Dictature

forme autocratique de gouvernement qui est exercée par une seule ou plusieurs personnes

Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limitent[1] ; il faut préciser que même un régime autoritaire peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des députés élus, mais pas librement et ne représentant donc pas des contre-pouvoirs. Ce régime politique a fréquemment été violemment critiqué ; ainsi, Hannah Arendt affirme que les lois qu'il promulgue sont éthiquement illégitimes, et que les institutions y sont factices[2].

L'origine du terme remonte à la Rome antique, où la dictature était un état de la République romaine où un magistrat (le dictateur) se voyait confier de manière temporaire et légale les pleins pouvoirs en cas de troubles graves.

Étymologie et évolution du sens

Les termes de « dictature » et de « dictateur » ont plusieurs acceptions. Elles varient selon les époques et les auteurs.

Dictateurs romains

Le terme apparaît de manière obscure, pour la première fois chez Cicéron dans De Republica[d 1],[d 2],[d 3] puis dans Pour Milon[d 1], sous le terme latin de dictator, dérivé du verbe dictare[d 2], c'est-à-dire « dire en répétant souvent, ordonner, commander » avec le suffixe d’agent -tor[d 4], probablement pour désigner un magistrat par un mot au sens non-défini pour les formes spéciales de gouvernance de certaines villes du Latium[d 1], par exemple celles d'Alba, du Lanuvium[3], de Cora, de Tusculum, et de Nomentum[4], Tusculum[5],[6],[7]. À Rome, ce magistrat était appelé Magister populi[d 1].

Dans son sens d'origine, le terme désigne un magistrat[d 5] sous la République romaine, nommé par le Sénat[d 6],[d 7] et investi par les Consuls pour les remplacer[8] pour gouverner en cas de proclamation du Justitium[d 8], une situation de crise. Il était muni des pleins pouvoirs[d 7], l'Imperium qui regroupe tous les aspects de la vie publique excepté le pouvoir financier qui demeurait sous la coupe du Sénat[8], y compris dans le pomerium[b 1],[b 2], pendant un mandat, qui ne peut, à l'origine excéder six mois[d 7], mais évoluera sous les différents dirigeants. Selon Jacques Bainville, quatre dictateurs romains se distinguent par leur conquête du pouvoir : Marius, Sylla, Pompée et César[8]. Cette première forme de dictature romaine tombe en désuétude à la fin du IIIe siècle av. J.-C.[réf. nécessaire], elle est abolie après la mort de Jules César.

Le terme désigne également un fonctionnaire après les réformes augustéennes dans les États latins tardifs[9].

Cette forme d'État est d'abord décrite, aussi bien chez les historiens antiques notamment chez Tite-Live[10] que chez les savants modernes comme une mesure exceptionnelle, une « magistrature républicaine extraordinaire »[10].

Dans la culture étrusque et latine, le terme ne désigne pas un statut péjoratif comme aujourd'hui[11], au contraire, il semble être valorisé par Tite-Live[10] et Cicéron[réf. souhaitée]. Il ne désigne pas, contrairement au statut de tyran, un jugement de valeur porté sur l'exercice du pouvoir mais désigne une institution[12]. Toutefois, la distinction entre tyrannie et dictature, et de ce fait tyran et dictateur, n'est pas toujours très nette, et ces questions sont ouvertes à controverses et débats chez les historiens[13]. Par exemple, l'historien Frédéric Hurlet tente notamment de qualifier le pouvoir exercé par Sylla dans son livre La dictature de Sylla : monarchie ou magistrature républicaine? Essai d'histoire constitutionnelle. Mais la question reste encore ouverte : en 2021, l'historien Alban Dignat emploie l'expression « dictature de caractère monarchique » dans la revue Hérodote[14].

Évolution du terme

Le mot dictateur désigne actuellement ce que l'on appelait plutôt tyran[15] dans l'Antiquité ou despote dans l'Ancien Régime. Cette acception qui s'est développée pendant la Révolution française[16] sert surtout pour la période contemporaine.

Sens moderne

Dans le Dictionnaire encyclopédique Brockhaus et Efron, publié entre 1890 et 1907 à Saint-Pétersbourg sous l'Empire russe, une dictature est définie comme « un pouvoir totalement ou presque illimité, non fondé sur le droit existant »[c 1].

Dans la Gran Enciclopèdia Catalana, publiée à partir de 1968, un dictateur est défini comme « celui qui reçoit ou s'arroge le droit de concentrer en lui tous les pouvoirs »[c 2].

Autres définitions :

  • Encyclopædia Universalis : « La dictature est un régime politique autoritaire, établi et maintenu par la violence, à caractère exceptionnel et illégitime. Elle surgit dans des crises sociales très graves, où elle sert soit à précipiter l'évolution en cours (dictatures révolutionnaires), soit à l'empêcher ou à la freiner (dictatures conservatrices). Il s'agit en général d'un régime très personnel ; mais l'armée ou le parti unique peuvent servir de base à des dictatures institutionnelles » ;
  • Dictionnaire de la politique (Hatier) : « La dictature se définit comme un régime arbitraire et coercitif, incompatible avec la liberté politique, le gouvernement constitutionnel et le principe de l’égalité devant la loi » ;
  • Dictionnaire culturel (Larousse) : une dictature est un « régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes (junte) qui l'exercent sans contrôle, de façon autoritaire » et un dictateur est une « personne qui, à la tête d'un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ; autocrate » ou « sous la République romaine, magistrat extraordinaire nommé en cas de crise grave par les consuls sur la demande du sénat, et possédant tous les pouvoirs en Italie pour six mois au maximum ».

Selon Hannah Arendt la différence entre une dictature et un régime totalitaire ne se situe pas dans l'ampleur de l'arbitraire, de la répression et des crimes, mais dans le degré de contrôle du pouvoir sur la société : une dictature devient « totalitaire » quand et si elle investit la totalité des sphères sociales, s'immisçant jusqu'au cœur des sphères privée et intime (familles, mentalités, psyché individuelle)[17].

Selon Michel Hastings (CEPEN-IEP de Lille) en 2007, le sociologue Juan Linz a voulu casser l'idée d'opposition binaire démocratie/totalitarisme sous-jacente à la guerre froide, opposition « érigée en vérité scientifique et politique » dans les années 1960 et 1970, sans nuances[18]. Linz le fait en ouvrant une troisième voie pour mieux décrire des régimes qu'il qualifie de « régime autoritaire » ; ni tout à fait démocratiques, ni tout à fait totalitaires. Il propose de réserver l'usage du qualificatif autoritaire aux « gouvernements de crise intérimaires qui ne se sont pas institutionnalisés et qui introduisent une coupure provisoire avec les règles du régime précédent en matière d'accession au pouvoir et d'exercice de celui-ci ; et cela, quelle que soit la nature des contextes politiques — démocratique, traditionnelle ou autoritaire — dans lesquels ils constituent une parenthèse ». Une suspension temporaire des règles du régime antérieur serait, selon lui « le propre des gouvernements justifiant l'appellation de dictatures constitutionnelles »[réf. nécessaire][19].

Typologie des régimes politiques

Premières typologies : tyran, despote

Classification des constitutions d'Aristote.

La typologie des régimes politiques est une démarche méthodique des sciences politiques qui consiste à définir et classer l'ensemble des régimes politiques. Une des premières typologies des régimes est celle d'Aristote dans sa Politique[20], elle se divise en trois principaux groupes en fonction du nombre de gouvernant[21] et de la finalité de la constitution. Il décrit les formes politiques gouvernées par une seule personne (royauté, tyrannie), d'un petit nombre (aristocratie, oligarchie) et par plusieurs individus (gouvernement constitutionnel, démocratie)[21]. Aristote fait de la tyrannie une forme corrompue de gouvernement par un seul, la monarchie. Dans De l'esprit des lois, Montesquieu propose une typologie différente de celle d'Aristote[22], bien qu'elle reste une classification par le nombre de gouvernants, celle-ci est fondée sur la relation entre la société et le régime[23], lui-même caractérisé par la taille de son territoire ainsi que d'autres facteurs[n 1]. Cette typologie est divisée en trois formes de gouvernement : la république, la monarchie et, la pire forme de gouvernement[24], le despotisme.

Du XIXe au XXe siècle

Dans le domaine de la politique, on appelle « dictature » un régime dans lequel une personne (dictateur), ou un groupe de personnes, disposant d'un pouvoir absolu, s'y maintient de manière autoritaire et l'exerce de façon arbitraire.

Le caractère absolu du pouvoir se caractérise notamment par l'absence de séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire). Cette confusion des pouvoirs peut l'être au profit de l'exécutif (cas le plus courant) ou au profit du pouvoir législatif (régime d'assemblée). Il résulte aussi de l'absence de contrôle démocratique et d'élections libres (répression politique des opposants, le non-respect de la liberté de la presse).

Le caractère arbitraire du pouvoir se traduit par le non-respect de l'État de droit (violation de la Constitution, établissement de lois d'exceptions).

Si beaucoup de dictateurs arrivent au pouvoir à la suite d'un coup d'État (en Afrique, en Asie en Amérique latine et en Europe centrale et orientale, longtemps sous l'influence du Bloc de l'Est), d'une guerre civile (Francisco Franco) ou d'une guerre internationale (Kim Il-sung), il arrive qu'un dirigeant parvienne au pouvoir légalement avant de devenir un dictateur (ce fut le cas d'Adolf Hitler ou d'António de Oliveira Salazar) ou bien accède au pouvoir dans un régime de parti unique (ce fut le cas de Lénine, de Staline et de Mao).

Au XXIe siècle

En 2006, Brian Lai et Dan Slater proposent une nouvelle typologie des régimes autoritaires qui comprend quatre catégories : « machine » (parti oligarchique), « bossisme (en) » (autocratie avec partis), « homme fort » (autocratie particulière) et les juntes (oligarchie)[b 3]. Aucune catégorie ne comprend la dictature, bien que certaines aient des formes dictatoriales[b 3].

D'après Gustav Lidén, les typologies sur les dictatures ont augmenté ces dernières années et les récentes recherches révèlent que les « liens établis avec les dictatures sont vagues ou presque des alternatives arbitraires »[c 3]. Il rappelle que les dictatures sont en général classifiées à partir de caractéristiques telles que l'accès au pouvoir, la gouvernance par une seule personne, la forme militarisée du pouvoir et le fait qu'il y ait parti unique[b 4]. Il soutient l'idée que classifier une dictature seulement à partir de sa forme de gouvernance par un seul individu n'est pas pertinente car la royauté traditionnelle, elle aussi, est une forme de gouvernance par un seul individu[b 5] ; de fait, la classification sur ce seul critère « réflète les idées stéréotypées [que l'on se fait] d'un dictateur »[c 4].

Typologie comparative des dictatures par Gustav Lidén[b 6]
CaractéristiqueGeddes (1999)Hadenius & Teorell (2007)Wahman et al. (2013)Kailitz (2013)Cheibub et al. (2010)
Monarchie  Non  Oui  Oui  Oui  Oui
Gouvernance d'un seul individu  Oui  Non  Non  Non  Non
Militaire  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Parti unique  Oui  Non  Non  Non  Non
Système électoral  Non  Oui  Oui  Oui  Non
Absence de parti  Non  Oui  Oui  Non  Non
Parti unique  Non  Oui  Oui  Non  Non
Plusieurs partis limités  Non  Oui  Oui  Non  Non
Parti unique autocratique  Non  Non  Non  Oui  Non
Communisme  Non  Non  Non  Oui  Non
Dictature civile (en)  Non  Oui  Oui  Non  Non

Certains critères peuvent mettre au jour le caractère dictatorial d'un chef d'État dans un pays, sans pour autant tous les réunir :

Types de dictatures

Militaire

Des soldats occupent Séoul, en Corée du Sud, dans le cadre du coup d'État du 16 mai qui a placé le général Park Chung-hee au pouvoir.

Les dictatures militaires sont des régimes dans lesquels les officiers militaires détiennent le pouvoir, déterminent qui dirigera le pays et exercent une influence sur la politique[25],[26] Elles sont plus courantes dans les pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Elles sont souvent instables et la durée moyenne d’une dictature militaire n’est que de cinq ans, mais sont souvent suivis de nouveaux coups d’État militaires et de dictatures militaires. Bien que courante au XXe siècle, l’importance des dictatures militaires a décliné dans les années 1970 et 1980[27].

Les dictatures militaires sont généralement formées par un coup d’État militaire au cours duquel des officiers supérieurs utilisent l’armée pour renverser le gouvernement. Dans les démocraties, la menace d'un coup d'État militaire est associée à la période qui suit immédiatement la création d'une démocratie mais qui précède des réformes militaires à grande échelle. Dans les oligarchies, la menace d'un coup d'État militaire vient de la force de l'armée mise en balance avec les concessions qui lui sont faites. Parmi les autres facteurs associés aux coups d’État militaires figurent l’étendue des ressources naturelles, le recours limité à l’armée au niveau international et le recours à l’armée comme force d’oppression au niveau national[28]. Les coups d’État militaires n’aboutissent pas nécessairement à des dictatures militaires, car le pouvoir peut alors être transmis à un individu ou l’armée peut permettre la tenue d’élections démocratiques.

Les dictatures militaires ont souvent des traits communs en raison du passé commun des dictateurs militaires. Ces dictateurs peuvent se considérer comme impartiaux dans leur surveillance d'un pays en raison de leur statut non partisan, et ils peuvent se considérer comme des « gardiens de l'État ». La prédominance de la force violente dans la formation militaire se manifeste par l’acceptation de la violence comme outil politique et par la capacité d’organiser la violence à grande échelle. Les dictateurs militaires peuvent également se montrer moins confiants ou moins diplomates et sous-estimer le recours au marchandage et au compromis en politique.

Parti unique

Les dictatures à parti unique sont des gouvernements dans lesquels un seul parti politique domine la politique. Les dictatures à parti unique sont des États à parti unique dans lesquels seul le parti au pouvoir est légalisé et tous les partis d'opposition sont interdits. Les dictatures à parti dominant ou les dictatures autoritaires électorales sont des dictatures à parti unique dans lesquelles les partis d'opposition sont théoriquement légaux mais ne peuvent pas influencer de manière significative le gouvernement[29]. Les dictatures à parti unique étaient plus courantes pendant la guerre froide, les dictatures à parti dominant étant devenues plus courantes après la chute de l'Union soviétique.

Les dictatures à parti unique sont plus stables que les autres formes de régime autoritaire, car elles sont moins sujettes à l’insurrection et connaissent une croissance économique plus élevée. Les partis au pouvoir permettent à une dictature d’influencer plus largement la population et de faciliter un accord politique entre les élites des partis. Entre 1950 et 2016, les dictatures à parti unique représentaient 57 % des régimes autoritaires dans le monde et les dictatures à parti unique ont continué à se développer plus rapidement que les autres formes de dictature dans la seconde moitié du XXe siècle. En raison de la structure de leur leadership, les dictatures à parti unique sont nettement moins susceptibles d'être confrontées à un conflit civil, à une insurrection ou au terrorisme que d'autres formes de dictature.

Monarchie absolue

Le roi Ibn Saoud d'Arabie Saoudite avec deux de ses fils.

Une monarchie absolue est une monarchie dans laquelle le monarque règne sans limitations légales. Cela la distingue de la monarchie constitutionnelle et de la monarchie cérémonielle[30]. Dans une monarchie absolue, le pouvoir est limité à la famille royale et la légitimité est établie par des facteurs historiques. Les monarchies peuvent être dynastiques, dans lesquelles la famille royale sert d'institution dirigeante semblable à un parti politique dans un État à parti unique, ou elles peuvent être non dynastiques, dans lesquelles le monarque règne indépendamment de la famille royale en tant que dictateur personnaliste[31].Les monarchies autorisent des règles de succession strictes qui produisent un transfert pacifique du pouvoir à la mort du monarque, mais cela peut également entraîner des conflits de succession si plusieurs membres de la famille royale revendiquent le droit de réussir[pas clair][32].

À l’ère moderne, les monarchies absolues sont plus courantes au Moyen-Orient[33].

Triumvirat

La première page du journal ottoman İkdam, le , à la suite de la fuite des Trois Pachas après la Première Guerre mondiale.

Un triumvirat (latin : triumvirātus) ou une triarchie est une institution politique dirigée ou dominée par trois individus, appelés triumvirs (latin : triumviri). L'arrangement peut être formel ou informel. Bien que les trois dirigeants d’un triumvirat soient théoriquement égaux, la répartition réelle du pouvoir peut varier. Le terme peut également être utilisé pour décrire un État avec trois chefs militaires différents qui prétendent tous être le seul chef.

Certains triumvirats ont fonctionné dans une démocratie fragile, dans d'autres cas, il s'agissait de dictatures de trois personnes, notamment sous la Rome antique ou plus récemment dans l'Empire ottoman sous les Trois Pachas.

Classements des régimes

Régimes autoritaires

Il reste encore aujourd'hui des régimes autoritaires ou dictatoriaux, la plupart situés sur les continents africains et asiatiques. En Europe, la Biélorussie, l'Azerbaïdjan et la Russie sont considérées comme des dictatures. Entre l'Europe et l'Asie, la Turquie est vue comme un régime où la démocratie se dégrade, à la limite un régime autoritaire.

Les dictatures sont fréquemment des régimes à parti unique, quelquefois fermés au reste du monde (Corée du Nord ou Birmanie avant 2011[34]). Mais la règle n'est pas absolue car l'histoire admet certaines dictatures pluralistes[C'est-à-dire ?] (exemple : la France de Vichy, le Maroc sous le règne d'Hassan II), auquel cas il est plus approprié d'employer l'expression "régime autoritaire" que celle de "dictature".

La montée en puissance des politiques anti-terroristes dans les démocraties occidentales ont par ailleurs remis au goût du jour la théorie de la dictature constitutionnelle, pensée initialement par des juristes allemands sous la République de Weimar[35] et illustrée par exemple, en France, par les pouvoirs exceptionnels que tient le Président de la République de l'article 16 de la Constitution.

Indice de démocratie

Carte de l'indice de démocratie par l'Economist Intelligence Unit de 2022 : plus le pays est vert, plus il est considéré démocratique[36].
Démocraties pleines
  • 9–10
  • 8–9
Démocraties imparfaites
  • 7–8
  • 6–7
Régimes hybrides
  • 5–6
  • 4–5
Régimes autoritaires
  • 3–4
  • 2–3
  • 0-2
  • Non déterminé

Le groupe de presse britannique The Economist Group a créé l'indice de démocratie. Il a publié son premier rapport en 2006 et publie depuis une version annuelle. Celui-ci classe les pays en quatre catégories en fonction de leur régime politique : démocratie à part entière, démocratie imparfaite, régime hybride et régime autoritaire. Cette dernière catégorie ne regroupe pas stricto sensu les dictatures, mais les rapports annuels, à l'instar de celui de 2020, précisent[37] que « dans cette catégorie de nombreux pays sont incontestablement des dictatures »[c 5].

Agence intergouvernementale

L'Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, fondé en 1997, publie son premier rapport en 2017 sur l'état des régimes politiques dans le monde, en créant les indices Global State of Democracy à partir d'indices, notamment de l' indice de démocratie : « Democracy Barometer, the World Governance Indicators, the Economist Intelligence Unit (EIU) Democracy Index, and the World Justice Project (WJP) Rule of Law Index »[38]. Elle héberge une carte de 1975 à 2021 qui catégorise les pays en fonction de ces indices[39].

Classements des dictatures

L'indice Démocratie-Dictature (Democracy-Dictatorship Index, abrégé DD) est un indice binaire qui classe chaque pays en fonction de son régime politique en deux types : démocratie ou dictature et en trois sous-types chacun : civil, militaire et royal. L'indice a initialement été proposé par Adam Przeworski et al. en 2010 et utilisé par Cheibub et al.[b 7] en 2010[40].

Les auteurs de ce classement revendiquent une approche minimaliste de la démocratie[b 7],[41], c'est-à-dire qu'elle doit correspondre au concept de démocratie de Karl Popper et Joseph Schumpeter ; Przeworkski précise cette approche en citant Popper : « le seul système dans lequel les citoyens peuvent retourner le gouvernement sans bain de sang[c 6] ».

Pour Cheibub et al.[b 8], un régime est considéré comme démocratique s'il satisfait : « l'ensemble des critères des quatre règles suivantes :

  1. Le chef de l'exécutif doit être choisi par élection populaire ou par un organe lui-même élu par le peuple ;
  2. La législature doit être élue par le peuple ;
  3. Il doit y avoir plus d'un parti en lice aux élections ;
  4. Une alternance au pouvoir selon des règles électorales identiques à celles qui ont porté le président sortant doit avoir eu lieu[c 7] ».

Les auteurs reconnaissent que leur classification peut entraîner des faux-positifs par manques d'informations, c'est-à-dire que certains régimes peuvent être classés par erreur comme dictatures ou démocraties, mais précisent qu'ils ne peuvent pas distinguer les cas, les erreurs n'impliquent aucun jugement subjectif lors de l'analyse des données et ne compromet pas la reproductivité de la classification[b 9].

Pays ayant un régime dictatorial selon l'indice Democracy-Dictatorship (en) en 2008[42]
Code du paysType de dictatureRègle non respectée[42]
AFGDictature civile4
DZADictature civile4
AGODictature civile1
AZEDictature civile4
BHRDictature royale1 ; 2
BGDDictature civile1 ; 2 ; 3
BLRDictature civile4
BIHDictature civile1
BWADictature militaire4
BRNDictature royale1 ; 2 ; 3
BFADictature militaire4
KHMDictature royale1 ; 2
CMRDictature civile4
CAFDictature militaire4
TCDDictature militaire4
CHNDictature civile3
COGDictature militaire4
CIVDictature civile
CUBDictature militaire4
CODDictature civile4
DJIDictature civile3
EGYDictature militaire4
GNQDictature militaire4
ERIDictature civile1 ; 2 ; 3 ; 4
ETHDictature civile3 ; 4
FJIDictature militaire1 ; 2 ; 3
GABDictature civile4
GMBDictature militaire4
GINDictature militaire1
GUYDictature civile4
HTIDictature civile4
IRNDictature civile
IRQDictature militaire
JORDictature royale1
KAZDictature civile4
KWTDictature royale1 ; 3
LAODictature militaire3
LBNDictature militaire
LSODictature civile4
LBYDictature militaire1 ; 2 ; 3
MYSDictature civile4
MRTDictature militaire1 ; 2 ; 3 ; 4
MARDictature royale1
MOZDictature civile4
MMRDictature militaire1 ; 2 ; 3
NAMDictature civile4
PRKDictature civile1
OMNDictature royale1 ; 2 ; 3
QATDictature royale1 ; 2 ; 3
RUSDictature civile4
RWADictature militaire4
SAMDictature royale4
SAUDictature royale1 ; 2 ; 3
SYCDictature civile4
SGPDictature civile4
SOMDictature civile2 ; 3
ZAFDictature civile4
SDNDictature militaire1 ; 2
SWZDictature royale1 ; 3
SYRDictature militaire3
TJKDictature civile4
TZADictature militaire4
TGODictature civile4
TONDictature royale1 ; 2 ; 3 ; 4
TUNDictature militaire4
TKMDictature civile3
UGADictature civile4
AREDictature royale1 ; 2 ; 3
UZBDictature civile3 ; 4
VNMDictature civile1 ; 3
YEMDictature militaire4
ZMBDictature civile4
ZWEDictature civile4
Notes1 : Exécutif non élu

2 : Absence de pouvoir législatif, de pluralité de partis ou législatif non élu

3 : Un seul parti (légalement ou non) ou absence de partis législatifs

4 : Aucune alternation des pouvoirs

Classements des dictateurs

Pour le média Planetrulers, un dictateur est « un dirigeant d'un pays classé "non libre" par Freedom House dans leur rapport annuel de la liberté »[c 8]. En juillet 2021, il dénombre 50 dictatures ou régimes autoritaires dans le monde dont 19 en Afrique sub-saharienne, 12 dans le Moyen-Orient et le Nord de l'Afrique, 7 en Eurasie, 3 en Amérique et 1 en Europe[43]. Entre 2015 et 2021, il dénombre 5 retraits, 8 ajouts et 4 pays « Free » devenant « Not free »[43], selon l'année la liste varie de 49 à 52 pays.

Pays ayant un régime dictatorial ou un régime autoritaire selon Planetrulers en 2020[44]
Code du paysType de dictature
AfghanistanAshraf Ghani
AngolaJoão Lourenço
AzerbaïdjanIlham Aliyev
BiélorussieAlexandre Loukachenko
BurundiPierre Nkurunziza
CamerounPaul Biya
TchadIdriss Déby
République démocratique du CongoJoseph Kabila
CubaMiguel Díaz-Canel
ÉgypteAbdel Fattah al-Sissi
ÉrythréeIsaias Afwerki
GabonOmar Bongo
IrakBarham Salih
LaosBoungnang Vorachit
LibyeNouri Bousahmein
BirmanieWin Myint
MauritanieMohamed Ould Abdel Aziz
NicaraguaDaniel Ortega
OmanQaboos bin Said Al-Said
RussieVladimir Poutine
Arabie saouditeFahd ben Abdelaziz Al Saoud
SomalieHassan Sheikh Mohamoud
SoudanAbdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan
SyrieBachar el-Assad
ThaïlandePrayut Chan-o-cha
TurquieRecep Tayyip Erdoğan
OugandaYoweri Museveni
OuzbékistanShavkat Mirziyoyev
Viêt NamNguyễn Phú Trọng
YémenAli Abdallah Saleh

En 2012, le magazine Slate dresse une liste de 148 dictateurs modernes, en précisant que « la définition de ce qu'est un dictateur n'étant pas scientifique, toute liste est forcément subjective » et que les années au pouvoir sont calculés à partir du [45].

La liste des dictateurs modernes selon Slate le [45]
PaysNomContinentMoustacheAnnées au pouvoir
AlgérieAbdelaziz BouteflikaAfriqueoui13
AllemagneAdolf HitlerEuropeoui12
GuinéeAhmed Sékou TouréAfriquenon26
PérouAlberto FujimoriAmérique du Sudnon10
BiélorussieAlexandre LoukachenkoEuropeoui18
ParaguayAlfredo StroessnerAmérique du sudoui35
YémenAli Abdallah SalehAsieoui34
IranAli KhameneiAsiebarbe30
NicaraguaAnastasio Somoza DebayleAmérique centraleoui12
NicaraguaLuis Somoza DebayleAmérique centralenon16
NicaraguaAnastasio Somoza GarcíaAmérique centralenon19
ÉgypteAnouar el-SadateAfriqueoui11
LituanieAntanas SmetonaEuropeoui14
CroatieAnte PavelicEuropenon4
ChiliAugusto PinochetAmérique du Sudoui17
SyrieBachar Al-AssadAsieoui12
ItalieBenito MussoliniEuropenon22
Burkina FasoBlaise CompaoréAfriquenon25
GuatemalaCarlos Castillo ArmasAmérique centraleoui3
LiberiaCharles Ghankay TaylorAfriquebarbe6
Corée du SudChun Doo-hwanAsienon8
VenezuelaCipriano CastroAmérique du Sudbarbe9
KenyaDaniel Arap MoiAfriquenon24
République du CongoDenis Sassou NguessoAfriqueoui15
GuatemalaEfraín Ríos MonttAmérique centraleoui1
AutricheEngelbert DollfussEuropeoui2
AlbanieEnver HoxhaEuropenon10
Côte d'IvoireFélix Houphouët-BoignyAfriquenon33
PhilippinesFerdinand MarcosAsienon21
GuatemalaFernando Romeo Lucas GarcíaAmérique du Sudoui4
CubaFidel CastroCaraïbesbarbe49
SeychellesFrance-Albert RenéAfriquenon27
EspagneFrancisco FrancoEuropeoui36
Guinée équatorialeFrancisco Macías NguemaAfriquenon11
République centrafricaineFrançois BozizéAfriqueoui9
HaïtiFrançois Duvalier (Papa Doc)Caraïbesnon14
TchadFrançois TombalbayeAfriquenon15
CubaFulgencio BatistaCaraïbesnon10
SoudanGaafar Muhammad an-NimeiryAfriqueoui16
GrèceGeorgios PapadopoulosEuropeoui7
TogoGnassingbé EyadémaAfriquenon38
TurkménistanGurbanguly BerdimuhamedowAsienon6
ColombieGustavo Rojas PinillaAmérique du Sudnon4
SyrieHafez el-AssadAsieoui30
MalawiHastings Kamuzu BandaAfriquenon31
ParaguayHiginio Morinigo MartinezAmérique du Sudnon8
TchadHissène HabréAfriquebarbe8
Viêt NamHo Chi MinhAsieoui15
MongolieHorloogiyn ChoybalsanAsienon16
ÉgypteHosni MoubarakAfriquenon30
AlgérieHouari BoumedieneAfriqueoui13
BolivieHugo BanzerAmérique du Sudoui7
BangladeshHussain Muhammad ErshadAsieoui7
ZimbabweIan SmithAfriquenon14
OugandaIdi Amin DadaAfriquenon8
TchadIdriss DébyAfriquenon22
AzerbaïdjanIlham AlievAsieoui9
GrèceIoannis MetaxasEuropeoui4
RoumanieIon AntonescuEuropenon4
OuzbékistanIslam KarimovAsienon22
DjiboutiIsmaïl Omar GuellehAfriquebarbe13
ÉrythréeIssayas AfewerkiAfriqueoui21
BurundiJean-Baptiste BagazaAfriquenon11
République centrafricaineJean-Bédel BokassaAfriqueoui13
HaïtiJean-Claude DuvalierCaraïbesnon15
ArgentineJorge Rafael VidelaAmérique du Sudoui5
GuatemalaJorge UbicoAmérique centralenon13
NicaraguaJosé Santos ZelayaAmérique centraleoui16
Union soviétiqueJoseph StalineEuropeoui29
YougoslavieJosip Broz TitoEuropenon56
TchécoslovaquieJozef TisoEuropeoui7
UruguayJuan Maria BordaberryAmérique du Sudnon3
VenezuelaJuan Vicente GomezAmérique du Sudoui27
LettonieKarlis UlmanisEuropenon4
ZambieKenneth KaundaAfriquenon27
Corée du NordKim Il-sungAsienon46
Corée du NordKim Jong-ilAsienon17
Corée du NordKim Jong-unAsienon1
BulgarieKimon GeorgievEuropenon3
GuatemalaKjell Eugenio Laugerud GarcíaAmérique centraleoui4
AutricheKurt von SchuschniggEuropeoui4
GhanaKwame NkrumahAfriquenon9
République démocratique du CongoLaurent-Désiré KabilaAfriquenon4
Le DuanAsienon11
GuyanaLinden Forbes Sampson BurnhamAmérique du sudoui21
BolivieLuis Garcia MezaAmérique du Sudnon1
MauritanieMaaouiya Ould Sid'Ahmed TayaAfriqueoui21
GuatemalaManuel Estrada CabreraAmérique centraleoui22
PanamaManuel NoriegaAmérique centralenon6
ChineMao ZedongAsienon27
BéninMathieu KérékouAfriquenon16
HongrieMatyas RakosiEuropenon11
MaldivesMaumoon Abdul GayoomAsienon30
SalvadorMaximiliano Hernández MartínezAmérique centralenon12
ÉthiopieMeles ZenawiAfriqueoui21
ÉthiopieMengistu Haile MariamAfriqueoui17
EspagneMiguel Primo de RiveraEuropeoui7
OugandaMilton OboteAfriquenon8
ZaïreMobutu Sese SekoAfriquenon32
MaliModibo KeïtaAfriquenon8
AfghanistanMohammed Daoud KhanAsienon5
AfghanistanMohammed OmarAsiebarbe5
Moise TshombeAfriquenon2
LibyeMouammar KadhafiAfriqueoui42
MaliMoussa TraoréAfriqueoui23
SwazilandMswati IIIAfriqueoui26
PakistanMuhammad Ayub KhanAsieoui11
PakistanMuhammad Zia-ul-HaqAsieoui10
BirmanieNe WinAsienon26
 République du Viêt NamNgô Đình DiệmAsienon9
RoumanieNicolae CeausescuEuropenon24
NigeriaOlusegun ObasanjoAfriquenon3
GabonOmar BongoAfriqueoui42
SoudanOmar el-BechirAfriqueoui23
PanamaOmar TorrijosAmérique centralenon13
HondurasOswaldo López ArellanoAmérique centraleoui11
Corée du SudPark Chung-heeAsienon17
CamerounPaul BiyaAfriqueoui30
RwandaPaul KagameAfriqueoui12
PakistanPervez MusharrafAsieoui7
BurundiPierre NkurunzizaAfriqueoui7
CambodgePol PotAsienon4
République dominicaineRafael TrujilloCaraïbesoui28
BolivieRené BarrientosAmérique du Sudnon5
ZimbabweRobert MugabeAfriqueoui32
IranRouhollah Mousavi KhomeiniAsiebarbe10
IrakSaddam HusseinAsieoui24
PortugalAntonio de Oliveira SalazarEuropenon36
NigeriaSani AbachaAfriquenon5
TurkménistanSaparmourat NiazovAsienon16
SomalieSiad BarreAfriqueoui22
Yougoslavie ( SerbieSlobodan MilosevicEuropenon11
IndonésieSuhartoAsienon30
IndonésieSukarnoAsienon19
Corée du SudSyngman RheeAsienon12
Chine et TaïwanTchang Kaï-chekAsieoui48
Guinée équatorialeTeodoro Obiang Nguema MbasogoAfriquenon33
BirmanieThan ShweAsienon19
ThaïlandeThanom KittikachornAsienon10
HondurasTiburcio Carías AndinoAmérique centraleoui16
MexiqueVictoriano HuertaAmérique du Nordoui1,5
NorvègeVidkun QuislingEuropenon3
GambieYahya JammehAfriquenon18
PakistanYahya KhanAsienon2
OugandaYoweri MuseveniAfriqueoui26
ChineYuan ShikaiAsieoui4
TunisieZine el-Abidine Ben AliAfriquenon24

En 2021, pour le journal Le Télégramme, il y a 7 dictateurs modernes : Kim Jong-un (Corée du Nord), Xi Jinping (Chine), Vladimir Poutine (Russie), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Jair Bolsonaro (Brésil), Rodrigo Duterte (Philippines) et Carrie Lam (Hong Kong)[46].


Galerie

Représentations culturelles

Cinéma

Littérature

Jeux vidéo

  • La série de jeux vidéo Tropico permet d'incarner un dictateur.

Notes et références

Notes

Citations

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Références

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Bibliographie

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