Quatre grandes inventions de la Chine antique

Traditionnellement, on considère que la boussole, l'imprimerie, le papier et la poudre à canon sont les « Quatre grandes inventions » de la Chine (chinois simplifié : 四大发明 ; chinois traditionnel : 四大發明 ; pinyin : sì dà fā míng ; Wade : ssu⁴ ta⁴ fa¹ ming² ; cantonais Jyutping : sei³ daai⁶ faat³ ming⁴ ; cantonais Yale : sei³ daai⁶ faat³ ming⁴)[1]. Au début du XVIIe siècle, le philosophe anglais Francis Bacon, sans connaître l'origine de ces inventions, remarque que trois d'entre elles : l'imprimerie, la poudre à canon et la boussole, « ont changé la face du monde »[1].

« Le papier est, avec l'imprimerie, la boussole et la poudre à canon, l'une des quatre grandes inventions chinoises qui ont contribué à construire l'Occident moderne[2] »

Boussole du temps de l'Empire des Han

Maquette d'une cuillère indiquant le sud (appelée sinan) du temps des Han ( à ) (il y a quelques discussions sur l'existence historique de l'objet utilitaire correspondant)[3]

La boussole permet de situer la direction : nord, sud, est et ouest. C'était un instrument essentiel pour l'orientation et les voyages.

Il y a quelques désaccords sur la date imprécise à laquelle fut inventée la boussole. Il existe des références littéraires dignes d'attention qui mettent en évidence son antiquité :

  • la première référence littéraire chinoise citant le « magnétisme » se trouve dans un ouvrage du IVe siècle av. J.-C. intitulé Livre du maître de la vallée du diable (鬼谷子) : « la magnétite fait venir le fer à lui, ou l'attire »[4]. Pierre Germa indique dans le dictionnaire des inventions : « La boussole vient de Chine ; au Ier siècle av. J.-C., les Chinois utilisaient un instrument capable d'indiquer la direction du Sud : c'est la cuillère-montre-sud[5]. »
  • la première mention de « l'attraction d'une aiguille par un aimant » se trouve dans un ouvrage chinois composé entre 70 et 80 apr. J.-C. (Lunheng ch. 47) : « La magnétite attire une aiguille » (de fer). Ce passage de Louen-heng est le premier texte chinois mentionnant l'attraction d'une aiguille par un « aimant »[6]. En 1948, le savant Wang Chen Tuo construisit un « compas » sous la forme d'une cuillère indiquant le sud sur la base de ce texte. Cependant, « on ne trouve pas de mention explicite d'un aimant dans le Louen-heng »[3].
  • La première référence à un « instrument d'orientation » magnétique spécifique se trouve dans un livre écrit sous la dynastie Song et daté de 1040-1044. Il y a la description d'un « poisson indiquant le sud » en fer, flottant dans un bol d'eau, et se dirigeant vers le sud. Cet instrument est décrit comme un moyen de s'orienter « dans l'obscurité de la nuit ».

Le Wujing Zongyao (武经总要, « Réunion des techniques militaires les plus importantes ») précise : Quand les troupes doivent faire face au mauvais temps, ou à la nuit noire, et que l'on n'arrive plus à s'orienter, (...) ils faisaient appel à un instrument mécanique pointant vers le sud, appelé aussi « poisson indiquant le sud »[7]. On parvenait à ce résultat en chauffant du métal (tout particulièrement si c'était de l'acier), selon le procédé connu aujourd'hui sous le nom de « thermorémanence », et qui aurait été capable de provoquer un léger état de magnétisation[7]. La première référence de ce type en Europe n'apparaît que vers 1600, lorsque William Gilbert publia son ouvrage De Magnete [8].

Imprimerie

Avant d'être perfectionnée par Johannes Gutenberg, la Chine avait déjà connu l'imprimerie à caractères mobiles, c'est-à-dire le principe de la typographie (au IXe siècle)[9] bien longtemps avant que la Corée et l'Occident ne découvrent cette dernière (au XVe siècle). Cependant cette technique a été abandonnée par les Chinois au profit du monobloc de bois plein texte et image, car à l'époque le système par signe n'était pas adapté à l'écriture chinoise (comportant plusieurs milliers d'idéogrammes) alors qu'en Occident, l'alphabet, par le nombre très réduit de signes auxquels il fait appel, se prête admirablement à ce système d'imprimerie.

Les premières traces de papier imprimé retrouvées sont celles des dharani, en langue chinoise, de l'impératrice Shōtoku au Japon, datant du VIIIe siècle apr. J.-C. L'impression de ces premiers textes est généralement considérée comme relevant de l'influence chinoise, très forte en cette époque de pénétration de la culture et du bouddhisme chinois au Japon[10],[11].

« Selon les auteurs chinois, on aurait commencé à pratiquer l'impression tabellaire ou fixe sur planchettes de bois vers la fin du VIe siècle de notre ère. Dès 1317, un livre coréen est déclaré imprimé à l'aide de caractères fondus; malheureusement, on manque de preuves concrètes à l'appui. En 1403, un décret royal de Htai-Tjong prescrit l'extension du procédé, mais l'Occident n'en a rien su[12]. »

Papier

Les cinq étapes de la fabrication du papier d'après Cai Lun.

Le papier porteur d'un message le plus ancien connu à ce jour, découvert en Chine, serait daté de , sous la dynastie des Han de l'Ouest (, 25). Il s'agit d'un fragment de lettre dont le papier est fait à partir de fibres de lin, sur laquelle une vingtaine de sinogrammes anciens ont été déchiffrés. Il a été trouvé en 2006 à Dunhuang, dans la province du Gansu, et a été daté en fonction d'autres documents écrits trouvés au même endroit de la fouille[13].

D'après une tradition chinoise, on pensait que le papier était apparu au IIIe siècle av. J.-C. en Chine, sous le règne de Qin Shi Huang (fondateur de la dynastie Qin). Une histoire racontait que des personnes auraient alors repéré les dépôts blancs d'écume sur les rochers à la suite des crues et auraient tenté de le reproduire.

D'après une autre tradition chinoise, ce serait Cai Lun[14],[15], ministre de l'agriculture qui, en 105, aurait codifié pour la première fois l'art de fabriquer du papier et en aurait amélioré la technique afin de le produire en masse

Poudre à canon

La poudre à canon est généralement reconnue comme ayant été inventée en Chine vers le IXe siècle, durant la dynastie Tang (618-907).La découverte semble avoir pour origine des recherches faites dans les milieux taoïstes de l'époque des Táng, mais fut bientôt suivie par une application militaire dans les années 904-906. Il s'agissait alors de projectiles incendiaires nommés "feux volants" (fēihuǒ 飛火).

La première mention de la formule de la poudre à canon (charbon, salpêtre et soufre) apparaît dans le Wǔjīng zǒngyào 武經總要 de 1044, près de 250 ans avant qu'un texte européen y fasse allusion, en 1285.

La poudre à canon fut une invention majeure car elle permit ensuite l'invention de la fusée, du lance-flammes, des feux d'artifice, des mines terrestres et marines, des premières armes à feu, du canon ou encore du mortier.

Voir aussi

Références


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