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La marine de guerre impériale et royale (allemand : kaiserliche und königliche Kriegsmarine, hongrois : Császári és Királyi Haditengerészet), plus généralement nommée la marine austro-hongroise, était la force navale de l'Autriche-Hongrie. À l'origine une flottille marchande basée en mer Adriatique, elle évolua progressivement en une marine de guerre capable d'opérer à l'échelle mondiale. Elle était également aussi constituée d'une marine fluviale, dédiée à surveillance du Danube (Donauflottille) et fut l'une des premières marines au monde à recourir avec succès aux hydravions (k.u.k. Seeflugwesen). Ses navires utilisaient le sigle SMS pour Seiner Majestät Schiff, qui signifie le navire de sa majesté.

Fondée de facto en 1786 par Joseph II du Saint-Empire afin de protéger les intérêts marchands des Habsbourg dans la mer Adriatique, ce qui fut alors la marine de Trieste hérita à la suite du Traité de Campo-Formio en 1797 de la flotte de la République de Venise, qui fournira pendant un demi-siècle l'essentiel du contingent naval autrichien. Très rapidement, la disparition du Saint-Empire puis la proclamation de l'Empire d'Autriche en 1804 marquent l'avènement de la marine impériale autrichienne (österreichische Kriegsmarine). Si les guerres napoléoniennes portèrent un coup d'arrêt à son développement, la longue période de paix qui s'ensuivit lui fut bénéfique puisqu'elle en profita pour développer tant sa flotte marchande que sa marine de guerre, malgré un contexte économique des plus difficiles. En parallèle, elle s'impliqua davantage militairement en mer Méditerranée aux côtés des puissances européennes, en particulier au Levant sous la houlette du jeune archiduc Frédéric Ferdinand.

Néanmoins, les événements de 1848 (et plus généralement la menace du Risorgimento) marquèrent un tournant dans l'histoire de la marine autrichienne, car ils convainquirent Vienne de la nécessité de mener non seulement une politique de germanisation et d'homogénéisation du personnel de la k.k. Kriegsmarine, mais aussi de ne pas abandonner le contrôle de la mer Adriatique au Royaume d'Italie en cours de formation. En 1854, la nomination de l'archiduc Ferdinand Maximilien à la tête de la marine (Oberkommandant der Marine) marqua le début d'une ère de prospérité et de modernisation de la flotte. En 1857 est organisée l'expédition du Novara, la plus importante jamais menée par l'Autriche. Parallèlement, les derniers progrès techniques convainquirent les autorités autrichiennes de s'engager dans une course à l'armement avec la Regia Marina (alors en pleine expansion) dès le début des années 1860. Mais les efforts autrichiens furent mis à mal par la guerre austro-prussienne de 1866. Confrontée aux ambitions expansionnistes de ses voisins, l'Autriche fut contrainte de mener une guerre sur deux fronts, notamment en mer Adriatique face à une marine italienne en théorie bien plus puissante. Cela n'empêcha pas la Kriegsmarine de remporter une brillante victoire à la bataille de Lissa grâce au génie tactique de Wilhelm von Tegetthoff. Malgré tout, la défaite qui s'ensuivit affaiblit non seulement le leadership de François-Joseph, mais aussi les finances impériales.

En 1867, le compromis austro-hongrois fut entre autres l'occasion de rebaptiser les instititions militaires, et c'est ainsi que la « Marine impériale autrichienne » devint la « Marine de guerre impériale et royale », souvent désignée par son abréviation k.u.k. Kriegsmarine. Cette dernière mena une ultime expédition scientifique au pôle Nord en 1872, et ne participa dès lors plus guère qu'à des conflits isolés (notamment la Révolte des Boxers) jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale. La Grande Guerre mit en lumière la vulnérabilité de la marine austro-hongroise face à des flottes plus puissantes et modernes, aussi resta-t-elle enfermée dans la mer Adriatique tout au long du conflit. Néanmoins, les tactiques de guérilla qu'elle mena (notamment via le recours aux U-Boot) lui permirent de rencontrer quelques succès indéniables. Mais la défaite de l'Autriche-Hongrie à l'issue de la Première Guerre mondiale entraîna avec elle la disparition pure et simple de la k.u.k. Kriegsmarine. Victime des appétits des vainqueurs, elle fut contrainte de leur céder la quasi-totalité des navires de guerre en sa possession, dont la plupart furent démantelés au début des années 1920.

Longtemps cantonnée à un rôle de simple flottille marchande et négligée par le pouvoir central de Vienne, la k.u.k. Kriegsmarine parvint après bien des vicissitudes à s'imposer comme une marine de guerre crédible à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, période pendant laquelle elle fut enfin capable de se projeter hors de ses bases de la mer Adriatique. Néanmoins, malgré un réel renforcement de ses capacités navales qui lui permirent notamment de mener à bien un certain nombre d'expéditions tant civiles que militaires autour du monde, la k.u.k. Kriegsmarine ne fut jamais vraiment en mesure de rivaliser avec les flottes des autres puissances européennes. Le faible budget alloué pour la modernisation de la marine vieillissante, une chaîne de commandement complexe et une doctrine militaire peu tournée vers le contrôle de la mer ne firent que renforcer son déclin. Généralement inconnue du grand public, la marine austro-hongroise n'en légua pas moins un héritage historique et militaire substantiel.

Histoire

Origines

Accès à la mer Adriatique (1382)

Le Duché de Carniole offrit à l'Autriche un débouché sur la mer Adriatique.

On peut raisonnablement affirmer que le prélude à la création de la force navale autrichienne remonte à la fin du XIVe siècle au Traité de Neuberg de 1379, lorsque ce qui fut alors le duché d'Autriche hérita du duché de Carniole, territoire lui ouvrant un accès à la mer Adriatique. Néanmoins, la cité portuaire de Trieste était toujours à ce moment-là revendiquée par la République de Venise, en pleine Guerre de Chioggia contre la République de Gênes. Bien que victorieuse, ce n'est qu'après le traité de Turin de 1381 que Venise, financièrement épuisée, finit par renoncer à ses revendications dans la région, et la ville de Trieste en profita pour plébisciter auprès de Léopold III son rattachement effectif au duché d'Autriche. Un traité fut alors signé au château de Graz le 30 septembre 1382 et la cité portuaire devint officiellement une possession des Habsbourg[1]. Durant les décennies qui suivirent, l'Autriche accorda fort peu d'importance au développement d'une marine marchande, aussi ne prit-elle pas conscience du potentiel en la matière que représentait Trieste[1]. En outre, sa sécurité était négligée et la ville fut pour ainsi dire sans défenses contre les attaques pirates. Ces déficiences se vérifièrent notamment au début du XVIIIe siècle pendant la Guerre de Succession d'Espagne, lorsque la flotte du Royaume de France en profita pour bombarder le port de Trieste, laissé sans aucune protection[1]. La fin du conflit et les Traités d'Utrecht de 1713 permettent cependant aux Habsbourg d'ajouter les Pays-Bas méridionaux à la liste de leurs possessions personnelles. L'Autriche commença alors tout juste à prendre conscience des avantages qu'elle pourrait tirer du développement d'une marine marchande, notamment dans le contexte colonial qu'était celui du début du XVIIIe siècle[2].

L'ère des comptoirs commerciaux (1722–85)

La dénonciation de la "pernicieuse" Compagnie d'Ostende, accusée de concurrence déloyale.

Les gains territoriaux obtenus par la monarchie de Habsbourg à l'issue de la Guerre de Succession d'Espagne lui permirent de bénéficier d'installations portuaires idéales pour le commerce maritime telles que Anvers, Gand, Bruges ou encore Ostende. Alors que, depuis le début du XVIIe siècle, les puissances coloniales européennes tiraient de juteux profits de leurs comptoirs commerciaux localisés en Chine et en Inde, la politique autrichienne en la matière était bien plus attentiste[3]. Néanmoins, la situation évolua lorsqu'en décembre 1722, l'empereur Charles VI répondit aux doléances des principaux commerçants flamands et propriétaires de navires de la ville de Ostende (qui désiraient établir des lignes commerciales directes vers les Indes), et donna le droit à ce qui fut dès lors appelée la Compagnie d'Ostende de commercer avec les Indes orientales ainsi que le continent africain.[4] Pendant une dizaine d'années, cette compagnie commerciale engrangea des profits considérables, si bien qu'elle eut un impact sur la Compagnie britannique des Indes orientales. Cependant, cela n'était pas du goût de la Grande-Bretagne qui fit pression pour que cessent les activités de la Compagnie d'Ostende. Charles VI, qui désirait obtenir leur reconnaissance de la Pragmatique Sanction, n'eut guère le choix et mit fin aux activités de la Compagnie en 1731[4]. La dissolution de la Compagnie d'Ostende ne marqua pas pour autant la fin de l'aventure autrichienne sur le continent asiatique. En effet, en 1775, un marchand indépendant d'origine hollandaise, William Bolts, offrit ses services au gouvernement impérial de Vienne, mettant en avant la proposition de rétablir le commerce autrichien vers l'Inde depuis le port de Trieste. Présentée lors d'une conférence à Vienne le 10 mai 1775, elle est acceptée par le gouvernement de l'impératrice Marie-Thérèse. William Bolts obtient une lettre de naturalité, prêta serment le 15 mai 1775 et, sous l'égide de la Compagnie autrichienne des Indes orientales, s'employa à établir des comptoirs commerciaux à divers endroits du globe tels que la Côte de Malabar, la Baie de Maputo ou encore les Îles Nicobar. Ces tentatives autrichiennes d'établir des colonies échouèrent une nouvelle fois sous la pression du Portugal ainsi que du Danemark-Norvège. Le contexte était bien sûr délicat pour l'Autriche qui se remettait alors à peine de deux conflits majeurs en Europe continentale, aussi ne désirait-elle détériorer davantage ses relations diplomatiques avec ses voisins européens. Enfin, outre l'état de ses finances qui la dissuada d'investir plus que de ne raison, elle préférait laisser le coût de la maintenance des navires à ses deux principaux ports, Trieste et Fiume[4].

Naissance de la marine de Trieste (1786)

La République de Venise en 1796, juste avant qu'elle ne devienne une possession autrichienne.

Jusqu'à présent, la marine marchande autrichienne était une proie idéale pour les raids barbaresques, un fait particulièrement vérifié pendant la Guerre de Sept Ans. Le commerce maritime de l'Autriche fut si gravement impacté qu'elle n'eut d'autre choix que de recourir à des vaisseaux marchands d'origine étrangère. Certaines personnalités telles que le comte de Konitz prirent conscience de la nécessité de bâtir une force de défense et œuvrèrent en ce sens, mais toute l'attention des autorités autrichiennes était focalisée sur la menace prussienne, jugée à raison bien plus sérieuse. De fait, il fallut attendre la fin du XVIIIe siècle avant que l'Autriche ne commence à se doter d'un début de flotte. En 1786, l'empereur Joseph II du Saint-Empire romain décida d'acheter à Ostende deux navires armés de 20 canons chacun, puis les envoya à Trieste pour aider la ville côtière à se défendre contre les incursions ottomanes et pirates. Par ailleurs, le 20 mars de la même année, l'empereur dota la toute jeune "flotte" autrichienne d'un nouveau pavillon (allemand : Marineflagge) rouge - blanc - rouge basé sur les couleurs de l'Archiduché d'Autriche et destiné à remplacer le traditionnel pavillon noir et jaune des Habsbourg, alors en dotation jusqu'à présent[5]. À ce moment-là, la "marine" autrichienne se résumait à deux cotres ainsi que quelques navires marchands faiblement armés. La situation changea brusquement lorsqu'éclata la Révolution française en 1789. La guerre qui s'ensuivit entre la France et la monarchie de Habsbourg déboucha sur le traité de Campo-Formio en 1797. Ce dernier, en plus de mettre un point final à la Première coalition, permit à l'Autriche de s'approprier Venise, l'Istrie, la Dalmatie ainsi que la baie de Kvarner[5]. Les Autrichiens purent ainsi mettre la main sur la flotte vénitienne (jusqu'à 37 navires de guerre supplémentaires) et utiliser la cité portuaire comme principale base navale. Dans les faits, même si cette dernière devint la seule flotte d'importance en Mer Adriatique, elle était encore loin de constituer une marine de guerre au regard des standards de l'époque. Elle pouvait certes défendre les intérêts maritimes autrichiens dans l'Adriatique, mais en aucun cas l'Autriche ne pouvait prétendre à une quelconque domination navale en Mer Méditerranée. Le gros de la marine étant constitué de vaisseaux et de personnels vénitiens, la plupart des officiers autrichiens étaient d'origine italienne voire espagnole, au point que l'italien restera la principale langue du corps des officiers et des équipages pendant un demi-siècle. Les autorités de Vienne prirent des mesures et imposèrent aux officiers d'apprendre l'allemand, dans une optique de loyauté de leur part à l'égard des Habsbourg[6]. En mars 1802, l'archiduc Charles-Louis (alors Inspecteur général de la Marine) préconisa la création de l'École des Cadets de la Marine impériale et royale à Venise (allemand : k.u.k. Marine-Kadettenschule) afin de former les personnels navigants et de les préparer à servir au sein de la marine autrichienne.

Avènement de la Marine impériale autrichienne

Une existence précaire (1809–17)

L'Autriche en 1812, sans accès à la mer.

En 1809, l'Autriche, désireuse de venger les humiliations passées et profitant de la présence de Napoléon en Espagne, attaqua à nouveau la France par surprise dans le cadre de la Cinquième Coalition. Malgré quelques succès initiaux, l'issue de la confrontation se solda par un nouveau désastre à la Bataille de Wagram. Dans une situation désespérée et forcés de demander la paix, les Autrichiens se virent imposer de très dures conditions au Traité de Schönbrunn. Elle dut notamment notamment la perte de l'ensemble des territoires côtiers et, donc, de tout accès à la Mer Adriatique. Ces territoires formèrent les Provinces Illyriennes et furent annexés par l'Empire français. Par conséquent, la totalité de la marine autrichienne fut cédée aux Français entre 1809 et 1814. Ce n'est qu'après la Congrès de Vienne que l'Empire autrichien récupéra les territoires perdus ainsi que sa marine militaire, via la création du Royaume d'Illyrie. Si les Autrichiens durent renoncer à certaines de leurs anciennes possessions, ils purent néanmoins prendre le contrôle du nord de l'Italie en établissement le Royaume de Lombardie-Vénétie et récupérer les navires laissés sur place à Venise[7]. Les navires récupérés en 1814 (quatre vaisseaux de ligne[N 1], six en construction, trois frégates[N 2] plus cinq en construction[N 3], plus d'une douzaine de bricks et ainsi que d'autres navires plus petits) étaient de construction récente, mais considérés comme trop nombreux pour les besoins de l'empire, dont les finances étaient par ailleurs mal en point, aussi le gouvernement chercha-t-il rapidement à vendre les plus grosses unités[8].

En dépit de leurs démarches auprès de nombreux acheteurs potentiels (Danemark, Grande-Bretagne, Espagne, Hollande...), les autorités autrichiennes furent confrontées à un sérieux casse-tête[9]. En avril 1814, Metternich entama des pourparlers avec le Danemark à propos de trois vaisseaux de ligne et d'une frégate, acceptant même l'envoi d'un troupeau de chevaux de cavalerie en guise de paiement partiel[8], sans succès[9]. Les obstacles venaient notamment de la réduction générale des budgets militaires en Europe après des années de guerre, ainsi que du fait que la plupart des navires étaient inachevés : les terminer aurait nécessité de gros investissements de la part de l'Autriche (trois fois le budget total de la marine pour les six vaisseaux), tandis que les rares clients potentiels voulaient des navires en état de naviguer[9]. Par ailleurs, des considérations politiques empêchèrent certaines transactions (Metternich craignant que ces navires ne tombent aux mains de révolutionnaires). En fin de compte, aucun des grands navires ne fut vendu[10]. À l'automne 1814 un incendie à l'arsenal de Venise détruisit deux des quatre vaisseaux de ligne[11]. Au cours des années qui suivirent, trois des six vaisseaux en construction furent ferraillés en raison de leur mauvais état (les chantiers navals n'étaient pas couverts et exposés aux éléments)[12], puis à nouveau un en 1822[13] et les deux derniers en 1825[14]. Les deux vaisseaux restant furent transformés en frégates mais seul le Severo, devenu la Bellona, prit la mer et participa au service actif mais pour quelques années seulement (il fut inapte dès 1830 et démoli peu après) ; le second navire ne quitta jamais la lagune. Les frégates inachevées furent très progressivement terminées et intégrèrent la flotte avec succès, la dernière en 1832 soit une vingtaine d'années après le début de sa construction[10].

En février 1816 l'empereur promulga un décret fixant l'effectif de la flotte à cinq bricks en service actif, plus deux frégates et trois bricks désarmés en réserve. L'intervention du nouveau président du Conseil de Guerre, le prince Schwarzenberg, détermina cependant l'empereur à modifier sa position et à promulguer en janvier 1817 un nouveau décret selon lequel la flotte serait autorisée à posséder deux frégates et huit bricks avec une troisième frégate en réserve[11]. Enfin, à partir de 1820, les besoins accrus de la flotte firent ajourner provisoirement des projets de vente[12] ; ces derniers reprirent cependant rapidement après la fin des opérations de 1821 en Italie, qui avaient aggravé la situation des finances.

Premières expéditions transocéaniques (1817–35)

Les frégates Augusta et Austria au port de Trieste, juste avant le voyage vers le Brésil.

En 1817, l'union entre Pierre Ier du Brésil et l'archiduchesse Marie-Léopoldine d'Autriche fut l'occasion pour la marine autrichienne de s'aventurer loin de ses bases pour la première fois de son existence[7]. Sous l'égide de Metternich, les Autrichiens décidèrent de financer et d'organiser une expédition scientifique vers le Brésil. Une telle décision peut paraître surprenante, mais il convient de rappeler qu'en ce début du XIXe siècle, si la plupart des nobles voyaient en ces lointains voyages l'occasion de gagner du prestige, les scientifiques et chercheurs, eux, poursuivaient des objectifs plus professionnels et saisissaient l'opportunité d'approfondir leurs connaissances. L'expédition avait pour objectif une meilleure compréhension de la zoologie, de la biologie et de l'ethnographie du Brésil. L'expédition part de Trieste le 9 avril 1817 à bord de deux frégates, les SMS Austria et Augusta. Les navires essuient une tempête au bout de deux jours et doivent rester à quai dans différents ports pour réparations. Le SMS Austria est le premier à arriver à Rio de Janeiro le 14 juin. Le SMS Augusta n'arrive que quelques mois plus tard, le 4 novembre, escorté de deux navires portugais avec à son bord l'archiduchesse Marie-Léopoldine. En juin 1818, les frégates chargées de découvertes exotiques retournent en Europe. Certains membres de l'expédition décidèrent de leur propre chef de rester plusieurs années au Brésil afin d'approfondir leurs recherches. Ce n'est qu'en septembre 1835 que le dernier chercheur quitta l'Amérique du Sud, après 18 années de recherches. Peu après le retour des frégates du Brésil, la frégate Carolina fut envoyée pour un voyage commercial en Chine (il s'agissait de la premire opération de ce type depuis la faillite de la Compagnie autrichienne des Indes orientales au milieu des années 1780). Le navire partit de Triste en septembre 1820 sous le commandement du capitaine Seraphim von Poltl, le premier germanophone à avoir atteint ce grade dans la marine autrichienne. Le navire était chargé de marchandises pour une valeur d'un demi-million de florins, comprenant quatre tonnes de mercure, le matériau le plus "exotique" produit par l'Autriche. Après des escales à Rio de Janeiro, Le Cap et Singapour, le navire arriva en vue de Canton après onze mois de voyage mais ne put entrer dans le port car son pavillon (adopté en 1787) ne fut pas reconnu par les autorités chinoises ; Poltl dut ainsi hisser l'ancien pavillon des Habsbourg. Le navire arriva à Trieste en juin 1822 ; le succès de la mission fut assombri par une épidémie de choléra qui décima l'équipage, dont le capitaine Poltl en mai[15].

Parallèlement à l'expédition, le commerce maritime autrichien connut une rapide croissance à partir du début des années 1820, et la marine de guerre, quant à elle, était toujours en pleine restructuration après les pertes subies une dizaine d'années plus tôt[16]. Il convient de rappeler que le contexte des années 1820 était notamment marqué par la Guerre d'indépendance grecque, et les attaques de pirates étaient monnaie courante dans toute la Méditerranée. Afin de protéger la flotte marchande, la Kriegsmarine fut contrainte d'engager les vaisseaux corsaires et arabes qui s'en prenaient aux navires autrichiens.

Intervention dans la péninsule italienne (1820–21)


Les faiblesses de la marine autrichienne se révélèrent au cours des opérations menées par l'Autriche en Italie pour réprimer les révolutions libérales qui agitèrent l'Italie dans les années 1820-1821, ce qui provoqua une modification de l'attitude du gouvernement vis-à-vis de la marine et inaugura une période de gros investissements[17].

Dès septembre 1820 l'empereur François ordonna la préparation d'une escadre destinée à participer aux opérations menées contre le royaume de Naples en appuyant les troupes terrestres ; le commandement en fut confié à it:Nicolò Pasqualigo, l'officier le plus prestigieux, mais la mort inattendue de ce dernier en janvier 1821 plongea le gouvernement dans l'embarras. Le président du Hofkriegsrat, Bellegarde, confia le soin de proposer une liste de commandants à un membre de son administration expert en questions navales, le marquis Paulucci. Les officiers les plus haut gradés étant trop âgés, les seuls candidats disponibles étaient deux Vénitiens, S. Dandolo et A. Armeni ; ne voulant pas ne proposer que des Vénitiens, Bellegarde aouta le nom de Paulucci à la liste transmise à François au congrès de Laibach. Fin janvier, l'empereur choisit ce dernier, ce qui constituait un affront pour les Vénitiens[18]. L'expédition se mit en route en février comme prévu ; Pulucci ayant rejoint son escadre à Ancone, fit voile vers le sud avec deux frégates, quatre bricks ainsi que plusieurs goélettes et autres navires dont quatre transports, afin de contourner la péninsule italienne et de se rendre à Naples. Cependant la marine napolitaine avait elle aussi envoyé une escadre dans l'Adriatique, forte d'un vaisseau de ligne et deux frégates, ce qui obligea Paulucci à se placer dans une position défensive dans la base de Lissa et l'empêcha de poursuivre sa route. Des mesures furent alors prises dans l'urgence en vue d'armer une seconde escadre, comprenant certains des navires de ligne ancrés à Venise. Alors que la rapide victoire autrichienne sur terre permit la levée du blocus de Lissa, la nouvelle d'une révolution dans le Piémont les 9-10 mars provoqua une nouvelle panique à Vienne, et les projets d'armement des deux navires de ligne furent à nouveau d'actualité, la flotte sardo-piémontaise étant de force respectable. A nouveau, la rapide résolution du conflit sur terre fit que la marine ne fut finalement pas impliquée, cependant ces événements avaient mis en lumière l'incapacité de cette dernière à faire face à ce type de conflit[19]. L'émergence d'une nouvelle menace dans le Levant avec l'éclatement de la révolution grecque en avril 1821 mit à nouveau la flotte sous tension, avec l'envoi en juillet de la frégate Lipsia et trois autres navires, rejoints début 1822 par l'Austria et 3 autres navires, puis le renforcement de cette flottille jusqu'à atteindre 22 navires. Parallèlement une escadre était stationnée à Naples afin d'appuyer les forces d'occupation et de soutien aux régimes autoritaires patronés par l'Autriche[20].

Devant ce développement des activités de la marine contrastant avec ses problèmes matériels, et avant toute révision du décret impérial de 1817, une tournée d'inspection fut confiée au comte Folliot de Crenneville[21]. La précédente inspection de Paulucci ayant déjà effectué un certain nombre de réformes, Crenneville était principalement chargé de s'occuper des problèmes de matériel.

L'état de la flotte à la fin de 1822 était en effet peu brillant : la frégate Carolina âgée de 14 ans revenait d'un voyage de deux ans en Chine, les frégates Lipsia, Austria et Augusta bien que plus récentes (lancées en 1814 et 1815) étaient déjà presque hors d'usage (notamment après les avaries subies lors de l'expédition au Brésil) ce qui faisait de l'Ebe (lancée en 1821) la seule frégate réellement en état de naviguer, et le nombre de bricks était tombé à cinq[22].

Afin de remédier à cette situation Crenneville devait en particulier juger de la faisabilité d'une proposition de Paulucci de convertir les deux vaisseaux de ligne en frégates de 56 canons, inspecter les avaries de la frégate Carolina, examiner l'état des navires toujours en chantier à l'arsenal de Venise, et faire des recommandations sur le nombre de navires nécessaires pour mener les missions incombant à la marine[21]. Pour compliquer la situation, les projets de vente des navires soutenue par une partie des membres du gouvernement avaient été repris après la fin des opérations en Italie : un marchand de Trieste, soutenu par Salomon Rothschild, fit ainsi une offre de 6 millions de florins pour l'ensemble des navires de ligne et des frégates à flot (hormis l'Ebe)[22].

À l'issue de son « audit » qui se déroula en novembre et décembre 1822, Crenneville formula des propositions ambitieuses, bien au-delà de ce qu'était prêt à envisager le gouvernement autrichien : ayant approuvé la conversion des vaisseaux déjà à flot, il conseilla de pratiquer la même opération sur deux des trois vaisseaux encore en construction et de les intégrer à la flotte ainsi que les trois frégates encore en chantier, de réparer la Carolina et d'entretenir huits bricks et environ quatre-vingts petits navires en service actif[23]. Sans surprise, ce programme fut rejeté par Bellegarde et François Ier, qui se contentèrent d'en adopter certaines mesures pour parer au plus pressé à moindre coût : le Severo fut rasé (en 1823) et entra en service actif en 1824 en tant que frégate sous le nom de Bellona, les travaux sur l'Italiano étant repoussés jusqu'en 1827, la Carolina fut reconstruite en tant que corvette, un des vaisseaux en chantier fut démoli et le sort des cinq navires restant sur cale resta en suspens[13].

Expédition militaire au Maroc (1829)

La situation dégénéra lorsqu'en 1828, des pirates marocains réussirent à capturer le navire marchand SMS Veloce au large de Cadix, et l'emmenèrent avec son équipage au Maroc[24]. La situation était délicate car l'Autriche et le Maroc, qui avaient noué des relations diplomatiques pour la première fois en 1783, étaient aussi liés par un traité d'amitié et commercial datant de 1805. En réponse, la marine autrichienne dépêcha sous le commandement du capitaine de corvette (allemand : Korvettenkapitän) Franz Bandiera une escouade constituée des corvettes Carolina (26 canons), Adriatic (20 canons), du brick Veneto ainsi que de la goélette Enrichetta. En raison de conditions météorologiques difficiles, la petite flotte n'atteignit sa destination qu'en janvier 1829. Des négociations s'ouvrirent alors à Gibraltar entre l'envoyé autrichien Wilhelm von Pflügl et le consul marocain Judah Benoliel. Bien que les Autrichiens obtinrent la libération de l'équipage du Veloce, le gouvernement marocain refusa la restitution du vaisseau capturé ainsi que le paiement d'une compensation financière à Vienne. Ce refus entraîna tout d'abord le blocus des ports marocains puis, sur ordre de Bandiera, le bombardement de Larache le 3 juin 1829. De plus, plus d'une centaine d'Autrichiens débarquèrent dans le port afin de couler les bricks marocains qui y mouillaient. Une bataille finit par éclater ; les Autrichiens perdirent plus d'une vingtaine d'hommes et les Marocains, plus d'une centaine. En parallèle, les villes d'Assilah et de Tétouan furent également bombardées. Il fallut attendre janvier 1830 pour qu'un traité de paix préliminaire soit signé entre l'Autriche et le Maroc. Le Veloce, quant à lui, sera restitué quelques semaines plus tard. Finalement, la mission de sauvetage fut un succès puisque depuis ce raid, les pirates d'Afrique du Nord cessèrent leurs attaques sur la marine marchande autrichienne[16].

Cette relative sécurité fut bénéfique au développement des compagnies et liaisons commerciales en mer Adriatique, puisqu'en 1833 fut fondée à Trieste le Lloyds autrichien, une société de collecte et de diffusion de l'information à l'international via le transport maritime. Mais c'est également un réseau de correspondants et de journaux qui, en 1836, décida de se lancer dans la navigation à vapeur. La compagnie en profita pour accroître son influence et rapidement, dès 1837, le gouvernement impérial s'accorda avec elle pour la mise en place d'une liaison régulière entre Trieste et Istanbul. Au même moment, les autorités viennoises s'attachèrent à moderniser sérieusement la marine. À titre d'exemple, le budget alloué à cet effet rendit possible la construction du tout premier bateau à roues autrichien, le Maria Anna[25]. La même année, l'archiduc Frédéric Ferdinand s'enrôla dans la Kriegsmarine à l'âge de seulement 16 ans. Ce jeune homme passionné par la marine est le troisième fils de l'archiduc Charles-Louis, héros national auréolé de gloire pour ses faits d'armes durant les guerres napoléoniennes. À l'image de son père, il va s'avérer être un commandant talentueux et n'hésitera pas à mener un certain nombre de réformes, désirant entre autres mettre en valeur le caractère impérial et autrichien de la Kriegsmarine[26].

Frédéric Ferdinand fut le plus jeune commandant jamais engagé dans la Kriegsmarine.

Crise diplomatique au Levant (1840)

En 1840, un épisode de la Deuxième guerre égypto-ottomane allait donner l'occasion au jeune Frédéric Ferdinand de faire ses preuves en Méditerranée orientale. Les principales nations européennes, désireuses du maintien d'un équilibre des puissances depuis le Congrès de Vienne, prirent la décision de venir en aide à l'Empire ottoman alors en grande difficulté dans son conflit contre l'Égypte. Les Ottomans, qui s'attachaient à récupérer les territoires perdus à l'issue de la Première guerre égypto-ottomane, avaient été vaincus par les Égyptiens à la bataille de Nézib[27]. Le Traité de Londres qui s'ensuivit fut un véritable camouflet diplomatique pour la France (tenue à l'écart en raison de son soutien à l'Égypte) et, suite à son rejet par Méhémet Ali, une flotte de guerre constituée des marines britannique et autrichienne fit route vers les côtes égyptiennes et mit le Delta du Nil sous blocus. Elle navigua vers les côtes libanaises où, en septembre 1840, l'archiduc Frédéric Ferdinand bombarda depuis le SMS Guerriera les villes de Sidon (que les Autrichiens capturèrent avec le soutien britannique) puis Beyrouth. La Kriegsmarine continua ensuite sa route vers Acre, qu'elle s'employa également à bombarder au mois de novembre. Les défenses de la cité ayant été détruites, le jeune Frédéric Ferdinand mena lui-même le débarquement anglo-autrichien qui s'ensuivit, et hissa les drapeaux autrichien, britannique et ottoman au sommet de la citadelle d'Acre[28]. En novembre 1840, Méhémet Ali décida d'accepter les termes de la Convention de Londres, mettant un terme au conflit. À l'issue de la crise, Frédéric Ferdinand fut décoré de l'Ordre militaire de Marie-Thérèse en reconnaissance de sa bravoure et de son leadership. En 1844, il fut promu au grade de Vice-amiral et devint commandant en chef (en allemand : Marinekommandant) de la Kriegsmarine après avoir maté une mutinerie d'officiers vénitiens. La marine autrichienne était encore à ce moment peu connue du grand public, mais les succès et la personnalité de Frédéric Ferdinand attirèrent l'attention des Habsbourg, qui daignèrent accorder davantage de fonds au développement de leur force navale. Néanmoins, l'archiduc mourut prématurément de la jaunisse à Venise en octobre 1847. Il n'était alors âgé que de 26 ans[29]. Son décès ôta à la marine autrichienne un leader efficace qui allait cruellement lui faire défaut lors de la crise à venir.

De la Révolution à la Victoire

Première guerre d'indépendance italienne (1848–49)

Vaisseaux autrichiens pendant le blocus de Venise en 1849.

Au printemps 1848, la plupart des nations européennes étaient en pleine ébullition. En effet, l'ordre conservateur instauré dans toute l'Europe par le Congrès de Vienne depuis maintenant une trentaine d'années avait maintenu sous une chape de plomb toute chose apparentée de près ou de loin au Siècle des Lumières ou même aux idéaux de la Révolution française. Bien évidemment, il en était de même pour les minorités ethniques qui aspiraient à davantage de liberté voire à l'autonomie ou même l'indépendance pure et simple. C'était tout particulièrement le cas en Autriche, considérée à juste titre par la plupart des peuples la composant comme l'une des nations les plus autoritaires et récalcitrantes au changement sur le continent. La Révolution française de février 1848 fut l'étincelle qui mit le feu à la poudrière. De violentes manifestations étudiantes éclatèrent à Vienne et provoquèrent la chute de Metternich, chantre de l'ordre conservateur. La situation devint rapidement désespérée pour les autorités autrichiennes lorsqu'une insurrection éclata au même moment à Milan dans le Royaume lombardo-vénitien. Après cinq jours de furieux combats, le Royaume de Piémont-Sardaigne entend profiter de la situation pour amorcer l'unification de l'Italie et déclare la guerre à l'Autriche le 23 mars, marquant le coup d'envoi de la Première guerre d'indépendance italienne. Complètement dépassée et prise au dépourvu, l'armée autrichienne s'avéra incapable de maintenir l'ordre en Lombardie et abandonna même Venise aux insurgés italiens.

L'occasion était trop belle pour les minorités italiennes de l'Empire, notamment dans la Kriegsmarine où les équipages vénitiens se mutinèrent violemment contre leurs officiers autrichiens. La cité de Venise, en pleine révolte, allait poser un gros problème aux Autrichiens. Elle était en effet le plus gros port de l'Empire, et les événements en cours avaient quasiment mené à la désintégration de la Kriegsmarine. Non seulement le commandant autrichien de l'Arsenal de Venise fut battu à mort par ses hommes, mais en plus, le commandant en chef de la Kriegsmarine, le Vice-amiral Anton von Martini a été trahi par ses subordonnés vénétiens, et fait prisonnier[30]. Par crainte des mutineries, les officiers autrichiens libérèrent leurs équipages italiens de leurs obligations et leurs permirent de rentrer chez eux. Si une telle mesure laissa la Kriegsmarine en sous-effectifs, elle évita néanmoins sa destruction complète[30]. Sur les 5 000 membres d'équipage que la Kriegsmarine comptait avant la révolution, il n'en restait plus que 665 pour 72 officiers. De plus, cette situation était aggravée par la perte des installations portuaires, des chantiers navals ainsi que de l'Arsenal de Venise, sans compter les navires tombés aux mains des nationalistes italiens. La capture du Vice-amiral Anton von Martini a également porté un coup sévère au moral autrichien. Pour remédier au problème, le général Ferencz Guylai fut temporairement nommé à la tête de la Kriegsmarine. Conscient de la perte de Venise, Guylai décida de faire du port de Pola la nouvelle base de la Kriegsmarine (la ville de Trieste étant jugée risquée car trop proche des zones insurgées). De plus, pour compenser les pertes récemment subies, le général rappela tous les navires autrichiens en mission en Méditerranée et les regroupa en mer Adriatique afin de mettre la ville de Venise sous blocus[31].

Venise refusant de se rendre, les Autrichiens la mirent sous blocus et procédèrent à un bombardement jusqu'à sa reddition en août 1849.

Pendant ce temps, le Royaume des Deux-Siciles (qui venait de rejoindre la guerre aux côtés de ses alliés italiens) décida d'envoyer sa propre force navale en direction de Venise afin de soulager la pression sur les insurgés. Cette force se composait de cinq frégates ainsi que de plusieurs autres navires de taille moindre. En face d'eux, la Kriegsmarine avait à sa disposition trois frégates (44 à 50 canons), deux corvettes (18 à 20 canons), huit bricks (6 à 16 canons), une trentaine de canonnières (3 canons pour chacune d'elles), et deux bateaux à vapeur. Le rapport de force peut sembler en faveur des Autrichiens, mais ces derniers manquaient d'expérience et ne pouvaient tout simplement pas se permettre de perdre d'autres navires. Pour cette raison, ils levèrent le blocus de Venise et tentèrent de trouver refuge à Pola. Il apparût cependant que ce port était trop peu développé pour abriter autant de navires, aussi Ferencz Gyulai n'eut d'autre choix que de naviguer en direction de Trieste. Une décision fort judicieuse au demeurant, puisque les Italiens n'osèrent pas le port de Trieste (ce dernier étant partie intégrante de la Confédération germanique)[32]. Les deux flottes ennemies se retrouvèrent alors dans une impasse, mais très vite, les Deux-Siciles se retirèrent du conflit tandis que sur terre, les Autrichiens sous les ordres du maréchal Radetzky reprirent le dessus à l'issue de la Bataille de Custoza en juillet 1848. Le 9 août, un armistice est finalement signé entre l'Autriche et le Royaume de Sardaigne et un mois plus tard, le vice-amiral Anton von Martini est libéré à la suite d'un échange de prisonniers. À nouveau à la tête de la Kriegsmarine, il réclama sans succès des navires supplémentaires afin de reprendre le blocus de Venise. Finalement, ce n'est qu'après la défaite subie par le Royaume de Sardaigne à la Bataille de Novara que le conflit prit fin. La ville de Venise, quant à elle, ne capitulera pas avant le 27 août 1849[33].

Bien que les Autrichiens furent victorieux, les événements de 1848 avaient fait éclater au grand jour ce qui sera une de leurs plus grosses problématiques : les aspirations des minorités ethniques et, d'une manière générale, le danger nationaliste. Conscient de la menace, le jeune François-Joseph Ier se devait également de nommer un nouveau commandant à la tête de la Kriegsmarine, qui serait plus apte à la difficile reconstruction qui s'annoncait. Dès février 1849, son choix s'était porté sur le Danois Hans Birch Dahlerup, qui partageait la même vision que l'empereur ; celle d'une Kriegsmarine d'essence germanique et débarrassée des influences nationalistes italiennes. Sous son commandement furent introduites un certain nombre de réformes ; outre la création d'une école pour officiers, on donna la priorité au recrutement des Autrichiens, des Croates ou même des Hongrois[30]. Jugés peu fiables, les Italiens étaient écartés et généralement versés dans d'autres corps d'armée. Après la conquête de Venise, les Autrichiens récupèrent plusieurs navires de guerre qui furent incorporés à la Kriegsmarine[33]. En parallèle, il fut décidé de conserver provisoirement Trieste comme base navale. Des voix s'élevèrent pour un "déménagement" vers Pola, mais Dahlerup était opposé à cette idée. Néanmoins, le 20 novembre 1850, Vienne donna l'ordre de transformer le port de Pola en une base maritime adaptée aux besoins de la Kriegsmarine. Quant à Dahlerup, il n'eut guère le temps de transformer la Kriegsmarine puisqu'il démissionna en août 1851 en raison de son style de commandement qui déplût à ses pairs[34].

L'ère Ferdinand Max (1854–61)

Ferdinand Max s'employa pendant des années à moderniser la Kriegsmarine.

Après une période d'intérim assurée par le lieutenant général Franz Wimpffen, l'empereur François-Joseph Ier décida de nommer en septembre 1854 son frère Ferdinand Maximilien comme Oberkommandant à la tête de la Kriegsmarine. Sa nomination à l'âge de 22 ans fit de lui le plus jeune commandant en chef de l'histoire de la marine autrichienne[35]. Il est notamment décrit par l'auteur Anthony Sokol dans son livre The Imperial and Royal Austro-Hungarian Navy comme « un des princes Habsbourg les plus talentueux, qui utilisa son prestige, son enthousiasme et sa dévotion à la Kriegsmarine pour lui accorder une place au soleil »[36], ou encore par Lawrence Sondhaus dans The Habsburg Empire and the Sea: Austrian Naval Policy, 1797–1866 comme « le leader le plus talentueux que la marine ait jamais eu »[37]. Le jeune archiduc était entré dans la marine au grade de lieutenant en 1851, et avait été rapidement promu capitaine commandant la corvette Minerva[38]. Tout comme son prédécesseur Frédéric Ferdinand, le jeune Ferdinand Max va démontrer un intérêt tout particulier et personnel pour la Kriegsmarine. Parmi ses toutes premières mesures, on peut citer la construction d'une cale sèche au port de Pola ainsi que l'extension des chantiers navals de Trieste. Bénéficiant d'une grande liberté d'action, il s'employa à promouvoir un ambitieux programme de développement des ports de Pola, Venise et Trieste[39]. Ce programme accordait une attention toute particulière à Pola, qui nécessitait de vastes aménagements pour pouvoir en faire une base navale. En plus d'une nouvelle cale sèche, les zones marécageuses furent asséchées et un nouvel arsenal fut construit[36]. Environ une année après sa nomination, la flotte de la Kriegsmarine était composée de quatre frégates, quatre corvettes, et deux bateaux à roues en service en mer Méditerranée.

Le jeune Ferdinand Max acheta en 1856 au Royaume-Uni la frégate à vapeur Radetzky, et s'inspirera de son design moderne pour la construction de futurs navires. Par ailleurs, une des objectifs de l'archiduc était de réduire la dépendance de la marine autrichienne vis-à-vis des chantiers navals basés à l'étranger, ce qui fut chose faite cette même année, puisque la plupart des vaisseaux autrichiens étaient alors directement construits en Autriche[36]. Parallèlement à ses réformes, Ferdinand Max initia en 1857 une expédition scientifique d'envergure, menée par la frégate SMS Novara qui deviendra le premier vaisseau de guerre autrichien à effectuer le tour du monde. Planifiée par l'Académie autrichienne des sciences (en allemand : Österreichische Akademie der Wissenschaften), elle avait pour objectif l'acquisition de nouvelles connaissances dans des domaines aussi variés que l'astronomie, la botanique, la zoologie, la géologie, l'océanographie et l'hydrographie. Cette expédition, composée de 345 membres d'équipage et sous le commandement du Kommodore Bernhard von Wüllerstorf-Urbair, quitta le port de Trieste le 30 avril 1857 et ne revînt pas avant le 30 août 1859. Ferdinand Max supervisa ensuite la construction aux chantiers navals de Pola d'un nouveau vaisseau de ligne, le SMS Kaiser, qui sera finalement commissionné en 1859. Malgré les efforts de Ferdinand Max, la marine autrichienne demeurerait toujours inférieure tant quantitativement que qualitativement que ses contemporaines française, britannique ou sarde. Les carences de la Kriegsmarine allaient être évidentes lors de la Deuxième guerre d'indépendance italienne en avril 1859, pendant laquelle la flotte française, en supériorité numérique, parvint à bloquer la flotte autrichienne dans ses ports et l'empêcha de prendre part aux combats[40]. En parallèle, sur terre, les armées franco-sardes vainquirent les Autrichiens à la Bataille de Solférino et, à l'issue du Traité de Zurich, arrachèrent la Lombardie à l'Autriche[41]. À l'issue de ce conflit, Ferdinand Max prit conscience de la nécessité de transformer la Kriegsmarine en une force capable de s'opposer aux ambitions expansionnistes sardes. Même si les récentes défaites autrichiennes minèrent le budget alloué à la Kriegsmarine[42], l'évolution des technologies (telles que l'introduction du cuirassé à coque en fer), mais aussi la peur d'un débarquement italien sur les côtes dalmates et, surtout, l'initiation à partir de 1860 du programme d'expansion de la marine italienne nécessitaient une riposte des autorités autrichiennes[43].

Le processus de l''unification italienne menaça l'hégémonie autrichienne sur la péninsule.

Course à l'armement austro-italienne (1861–82)

Le Royaume de Sardaigne, fort de sa récente victoire contre l'occupant autrichien, entreprît au début des années 1860 de redoubler d'efforts pour unifier la péninsule italienne sous une seule bannière. Les plébiscites organisés dans les duchés de Toscane, de Parme, de Modène ainsi qu'en Émilie-Romagne donnèrent une écrasante majorité en faveur de leur intégration au Piémont-Sardaigne. En mars, Camillo Cavour devint Ministre de la Marine et, peu de temps après l'intégration de la flotte toscane au sein de la Marine royale sarde[41], ordonna la construction de deux nouveaux cuirassés à coque en fer à Toulon, en France. Au même moment, plus au sud, Giuseppe Garibaldi s'attelait avec son expédition à la conquête du Royaume des Deux-Siciles. L'empereur François-Joseph Ier tenta de réagir en rappelant la marine impériale autrichienne (stationnée au Levant) qui, sous le commandement du Fregattenkapitän (capitaine) Wilhelm von Tegetthoff[44], se redéploya dans la baie de Naples afin d'empêcher toute attaque maritime sur la cité. Néanmoins, la défection de la marine napolitaine et la rapide conquête du Royaume des Deux-Siciles par les hommes de Garibaldi rendirent les manœuvres autrichiennes caduques. En mars 1861, le Royaume d'Italie est officiellement proclamé sous les yeux d'une Autriche impuissante. Deux semaines après cette proclamation, la Regia Marina était née. Cela eut de lourdes conséquences tant militaires que politiques puisque la toute nouvelle marine italienne, constituée des différentes flottes de guerre l'ayant rejointe au fil des annexions[45], était à même de disputer le contrôle de la mer Adriatique à la Kriegsmarine autrichienne.

Les Italiens se lancèrent rapidement dans un programme d'expansion de la Regia Marina, croyant fermement qu'une marine forte leur assurerait le statut de grande puissance. L'Autriche, qui n'avait aucune intention de reconnaître l'établissement du Royaume d'Italie, ne pouvait ignorer la menace navale italienne. Dès la fin de l'année 1860, Ferdinand Max avait personnellement ordonné la construction de deux premiers cuirassés à coque en fer de classe Drache de la marine impériale autrichienne[46]. Ces vaisseaux, les SMS Drache et le SMS Salamander, étaient construits à Trieste par les chantiers navals Stabilimento Tecnico Triestino. En parallèle, l'archiduc s'employa à réunir les fonds nécessaires à la poursuite du programme. En avril 1861, il proposa à son frère François-Joseph Ier un large programme de construction pour une flotte de neufs cuirassés à coque en fer, ainsi que sept vaisseaux de guerre supplémentaires. De plus, Ferdinand Max y voyait l'occasion de remplacer progressivement les traditionnels vaisseaux en bois, rendus obsolètes par les cuirassés plus modernes[47]. D'après lui, si les Autrichiens parvenaient à construire sept cuirassés supplémentaires en 1863, la puissance de la Kriegsmarine équivaudrait au tiers de la marine française, alors considérée comme une des plus puissantes du monde. Un tel gain de puissance serait bénéfique pour la diplomatie autrichienne, et contribuerait à sortir l'Empire de son isolement auprès des autres puissances européennes depuis la Guerre de Crimée[48].

Le SMS Don Juan d'Austria a été conçu en réponse aux cuirassés italiens de classe Re d'Italia.

Pendant que Ferdinand Max s'échinait à gagner le soutien des autorités impériales, la Regia Marina poursuivait son propre programme d'armement. Cavour avait notamment rencontré à Turin le constructeur new-yorkais William Henry Webb avec qui il conclut un accord secret portant sur la construction de deux cuirassés modernes, le Re d'Italia et le Re di Portogallo[49][50]. En août 1861, deux mois après le décès de Cavour, l'existence de cet accord parvint aux oreilles de Vienne qui fut plongée dans la consternation. En effet, quelques mois plus tôt, le Reichsrat avait rejeté le programme d'armement de Ferdinand Max, et ne lui avait alloué que 6 millions de florins afin de renflouer la marine impériale pour l'année 1862. Le jeune archiduc présenta donc une nouvelle mouture de son programme devant le Conseil des Ministres à Vienne, arguant qu'il avait besoin d'un budget équivalent à 15 millions de florins, plus du double de ce qui lui avait été accordé. Selon lui, les fonds additionnels devaient servir à la construction de trois cuirassés supplémentaires qui seraient suffisants pour vaincre la Regia Marina dès l'été 1862. Finalement, malgré l'avis défavorable des Ministres des Finances, d'État et des Affaires étrangères, François-Joseph Ier trancha au mois d'octobre en faveur de Ferdinand Max[51]. L'Autriche commença ainsi la construction (toujours à Trieste), d'une seconde classe de cuirassés, la classe Kaiser Max composée du SMS Kaiser Max, du SMS Prinz Eugen et du SMS Don Juan d'Austria. En janvier 1862, l'empereur François-Joseph Ier établît un nouveau ministère chargé de superviser les affaires courantes tant de la marine marchande que de la marine impériale. Du côté financier, les choses devinrent plus compliquées pour Ferdinand Max, car si les fonds alloués pour cette même année lui avaient permis de payer les cuirassés de classe Kaiser Max, ceux alloués pour l'année 1863 ne lui permettaient d'acquérir que deux cuirassés sur les trois qu'il souhaitait[52]. La construction de ces deux cuirassés supplémentaires, le SMS Erzherzog Ferdinand Max et le SMS Habsburg, débuta à la fin du printemps 1863[53]. Le destin de l'archiduc Ferdinand Max prît un tournant inattendu lors qu'en octobre 1863, une délégation mexicaine lui proposa le trône vacant du Second Empire mexicain. Ayant finalement accepté la proposition, il démissionna de ses charges dans le courant de l'année 1864 et s'engagea dans une aventure qui s'avèrera être sa dernière[54]. Malgré son départ, la course à l'armement entre Autrichiens et Italiens se poursuivra au moins jusqu'à la formation d'une alliance de circonstance en 1882, la Triplice

Duel austro-danois à Heligoland (1864)

(...en cours de rédaction)

Victoire décisive à Lissa (1866)

(...en cours de rédaction)

La marine austro-hongroise à l'épreuve du dualisme

Les réformes de Tegetthoff (1868–71)

Le vice-amiral Tegetthoff s'attacha à réformer en profondeur la k.u.k. Kriegsmarine.

Le triomphe de Tegetthoff à Lissa a soudainement (et brièvement) placé la marine autrichienne sous le feu des projecteurs. Promu au grade de vice-amiral et décoré du prestigieux Ordre de Marie-Thérèse en reconnaissance de ses derniers faits d'armes, le désormais célèbre Tegetthoff nourrissait de grands espoirs pour le développement de la flotte navale[55]. Mais celle-ci fut démobilisée dès le mois de décembre 1866, et le vice-amiral relevé de son commandement. L'empereur avait d'autres projets pour lui : Tegetthoff se rendit à l'étranger (en Grande-Bretagne, en France puis aux États-Unis) afin de se familiariser avec les dernières innovations technologiques en matière de construction navale[56]. Néanmoins, l'exécution de Ferdinand Max en juin 1867 bouleversa le planning du vice-amiral puisqu'il fut officiellement chargé de rapatrier le corps de l'éphémère empereur à bord du SMS Novara[57]. En janvier 1868, Tegetthoff était de retour à Trieste et, un mois plus tard, fut nommé non seulement à la tête de la Marinesektion mais aussi au poste de Marinekommandant[58]. Malgré ses récentes promotions, Tegetthoff dut composer avec une situation politique qui était loin de favoriser le développement de la marine austro-hongroise. Il impulsa tant bien que mal une série de réformes visant à simplifier le fonctionnement de l'appareil bureaucratique. Ainsi, le chef de la Marinesektion serait dorénavant le représentant du Ministère de la Guerre pour tout ce qui a trait aux affaires maritimes[59]. De plus, il sera autorisé à présenter lui-même le budget naval devant les parlementaires, sous réserve de leur approbation. Du côté militaire, Tegetthoff regroupa les forces d'infanterie et d'artillerie de la Kriegsmarine au sein d'un unique corps de marins (Matrosencorps)[60]. Vers la fin de l'année 1868, Tegetthoff soumit à l'empereur un plan de réorganisation navale qu'il espérait achever d'ici 1878 : quinze cuirassés devaient composer l'ossature de la marine, complétée par une force secondaire de trente-quatre vaisseaux de moindre importance (canonnières, frégates et corvettes). Pour mener à bien un tel plan, un budget de plus de 25 millions de florins fut nécessaire[61]. Dans l'ensemble, les parlementaires n'éprouvaient que peu d'intérêt envers la question navale et se montraient très réticents à accéder aux requêtes de Tegetthoff. Ce dernier parvint difficilement à obtenir un budget de près de 9 millions de florins pour l'année 1869[62]. À l'automne 1869, l'empereur François-Joseph embarqua à bord du yacht impérial Greif à destination de Port-Saïd, afin d'inaugurer le canal de Suez. En guise d'escorte, il fut accompagné des cuirassés Erzherzog Ferdinand Max et Habsburg sous le commandement du contre-amiral Pöck. Pour l'année 1871, les parlementaires austro-hongrois s'accordèrent sur un budget de 11 millions de florins, permettant entre autres l'achèvement de quatre nouveaux cuirassés dans un délai raisonnable. Néanmoins, Wilhelm von Tegetthoff n'eut jamais l'occasion de concrétiser ses rêves puisqu'il s'éteignit brutalement le 7 avril 1871 des suites d'une maladie tenace. La perte d'une aussi forte personnalité aussi peu de temps après celle de Ferdinand Max porta un coup sévère à la marine austro-hongroise[63]. Malgré une très courte carrière à la tête de celle-ci, les réformes qu'il réussit à mettre en œuvre perdurèrent jusqu'à la Première Guerre mondiale[64].

« [...] son esprit guerrier, l'esprit de Lissa, devint une caractéristique à part entière de la marine au point de l'immuniser du mal-être qui empoisonnait l'armée des Habsbourg et, bien sûr, l'empire dans son ensemble.[64] »

— Lawrence Sondhaus.

Crise de leadership et défiance politicienne (1871–83)

« Ce n'est plus de la stagnation, c'est une retraite.[65] »

— Maximilian Daublebsky von Sterneck.

Les années post-Tegetthoff furent difficiles par bien des aspects. Le successeur du vainqueur de Lissa, le baron Friedrich von Pöck, fut longtemps un de ses rivaux les plus résolus[66]. Notoirement jaloux des succès et de la réputation de son prédécesseur, von Pöck s'appliqua tout d'abord à consolider son autorité à la tête de la marine austro-hongroise en écartant des postes-clés les officiers jugés trop favorables à Tegetthoff[67]. Une telle politique fut notamment dénoncée par l'adjudant Max von Sterneck qui regretta des petits arrangements personnels[67]. Malgré ses manœuvres controversées, le baron von Pöck ne délaissa pas pour autant la marine et s'attacha à atteindre les objectifs fixés par le plan de réorganisation navale de Tegetthoff. Néanmoins, tout comme son prédécesseur, von Pöck vit sa tâche compliquée par plusieurs facteurs : tout d'abord, le contexte international ne justifiait pas une augmentation des dépenses, d'autant que survint en mai 1873 le crash boursier de Vienne, prélude à la Grande Dépression[68]. De plus, les élections au parlement autrichien donnèrent une nette majorité aux libéraux réputés hostiles à la marine. Pour ne rien arranger, les députés Hongrois se montrèrent plus réticents que jamais à toute idée de financement de la marine impériale. Durant l'été 1871, von Pöck parvint péniblement à obtenir un budget de plus de 11 millions de florins pour l'année 1872[69]. Devant la réticence des politiciens, von Pöck finit par changer de stratégie et, au lieu de demander des fonds pour la construction de navires supplémentaires, il suggéra astucieusement de "reconvertir" certains anciens vaisseaux[70]. Ainsi, le Kaiser Max, le Prinz Eugen ainsi que le Don Juan d'Austria, lancés en 1862, furent en fait - sous le couvert d'une "reconversion" - tous les trois démantelés et reconstruits en navires à casemates. Certains officiels à Vienne et Budapest masquèrent à peine leur mépris devant de telles mesures, qualifiant la k.u.k. Kriegsmarine de "marine au rabais"[71].

En avril 1876, la construction du SMS Tegetthoff débuta aux chantiers navals Stabilimento Tecnico Triestino. Néanmoins, même si le gabarit de ce navire en fit le plus puissant de la marine autro-hongroise à son lancement, il souffrit déjà de la comparaison avec les vaisseaux à casemates des autres marines européennes[71]. Par ailleurs, si les Autrichiens devinrent de plus en plus dépendants des compagnies étrangères (telles que Krupp pour l'armement ou Brown and Cammell pour l'acier) ils firent aussi preuve d'innovation, notamment avec la torpille autopropulsée (mise au point en 1864 par Johann Luppis) que le baron von Pöck introduit au sein d'une nouvelle classe de navires : le torpilleur. Le premier d'entre eux, baptisé sobrement Torpedoboot I, fut construit en 1875 par Thornycroft, basé en Grande-Bretagne. Cinq torpilleurs supplémentaires furent commandés aux chantiers navals britanniques, tandis que quatre furent construits sous licence à l'Arsenal de Pola[72].Pour l'année 1878, si le budget alloué à la marine austro-hongroise resta stable à 9,5 millions de florins, le contexte géopolitique qui s'ensuivit entraîna une baisse à 9 millions de florins pour 1879 et même à 8,5 millions pour l'année 1880. Cette situation contrasta fortement avec celle de la Regia Marina italienne, alors en pleine expansion. À ce moment-là, von Pöck perdit le peu de crédibilité qu'il lui restait auprès des parlementaires. Ces derniers, influencés par les récents événements, partaient du constat que l'issue d'un conflit se décidait sur terre et non sur mer[73]. À partir de 1882, les tensions croissantes entre la France et l'Italie amenèrent le rival italien à rejoindre ce qui devint la Triple-Alliance. Cette alliance contre-nature neutralisa la menace italienne sur la mer Adriatique mais rendit caduque tout effort supplémentaire en faveur du développement de la marine[74]. Ce fut le coup d'estocade porté à un Friedrich von Pöck désespéré. Épuisé par un combat incessant face au parlement et souffrant d'une dépression nerveuse, il fut contraint de prendre sa retraite pour être remplacé par Maximilian Daublebsky von Sterneck.

Max von Sterneck, proche de Tegetthoff et Marinekommandant à partir de 1883.

Changement de stratégie sous l'ère Sterneck (1883–97)

En 1883, la nomination de Max von Sternerck au grade de Marinekommandant et de chef de la Marinesektion marqua une rupture avec l'ère de son prédécesseur Spöck. Tout d'abord, Sterneck (promu vice-amiral par François-Joseph à l'occasion de sa nomination) jouissait d'un certain prestige du fait de ses relations avec feu Tegetthoff (ayant notamment participé à la bataille de Lissa en 1866)[75]. Ses faits d'armes associés à une certaine habileté à défendre les intérêts de la marine austro-hongroise devant les parlementaires lui valurent une relative indulgence lorsqu'était abordée la question budgétaire[75]. Sterneck s'attacha tout d'abord à regonfler le moral des personnels, en déclin du fait de l'extrême lenteur des promotions caractéristique de l'ère Spöck[75]. À partir de l'été 1884, il initia une réforme de la structure administrative visant à amplifier le caractère autonome de la marine vis-à-vis des traditionnelles institutions impériales[76]. Au même moment, la flotte austro-hongroise en activité dans la mer Adriatique consistait en un escadron d'une douzaine de navires, dont la moitié étaient des torpilleurs[77]. Adepte de la Jeune École, Sterneck privilégia constamment l'entraînement des personnels en multipliant les expéditions et exercices en pleine mer[78]. Conscient des difficultés qu'il aurait à sécuriser un budget correct auprès des parlementaires, Sterneck multiplia les opérations de séduction auprès de la cour viennoise[79]. Une stratégie qui se révéla payante puisqu'il parvint à obtenir un financement de près de 11,2 millions de florins pour l'année 1886, le plus important jamais octroyé à la marine depuis 1864[79]. Par la suite, le contexte international dans les Balkans persuada les parlementaires austro-hongrois de débloquer des fonds supplémentaires en faveur de la marine, à raison de plus de 13 millions de florins pour les années 1887 et 1888. Un budget en nette augmentation par rapport aux années précédentes[80]. Sa gestion budgétaire, quant à elle, était plus réfléchie que celle de son prédécesseur mais elle le forçait à commissionner des navires de plus modeste tonnage. Ainsi, en 1891, la marine austro-hongroise était composée de pas moins de 63 torpilleurs, alors qu'elle n'en comptait qu'une dizaine quelques années plus tôt[81].1889 fut une année charnière avec l'adoption de la loi militaire qui favorisa la création d'une composante armée navale à part entière : ce fut la Seewehr, l'équivalent naval de la Landwehr autrichienne et de la Honvéd hongroise[82]. Par ailleurs, ce n'est qu'après l'adoption cette loi que fut officialisé le dualisme austro-hongrois au sein des forces armées et, donc, de la marine. Ainsi, 22 ans après le compromis austro-hongrois, la marine impériale autrichienne (kaiserliche königliche, ou k.k. Kriegsmarine) fut officiellement (et symboliquemet) rebaptisée comme étant la "marine impériale et royale" (kaiserliche und königliche, ou k.u.k. Kriegsmarine)[83]. Néanmoins, la situation se tendit à partir de 1890 du fait de l'instabilité politique persistante au sein de la double monarchie.

L'ère Hermann von Spaun (1897–1904)

(...en cours de rédaction)

Prélude à la Grande Guerre (1904–13)

(...en cours de rédaction)

Première Guerre mondiale

Opérations préliminaires (1914–16)

(...en cours de rédaction)

La Guerre sur mer et dans les airs (1915–16)

Ultime baroud d'honneur (1916–18)

Dissolution

Héritage

Organisation

Bases et infrastructures

Grades et échelons

Pavillons et marques de commandement

Vaisseaux acquis par la marine austro-hongroise

Budget alloué et force navale des principales puissances

Ordre de bataille et pertes subies durant la Grande Guerre

Commandants historiques

Notes et références

Notes

Références

Annexes

Bibliographie

Ouvrages spécialisés sur la marine austro-hongroise

Ouvrages plus généralistes

Articles connexes

Liens externes


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