Utilisateur:Ab8442/Louis Pouzin

Louis Pouzin
Photographie de Louis Pouzin
Louis Pouzin en 2013
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Autres informations
Organisation
CIT (ingénieur de fabrication)
Bull (ingénieur développement)
MIT (chercheur)
SACS (directeur de projet)
Simca (directeur informatique)
IRIA (directeur du projet Cyclades)
ISOC France (président d'honneur)
NLIC (en) (président du CA)
• Eurolinc (directeur des projets)
• Savoir-Faire (président)
Distinction
IFIP Silver Core Award (1983)
SIGCOMM Award (1997)
IEEE Internet Award (2001)
Pionniers d'Internet (2012)
Queen Elizabeth Prize for Engineering (2013)
Lovie Awards (2015)
• Prix du président de la république d'Arménie (2016)
• Officier de la Légion d'honneur (2018)

Louis Pouzin, né le à Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre), est un ingénieur polytechnicien et chercheur français en informatique qui s'est forgé une réputation internationale d'expert en communications et réseaux d'ordinateurs.

Durant toute sa carrière professionnelle il conçoit et fabrique des systèmes informatiques, comme le CTSS, le premier grand système de « temps partagé » au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Avec l'équipe du projet Cyclades qu'il dirige dans le cadre du plan Calcul, il invente en 1973 le datagramme (un paquet de données dans un réseau informatique), récompensé en 2001 par l'Internet Award (IEEE) qui distingue les avancées dans la technologie internet. Il fait fonctionner le premier réseau français d'ordinateurs et contribue au développement des réseaux à commutation de paquets, précurseurs d'Internet.

Ses travaux sont utilisés par Vint Cerf pour la mise au point d'Internet et du protocole TCP/IP. Ils lui valent en 2012 d'être honoré par l'Internet Society comme l'un des pionniers de l'internet lors de la création du prix du temple de la renommée d'Internet. Conjointement avec Marc Andreessen, Tim Berners-Lee (pionniers 2013 de l'internet), Vint Cerf et Robert Kahn (pionniers 2012 comme lui), il se voit décerner le premier Queen Elizabeth Prize for Engineering qui leur est remis le par la reine Élisabeth II pour leurs contributions majeures à la création et au développement d'Internet et du World Wide Web.

Retraité de la vie active, il devient l'un des plus grands experts sur le multilinguisme dans la communauté mondiale d'Internet. Il préside le conseil d'administration du Native Language Internet Consortium (en), dont l'objectif est de promouvoir des technologies de gestion multilingue de l'internet, et est directeur des projets dans Eurolinc, une association loi de 1901 pour encourager l'usage des langues maternelles sur ce réseau. Président d'honneur de la Société française de l'internet, il œuvre également pour la refondation de l'internet avec un nouveau protocole RINA.

Il préside par ailleurs une startup qu'il a créée à quatre-vingts ans en 2011 et qui diffuse le modèle Open-Root pour la gestion des noms de domaine de premier niveau (c'est-à-dire les extensions internet) sans devoir passer par la société californienne ICANN, l'autorité de régulation qui gère officiellement depuis 1998 l'attribution des noms de domaine.

Préambule

Louis Pouzin est l'un des trois diplômés de sa promotion de l'École polytechnique à s'intéresser en 1957 à cette nouvelle discipline qui ne s'appelle pas encore l'informatique et à travailler dans l'une des sociétés françaises de l'époque fabriquant ce qui vient d'être baptisé en 1955 des ordinateurs. Il part en 1963 pour les États-Unis comme chercheur au centre de calcul du MIT où il contribue à la mise au point début 1964 du CTSS, l'un des tout premiers systèmes d'exploitation à temps partagé.

De retour en France, il se voit confier à son titre d'expert le développement d'un système d'exploitation à temps partagé. Après un bref passage dans l'industrie, il devient en 1971 le directeur du projet Cyclades dans le cadre du plan Calcul, lancé en 1966 par le président Charles de Gaulle. Sa mission consiste à faire fonctionner en France, si possible en l'améliorant, l'équivalent de l'Arpanet américain, premier réseau informatique au monde à transfert de paquet de données.

Avec l'équipe du projet, il invente en 1973 le datagramme (un paquet de données dans un réseau informatique) récompensé en 2001 par l'Internet Award (IEEE) qui distingue les avancées dans la technologie internet. Il fait fonctionner le premier réseau informatique français à commutation de paquets et en fait une démonstration début 1974 à l'IRIA à Rocquencourt, devant les ministres des Postes et Télécommunications et du Développement industriel et scientifique.

Dans le même temps, l'équipe du CNET, pareillement mobilisée par l'Agence de l'Informatique pour fournir au projet Cyclades le réseau téléphonique dont il a besoin pour ses recherches – les deux équipes censées coopérer étroitement selon les accords signés au plus haut niveau des deux établissements publics – expérimente de son côté, presque en catimini, son propre réseau à commutation de paquets, réalisée avec la technologie des circuits virtuels X.25 qui deviendra plus tard en 1978 Transpac.

Le , le président Georges Pompidou meurt et Valéry Giscard d'Estaing lui succède. Le nouveau chef de l'État n'accorde pas le même intérêt que ses deux prédécesseurs au plan Calcul, dont il décide l'arrêt en 1975. Il demande en 1976 à Simon Nora et Alain Minc leur fameux rapport publié en 1978 qui désavoue, en les ignorant purement et simplement, les travaux de Cyclades et préconise d'adopter la norme internationale X.25.

Le champ est désormais libre pour le réseau Transpac, le minitel et son kiosque Télétel, jusqu'à leur abandon et leur fermeture en 2012. L'équipe Cyclades était connue dans le monde entier, des Russes, des Anglais, des Américainsetc. Les Français auraient pu figurer parmi les pionniers du monde Internet, ils n'en sont depuis que des utilisateurs, fort distants des lieux où s'élabore l'avenir.

Les travaux de Cyclades sont repris par Vint Cerf pour la mise au point dans les années 1990 de l'internet et du protocole TCP/IP. Ils valent à Louis Pouzin en 2012 d'être honoré par l'Internet Society comme l'un des pionniers de l'internet lors de la création du prix du temple de la renommée. Conjointement avec Marc Andreessen, Tim Berners-Lee, Vint Cerf et Robert Kahn, il se voit décerner le premier Queen Elizabeth Prize for Engineering qui leur est remis le par la reine Élisabeth II pour leurs contributions majeures à la création et au développement d'internet et du World Wide Web.

Retraité de la vie active en 1993, Louis Pouzin renoue à soixante-deux ans avec sa passion pour les réseaux informatiques, ses vrais centres d'intérêt. Il fait rapidement partie de la communauté internet française et devient l'un des fidèles des rencontres internet d'Autrans. Il est sollicité pour faire partie de la délégation française du premier sommet mondial sur la société de l'information qui se tient à Genève en 2003, puis à Tunis en 2005. Il stigmatise l'hégémonie des Américains sur l'internet et se trouve un nouveau cheval de bataille : sus à l'ICANN et à son traitement abominable des langues.

Cette société privée californienne sans but lucratif, liée par contrat au département du Commerce des États-Unis, est depuis 1998 l'autorité de régulation qui gère officiellement l'attribution des noms de domaine – location avec renouvellement – bien qu'il n'existe aucun document officiel ni signature internationale lui accordant cette rente de situation. Des solutions de contournement existent que Louis Pouzin préfère nommer « racines ouvertes » plutôt que « alternatives », par opposition à celle de l'ICANN, fermée et contrôlée par le gouvernement américain. Il a créé ainsi en 2011, à quatre-vingts ans, une startup française qui diffuse le modèle « Open-Root » pour la gestion des noms de domaine de premier niveau, c'est-à-dire les extensions internet avec une vente à vie et à prix coûtant.

Louis Pouzin devient simultanément l'un des plus grands experts sur le multilinguisme dans la communauté mondiale d'internet. Il préside le conseil d'administration du Native Language Internet Consortium (en), dont l'objectif est de promouvoir des technologies de gestion multilingue de l'internet, et est directeur des projets dans Eurolinc, une association loi de 1901 pour encourager l'usage des langues maternelles sur ce réseau.

Président d'honneur de la Société française de l'internet, il œuvre également pour la refondation de l'internet avec un nouveau protocole RINA. À quatre-vingt-sept ans, Louis Pouzin a encore trouvé là une révolution technique où investir toute sa notoriété et son énergie.

Biographie

La jeunesse

Enfance

Louis Henri Pouzin naît le à Chantenay-Saint-Imbert, un bourg de quelque quinze cents habitants du département de la Nièvre, situé sur un plateau élevé qui domine le cours de l'Allier[1]. Sa mère Jeanne[2] en est originaire mais Fernand Pouzin[3], son père, vient de Saint-Michel-sur-Savasse (Drôme) à trois cents kilomètres de là au sud-est ; le couple d'un improbable mariage[4],[Note 1] travaille dur au développement de la scierie[5],[Note 2] du grand-père Champouret et parvient à surmonter les différentes crises économiques dans un secteur où les faillites ne sont pas rares[4].

Louis[Note 3] ne va pas à l'école primaire du bourg – « que des enfants de mécréants » – et sa mère s'occupe de sa scolarité à la maison[Note 4]. Puis l'aumônier d'un couvent voisin et après lui une religieuse le prennent en main. Joséphine, la tante maternelle religieuse qui finira supérieure générale des sœurs de la charité de Nevers insiste pour que son neveu fréquente un établissement scolaire digne de ce nom si bien que Louis entre en sixième à l'institution Saint-Cyr[6] de Nevers[4].

Scolarité

Sa deuxième tante maternelle, Marie, célibataire et dévouée à la famille, s'installe à Nevers pour s'occuper de Louis et dès le premier jour, estimant le niveau inadapté, elle obtient que son neveu passe directement en classe supérieure. Louis brille par sa mémoire, sa logique et ses dons pour les matières scientifiques. Après sa première partie du baccalauréat à Nevers, il est envoyé en internat à Versailles à l'école Sainte-Geneviève, un établissement tenu par les « jèzes »[7].

Après l'obtention avec mention du baccalauréat de Mathématiques élémentaires[5], il poursuit sa scolarité à « Ginette » en classes préparatoires et se présente au concours d'admission à l'École polytechnique où, à l'âge de dix-neuf ans, il est reçu 3/2, à sa première tentative en 1950[8], dans les premiers de sa promotion dont il est l'un des plus jeunes[9] et plus petits en taille[10].

Polytechnicien

Pendant les deux années de scolarité à l'X, située à l'époque sur la montagne Sainte-Geneviève, Louis Pouzin s'investit pleinement en dehors des cours non seulement dans des activités connexes de sa promotion[Note 5], mais également dans des actions humanitaires de ceux que l'on nomme alors les « prêtres-ouvriers » dont il découvre l'existence et partage l'engagement[10].

Il devient bientôt l'un des piliers du soutien aux jeunes défavorisés et aux clochards de « la Mouf' », ce quartier qui part de la place de la Contrescarpe et descend la rue Mouffetard. Il organise avec d'autres bénévoles des maraudes, des soirées, des sorties en randonnées, des camps de vacances à la montagne ou à la mer, tous pris sur ses permissions[Note 6], pour des jeunes qui n'avaient pour la plupart jamais quitté ni Paris et ni même parfois leur quartier[10].

Entré dans les premiers à l'X, Louis en ressort en 1952 en queue de classement sans avoir encore trouvé sa voie : il choisit de pantoufler[Note 7]. Il lui reste à accomplir la dernière année de l'engagement spécial de trois ans qu'il a contracté le lors de son admission à l'École ; il opte pour « la Royale »[Note 8]. Le , Louis en a terminé avec l'Armée. Il retrouve la vie civile et commence une carrière dans l'industrie[13].

Les débuts professionnels

CIT

IBM 650.
BRL61-IBM 305 RAMAC.

Louis Pouzin rejoint en 1953 à Paris la Compagnie Industrielle des Téléphones (CIT), future CIT-Alcatel, puis Alcatel. L'ancien responsable du central du téléphone de l'X géré par la Compagnie Industrielle des Téléphones, avec qui Louis a noué des relations amicales pendant sa scolarité à l'École, lui a proposé un poste au département fabrication[14].

Un matin de juillet 1956 il découvre un article du quotidien Le Monde[15],[16] sur les calculateurs électroniques que Jacques Perret a récemment baptisés du nom d'« ordinateurs[Note 9] ». Trois mois plus tard Louis se rend au Salon des industries et du commerce de bureau (SICOB) qui se tient au Parc des expositions de la porte de Versailles et a immédiatement le coup de foudre pour ces impressionnantes armoires en métal, alignées et guère esthétiques[20].

Le hasard fait bien les choses puisque quelques jours plus tard Le Monde publie une petite annonce de Bull, fleuron français du calcul électronique qui recherche des ingénieurs. Louis Pouzin envoie son curriculum vitæ, mais la crise de Suez freine un moment les embauches. Début 1957, la crise passée, il est contacté pour un nouvel entretien, et immédiatement embauché[20].

Louis Pouzin fait partie avec Jean-Pierre Brulé[21], président de Bull dans les années 1970, et Henri René Leroy[22], concepteur en 1967 d'un compilateur du langage de programmation Algol[23], des trois seuls polytechniciens de la promotion 1950 à s'intéresser à cette nouvelle discipline qu'on appelle désormais l'informatique[20].

Bull

Louis Pouzin, bientôt vingt-six ans, arrive en février 1957 chez Bull[Note 10]. IBM domine le nouveau secteur de l'informatique avec son deuxième ordinateur IBM 650 sorti en 1954[Note 11]. Bull lui confie la mission de gérer en interface avec les commerciaux une petite division technique chargée de concevoir des lecteurs de bandes perforées[24].

La guerre commerciale fait rage entre ces deux entreprises. En 1960, Bull, qui vend des ordinateurs dans cent quarante huit pays et commence à combler son retard avec IBM[Note 12], veut frapper un grand coup avec le Gamma 60[Note 13] destiné au calcul scientifique et aux sociétés d'assurances. Sa conception révolutionnaire des traitements de l'information multitâches ne permet pas de développer facilement des compilateurs sachant tirer parti de cette architecture. Le langage machine est en fait le seul réel outil de développement[27] et il faut adapter le logiciel[Note 14] aux besoins du client.

Bull confie cette mission à Louis qui se trouve à la tête d'une équipe de trente ingénieurs jeunes sortis des grandes écoles (les Mines, X, Centrale, Arts et Métiers), sans expérience ni enthousiasme (pour eux c'est une tâche ingrate[24]). Il effectue plus un travail de manageur que de développeur et envie les nombreux américains qui débarquent en masse chez Bull après la récente prise de pouvoir de General Electric[24].

Il réalise vite que l'obstacle de la langue anglaise qu'il ne maîtrise pas[Note 15] va progressivement le marginaliser. Il demande à son patron, qui lui accorde, un congé sabbatique pour partir travailler aux États-Unis au MIT, tout en restant détaché de Bull[Note 16] pendant qu'en vertu d'un programme d'échange, un chercheur américain du MIT le remplace chez Bull[5],[Note 17].

L'aventure américaine

L'IBM 7090 du programme Mercury.

Le 1963, Louis Pouzin embarque sans sa famille[Note 18] à bord d'un Boeing 707 pour Boston ; il rejoint l'équipe de recherche de Fernando José Corbató, directeur adjoint du centre de calcul de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT), dont il a fait la connaissance six mois auparavant lors du quatrième congrès de la Fédération internationale pour le traitement de l'information (IFIP) à Munich ()[34],[Note 19].

L'informaticien californien d'origine portugaise que l'on surnomme « Corby », trente-sept ans, est l'un des plus éminents spécialistes du Whirlwind I, un ordinateur à tubes à vide mis au point par le Servomechanisms Laboratory du MIT pour le compte de l'US Navy entre 1945 et 1951 dans le cadre d'un projet de simulateur de vol[Note 20]. Celui qui décrochera le prix Turing en 1990 travaille alors en tandem avec l'Agence pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA) du département de la Défense des États-Unis sur un projet de programmation en « temps partagé » (« Time Sharing », en anglais), le projet MAC (Multi Access Computer[39] – ordinateur de traitement en accès multiple)[34].

Sur un imposant ordinateur central, l'IBM 7094, dans un laboratoire dédié du MIT Computation Center (en) – le futur laboratoire de recherche en informatique et intelligence artificielle du MIT – Corbató et son équipe conçoivent depuis 1961 un système d'exploitation (OS) capable de fonctionner sur plusieurs machines, le CTSS. À l'époque, l'enjeu est énorme, car le temps partagé est perçu comme l'espoir d'interconnecter un jour les terminaux, vers une informatique en réseaux et non plus centralisée[34].

Le projet MAC-CTSS donne à Louis Pouzin l'occasion inespérée de programmer d'une façon vraiment concrète une machine puissante et de s'initier à un tout nouveau concept informatique révolutionnaire, qui demande d'écrire et d'inventer de toutes pièces un programme de gestion de la machine[34],[Note 21].

Projet MAC

Aux côtés de cinq autres « programmeurs système », un métier encore inconnu en France, Louis Pouzin s'initie au code machine, le langage natif du processeur de l'ordinateur[34]. Dans une ambiance de « startup » avant l'heure, les informaticiens du projet MAC travaillent d'abord près du campus universitaire, puis déménagent au neuvième étage du Tech Square[41], un imposant immeuble de Cambridge (Massachusetts), « paradis des bidouilleurs[42] », qui abrite à la fois un laboratoire de recherche en informatique et un laboratoire d'intelligence artificielle (le futur AI Lab (en))[43],[Note 22].

Pendant un an, supervisée discrètement par le professeur Corbató, toute l'équipe dont fait partie Louis[Note 23] travaille jour et nuit sur le projet MAC. Début 1964, CTSS, l'un des tout premiers systèmes d'exploitation à temps partagé, voit enfin le jour[43]. Louis participe la même année à la conception du successeur de CTSS, le système d'exploitation Multics[43],[Note 24].

Projet Multics

Dans le cadre du projet Multics, Louis Pouzin propose de concevoir un interpréteur de commandes, c'est-à-dire une interface directe entre l'OS et l'utilisateur[43]. Il développe au début de 1964 le programme RUNCOM (en), un « interpréteur » permettant d'exécuter un ensemble de commandes contenues dans un fichier avec la possibilité de substituer des paramètres. Cette interface que Louis baptise shell[47] (« coquille »), est immédiatement très appréciée par l'équipe qui voit là le moyen de rentrer chez soi le soir tout en laissant s'exécuter des blocs de commandes pendant la nuit[48].

En juin 1965, le programme d'échange de chercheurs entre le MIT et Bull s'achève ; Louis et sa famille rentrent en France. Avec la notice technique qu'il laisse « sans qu'on lui demande[48] », Glenda Schroeder (en) et son équipe conçoivent entre 1966 et 1967 le Shell Multics, une innovation toujours utilisée par de nombreux systèmes libres, comme Unix, le descendant de Multics.

Retour en France

De retour chez Bull, à présent succursale de General Electric depuis son rachat en 1963, Louis Pouzin reste quelques semaines dans le flou quant à ses futures activités professionnelles, cherchant de préférence un nouveau projet lié au time-sharing – mais en Europe cette fois – et espère que son entreprise a décidé d'entrer dans la compétition. Auréolé de son titre du MIT d'expert, il accompagne en 1966 son nouveau patron, Pier A. Abetti[49],[Note 25], pour un tour d'Europe de conférences sur les bienfaits du temps partagé. Il se mue en un grand voyageur qui enchaîne les aller-retours dans la plupart des capitales européennes (Rome, Stockholm, Berlin, Londres, etc.) et dans les grandes villes de France, mais finit par se lasser[51].

Projet Météonome

Control Data 6600.

La direction de Bull propose cette même année 1966 à Louis Pouzin, qui n'en espérait pas tant, de prendre en charge le développement d'un système d'exploitation à temps partagé et de logiciels destinés à être utilisés par la Direction de la météorologie nationale (DMN), ancêtre de Météo-France. Celle-ci a commandé à Bull une grosse machine, le GE-600 qu'il faut adapter pour lui permettre de faire de la prévision à partir des informations météorologiques en temps réel « reçues par Télex du nord au sud du pays »[51].

Pour ce projet novateur, Louis et son équipe de trois ingénieurs qu'il a recrutés s'installent à côté du Pont de l'Alma dans un petit laboratoire au bureau de la Météorologie nationale. L'équipe qu'assistent cinq chercheurs de la DMN finit par imaginer un système, que Louis baptise « météonome », permettant au GE-600 de sortir en temps voulu des prévisions à court, moyen et long terme[51].

En 1967, après un an de travail, survient un coup de théâtre : General Electric, en pleine déconfiture financière, trouve que le GE-600 ne rapporte pas assez d'argent et décide de ne plus le distribuer. La DMN se trouve dans l'obligation de commander un ordinateur concurrent, le Control Data 6600[Note 26] fabriqué par Control Data Corporation (CDC), mais souhaite conserver l'équipe du projet[51].

Le patron de cette société américaine a beau aller voir Bull en lui proposant un arrangement selon lequel CDC ne fournirait que le calculateur et Bull continuerait à faire travailler l'équipe en place sur le météonome, cette dernière société ne veut rien entendre. Louis Pouzin claque alors sa porte et la quitte[5] pour rejoindre la SACS (Société d'analyse et de conception de systèmes), une entreprise de services destinée aux développements de systèmes pour les entreprises, fondée en 1965[Note 27] par la Société d'économie et de mathématiques appliquées (SEMA, future ATOS)[35].

Il peut de la sorte achever en 1969 son travail sur le « météonome », cette fois avec une équipe de cinq ingénieurs et parmi eux Jean-Louis Grangé tout juste sorti de l'Institut de programmation de l'université Paris VI. La Météorologie nationale utilisera son système « Meteos » pendant au moins une quinzaine d'années[36]. En concevant ce système, l'homme a beaucoup appris[35] et se préoccupe alors de réorienter sa carrière[5].

À la même époque, il commence à donner à l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) les tout premiers cours dispensés en France sur les systèmes d'exploitation. C'est dans ce milieu bouillonnant d'idées nouvelles, en plein Mai 1968, qu'il puisera plus tard pour trouver les nombreuses jeunes recrues de ses équipes de recherche[35]. Il participe également à la Conférence d'Edimbourg, du , où Donald Davies fait une présentation sur l'importance des questions de réseau[52] pour le temps partagé.

Direction informatique de Simca

Louis Pouzin se dirige vers le milieu de l'industrie et répond en 1969 à une petite annonce de Simca, constructeur automobile contrôlé à l'époque par l'américain Chrysler, qui recherche un ingénieur capable de diriger son service informatique[36]. Il découvre la vie dans une grande entreprise, avec ses cahiers de charge, ses méthodes de management, ainsi que ses syndicats et ses bras de fer entre les différents services (finances, achats, production, etc.).

Allergique à ce type de cadre de travail, Louis Pouzin sent que ce milieu de bagarres perpétuelles, où beaucoup d'énergie est dépensée pour défendre son autorité, son budget, n'est pas le sien. Louis, qui est dans sa quarantième année, veut davantage[5] ; il l'ignore encore, mais le destin lui a réservé bien plus que d'entrer dans une énième société où exercer son talent.

Plan Calcul

Sur l'impulsion de Michel Debré et d'un groupe de hauts fonctionnaires et d'industriels, le général de Gaulle lance en 1966 le plan Calcul, un plan gouvernemental destiné à assurer l'autonomie du pays dans les technologies de l'information, et à développer une informatique européenne.

L'origine du plan Calcul est la prise de contrôle par General Electric, en 1964, de la firme française Bull affaiblie face à la domination d'IBM sur le marché informatique. C'est en réaction contre les difficultés de l'industrie électronique française que le général de Gaulle décide alors de lancer le plan Calcul, que pilote la délégation générale à l'informatique (DGI)[Note 28]. Ses objectifs sont de développer une industrie informatique nationale et d'en faire un élément d'une future industrie informatique européenne.

Ce plan entraîne la création de l'IRIA, grand organisme public de recherche (devenu depuis Inria), et d'une grande compagnie d'informatique privée mais aidée par l'État, la Compagnie internationale pour l'informatique (CII), pilotée par Thomson et la Compagnie Générale d'Électricité (CGE).

Un directeur de projet enthousiaste

À quelques jours d'intervalle, Louis Pouzin reçoit en 1971 des coups de fil de François Sallé, puis de Louis Bolliet, d'anciens collègues de Bull, lui annonçant que la Délégation générale à l'informatique voudrait faire en France un réseau semblable à l'Arpanet. Développé aux États-Unis entre 1969 et 1971 par la DARPA (l'agence pour les projets de recherche avancée de défense) et fondé sur le concept du temps partagé, l'Arpanet (Advanced Research Projects Agency Network) est alors le premier réseau à transfert de « paquets » (des morceaux de données) plutôt que la traditionnelle communication par circuit électronique[53].

Créer une version européenne de l'Arpanet est alors tout à fait dans les cordes de Louis Pouzin, ardent défenseur du temps partagé et des réseaux, qui a suivi de très près les avancées du projet américain dans les revues scientifiques[53]. L'idée de la Délégation générale à l'informatique n'est pas de concurrencer Arpanet mais de rattraper en France le retard sur les États-Unis dans le domaine stratégique des réseaux[5].

Sous l'impulsion de la DGI, un consortium européen de l'informatique est créé, Unidata, avec des associés issus de trois pays, Philips, Siemens et la CII. L'objectif est de créer une puissante gamme de produits d'informatique européenne, à l'identique d'Airbus dans l'aéronautique, chacun des membres s'occupant de son secteur d'expertise. À Philips la technologie électronique, à Siemens les périphériques mécaniques, et à CII l'architecture des machines et le logiciel. Face à Siemens et Philips, deux poids lourds, la CII, crée en 1966, est relativement jeune et toute petite[Note 29]

Quelque temps après, Maurice Allègre, le directeur de la DGI, propose en à Louis Pouzin de diriger le projet en tant qu'expert reconnu du time sharing[53]. Il est embauché par la Délégation à l'informatique[Note 30] et s'installe à l'IRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) – où il ne sera embauché qu'en 1973 – à Rocquencourt dans les Yvelines au Camp Voluceau, dans l'ancien quartier général du SHAPE[Note 31] (Supreme Headquarters Allied Powers Europe) ; l'IRIA est dirigé alors par Michel Monpetit, ancien directeur adjoint de la DGI, chargé de la liaison avec le Plan Calcul[56].

Louis Pouzin mobilise immédiatement son réseau afin de constituer en 1972 une équipe d'une demi-douzaine de personnes[57]. Il commence par recruter Hubert Zimmermann, un ingénieur de l'armement qui travaille alors à la SEFT (Section d'étude et fabrications des télécommunications de l'Armée de terre) et vient d'achever le projet Sycomore, visant à créer plusieurs systèmes de commandement pour l'Armée de terre[57].

Ce sont ensuite Jean-Louis Grangé, un ancien de Simca rencontré à la SACS et qu'il avait déjà débauché pour le « météonome », Jean Le Bihan, concepteur des tout premiers systèmes de temps réel des aéroports français, Michel Gien, l'auteur de Fanny, un langage utilisé pour des systèmes de macro-instructions et ingénieur système au centre de calcul de l'IRIA[Note 32]. Il parvient se faire prêter par la CII Jean-Pierre Touchard, qui a commencé sa carrière comme instituteur avant de tomber en 1963 dans l'informatique en intégrant Bull, Michel Elie et Philippe Chailley, tous trois associés au projet pour représenter l'industrie[58].

Très vite, Louis Pouzin et son équipe s'approprient le projet de la DGI auquel Louis trouve un nom, Cyclades, du nom de l'archipel grec[55],[Note 33].

Le choix de la commutation de paquets

Avant toute chose, la DGI doit passer un accord avec le Centre national d'études des télécommunications (CNET), le « labo des Télécoms », afin d'utiliser gratuitement les lignes et les modems des PTT. Le 1972, Louis-Joseph Libois, directeur général des télécommunications (DGT), et Maurice Allègre, délégué à l'informatique (DGI), décident de faire travailler ensemble les équipes du CNET et de l'IRIA[55],[Note 34]. Depuis un an, le laboratoire de recherche des PTT réalise lui aussi un réseau de données, baptisé « Hermès »[60]. Les objectifs du Centre commun d'études de télévision et télécommunications (CCETT), de la DGT et de la DGI sont proches et incitent à collaborer plutôt que de se concurrencer.

Selon l'accord passé, les « télécommunicants » et les informaticiens de Cyclades travailleront ensemble à réaliser un seul et unique système de commutation pour leurs réseaux respectifs[55]. Très rapidement des dissensions apparaissent sur des questions techniques. Si les ingénieurs des PTT, tout comme ceux de Cyclades, sont partisans de la commutation de paquets[Note 35] (packet switching) plutôt que la commutation de circuits[Note 36], les deux équipes n'arrivent pas à s'entendre sur le mode concret d'acheminement des données.

Dans la commutation de paquets, on peut concevoir une première approche où les paquets d'un même message se suivent et empruntent tous le même itinéraire. C'est la voie qui va être choisie par les « télécommunicants » et que l'on appelle les circuits virtuels. Elle présente selon eux un meilleur taux de sécurité et de fiabilité pour l'acheminement des messages et une plus grande facilité pour facturer les transmissions des données. L'équipe Cyclades – les « Cyclamen[61] » Louis Pouzin, Hubert Zimmermann et Jean-Louis Grangé, etc. – penche pour le « routage adaptatif » où les paquets ne se suivent pas dans le réseau, mais empruntent des voies différentes au gré de la disponibilité des commutateurs et lignes, puis sont rassemblés à destination pour reformer le message initial[54].

Invention du datagramme

Louis Pouzin entreprend début 1972 un périple d'étude aux États-Unis (Philadelphie, Los AngelesUCLA, RAND, SDC (en) et IBM –, San FranciscoSRI, Berkeley – et à nouveau le MIT à Boston)[62]. Il part y rencontrer Larry Roberts (lié à l'ARPANet) et Barry Wessler, qui créeront plus tard en janvier 1975 Telenet[63], premier réseau commercial d'ordinateurs, précurseur d'Internet, ainsi que Leonard Kleinrock, l'un des principaux inventeurs du principe de la commutation de paquets, sans oublier son ami Fernando José Corbató[61].

Il revient avec l'idée de concevoir pour Cyclades un système de commutation de paquets[5] et de réseaux de communication[61] interconnectés via des passerelles qu'il baptise le « Catenet (en) »[64],[Note 37]. Dans son esprit, le catenet permettrait également un jour d'interconnecter les autres réseaux en cours de conception aux États-Unis (Arpanet) et en Europe (NPL (en)). C'est ce concept de « réseau des réseaux » – qui, en 1972, reste alors à créer – qui inspirera quelques années plus tard Vint Cerf dans le cadre du projet ambitieux de passer d'Arpanet à Internet (qui signifie littéralement « inter network », ou « réseau des réseaux »[65],[66]).

Les « Cyclamen » imaginent pour Mitranet[Note 38], le réseau de Cyclades qui sera rebaptisé Cigale[Note 39], une architecture à deux niveaux[66], d'un côté un protocole d'échanges de paquets et de l'autre un protocole de transport[5] d'ordinateurs à ordinateurs connectés[66],[Note 40]. En 1972 aucun réseau n'a encore été conçu autour des seuls paquets indépendants, le projet Cyclades est le premier à appliquer intégralement ce concept[69].

Après avoir réalisé un an plus tard, durant l'hiver 1973, ses premières démonstrations[Note 41] publiques de Cyclades (4 ordinateurs sont alors reliés par un premier nœud) lors du deuxième séminaire européen sur les réseaux de l'IRIA à Venise[72], lors du troisième Data Communications Symposium de Tampa en Floride, enfin le 8 devant le ministre des PTT[Note 42] à Paris, Louis Pouzin peut revendiquer à juste titre le statut d'inventeur du « datagramme[Note 43] » ou « paquet de données transmis en mode sans connexion[Note 44] ».

Incubateur Cyclades

À l'automne 1972 Gérard Le Lann, qui a commencé sa carrière au CERN, renforce l'équipe Cyclades et rejoint l'université de Rennes pour former une petite équipe Cyclades délocalisée, destinée à simuler le réseau et les protocoles, élaborés à Rocquencout, de communication entre ordinateurs[70]. Louis Pouzin l'envoie en 1973 aux États-Unis où il rejoint l'équipe de chercheurs de Vint Cerf à Stanford. De à il contribue à l'amélioration du protocole de communication du réseau Arpanet et fait profiter les « Cyclamen » de son retour d'expérience[76].

Bernard Nivelet, un ingénieur du CNRS qui sera en 1984 directeur technique de Bull-France, devient en le responsable du centre de calcul et des moyens informatiques de l'IRIA, dont les ordinateurs de connexion au réseau Cigale. Entre 1973 et 1975 Louis Pouzin complète son équipe avec de nombreux jeunes ingénieurs issus de sociétés de service, comme la SACS, Cap Sogeti ou la SESA, lesquels, des années plus tard, participeront pour la plupart à des projets de réseaux français[5]. Elle s'étoffe encore avec l'arrivée en 1975 du franco-libanais Najah Naffah, doctorant à l'ENST, qui se verra confier en 1979 le projet-pilote Kayak[77],[Note 45].

Des ingénieurs américains viennent en stage à partir de fin 1972 pour travailler avec l'équipe Cyclades[Note 46]. Les deux projets américain et français n'entrent pas en concurrence mais s'enrichissent mutuellement de leurs recherches sur un domaine d'avant-garde[Note 47], malgré un enjeu industriel important[80]. Louis Pouzin et Hubert Zimmermann font partie des groupes de réflexion sur les réseaux de l'IFIP (International Federation for Information Processing) et de l'INWG (International Network Working Group)[Note 48] et participent activement à l'International Standard Organisation (ISO)[Note 49] pour la définition de protocoles favorisant les réseaux hétérogènes[81], le modèle OSI que l'on appelle « à sept couches[Note 50] ».

L'équipe Cyclades enchaîne en 1974 les colloques, conférences, événements internationaux, où se croisent régulièrement les chercheurs et spécialistes de réseaux (National Computer Conférence (en) (NCC)[82],[Note 51], sixième congrès de l'IFIP à Stockholm[84]). Les conférences succèdent aux publications. Alors que le réseau expérimental RCP[85] est à peine ouvert par les PTT[86], celui de Cyclades est au sommet de son art[87],[Note 52].

Une coopération de façade

Selon l'accord passé le 1972 entre leurs directions, les « télécommunicants » du CNET et les informaticiens de Cyclades travaillent ensemble à réaliser un seul et unique système de commutation pour leurs réseaux respectifs[55], mais très rapidement des dissensions apparaissent, les deux équipes n'arrivant pas à s'entendre sur le mode concret d'acheminement des données.

Durant l'été 1972 un bras de fer s'engage dans la discrétion entre l'équipe Cyclades, qui commence à développer le catenet, indépendant de la qualité de service des réseaux[69], et les ingénieurs du CNET qui ont programmé un ordinateur PDP-11 (de DEC et non pas CII) pour en faire le premier nœud du futur réseau expérimental du projet Hermès – futur Transpac – à commutation de paquets RCP[85],[Note 53] destiné à fonctionner avec des circuits virtuels[69],[88].

Au printemps 1973 Louis Pouzin constate que l'accord de coopération entre les deux équipes n'a pas mis fin au projet parallèle du CNET, les « télécommunicants » continuant à plancher sur leur propre réseau[81]. Les contacts entre les deux équipes, qui sont rares, se font surtout par supérieurs hiérarchiques interposés (Maurice Allègre à la DGI, Louis-Joseph Libois à la DGT). Chacun poursuit son projet dans son coin, tout en tentant de sauver les apparences[89]. Fin 1973 les tensions sont toujours plus fortes, plus question de travailler ensemble sur un improbable système commun ; les « télécommunicants » et les « Cyclamen » se mettent en quête de caution internationale pour trancher leur différend technique[83].

Louis Pouzin se montre même très provocateur et ne cache pas, en public, son désaccord vis-à-vis des circuits virtuels choisis par le CNET, alors qu'il est censé devoir rester en bons termes avec lui. Il cultive depuis ses premières expériences professionnelles chez Bull et Simca ce caractère entier que s'efforcent de freiner, sinon canaliser, Michel Monpetit, le directeur adjoint du SESORI[Note 54] à l'IRIA, mais aussi Hubert Zimmermann[89].

Début 1974 les relations déjà tendues s'enveniment ; les deux camps ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente[91]. D'un côté les PTT défendent leur monopole avec une politique fermée des communications, de l'autre Cyclades milite pour une position ouverte, avec des protocoles ouverts : deux visions complètement incompatibles, autant que Windows, construit sur des protocoles et des programmes propriétaires, et Linux, où tout est ouvert[91].

La confrontation semble inévitable d'autant plus que le sort s'en mêle et frappe le plus important soutien des « Cyclamen »[91]. Le , deux mois après la présentation de Cyclades au gouvernement[73], Georges Pompidou meurt à deux ans de la fin de son mandat et Valéry Giscard d'Estaing lui succède le .

La fin de Cyclades

Enterrement du Plan Calcul

Le réseau Cigale passe en 1974 du prototype à quelque chose d'opérationnel qui fonctionne parfaitement sauf que l'administration française des télécommunications a décidé qu'il n'a aucun avenir et qu'il faut tout miser sur le réseau RCP[85] – futur Transpac – lequel, bien que dédié aux échanges de données, ressemble davantage à un réseau téléphonique classique sur lequel il est beaucoup plus facile de prélever des taxes[92]. Pour la direction des affaires industrielles de la Direction générale des Télécommunications, l'idée même du datagramme – paquet de données transmis en mode sans connexion – n'est pas acceptable puisqu'il n'existe aucun moyen de s'assurer que le paquet est arrivé à destination[93].

Louis Pouzin doit également faire face aux pressions exercées sur le président Giscard d'Estaing par Bull, dont les activités d'ordinateurs ont été revendues au début des années 1970 par General Electric à Honeywell, et qui sous le nom de Honeywell Bull relève la tête après des années de vaches maigres[93]. Une partie du marché français lui est interdit de fait par le plan Calcul qui accorde systématiquement des préférences d'achat à CII dans les grandes administrations et les services publics[94]. Bull s'allie avec la Compagnie générale d'électricité (CGE)[Note 55],[Note 56], l'une des maisons-mères de la CII, pour mettre fin à Unidata[Note 57] ; c'est une question de survie[94]. Alors commence une formidable guerre d'influence auprès du nouveau chef de l'État qui s'interroge sur la poursuite de ce grand projet européen et elle va opposer deux camps[93].

D'un côté, les partisans de l'alliance européenne conduite par les États, ce qui suppose au préalable un renforcement des moyens financiers de la CII, par exemple en l'adossant au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ; parmi eux, la DGI, mais aussi des hauts fonctionnaires et quelques ministres dont Jacques Chirac, le chef du gouvernement. De l'autre, les adeptes d'une solution libérale consistant à fusionner la CII avec un groupe privé, de préférence américain ; parmi eux, Ambroise Roux, patron de la CGE, vice-président, chargé de diriger la commission économique générale du CNPF (qui deviendra en 1998 le Medef), mais aussi Paul Richard[Note 58], PDG de Thomson-CSF, dont l'enthousiasme pour le projet Unidata tiédit de jour en jour, les hauts fonctionnaires du ministère de l'Industrie et le ministre lui-même, Michel d'Ornano. Ce camp a trouvé son champion : Jean-Pierre Brulé, le PDG d'Honeywell Bull, qui rêve de casser Unidata – un concurrent qui risque de se révéler redoutable – et, au passage, d'absorber la CII[96].

Le chef de l'État, davantage tourné au début de son mandat vers l'atlantisme que vers la construction européenne, se désintéresse du plan Calcul et est très sensible aux arguments de Bull, de la CGE et de Thomson. Quelques semaines à peine après la mise en place du gouvernement Chirac, le nouveau ministre de d'Industrie adopte une « nouvelle vision industrielle » et remplace en la DGI par la Direction des industries de l'informatique et de l'électronique[97] (DIELI) au champ plus vaste, incluant l'électronique, mais aux pouvoirs plus modestes. Maurice Allègre, découragé, en tire les conclusions en démissionnant ; Jean-Claude Pelissolo, ingénieur de l'armement formé à l'ENST, lui succède. Un an plus tard, le 1975, le gouvernement donne officiellement son accord à l'acquisition de la CII par Honeywell-Bull[Note 59] et annonce son retrait d'Unidata[Note 60] : c'est l'enterrement du Plan Calcul[94],[Note 61].

Mise à mort de Cyclades

Minitel 1.

Le projet Cyclades n'est pas arrêté pour autant. Les PTT continuent de louer et de garder en service les lignes téléphoniques utilisées par Cigale, mais les « Cyclamen », qui depuis des mois continuent de développer un réseau opérationnel et prometteur, se retrouvent brusquement non seulement sans argent pour financer leurs travaux (autre que celui, limité, de l'IRIA), mais aussi sans le moindre soutien, ni industriel, ni gouvernemental. La confrontation entre les informaticiens de Cyclades et les « télécommunicants » du CNET s'est transformée d'un coup en un rapport de force inégal, la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Dès 1975-1976, il paraît alors assez clair que les gens des Télécoms vont gagner la bataille[100].

La DGT tient absolument à neutraliser ce concurrent tandis que Louis Pouzin, aux convictions bien enracinées dans le bien-fondé de ses recherches, s'évertue à expliquer à la communauté scientifique que Cyclades et les réseaux à datagrammes représentent réellement l'avenir. Il se voit objecter que le réseau RCP/Transpac, et plus largement les réseaux fondés sur la norme X.25, en cours de développement, sont l'avenir du fait que ces réseaux en circuits virtuels sont alors les seuls types de réseaux numériques où l'on a résolu le problème de la facturation, donc de la rentabilité[Note 62], mais aussi de la sécurité[100].

En , le Comité consultatif international téléphonique et télégraphique (CCITT) de l'ONU, l'instance de normalisation du monde des télécommunications, émet une « recommandation » qui établit la norme X.25 – un protocole conçu à l'origine pour Datapac (en) au Canada, pour Tymnet (en) et Telenet (en) aux États-Unis, mais très proche, voire fortement inspiré de celui du réseau RCP[85] – comme un standard à suivre pour les réseaux à commutation de paquets[101]. Même s'il ne s'agit que d'une recommandation, Cyclades, qui mise sur les datagrammes, se retrouve toujours plus isolé.

Le , les « télécommunicants » passent à l'étape suivante de leur projet, désormais sans concurrence : RCP devient officiellement Transpac, le premier réseau commercial de transmission de données par paquets en France, et son protocole repose entièrement sur la norme X.25. Ce réseau, d'abord destiné aux professionnels, sera finalement utilisé par les PTT en 1982 pour faire fonctionner le système du minitel et ses services grand public, dont les plus connus restent les « 36 15 » jusqu'à l'abandon et la fermeture le du kiosque Télétel[102],[Note 63].

Durant toute cette époque entre 1975 et 1978, en catimini, sans support ni budget mais en utilisant les lignes des PTT, Louis Pouzin et son équipe poursuivent leurs travaux malgré un courrier d'André Danzin, directeur de l'IRlA, leur enjoignant de ne plus s'occuper de réseaux[Note 64]. Cigale continue ainsi d'être exploité par le centre de calcul de l'IRIA et utilisé par des centres universitaires, en tant que « banc d'essai de la future informatique répartie »[40]. Puis, progressivement, les centres universitaires participant à Cyclades finissent par passer à autre chose. En l'absence de financement et de soutien, le projet meurt à petit feu, jusqu'à sa déconnexion en janvier 1978[100],[Note 65].

Pour les hommes politiques qui soutenaient le plan Calcul, les gens de la CII, les chercheurs de l'IRIA, les entreprises partenaires, les organisations qui utilisaient le réseau Cigale, c'est l'incompréhension totale et personne ne s'explique cette volteface de Valéry Giscard d'Estaing qui laisse derrière elle comme un goût d'amertume[Note 66]. Personne n'a anticipé, sans doute aussi, qu'elle provoquerait comme une fuite des cerveaux. On avait affaire à des gens totalement investis, qui avaient acquis des compétences et passaient leurs jours et leurs nuits, ainsi que leurs weekends, à travailler pour développer des ordinateurs ou pour construire Unidata et on les a fait partir soudainement en les écœurant, l'effet contraire de celui escompté au départ de moderniser la France[104],[105].

Arpanet versus Cyclades

Pourquoi, alors que les projets Arpanet aux États-Unis et Cyclades en France sont à l'époque si proches, le premier s'est-il poursuivi jusqu'à donner naissance à l'internet, quand le second, qui promettait pourtant de constituer la base d'un véritable réseau d'ordinateurs européen, a été totalement enterré[105] ?

Les chercheurs américains ont un grand avantage : ils sont financés par un poids lourd national, la DARPA, avec des objectifs « fermes » et une vision clairement définie. En parallèle, les scientifiques anglo-saxons sont soutenus par l'entreprise Bolt, Beranek and Newman (BBN), ainsi que par des universités prestigieuses : UCLA, Stanford Research Institute (Université Stanford), Université de Californie à Santa Barbara. Les États-Unis ont un mode de fonctionnement où l'on commence par « implémenter »[106], cela devient ensuite un standard et enfin tout le monde fait pareil. Il s'agit ensuite pour eux d'un marché unique avec une forte volonté politique, une vision industrielle de la DARPA qui sait mettre les moyens qu'il faut pour un développement d'abord national, puis international[107].

Arpanet s'étend ainsi avec des nœuds de réseaux qui se multiplient, des démonstrations qui convainquent les industriels lors de grands shows (comme le « Computer Fair » aux États-Unis en 1973 et 1974, avec notamment une démonstration d'échange avec Cigale en France et le NPL Net (en) au Royaume-Uni). Au début des années 1980, il y a ensuite la décision décisive de la Défense américaine de séparer Arpanet en deux réseaux, l'un militaire – MILnet (en) qui deviendra le DDN (en) – et l'autre, universitaire et indépendant – NSFnet (en) – que les militaires abandonnent au monde civil[108].

Ce réseau purement civil mis à disposition des universitaires pour relier les réseaux existants en « -Net » – Ethernet, CSNET, Bitnet et Usenet – non encore communicants via Arpanet est alors repris par les entreprises commerciales américaines, qui commencent à développer des systèmes de vente et de publicité. Jusqu'à ce que tous ces réseaux de communication interchercheurs, Arpanet et ses clones, soient reliés dans un seul « réseau des réseaux », permettant en 1993 d'ouvrir l'internet au commerce.

L'idée de Cyclades, qui anime un projet beaucoup plus collaboratif, consiste plus à commencer par standardiser avec des discussions dans des organismes de standardisation internationaux, puis d'essayer ensuite de se mettre d'accord avec les PTT. Les univers des « Cyclamen » et ceux des « télécommunicants » ne sont pourtant pas si éloignés que ça à l'origine, ce sont deux mondes qui se connaissent bien : à la DGT, Alain Profit[109], chargé de mission aupès de Maurice Allègre, vient du CNET et du domaine des Télécoms (il y a un aller-retour régulier entre ces deux organismes), tandis que le projet Cyclades n'est pas destiné à être un produit mis à la disposition d'une clientèle des télécommunications : c'est le rôle de la DGT[107].

Mais entre 1976 et 1978 les affrontements entre techniciens se font toujours plus violents, jusqu'à enterrer définitivement tout espoir de réconciliation. Pendant la période durant laquelle Cigale continue de fonctionner, mais sans budget, Louis Pouzin utilise à fond son réseau de connaissances professionnelles pour défendre et promouvoir à l'international sa vision d'un système de communication reposant sur les datagrammes et s'opposer publiquement à celle du CNET et de l'administration des Télécommunications[Note 67]. Il se montre si entier lorsqu'il essaie de véhiculer ses idées que, durant l'été 1976, André Danzin intervient même en personne pour défendre la nécessaire bonne entente entre l'IRIA qu'il dirige et les PTT, même si elle n'est alors plus que de façade[107],[Note 68].

Les interventions de Louis Pouzin pour défendre les datagrammes porteront leurs fruits, même des années après la fin de Cyclades – ses recherches étant reprises dans les années 1980 par Vint Cerf et Bob Kahn pour leurs propres travaux, dans le cadre d'Arpanet et du développement du protocole TCP/IP. Si le projet expérimental Cyclades a perdu la bataille politique, il semble avoir finalement remporté celle des esprits.

Louis Pouzin peut être amer[111],[Note 69], tout comme d'autres également, Maurice Allègre, par exemple, qui l'a débauché dans l'urgence[112] en 1971 de la direction informatique de Simca. Réagissant à un article sur la genèse d'internet, le délégué à l'informatique du plan Calcul de De Gaulle, écrit au courrier des lecteurs du Monde, en 1999 :

« Louis Pouzin, polytechnicien et chercheur de très grand talent, (est à l'époque) venu proposer un projet de réseau maillé d'ordinateurs basé sur quelque chose de totalement nouveau : la commutation de paquets. Très vite, les recherches ont connu un plein succès, au point que j'ai déployé de grands efforts pour faire adopter le projet par la direction générale des Télécommunications comme base pour leur futur réseau de transmissions de données », poursuit M. Allègre, « Je me suis malheureusement heurté à un mur ». Le réseau en question s'appelle Cyclades. « Nous aurions pu être parmi les pionniers du monde Internet[113] (...) », conclut le courrier de l'ancien haut fonctionnaire, « Nous n'en sommes que des utilisateurs, fort distants des lieux où s'élabore l'avenir[114]. »

Rapport Nora-Minc

Le 1978, peu avant que le réseau Cigale ne soit définitivement débranché et le projet Cyclades enterré, l'Inspection Générale des Finances sort une étude[115] qui désavoue les travaux de Louis Pouzin et de son équipe en les ignorant purement et simplement. Dans leur célèbre rapport[98] de cent soixante deux pages – neuf cent une pages y compris les quatre annexes – sur « l'informatisation de la société[99] », qui préfigure le lancement du réseau minitel, Simon Nora et Alain Minc réfléchissent, à la demande[Note 70] de Valéry Giscard d'Estaing, aux moyens de développer l'usage par les Français de l'informatique, dans un contexte de crise économique.

Selon ces deux hauts fonctionnaires, alors que l'on assiste à l' « avènement[116] » de ce qu'ils nomment la « télématique[116] » (ou « imbrication croissante des ordinateurs et des télécommunications[117] »), et que ce nouveau secteur représente pour le pays un « enjeu de croissance[118] » et de «souveraineté[118] », l'électronique grand public reste « peu développée[119] » en France malgré le plan Calcul, la création de la CII et d'Unidata. La France serait alors relativement absente de la scène de la « grande informatique[120] », écrivent-ils, et l'espoir reposerait sur le projet Transpac[121] de la DGT, conforté par l'adoption du protocole X.25, en 1976 par le CCITT, « pour la normalisation des transmissions de données[122] » ainsi que sur les travaux du CNET, « organisme au cœur des mutations à venir[120] ».

Le champ est désormais libre pour le réseau Transpac, qui alimentera dans les années 1980 le minitel sous le nom de réseau Télétel[102],[Note 71].

L'après Cyclades

En tant que directeur de projets pilotes à l'IRIA, Louis Pouzin supervise des projets de recherche qui n'ont plus grand chose à voir avec les réseaux. Il gère de loin un projet de robotique, « Spartacus », destiné à aider les tétraplégiques en leur permettant de recouvrer une certaine autonomie[123]. Il lance aussi un projet de bases de données réparties, ainsi qu'un projet « SOL » de réécriture d'Unix en langage Pascal plutôt qu'en C, dont il confie la direction à Michel Gien[124]. Enfin, il charge également le jeune Najah Naffah de réfléchir au « poste de bureautique du futur », à travers le projet « Kayak[79],[125] ».

Le ministère de l'Industrie crée le 1979 l'Agence de l'Informatique[126] (ADI) dont la vocation est de promouvoir les nouveaux usages de l'informatique en France dans le secteur privé et la recherche orientée vers ces usages[127]. L'année suivante, l'IRIA devient l'INRIA[128] ; l'équipe de Cyclades est de son côté totalement et définitivement démantelée. Louis Pouzin refuse malgré maintes sollicitations de rejoindre Bernard Lorimy qui préside désormais l'ADI. Avec Hubert Zimmermann, il choisit de passer « à l'ennemi » et d'offrir ses services au CNET dirigé alors depuis 1978 par Maurice Bernard que Louis connaît bien, mais moins d'un an plus tard le , changement de direction et de politique, Maurice Bernard est remplacé par Jean-Pierre Poitevin[129].

Frustré, Louis Pouzin reste tout de même au CNET, dans un grand bureau, à Issy-les-Moulineaux. Pour tromper l'ennui et continuer à œuvrer dans le domaine des réseaux, Louis change, en interne, de casquette : au nom du CNET, il collabore avec l'Institut européen des normes de télécommunications (ETSI), afin de développer une normalisation européenne en informatique. Avec Hubert Zimmermann, il défend le modèle de communication à « à sept couches » de l'OSI. Ce modèle théorique ne réussira toutefois pas à percer « car trop ambitieux », et sera supplanté en 1983 par le modèle à quatre couches de TCP/IP[129].

En 1989 (au même moment où les États-Unis décident d'ouvrir l'internet au commerce), après plusieurs années au CNET, Louis Pouzin rejoint Theseus (en), une école de management pour ingénieurs, à Sophia Antipolis, près de Nice. Pendant quatre ans jusqu'à sa retraite en 1993 à l'âge de soixante-deux ans, il y enseigne comme doyen de technologie[130] l'informatique et les réseaux. Sa « retraite » ne durera que sept ans, avant qu'il ne recommence à s'intéresser aux réseaux, et plus précisément à la Gouvernance d'Internet[129].

Le datagramme après Cyclades

La mort de Cyclades n'a pas entraîné la fin du datagramme qui a simplement été repris par d'autres, sous un autre nom : TCP/IP. Entre 1973 et 1974, Vinton Cerf, trente et un ans, professeur à Stanford, et Robert Elliot Kahn, trente-six ans, ingénieur chargé des études sur l'architecture du réseau Arpanet pour la DARPA, planchent sur un protocole réseau d'échange de paquets capable de remplacer le protocole de communication « poste-à-poste » NCP (Network Control Protocol), utilisé jusqu'alors par Arpanet et jugé trop « primitif », afin de créer ensuite un « réseau des réseaux », baptisé l'« internetwork[131] », puis l'« internet[132] » – un concept très proche du Catenet (en)[64] de Louis Pouzin[Note 72].

Louis Pouzin les rencontre très souvent lors de différents congrès et un noyau de chercheurs internationaux sur les réseaux commence à se constituer. On coopère facilement, il n'y a aucune concurrence et l'on partage tout [Note 73]. Mais en 1978, Cyclades étant stoppé net par les PTT, le champ est désormais libre pour ceux qui reprennent les recherches. C'est ainsi que Vinton Cerf et Robert E. Kahn s'emparent, pour leur propre protocole de communication, du concept du datagramme, avec sa notion d'indépendance de paquets[Note 74]. À la suite de leurs travaux[135], la DARPA, les chercheurs de Stanford et la BBN établissent trois réseaux TCP/IP entre 1975 et 1983[136], année où NCP est déclaré obsolète. Le Arpanet bascule l'ensemble de ses protocoles de communications sur la suite protocolaire TCP/IP[133].

Quel est, dans ce contexte, l'apport de Cyclades ? Louis Pouzin et son équipe ont-ils joué un rôle, même indirect, dans la création de l'internet ? Est-il l'un des « pères de l'internet », comme l'ont carrément surnommé les organisateurs du Prix de la reine Elizabeth pour l'ingénierie (Queen Elizabeth Prize for Engineering[137]), qui lui a été remis le à Buckingham Palace[Note 75]. Les versions divergent selon les acteurs ; les historiens du Net, quant à eux, préfèrent voir l'histoire du « réseau des réseaux » comme une aventure collective et non pas celle d'une poignée d'individus[139]. Les gens qui l'ont inventé sont venus du monde entier, ils ont travaillé dans des endroits aussi variés que le réseau informatique français Cyclades, le National Physical Laboratory d'Angleterre, l'université d'Hawaï, Xerox et la DARPA, etc.[140]

Vinton Cerf cite fréquemment les travaux de Louis Pouzin, qu'il surnomme le « gourou des datagrammes[141] », comme l'une de ses influences clés. Robert Kahn, de son côté, a une attitude assez distante face au travail de l'équipe Cyclades et, contrairement à Vinton Cerf, il n'a pas travaillé directement avec Louis. Si les relations entre les deux sont cordiales, chacun a une version différente de ce qui s'est passé en 1974[139]. Malgré l'impression de s'être fait « mal copier[142] », Louis ne nourrit ni regrets, ni déception, ni jalousie vis-à-vis d'eux. Selon lui, « comme nous n'avons pas déposé de brevets, ils ne nous doivent rien ! Finalement, ce sont les Américains qui ont sauvé les datagrammes ! Car s'ils ne les avaient pas récupérés, à l'heure actuelle, nous utiliserions tous le X.25 ! »[142].

On parle de lui comme le père de l'internet[143], mais dans l'équipe Cyclades, quelques-uns regrettent le fait qu'il ne la mentionne presque jamais. À écouter ses conférences, il aurait fait Cyclades tout seul, l'internet tout seul. Certains le prennent mal[143] comme Gérard Le Lann pour qui, pas de doute, grâce aux rencontres entre les chercheurs français et américains – et notamment grâce sa propre venue à Stanford entre et – les Français ont contribué à faire naître la notion de datagrammes « purs[139] », mais l'ancien membre du projet Cyclades refuse de reconnaître en Louis Pouzin l'inventeur, ou en tout cas le seul inventeur, du datagramme[139].

Les retraites de Louis Pouzin

Après quatre ans passés sur la côte d'Azur à enseigner à Theseus (en) l'informatique et les réseaux, Louis Pouzin décide en 1993 de prendre sa retraite[Note 76] , à l'âge de soixante-deux ans. De retour à Paris, il continue cependant à donner pendant six ou sept ans des cours et des conférences à Sophia Antipolis ou animer des séminaires, activité qu'il interrompt assez vite lorsqu'il constate que les sujets proposés s'éloignent des réseaux, son vrai centre d'intérêt[144].

Le Web et l'internet

Apparu vers 1990, le World Wide Web est né au CERN près de Genève ; pour le promouvoir, le centre de recherches nucléaires verse le ses logiciels Web dans le domaine public[145]. Cette nouveauté suscite très vite un engouement. La possibilité de visualiser par un simple clic une page située n'importe où dans l'internet est une invention en rupture totale avec l'existant, une révolution. Un langage standard de description de page élimine pratiquement les différences de présentation entre logiciels de navigation : sans cela, la Toile ne serait qu'une collection de fichiers disparates. Dès son apparition, les entreprises américaines flairent la bonne affaire et en moins de deux ans le Web devient l'internet[146].

Le financement d'internet est assuré dans les années 1990 par des crédits militaires américains avec comme objectif de créer à terme des technologies utilisables par les armées. Les projets de recherche sont gérés par des scientifiques, et ce sont surtout les publications qui permettent d'évaluer les avancées. Le grand public et le milieu des affaires ne sont même pas au courant. Mais à ce stade initial les outils de développement de sites Web et l'expérience de présentation visuelle sont peu évolués. Malgré leurs limites techniques les sites Minitel des journaux français et du Club Méditerranée ont dix ans d'avance (le kiosque minitel fermera en ) et sont bien mieux conçus et plus attrayants[146].

La mainmise des États-Unis

En 1998 est créée l'ICANN[147] (Internet Consortium for the Assignment of Names and Numbers), société privée californienne sans but lucratif liée par contrat au DoC (Department of Commerce). Elle hérite des fonctions de coordination technique assurées jusqu'alors par un seul chercheur, Jon Postel[146]. Aux débuts des années 2000 l'internet développé aux États-Unis est de fait en américain[Note 77] ; la mainmise des Américains sur les ressources critiques comme la racine[149] et les noms de domaine pose un problème, la gestion des langues également.

Un serveur racine désigne la gestion du système de noms de domaine lequel traduit les adresses IP (Internet Protocol) – les numéros d'immatriculation des machines d'un réseau informatique – par des noms compréhensibles par des humains. Ce service fonctionne de la même manière que les renseignements téléphoniques : l'internaute tape le nom d'un site (son adresse web), par exemple www.wikipedia.org[Note 78], dans la barre de recherche de son navigateur web et ce dernier envoie une demande au nom de serveur compétent. La saisie www.wikipedia.org est chargée dans la base de données laquelle transmet en retour l'adresse IP enregistrée au navigateur, dans l'exemple 91.198.174.192[150]. Car www.wikipedia.org est plus simple à mémoriser que 91.198.174.192 !

Outre la très mauvaise gestion des noms de domaine, sa ressource principale, l'ICANN refuse d'entendre les demandes des pays non anglophones qui ne peuvent toujours pas bénéficier d'un internet dans leur langage. Toutes les langues ne sont pas traduites en numérique et les noms de domaines sont strictement en code ASCII, ce qui ne satisfait ni les Chinois, ni les Russes, Thaïlandais, Européens, Slaves, etc.[148]. Louis Pouzin va enfourcher son nouveau cheval de bataille : sus à l'ICANN et à son traitement abominable des langues[148]

L'administration Clinton (1993-2001) met la pression diplomatique pour convaincre les Européens de commercialiser l'internet, le libérer du carcan étatique et en confier la commercialisation aux sociétés privées, en d'autres termes préparer le marché à l'hégémonie des sociétés américaines. Mais, pour les milieux politiques européens, l'internet n'est qu'une anticipation lointaine ; ils écoutent poliment, sans plus. Le message est pourtant clair : l'internet est désormais une affaire de commerce, sous l'autorité du gouvernement américain, mais, pour des raisons d'efficacité et surtout pour ne pas provoquer de réactions négatives de l'étranger, la gouvernance d'Internet est confiée à l'ICANN, une société privée.

On le saura plus tard en 2013 avec les révélations d'Edward Snowden, l'usage de l'internet comme outil d'espionnage mondial[Note 79] est déjà en cours de mise en place, à la barbe de tous, notamment des citoyens américains[146],[Note 80]. Louis Pouzin ne manquera jamais une occasion de rappeler que l'internet est construit sur du sable. Pour lui, il s'agit d'une version de test, mise en service sans vocation à devenir le support du développement mondial. Mais en France, jusqu'à cette affaire[154], parler de surveillance par les États-Unis relève de fantasmes et Louis Pouzin restera longtemps inaudible sur ce sujet quand il n'est pas ignoré, ou pire, attaqué[155].

La communauté internet française

En fin des années 1990 en France, l'internet est désormais bien installé mais mal diffusé, le monopole de France Télécom et ses tarifs prohibitifs[144] n'aidant pas à la démocratisation de l'outil. Le terme de Gafa n'existe pas encore, Microsoft est prépondérant. Le navigateur Netscape Navigator remplace de plus en plus le vieux Mosaic, on parle même de regarder un jour de la vidéo en ligne, mais on a toujours un modem 56k[144]. La communauté internet française existe et se retrouve dans des colloques ou des lieux comme L'Atelier Paribas[156],[Note 81], ou les rencontres internet d'Autrans lancées en 1997 par Bruno Oudet, alias Papy Frog[Note 82] qui ont été, jusqu'à leur arrêt en 2012[160], un espace à part dans la vie de l'internet français, une sorte de parenthèse enchantée[144].

Les rencontres d'Autrans sont aussi des occasions pour Louis Pouzin de contrer pas mal d'idées reçues sur la création de l'internet et sur la gestion du réseau. Il participe de plus en plus activement aux réunions et délaisse ses activités de programmation. Dans les réunions plénières il prend plaisir à démonter les arguments des représentants des lobbies américains et à enfoncer le clou sur les monopoles existants[161],[Note 83].

Aux rencontres de 2001, la question d'une participation au premier Sommet mondial sur la société de l'information[163],[Note 84] (SMSI) organisé par l'IUT (une agence de l'ONU) et prévu pour sa première phase à Genève en 2003 préoccupe déjà les esprits ; émerge l'idée de créer une structure permettant d'y être accrédité, une association loi de 1901 à constituer lors d'une réunion à venir[148]. Une assemblée générale de création se tient à Versailles en  : l'association Eurolinc[164] est née[Note 85] et accréditée sans problème auprès du SMSI.

Louis Pouzin fait évidemment partie de l'association qui dans sa déclaration à la préfecture des Yvelines[165] fait sienne son dernier cheval de bataille : « défendre et promouvoir les noms de domaine internet utilisant les caractères et l'accentuation des langues d'origine européenne et des projets tournés vers le multilinguisme des sites, des applications et de l'information des utilisateurs, en particulier pour les sites des administrations et des services publics ».

Genève, SMSI première phase

La même année 2001, l'ambassadeur français délégué à ce premier SMSI, Michel-Yves Peissik[166], ancien secrétaire général de l'IRIA, contacte[130] Louis Pouzin pour l'aider à la préparation du sommet et composer la délégation française dont Louis en tant que représentant d'Eurolinc, et d'autres internautes des rencontres d'Autrans, intégrés discrètement[167]. De à l'automne 2003 lors de réunions préparatoires (PrepComs), Louis Pouzin rencontre de très nombreux diplomates qu'il tente de convertir à l'internet, mais il se rend vite compte que la plupart ne connaissent rien aux réseaux informatiques et n'en mesurent pas les enjeux à cause de l'« intox américaine[134],[Note 86] ».

Le Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies du second gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, ouvre l'Intersessional Meeting au siège de l'Unesco à Paris. Dans son discours d'ouverture devant un aréopage de cadres de l'ICANN et plus de sept cent cinquante délégués du monde entier venus spécialement pour prendre la température du futur sommet onusien à la forme assez inédite, elle déclare qu' « une bonne gouvernance, c'est-à-dire la responsabilité équitable et transparente de la gestion des noms de domaine et de l'attribution des adresses, devrait désormais incomber à une instance multilatérale et multinationale. Ce sera un des éléments de la position de la France et de l'Europe au SMSI[168] ». Le sujet est délicat, la racine de l'ICANN et la suprématie des États-Unis ne sont officiellement pas au programme alors qu'en fait c'est bien le sujet principal[167].

Certaines délégations pensent que le gouvernement français va s'opposer aux Américains, ce qui est loin d'être le cas, ces enjeux n'étant pas toujours bien compris en haut lieu[167]. Cette réunion de Paris est restée chez les pays non-alignés comme « le souffle de la liberté » venant de Paris. La France a toujours cette aura auprès des délégués du SMSI, sans avoir fait officiellement grand-chose de concret[167]. En , pour la PrepCom 3 où Louis Pouzin et Francis Muguet s'activent en coulisses, l'ensemble des pays non-alignés, au premier rang desquels la Chine, le Brésil, l'Égypte, l'Afrique du Sud, l'Iran, l'Inde, mettent au premier plan cette thématique dont l'ICANN et les États-Unis ne veulent à aucun prix.

Les pays non-alignés créent un groupe, les Like Minded Countries (les pays qui pensent pareil)[169]. Dès les premières réunions de préparation en 2001 les clivages s'étaient en effet dessinés entre les États-Unis et ses suiveurs (Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon et Israël), l'Union européenne paralysée par les divergences entre ses membres[Note 87], et les autres gouvernements opposés aux États-Unis[146].

La première phase du premier SMSI se tient à Genève du 10 au [171]. La déclaration finale[172] est celle des grands principes même si la racine de l'internet est toujours bloquée du côté de Washington et les noms de domaine toujours autant limités dans une langue ASCII inaccessible aux trois quarts de l'humanité. Mais, les pays non-alignés se sont rencontrés, parlé et ont découvert surtout que l'internet n'est pas un problème technique mais politique[169]. À la suite de la pression de ces pays que Louis Pouzin a conseillés, l'Internet Engineering Task Force (IETF), qui élabore et promeut des standards Internet, adopte en 2003 le protocole nom de domaine internationalisé (IDNA) qui permet aux noms de domaine de contenir des caractères non définis par le standard ASCII[134].

La seconde phase de Tunis en 2005 - normalement celle des solutions - aura une teneur différente, les lobbies ayant entre-temps joué leur rôle. Le groupe des Like Minded Countries devient le Group of 77 + China (le Groupe des 77 + la Chine) qu'une mauvaise traduction donne comme les « 78 pays », l'allusion au nombre 77 signifiant en fait « beaucoup » en argot américain[169].

Tunis, SMSI deuxième phase

Après cette première phase de Genève, Louis Pouzin replonge à soixante-douze ans passés dans l'arène et la Gouvernance d'Internet devient l'un de ses sujets de bataille préféré : l'utilisation des langues, les noms de domaine en langue maternelle, le monopole de la gestion de la racine, tous sujets débattus et amplifiés au sein de l'association Eurolinc[164]. Les contacts qu'il a noués à Genève ne sont pas perdus et la mise en route de la deuxième phase[163] de Tunis est l'occasion pour lui de les relancer sur ces thématiques[173]. Au cours des deux années suivantes 2004-2005, les fractures politiques se renforcent. Des délégués (Arabie saoudite, Chine, Iran, Syrie) s'informent sur les possibilités de construire un Internet national dans leur langue[146].

Louis Pouzin fait toujours partie de la délégation française[174] de Tunis conduite par un nouvel ambassadeur : cette seconde phase du sommet doit être celle des solutions, mais venus en force, les Américains bloquent toute discussion. Créé pour trouver un terrain d'entente entre opposants, le groupe de travail sur la gouvernance de l'Internet (WGIG) (en) propose trois scénarios de gouvernance. Son mérite est de clarifier les composantes et les divergences au sein des États sur leur conception de la gouvernance. Quelques mois avant la clôture des débats, les États-Unis font savoir qu'aucun changement ne serait accepté dans la gouvernance d'Internet par l'ICANN[175].

Pour éviter l'échec du sommet suite à ce diktat, l'idée est lancée de poursuivre le sommet sous un autre nom, le Forum sur la gouvernance de l'internet[176] (FGI). Créé par l'ONU pour cinq ans, ce dernier est chargé de faire converger et de coordonner les actions de tous les organismes impliqués dans la Gouvernance d'Internet. La rédaction des conclusions de cette phase du SMSI est difficile. Une médiation suisse permet de trouver les termes acceptables par les États-Unis et les principaux opposants. Ce document, l'« Agenda de Tunis[176] », est toujours d'actualité[146].

Gouvernance d'Internet

La création par le SMSI du forum sur la gouvernance d'Internet reste comme la réussite de Tunis, plébiscitée par tous, sauf par les États-Unis et leurs lobbies, qui n'y voient qu'une duplication de fonctions déjà en place, un gâchis de ressources, etc.[146] « Conformément à l'Agenda de Tunis pour la société de l'information, le mécanisme de mise en oeuvre du SMSI au plan international devrait tenir compte des principaux thèmes et des grandes orientations énoncés dans le plan d'action de Genève[177]. L'UIT, l'UNESCO et le PNUD ont un rôle moteur pour la mise en oeuvre du plan d'action[178] », tels sont ses objectifs. Les grandes lignes de ce plan sont réparties en onze thèmes[179] et sont l'occasion de réunions annuelles à Genève où Louis Pouzin fait régulièrement le déplacement[175].

Louis Pouzin essaie pareillement de se rendre systématiquement aux éditions du forum sur la gouvernance de l'internet, il n'en a raté qu'une seule en 2007 à Rio de Janeiro (trop compliqué d'accès, trop cher[Note 88]). Ce qui n'empêche pas Louis et Eurolinc d'être toujours mis à l'index par l'ICANN[Note 89], l'activisme de l'un ayant fini par agacer sérieusement, tout comme le soutien et l'entrisme de l'autre dans les réunions sur la gouvernance et le multilinguisme. Entre 2005 et 2009 on assiste même à des guéguerres franco-françaises suivies de sa mise à l'écart pour être trop clivant[153]. Son discours n'a jamais changé, Louis est imperméable aux critiques. Quand il croit dans une idée il va au bout quoi qu'il advienne[153],[Note 90].

Le réseau internet chinois

Très présents à Genève les Chinois se sont faits plus discrets depuis, car ils ont d'autres priorités. Mettant en œuvre les préceptes techniques qu'ils y ont découverts, ils sont en train tout simplement de créer leur propre racine, en mandarin[180]. Dès la fin de 2005, ils sont indépendants de la racine américaine gérée par l'ICANN et la Chine annonce, après la clôture du SMSI de Tunis, le développement d'un internet en chinois ouvert en 2006[Note 91], même s'il faudra attendre 2007 pour que les médias occidentaux commencent à s'en apercevoir, comme cet article[181] de Gordon Cook qui parle d'un réseau IPv9[182] en précisant bien qu'il s'agit d'une nouvelle racine[Note 92] et non d'un protocole[155].

Cinq ans plus tard le réseau chinois est diffusé dans l'ensemble du pays, sous l'autorité directe du Ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information (MIIT). Il est en haut débit et surveille de près les internautes. Mais le développement du pays et le commerce électronique sont une réalité, et plus de douze ans après sa création, ce sont des millions de Chinois qui sont sur cet énorme réseau[183], avec des interactions limitées vers le réseau de l'ICANN. La réalité chinoise s'impose au monde au travers des entreprises géantes de commerce électronique qui concurrencent les GAFA américains[155].

Le gouvernement chinois a évalué bien avant les autres les enjeux de devenir une colonie numérique des États-Unis, et a aussitôt développé une stratégie concurrente. Le modèle chinois de la gouvernance d'internet, fortement centralisé et policé, n'est pas adapté à l'Europe, qui préfère une harmonisation de services.

Monopole de l'ICANN

Un serveur racine désigne la gestion du système de noms de domaine (DNS) lequel traduit les adresses IP (Internet Protocol) – les numéros d'immatriculation des machines d'un réseau informatique – par des noms compréhensibles par des humains. Ce service fonctionne de la même manière que les renseignements téléphoniques : l'internaute tape le nom d'un site (son adresse web), par exemple www.wikipedia.org[Note 78], dans la barre de recherche de son navigateur web et ce dernier envoie une demande au nom de serveur compétent.

La saisie www.wikipedia.org est chargée dans la base de données laquelle transmet en retour l'adresse IP enregistrée au navigateur, dans l'exemple 91.198.174.192[150] (www.wikipedia.org est plus simple à mémoriser que 91.198.174.192 !). Ce que l'on appelle « extension » en français (Top Level Domain ou TLD dans les autres pays) est le premier niveau, celui qui est recherché en premier lors de la requête d'un internaute, dans l'exemple .org. Dans le système de noms de domaine, un domaine de deuxième niveau (en anglais Second-Level Domain ou SLD) est un sous-domaine d'un domaine de premier niveau, dans l'exemple, .wikipedia.org.

Le serveur racine officiel est administré par l'ICANN bien qu'il n'existe aucun document officiel ni signature internationale lui accordant la gestion de fait d'une racine unique[153]. Un nom de domaine – l'équivalent d'une adresse postale – n'a intrinsèquement aucune valeur : la racine[149] n'est qu'une base de données générant des fichiers simples sous forme de liste (un fichier Excel). Une fois l'« extension » créée dans une racine, opération qui est objectivement une manipulation technique à haute valeur ajoutée, ajouter un nom de domaine ne constitue en soi qu'une tâche modeste, une fois effectuée immuable. Il n'y a aucune raison d'en centraliser le contrôle.

Le modèle de l'ICANN fondé sur une location avec renouvellement se transforme de plus en plus en rente de situation, le fait que cette société de droit privé soit un monopole[184], un scandale[185].

Louis Pouzin ne se prive pas de dénoncer ce curieux modèle économique où les utilisateurs paient une première fois un accès à Internet via fournisseur d'accès, opérateurs[186], registreurs, registres, nom de domaine, et finalement ICANN, qui collecte au sommet alors qu'en revanche cet organisme ne paie rien (impôt sur ses revenus) pour tirer bénéfice du réseau de noms de domaines dont se servent les utilisateurs et dont presque tous les opérateurs sont des universités, laboratoires, centres de recherche, archives départementales, etc. lesquels fournissent sur leurs frais généraux leurs services de noms de domaines que paient une seconde fois pour les financer les mêmes utilisateurs en tant que contribuables[146].

Les racines ouvertes

Dès la fin du sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), Louis Pouzin étudie et rencontre tous ceux qui se targuent de pouvoir faire des « extensions » à la demande[Note 93]. À partir de 2008 il se tourne aussi vers les hommes politiques avec un cas concret, le nom de domaine d'une maçonnerie située à Angers et qui se retrouverait avec une adresse internet en www.maconneriedangers.com, ce qui met les rieurs de son côté et permet d'expliquer simplement le problème : la langue française n'est pas de l'ASCII, les diacritiques sont indispensables à la communication[185].

Des DNS libres sont apparus aux États-Unis avant l'ICANN et offrent des services personnalisés. Google a ainsi un DNS[187] en propre dont la racine est identique à celle de l'ICANN[149], ce qui lui permet, entre autres, d'avoir la traçabilité, qu'autorise le règlement général sur la protection des données, de toutes les pages visitées par les utilisateurs[188],[Note 94]. Mais il existe d'autres serveurs racine administrés par d'autres entités avec plus ou moins de serveurs répartis ou pas dans le monde et la possibilité de créer leurs propres « extensions ». Lors d'un procès intenté contre l'ICANN par la société Name Space[191], on découvre que cette société gére un portefeuille de plusieurs centaines de noms de domaine qu'elle a détournés à son profit : le .cafe, le .opera, le .time, etc.

Louis Pouzin préfère appeler « racines ouvertes[149] » ces racines longtemps appelées « racines alternatives[192] », par opposition à celle de l'ICANN, fermée et contrôlée par le gouvernement américain[185], laquelle peut décider que tel ou tel pays ne peut utiliser tel nom de domaine. C'est précisément la mésaventure arrivée à la Bulgarie, qui se voit refuser l'extension de .бг, au motif qu'en caractères cyrilliques, elle ressemble trop au .bl du Brésil[184].

Louis crée ainsi le 2011, à quatre-vingts ans passés, Savoir-Faire, une startup[193] qu'il préside depuis ; celle-ci diffuse le modèle « Open-Root »[194],[195] pour la gestion des noms de domaine de premier niveau. Cette société française vend, à vie et à prix coûtant au lieu de louer, des extensions choisies par les clients. Sa racine contient celle de ses clients, celle de l'ICANN, une racine arabe, la racine chinoise, et quelques autres[149]... dont la bulgare[184] !

Louis Pouzin préside par ailleurs le conseil d'administration du Native Language Internet Consortium (en), dont l'objectif est de promouvoir des technologies de gestion multilingue du réseau internet[114],[196],[197], et est également président d'honneur de la Société française de l'internet[198],[199].

La reconnaissance

Louis Pouzin est nommé chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur le . La décoration lui est remise par Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies[200],[201], dans les locaux du ministère situé rue Descartes dans les anciens bâtiments de École polytechnique qu'il a connus jadis dans les années 1950 (il sera promu officier le [202]).

Récipiendaire de nombreux prix, Louis Pouzin obtient une première belle reconnaissance le avec celui de l'ISOC reçu à Genève lors de la conférence Global INET 2012[203]. Malgré les turbulences entre cet organisme et Louis dans les années 2008-2009 il est honoré comme l'un des pionniers de l'internet et inscrit au temple de sa renommée (Internet Hall of Fame)[204]. Une récompense pour l'ensemble de sa carrière, en considération de ses contributions significatives au développement et à l'avancement d'internet, pour son rôle dans l'invention du protocole TCP/IP[205].

Qui l'a entendu se vanter d'avoir inventé le langage Shell ? D'avoir réussi à créer une Pouzin Team qui a fabriqué un logiciel de gestion de la Météo Nationale, Meteos, qui a été utilisé durant quinze ans ? D'avoir prononcé des centaines de conférences internationales qui lui ont fait faire plusieurs fois le tour du monde[206] ? Louis Pouzin n'a jamais prévu de se retrouver sous les projecteurs, contrairement à ses homologues américains[143]. Son travail commence à être davantage reconnu par les historiens de l'informatique et de nombreuses personnes, notamment des universitaires, voient peu à peu en lui une figure importante, qui symbolise la présence des Français dans l'histoire des réseaux[Note 95].

La plus belle reconnaissance de son travail lui vient à l'âge de quatre-vingt-deux ans, de Grande-Bretagne, avec l'attribution le du Queen Elizabeth Prize for Engineering[137],[138] conjointement avec Marc Andreessen, Tim Berners-Lee, Vint Cerf et Robert Kahn. Le prix leur est remis à Buckingham Palace le par la reine Élisabeth II pour leurs contributions majeures à la création et au développement d'internet et du World Wide Web. « Nul n'est prophète en son pays », précise Louis Pouzin, honoré de la sorte hors de son propre pays, assez paradoxalement en Angleterre, « mais il faut garder en tête qu'à l'époque où on a fait Cyclades, on était connus dans le monde entier, des Russes, des Anglais, des Américains[206] ».

L'année 2013 est entièrement consacrée à la gestion de cette soudaine notoriété qui l'étonne. C'est aussi l'année de l'affaire Snowden et Louis Pouzin a beau jeu de rappeler qu'il alertait depuis longtemps sur les activités de la NSA et du FBI. À qui voulait l'écouter il parlait en 2008 de Mark Klein, cet ingénieur d'AT&T qui travaillait dans un de leurs centres en Californie et qui s'était aperçu que toutes les communications internationales de la société étaient redirigées vers la NSA, en toute illégalité[206],[Note 96].

Cybersécurité

Après avoir bataillé pour les langues, contre la racine unique, pour une gouvernance partagée, la cybersécurité devient dès 2013 le sujet auquel Louis Pouzin s'intéresse. Il reçoit un soutien appuyé de ceux qui sont confrontés quotidiennement aux méfaits des hackers et à la naïveté des internautes : les cybergendarmes[209] qui ont très tôt compris que rien ne se ferait en développement numérique sans la sécurité des réseaux et que la souveraineté de la France est en jeu[210].

La première édition du forum international de la cybersécurité (FIC) est organisée en 2007 par les cybergendarmes à l'initiative du général d'armée Marc Watin-Augouard. Il s'inscrit dans une démarche de réflexion et d'échanges visant à réunir l'ensemble des acteurs et des décideurs du monde de la cybersécurité afin qu'ils confrontent leurs points de vue et leurs retours d'expérience[211]. Il replace la France dans le peloton de tête des événements européens sur le sujet. Le FIC a fêté sa dixième édition à Lille et au vu de ses contenus[212], il devient à présent un rendez-vous incontournable qui mobilise le ban et l'arrière-ban des grandes entreprises françaises et des responsables politiques, avec à présent une forte participation européenne et internationale[210].

L'année 2018 a connu des attaques très importantes dans le monde et, malgré leur discrétion, les entreprises françaises n'ont pas été épargnées. Dans son ouvrage SandWorm[213],[Note 97] repris dans un article de Wired[214], Andy Greenberg raconte le désastre engendré par la cyberattaque NotPetya et parle entre autres d'une perte de trois cent quatre-vingt-quatre millions de dollars pour Saint-Gobain[215],[Note 98]. Le général Watin-Augouard a la conviction que « dans les quinze ans à venir, un transfert massif des phénomènes criminels du monde réel vers l'espace numérique va s'opérer. Si la communauté internationale ne réussit pas à s'entendre sur des standards communs, si la politique de cybersécurité n'est pas à la hauteur des enjeux, si les citoyens, les entreprises et les États n'en prennent pas conscience, l'avenir sourira aux “nouveaux barbares” »[217],[Note 99].

Les discours immuables de Louis Pouzin sur la cybersécurité et surtout sur la racine gérée par Washington ne peuvent que sensibiliser ces professionnels. Lors de l'édition 2017, il remplace au pied levé une ministre sur le départ et fait le discours[218],[219] inaugural du FIC en parlant sans tabou de la fragilité de l'internet et de la réalité de la souveraineté numérique. Il termine son discours par l'appel au réveil des Européens pour la reprise de contrôle de leurs données. Il y a maintenant un bâtiment « Louis Pouzin[220] » chez les cybergendarmes de la banlieue Nord de Rennes, tandis qu'à Cergy-Pontoise son nom a été donné à une salle du pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (le PJGN)[221].

Reconnaissance de l'étranger

En août 2015 Louis Pouzin apprend par un courriel qu'il vient d'obtenir le prix 2015 Lovie Awards (en)[Note 100], catégorie Special Achievement (Lifetime Achievement Award). Une fois encore, Louis est distingué par les Anglais ! Louis ignore qu'il est primé pour le projet Cyclades et l'invention du datagramme et qu'il sera le personnage principal de la cérémonie. « Par la sobriété de cette invention et la simplicité de sa résolution du transfert de paquets de données, Louis Pouzin a posé la plus importante pierre angulaire, toujours d'actualité, de la conception d'internet (with the simplicity that Cyclades brought so early on to packet transfer and receipt, Pouzin thus defined one of the key cornerstones of the Internet's design, and it is one that still holds today[222]) ».

Les organisateurs ont vu les choses en grand avec la projection d'un clip vidéo[223]. Louis fait son discours, as usual, puis reçoit une standing ovation de plusieurs minutes par une salle comble où la moyenne d'âge ne dépasse pas les trente ans. Cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps, La dernière fois, c'était à Toronto à la réunion de l'CCITT[110],[224] en 1976 lors de sa présentation « pro-datagramme » et « anti-télécom » qui avait fait entrer en fureur son directeur de l'IRIA, Danzin[221],[Note 101].

Louis Pouzin est nommé homme numérique de l'année en 2016[225], où il est invité par le président de la République arménienne, reçu en grandes pompes à l'Université, au gouvernement, tout le parcours d'un hôte officiel avec plantation d'un arbre (à côté de celui du précédent lauréat, Steve Wozniak, le cofondateur d'Apple). Il découvre que le pays veut vraiment axer son développement sur les réseaux suivant en cela l'exemple de l'Estonie[221].

Les nouveaux internets

Louis Pouzin voit défiler dans les conférences de nombreuses entreprises aux marques prestigieuses et ces opérateur d'importance vitale (OIV) qui foncent dans un internet peu sécurisé.

Il tente de leur expliquer en quoi avoir leur propre domaine de premier niveau (TLD) pourrait être un palliatif à ce protocole TCP/IP aux pieds de sable[199] ; que continuer à fonctionner en parallèle de la racine de l'ICANN quand celle-ci est en panne ou fait l'objet d'une attaque du type rançongiciel peut être déterminant ; que communiquer d'une manière discrète et rapide au sein d'une organisation par un intranet mondial serait un avantage concurrentiel évident. Curieusement, ce n'est pas cet argument qui intéresse mais plutôt le fait de ne plus être pieds et poings liés dans des problématiques de portefeuille de noms de domaine : être propriétaire de son TLD signifie que l'on peut créer autant de noms de domaine de deuxième niveau que nécessaire[226].

Il est persuadé que le modèle « Open-Root » va devenir incontournable – c'est l'un des seuls moyens de garantir sa connexion en cas de coupure de la racine ICANN et d'échapper aux cyberattaques – et que l'avenir est en dehors de TCP/IP. Il devine tous les avantages de l'encapsuler dans le nouveau mouvement des Nouveaux Internets qui éclosent depuis 2016. Ce mouvement est devenu adulte depuis 2018, que ce soit la Next Generation Internet[227] (NGI) dirigée par Monique Callisti (Suisse) et son consortium NGI4All[228], ou celui du laboratoire phare de Barcelone, i2Cat[229], dédié à la recherche internet. Mais ces initiatives, certes européennes, ne sont jamais françaises, au grand désespoir de Louis[230].

Pour lui, l'avenir s'appelle RINA. Il ne cesse de revenir auprès des décideurs pour faire au moins une réunion d'information, afin que l'industrie et le corps politique ne se retrouvent pas encore une fois à la traîne par rapport aux autres quand RINA sera adopté[231]. En France, des entités étatiques ou industrielles sont bien intéressées par des informations sur ces Nouveaux Internets qui fleurissent, mais restent sourdes face à la méconnaissance par les médias de la réalité de l'internet, et surtout face à des thématiques beaucoup plus vendables et propres à faire jouer l'imagination comme les miracles attendus de la blockchain ou les milliards de dollars qui vont être générés par l'Internet des objets... le tout construit sur un internet frelaté[230],[232] !

À quatre-vingt-sept ans, Louis Pouzin a encore trouvé là une révolution technique passionnante où investir toute sa notoriété et son énergie.

Distinctions

Prix

Louis Pouzin présentant Cyclades lors des Journées Réseaux 2013 à Montpellier[233].

Louis Pouzin est honoré pour sa contribution (les datagrammes) aux protocoles qui ont permis le développement rapide, peu coûteux et décentralisé de l'internet (« for his pioneering development and effective advocacy of datagram networking, the technology that enabled the rapid, inexpensive, decentralized expansion of the Internet. »)

  • 2012 : nominé par l'ISOC comme l'un des pionniers de l'internet lors de la création du prix du temple de la renommée d'Internet Cette première remise[204] a lieu le lors de la conférence Global INET 2012[203] qui s'est tenue à Genève (Suisse).
  • 2013 : premier Queen Elizabeth Prize for Engineering[137] conjointement avec Marc Andreessen, Tim Berners-Lee, Vint Cerf et Robert Kahn.Le prix leur est attribué le et remis le par la reine Élisabeth II pour leurs contributions majeures à la création et au développement d'internet et du World Wide Web.
  • 2015 : Lovie Awards (en), catégorie « Special Achievement » (Lifetime Achievement Award). Par la sobriété de cette invention et la simplicité de sa résolution du transfert de paquets de données, Louis Pouzin a posé la plus importante pierre angulaire, toujours d'actualité, de la conception d'internet (« with the simplicity that Cyclades brought so early on to packet transfer and receipt, Pouzin thus defined one of the key cornerstones of the Internet's design, and it is one that still holds today »[222],[223]).
  • 2016 : lauréat du prix mondial 2016 du président de la République d'Arménie Le prix lui est attribué le pour sa contribution exceptionnelle à l'Humanité via les technologies de l'information (Laureate of 2016 Global Award of the President of the Republic of Armenia for Outstanding Contribution to Humanity through IT[236],[225]) par un comité qui a déjà honoré Mario Mazzola, Steve Wozniak ou Eugène Kaspersky.

Décorations

Publications

Louis Pouzin a publié plus de quatre-vingt-dix articles et un livre sur les réseaux d'ordinateurs :

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Par ordre chronologique de parution :

1990-1999
  • (en) Louis Pouzin, A proposal for interconnecting packet switching networks : From EUROCOMP conference proceedings 1974, coll. « Reports // RESEAU CYCLADES, SCH 527 », , 13 p. (OCLC 257871653, présentation en ligne), p. 1024-1036
  • (en) Édouard André, Jean Claude Chupin, Michel Gien et Louis Pouzin (Éditeur scientifique), The Cyclades computer nerwork : towards layered network architecture, Amsterdam, North-Holland Pub. Co., coll. « Monograph series of the International Council for Computer Communications, ISSN 0167-7586 ; 2 », , 347 p. (ISBN 0444864822, OCLC 433891387, présentation en ligne)
2000-2009
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2010-2019
  • Pierre-Eric Mounier-Kuhn (préf. Jean-Jacques Duby), L'informatique en France : de la seconde guerre mondiale au Plan Calcul, l'émergence d'une science, Paris, Presses de l'université Paris-Sorbonne, coll. « Collection du Centre Roland Mousnier », , 718 p. (ISBN 2840506548 et 9782840506546, OCLC 605000885, lire en ligne)
  • Claudia Marinica et Marc Shapiro, Société informatique de France, « Du datagramme à la gouvernance de l'Internet : Entretien avec Louis Pouzin », Bulletin de la société informatique de France, no 6,‎ (lire en ligne)
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  • Chantal Lebrument et Fabien Soyez (préf. Korben), Louis Pouzin : L'un des pères de l'internet, Paris, Economica, coll. « Collection Cyberstratégie », , 170 p. (ISBN 2717870474 et 9782717870473, OCLC 1078689980, présentation en ligne) L'ouvrage est la première biographie publiée de Louis Pouzin lors de sa parution.

Articles connexes

Liens externes

Articles

Fichiers audios

Vidéos

De nombreuses vidéos d'interviews ou de conférences de Louis Pouzin sont disponibles tant sur YouTube[237] que sur Dailymotion[238] dont, en particulier :

Notes et références

Notes

Références

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  • a b c d et e Louis Pouzin : L'un des pères de l'internet, p. 50-51
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  • Valérie Schafer (Doctorante), « Circuits virtuels et datagrammes : une concurrence à plusieurs échelles », sur Université Paris IV,
  • Les ingénieurs des Télécommunications dans la France contemporaine, p.268 sur Google Livres
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  • « Un réseau d'un océan à l'autre », sur Institut CAnet
  • Histoire d'un pionnier de l'informatique : 40 ans de recherche à l'Inria sur Google Livres
  • a et b Hubert Zimmermann présente le projet Cyclades aux Ministres Hubert Germain et Jean Charbonnel
  • Louis Pouzin, « Comment j'ai inventé le Datagramme », sur open-root
  • (en) Cade Metz, « Say Bonjour to the Internet's Long-Lost French Uncle »,
  • a et b Louis Pouzin : L'un des pères de l'internet, p. 60-61
  • Louis Pouzin : L'un des pères de l'internet, p. 66-617
  • « Projet Kayak 1979-1983 : un modèle du bureau du futur de l'Inria »
  • a et b « Projet Pilote Kayak : le Buroviseur, avec son interface graphique »
  • a et b L'Europe des réseaux dans les années 1970, entre coopérations et rivalités par Valérie Schafer
  • a et b Louis Pouzin : L'un des pères de l'internet, p. 68-69
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  • Et Dieu créa l'Internet sur Google Livres
  • a b et c Louis Pouzin : L'un des pères de l'internet, p. 74-75
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  • a et b L'informatisation de la société : rapport à M. le Président de la République, p. 12
  • L'informatisation de la société : rapport à M. le Président de la République, p. 565
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  • L'informatisation de la société : rapport à M. le Président de la République, p. 79
  • L'informatisation de la société : rapport à M. le Président de la République, p. 70
  • Alain Beltran et Pascal Griset, INRIA, « L'hebdomadaire des 40 ans de l'INRIA : Spartacus, le pionnier de la robotique », Code Source « année 1978-1987 », no 12,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  • Michel Gien, INRIA, « L'hebdomadaire des 40 ans de l'INRIA : Nous avons créé une des premières start-up de l'INRIA », Code Source « année 1978-1987 », no 14,‎ , p. 1 (lire en ligne)
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