Né « Hayashi Risuke » (林 利助?) puis renommé en 1857 « Mizui Shunsuke » (水井 春輔[1]), il est issu d'une famille paysanne adoptée par des samouraïs du Suō, appauvris depuis et retournés à la terre. Son grand-père adoptif étant adopté au sein de la puissante famille Itō du domaine de Chōshū, il prend définitivement ce patronyme.
Enfant très brillant, vite remarqué par les autorités du Chōshū, il intègre en 1857, sur la recommandation de Kurihara Ryōzō et malgré son bas rang social, l'école de Matsumoto, alors dirigée par Yoshida Torajirō, école dont il sort en 1859, fortement influencé par les thèses légitimistes et xénophobes de son professeur.
À l'annonce de l'exécution de son maître par les autorités shogunales lors de la purge d'Ansei (1858 – 1859), il s'engage définitivement en politique (1862) avec son condisciple Katsura Kogorō aux côtés des partisans du mouvement isolationniste, devenu depuis le la doctrine impériale du Sonnō jōi (尊皇攘夷)[2], et devient un activiste du mouvement pour l'abolition du bakufu(倒幕運動, Tōbaku undō?).
Patriote légitimiste convaincu, il participe tout d'abord au complot (avorté[3]) contre le principal rival (intellectuel) de Yoshida dans le Chōshū, Nagai Uta (長井 雅楽), ainsi qu'à diverses actions violentes et spectaculaires, notamment l'incendie de la légation britannique () et l'agression du contre Hanawa Tadatomi (塙 忠宝)[4].
Il est ensuite missionné par le clan de Chōshū avec quatre autres intellectuels (les cinq de Chōshū[5]) au Royaume-Uni pour y étudier les sciences et les mœurs des Européens.
Tous prirent alors conscience du retard accumulé par le Japon tant au niveau politique, économique et militaire que scientifique et technologique ; le jeune Hirobumi, autrefois adversaire acharné des Occidentaux et partisan de l'isolement du Japon, apprit beaucoup à leur contact et se transforma rapidement en fervent soutien de l'établissement de relations diplomatiques et de l'ouverture générale du pays au commerce international.
En 1864, Itō Hirobumi et Inoue Kaoru rentrèrent précipitamment au Japon pour convaincre le clan de ne pas attaquer l'Angleterre[6] : c'est au cours des négociations avec les représentants du Royaume-Uni qu'il fit la connaissance du diplomate britannique Ernest Satow, lui-même issu de l'University College et avec lequel il resta ami.
Sa connaissance de l'Europe et son anglophilie lui ouvrent les portes de la nouvelle administration (restauration Meiji) ; il obtient rapidement une place de conseiller (参与員, san'yoin?) chargé des affaires internationales. En 1870, il est missionné avec Yoshikawa Akimasa (芳川 顕正) et Fukuchi Gen'ichirō (福地 源一郎) aux États-Unis pour y étudier le système monétaire occidental ; à son retour au Japon en 1871, il est appointé directeur du service des impôts et des taxes, puis est nommé vice-ministre des Travaux publics.
En 1871-1873, il participe, en tant que vice-ambassadeur, à la mission Iwakura(岩倉使節団, Iwakura shisetsudan?) aux États-Unis et en Europe. En 1873, il est nommé conseiller (参議員, sangi'in?) et ministre des Travaux publics.
Ses tentatives pour éviter la guerre avec la Russie suscitent le mécontentement des militaires.
Sous leur pression, il est remercié et devint le résident-général de Corée, à la suite du traité d'Eulsa ratifié en novembre, établissant le protectorat du Japon sur la Corée.
(en) K. Takii (trad. du japonais par M. Takechi), Ito Hirobumi: Japan's First Prime Minister and Father of the Meiji Constitution, (ISBN978-0-415-83886-3).