Fille d'un vicaire anglican, elle travaille à la Banque d'Angleterre de 1977 à 1983, puis dans le secteur bancaire privé. Elle poursuit sa carrière professionnelle jusqu'à son élection comme députée de la circonscription de Maidenhead, sous les couleurs du Parti conservateur, en 1997. Exerçant différentes responsabilités dans le cabinet fantôme de l'opposition entre 1999 et 2010, elle devient une des figures de proue du Parti conservateur, qu'elle préside de 2002 à 2003.
En 2019, ne parvenant pas à faire adopter son accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, ayant dû repousser la date du Brexit et devant faire face à une forte défiance au sein de sa majorité, elle quitte la tête du Parti conservateur, puis démissionne de sa fonction de Première ministre à la suite de l’élection de Boris Johnson comme chef du parti. Elle est réélue députée lors des élections générales anticipées de la même année.
Theresa Brasier rencontre Philip May (banquier d'affaires) à l'université d'Oxford, où ils sont tous les deux étudiants[6]. Ils sont présentés l'un à l'autre par Benazir Bhutto[6]. Ils se marient le [6]. Ils n'ont pas d'enfant[12].
Theresa May est membre de l'Église d'Angleterre et se rend à la messe chaque dimanche[14]. Elle déclare à propos de sa foi : « elle fait partie de qui je suis et donc de la manière dont je vois les choses »[15].
Entre 1977 et 1983, Theresa May travaille à la Banque d'Angleterre puis est, de 1985 à 1997, consultante financière et conseillère en affaires internationales pour l'Association for Payment Clearing Services (APACS), une société de services bancaires remplacée, en 2009, par la UK Payments Administration (en)[16].
Parallèlement à sa carrière professionnelle, elle entame une carrière politique en 1986 après son élection comme conseillère (en) du borough londonien de Merton, dont elle préside la commission de l'éducation entre 1988 et 1990. Elle devient, par la suite, le chef adjoint du groupe conservateur et porte-parole pour le logement entre 1992 et 1994.
Alors que les conservateurs sont sévèrement battus à l'issue des élections législatives du , Theresa May est élue députée de la nouvellement créée circonscription de Maidenhead[16]. En ayant obtenu 25 000 voix, soit 49,8 % des suffrages, elle entre à la Chambre des communes, alors dominée par les travaillistes dirigés par le nouveau Premier ministre Tony Blair.
La carrière politique de Theresa May prend un tournant le lorsqu'elle devient la première femme élue à la présidence du Parti conservateur[17]. Ce poste lui confère la responsabilité des affaires internes du parti. Son discours d'investiture, qu'elle prononce à l'occasion du congrès du parti, est resté célèbre ; elle y critique le profond conservatisme, expliquant qu'il devait changer : « vous savez comment les gens nous appellent : le parti méchant »[18],[19]. Cette critique explicite de l'appareil du Parti conservateur lui vaut quelques inimitiés de la part d'autres cadres conservateurs.
Plusieurs fois mis en minorité par son propre parti au cours de son mandat, David Cameron, dont elle est pourtant réputée proche, est menacé par Theresa May si elle devait lui disputer la tête du Parti conservateur. Pour Rodney Barker (en), professeur émérite de science politique à la London School of Economics, « elle joue habilement avec l'image de Thatcher, celle d'une femme ferme ancrée à droite, à l'inverse de celle de l'homme faible lié avec les centristes que représente Cameron »[21].
En 2013, Theresa May obtient l'extradition du prédicateur radical Abou Qatada vers la Jordanie, après une bataille juridique longue d'une dizaine d'années et qui a coûté au contribuable britannique 1,7 million de livres[22] et que de nombreux secrétaires d'État à l'Intérieur n'avaient pu résoudre[23]. Elle avait alors négocié directement avec la Jordanie un accord garantissant à l'accusé un jugement équitable[24]. Cet épisode est vu comme un succès par les Britanniques[réf. nécessaire]. Dans un discours au Parlement concernant la situation d'Abou Qatada, elle critique la CEDH, l'accusant de perdre de vue les objectifs premiers (« moving the goalposts ») en ayant une interprétation folle des lois sur les droits de l'homme (« crazy interpretation of Human Rights Law »)[25].
La politique d'immigration du gouvernement Cameron vise principalement à réduire le nombre d'immigrés au Royaume-Uni. En 2010, Theresa May promet de ramener ce nombre en dessous de 100 000[30]. Ses déclarations et les diverses mesures prises à ce sujet donnent lieu à des polémiques.
Le , May annonce au Parlement la mise en place de nouvelles restrictions sur le regroupement familial pour les migrants hors Espace économique européen[31] : seuls les citoyens britanniques gagnant plus de 18 600 £ par an pourront faire venir leur conjoint au Royaume-Uni, avec un montant plus élevé pour faire une demande concernant les enfants. La nouvelle politique allonge la période probatoire pour les conjoints de deux à cinq ans et empêche l'immigration de personnes adultes dépendantes à moins que le demandeur fasse la démonstration d'une nécessité de soin qui ne puisse être fourni qu'au Royaume-Uni[32]. Cette nouvelle politique est critiquée par le groupe de défense des droits de l'homme Liberty pour qui elle démontre le peu de cas fait des familles par le gouvernement[33] ainsi que par un groupement transpartisan de députés qui concluent après une enquête qu'en raison des nouvelles règles des très jeunes enfants sont séparés de leurs parents que certains citoyens britanniques pourraient être poussés à quitter le pays[34].
Theresa May est accusée par le libéral-démocrateRoger Roberts au sujet de l'expulsion, en 2013, du demandeur d'asile nigérian Isa Muaza (en), malade mental en grève de la faim[38], de laisser quelqu'un mourir « pour marquer des points politiques ».
En mai 2015, en pleine crise migratoire en Europe, Theresa May rejette la proposition de quotas obligatoires de réfugiés[39]. Elle déclare qu'il est important d'aider les gens qui vivent dans les zones de guerre et les camps de réfugiés mais « pas ceux qui sont assez forts et riches pour venir en Europe »[40].
Malgré les différentes mesures prises pour réduire l'immigration, l'Office for National Statistics« annonce un flux net de 298 000 migrants vers le Royaume-Uni dans les douze mois précédant septembre 2014 — une hausse de 210 000 par rapport à l'année précédente[41]. ». Les statistiques montrent des « hausses significatives des migrations à la fois des citoyens non européens — en hausse de 49 000 — et des citoyens européens, en hausse de 43 000[41]. »
Dans un premier temps, la nomination de Theresa May à cette fonction est critiquée par des associations LGBT, qui lui reprochent de ne pas avoir voté en faveur de l'alignement de l'âge du consentement sexuel entre personnes homosexuelles sur celui des personnes hétérosexuelles, en 1998, et de l'introduction du droit à l'adoption pour les couples de même sexe, en 2002[42]. Par la suite, elle déclare avoir changé d'avis au sujet de l'adoption par les couples homosexuels et vote en faveur du Civil Partnership Act de 2004 (en)[42].
En , dans les colonnes du site PinkNews, elle indique vouloir lutter contre l'homophobie, notamment au sein du milieu sportif, préconisant la nécessité d'un « changement culturel » au sein de la société britannique. Le , elle déclare soutenir l’Equality Act 2010, bien qu'elle y était précédemment opposée.
Elle annonce, en , qu'elle soutient le mariage homosexuel au Royaume-Uni, ce qui fait d'elle l'un des premiers dirigeants du Parti conservateur à s'exprimer en faveur de cette mesure. En 2013, elle vote ainsi pour l'ouverture du mariage aux couples de même sexe[42].
La secrétaire d'État à l'Intérieur, que la presse britannique classe parmi les grands favoris de cette élection interne au Parti conservateur, se fait la garante d'un « leadership fort » et d'une « vision positive » pour l'avenir du pays. Si elle s'est publiquement prononcée pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne malgré ses positions notoirement eurosceptiques[44], elle s'est montrée résolument opposée à un deuxième référendum, expliquant que « la campagne a été menée et le public a rendu son verdict », estimant qu'il n'y a « pas de retour en arrière possible ». « Le Brexit signifie le Brexit et nous en ferons un succès » promet-elle alors lors du lancement de sa campagne, tandis qu'un sondage publié le jour de sa candidature indique que 47 % des personnes interrogées en font leur candidate préférée pour la nomination au poste de Première ministre.
Lors du premier tour de l'élection, le 5 juillet suivant, Theresa May devance largement ses concurrents en obtenant le soutien de 165 députés contre 66 pour son adversaire la plus proche, Andrea Leadsom, et 48 pour Michael Gove ; les candidats ayant recueilli le plus faible nombre de voix de cette compétition, Liam Fox et Stephen Crabb, lui apportent immédiatement leur soutien et, deux jours plus tard, Theresa May parvient à convaincre 199 députés contre 84 pour Leadsom et 46 pour Gove, pour sa part éliminé.
Le , Andrea Leadsom, fragilisée par des polémiques qui ont contrarié sa campagne, annonce son retrait de la compétition, estimant qu'elle ne bénéficie pas d'un soutien suffisant pour l'emporter face à Theresa May et qu'elle ne peut, dans ces conditions, prétendre avec crédibilité au poste de Première ministre. Avec le retrait de sa seule concurrente, May est automatiquement proclamée élue chef du Parti conservateur dans la soirée[45],[46]. David Cameron annonce dans la foulée qu'il présentera sa démission à la reine le 13 juillet[47], ce qui permet à Theresa May d'entrer au 10 Downing Street plusieurs mois avant la tenue d'un congrès, finalement annulé, du Parti conservateur qui devait aboutir à l'élection du successeur de Cameron.
S'adressant aux journalistes réunis devant le 10 Downing Street, Theresa May s'est dite « honorée » d'être nommée Première ministre, rendant un vibrant hommage à son prédécesseur David Cameron et s'engageant à faire du Royaume-Uni une nation au « rôle audacieux » qui sera le sien après le retrait de son pays de l'Union européenne[48]. Répondant aux appels soutenant la convocation d'élections anticipées, son entourage fait savoir qu'elle n'a pas l'intention de solliciter la dissolution de la Chambre des communes puisque étant elle-même dotée de la légitimité qui lui a été conférée par sa désignation comme chef du parti majoritaire.
Le , elle demande au Parlement de convoquer des élections générales anticipées pour le , ce qui est approuvé par la Chambre des communes le lendemain[49],[50],[51]. Durant la campagne, le Parti conservateur s’emploie à s'éloigner du « libéralisme économique débridé » hérité du thatchérisme pour se resituer sur une ligne plus favorable aux interventions de l’État[52].
À quelques semaines de l'élection, son parti chute dans les intentions de vote, notamment en raison de sa proposition de taxer les retraités pour financer leurs soins en cas de démence sénile et en raison des attentats de Manchester et du London Bridge[53],[54]. Il lui est par ailleurs reproché de ne pas avoir mené une campagne efficace en se contentant principalement de dénigrer son adversaire et en évitant les débats[52].
Après la perte d'une douzaine de sièges et de la majorité absolue par le Parti conservateur, Theresa May en adoucit le programme et revient notamment sur les propositions de supprimer les repas gratuits pour les écoliers et d'instaurer une taxe sur l'héritage des personnes ayant fait l'objet de soins médicaux pris en charge par l’État[55]. Des négociations sont entamées avec le DUP irlandais pour constituer une majorité.
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À plusieurs reprises, sa conduite des négociations sur le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne est critiquée par les partisans d’une rupture claire avec l’Union européenne. Les 8 et , après des mois de tensions et à la suite de la présentation par la Première ministre d’un projet de « zone de libre-échange des biens » et d’un modèle douanier avec l'UE, trois membres de son gouvernement démissionnent : David Davis, secrétaire d'État à la sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni, Steve Baker, sous-secrétaire d'État chargé de la sortie de l'Union européenne, et Boris Johnson, secrétaire d'État des Affaires étrangères[56],[57].
Le , après de longues négociations, un projet d'accord sur le Brexit entre le Royaume-Uni et l'Union européenne est dévoilé. Il prévoit notamment un « filet de sécurité » (backstop) pouvant conduire au maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE et un statut particulier pour l'Irlande du Nord[58]. Le lendemain, six membres du gouvernement démissionnent (Shailesh Vara, Dominic Raab, Esther McVey, Suella Braverman, Anne-Marie Trevelyan, Ranil Jayawardena), considérant que cet accord trahit le résultat du référendum de 2016.
Faute de majorité prévisible, Theresa May annonce le le report au du vote des Communes sur l'accord avec l'UE[59]. Le , 48 parlementaires issus des rangs du Parti conservateur déclenchent une motion de censure à l'encontre de la Première ministre, qui remporte finalement la confiance du Parlement avec le soutien de 200 élus de son parti contre 117[60]. Avant le vote, elle a annoncé qu'elle ne conduirait pas la campagne de son parti aux élections législatives de 2022 et qu'elle ne provoquerait pas d'élections anticipées[61].
En 2019, elle échoue à trois reprises à faire voter par la Chambre des communes son projet négocié avec l'Union européenne pour le Brexit[62]. Fortement contestée, elle refuse de démissionner si son texte n'est pas adopté, et fait repousser la date initiale du Brexit[62].
Le , pour obtenir l'adoption de son accord sur le Brexit, Theresa May offre aux députés britanniques la possibilité de décider d'un second référendum. La leader de la Chambre des communes et lord président du Conseil, Andrea Leadsom, démissionne à son tour, mettant en doute l'accord de retrait proposé par Theresa May et la tenue éventuelle d'un second référendum sur la sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni et isolant encore plus la Première ministre.
Tout comme d'autres anciens Premiers ministres britanniques, Theresa May donne des conférences contre d'abondantes rétributions. Elles lui ont rapporté 2,8 millions de livres de fin 2019 à début 2023[67].
Theresa May soutient le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne lors du référendum de 2016, mais sans faire campagne et en critiquant certains aspects de l'UE[71],[72]. Des journalistes politiques estiment que cet engagement a minima dans le débat a été choisi afin de renforcer sa position dans une élection future à la direction du Parti conservateur[73].
Lors de son premier grand discours de politique générale, elle s'engage à lutter contre l'évasion fiscale, à s'attaquer à ceux qui préfèrent embaucher à l’étranger plutôt que de former des Britanniques, à protéger les services publics et à intervenir dans l'économie en cas de défaillance du secteur privé[74]. Pour La Croix, « les termes employés semblent sortis d’un discours duLabour. Les rares mesures évoquées sont des propositions émises depuis 2010, par l’ancien leader travailliste Ed Miliband, quasiment qualifiées alors de marxistes par les Tories et la presse de droite. Mais face à un Labour qu’elle estime « divisé, divisant et éloigné » de la population, cette réappropriation ne lui sera pas reprochée. Elle devrait au contraire lui permettre d’attirer nombre d’électeurs centristes »[74]. Pour Torsten Bell, du laboratoire d’idées indépendant Resolution Foundation (en), « sa forte préoccupation à l’égard de la classe ouvrière rompt avec ses prédécesseurs conservateurs. Pour autant, elle reste économiquement libérale : elle ne parle pas de réformer le capitalisme en profondeur, ni d’une intervention massive de l’État en matière d’industrie. La nouveauté, c’est qu’à ses yeux, l’État peut faire partie des solutions, alors qu’il était un problème aux yeux de Margaret Thatcher »[75]. Pour Phillip Blond, « elle n’est pas post- mais pré-Thatcher : elle renvoie au conservatisme de son lointain prédécesseur, Benjamin Disraeli, au XIXe siècle, qui critiquait le capitalisme et prônait une intervention de l’État dans l’économie »[75].
Bien qu'elle prenne ses distances avec le libéral-conservatisme de Margaret Thatcher, Theresa May n'a que vaguement plaidé pour une politique industrielle. Elle ne rejoint par ailleurs pas le « conservatisme social » ou « torysme rouge », en témoigne la poursuite de la politique d'austérité de son prédécesseur, la non-réforme du National Health Service ou l'abandon du paiement des repas de cantines pour les élèves les plus pauvres (free school meals). Pour la chercheuse Laetitia Strauch-Bonart, « en ne choisissant ni la voie de la promotion de la libre entreprise ni celle de l’intervention intelligente de l'État, elle a déplu aux libéraux comme aux partisans de l'État, à droite comme un gauche. On ne se défait pas aisément de l’héritage du libéralisme thatchérien si l'on n'a rien à proposer à la place. Theresa May représente en définitive moins un conservatisme populaire qu'un conservatisme de la classe moyenne rurale — celui de la Middle England »[76].
Récipiendaire des clés de la Cité, elle est ensuite nommée « Liveryman » de la Vénérable compagnie des Marketors.
Elle s'est exprimée à la Fawcett Society au sujet de l'égalité femmes-hommes et, en 2006, est nommée « Inspiring Women » par la société (« femme inspirante »)[77].
En 2013, l'émission Woman's Hour de BBC Radio 4 l'a décrite comme la deuxième femme la plus puissante du Royaume-Uni[78].