont repoussés au fond de la salle, scandalisée elle interrompt sa tournée[34] pour ne visiter que des cantonnements de soldats afro-américains[35].

En 1963, elle participe à la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté derrière Martin Luther King[36]. La même année, lors d'un rassemblement, elle prend la parole aux côtés du militant afro-américain, défenseur des droits de l'homme, Medgar Evers, peu de temps avant son assassinat en [37].

Vie privée

En 1937, Horne épouse Louis Jones. Ils ont deux enfants, Gail et Theodore[9]. Le couple divorce en 1944.

En 1947, elle épouse l'arrangeur et compositeur Lennie Hayton, qui décède en 1971[2]. Le mariage s'est fait discrètement à Paris, car les mariages mixtes étaient interdits en Californie[28]. Lennie Hayton, un juif américain, est l'un des premiers chefs d'orchestre arrangeurs de la Metro Goldwyn Mayer. Malgré les préjugés racistes, l'union dure jusqu'à la mort de Hayton en 1971, en effet, les directeurs exécutifs des studios désapprouvent cette union inter-raciale et le couple est mis au ban. Dans sa biographie coécrite avec Richard Schickel, Horne raconte les pressions énormes et les injures qu'ils durent subir.

De 1950 à sa mort, Lena Horne vivait à Manhattan[38].

La fin

Le , elle décède à l'hôpital presbytérien de New York[39]

Ses obsèques sont célébrées en l'église Saint-Ignace-de-Loyola de New York, sur Park Avenue, en présence de nombreuses personnalités comme Jessye Norman, Leontyne Price, Dionne Warwick, Lauren Bacall, Chita Rivera, Cicely Tyson, Vanessa Williams et le gouverneur de l'État de New York David Paterson[40].

Après sa crémation, ses cendres ont été remises à des proches[41].

La Nederlander Organization annonce en juin 2022 que le théâtre Brooks Atkinson de Broadway serait renommé en son honneur plus tard cette année-là[42]. Le fronton du Lena Horne Theatre est dévoilé le [43].

Citations

« "Don't be afraid to feel as angry or as loving as you can, because when you feel nothing, it's just death." » / Ne soyez pas effrayé d'éprouver de la colère, de l'amour ou ce que vous pouvez, parce que lorsque vous n'éprouvez plus rien, c'est juste que vous êtes morts[44]

« Yet it was the rape of slave women by their masters which accounted for our white blood, which, in turn, made us Negro ‘society. » / c'est parce que les maîtres ont violé leurs esclaves que le sang des blancs coule en nous, et en retour cela fait de nous la "société nègre"[45].

« I was lucky, as many of my generation was, in having a man like Dr. King in our lives. He came at a time that we needed to take a long look at each other and see how similar we were. » / J'ai eu la chance, comme beaucoup de ma génération l'a été, d'avoir un homme comme le Dr King dans nos vies. Il est venu à un moment où nous avions besoin de prendre le temps de nous regarder les uns les autres et de voir comment nous étions semblables[46].

« "Always be smarter than the people who hire you." » / Soyez toujours plus fins que les gens qui vous embauchent[47].

« Malcolm X made me very strong at a time I needed to understand what I was angry about. He had peace in his heart. He exerted a big influence on me. » / Malcolm X m'a rendu très forte à un moment où j'avais besoin de comprendre contre quoi j'étais en colère. Il avait la paix dans le cœur. Il a exercé une grande influence sur moi[48].

« My identity is very clear to me now. I am a black woman. I’m free. I no longer have to be a ‘credit.’ I don’t have to be a symbol to anybody; I don’t have to be a first to anybody. I don’t have to be an imitation of a white woman that Hollywood sort of hoped I’d become. I’m me, and I’m like nobody else. »[31]

Qui peut être traduit par :

Maintenant, pour moi, mon identité est très claire.

Je suis une femme noire.

Je suis libre.

Je n'ai plus besoin d'être une caution.

Je n'ai pas besoin d'être un symbole pour qui que ce soit.

Je n'ai pas besoin d'être une première pour qui que ce soit.

Je n'ai pas besoin d'être une imitation d'une femme blanche comme Hollywood le désirait.

Je suis moi, et je suis comme personne d'autre.

Prix et distinctions

Comédies et revues musicales (sélection)

Lena Horne dans Un petit coin aux cieux.

Filmographie

Cinéma

Albums

  • It's Love (1955; RCA)
  • Stormy Weather (1956; RCA)
  • At the Waldorf-Astoria (1957; RCA)
  • Jamaica [Original Cast Recording] (1957; RCA)
  • Give the Lady What She Wants (1958; RCA)
  • Porgy & Bess (1959; RCA) - avec Harry Belafonte
  • Songs by Burke and Van Heusen (1960; RCA)
  • At the Sands (1961; RCA)
  • Lena on the Blue Side (1962; RCA)
  • Lovely & Alive (1963; RCA)
  • Lena Goes Latin (1963; Charter)
  • Sings Your Requests (1963; Charter)
  • Here's Lena Now! (1964; 20th Century)
  • Feelin' Good (1965; UA)
  • Lena in Hollywood (1966; UA)
  • Merry from Lena (1966; UA)
  • Soul (1966; UA)
  • Lena & Gabor (1970; Skye)
  • Nature's Baby (1971; Buddah)
  • Lena and Michel (1975; RCA)
  • Lena: A New Album (1976; RCA)
  • The Lady and Her Music (1981; Qwest) -
  • The Men in My Life (1988; Three Cherries)
  • We'll Be Together Again (1994; Blue Note)
  • An Evening with Lena Horne (1995; Blue Note)
  • Being Myself (1998; Blue Note)
  • Seasons of My Life (2005; Blue Note; enregistré en 1999)

Notes et références

Pour en savoir plus

Bibliographie

Notices dans des encyclopédies et manuels de références

  • (fr) Philippe Carles, Dictionnaire du Jazz, Paris, Robert Laffont (réimpr. 1996) (1re éd. 1988), 1151 p. (ISBN 9782221045169, lire en ligne), p. 481,
  • (en-US) Barbara C. Bigelow, Contemporary Black Biography, vol. 5, Detroit, Michigan, Gale Research, , 327 p. (ISBN 9780810385573, lire en ligne), p. 130-133,
  • (en-US) African American Biography, vol. 2 : E-J, Detroit, Michigan, UXL, , 447 p. (ISBN 9780810392342, lire en ligne), p. 357-359,
  • (en-US) Suzanne Michele Bourgoin, Encyclopedia Of World Biography, vol. 7 : Grimke-Howells, Detroit, Michigan, Gale Research, , 542 p. (ISBN 9780787622213, lire en ligne), p. 504-506,
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Essais et biographies

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  • (en-US) Gail Buckley, The Hornes : An American Family, New York, Applause Books (réimpr. 2002) (1re éd. 1986), 292 p. (ISBN 9781557835642, lire en ligne),
  • (en-US) Lena Horne et Richard Schickel, Lena, Garden City, état de New York, Limelight Editions, , 336 p. (ISBN 9780879100667, lire en ligne),
  • (en-US) Brett Howard, Lena Horne, Melrose Square Publishing Company, , 222 p. (ISBN 9780870675720),
  • (en-US) Leslie Palmer et Nathan Irvin Huggins, Lena Horne, New York, Chelsea House Publications (réimpr. 1995) (1re éd. 1989), 136 p. (ISBN 9781555465940, lire en ligne),
  • (en-US) James Gavin, Stormy Weather : The Life of Lena Horne, New York, Atria Books, , 632 p. (ISBN 9780743271431, lire en ligne),
  • (en-US) Carole Boston Weatherford (ill. Elizabeth Zunon), The Legendary Miss Lena Horne, Atheneum Books for Young Readers, , 48 p. (ISBN 9781481468244),

Articles de revues

Les articles de JSTOR, sont librement accessibles à la lecture en ligne jusqu'à la concurrence de 99 articles par mois.

  • (en-US) Megan E. Williams, « The "Crisis" Cover Girl: Lena Horne, the NAACP, and Representations of African American Femininity, 1941—1945 », American Periodicals, vol. 16, n° 2,‎ , p. 200-218 (19 pages) (lire en ligne ),
  • (en-US) Shane Vogel, « Performing "Stormy Weather": Ethel Waters, Lena Horne, and Katherine Dunham », South Central Review, Vol. 25, No. 1,,‎ , p. 93-113 (lire en ligne),
  • (en-US) Megan E. Williams, « "Meet the Real Lena Horne": Representations of Lena Horne in "Ebony" Magazine, 1945–1949 », Journal of American Studies, Vol. 43, No. 1,‎ , p. 117-130 (14 pages) (lire en ligne ),
  • (en-US) Megan E. Williams, « "Lena Not the Only One": Representations of Lena Horne and Etta Moten in the Kansas City "Call", 1941-1945 », American Studies, vol. 51, n° 1/2,‎ , https://www.jstor.org/stable/41287810 (lire en ligne)
  • (en-US) Deborah Paredez, « Lena Horne and Judy Garland: Divas, Desire, and Discipline in the Civil Rights Era », TDR (1988-), Vol. 58, No. 4,‎ , p. 105-119 (15 pages) (lire en ligne ),

Articles connexes

Liens externes

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