Nez

saillie médiane du visage située au-dessus de la lèvre supérieure et qui, en le surplombant, recouvre l'orifice des fosses nasales, qui constituent le segment supérieur des voies respiratoires et renferment l'organe de l'olfaction

Le nez, appelé aussi appendice nasal, est chez l'être humain la saillie médiane du visage située au-dessus de la lèvre supérieure et qui, en le surplombant, recouvre l'orifice des fosses nasales, qui constituent le segment supérieur des voies respiratoires et renferment l'organe de l'olfaction. Il concourt, en livrant passage à l'air, à l'accomplissement de la respiration et de la phonation.

(en) Nez humain vu de profil. Formant une saillie médio-faciale, il s'inscrit dans une pyramide triangulaire à sommet supérieur. Il présente trois bords : le dos ou l'arête, bord antérieur arrondi qui s'étend de la racine du nez[1] (notée A, au niveau de l'espace inter-sourcilier ou glabelle) à la pointe (apex noté B) saillante. Les sillons naso-labiaux (ou sillons alaires) formant les bords latéraux, le sillon sous-nasal (philtrum) et les sillons naso-géniens (en) les bords inférieurs. il présente trois faces : la face inférieure porte deux orifices piriformes, les narines, délimités médialement par le septum nasal et latéralement par deux faces, les ailes du nez séparées de la joue par le sillon alaire noté C[2].
Le nez n'est pas apparu pour les lunettes, contrairement au paradigme adaptationniste panglossien[3] énoncé dans le Candide de Voltaire[4].

Ce terme est également utilisé par analogie pour les vertébrés tétrapodes ne possédant pas une truffe à l'extrémité du museau (« nez » — organe olfactif — des poissons, nez olfactif et nez respiratoire des crocodiliens)[5].

Fonction

La cavité nasale a pour fonction de refroidir ou réchauffer l’air inspiré, pour le porter à la température centrale du corps. Elle doit aussi le saturer de vapeur d’eau avant qu’il n’atteigne les voies respiratoires inférieures[6], pour notamment assurer le bon fonctionnement de l’appareil mucociliaire (qui piège et élimine par expectoration/ingestion la plupart des particules et agents pathogènes inhalés)[7]. Grâce aux parois internes du nez qui sont tapissées de vaisseaux sanguins et de cellules caliciformes productrices de mucus[6]. , le système est si efficace que 90% des niveaux de température et d’humidité requis sont généralement atteint dans l'air inhalé avant même d’atteindre le nasopharynx[8]. il a été montré que ce conditionnement de l'air inhalé dépend de la dynamique de l’écoulement de l’air inspiré, et donc de la taille et géométrie de la cavité nasale[7].

Origine du mot

La graphie nez est attestée en 1314 dans les écrits de chirurgie de Henri de Mondeville. Le mot ancien français nes, et l'adjectif ou substantif nasel, cités dans la Chanson de Roland, proviennent du mot latin de genre masculin latin : nāsus, nasi, signifiant le nez humain[a]. Le nez est associé dans le monde gréco-romain au sens de l'odorat, il est aussi le siège de la colère. L'allongement du nez, ne serait-ce d'un pied, dans les vieux contes romans ou germaniques, n'est souvent pas bon signe pour le protagoniste, à moins de ne susciter que l'hilarité des témoins.

Le monde savant a gardé la racine du mot grec ancien rhis, rhinos, de même sens[b]. La racine marque la médecine actuelle, avec la rhinologie (étude scientifique du nez), l'oto-rhino-laryngologie, la rhinoscopie, la rhinite, la rhinoplastie, le drainage rhinopharyngé... ainsi que les sciences naturelles descriptive, le rhinocéros... La plupart des langues européennes présentent souvent une même racine évidente : naso en italien, nos en russe, ou l'anglais nose, l'allemand die Nase de genre féminin. En français, les mots de la famille se ressemblent à l'exception de nez : l'adjectif nasal ou le substantif nasal (partie de casque protégeant le nez), naseau, nasalisation, nasalité (caractère nasal d'un phonème, par exemple voyelle nasale), nasiller (parler du nez), nasillard, nasillement, nasard (jeu de mutation flûté à l'orgue), nasarde (coup ou chiquenaude sur le nez), nasarder, nasique...

Histoire évolutive

Chez l'humain

L'hominisation se caractérise par la régression du prognathisme et l'apparition d'un nez proéminent (élément non conservé dans les crânes fossiles, car entièrement cartilagineux).

Le nez est un caractère qui a évolué à partir d'un caractère ancestral : la truffe ou rhinarium. La plupart des mammifères[9] (jusqu'aux primates Strepsirrhiniens) ont en effet une truffe humide alors que les primates haplorrhiniens (comprenant entre autres, les singes, gorilles et l'être humain) ont perdu ce rhinarium au profit du nez. Cet appendice nasal apparu il y a environ 55 Ma, est une synapomorphie qui se traduit par la migration de la muqueuse externe du rhinarium vers l'intérieur des narines du nez[10].

Les variation de forme du nez au sein des populations humaines ont fait l’objet d’un débat continu, notamment sur leurs raisons évolutives. La forme interne du nez (cavité nasale) conditionne l’air inspiré avant qu’il n’atteigne les poumons. La forme du nez variant selon les populations, elle pourrai ne pas uniquement résulter de la dérive génétique mais possiblement aussi d'adaptations à certaines caractéristiques géoclimatiques (maxima et minima thermohygrométriques, humidité relative, taux de particules aéroportées)[11]. Une étude s'est basée sur les comparaisons Qst-Fst et a conclu que la largeur des narines et celle de la base alaire sont plus différenciées entre les populations que ce qui serait le cas sous l'effet de la seule dérive génétique[11]. Selon ce travail : la largeur des narines est corrélée à la température et à l’humidité absolue, mais pas à l’humidité relative, ce qui laisse penser que la forme du nez a une composante liée à l'adaptation au climat local, mais d'autres facteurs interviennent, dont probablement la sélection sexuelle[11].

Une hypothèse est que le nez humain a évolué dans le contexte de la réduction du massif facial qui tend à se disposer sous la loge cérébrale et de la verticalisation du front du fait de l’expansion crânienne et de la réduction du prognathisme facial. La bipédie et l'expansion cérébrale conduisent donc à une réorganisation complète de l'architecture crânienne, si bien que l'appendice nasal serait une adaptation squelettique à la bipédie humaine (en)[12],[13]. Une autre hypothèse, qui peut être complémentaire, est que le développement du nez dans la lignée d'hominidés du genre Homo aurait répondu à la nécessité de conserver une humidification importante de l'air inspiré pour empêcher les poumons de se dessécher dans des environnements de contrées sèches et semi-arides (savanes arborées, forêts plus arides). Inversement, la turbulence au niveau des chicanes des cornets nasaux aide le nez à récupérer cette humidité lors de l'expiration, ce qui suggère une sélection pour parcourir de longues distances à pied dans la chaleur (notamment lors de la chasse à l'épuisement selon la théorie du coureur de fond) sans se déshydrater[14],[15].

Du point de vue évolutif un nez est caractérisé par :

  • la présence de poils possible entre les narines ;
  • la perte des vibrisses autour de la truffe ;
  • la soudure complète de la lèvre supérieure et de la fente entre les narines.

Variations interindividuelles

Nez d'un jeune homme africain.

La morphologie nasale chez l'humain actuel est une adaptation climatique, conformément à la règle de Thomson (en) énoncée en 1923[16] : les cavités nasales sont généralement étroites dans les climats froids (grande turbulence de l'air froid dans la cavité pour réchauffer cet air au contact des muqueuses), larges dans les climats chauds[17],[18].

Dans le monde animal

Chez les poissons, chaque cavité nasale, appelée sac olfactif ou sac nasal, correspond à une poche creusée dans le cartilage des capsules olfactives du crâne et est tapissée de papilles gustatives et de cellules olfactives (en)) est ouverte à l'extérieur par une « narine » (ouverture nasale non reliée à la cavité buccale et au système respiratoire) sur le museau. La narine externe est ventrale chez les poissons cartilagineux, dorsale chez les poissons osseux. Ce sont les mouvements respiratoires branchiaux qui activent la circulation du milieu aquatique dans le sac olfactif, via une ouverture inhalante (entrée de l'eau par la narine antérieure) et une ouverture exhalante (sortie de l'eau par la narine postérieure). Chaque sac est souvent divisé en deux par un repli cutané, formant une cavité en forme de « U » qui permet l'installation d'un courant d'eau à l'intérieur de l'organe olfactif, les quatre « narines » améliorant ainsi les capacités olfactives en milieu aquatique[19].

Des orifices narinaires postérieurs qui s'ouvrent au plafond buccal, apparaissent chez les sarcoptérygiens (poissons à membres charnus), et plus particulièrement chez les Dipneustes ou Poissons pulmonés chez qui les orifices exhalants des narines externes ont migré à l'intérieur de la cavité buccale. Ces poissons présentent diverses étapes de transition entre la respiration branchiale aquatique (bouche ouverte, aspiration de l'eau étant grâce à la pompe buccopharyngée puis expulsion par les orifices branchiaux) et la respiration pulmonaire (montée en surface pour aspirer de l'air amené aux poumons)[20]. L'existence d'un palais primaire permet des mouvements de pompage aquatique réalisés bouche fermée, via les canaux nasaux et les arcs branchiaux[21], fournissant une complète indépendance des voies de l'olfaction et de la respiration aérienne, contrairement à ce que les zoologues ont souvent pensé[22]. Cette innovation évolutive assure de plus une première ébauche de séparation des voies alimentaire et respiratoire (elles confluent cependant dans la cavité bucco-pharyngée), et améliore l'acuité olfactive en favorisant un courant d'eau actif entre le nez et la bouche grâce à la pompe buccopharyngée que ces poissons utilisent principalement pour l'alimentation par aspiration des proies[23]. L'émergence des choanes chez les Tétrapodes terrestres ne serait donc pas une adaptation à la respiration aérienne mais un moyen d'obtenir une meilleure olfaction aquatique chez ces poissons qui vivent dans des eaux stagnantes et troubles exigeant une adaptation à la diminution des stimuli visuels, puis cette structure anatomique aurait été adaptée à l'olfaction aérienne qui a besoin d'une bonne acuité olfactive et d'un système d'humidification des fosses nasales assuré par la sécrétion muqueuse des glandes de Bowman (en) et des glandes lacrymales (la présence d'un canal lacrymonasal pourrait être un vestige de la narine externe postérieure)[24],[25]. Si les choanes et les poumons des dipneustes et celles des tétrapodes sont apparues indépendamment par convergence évolutive résultant d'une adaptation à la vie terrestre, l'évolution phylogénétique suggère de considérer le nez respiratoire comme une exaptation du nez olfactif primaire[26] et l'utilisation des poumons hors de l'eau également comme un processus d'exaptation, conséquence d'une adaptation de poissons à des milieux aquatiques hypoxiques ou bien oxygénés, en lien dans ce dernier cas avec les besoins accrus en oxygène du cœur[27],[28].

Description

Chez l'être humain, le nez est constitué d'un squelette fait de cartilages accolés au squelette osseux de la face. Ces cartilages sont recouverts de peau sur leurs faces externe et interne. Ils délimitent deux orifices, les narines, qui font communiquer les cavités nasales avec l'extérieur.

Le squelette comprend cinq cartilages principaux. L'espace entre ces cartilages est comblé par des petits cartilages accessoires et du tissu fibreux. Les cartilages principaux sont :

  • le cartilage septal, une lame médiane verticale qui sépare les deux narines ;
  • les cartilages latéraux, deux lames triangulaires qui forment la paroi supérieure de chaque narine ;
  • les cartilages alaires, deux lames concaves en dehors qui forment la paroi antéro-latérale des narines.

Forme

Illustration du nez grec, à l'Avers de ce statère à l'effigie de Zeus.

Il existe différents types de nez[29] :

  • nez droit (ou nez grec) ;
  • nez épaté ;
  • nez tombant ;
  • nez camard (ou nez camus) ;
  • nez aquilin (ou nez en bec d'aigle) ou encore nez busqué.
  • nez bourbonien (celui de la famille de Bourbon en est un bon exemple) ;
  • nez retroussé.

On trouve, toutefois, d'autres appellations, plus imagées les unes que les autres, et qui, ne trouvant que l'usage comme source, ne sauraient être décrites avec exactitude :

  • nez en trompette, ou nez mutin ;
  • nez en patate, gros nez ;
  • nez de betterave, pour un nez enluminé, avec des couleurs vives ;
  • nez en bec de canard, ou nez de corbin, avec une saillie disgracieuse au niveau de l'arête nasale cartilagineuse ;
  • nez en pied de marmite, ou nez en selle, ou nez en lorgnette.

Ces appellations sont familières.

Cette liste ne saurait jamais être exhaustive.

Microbiote nasal

Le microbiote nasal est principalement constitué de bactéries. Plus de 900 espèces colonisent la muqueuse du nez humain[30]. Ce microbiote a un rôle important dans la colonisation par staphylocoque doré résistant à la méticilline[31].

Poils du nez

Des chercheurs ont étudié en détail la pilosité intranasale de vingt cadavres : 10 hommes et 10 femmes, d’âge moyen 83 ans. Il ressort que le nombre de poils dans chaque narine n’était pas statistiquement différent (du côté droit : 112 ± 64, du côté gauche : 120 ± 62)[32]. Les chercheurs n’ont pas observé, entre les deux narines, de différence significative de la longueur des poils selon leur localisation antérieure, postérieure ou latérale. Exemple : à droite, la longueur des poils antérieurs, les plus voyants, était en moyenne de 0,96 cm, ceux situés à gauche mesuraient 0,91 cm en moyenne[32].

Pathologies

Une épistaxis est un saignement par le nez. Une rhinorrhée est un écoulement par le nez.

Cette partie du corps, parce qu’elle est très exposée au soleil, est souvent touchée par le carcinome épidermoïde, l’une des formes les plus fréquentes de cancer de la peau chez les personnes à peau blanche[33].

Elle est également touchée par des fractures ou par un hématome du septum nasal.

Dans les arts

Qui voudra connoître à plein la vanité de l’homme n’a qu’à considérer les causes et les effets de l’amour. La cause en est un je sais quoi (Corneille) ; et les effets en sont effroyables. Ce je ne sais quoi, si peu de chose qu’on ne peut le reconnoître, remue toute la terre, les princes, les armées, le monde entier. Le nez de Cléopatre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre auroit changé. »

En toponymie

De nombreux caps, exclusivement sur les côtes de la Manche: en Normandie, plus particulièrement dans le Cotentin, et dans le Pas de Calais, utilisent le mot nez. Ce mot n'a ni la même étymologie ni même la même prononciation[c]. L'étymologie est scandinave et viendrait de nes signifiant pointe de terre[36].

Dans le Pas de Calais:

En Seine Maritime:

Dans le Cotentin:

Dans les Îles Anglo-Normandes

  • Cap Gos-Nez (Jersey);
  • Rouge Nez (Jersey) deux fois;
  • le Nez de guet (Jersey);
  • le Nez du Château (Jersey);
  • le Nez (Guernesey);
  • Le Bec du Nez (Guernesey);
  • Le Bec du Nez (Sercq);
  • Gronez (Aurigny);

Et dans certaines anciennes appellations:

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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